AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Lionel Shriver (667)


Ce n'est pas parce qu'on s'habitue à une chose qu'on l'aime
Commenter  J’apprécie          110
- Vous savez ce que c’est vraiment un diplôme ? C’est un bout de papier qui dit qu’on a suivi les règles. Qu’on est un bon petit soldat, et qu’on fait ce que les autres attendent de nous. Les diplômes, ça oblige à franchir des obstacles et à se conformer à un ensemble arbitraire de critères, et peu importe lesquels : ce qui compte c’est qu’on cache les bonnes cases. C’est un entraînement pour apprendre à gâcher sa vie au boulot. Si les employeurs exigent ce bout de papier, c’est pour être sûrs que, jour après jour, vous traînerez vos misérables fesses jusqu’à leur open space, et que, peu importe le degré de futilité ou de stupidité de l’ordre, vous ferez ce qu’on vous demande.
Commenter  J’apprécie          110
Ces personnes sont presque toutes plus corpulentes que moi, donc je ne suis pas en surpoids. La corpulence est relative: si tout le monde est gros, alors personne ne l'est. (P. 171)
Commenter  J’apprécie          110
La suppression des froufrous de l'hospitalité éradiquait aussi les bavardages inutiles - sur la météo et telle nouvelle paire de chaussures. Les otages livrés à eux-mêmes peuvent sans doute aussi en témoigner : la rapidité avec laquelle on en vient à parler de l'essentiel est tout bonnement étonnante.
Commenter  J’apprécie          110
- C'est vrai que tu as un côté méchant.
- Un côté ? Je ne pense pas que ça se limite à un côté.
Commenter  J’apprécie          100
Les enfants vivent dans le même monde que nous. Se raconter qu'on peut les en protéger est non seulement naïf mais la marque d'une certaine vanité.
Commenter  J’apprécie          100
Aujourd’hui Serenata trouvait le concept historique selon lequel les baby-boomers s’illusionnaient bizarrement quant au caractère inexorable de leur déclin. Pour que l’existence humaine reste foisonnante, personne ne vieillissait. On mourrait. Le vieillissement de masse était un phénomène récent, et en rejoignant les « vieux vieux », à n’importe quel niveau, les gens de son âge et elle seraient des pionniers. Par ailleurs, Serenata Terpsichore n’était jamais devenue vieille auparavant, par conséquent, il n’était pas si insensé qu’elle ne s’y entende pas très bien.

La qualité requise était semble-t-il l’humilité.
Commenter  J’apprécie          100
Même si son genou droit la réprimandait chaque fois qu’elle faisait porter son poids dessus, Serenata se refusait à monter une marche après l’autre comme un enfant de deux ans. Le lendemain après-midi, après avoir descendu l’escalier en boitillant pour aller se faire un thé, elle avait découvert Remington au salon. Bien qu’elle ne soit toujours pas habituée à le trouvée là en semaine, il était injuste d’en vouloir à son mari. C’était aussi sa maison. Ce n’était ni son fait ni sa faute, pour être précis, s’il avait pris une retraite anticipée.
Son accoutrement était quand même on ne peut plus agaçant : legging, short vert satiné laissant dépasser un caleçon mauve criard et haut vert brillant aux grilles d’aération mauves – la tenue complète, l’étiquette du prix se balançant sur sa nuque. Une montre de sport neuve brillait à son poignet.
Sur un homme plus jeune, le bandana rouge noué autour du front aurait pu passer pour élégant mais sur Remington, à soixante-quatre ans, on aurait dit un accessoire de cinéma pour que les spectateurs puissent décrypter le sens de la scène au premier coup d’œil : ce type est cinglé.
Commenter  J’apprécie          100
Dans les publicités pharmaceutiques à la télévision, des seniors au visage carré et à l’épaisse chevelure poivre et sel rejoignaient des épouses avenantes en legging brillant et blouson assorti, une mèche grise dessinée par un coloriste en guise d’unique concession à la vieillesse. Dans toutes les publicités, et en dépit de l’affaiblissement provoqué par la maladie que les acteurs singeaient, les gens qui souffraient couraient le long d’une rivière, parcouraient des routes de campagne à vélo ou faisaient de la randonnée sur des chemins boisés. Ils riaient en permanence, ce qui vous demandaient en quoi cette activité trépidante était hilarante. (p. 49)
Commenter  J’apprécie          100
Il lui avait fallu quelques années pour comprendre que si elle peinait à se lancer dans une carrière, c'est qu'elle n'en désirait aucune. Elle était entourée de fonceurs qui pouvaient bien avoir tous les buts, trajectoires et aspirations du monde - leur labeur fébrile visant quelque lointaine destination forcément décevante dans le cas improbable où ils seraient parvenus à l'atteindre. Il fallait aussi des gens pour apprécier le monde tel qu'il était à l'endroit où ils se trouvaient, plutôt que de regarder par la vitre du conducteur et se barrer ailleurs. Il s'agissait moins d'une idéologie normative que d'un simple penchant pour la langueur, voire la paresse ; Jillian l'acceptait joyeusement. Elle n'aspirait pas tant à convertir les autres qu'à cesser de s'en excuser.
(p. 16-17)
Commenter  J’apprécie          100
Non que le bonheur soit ennuyeux. C'est juste qu'il ne se raconte pas bien.
Commenter  J’apprécie          100
Kevin s'est penché en avant et a baissé la voix pour susurrer: "Est-ce que tu te souciais beaucoup de savoir les filles qui me plaisaient et celles qui ne me plaisaient pas, avant que j'en bousille une ou deux? Est-ce que tu te souciais de ce qui se tramait dans ma tête tant que rien n'en sortait?"
Commenter  J’apprécie          100
Peut-être la plus grande faveur d'un conjoint est-elle de fermer les yeux sur ce qu'on ne peut s'empêcher soi-même de voir.
Commenter  J’apprécie          100
A mes yeux, la plupart des convictions relevaient du divertissement et leur culture d'une forme de vanité, et je n'ouvrais donc que rarement un journal.
Etre informée d'un assassinat au Liban ne ramènerait pas la victime à la vie ; l'actualité ne servant principalement qu'à accroître notre sentiment d'impuissance, j'étais surprise qu'elle soit aussi largement suivie. Mon refus de me forger des opinions afin de les soumettre à la pâture sociale me rendait insipide, mais j'adorais être insipide. Ne présenter aucun intérêt particulier pour personne, voilà ce qui avait constitué l'objectif de ma vie.
Commenter  J’apprécie          100
Je me suis demandé si, à l'échelle nationale, il ne s'agissait pas là de la réponse à ce mystère. Le problème n'était pas tant que manger soit génial - ça ne l'était pas - , mais que rien d'autre ne l’était. Or, même sans l'être, manger arrivait loin devant tout le reste, qui décidément n'avait rien de bien génial. Et j'étais entourée de millions de personnes incapables de trouver du plaisir dans autre chose qu'un beignet à la confiture.
Commenter  J’apprécie          100
Elle fut soulagée que son accès de passion inavouable ne revînt pas. Elle était reconnaissante de n'éprouver que de vagues souhaits de réussite pour sa performance. Parallèlement, elle était rongée par un mystérieux sentiment de perte. D'ordinaire, on regrette amèrement qu'un désir n'ait pas été comblé. Pourtant, le désir en soi était une denrée plus précieuse que son assouvissement. Un genre de réflexion subversivement antiaméricaine ; l'économie occidentale prospérait grâce à la satisfaction sérielle et tenace de ses besoins. Pourtant, le cycle tumultueux de la demande et de l'acquisition était peut-être aberrant. Le désir était sa propre récompense, et un luxe plus rare qu'on ne l'aurait cru. On pouvait parfois acheter ce dont on avait envie ; mais jamais l'envie de l'acheter. Il était possible d'écraser un désir, de s'en détourner, mais pas l'inverse ; on ne pouvait pas se forcer à aspirer à quelque chose dont on ne voulait pas. Ce que recherchait Irina, c'était le désir. Elle rêvait de rêver ; elle soupirait après la langueur.
Commenter  J’apprécie          100
Rien n'est intéressant, si l'on n'est pas soi-même intéressé.
Commenter  J’apprécie          90
Quant aux parents de Cyril, sa mère mourut assez brusquement à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Même si Cyril était triste, sa peine semblait mâtinée d’une curieuse nuance de ce que Kay ne pouvait désigner autrement que par de l’approbation. Betsy Wilkinson s’était éteinte pile à l’instant où résonnait le glas de l’espérance de vie des femmes d’Angleterre et du Pays de Galles. Elle n’avait pas donné le mauvais exemple en trempant son pied dans le Rubicon que son fils avait tracé à son quatre-vingtième anniversaire. La pneumonie virale se déclara soudainement et la maladie fut brève : Betsy ne pesa donc pas de manière excessive sur le sacro-saint NHS en dépérissant interminablement pour, au final, subir le même sort mais non sans avoir coûté dix fois plus à la collectivité.
Commenter  J’apprécie          90
C'est une telle tragédienne qu'elle a du mal à ressentir de véritables émotions. Elle singe tout le temps. Ses numéros sont une forme d'évitement. C'est drôle que faire semblant de ressentir un sentiment soit justement le moyen de ne pas le ressentir.
Commenter  J’apprécie          90
En revanche, elle était plus nostalgique quant à l’absence d’un homme qui serait entré dans sa vie pour y rester. Pourtant, l’urgence ressentie, dans la vingtaine et la trentaine, à trouve l’âme sœur s’était estompée au profit d’un état bien plus agréable qu’une forme de résignation maussade. Elle restait ouverte. Elle n’avait pas laissé tomber. Mais elle préférait être seule que d’affronter encore des montagnes russes de la passion et des chagrins d’amour.

[nouvelle : Le lustre en pied]
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Lionel Shriver Voir plus

Quiz Voir plus

Marche ou Crève

Sous quelle nom le livre a été publié?

Stephen King
Richard Bachman

17 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Marche ou crève de Stephen KingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}