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Citations de Lionel Shriver (667)


Vivre auprès de quelqu'un revenait à comprendre à quel point il était différent de vous - et donc à admettre, comme nous le faisons si rarement, que la personne affalée sur le canapé en face de vous est vraiment là.
"Qu'est-ce que tu regardes ?
- Toi.
- Tu m'as déjà vu.
- Quelquefois, j'oublie comme tu es."
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Comme beaucoup de gens n'ayant pas répondu à une vocation précoce, tu ne t'identifiais pas à ton travail; un métier pouvait remplir ta journée, mais pas ton cœur. J'aimais cela en toi.
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La simple numérique de ma vie est apocalyptique. Je suis née en août 1945, alors que les retombées des deux champignons vénéneux nous donnaient à tous un salutaire avant-goût de l’enfer. Kevin lui-même est né en plein dans l’angoissant compte à rebours avant 1984 – échéance fort redoutée, tu t’en souviens ; j’avais beau me moquer des gens qui prenaient au pied de la lettre le titre arbitraire de George Orwell, ces chiffres ont effectivement ouvert pour moi une ère de tyrannie. Le JEUDI est intervenu en 1999, année largement considérée comme celle de la fin du monde. Et de fait.
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- Tu n'en as pas assez de te sacrifier ! maugrėa Cyril. C'est bien les femmes ! Vous êtes toujours en train de vous plaindre de ce que vous vous occupez de tout le monde, et dès que vous avez un moment libre, vous proposez aussitôt votre aide à quelqu'un d'autre.
- On " propose " notre aide, comme tu dis, uniquement parce qu'on sait que personne d'autre ne le fera !
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- On est sur le point d’entamer un nouveau chapitre de notre vie. Une fois à la retraite, ce serait bien, par exemple, de voyager.
- Rien ne nous empêche de le faire. Il a trente et un ans. Si on le laisse seul, on ne risque pas d’être arrêtés par les services sociaux pour négligence.
- Etant donné l’étendue de ses inaptitudes, on devrait probablement l’être.

[Nouvelle : Le sycomore à ensemencement spontané]
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Mais Serenata ne se réjouit pas de ce retournement de situation, absolument pas. Même éphémère, en tant que sculpture vivante, Bambi avait fait ses preuves, la coach avait créé un objet de beauté, or la disparition de quelque beauté n’avait rien de réjouissant. Cette femme serait forcément malheureuse à cause de la douleur mais aussi de la destruction de son œuvre d’art. Une augmentation du malheur en ce bas monde n’avait rien non plus de réjouissant.
Serenata avait elle-même dû faire un deuil similaire, elle avait donc tendance à s’identifier à elle plutôt qu’à exulter
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- Mais devine quoi : tu n'en auras jamais terminé. Tu crois qu'il suffit de redescendre à soixante-quatorze kilos, et qu'après tu seras tranquille ? Surprise, frangin : tu ne seras jamais tranquille. Tu vas devoir réapprendre à manger. La mauvaise nouvelle ? Compte tenu de tes antécédents, de la façon dont tu as fait de la nourriture un piège, puis cette source massive d'angoisse, à t'infliger toute cette prise de tête obsessionnelle avec les sachets [diététiques], manger ne sera plus jamais pareil. Ça te rendra toujours nerveux, et ça ne sera jamais très marrant. T'as gâché ça. Pigé ?
(p. 371)
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Petit à petit, on commence alors à comprendre que l'emploi auquel on aspire est plus dur à obtenir qu'on ne l'aurait cru, que l'offre en chair fraiche, en jeunes qui se croient tout droit sortis de la cuisse de Jupiter, est inépuisable, et que la talent qu'on a n'est pas aussi inépuisable qu'on le pensait. Cela procède sûrement d'un talent rare - réussir à doucher le sentiment de sa propre importance sans éteindre en soi le feu de la passion -, mais les jeunes qui y parviennent deviennent non seulement des cracks dans leur domaine, mais aussi des êtres humains supportables.
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Tu aurais pu décrocher ton fichu iPhone. Noter un message sur un calepin, c'est comme graver sur les parois d'une caverne.
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"Désolée, mais je ne suis pas l'auteur de ces films, et toute femme dont les dents se sont cariées, les os fragilisés, la peau détendue connaît le tribut prélevé par un parasite occupant les lieux pendant neuf mois. Tous ces films sur les animaux montrant la longue remontée des saumons femelles en train de se battre contre le courant pour pondre leur oeuf avant de se désintégrer - voile sur les yeux, écailles qui tombent - me rendaient folle. Tout le temps où j'ai été enceinte de Kevin, j'ai combattu l'idée de Kevin, la notion que je m'étais moi même dégradée du statut de conducteur à celui de véhicule, de propriétaire de maison à maison."


"Par ailleurs, je serais éventuellement plus sensible à cette notion ultra-séculière voulant que chaque fois qu'il se passe des abominations il faut un coupable, si une curieuse petite auréole d'irréprochabilité ne semblait accompagner ces gens qui se perçoivent comme cernés par des agents du mal. En d'autres termes, on a l'impression que les mêmes personnes qui vont attaquer devant le tribunal les maçons n'ayant pas su les protéger parfaitement des dégâts d'un tremblement de terre seront les premières à affirmer que leur fils a raté son contrôle de math à cause d'un déficit de sa capacité de concentration, et pas parce qu'il a passé la nuit précédente dans une galerie de jeux vidéo, au lieu d'étudier les fractions complexes."


"La plupart des enfants sont mortifiés par la perspective du divorce de leurs parents, et je ne nie pas que la conversation surprise par Kevin l'ait expédié dans une spirale descendante, il n'empêche que j'étais déconcertée. Depuis quinze ans, cet enfant essayait de nous séparer. Pourquoi n'était il pas satisfait? Et si j'étais une telle horreur, pourquoi n'était il pas ravi de larguer son abominable mère? Rétrospectivement, ma seule hypothèse est qu'il était assez désagréable de vivre avec une femme froide , soupçonneuse, hostile, accusatrice et distante. Une seule éventualité devait lui sembler pire, et c'était de vivre avec toi Franklin, se retrouver à la colle avec papa.

A la colle avec son créitn de père."

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- J'aime l'homme que j'ai épousé. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit encore l'homme que j'ai épousé. C'est le problème.
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- Nous avons chanté tout au long du trajet. Montre à mamie comment nous avons passé le temps, Nancee. Chante « Jésus m’aime” à mamie. C’est une de tes préférées.
Regardant droit devant elle, Nancee commença à chanter faux et à toute vitesse, sans la moindre trace d’empathie…
- LespetitsLuiappartiennent, ilssontfaiblesmaisIlestfort…
Au grand dam de sa grand-mère, Nancee moulina l’intégralité des cinq strophes, sans oublier le refrain - soulevant les talons au rythme de sa chansonnette chrétienne monocorde aux accents soviétiques, dont la ligne mélodique avait toujours semblé un rien menaçante en raison de son authentique bêtise et dont les paroles enseignaient aux enfants non seulement à être des automates endoctrinés mais également à ne pas avoir d’estime de soi.
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Tu t'échines toute ta vie, comme l'a fait mon père, pour être indépendant financièrement et subvenir aux besoins de ta famille, et, quand tu t'écroules, l'Etat te dit de te débrouiller tout seul. Ne fais rien, ne gagne rien, n'épargne rien, ne mets absolument rien de côté et l'Etat s'occupera de toi gratuitement, de A à Z. Force est de constater que celui qui exerce une activité, gagne et économise de l'argent est un crétin.
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Il est extrêmement rare que les fonctionnaires fassent preuve de négligence, quand même bien même on l'aurait souhaité : ils vous rendent souvent service à votre corps défendant.
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En fait, nourrir de l'admiration pour son conjoint est peut être le signe que quelque chose cloche dans son couple
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(...) elle ironisait maintenant sur ces candidats à l'université qui, dans leurs dossiers, considéraient les vacances au ski comme une « contribution apportée aux communautés locales ».
(p. 35)
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"Avec moi, quand tu étais parti, Kevin ne se laissait pas amadouer avec des choses aussi banales et éphémères que du lait, ou une couche sèche. Si la peur de l'abandon se traduisait par un niveau de décibels n'ayant rien à envier à une scie électrique industrielle, sa solitude déployait une redoutable pureté existentielle (...) Il lançait plutôt sa voix comme une arme, des hurlements qui heurtaient les murs de notre loft comme une batte de base-ball détruisant un Abribus."
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Les adultes sont davantage enclins à mépriser leurs patrons qu'à les aduler, et en tant que professionnel indépendant, je n'avais que moi à mépriser ou aduler. Le temps était bien révolu où les électeurs américains admiraient un Président comme JFK ; nous étions aujourd'hui plus enclins à nous méfier des politiciens. Les stars qui s'étalaient dans les magazines suscitaient moins d'adoration que d'envie. A une époque où la célébrité était une fin en soi, la croyance circulait un peu partout qu'avec un bon agent tout un chacun même dépourvu de talent pouvait récolter les lauriers de la gloire.
(p. 46-47)
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A postériori seulement, je mesure à quel point "faire sa part" témoigne d'une grande ignorance de la nature des liens familiaux. Maintenant que je les comprends mieux, je trouve les liens de parenté plutôt effrayants. Ce qui est merveilleux des ces liens est aussi ce que les rend le plus horrible : il n'existe pas de ligne dans le sable, pas de limite naturelle à ce que des membres de votre famille peuvent raisonnablement attendre de vous.
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L'actualité ne servant principalement qu'à accroître notre sentiment d'impuissance, j'étais surprise qu'elle soit aussi largement suivie. Mon refus de me forger des opinions afin de les soumettre à la pâture sociale me rendait insipide, mais j'adorais être insipide. Ne présenter aucun intérêt particulier pour personne, voilà ce qui avait constitué l'objectif de ma vie.
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