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Citations de Marguerite Yourcenar (2082)


Il appartenait à ce type d'esprits, si rares, qui possédant à fond une spécialité, la voyant pour ainsi dire du dedans et d'un point de vue inaccessible aux profanes, gardent cependant le sens de la valeur relative dans un ordre des choses , la mesure en termes humains. (page 49)
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Retrouvé dans un volume de la correspondance de Flaubert, fort lu et fort souligné par moi vers 1927, la phrase inoubliable : "Les dieux n'étant plus, et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été." Une grande partie de ma vie allait se passer à essayer de définir, puis à peindre, cet homme seul et d'ailleurs relié à tout.

Extrait des Carnets de notes de M. Yourcenar
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IL m'enviait ma liberté qu'il s'exagérait du reste ;
la vie a bientôt fait de recréer des liens,
prenant la place de ceux dont on se croyait débarrassé ;
quoi qu'on fasse et où qu'on aille, des murs s'élèvent autour de nous
et par nos soins.
Mais pour moi non plus à l'époque ces vérités n'étaient pas claires.
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Ils ne pâtissaient pas d'un pullulement qui produit les guerres totales,
déclasse l'individu et pourrit l'espèce.
Ils ne vivaient pas sous la perpétuelle menace atomique,
Soumis à la force des choses, ils ne l'étaient pas encore au cycle
de la production forcenée et de la consommation imbécile.
Il y a cinquant ans, cela semblait à tous un progrès incontestable.
Nous commençons aujourd'hui à penser autrement
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ma mère : tout porte à croire que je l'aurais d'abord aimée d'un amour
égoïste et distrait, comme la plupart des enfants,
puis d'une affection faite surtout d'habitude, traversée de querelles,
de plus en plus mitigée parl'indifférence,
comme c'est le cas pour tant d'adultes qui aiment leur mère.
Je n'écris pas ceci pour déplaire mais pour regarder en face ce qui est.
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Je ne méprise pas les hommes. Si je le faisais, je n'aurais aucun droit, ni aucune raison, d'essayer de les gouverner. Je les sais vains, ignorants, avides, inquiets, capables de presque tout pour réussir, pour se faire valoir, même à leurs propres yeux, ou tout simplement pour éviter de souffrir. Je le sais : je suis comme eux, du moins par moment, ou j'aurais pu l'être. Entre autrui et moi, les différences que j'aperçois sont trop négligeables pour compter dans l'addition finale. Je m'efforce donc que mon attitude soit aussi éloignée de la froide supériorité du philosophe que l'arrogance du César. Les plus opaques des hommes ne sont pas sans lueurs : cet assassin joue proprement de la flûte ; ce contremaitre déchirant à coups de fouet le dos des esclaves est peut-être un bon fils ; cet idiot partagerait avec moi son dernier morceau de pain. Et il y en a peu auxquels on ne puisse apprendre convenablement quelque chose. Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de négliger de cultiver celles qu'il possède.
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Je ne dis pas que l'ambition soit un vice inutile ; elle peut servir à fouetter l'âme. Seulement elle l'épuise. Je ne sache pas de succès qui ne s'achète par un demi-mensonge ; je ne sache pas d'auditeurs qui ne nous forcent à omettre, ou à exagérer quelque chose. (p. 81-82)
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J'ai paru tout à l'heure expliquer mes penchants par des influences extérieures ; elles ont certainement contribué à les fixer ; mais je vois bien qu'on doit toujours en revenir à des raisons beaucoup plus intimes, beaucoup plus obscures, que nous comprenons mal parce qu'elles se cachent en nous-mêmes. Il ne suffit pas d'avoir de tels instincts pour en éclaircir la cause, et personne, après tout, ne peut l'expliquer tout à fait ; ainsi, je n'insisterai pas. Je voulais seulement montrer que ceux-ci, justement parce qu'ils m'étaient naturels, pouvaient longtemps se développer à mon insu. Les gens qui parlent par ouï-dire se trompent presque toujours, parce qu'ils voient du dehors, et qu'ils voient grossièrement. Ils ne se figurent pas que des actes qu'ils jugent répréhensibles puissent être à la fois faciles et spontanés, comme le sont pourtant la plupart des actes humains. Ils accusent l'exemple, la contagion morale et reculent seulement la difficulté d'expliquer. Ils ne savent pas que la nature est plus diverse qu'on ne suppose ; ils ne veulent pas le savoir, car il leur est plus facile de s'indigner que de penser. Ils font l'éloge de la pureté ; ils ne savent pas combien la pureté peut contenir de trouble ; ils ignorent surtout la candeur de la faute. (p. 40)
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Si l'on réfléchit que quelques fausses couches s'intercalent d'ordinaire, dans ces familles nombreuses, dans la série des naissances, si l'on songe d'autre part que les relevailles d'une dame signifient à l'époque six semaines de chaise longue, c'est plus de dix ans de ces dix-huit années de mariage que Madame Mathilde a passé au service des divinités génitrices. Dix ans écoulés à compter les jours en se demandant si oui ou non elle était ''prise'', à subir ces petits inconvénients de la grossesse, à préparer la layette du nouveau venu en réutilisant celle de ceux qui, morts ou vivants, l'ont précédé, et plus discrètement, à assembler chaque fois dans un de ses tiroirs les éléments de sa propre toilette mortuaire, portant épinglées de timides dernières volontés, pour le cas où Dieu voudrait à cette occasion la rappeler à lui; puis, l'épreuve terminée, à escompter avec crainte ou désir, ou peut-être l'un et l'autre, la nouvelle intimité conjugale qui la ramènera au commencement du cycle. La force qui crée les mondes a pris possession de cette dame à volants et à ombrelle pour ne la quitter qu'après l'avoir vidée.
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J'avais pris envers vous d'imprudents engagements que devait protester la vie : je vous demande pardon, le plus humblement possible, non pas de vous quitter, mais d'être resté si longtemps.
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Elle, confiante, presque heureuse, effrayée toutefois de cette vie nouvelle qui allait commencer , faisant d'elle une autre femme qu'elle s'étonnait de ne pas connaître et tâchait de se représenter d'avance, comme une étrangère avec qui elle devait s'habituer à vivre; lui, plus expérimenté, sentant toute la fragilité du sentiment qui l'avait poussé vers cette jeune fille destinée à devenir banale quand elle serait devenue femme.
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Ne jamais perdre de vue le graphique d'une vie humaine, qui ne se compose pas, quoi qu'on dise, d'une horizontale et de deux perpendiculaires, mais bien plutôt de trois lignes sinueuses, étirées à l'infini, sans cesse rapprochées et divergeant sans cesse : ce qu'un homme a cru être, ce qu'il a voulu être, et ce qu'il fut.
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Les proportions de l'œuvre font oublier les dimensions de l'objet.
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Arrien partageait ces vues. Je passai tout un soir à discuter avec lui l'injonction qui consiste à aimer autrui comme soi-même ; elle est trop contraire à la nature humaine pour être strictement obéie par le vulgaire, qui n'aimera jamais que soi, et ne convient nullement au sage, qui ne s'aime pas particulièrement soi-même.
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Et j'avoue que la raison reste confondue en présence du prodige de l'amour, de l'étrange obsession qui fait que cette même chair dont nous nous soucions si peu quand elle compose notre propre corps , nous inquiétant seulement de la laver, de la nourrir, et, s'il se peut , de l' empêcher de souffrir, puisse nous inspirer une telle passion de caresses simplement parce qu'elle est animée par une individualité différente de la nôtre, et parce qu'elle représente certains linéaments de beauté, sur lesquels,d'ailleurs, les meilleurs juges ne s'accordent pas.
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Absent, ta figure se dilate au point d'emplir l'univers. Tu passes à l'état fluide qui est celui des fantômes. Présent, elle se condense; tu atteins aux concentrations des métaux les plus lourds, de l'iridium, du mercure. Je meurs de ce poids quand il me tombe sur le cœur.
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Cantilène pour un visage
...

Visage où l'eau des larmes flue
Comme un ruisseau dans un verger,
Coffret charnel de l'âme tue,
Visage humain, masque étranger.

L'immuable beauté des pierres
Vit en toi, dur masque tranchant,
Et quand tu fermes les paupières,
Je crois voir le soleil couchant.
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Je m'accomoderais fort mal d'un monde sans livres, mais la réalité n'est pas là, parce qu'elle n'y tient pas tout entière.
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Marguerite Yourcenar
Tout moment est dernier, parce qu'il est unique.
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Tout moment est dernier parce qu'il est unique.
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