C’est grâce à sa première édition française dans la collection Luna que j’ai entendu parler de ce titre… malheureusement, quand j’ai enfin voulu me décider à l’acheter, il était en rupture de stock… A sa réédition française dans la collection Darkiss (autre collection de la firme Harlequin), je n’étais plus vraiment intéressée par ce premier tome qui semblait pourtant faire beaucoup d’heureux. Ce n’est que très récemment que j’ai eu l’occasion de l’acquérir, grâce à un troc. Et c’est grâce à une lecture lancée par Arcaalea que je me suis décidée à me lancer. Je suis pire qu’en retard pour la lecture commune (il faut que j’arrête d’en prévoir cette année, c’est juste impossible à gérer avec mon emploi du temps) mais je remercie tout de même la demoiselle d’avoir lancé l’idée. Grâce à elle, j’ai sorti ce premier tome de ma PAL et même si je n’ai pas eu un coup de cœur, j’ai tout de même passé un très bon moment.
Je pense que si j’avais lu Le Poison écarlate à sa première traduction française (en 2006), j’aurais pu adorer. Mais avec sept années de plus au compteur, me voilà plus exigeante, moins facilement touchée par des personnages, plus encline à voir les défauts et à ne plus passer outre… Malgré tout, je me répète, j’ai passé un excellent moment en compagnie d’Elena et envisage de lire la suite, si je la trouve un jour d’occasion ou en troc.
Malgré le public visé - clairement jeunes adultes -, j’ai eu l’heureuse surprise de trouver l’histoire assez creusée, les personnages avec un minimum de relief, l’univers pas trop mal pensé… contrairement à ce que je peux lire ces derniers temps (est-ce à dire qu’au fil des années, les auteurs jeunesse simplifient au maximum leurs histoires pour coller aux envies/besoin des jeunes lecteurs ?).
Evidemment, nous retrouvons l’indispensable histoire d’amour… et même si je l’ai vue venir à des kilomètres, même si la déclaration arrive un peu comme un cheveu sur la soupe (notamment de son côté à lui), ça reste agréable, pas trop gnangnan et surtout, ne prend pas toute la place.
L’accent est plutôt mis sur la vie d’Elena, sa possession de pouvoirs magiques, son avenir flou et sur les étranges évènements survenant autour du Commandant Ambroise (dirigeant de la région, appelée district). Car si Elena est bien l’héroïne de cette histoire, l’intrigue tourne plutôt autour du Commandant et de sa place un peu trop convoitée par les autres têtes hautes du pays d’Ixia. Un peu à la manière du héros de l’Assassin royal de Robin Hobb qui apprend l’art de l’assassinat, la jeune fille élevée au rang de gouteuse, se retrouve au milieu de complots visant le pouvoir, complots qu’elle doit déjouer pour régler les problèmes. Dans l’ombre, elle, l’ancienne criminelle, se révèle pourtant indispensable dès qu’elle commence à maîtriser l’art des poisons et du combat. Que se passe-t-il dans le district 5 ? Qui veut s’en prendre au Commandant, pourquoi et surtout comment ? Grâce au « soutien » de Valek, à sa curiosité et sa débrouillardise, Elena découvre le fin mot de l’histoire.
Mais attention, Elena n’est pas libre de ses mouvements. Non seulement elle est au service de Valek et donc du Commandant Ambroise mais elle doit aussi maîtriser et cacher les pouvoirs qui grandissent en elle car le dirigeant d’Ixia a une dent contre les magiciens et les a tous bannis du pays. La jeune fille doit composer avec des capacités qui la dépassent et gérer la pression de son rôle de gouteuse. L’art du poison n’est pas de tout repos et pour lui enlever toute idée d’évasion, son « maître » lui fait boire une fiole de la Poussière de papillon - breuvage mortel - tous les matins. Si elle veut survivre, elle doit se présenter chaque jour pour avoir son antidote… avant d’avaler une nouvelle dose de poison…
Le maître, parlons-en. De plusieurs années l’aîné d’Elena, acariâtre et peu disposé à sourire (il se dit même qu’il n’a aucun scrupule à éliminer les personnes gênantes), Valek est un personnage intéressant. Par contre, j’avais deviné son stratagème assez vite alors lorsqu’il en fait la révélation à la jeune fille, ça n’a pas du tout été une surprise. Pas un héros inoubliable ou très surprenant, ni même un héros masculin qui m’a fait craquer, mais un personnage assez bien croqué et convaincant.
Malgré tout, si je dois retenir quelques personnages secondaires, j’ai préféré les deux futurs alliés de l’héroïne, deux figures qui apportent fraîcheur, bonne humeur et rigueur dans la vie d’Elena. Et je garde également en tête le rôle de Rand, le cuisinier passionné ; il m’a surprise. Les grands méchants sont détestables à souhait et tiennent bien leur rôle : un peu flippants, je n’aurais pas aimé les croiser seule dans un couloir !
D’ailleurs, et pour revenir à une des premières remarques de cette chronique, Maria V. Snyder n’hésite pas à faire souffrir ses personnages, notamment son héroïne, ce qui rend ce livre plus mâture et change des YA que j’ai pu lire dernièrement. Elena a un passé assez chargé, assez sombre et certaines scènes ne nous sont pas épargnées.
Mais, à part l’histoire de notre héroïne - histoire que l’on découvre au compte-gouttes au fil des pages -, j’ai trouvé le contexte de cette intrigue assez peu développé, finalement. On sait qu’Ixia est un pays dirigé de façon très martiale (mais, assez égalitaire puisque chaque habitant peut choisir le métier qui lui convient, indépendamment de son sexe, par exemple) a priori en conflit avec l’état voisin, que la magie y est interdite et… c’est quasiment tout, me semble-t-il. C’est un poil léger à mon goût mais ça reste acceptable et parfois il vaut mieux se contenter de peu d’éléments bien traités plutôt que d’une montagne d’informations invraisemblables.
Avec ses quasi 550 pages, ce premier tome peut sembler appartenir au club fermé des petits pavés… mais méfiez-vous : grosse police de caractères et pages très épaisses sont ici à l’honneur ! Si le rythme n’était pas déjà entrainant, la forme même du livre permettrait une lecture plus qu’aisée et rapide.
Ajoutez à cela l’utilisation du point de vue interne qui permet une immersion assez complète dans l’intrigue et dans la tête de l’héroïne par la même occasion, et vous voilà en présence d’un livre qui se dévore en peu de temps. Je regrette malgré tout un petit manque d’approfondissement dans les descriptions puisque, avec du recul (j’ai terminé cette lecture il y a au moins deux semaines), je ne garde en tête aucune image de ma découverte. Je suis incapable de vous décrire l’héroïne ou les lieux où elle réside. Dommage !
Si ma chronique peut aujourd’hui (deux semaines après) paraître un peu sévère, j’étais ressortie, sur le coup, avec une impression positive. Etre en retard dans la rédaction de mes avis peut avoir du bon puisque je peux ainsi prendre du recul et je me rends compte que si certains titres m’ont divertie et m’ont plu sur le moment… ils ne m’ont finalement pas fait grande impression.
Le Poison écarlate ce n’est donc pas le livre du siècle mais c’est un premier tome de fantasy plutôt bien construit, qui met en scène une jeune héroïne agréable à suivre, jeune héroïne que l’auteure n’hésite pas à faire souffrir…
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