Marie-Bernadette Dupuy

Elle se savait toujours séduisante et d’allure assez jeune ; quelques rides se dessinaient, qu’elle acceptait sans enthousiasme, mais le temps l’épargnait. Elle gardait des traits harmonieux que mettait en valeur une chevelure d’un brun-roux, coupée court,
en dégradé. Son visage fin était animé par un regard vif, d’un noir velouté, où se devinait une intelligence teintée de lucidité.

Les nerfs éprouvés par l’atmosphère électrique, la chaleur et le fracas de l’orage, Isaure lâchait prise. Bouleversée, elle n’était plus qu’une fillette en larmes au chevet de sa mère mourante. D’un élan spontané venu du plus profond de son cœur, elle se pencha et enlaça doucement Lucienne. Toute la tendresse qu’elle n’avait pas pu manifester enfant la submergeait et c’était en ayant l’impression de rattraper le temps perdu qu’elle couvrait ses joues de baisers légers en marmonnant des mots réconfortants.

Vexée par la remarque d’Isaure à propos de son bonheur conjugal, Jolenta céda à un mouvement de colère. Sa nature tempétueuse reprenait vite le dessus. Elle se leva brusquement, rangea son ouvrage de couture dans un sac en tapisserie, prit son châle et se dirigea vers la porte.
— Je vous laisse. Vous pourrez causer tranquillement, toutes les deux. Il est bientôt quatre heures. Je vais préparer de la soupe pour mon gentil mari, persifla-t-elle. Le plus bel homme du pays, aussi, que tant de femmes m’envient.

Que veux-tu, j'ai emménagé dans le coron de la Haute Terrasse le soir de mes noces il y a vingt-sept ans [...] Je ne pensais même pas dormir dans un autre lit que le mien un jour.

- Et de quelle parole s'agit-il ? Sophie est capable du pire comme du meilleur.
- Votre femme a déclaré que je vous plaisais beaucoup, que vous étiez pour moi "un fervent protecteur". J'étais honteuse et j'ai pensé que je devais m'en aller, mais je n'ai aucun endroit sur terre où le réfugier. Et vous évoquiez ce petit être innocent....Que deviendra-t-il après sa naissance ? Il n'aura jamais de nom, de légitimité.

Elle contempla le ciel d'une teinte parme, semé de fins nuages pourpres. Les premières étoiles apparraissaient autour d'un quartier de lune d'un blanc nacré. La nuit serait douce.
"Douce aux amoureux", songea-t-elle avec audace.

Vous avez raison, Hermine a reçu un don magnifique, sa voix qui apaise, qui réjouit l'âme et offre du bonheur.

Les petites princesses ont les mêmes exigences que les petites bergères et personne n’avait le droit d’oublier une telle évidence.

Il est un pays où la terre, l’eau et les arbres ont toujours vécu en harmonie. Là-bas l’hiver est symbole de neige, de glace et de silence.
Ces longs mois d’une vie comme ralentie, pétrie de clarté et de blancheur le jour, saturée d’ombre et de mystère la nuit, ont donné naissance à un peuple rêveur épris de légendes.
Dans la forêt, et cela depuis des siècles, le promeneur ou le voyageur égaré a cru deviner derrière les fougères la silhouette menue d’un gnome, ou tomte1, ou s’est imaginé qu’il était suivi par une fée au pied léger. Ce pays du nord se nomme la Suède. À force de patience, de ténacité et de travail, il s’est élevé au rang des autres puissances du monde occidental et des millions de gens y vivent, maintenant.

En fait, elle n'était que passion dans la moindre parcelle de son corps et de son âme, sans avoir accepté le fait, sans même avoir pris la mesure de cette passion.

Elle avait du chagrin, à la manière d'une fillette à qui on aurait confisqué un jouet.
L'avenir lui paraissait terne, morose. Elle recommencerait bientôt à s'ennuyer, comme pouvait s'ennuyer l'épouse d'un médecin de campagne, son aîné de quelques années.

Charvaz se savait coupable aux yeux des hommes et du clergé, mais l'habitude de la faute la rend banale.

Hugo avait loué sa maison du bourg à Catherine et à claude, car il préférait dormir sur sa gabare lorsqu'il mouillait au pays. Le jeune capitaine, confronté à mille soucis, prit de la maturité et une certaine dureté. Il avait renoncé à revoir sa belle Alexandrine, mais, curieusement, se montrait chaste durant les escales. Cette fille aux yeux noirs, à la peau dorée, lui revenait à l'esprit, au coeur, dès qu'il regardait une autre femme.

Margaret le devinait. Ces heures étaient importantes pour Sylvie. elle se confiait, elle expliquait les secrets de son existence passée. Peut-être ne l'avait-elle jamais fait avec autant de sincérité, de détachement ? Peut-être ne l'avait-elle jamais fait, tout simplement...
Il fallait l'écouter en silence. sans doute, il aurait été temps de remettre du bois dans le poêle, mais comment briser le fil fragile de tous ces mots libérés qui reconstituaient la trame de ce qui semblait être une étrange aventure ?

On ne doit pas être jalouse d’une pauvre fille quand on a le meilleur mari du monde et qu’on porte son bébé !

Ce type ne m’inspire aucune confiance. Il est railleur, hautain et tellement plus âgé que toi. Je ne suis pas du tout jaloux, mais si vraiment il est ton amant, je lui ficherai volontiers mon poing dans la figure, car il a forcément abusé de toi, de ton innocence, de ta solitude, de ton chagrin.

Cinq minutes plus tard, après une chute de quinze mètre, Virginie gisait les bras en croix sur la chaussée. Son cou portait les marques d’un début de strangulation, ses prunelles dorées étaient éteintes à jamais. Les gens accouraient, l’un d’une voiture, l’autre d’une maison voisine. Exclamations consternées, circulation arrêtée, remarques un peu stupides face à cet accident étrange qui surprenait et intriguait.

Je dors debout. Allons vite au lit. Qui sait, on pourrait encore avoir besoin de mes services. Je dois me reposer. Mais nous aurons à discuter demain. Je suis décidée, je vais ouvrir mon dispensaire pour les mères et leurs nourrissons.

N' aie pas peur de la vie, de l'avenir, n'aie pas peur de toi-même, de ce que tu ne comprends pas en toi!

Tant de gens considèrent les Indiens encore moins bien que des bêtes! Je suis horrifiée par la haine qui agite notre monde! Parfois, j’ai honte d’appartenir à la race blanche. Par le passé, nous avons réduit les Noirs en esclavage et ils sont encore mis à l’écart. Nous avons persécuté les Juifs, et les Indiens!