AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marie Darrieussecq (771)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Il faut beaucoup aimer les hommes

Solange est actrice, assez réputée semble-t-il. Elle tourne avec de grands noms du cinéma international mais son histoire avec Kouhouesso vient la parasiter. A travers elle, Marie Darrieussecq met en scène une sensation rencontrée par beaucoup de femmes, mais sûrement d'hommes également, l'attente impossible entre deux appels, entre deux messages, deux rendez-vous.



Face à elle, Kouhouesso semble absent, tout à son projet de film. Il évolue dans un monde auquel lui seul accède, obsédé par son projet, indifférent à l'amour que cette femme semble lui porter. Fortement basé sur l'origine africaine de cet homme, le roman laisse supposer que beaucoup des incompréhensions de ce pseudo couple trouvent leur origine dans une différence fondamentale de culture....



Ce postulat, je l'avoue, m'a un peu dérangé, car j'ai plus eu l'impression que l'incompréhension entre les deux êtres venait de l'obsession de Kouhouesso, et pas de son origine en elle-même. Certes, ce qui parasite son esprit est le projet d'un film au Congo, donc en Afrique, avec une résonance particulière en lui, mais l'histoire aurait pu être transposée en France avec un homme écrivain un roman sur sa famille, ou avec une femme montant son entreprise de vente en ligne ! Le résultat aurait été le même : deux êtres qui ne sont pas sur la même longueur d'ondes au même moment, une femme qui attend inlassablement un homme qui semble ne la voir que quand il a besoin.



Un autre point m'a dérangé dans ce roman, c'est justement ce côté caricatural de l'homme absent, centré sur son besoin, sur ses envies, et la femme dans l'expectative. Une femme doit-elle uniquement être attentiste dans une relation ? Ne peut-elle taper du point sur la table à un moment ? Doit-elle accepter d'être traitée ainsi ? Un homme ne peut-être être lui dans la posture de Solange ? Soumis aux envies d'une femme absente d'une réelle relation ?



Avec ce roman, Marie Darrieussescq semble avoir voulu aborder trop de thématiques, sans concrétiser l'essai. Le seul intérêt du roman est peut-être le tournage du film en Afrique et la chute finale... Et encore... Avec son écriture cisaillée, faite de répétitions, Marie Darrieussecq n'aura pas réussi à me convaincre...
Lien : http://croqlivres.canalblog...
Commenter  J’apprécie          140
Truismes

Chômeuse depuis un certain temps, la narratrice estime qu’elle a décroché un emploi dans une parfumerie grâce à son physique avantageux. En effet, elle est une belle femme qui respire la santé et dont le corps attire les convoitises. Mais sans comprendre pourquoi, elle est prise de désirs qui la laissent honteuse et perplexe. « J’étais de plus en plus persuadée que j’avais quelque chose au cerveau, une tumeur, je ne sais pas, quelque chose qui m’aurait à la fois paralysé l’arrière-train, troublé la vue, et un peu dérangé le système digestif. » (p. 75) Qu’il s’agisse de sexe ou de nourriture, elle ne se contrôle plus. En un mot, elle devient une cochonne, une vraie, avec des soies sur le dos et des tétines sur le ventre. Et autour d’elle, tout change avec l’élection d’Edgar, un homme politique aux idées subversives. « Edgar a dit que ce serait tout de même marrant si on pouvait transformer les prisons en porcheries, qu’au moins ça fournirait des protéines pas chères. » (p. 109)



En littérature, le truisme est une figure de style qui désigne une vérité manifeste, une évidence inutile à démontrer, voire à énoncer. Dans le roman de Marie Darrieussecq, le jeu de mots porte sur la transformation subie par l’héroïne. Rien d’évident là-dedans, rien de manifeste. Pourquoi ? Comment ? On ne le sait pas. Sans être une totale déception, ce roman ne m’a pas enthousiasmée. Après avoir découvert l’auteure avec Il faut beaucoup aimer les hommes, j’avais envie de lire d’autres textes de Marie Darrieussecq. Mauvaise pioche…

Commenter  J’apprécie          144
La mer à l'envers

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon roman de Marie Darrieussecq.



Rose est psychologue, mariée à un agent immobilier, elle a deux enfants et une cinquantaine d'années. Elle se demande si elle va quitter son mari qui boit ou continuer sa route avec lui. En tout cas, il est prévu que la famille quitte leur petit appartement parisien pour retourner à Clèves, son village natal, dans le sud-ouest.

Pour qu'elle puisse se reposer et réfléchir à sa vie, sa mère lui offre une croisière d'une semaine sur la Méditerranée avec ses enfants. Elle apprécie le farniente, le luxe, même si la plupart des passagers sont des retraités âgés. Une nuit, entre la Lybie et l'Italie, le paquebot heurte un canot avec des migrants. Ceux-ci sont alors recueillis par l'équipage mais il convient de s'en "débarrasser" rapidement sans que les passagers ne les voient.

Rose, curieuse et compatissante, va les approcher de près, leur offrir du café chaud. Elle repère notamment un jeune, un peu plus vieux que son fils Gabriel de 15 ans et pour l'aider, de façon impulsive, va lui donner le téléphone portable de son fils et sa parka.

Ce jeune s'appelle Younès, il vient du Niger. Le téléphone qu'elle lui a laissé crée un lien de dépendance entre eux et elle va être amenée à le revoir et à l'aider.

Ce roman est très bien construit car il est basé sur l'opposition entre des mondes totalement différents, à savoir des bourgeois aisés d'un côté qui peuvent s'offrir des croisières de luxe et des migrants de l'autre, qui n'ont plus rien.

Le personnage de Rose est très intéressant car elle est en plein questionnement sur sa vie, elle est par ailleurs psychologue et un peu magnétiseuse malgré elle. C'est un beau personnage car altruiste, ce qui n'est pas toujours le cas dans ce genre de roman où les personnages principaux sont très souvent narcissiques.

C'est un roman dans l'air du temps et qui pose de vraies questions sur les migrants. Et nous, qu'aurions-nous fait à la place de Rose ?
Commenter  J’apprécie          130
Notre vie dans les forêts

Une dystopie difficile à classer, dans laquelle Marie Darrieussecq diverge, se perd, se retrouve, dans une intrigue qui s'effiloche progressivement, avant de se reconcentrer sur le point de départ (le groupe d'evadés dans la forêt) et la découverte de l'horrible réalité ; écrit comme un journal, dans lequel l'héroïne décrit ses sensations dans un style direct, l'auteure est habile à distiller les mystères de l'intrigue. C'est plaisant à lire comme une BD, dont on se ferait les images nous même.

La desinvolture du style m'a un peu perturbé et le roman est peut être trop court et trop vite lu pour permettre au lecteur de s'immerger dans une ambiance, un monde trop rapidement brossé.

Commenter  J’apprécie          130
Il faut beaucoup aimer les hommes

« Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter.



Marguerite Duras »



Cet extrait, tiré d’un roman de Marguerite Duras, figure en début de livre. Le roman lui-même en porte d’ailleurs le titre. Hum… Quatre phrases assassines qui en disaient déjà beaucoup sur les enjeux auxquels le lecteur serait confronté. Si cette auteure à la plume sublime (Duras), demeure l’une des plus grandes écrivaines de son temps, il n’en demeure pas moins que je reste peu étonnée de l’entendre prononcer ces quelques mots. Quelle femme désagréable était-elle, quand on regarde de plus près la nature de la relation qu’elle a entretenue avec Yann Andrea Steiner. Il m’est indéniable qu’elle devait elle-même être insupportable. Mais ne vous fourvoyez pas, je l’adore, littéralement parlant. Toutefois, par cet extrait, je me savais déjà soumise à des rapports tendus et douloureux, toujours à cent lieues du roman d’amour que je recherche désespérément. Ce court extrait mis à part, j’ai lu la quatrième de couverture, pour m’en donner une meilleure idée, voire motiver ma lecture. Je peux vous la transcrire ici, elle fait quatre lignes, elle aussi : « Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. L’homme est noir, la femme est blanche. Et alors? ». Voilà qui ne m’avançait guère plus, l’un comme l’autre prenant des directions diamétralement opposées. La meilleure chose à faire étant d’en juger par moi-même…



En effet, l’homme est noir et la femme est blanche. Et alors? Présenté ainsi, on s’attendrait à un choc des cultures, à une forme de racisme à laquelle seraient soumis les amants. À un amour plus grand que tout, prêt à tout. Mais non… À part un bref épisode où le père de Solange, rencontrant pour la première fois Kouhouesso, fixe ce dernier avec stupeur en s’apercevant qu’il est noir, je n’ai pas vu. J’étais plutôt à rire de ce ridicule. On est loin de la période de l’esclavagisme, non? À moins qu’on soit encore aussi attardé? Bon, je n’ai pas compris la nécessité d’imposer cet enjeu alors qu’il sert davantage de prétexte à l’histoire que de finalité en soi. Finalement, ce roman n’est aucunement représenté correctement par la quatrième de couverture. Par contre, avec l’extrait de Duras, tout est là… Une femme, un homme et beaucoup de souffrances imposées par ce dernier…



Kouhouesso est citoyen canadien né au Cameroun anglophone. Il vit à Los Angeles où il pratique le métier d’acteur. Un torse massif, des épaules larges sur un corps très long, il est représenté dans le livre telle une icône de la beauté masculine. Le type d’homme, comme le décrit Darrieussecq, qui déclenche « l’adoration, la peur et le manque ». Mais également l’archétype de l’homme égoïste qui parle beaucoup de lui et s’intéresse peu aux autres. Et par-dessus tout, qui offre beaucoup de promesses…



Solange en tombe amoureuse, d’un amour qui côtoie de près la folie. En peu de temps son cœur bascule dans les tourments de l’attente, des textos qui ne viennent pas, du vide. Il repousse ses caresses, lui laisse des messages ambigus, de rupture. Refuse la main qu’elle lui tend. Et puis, le grand silence… Jusqu’à deux mois sans nouvelles… Au bout de combien de temps se rompt un lien? Se dénoue une histoire? Elle ira dans son Afrique natale à la recherche d’un écho de ses origines, pour mieux le connaître. Jamais Solange, désespérée, ne renoncera.



Oui, comme dirait Duras, il faut beaucoup aimer les hommes pour les aimer, dans un tel contexte. Et Darrieussecq, psychanalyste de profession, arrive à représenter cette souffrance de l’attente avec beaucoup de justesse. Certes, je n’aime pas son style littéraire écrit à la troisième personne et dépourvu de dialogues. Il faut dire aussi que je suis loin d’être une adepte du mouvement psychanalytique, qui transparaît, il faut bien le dire, de chacune des pages de ce roman, où l’on imagine aisément Solange sur le divan de sa psy. Néanmoins, elle sait parler de sentiments et nous faire vivre la chute de l’âme, de l’euphorie à l’effondrement. C’est déjà ça…



Bla Bla Bla !!!!!!...................


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
Commenter  J’apprécie          130
Le mal de mer

C'est le deuxième ouvrage que je découvre de Marie Darrieussecq et, étant restée sur une mauvaise impression la première fois avec son ouvrage «Truismes», ma belle-mère m'a conseillé celui-ci afin que je me défasse de cette idée que j'avais de l'auteure.



Ce livre, il est vrai, est non seulement beaucoup plus léger, moins salace, même s'il ne traite pas forcément d'un sujet très gai. Il s'agit de l'histoire d'une femme qui, un beau jour, décide d'emmener sa fille avec elle pour une durée indéterminée avec pour première destination une ville en bord de mer, abandonnant ainsi son mari et sa propre mère.

Les raisons qui ont motivées ce choix ? Le lecteur l'ignore et la fillette également. Cette dernière sait seulement qu'un beau soir, sa mère n'a pas pris la même direction que d'habitude pour rentrer chez eux, n'empruntant pas non plus la route qui mène pour aller au cinéma mais rien de plus.

Arrivées à destination, elles louent un petit logis à la semaine, sympathisent avec le maître nageur et font quelques autres rencontres.



Un roman à quatre voix (parfois plus) où interviennent tour à tour la mère et sa fille, le mari abandonné et sa belle-mère, le détective privé engagé par le mari pour retrouver ne serait-ce que sa petite fille.



Beaucoup de descriptions sur la mer (parfois-trop même à mon goût, ce qui m'a donné légèrement «Le mal de mer»), des phrases parfois un peu trop longues et l'on se perd de temps en temps pour savoir qui est en train de parler car tous les personnages interviennent régulièrement mais sans ordre précis. Une belle découverte néanmoins et même si je me suis «réconciliée» avec l'auteure, l'on ne peut pas dire que je découvrirai encore d'autres ouvrages de cette dernière.

Commenter  J’apprécie          130
Truismes

Lu dans le cadre du "club lecture" auquel j'appartiens et qui a pour thème cette fois-ci les Correspondances de Manosque. C'est un genre de salon du livre qui se déroule à Manosque dans le 04 chaque année et où différents auteurs sont invités et il faut savoir que c'est une rencontre littéraire très réputée dans le département. Cette année donc, Marie Darrieussecq fait parti des auteurs invités et moi qui n'avais jamais rien lu d'elle, j'avoue que j'ai été un peu intriguée par la découverte de cette auteure.



Je n'aurais peut-être pas du commencer par ce livre là car j'avoue que j'ai été assez déçue par les thèmes traités qui m'ont mis mal à l'aise et m'ont même parfois donné la nausée. Je reconnais que je suis quelqu'un de très sensible (peut-être trop) et même si les tours de "passe" qu'elle fait dans la célèbre "parfumerie" et qui ne sont pas entièrement décrits mais plutôt suggérés-et c'est peut-être d'ailleurs bien pire- m'ont assez indisposée. Toujours est-il que si cette écriture a eu cette influence sur moi, c'est très probablement parce que c'est extrêmement bien écrit et je ne peux donc que vanter les mérites d'écriture de l'auteure pour cela. La métamorphose de la narratrice en truie est décrite avec brio, je dois l'admettre, mais de manière générale, j'ai trouvé ce livre extrêmement dur puisque la narratrice se fait sans cesse manipuler puis rejeter, que ce soit par les hommes, par Edgar, le directeur de campagne électorale ou encore par sa propre mère.

Le seul véritable bonheur qu'elle a connus dans sa vie était lorsqu'elle vivait une folle passion avec Yvan, le directeur de chez "Loup-Y-Es-Tu", une célèbre marque de cosmétiques, et qui se révèle en fait être un loup-garou mais même cette joie là lui a été arraché lorsqu'Yvan fut tué par des agents de la S.P.A.



Livre qui se lit très vite , aux phrases très bien tournées mais ont je ne garderai pas un très bon souvenir, plus en raison des sujets abordés qu'en raison de la qualité d'écrivain de Marie Darrieussecq. Je retenterai probablement l'expérience mais avec un livre plus soft la prochaine fois !
Commenter  J’apprécie          131
Fabriquer une femme

À première vue, les histoires amoureuses et génitales de deux copines, Rose et Solange. Mais plutôt les visions complémentaires de la fabrication de Solange en deux chapitres : « D’après Rose », « Selon Solange ». Une construction au forceps, dans les chantiers les plus rudes. Rose, programmée par sa mère, va fonder une famille et travailler dans le soin. La mère de Solange est seule, dépressive, abandonnique. Solange se bat contre la détresse matérielle, morale et affective, elle croit se sauver de son village à Bordeaux, de Bordeaux à Paris, de Paris à Londres, de Londres à Los Angeles. Le théâtre lui permet de se construire une figure, mais le monde agressif du cinéma pervertit son image. Dans le court chapitre de conclusion, « Ensemble », elle croit inviter Rose à son triomphe.



Le style de Darrieussecq est vivant, rapide, d’allure spontanée. Quelques recherches d’effet, du genre « On devrait se marier, dit Rose » et dix pages plus loin « D’accord, marions-nous », ou encore « La mère à Rose lui dit de sortir Thierry dehors ». Mais aussi de séduisants raccourcis : « Jouer, c’est ne plus être là, disparaître. Ouf ». « Elle est intéressante, elle le sait, elle le sent. Mais c’est quand, que la vie commence ? ». L’écriture est puissante dans les impasses de Solange, le besoin d’exister envers et contre tout, le déni, l’angoisse du SIDA. Et les scènes terrifiantes de l’accouchement, des pages que devraient lire les personnels des maternités.

Commenter  J’apprécie          120
La mer à l'envers

Une femme dans la quarantaine, est invitée par sa maman à partir en croisière avec ses deux jeunes enfants de 7 et 15 ans. Rose est psychologue et il semblerait qu'elle possède un don dans ses mains mais elle ne sait pas vivre avec, le mettre au service de .. Il aura fallu cette rencontre avec ce jeune Younès recueilli avec d'autres comme lui, par le capitaine de ce paquebot, une nuit au large des côtes Italiennes. Rose ose franchir les interdits pour voir, rencontrer, aborder. Elle confie le téléphone de son fils à ce jeune homme, sans savoir que ce téléphone deviendra un lien entre eux. La croisière se poursuit, une fois ces migrants confiés à l'Italie. Mais Rose n'est comme plus la même, tant de question la taraude sur elle, Younès, son devenir, son mari, qu'elle ne sait plus si elle doit le quitter ou pas... Le retour en France, à Paris et puis ce déménagement, se déroulent toujours dans les incertitudes obsessionnelles.



Il y a un mélange de tout, de trop et de vide dans ce roman, voilà ce que je peux en dire la dernière page tournée. Pourtant, dès les premiers mots, je me suis sentie embarquée sur ce paquebot avec les trois protagonistes. Et puis presque plus rien. Pourquoi ? Je ne serais vraiment dire. L'écriture déjà n'est pas aisée à mon sens, des phrases courtes encore et toujours, un style ? Oui certainement. Un vide aussi comme un manque de poésie pour moi, une évidence ressentie comme dans de nombreux romans d'aujourd'hui. C'est cela oui, il manque de la poésie, les choses sont dites, envoyées de but en blanc sans aucun romantisme. Rose est psychologue, elle a un don ... et alors .. qu'en fait-elle ? Elle va vite gagner de l'argent pour se construire leur piscine .... A côté de cela elle se dit "nature", mange des amandes et évite le sucre, ses enfants sont gâtés et pourtant en mal d'être semble-t’il ? Si peu d'échanges dans cette famille alors que Rose vit et impose aux siens un autre enfant, un enfant d'ailleurs plein d'espoir pour une vie meilleure lui aussi. La rencontre a bien du mal à se faire entre chacun, comme avec moi lectrice, pauvre Younes j'ai envie de dire et en même temps que ferais-je de mieux à la place de Rose ? Toutes mes excuses ma chère Marie, mais je n'ai pas été séduite par votre roman, par cette histoire, il y a pourtant tout ce qui m'interpelle, mais, oui il y a un mais, décousu, mal foutu ? Est-cela la raison de mon désamour ? Certes c'est un sujet délicat je vous l'accorde, de ce point de vue j'ai préféré le jeune Youri de Tobie Nathan, qui lui aussi racontait l'histoire d'un migrant, qui lui aussi racontait des pouvoirs entre ses mains .... Mais voilà c'est Tobie Nathan !



Eh bien je suis un peu triste et puis c'est comme cela, n'est ce pas, je vous ai entendu dire que vous aviez mis 5 ans pour écrire ce roman avec des voyages au Niger, à Calais .... des rencontres... tout un travail, il faut le reconnaître mais le résultat ne m'a pas offert une envolée littéraire au sens du terme. A regret !
Commenter  J’apprécie          124
La mer à l'envers

Ce roman mêle les courses inéluctables de deux naufrages. Le premier signe l’abandon aux eaux abyssales d’une embarcation de migrants, comme tant d’autres, elle aussi résorbée dans la nuit indifférente de nos consciences. Seul y perce, brièvement, l’éclat stellaire de la coque qui crève la méditerranée comme une lame saillante. Les quelques survivants doivent leur salut à l’équipage décontenancé d’un bateau de croisière. Deux humanités qui ne devaient jamais même s’effleurer se confondent alors, au crépuscule universel et immuable de l’été. Le contraste est tel qu’il ravive chez les passagers une vague compassion, depuis longtemps annihilée par les assauts incessants de l’actualité. Puisque les médias de masse, en diffusant largement les clichés chocs des naufrages meurtriers, ont paradoxalement contribué à déshumaniser les migrants et à les réifiés en une vague sans visage menaçant de déferler sur l’Europe.

Les migrants se réfugient sur le bateau de croisière. Les passagers ne sont plus les spectateurs indolents du petit théâtre télévisuel mais bien ceux de la Réalité dans sa forme la plus brute. Cette Réalité qui n’a pas besoin des artifices criants du mélodrame ou d’un quelconque discours larmoyant pour délivrer au monde sa vérité. La Réalité se suffit à elle-même. Sa puissance évocatrice réside dans l’évidence et la sacralité de l’instant.

Parmi les passagers, Rose. Une femme perpétuellement égarée dans un « entre deux ». Dérivant entre deux âges, entre deux vies. Elle demeure aussi tiraillée entre les illusions tenaces de sa jeunesse et la mélancolie implacable de sa vie. Cette oscillation existentielle visite tour à tour l’Audace et le Déni, sans jamais éprouver pleinement l’un ou l’autre. Elle est mue par ces indécisions salutaires qui habite chaque être pleinement lucide. Lucide quant à l’égoïsme et aux névrose consuméristes de notre société. Lucide quant à l’importance de retrouver la voie de l’humanisme et de la sobriété. Ces êtres ont compris l’inanité du bonheur promis par notre société ; ils ont l’aura des héros de notre temps. En ce sens, Rose est pétri d’héroïsme.

Sur le pont Rose accroche le regard sombre de Younès, y décèle en creux cette lueur familière qui embrase souvent le regard de son propre fils. Cette flamme où crépite la candeur et la jeunesse crâne. Alors Rose donne à Younès un téléphone portable. Son acte revêt une symbolique forte puisqu’il établit un lien immatériel entre eux, au-delà de toutes frontières. Pourtant Rose l’a accompli comme dans un sursaut, vaguement consciente de ce qu’elle réalisait. Simplement dominée par une forme d’instinct maternel. Ou alors peut-être par une intuition plus ancrée et primitive : l’évidence de l’entraide.

Par cet acte les destins de Rose et Younès sont scellés.



Le second naufrage est en filigrane du récit, il gît entre les lignes, entre les mots et les états d’âme de Rose. Il figure la lente dérive de notre société. Sa trajectoire inflexible, immédiate, à laquelle nous devons pourtant nous plier. Etrange paradoxe, étrange servitude que celle de notre époque.

Et face à ce sinistre annoncé, nous ne faisons pas le choix de l’humanisme mais bien celui de l’individualisme. S’entêtant farouchement à préserver ce qui subsiste de nos libertés et de nos idéaux. Craignant ainsi ce qui les menacent, tous ces périls qui nous sont allègrement susurrés par la sphère politico-médiatique : migrants, pauvres, immigrés, chômeurs etc. Ces « autres » qui ne sont que d’autres « nous ». Qui ne sont que nos propres reflets dans de lointains miroirs, dans ces ailleurs nébuleux où la vie est différente.

Cette triste déviance égocentrique est parfois agitée par les soubresauts de la compassion, alors que certains prennent brutalement conscience de la situation du monde et posent un regard amis sur ces êtres exclus. Rose est de ceux-là. Elle est, comme beaucoup d’entre nous, souvent lâche et, parfois, héroïque. Car longtemps elle fuit les appels téléphoniques de Younès. Un jour, pourtant, le parfum de son souvenir la grise à nouveau. Younès la rattrape. Comme ça, inopinément, alors qu’elle est seule dans sa voiture à l’autre bout du pays, à sonder les abîmes de sa vie… en quête de sens. Ce sens, ce sel de la vie, qui s’est petit à petit tari alors que se succédaient les désillusions et les déceptions familiales. Mais Younès incarne presque ce sens perdu. Son être est à l’image de ces réminiscences nostalgiques du passé, qui nous rappelle l’essentiel et les valeurs sur lesquelles nous nous sommes toujours appuyés. Un souffle puissant la transperce, une envie irrépressible de le retrouver et de l’aider. Rose quitte tout et prend la route de Calais. C’est juste une évidence, un instinct, la nécessaire entraide qui rythme le monde depuis ses origines. Alors Rose n’a aucunement conscience d’être héroïque. A Calais, elle retrouve Younès et le ramène chez elle dans les Landes. Débute alors leur histoire commune. Les liens invisibles qui étaient les leurs deviennent alors plus tangibles, ils se resserrent à l’épreuve du temps et des sentiments naissants. Et enfin -au-delà des naufrages- le récit relate la genèse d’une relation forte, véritable, entre deux êtres de ce monde.

Deux destins terrestres simplement en quête d’une existence meilleure.

Commenter  J’apprécie          120
La mer à l'envers

Voilà un livre avec un bon sujet. Il démarre avec la description réussie de l’univers d’une croisière, la peinture de retraités qui s’enivrent le soir à bord puis l’arrivée de migrants, arrivée à laquelle assiste Rose, une mère de famille sur le bateau avec ses deux enfants. Le personnage de Rose évoque une classe moyenne parisienne qui vit plutôt confortablement, mais sans luxe, qui a son mal de vivre, ses addictions, ses problèmes d’appartement trop cher. Et le migrant, qui était jusqu’à présent un objet médiatique, fait irruption dans sa vie. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas un livre sur les migrants, c’est un livre sur cette femme. Et l'on ne peut reprocher à ce personnage féminin, modèle de l’héroïsme au quotidien, son empathie pour l’autre qui souffre. Mais il ne m’a malheureusement pas parlé. Je n’ai jamais ressenti la complicité amicale que l’auteur peut imaginer avec son lecteur. Je ne me suis, par exemple, jamais demandé ce que j’aurais fait à la place de Rose, ce que j’aurais pensé à sa place. Rose ne se pose guère de questions, elle est ballotée par l’existence. Elle agit impulsivement, parfois absurdement (comme une "mère à l’envers"?). Mais sa candeur ne m’a pas convaincu et pour finir ses pseudo-pouvoirs magiques m’ont exaspéré. La chute est simplette, voire gênante, en tout cas pas à la hauteur de la gravité que le sujet imposait. Le récit n’est pas pour autant indigeste, l’écriture est plutôt fluide comme le temps qui passe. Mais si passer est un terme récurrent au roman, car on va de Niamey à Calais en passant par Agadès, Sebha, Tripoli ou Paris, moi, je suis passé à côté.
Commenter  J’apprécie          120
Il faut beaucoup aimer les hommes

J'ai beaucoup aimé ce livre , c'est l'histoire d'une passion plus qu'une histoire d'amour , c'est bien décrit , la perte de soi - même , de tout sens critique , la douleur que l'on ressent quand on est éloigné de l'être ( trop ) aimé .

Dans ce cas , oui , c'est le récit d'un amour entre une blanche et un noir avec ses particularités , la notion du temps qui est différente , mais sinon c'est une histoire de passion universelle , où la femme amoureuse passe son temps à attendre son amant , mettant sa vie en suspens , en parenthèse , en pointillés .

J'ai bien aimé les personnages des parents de l'héroïne , l'évocation du tournage du film en Afrique , le rôle joué par le roman Au coeur des ténèbres de Conrad , j'ai surtout aimé l'écriture de l'auteur , vivante , fluide .

Un beau moment de lecture .

.

Commenter  J’apprécie          120
Enfances, adolescences

Voilà cinq jolies nouvelles pour nous conter le passage de l'adolescence, variant très ingénieusement les points de vue que je présenterai par ordre de préférence, en commençant par la nouvelle irrésistible de Geneviève Brisac, "La rose est sans pourquoi" ! Mais quel talent pour nous faire partager les réflexions d'une lucidité sans compromissions de Minna, une adolescente devenue mutique face aux incohérences d'adultes qui se croient toujours jeunes et lui imposent une série d'épreuves estivales de haute volée intellectuelle !... Heureusement qu'il y a Oreste le bien nommé et son Ipod qui n'est pas voué au naturisme, lui, et qui pourrait bien lui redonner le goût de communiquer !...

Dans "La Deuxième Mission de Super Meteor" Arnaud Delalande donne la parole à un jouet des années 80, une sorte de réplique miniature de Goldorak pour les nostalgiques de l'enfance vécue "au pays des vacances éternelles, là où "le chocolat est chaud et l'air est froid"... Super Météor se présente comme étant l'ami fidèle témoin des années collège de son gentil maître Arthur, y compris quand ce dernier le transforme en pot à crayons, l'oublie... Super Météor met justement un point d'honneur à l'accompagner dans une expérience-limite vécue par un ami proche d'Arthur qui va détruire son monde de croyances...

La nouvelle d'Arthur Dreyfus, "Gaspard en couleurs" se présente sous la forme d'aphorismes humoristiques répondant à une commande d'écriture sur le thème d'une enfance marquée par un talent précoce pour dessiner des "bites", qui change de ton lorsque le narrateur aborde l'histoire de son père et de sa mère, la grand-mère du narrateur, morte en déportation... Le récit gagne alors en profondeur pour finir en ode à la tolérance où le rêve s'écrit en contre-rêve et réécrit l'histoire en positif... toute la magie de l'écriture d'Arthur Dreyfus est là !...

Dans le même registre, Eliette Abécassis dans "L'Ami de la famille", nous livre à travers le personnage de Simon le témoignage d'une adolescence moins superficielle qu'il n'y paraît, en quête d'idéal ; entre Rave Party et longues balades dans les bois... L'avenir de Simon se dessine ainsi le jour où il découvre le passé exemplaire de son grand oncle Pierre, grâce à un ami qui lui doit la vie...

Enfin la nouvelle de Marie Darrieussecq "Mathieu, le 16 mars 2006" qui semble sortie de son journal intime, nous replonge avec beaucoup de sensibilité dans la magie de l'enfance à laquelle elle rend hommage à travers le portrait plein de sensibilité d'un enfant de six ans rencontré le temps d'un trajet en bus, un soir qu'elle n'oubliera pas...
Commenter  J’apprécie          120
Il faut beaucoup aimer les hommes

Voici un nouveau livre issu de ma PAL sur Babelio. J'en avais entendu parler depuis si longtemps que je me suis décidée à sauter le pas...



... Et je n'ai pas réussi à accrocher. Le style d'écriture ne m'a pas convaincue. Je me suis arrêtée à la 19ème page. Peut-être le reprendrais-je un jour ? Je deviens de plus en plus exigeante avec les livres, surtout pour les histoires d'amour. Il est tellement simple d'en écrire, ou de les imaginer que l'auteur doit faire preuve d'une originalité extrême pour susciter mon attention.



Quant au résumé de la quatrième de couv' : Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. L'homme est noir, la femme est blanche. Et alors ?

... Cela m'a énormément déçue. J'ai eu l'impression d'une explication pédagogue faite par un bobo bienpensant.



Bref, je vais aller reposer ce livre sur son étagère et lui souhaiter d'être emprunté par un lecteur plus enthousiaste.





Commenter  J’apprécie          120
Il faut beaucoup aimer les hommes

Très joli roman de Marie Darieussecq,' Il faut beaucoup aimer les hommes' (magnifique citation de Duras), campe les amours d'une actrice et d'un réalisateur. D'une Française et d'un Canadien d'origine camerounaise. D'une Européenne et d'un Africain. D'une Blanche et d'un Noir. D'une désillusion amoureuse,littéraire, si banale et si fréquente, surtout dans le monde du cinéma Hollywoodien. Qu'est-ce que ça change qu'elle soit blanche et lui noir ? Rien, absolument rien. C'est le sujet de ce livre magnifique, ode à la culture africaine, de montrer que cette histoire eût pu être celle d'un suédois et d'une espagnole, d'un parisien et d 'une lyonnaise, d'un crapaud et d'une grenouille. Marie Darrieussecq qui a amplement mérité son Prix Médicis pour ce roman, ne tombe pas dans le piège facile de l'amour mixte vu sous le regard des autres. Elle sait dépasser amplement ces banalités pour creuser encore et encore au plus profond des racines de la liaison amoureuse entre deux êtres. Un étonnant roman dont il ne faut pas se priver.
Commenter  J’apprécie          121
Il faut beaucoup aimer les hommes

Solange est une actrice française d'une trentaine d'années expatriée aux Etats-Unis. Elle est séduisante, réussit plutôt bien ( elle donne la réplique à quelques pointures dont Matt Damon) et possède une belle demeure à Bel Air. Elle a laissé ses amis à Paris et ses parents et son fils adolescent au pays Basque pour reconstruire sa vie à Hollywood. Lors d'une soirée organisée par sa maison de production, elle fait la rencontre d'un bel et mystérieux acteur canadien d'origine camerounaise doté d'un prénom bien singulier Kouhouesso "la Mort a planté son pieu", d'un physique bien attrayant et d'un incroyable charisme : "Il était là avec naturel, son champ magnétique déployé autour de lui comme une cape, et elle ne savait plus très bien pourquoi elle avait mis une telle force à l'attendre; pourquoi elle ne l'avait pas attendu tout simplement, comme on attend quelqu'un qui va venir, quelqu'un qui va sonner et s'asseoir avec son verre, son naturel, et son manteau psychédélique." Dès les premiers instants Solange chavire inexorablement et commence pour elle une longue et interminable attente et une inévitable période d'insatisfaction. C'est lui qui imprime le tempo de cette relation amoureuse pour le moins univoque entre cette jeune femme fébrile qui espère tout de lui et cet bel homme égoïste et obnubilé par son désir pressant d'adapter Au coeur des ténèbres de Conrad, de trouver un financement et les équipes artistiques et techniques afin de filmer cette adaptation en Afrique. Durant les deux ans que va durer leur histoire, Kouhouesso va débarquer sans prévenir, donner de ses nouvelles quand bon lui chante et tout cela le plus naturellement du monde, en lui laissant parfois des messages sybillins comme "Solange, bien des choses". Alors "elle restait avec son "bien des choses" comme elle était restée avec ses noix : dans une joie amère, un mieux que rien dans sa coquille". Mais dans ses bras, Solange découvre la passion, l'amour fou tantôt libérateur tantôt poison : "Elle posa ses lèvres sur les siennes. C'était comme embrasser un bouquet de pivoines. Charnues, pulpeuses et perlées de fraîcheur. Des pivoines gorgées d'un liqueur forte, des fleurs mâles et douces, intoxiquantes (...) Qu'avait elle fait toutes ces années ? Avant cette intensité ? " Leur vie de couple est finalement à l'image du tournage africain : il fait de contretemps et d'erreurs de jugements. Cette une relation est "comme une vapeur qui manque de bois de chauffe; une machine entièrement pensée, conçue, construite, avec le fleuve ouvert devant et l'énorme forêt alentour, mais dont l'équipage, à peine constitué, s'était évaporé"; c'est une relation où tout pose problème et surtout cette attente qui a fini par miner Solange "l'attente comme une maladie chronique. Une fièvre engluante, une torpeur. Et entre deux rencontres, deux réinfection, elle s'imprégnait lentement de ce paradoxe : elle attendait un homme qu'elle perdait de vue, un homme comme inventé. L'attente était la réalité, son attente à elle la preuve de sa vie à lui. C'était sa vie même." Rien n'est simple pour ce couple comme par exemple leur différence de couleurs de peau. Avant lui, elle ne s'était jamais questionner à ce sujet mais auprès de cet homme, elle se découvre blanche : "Est-e qu'elle était les Blancs ? (...) Est-ce qu'il la voyait comme une blanche ? Est-ce que -pire- il était là parce qu'elle était blanche ? Elle avait déjà été aimée pour ses fesses, pour son talent, pour sa notoriété, jamais pour sa couleur. Ou bien tous les hommes, tous les Blancs qui l'avaient désirée jusque là ne l'avaient fait qu'à cette condition qu'elle était blanche." En Occident, il est noir et elle est blanche; en Afrique il est un homme et elle est une femme. Malgré leurs tentatives de rébellion, partout on tente de leur imposer une manière d'être et de penser. Solange -la petite basque expatriée- s'interroge alors chaque jour sur l'altérité en France, aux Etats-Unis et en Afrique, sur son besoin d'être près de lui et d'être pour lui une égérie et même"la promise" de son film ou sur ses propres tabous et a-priori de femme blanche.





La suite sur : http://lebruitdeslivres.blogspot.fr/2013/08/il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes.html
Lien : http://lebruitdeslivres.blog..
Commenter  J’apprécie          120
Truismes

Ce livre est très particulier.

Une histoire fantastique mais qui se passe dans un monde auquel on s'identifie rapidement.

Par le truchement du fantastique, cette femme qui se transforme petit à petit en cochon, l'auteur nous livre une critique acerbe de notre société matérialiste, des rapports hiérarchiques et sociaux à travers le regard naïf de son personnage.

C'est très drôle et ironique, même un peu cynique et j'aime la façon dont l'auteur enrobe tout ça de douceur et d'angélisme pour faire passer la pilule.

Très bon moment de lecture surtout parce que l'auteur dont c'est le premier roman se permet toutes les fantaisies.

Ce n'est peut-être pas son roman le mieux écrit mais c'est le plus jouissif et n'est-ce pas le plus important,

l'impertinence et le plaisir?

En tout cas le plaisir fut partagé.
Commenter  J’apprécie          120
Tom est mort

Une femme raconte l'intense souffrance qu'elle endure depuis la perte de son enfant de 4 ans et demi, Tom. Elle ne peut surmonter cette épreuve, malgré le temps qui passe. Les jours se suivent et se ressemblent. Elle est enfermée dans sa douleur.







J'ai pris ce livre au rayon "Nouveautés" de la bibliothèque. Son titre me disait quelque chose, sans parvenir à me souvenir si j'en avais entendu parler en bien ou en mal. Au bout d'une centaine de pages je me suis posé la question d'arrêter la lecture, tant elle me coûtait. Je me sentais mal à l'aise, sachant qu'il ne s'agissait pas d'un témoignage. J'ai tout de même choisi de le lire en diagonale pour pouvoir en parler.





Bien sûr, j'ai été touchée par ce personnage de mère, j'ai moi-même des enfants. Mais j'ai eu l'impression de lire la même page du début jusqu'à la fin, que ce livre n'était qu'un long cri de douleur. Aucun répit dans la souffrance, cette mère est comme enterrée vivante, sans espoir de voir s'atténuer un peu la douleur avec le temps. Pourquoi écrire un livre aussi noir quand on a pas vécu soi-même un tel drame ?



Par ailleurs, le concept de ce livre m'a dérangée. Ce n'est pas un récit et je n'ai pas eu l'impression de lire un roman.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          120
Le Pays

Un couple quitte Paris pour un pays de fiction, pays de naissance de la narratrice : le Pays, où l’on parle la «vieille langue». La jeune femme, enceinte d’un deuxième enfant, est écrivain. Son frère adoptif réside dans une structure psychiatrique. On apprend également que son frère de sang a disparu en bas âge.



Tout cela est écrit alternativement à la première per sonne et à la troisième personne, sans que cela n’apporte quelque chose au récit. au contraire une distance s’instaure qui m’a empêchée d’entrer en empathie avec le personnage. J’ai trouvé la lecture fastidieuse, et surtout, bien que de nombreux problèmes de société soient abordés (l’immigration, le racisme, le rôle des femmes, la naissance...) je n’ai pas eu l’impression d’une cohérence de l’ensemble du roman



Je suis «passée à côté»
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          121
Notre vie dans les forêts

Quand Marie Darrieussecq écrit un roman d'anticipation elle s'éloigne de son registre habituel mais cela lui va bien.

Dans "Notre vie dans les forêts" c'est une fugitive qui parle dans une société futuriste pas si éloignée de la nôtre. Cette fugitive prénommée Viviane (pseudo de Marie) cachée au fond la forêt (son lieu sûr) avec un groupe de résistants était psychologue avant d'avoir organisé sa disparition.

Il y a urgence car elle va mourir. Il lui manque des organes : un oeil, un poumon, un rein. Cette déliquescence physique semble être une métaphore de l'état du monde.

On va progressivement comprendre ce qui s'est passé dans sa vie d'avant, quand elle obéissait à un ordre établi géré par des robots. Dans cette société certaines personnes ont le droit à une moitié, un clone endormi qui sert de réservoir génétique pour garantir une vie plus longue à ceux qui ont été choisis. Comment ? On ne le sait pas. Mais quand Viviane croise un patient pas comme les autres, le Cliqueur, elle va l'écouter, tomber amoureuse et quand on aime notre vision du monde peut changer…

Je trouve que le métier de Cliqueur décrit par Marie Darrieussecq est vraiment intéressant, il existe semble-t-il et consiste à apprendre aux machines les associations mentales humaines notamment parce que les métaphores font bugger les robots. Cela donne un bon roman souvent drôle alors que la narratrice témoigne d'une forme d'humanité en extinction. Pour autant, le ton est moins désespéré que les classiques du genre comme Farenheit 451 de Ray Bradbury.





Challenge Riquiqui 2022

Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marie Darrieussecq Voir plus

Quiz Voir plus

Littérature : Portrait de femme (3)

3/10 - Dans la série beautés troublantes de la Littérature. Pouvez-vous reconnaître celle-ci ? " Elle haussa les épaules, sévère à tout ce qu'elle n'aimait plus en elle : un teint vif, sain, un peu rouge, un teint de plein air, proche à enrichir la franche couleur des prunelles bleues cerclées de bleu plus sombre. Le nez fier trouvait grâce encore devant elle ; " le nez de Marie-Antoinette ! " [...] La bouche aux dents serrées, qui n'éclatait presque jamais de rire, souriait souvent, d'accord avec les grands yeux aux clins lents et rares, sourire cent fois loué, chanté, photographié, sourire profond et confiant qui ne pouvait lasser. Pour le corps, " on sait bien... qu'un corps de bonne qualité dure plus longtemps ". Elle pouvait le montrer encore, ce grand corps blanc teinté de rose, doté de longues jambes, du dos plat qu'on voit aux nymphes des fontaines d'Italie ; la fesse à fossette, le sein haut suspendu pouvait tenir [...] C'est bien fait pour moi, on ne garde pas un amant six ans à mon âge. Six ans ! Il m'a gâché ce qui restait de moi. De ces six ans-là, je pouvais tirer deux ou trois petits bonheurs si commodes, au lieu d'un grand regret... Une liaison de six ans, c'est comme de suivre un mari aux colonies : quand on revient, personne ne vous reconnaît et on ne sait plus porter la toilette." (Indice: Vignette)

La Sanseverina
Scarlett O'hara
Marguerite Gautier
Angelica Sedara
Carmen
Hélène Kouraguine
Oriane de Guermantes
Léa de Lonval
La Marquise de Merteuil
Anna Karenine

1 questions
9 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature américaine , littérature italienne , littérature russeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}