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Critiques de Marie Laberge (498)
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Le Goût du bonheur, Tome 2 : Adélaïde

Retrouvailles avec la famille Miller, qui se retrouve déchirée suite à un drame.

Un roman empreint de tristesse, de déchirements et de résignation (du moins dans les deux tiers du roman, la dernière partie étant plus joyeuse) mais aussi d'une force de vie et de courage face à l'adversité. Et quelle fin ! J'en suis encore toute chamboulée.

La seconde guerre mondiale est omniprésente dans ce roman et il est intéressant de découvrir les événements du coté canadien ainsi que la vie des femmes et des familles pendant cette période.

L'écriture de Marie Laberge est fluide, on se plonge très facilement dans le roman en oubliant le grand nombre de pages, les personnages sont toujours aussi attachants et on a vraiment l'impression de faire partie de la famille et de vivre avec eux le moindre événement.

J'apprécie toujours autant cette grande saga familiale, le tome 3 est déjà dans la bibliothèque mais je vais attendre un peu avant de le lire pour ne pas quitter trop vite cette famille.
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Annabelle

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Annabelle 13 ans, a toujours baignée dans la musique. Enfant prodige, pianiste virtuose, épaulée par son père, agent artistique, la musique a enveloppé son enfance, l’a investie. Plus qu’une activité, un travail. Plus qu’un goût, une passion. Tellement exigeante la musique… qu’elle ne laisse entrer ni rien ni personne dans l’existence d’Anna. La petite fille grandit dans un univers clos, seule penchée sur son piano, ses parents non loin d’elle, présence rassurante.



Et du jour au lendemain, la bulle dans laquelle elle évoluait éclate. Voilà Annabelle en contact avec le monde, sa réalité, son âpreté… violence du choc. Elle ne peut plus jouer, ses mains ne savent plus, la musique s’est envolée. Elle est devenue insaisissable. Explosion d’émotions. Turbulences de l’adolescence? Mésentente entre ses parents? L’esprit de la jeune fille est embrouillée face à un monde qu’elle ne connaît pas. Sans filtre, sans armure, elle avance dans l’inconnu.



Son père a quitté le domicile conjugal, sa mère ne le supporte pas, elle entre en dépression. Au collège, Anna n’a pas d’amis – elle n’en a jamais eu, pas le temps… -, elle ne sait pas ce qu’est l’amitié, l’amour, la fantaisie, la légèreté, le désir… Elle se sent si différente, si isolée. Tantôt en colère tantôt triste face à sa mère, elle attend avec impatience la fin de semaine pour aller chez son père. Et même si elle se sent plus à l’aise avec lui, le souffle lui manque. Elle a besoin d’air…



Étienne, un nouvel élève, aveugle, va l’aider à y voir plus clair dans sa vie. Avec patience et délicatesse, il va lui ouvrir les yeux et le cœur sur les beautés de la vie.



Ce roman intense sensible et sincère sur l’adolescence, entre quêtes désillusions et puissance créatrice m’a émue aux larmes. Un roman qui laissera une trace indélébile sur mon chemin livresque.
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Mauvaise foi

Suis-je objective lorsque je commente Marie Laberge? Absolument pas! Mais tenez-vous-le pour dit, je l’assume très bien … Qu’importe les sujets abordés, sa fine psychologie et la force de ses dialogues arrivent chaque fois à me plonger dans l’univers dramatique de ses personnages pour en vivre tous les états d’âme, du plus subtil au plus profond. Je ressens cette émotion difficilement exprimable que ses mots me rejoignent là où mon âme est la plus sensible. Le rapport que j’entretiens face à ses écrits est viscéral, oui, c’est le mot juste … ils m’atteignent, me perturbent, me font pleurer parfois, rire aussi et surtout, ne me laissent jamais indifférente. C’est ce qui me plaît avant tout dans la littérature, la force qu’ont certains auteurs, à travers leurs écrits, de laisser en nous une trace palpable des lieux, des personnalités, des atmosphères, bien après en avoir refermé les pages. Marie Laberge y arrive avec grâce …



Dans ce roman policier (son deuxième après « Sans rien ni personne »), elle s’attaque, si je puis me permettre l’expression, à un sujet fort délicat : les abus sexuels perpétrés par les membres de l’église. Elle illustre avec insistance la difficulté d’obtenir justice face aux institutions religieuses ; les victimes se faisant ordonner de garder le silence et de respecter l’ensemble de l’église, de la protéger et de ne pas la salir en dénonçant des agresseurs repentants auxquels le diocèse a déjà pardonné. Elle ne manque pas de rappeler que les gens abusés sont souvent considérés comme des pêcheurs indignes qui ont attiré les prêtres dans la disgrâce. L’Église est ainsi allée dans le même sens néfaste que la psychanalyse en culpabilisant les enfants face aux actes commis à leur égard et en achetant le silence des victimes. En ignorant la maltraitance et les abus, elle a laissé planer le doute et l’incertitude chez elles, en plus d’avoir été complice des gestes violents posés par ses membres.



Ce roman est écrit, comme toujours et pour mon plus grand plaisir, dans un québécois pure laine que les lecteurs non familiers avec ses expressions pourraient avoir du mal à suivre. Loin de sombrer dans le chauvinisme, Marie Laberge reste fidèle à ses racines et fière d’y appartenir. Marie Laberge est une auteure authentique, que je pourrais comparer en ce sens à Michel Tremblay, Réjean Ducharme, Victor-Lévy Beaulieu, etc … Dans ce roman policier, elle allie ses talents de dramaturge à ceux de romancière. L’intrigue est bien ficelée et intelligente. Le dénouement final est mené avec brio. Si la plupart de ses romans abordent des sujets controversés, certains sont récurrents, comme l’exclusion sociale. Les dialogues sont savoureux, opposant deux enquêteurs, l’une québécoise, l’autre français. Les chocs culturels qui en résultent de part et d’autre m’ont fait sourire … L’atmosphère est palpable, on se croirait même dans ce petit coin reculé du Québec, à Sainte-Rose-du-Nord. Hommage à la citation de Camus en début de livre. Une autre merveille …


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Quelques Adieux

François Bélanger enseigne la littérature à l’université de Québec. Il est marié avec Élisabeth et aime sa femme. Un jour de rentrée, il croise le regard de la jeune Anne Morissette. Dès lors, comment résister au désir fou qui le consume ? « Lui qui s’était toujours cru à l’abri, bien tassé dans son œuf conjugal et professionnel ne comprenait pas pourquoi tout à coup il en ressentait les parois et l’étroitesse. » (p. 15) De son côté, l’étudiante ne sait que faire de l’attirance qu’elle éprouve pour son professeur. Elle qui vit si librement, refusant toute attache et toute promesse, se sent menacée par cette passion qui les consume. François aime Élisabeth. Et il aime Anne. Il ne peut envisager de quitter la première, mais il ne peut tolérer de vivre sans la seconde. « Anne contient la fin, Élisabeth la durée. Et il se doute que jamais il n’aurait pu se consumer en Anne si Élisabeth n’avait pas existé. Que sans elle, peut-être que lui aussi aurait fui. » (p. 136) Des années plus tard, Élisabeth comprend que François en a aimé une autre. Elle s’épuise alors à remuer le passé, à interroger ceux qui savaient, à comprendre comment elle a pu ignorer la grande passion de son mari. « Tu veux savoir si il y a de quoi être jalouse, si François l’aimait plus que toi, mieux que toi, si ça valait la peine, si c’est une fille assez intéressante pour que ton chagrin ne soit pas du gaspillage. » (p. 206) Pour reprendre sa route et pardonner à François, Élisabeth va devoir dire adieu à quelques illusions et à beaucoup de peurs



Marie Laberge ne parle pas d’adultère, elle parle d’amour. François est-il coupable d’en aimer une autre qu’Élisabeth ? Est-on coupable d’aimer ? « Et, de façon irrémédiable, il sait qu’il a affaire non à une liaison, mais à la passion. Et il y consent. » (p. 89) Le polyamour, thèse à la mode depuis quelque temps, est ici présenté avec simplicité et évidence. Il est des cœurs qui peuvent aimer à foison sans trahir, ni abandonner. La société condamne ce qu’elle considère comme une errance des sentiments ou une manifestation vile de pulsions charnelles. Mais le désir n’est pas coupable quand il est vécu comme le fait François. « Vaincu, débouté, il rentre, taraudé par le désir d’Anne, soumis comme à un vieux mal si connu qu’il en est presque aimé. » (p. 45) Ce roman m’a beaucoup émue. Le style de Marie Laberge est impeccable, sonore et poétique, follement sensuel parfois et terriblement tranchant quand il faut achever. Quelques adieux me donne encore plus envie de découvrir le reste de l’œuvre de cette grande auteure québécoise.

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Le Goût du bonheur, Tome 2 : Adélaïde

J'avais fini l'année avec Gabrielle et fermé le livre sur cette phrase : Veux tu m'épouser ? " Argh!!!!! voilà une fin de roman affreuse ... Je voulais connaître la suite ! Là tout de suite ! et pas possible .... Il m'a donc fallu attendre la nouvelle année pour retrouver les personnages de cette saga .



Ce deuxième tome est toujours addictif , mais après avoir refermé le livre je trouve qu'il y a quelques bémols ...



Le personnage d'Adélaïde lui-même , fini par être agaçant de réussite : l'argent , la beauté , les hommes qui se prosternent à ses pieds , ses idées innovantes , la rendent un peu trop parfaite Elle est celle qui ouvre le père de Ted à l'univers des femmes , elle est celle qui donne de bonnes conditions de travail à ses ouvrières, elle est celle qui va réconcilier Nic et la famille de son frère .... stop ! Que voulez vous face à une femme pareille , la jalousie doit parler en moi mais je trouve que ça fait un peu beaucoup .



Le retour de Kitty , un peu tiré par les cheveux et l'arrivée d'un personnage masculin dont on voit instantanément quel va être son rôle sont à mettre dans ce qui m'a moins séduit ....



Mais il y a tout le reste , la vie des femmes et leur sexualité , les grossesses , les avortements , la contraception y sont très boen racontés , tous ces éléments dont on oublie parfois qu'ils ne font pas partie de nos vies depuis si longtemps ...



La place de l'Eglise qui d'une main de fer régit la population tel un dictateur des âmes et consciences est bien rendu , de même que le conflit larvé anglophones / francophones qui était perceptible dans le premier tome mais l'est encore plus dans celui-ci .



J'ai aussi apprécié la manière de raconter la guerre , vu ici essentiellement du côté de ceux et surtout celles qui sont restés et qui sont dans l'attente de ceux qui sont partis . On perçoit bien les manques , les adaptations nécessaires et le difficile retour à une vie ordinaire , la vie d'avant que cette longue coupure aura malmenée de bien des façons .
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Ceux qui restent

Tout comme dans sa trilogie, Marie Laberge réussit là un beau roman, fin de même !

Autour d'un drame familial ( suicide d'un jeune père de famille) , onde de choc pour les proches, se trame un scénario original, se construit une comédie humaine version canadienne ( sacrée Charlène ! ) où chacun "se dépatouille" tant bien que mal avec ses joies et peines, sa colère, sa détresse, sa dureté, sa tendresse, ses interrogations, ses remises en question.....et sa "possible" reconstruction.
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Quelle saga familiale de 1930 à 1942 !! et surtout quelle femme !! Rencontrez Adélaïde, mère de 5 enfants, épouse aimante et aimée par un mari avocat, femme de tête qui mène de front sa petite famille, tient tête à ses deux soeurs quand il faut et défend la cause des femmes mếme si elle est parfois rattrapée par son éducation, elle sait s'interroger et remettre en question ses choix.

Une fois que j'ai assimilé tous les personnages qui entourent ce sulfureux couple, Adélaïde et Edward, cerné par des enfants avec chacun un caractère bien trempé, je me suis sentie intégrée dans cette grande famille ou prône l'entraide. La vie des deux soeurs d'Adélaïde ainsi que de son frère viendront également animer le roman dans une société où la religion est si ancrée, le soucis du qu'en dira t-on dominant et où on se soucie de bien faire comprendre aux femmes que leur rôle est d'obeir à leur mari ( ca c'est sans compter sur le caractère de Gabrielle mais également celui de son mari à l'écoute et non réticent au progrès).

Le livre fait 860 pages mais à aucun moment je ne me suis ennuyée, pas un moment j'ai trouvé que le rythme s'essoufflait. Il faut dire qu'avec tous les personnages qui gravitent autour de Gabrielle, il y a de quoi pimenter leur vie à chacun, orchestrer l'entraide et faire de ce livre un roman plein de tendresse, d'amour et de bienveillance.

Comme j'ai été triste de quitter Gabrielle qui mène d'une main de maître tout ce petit monde, se soucie de tous, tout en voulant faire avancer la cause des femmes.

Et si j'ai eu du mal à la laisser, je sais que deux autres tomes m'attendent avec des personnages auxquels je me suis attachée.

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Après une mise en route un peu fastidieuse, j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre et suis très impatiente de pouvoir en découvrir la suite.

Et si l'héroïne était un peu trop parfaite à mon goût, la plupart des autres personnages sont intéressants et/ou attachants.

Une belle fresque familiale sur fond historique et sociologique.

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C'était avant la guerre à l'Anse-à-Gilles

1936, C'était avant la guerre à l'Anse-à-Gilles, petit hameau sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, situé entre Montmagny et L'Islet-sur-Mer : quatre personnages, Marianna, Honoré, Rosalie et tante Mina évoquent tour à tour des thèmes politiques et sociaux autour de leurs tâches quotidiennes. Une pièce de théâtre à la parlure ancienne, pas le joual de Michel Tremblay, mais plutôt un ancien français coloré de québécismes (une découverte pour moi car j'ignorais que Marie Laberge avait usé de ce type d'écriture dans son oeuvre). Une évocation simple du climat étouffant qui existait dans les campagnes à cette époque et du clivage entre riches et pauvres, des relations compassées entre les hommes et les femmes et du désir refoulé d'accéder à plus de liberté. J'ai apprécié cette incursion différente dans l'univers de cette auteure, dont je connaissais déjà l'oeuvre romanesque.
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Revenir de loin

Yolande Mailloux se réveille d'un profond coma de plusieurs jours, après un grave accident de voiture. Elle ne se souvient de rien : sa mémoire est une page blanche qu'elle n'a pas envie de noircir. « Est-ce qu'on peut profiter d'un coma pour vider un cerveau de sa substance, vider une vie de son essence et remplacer le tout part... par quoi ? Comment ça s'appelle, cette envie de rien ? » (p. 24) Mais autour de Yolande, on s'agite : médecins, famille, amis, tous veulent la voir revenir. Sur son lit, simulant le sommeil, Yolande sait qu'elle ne veut pas renouer avec Gaston et Annie, son mari et sa fille. le seul qui pourrait vraiment la ramener du côté des vivants, c'est Steve, jeune homme amputé dans une autre chambre de l'hôpital. À mesure qu'elle écoute ses proches et qu'elle reprend pied, elle réapprend son histoire et son identité dans les récits des autres, mais elle ne s'y reconnaît pas. « Que saurait-elle de plus, si la mémoire lui était rendue ? Probablement comment se perdre un peu mieux dans le dédale des insignifiances qui l'occuperaient et la préoccuperaient. » (p. 96) Libérée de son passé, Yolande se sent plus légère : elle ne veut pas se souvenir d'une vie plate et sacrifiée aux conventions. Mais la mémoire, entité capricieuse, lui fait sentir qu'il est plus douloureux d'avoir tout oublié que de se rappeler, parce que parmi les souvenirs, les plus douloureux ne sont pas forcément les moins précieux.



Encore un immense roman de Marie Laberge avec un personnage féminin puissant, attachant parce qu'imparfait et touchant parce que très humain. Yolande est une femme complexe et forte, mais longtemps alourdie par des obligations et des chagrins : elle trouve dans l'oubli la capacité de devenir celle qu'elle cherchait avant l'accident. « Quand je te regarde, Gaston, je vois l'incarnation de la médiocrité. Il y a une distance immédiate qui se crée entre toi et moi. Et plus tu t'approches, et plus la focale recule. » (p. 101) L'amnésie est ambivalente : à la fois liberté et pouvoir, elle est aussi un handicap intérieur qui empêche de progresser et d'achever des deuils qui durent depuis des années. « Il se demande combien de fois on doit dire adieu avant de quitter vraiment. Avant d'accepter de quitter ce qui nous a quittés. » (p. 148) Yolande cherche la femme qu'elle est derrière l'amnésie et se demande quelle histoire projeter sur la toile blanche de son passé. Il y a des tâches sur sa vie d'avant, des comportements qu'elle ne reconnaît pas. « Elle ira et tant pis si elle se découvre aussi horrible qu'elle se soupçonne. » (p. 223)



La relation amicale entre Yolande et Steve, jeune homme à fleur de peau, est fabuleuse et je l'ai de loin préféré à la relation amoureuse entre Yolande et Jean-Louis, assez ique dans sa forme. Magnifiques également les nombreux poèmes égrenés au fil des pages. Les maîtres sont présents : Nerval, Neruda, Aragon, Apollinaire et bien d'autres ! Leurs textes parlent de mémoire et d'amour. « Même les plus grands poètes ne savent pas le fond de son coeur, ne savent pas comme c'est horrible de ne pas savoir. » (p. 223) Marie Laberge écrit avec talent et sensibilité sur le deuil, le suicide, le rapport mère/enfant. Ce roman est beau, tout simplement. On assiste, page après page à un miracle : la construction d'un personnage, comme s'il naissant devant nous de la plume de l'écrivain.



De cette auteure, je vous conseille aussi Ceux qui restent, Quelques adieux et la fabuleuse trilogie le goût du bonheur.
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Le Goût du bonheur, Tome 2 : Adélaïde

Roman de Marie Laberge.

L’histoire reprend juste après la mort tragique de Gabrielle. La famille Miller est sous le choc et Edward est dévasté, d’autant plus qu’Adélaïde lui a annoncé être enceinte de Theodore, son associé juif parti faire la guerre en Europe. « Mon péché est tout ce qui me reste de Theodore, alors vous comprendrez que je ne veux surtout pas le laver. Je veux le garder et en prendre soin. Je suppose donc que j’ai perdu la foi. » (p. 50) Pour la tirer de ce mauvais pas, Nic lui propose de l’épouser, de reconnaître l’enfant et de s’installer à Montréal. Bien que très éprise de Theodore, la jeune Adélaïde ne peut se défendre d’une grande attirance envers Nic qu’elle connaît depuis toujours. « Deux amours peuvent se disputer la priorité d’un cœur, mais l’un ne fait pas la grâce de disparaître devant l’autre pour lui permettre de s’abattre à l’aise. » (p. 458) Comme sa mère, elle aime sans compter et se réjouit que Florent ait quitté le sanatorium après cinq d’une longue guérison. Pendant ses années d’enfermement, le jeune homme timide a développé ses talents artistiques. C’est décidé, il sera créateur de mode pour sublimer la beauté des femmes. Richissime et prospère grâce à ses nombreuses entreprises, Nic soutiennent son projet. « On n’est pas obligés de devenir seulement ce que nos parents étaient, on a le droit de les dépasser. Ce n’est pas les humilier ou les trahir, ce serait plutôt… je ne sais pas, les rendre fiers ? » (p. 242) La petite Léa est née et fait le bonheur de ses parents, même si Adélaïde ne cesse de penser à Theodore : reviendra-t-il d’Europe, son bel amant juif ? Quand Nic part à son tour à la guerre, Adélaïde prend soin de son neveu et de sa belle-sœur, Alex et Jeannine. La longue attente causée par la guerre dans toutes les unions autour d’Adélaïde se teinte parfois de désespoir et de terreur, mais la jeune femme refuse de se laisser abattre. Elle reste forte pour sa fille et ses deux grands amours, Theodore et Nic. « C’est déjà assez difficile d’accepter d’être vivante qui survit et qu’aucun amour ne détruit. » (p. 324) En l’absence de Nic, elle gère les entreprises de son époux et se révèle une femme d’affaires avertie et énergique, peu désireuse d’épargner les égos masculins.



Les autres enfants de Gabrielle ont tracé leur chemin. Avide de reconnaissance, Béatrice n’a aucune pensée pour son époux parti à la guerre et ne rêve que de percer dans le monde de la radio, négligeant son fils Pierre qui est laissé aux bons soins de Reine, la cousine stérile et mal mariée. Fabien s’est engagé dans l’aviation militaire. La jeune Rose s’occupe tant bien que mal de la maison des Miller à Montréal, entre un père neurasthénique et un petit frère très effacé. Les années de guerre passent et Adélaïde retrouve son époux. Le bonheur semble enfin à portée de main, mais Kitty, la sœur de Nic, fait son grand retour. Depuis son enfance, Adélaïde hait et craint cette femme capable de causer d’immenses dégâts. Ses inquiétudes n’étaient pas infondées et ce deuxième volume se clôt sur une tragédie indicible. Après un premier tome qui a pris le temps de présenter tous les personnages (et je ne les ai pas tous nommés), le deuxième continue de tracer les destins et les drames. La Seconde Guerre mondiale est vue d’outre-mer, du côté de ceux qui sont restés au pays. Elle n’est pas qu’un écho lointain et a des conséquences sur la vie quotidienne, entre le rationnement et l’effort demandé par le gouvernement. La contribution du Canada est immense : si son sol n’est pas touché par les combats, ses enfants sont sacrifiés sur les plages de France et dans les camps nazis. Des années 1940 à 1950, on assiste également à la poursuite de la libération des femmes avec l’avortement et la contraception devenus plus abordables et moins tabous. Mais la religion pèse toujours lourdement et freine l’indépendance des esprits les plus soumis. Après la conclusion tonitruante du deuxième volume, je ne m’arrête pas. C’est parti pour le dernier tome de la trilogie !

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Quelques Adieux

Je vous recommande ce roman qui est un pur bonheur à savourer.

Tout sonne juste dans cette histoire d’amour magnifique, ou ces histoires d’amour devrais-je dire ; l’émotion est toujours présente, on suit pas à pas Anne, François et Elisabeth, on rit avec eux, on souffre avec eux.

Marie Laberge va au bout de l’analyse des situations, des caractères des personnages. Jusqu’au rythme des phrases qui s’accélère pour suivre la montée du désir, les affres de la colère. C’est cousu au petit point, c’est beau, j’ai adôôré !!

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Le Goût du bonheur, Tome 3 : Florent

Le moins bon des 3 tomes. Les visites chez le psychologue sont vraiment de trop, à mon avis. Je relirais volontiers les 2 autres tomes, mais pas celui-ci. Le bon côté de ce troisième épisode, c'est qu'on apprend le dénouement du deuxième tome.
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Saga familiale sur fond de drame à venir, le premier tome de cette trilogie, centré sur le personnage de Gabrielle, surprend par sa justesse de ton et la force évocatrice de ses personnages. Tous attachants à leur manière, ils témoignent de l’évolution d’une époque et du fragile lien qui les unit. Gabrielle, âme étincelante, épouse et mère aimante est un personnage atypique tant elle est positive et dévouée aux siens. Femme de grande morale, elle n’aura de cesse de se battre pour sa famille tout en affirmant la place des femmes dans la société. L’écriture, riche et fluide, où se glissent de délicates expressions québécoises, évoque un roman empreint de sensibilité, où la transmission des valeurs et le combat des idées apparait comme un ciment joyeux et indispensable à l’épanouissement de chacun. Une ode à l’amour sous toutes ses formes pour un roman sensible et délicat.
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Le Goût du bonheur, Tome 2 : Adélaïde

Quel beau 2ème tome !

Quel plaisir de poursuivre l'aventure au quotidien avec tous ces personnages hauts en couleurs !

Un régal !

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Ceux qui restent

Je connaissais Marie Laberge pour sa trilogie (Le goût du bonheur), qui m'avait fait découvrir l'histoire du Québec à travers des personnages hauts en couleurs. Avec Ceux qui restent, elle met à nouveau en oeuvre sa compétence d'analyse psychologique très fine des personnages, en se mettant ici dans la peau de plusieurs des protagonistes et en parlant souvent à la première personne. Si je me suis régalée avec les expressions canadiennes (dont j'entendais même l'accent dans ma tête !), j'ai surtout goûté la justesse des sentiments, la caractérisation précise et sans jugement des personnages, la toile qu'elle tisse entre eux avec habileté et beaucoup de vraisemblance. Marie Laberge est une auteure intelligente et curieuse, qui semble avoir beaucoup observé ses semblables, et qui garde la foi en l'humanité et en ses pouvoirs de bienveillance, même dans les moments les plus difficiles à surmonter. Un peu de douceur dans ce monde de brutes ne peut pas faire de mal ! A lire, donc ! :)
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Revenir de loin

Ce dixième roman de Marie Laberge est, à mes yeux, et de loin, le plus sombre mais le plus émouvant à la fois. Elle y explore, dans les moindres recoins de l'âme humaine, l'univers mystique du coma, dans lequel son personnage principal, Yolande (narratrice), a sombré durant 18 jours. Sa capacité à réfléchir est demeurée intacte et son esprit vif. Mais sa mémoire est atteinte et elle est dépourvue d'affect. Elle a sombré dans l'amnésie.

 

Beaucoup de personnages rayonneront autour d'elle. D'abord, son voisin de chambre, avec qui elle entretiendra une belle complicité, ensuite, une femme qui dit être sa fille, un homme (son mari), et bien d'autres encore. Mais par un jeu complexe et bien ficelé, l'auteure nous fera vivre les enjeux troublants et décisifs de la réminiscence. Revenir de loin, mais à quel prix? Yolande sera l'initiatrice de son destin que nous suivrons, comme tenus à un mince fil, durant ces 600 pages. Les sept chapitres résumeront bien, à eux seuls, son cheminement: «Ouvrir les yeux», «Se mouvoir», «S'émouvoir», «Savoir», «Voir», «Dire» et «Vivre».

 

La densité de ce roman contribuera à cette recherche d'approfondissement des mystères encore inconnus de la conscience et de l'âme, à laquelle seul peut répondre un remarquable talent d'écrivaine. Écrit avec une extrême sensibilité, «Revenir de loin» est troublant. Il est impossible d'en sortir totalement indemne. Les dialogues sont forts et les chapitres teintés des vers de Nelligan, Miron, Rimbaud et Baudelaire. Plusieurs thèmes sont abordés: le tourment amoureux, les relations mère/fille, la perte et le deuil, la recherche d'authenticité... Les personnages sont des représentations de personnalités diamétralement opposées, ce qui ajoute à la complexité et la beauté du roman. Toutefois..... attention! Il faut vraiment rayonner intérieurement pour lire ce livre! Parce que Marie Laberge, plus que jamais et plus que quiconque, arrive à «violemment» nous ébranler. C'est un vrai bijou, comme toujours...



J'aime cette auteure :-*
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Le poids des ombres

Voilà un roman comme je n’en avais pas lu depuis longtemps. L’écriture est saccadée, incisive, directe… à l’image du caractère des deux personnages qui animent ces pages. Une fille, Diane, et sa mère, Yseult. Bien que morte (c’est là l’objet de ce livre), Yseult est un personnage capital du roman, omniprésent, à cause de l’emprise qu’elle a eue, toute sa vie, sur les hommes qu’elle a croisés et sur sa propre fille. À moins que ce ne soit l’inverse… C’est un roman puissant ! Il nous plonge dans la complexité des liens mère/fille.



L’une vit la vie follement, intensément. L’autre la rêve avec autant de passion. Ces deux êtres liés par le sang sont diamétralement opposés. Une opposition et une attraction tellement fortes qu’elles poussent les deux femmes à se séparer. Après de longues années sans s’être revues, Diane doit reconnaître le corps de sa mère à la morgue. Mais pourquoi Yseult, qui aimait tant la vie, a-t-elle décidé de mettre fin à ses jours ? Diane ne comprend pas, n’accepte pas. Elle est en colère.



Commence alors un long processus, un combat intérieur et extérieur violent, à la recherche de l’oubli, de l’acceptation. Et de réponses concrètes. Qui, quel homme, a poussé sa mère au suicide ?



Entre adoration et détestation, amour et haine, Le poids des ombres est un roman excessif ! Pas au sens négatif du terme non… ce sont ces excès cumulés qui en font une histoire extraordinairement palpitante. Le livre à peine commencé, j’ai plongé tête la première et l’ai dévoré sur un weekend.



Après cette immersion totale et envoûtante, je dois avouer avoir été triste de quitter les personnages. Les deux femmes sont attachantes… leur emprise sur les gens qui croisent leur chemin va jusqu’à nous atteindre, nous lecteurs, et à regretter de refermer le livre et de laisser l’une à sa mort, l’autre à sa vie enfin trouvée.



En bref ce livre est un régal. Je suis très heureuse que les Éditions Stock m’aient permis de le découvrir. J’ai par la même occasion découvert une auteure québécoise que je ne connaissais pas. Après un tel coup de cœur je compte bien lire d’autres romans issus de son Œuvre.
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Mauvaise foi

Patrice, policier français, et Vicky, inspectrice québécoise, travaillent dans une équipe spécialisée dans les dossiers classés. Ils sont sollicités par Jasmin Tremblay qui est convaincu que son patron, Paul, est innocent : enfermé depuis 22 ans, il n’a pas pu tuer sa mère adoptive qu’il adorait. Patrice et Vicky se rendent à Sainte-Rose-du-Nord pour comprendre ce qui s’est passé, qui a pu tuer Émilienne, dévaster sa collection de poupées et laisser un possible innocent en prison pendant si longtemps. « Paul va sortir de prison dans très peu de temps. Pourquoi se mettre à chercher le meurtrier tout à coup ? Qu’est-ce qui presse tant ? » (p. 65) Dans cette petite ville, il y a bien des secrets inavouables qui tournent autour du clergé. « Toute l’Église est une horreur et un foyer malsain où les criminels peuvent violer des femmes pour les confesser ensuite. De leurs péchés à eux ! » (p. 110) Les coupables sont nombreux et Paul n’est manifestement pas du nombre. Il y a bien des vérités à révéler et des victimes à sauver. « Quand on déterre des secrets de famille, Patrice, on n’y va pas avec une pelle mécanique. » (p. 81)



Je ne m’attendais pas à lire une enquête policière. Manque de bol, c’est bien la forme de ce roman et je ne suis toujours pas plus friande de ce genre littéraire. J’ai fini ma lecture pour le plaisir d’une immersion au Québec, pays cher à mon cœur. Je connais un peu le puissant mouvement anticlérical qui existe dans ce pays et qui fait suite à des siècles de domination religieuse sur la société. L’intrigue s’inscrit dans cette histoire sociale et tire à boulets rouges sur une Église qui ne compte plus les scandales sexuels de ses ministres. Sujet délicat s’il en est. L’auteure s’en tire plutôt bien et renoue avec des héros qu’elle a déjà mis en scène dans un roman précédent. Je doute de garder un souvenir marqué de cette lecture : de Marie Laberge, je préfère les romans qui ne sont pas policiers, comme Ceux qui restent, magnifique chronique à plusieurs voix autour d’un suicidé.

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

J'ai découvert ce livre par une amie qui me l'a offert pour mon anniversaire. Quelle belle découverte. Bien écrit. J'ai bien aimé le lexique pour les locutions québécoise. Belle entrée en matière pour cette saga que j'ai dévoré.
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