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Critiques de Marie Laberge (498)
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

J'ai adoré !

Une écriture si différente et pourtant tellement semblable. Ma langue maternelle sans l'être.

Et puis, cette façon de me balader dans la vie de ces gens sans me rendre compte que le temps s'écoule tout en me disant constamment que cela passe trop vite. Exactement comme dans la Vie...

Des sourires, plein. Et des larmes aussi. Parce que ces personnages, ils nous ressemblent, ils nous rassemblent.

Bref. J'ai aimé. Vivement la suite 😊
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L'homme gris

Une pièce jamais oubliée, que je voudrais revoir tant elle m'avait impressionnée.



Piéplu dans le rôle du père, assénant ses mots comme autant de coups, avec une froideur sans pitié - et une petite comédienne recroquevillée, terrassée et muette, Joëlle Pierre, à laquelle, bien sûr, la spectatrice terrifiée s'identifie, dans le rôle de la fille muselée par ce règlement de comptes.



Un grand texte, servi par de fabuleux acteurs.
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Ceux qui restent

Quand la mort de l'un devient leçon de vie pour ceux qui restent.



Confrontés au suicide d'un proche, sans la moindre explication, ceux qui restent demeurent désemparés. Plus que la mort du disparu, c'est le silence qui déconcerte et insuffle le désarroi. Il renvoie chacun face à lui-même, en vigilance d'une once de culpabilité quant à ce geste désespéré. Qu'ai-je fait, que n'ai-je pas fait pour qu'il en arrive à cette extrémité ? Pourquoi n'ai-je rien vu, rien deviné ?



Sylvain s'est donné la mort. Sans un mot d'explication. Ni à sa femme Maryline-Lise, ni à son père Vincent, encore moins à sa maîtresse Charlène qu'il a quittée le jour même avec la même suffisance du mâle apaisé. Ils étaient les trois personnages de l'entourage proche de Sylvain. Ils s'interrogent sur la raison de ce geste qui restera pour eux insensé. Parce qu'inexpliqué.



Maryline-Lise est prise de panique. Il y a ce fils de cinq ans qui lui reste. Elle lui cache la vérité sur la mort de son père. S'il lui venait la même idée qu'à celui-ci, comme une contamination ? La poisse lui colle à la peau à cette pauvre femme. Née de père inconnu, elle a été élevée par sa mère dans une secte dont elle réussit à s'échapper à 16 ans. Sylvain l'épousera dans la précipitation de l'annonce du bébé. Il l'abandonnera en chemin avec ce geste fou. Son petit grandissant ne la regardera plus ou presque. Une vie désertée par l'amour, une vie de solitude. On brûle de lui tendre la main.

Vincent, lui veut savoir. Pourquoi son fils a inversé le cours des choses et décidé de partir avant lui. Il enquête. Il rencontre toutes les connaissances de ce fils secret.

Charlène quant à elle s'adresse à son amant disparu. Elle l'apostrophe dans son parler québecquois : "les suicidés, y nous refilent le problème. Y nous le laissent. Y nous disent : "Regarde : moi, je sacre mon camp. V'là mes hosties de problèmes, arrange-toi avec !" (*)



Marie Laberge nous apprend le désarroi de ceux qui restent. Avec leurs mots de tous les jours, souvent vulgaires. Elle nous apprend ce coup de poignard dans leurs maux de tous les jours. Elle nous étourdit de leur incompréhension, de leur doute, de leur remord. "Comme c'est difficile de faire sa paix avec ceux qu'on a aimé et pour qui notre amour n'a pas suffi".



Il faut parfois avoir recours au dictionnaire du parler populaire de nos cousins québecquois, mais l'émotion filtre quand même. La lecture perd certes un peu de fluidité, mais gagne en couleur locale. On comprend comment une telle infortune change le regard sur l'entourage, adoucit les rancoeurs, réveille la tolérance.

La philosophie doit venir au secours de l'impuissance à comprendre. De toute façon, les hommes et les femmes sont partout les mêmes, avec leurs forces et leurs faiblesses. On ne refera pas le monde. Une fois encore il faut concevoir que les seules ressources sont au fond de soi-même. Y'a-t-il un autre choix face au définitif qu'est la mort de ceux qu'on aime.



Avec la mort, les émotions deviennent éternelles. Des émotions qui durent, encore et toujours, n'est-ce pas cela qu'on appelle des sentiments.



C'est un beau roman plein d'authenticité.



(*) Je fous le camp. V'la mes putains de problèmes, arrange-toi avec.

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Sans rien ni personne

Un roman policier de l’auteure québécoise de la « Trilogie du bonheur ».

On la connait peut-être davantage pour sa saga familiale, mais Marie Laberge a aussi commis plusieurs polars.



Celui-ci commence en France où un vieil homme veut, avant de mourir, connaître la vérité concernant l’assassinat de sa fille survenu à Montréal une trentaine d’années plus tôt. Contre toute attente, le policier qu’il harcèle depuis longtemps décide d’aller faire un tour au Québec, sous prétexte d’étudier les méthodes de résolution des « cold cases ». Pour suivre l’enquête, on ira se promener à travers le Québec et même à St-Pierre-et-Miquelon.



L’écriture de madame Laberge est belle, le déplacement dans le temps et dans l’espace apporte des éléments de société intéressants, malgré l’inévitable caricature du conflit entre le Français et la Québécoise.



Mais on ne pardonne pas à un auteur de nous laisser deviner trop vite la conclusion de l’enquête. Pourquoi ses limiers ne voient-ils pas l’évidence?

Un polar y perd une étoile…

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Le Goût du bonheur, Tome 3 : Florent

Difficile de passer à autre chose après ce roman ou plutôt après cette si belle trilogie. Je me suis retrouvée absorbé dans cette famille dans Quebec d'après guerre, dans cet environnement où l'on se sent un peu comme chez soi.

Quand j'ai terminé le premier tome je me suis dis que j'étais folle de me jeter dans de si gros pavés, quelle idée ? Mais aujourd'hui je suis complètement ravie de les avoir dévorés car ils se lisent tellement vite et on est vraiment pris dans l'histoire que l'on ne sent pas les pages défiler. Le pire c'est que je les ai dévorés quasiment d'affilé et le plus dure c'est d'arriver à la dernière ligne de la dernière page du dernier tome et de se dire qu'il n'y a plus rien après (c'est pour cette que j'évite les sagas depuis Harry Potter). Voir les personnages naître, grandir et certains mourir alors qu'on s'y est attaché c'est tellement plus touchant que de lire un livre qui se déroule sur une courte période.

Pas de description du roman ni de ce qui s'y passe pour cette critique, il y en a suffisamment et même si je sais que le savoir ne se perd pas en le partageant j'ai égoïstement envie de les garder (mes souvenirs de lecture) pour moi.
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Ceux qui restent

Le 26 avril 2000, Sylvain Côté s’enlevait la vie. Il avait 29 ans.

Ainsi commence le livre, qui est constitué d’une succession de chapitres écrits alternativement par sa femme, Mélanie-Lyne, sa maîtresse, Charlène et son père, Vincent. Il est également question dans ce livre de sa mère, Muguette, et de son fils, Stéphane, très jeune au moment du suicide de Sylvain.

Le livre se déroule sur une quinzaine d’année et l’on voit comment réagissent chacun à leur façon les proches de Sylvain face à son suicide, leur capacité à faire leur deuil et les interrogations qu’ils peuvent avoir. En effet, aucune explication n’a été laissée par Sylvain et chacun se pose des questions quant à son incapacité à détecter le désarroi dans lequel a dû vivre Sylvain avant son suicide et à son incapacité à l’aimer suffisamment pour l’empêcher de passer à l’acte.

Outre la réaction de l’entourage face à un suicide, il est également question tout au long du livre des relations mère-fils et des relations de couples. La femme de Sylvain va en effet devenir oppressante et étouffer son fils, avec la peur permanente qu’il découvre comment est mort son père et qu’il soit un jour tenté de faire la même chose. Le couple constitué du père et de la mère de Sylvain ne survivra pas à ce drame et Muguette s’enfermera progressivement dans la déprime, l’alcool et la maladie. Vincent, quant à lui, après avoir interrogé les amis de son fils pour essayer de comprendre, et après s’être rendu compte qu’il n’avait pas su aider son ex-femme après le drame, essayera d’aider le nouveau mari de son ex-femme à s’occuper d’elle, puis sa belle-fille lorsque sa propre mère deviendra dépendante d’elle.

Chacun réagit donc de façon différente en fonction de son vécu et de sa sensibilité propre. Mais il est également question dans ce livre de la solitude que l’on peut rencontrer à tout âge, de sexualité et de la difficulté de révéler à un enfant jeune que son père s’est suicidé. Que faut-il faire dans ce cas ? Dire la vérité ou la cacher comme le fait Mélanie-Lyne au risque que son fils le découvre un jour et en soit encore plus choqué ? La lecture de ce livre nous amène à réfléchir plus largement aux accidents de la vie, maladie, chômage, séparation, mort… et à notre capacité à réagir et à en parler avec nos proches et plus particulièrement avec nos enfants lorsqu’ils sont jeunes et que nous ne souhaitons pas les perturber avec des problèmes « d’adultes ». N’est-il pas préférable de dire la vérité même s’il faut trouver les mots pour s’adapter à l’âge des enfants ? La question est ouverte…

C’était mon premier livre de cet auteur québécois. Après la première surprise et quelques difficultés pour m’adapter à l’écriture et aux expressions québécoises, la lecture est devenue plus fluide et cette première lecture était une belle découverte.
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Ceux qui restent

Roman intéressant pour son thème de ceux qui restent comme son titre, ceux qui restent après le départ d'un être cher.

D'autant plus complexe, douloureux quand cela s'agit d'un acte sans raison apparente ni connue, sans un mot, ni rien. Un acte personnel, voire égoïste, c'est abordé dans le roman, pourquoi ?

Tant de questions qui se bousculent mais qui ne trouvent pas de réponse.

Continuer à vivre avec cette douleur, cette absence, cette incompréhension, et une certaine culpabilité à ne pas avoir vu ni même ressenti un certain mal de vivre.

Ce roman choral nous permet d'écouter les personnages qui entouraient le disparu et un lien va se créer entre tous comme pour mieux se soutenir. Venir en aide - j'ai bien aimé le dernier passage du livre qui résume très bien, le sentiment général qui se dégage du livre : Devenir une issue, une pause, un soulagement momentané dans la vie étouffée de quelqu'un, quelquefois, c'est ça, retrouver le chemin de la vie.



Un très beau roman, sur un sujet sensible, et souvent sans réponse, le ton canadien nous offre une petite note d'humour à nous français. Charlène a eu ma préférence, simple, juste, et généreuse, toujours la phrase qui fait sourire.

Un bon moment de lecture, malgré tout, j'ai ressenti un petit creux d'attention au 2/3 du livre.

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Offert par une amie qui a appris que j'aimais bien lire des sagas familiales. J'ai beaucoup aimé ce roman et les membres de cette famille québecoise, en particulier Gabrielle qui apparaît très traditionnelle au début mais qui se révèle être une femme forte et sensible aux idées très modernes pour l'époque (les années 1930). J'ai aussi apprécié les expressions québécoises, il y a même un lexique à la fin pour décrypter certaines tournures de phrase :-).

Le roman est assez long mais comme on s'attache très vite aux différents personnages, on tourne les pages sans s'en rendre compte.

Une lecture très agréable, parfaite pour l'été, même si j'avoue avoir beaucoup pleuré tant je me suis attachée aux personnages et avais l'impression de vivre avec eux !

La suite m'attend déjà dans ma bibliothèque !
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Ceux qui restent

Je découvre Marie Laberge à travers ce roman et me voilà littéralement conquise par son style, ses personnages, la manière dont elle analyse leurs sentiments. Je trouve que ça sonne tellement juste. Et quelle fougue. Je l'ai en effet rencontrée à la librairie du Québec à Paris le 4 juin dernier. J'ai apprécié sa manière très directe de parler de Ceux qui restent, son énergie communicative. J'ai senti une force de vie communicative chez elle qui m'a fait beaucoup de bien.



Avec Ceux qui restent nous partons à la découverte de celles et ceux qui ont côtoyé Sylvain au cours de sa trop succincte existence puisqu'il s'est suicidé à l'âge de 25 ans en laissant sa femme Mélanie-Lyne et Stéphane leur petit garçon alors âgé de tout juste 5 ans. Au fil de chapitres très courts, nous nous mettons dans la peau de Charlène la maîtresse de Sylvain qui continue à lui parler comme s'il pouvait lui répondre. Mélanie-Lyne couve Stéphane au point de l'étouffer. Vincent Côté, le père de Sylvain, tente de comprendre ce qui l'a poussé à accomplir un tel geste aussi définitif. Muguette, la mère de Sylvain, ne s'en remet pas. Blanche, la grand-mère de Sylvain fait comme elle peut pour soulager son fils et sa belle-fille. Quant à Stéphane, il n'en peut plus de sa mère qui le surveille comme le lait sur le feu.



Le style diffère en fonction des personnages. Avec Charlène, Marie Laberge donne libre court à la langue québécoise : Remarque que c'est toute une façon de divorcer, ce que t'as faite. ça s'appelle régler le dossier." Quand il s'agit de Mélanie-Lyne, le style est familier. Il devient plus littéraire et les pensées se font plus profondes avec Vincent Côté.



Même si le point de départ du livre est le suicide d'un proche, je n'ai pas trouvé ce livre triste, bien au contraire. Ce qui intéresse Marie Laberge, c'est bien la manière dont chaque personnage se reconstruit après avoir vécu un tel traumatisme. Car évidemment on ne sort pas indemne de la mort d'un être aimé et ce d'autant plus quand elle a été provoquée par la personne elle-même. Pour Marie Laberge, le suicide n'est pas un message - et d'ailleurs à aucun moment du livre on apprendra ce qui a motivé Sylvain à mettre fin à ses jours - "c'est son geste. Sa décision."



J'ai trouvé ce texte très fort, très sensible, très bien écrit. J'ai été très touchée par l'évolution de Vincent Côté au fil des pages. J'aurais aimé gifler Mélanie-Lyne et Muguette. Plusieurs passages résonnent très fort en moi. C'est la raison pour laquelle j'en ai recopié de nombreux passages afin de les conserver en mémoire, pour me replonger dans les mots de Marie Laberge.



Je suis conquise et j'en redemande. Un vrai coup de coeur littéraire qui me donne envie de lire d'autres livres d'elle.
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Quelques Adieux

Acheté sur un vide-grenier parce que Marie Laberge m’avait laissé un assez bon souvenir avec sa trilogie « Le goût du bonheur », surtout le premier tome « Gabrielle ».

Mais là, au secours ! J’ai cru abandonner plus d’une fois.

Il s’agit d’une histoire d’amour on ne peut plus classique : un couple, une maîtresse et la manière dont chacun vit son amour.

Bon, ça pourrait le faire, à la rigueur. Mais le drame de ce roman, c’est …………..les dialogues.

D’un « niaiseux » !, pour reprendre le vocabulaire canadien utilisé. C’est à la limite du supportable.

Et je me trouve bien du mérite, ou de l’indulgence, ou du masochisme, d’être allée jusqu’au bout.

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Quelques Adieux

Que le lecteur fasse preuve de patience avec ce roman : il se bonifie au fil des pages ! J'ai bien failli le laisser tomber plusieurs fois dans les 100 ou 150 premières pages, englué que j'étais dans une histoire d'adultère très "classique" et frôlant le genre "Harlequin". Mais peu à peu le livre prend de la densité et donc de l'intérêt et tout particulièrement avec la rupture narrative de la deuxième partie. Finalement, je remercie les lecteurs de Babelio qui m'ont incité à ajouter ce livre à mon pense-bête et qui m'ont permis de découvrir cette auteure québecoise !
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Au cœur du Québec des années 30, les Miller forment une famille unie: Edward le père aimant, Gabrielle l'épouse et la mère dévouée ainsi que toute sa tribu à commencer par Adélaïde l'ainée qui du haut de ces 8 ans a déjà une grande soif d'indépendance et des idées bien arrêtées. La fillette va assister aux bouleversements qui vont affecter sa famille et son époque jusqu'au début de la guerre.



Encore une fois, cette lecture a été fortement influencée par les nombreux avis élogieux que j'ai vu partout. J'ai été plutôt séduite par ce premier tome qui nous présente la très nombreuse famille Miller ainsi que tous les amis qui gravitent autour d'elle. J'ai trouvé le début un peu poussif et laborieux, le temps s'écoulant très lentement. Trois ans en 700 pages puis 4-5 années en moins de 200 pages d'où l'accélération de l'intrigue dans les dernières pages. Les évènements que ce soient historiques ou familiaux n'étant que racontés que très superficiellement. Un gros sentiment d'inégalité dans le déroulé du roman. Il a aussi fallu que je m'adapte au parlé québécois que l'auteur utilise fréquemment. J'ai vraiment eu du mal à m'y mettre en me renvoyant souvent à l'index et finalement j'ai fini par m'y faire et a apprécié le parlé et le rythme atypique de cette saga. Marie Laberge réussi à créer dans sa fresque familiale une grande variété de personnages majoritairement féminins avec des caractères bien affirmés. Avec de tels caractères viennent aussi des thématiques fortes et propre à l'époque comme le droit des femmes, les débuts de la contraception dans une société où le sujet est encore tabou, ou le droit de vote des femmes. Des thèmes qui restent encore largement d'actualité.

Avec une si grande multiplicité de personnages, difficile de situer précisément qui est qui, surtout que de nouveaux se greffent à ceux présentés au début tout au long du roman. Un arbre généalogique ou un rappel ne serait sans doute pas un mal dans les tomes suivants.

Un premier tome inégal avec quelques longueurs mais intéressant grâce aux thèmes qu'il aborde et à la parole de ces femmes fortes.
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Le Goût du bonheur, Tome 3 : Florent

Roman de Marie Laberge.

Kitty la folle a finalement réussi à séparer Adélaïde et Nic et à briser leur famille. Désormais, Adélaïde ne pense qu’à sauver ce qui reste des siens : sa petite Léa et son bébé Thomas. « Il faut garder le passé, mais cesser de le creuser. Il faut laisser les morts où ils sont et ne pas leur demander de revenir. Les morts de peuvent qu’une chose pour les vivants, et c’est leur rappeler de vivre. » (p. 24) Mais le deuil de la jeune femme est long et il n’y a que Florent qui est capable de la sortir de son chagrin. Devenu un créateur très en vue, il est torturé par son homosexualité et ses désirs que la religion et la morale condamnent. Adélaïde l’aide à s’affranchir de ses doutes et de ses peurs, elle-même torturée par un désir puissant. Tout le monde attend d’elle qu’elle se remarie, mais c’est inconcevable : le seul homme de sa vie est Nic et elle ne pourra pas le remplacer, même si elle s’éprend de Paul Picard, un chirurgien qui lui est entièrement dévoué. Et elle ne veut plus entendre parler de religion. « Pourquoi obéirait-elle à des gens qui s’inclinent et se prosternent devant un dieu qui ne protège même pas les bébés ? » (p. 91) À la tête des entreprises de son défunt mari, elle fait prospérer les affaires et en fait profiter ses employés et les défavorisés. Léa grandit et s’attache de plus en plus à Leah, la première fille de Theodore, le premier amour de sa mère. Adélaïde la protège encore et toujours du secret de sa naissance et du traumatisme d’avoir trouvé le cadavre de son père assassiné. « Il y a une règle dans cette famille, on paie pour ses erreurs. » (p. 458) Horrifiée par la névrose meurtrière de Kitty et par le comportement ultra violent de Pierre, le fils de sa sœur Béatrice, Adélaïde craint la folie et les fous, mais parfois elle s’interroge sur son propre comportement. « Était-cela, la folie ? Ne pas trouver sa place et devenir une catastrophe pour s’en faire une ? » (p. 317)



Entre protéger les siens et les laisser vivre leurs erreurs, Adélaïde balance. Elle chérit la famille qu’elle s’est créée, entre liens de sang et liens de cœur, et les fantômes de ceux qu’elle a aimés. Des années 1950 à 1970, on achève de suivre les destins de tous les personnages de la trilogie. Tous ont souffert et ri. Tous ont donné et perdu. Tous ont vécu, tout simplement. J’ai refermé le troisième tome de cette saga avec plaisir et tristesse, heureuse d’avoir suivi l’accomplissement des personnages et navrée de les laisser derrière moi.

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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Après avoir lu Ceux qui restent et rencontré l'auteur venue le présenter à la librairie du Québec à Paris, j'avais très envie de poursuivre mon chemin de lecture avec Marie Laberge. J'ai retrouvé dans ce premier volet de sa trilogie, Le goût du bonheur, sa fougue, sa vivacité et son art de décrire les sentiments les plus profonds et les plus variés des personnages.

Nous sommes au lendemain du krach boursier à Québec, à Montréal et sur l'île d'Orléans, et durant plus de 800 pages, dévorées avec avidité, nous suivons la famille Miller à savoir les parents : Gabrielle et Edward, leurs enfants dont Adélaïde l'aînée, Florent, le fils de la cuisinière, Georgina et Germaine, les sœurs de Gabrielle et Nic un ami, presque un frère, d'Edward Les relations entre Gabrielle et ses sœurs sont souvent épineuses parce qu'elles ne partagent pas les mêmes conceptions de la vie. Et c'est l'occasion pour Marie Laberge de nous décrire le poids des traditions et des religions, les choix assumés ou non, la condition féminine à cette époque, la pauvreté dans certains milieux, le social, les conditions de vie des tuberculeux... Si le goût du bonheur semble naturel chez Gabrielle, ses sœurs ont bien du mal à s'affranchir de l'éducation rigide qu'elles ont connu dans leur enfance. J'aime beaucoup la manière dont Marie Laberge aborde ces différences et ce que ça produit sur les enfants. Il y a de l'amour, de la joie, du désespoir, de la tristesse, de la douleur, de la confiance, de l'amitié, de l'envie, de l'espoir dans ce livre. Bref de la vie et le tout truffé d'expressions québécoises qui m'ont enchantée.

Un vrai coup de cœur que je poursuis avec grand plaisir et sans plus attendre avec le deuxième volet.
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Si j'ai mis beaucoup de temps à venir commenter un premier livre de Marie Laberge, c'est fort probablement parce qu'elle est mon auteure québécoise culte et que je n'en tire aucune objectivité. Au-delà de l'écrivaine, Marie Laberge est une femme profondément humaine et reconnue ainsi par l'entourage québécois. Si vous la croisez quelque part, elle vous abordera, amicalement. Elle est authentique, généreuse. C'est une femme d'exception, une femme au grand cœur. Dans cette magnifique trilogie, il m'a semblé reconnaître chez elle des affinités avec deux de ses personnages principaux, un parfait mélange de Gabrielle et Adélaïde: elles reflètent le bonheur, la détermination, le dévouement, l'émancipation...



Les trois tomes de cette trilogie s'échelonnent sur une période d'environ 40 ans, de la grande dépression des années 30 qui a marqué le Québec, aux années 70 de la révolte face au catholicisme. De ces années, Marie Laberge arrive à critiquer éloquemment les comportements humains jugés absurdes et la vision étroite de ceux qui les perpétuent. C'est ainsi que cette grande saga, marquée par des personnages colorés et qui se démarquent des mœurs de leur époque, «s'attaquera» au catholicisme intégriste, à la domination des hommes sur les femmes et au mépris de l'homosexualité. Le tout abordé avec la voix d'une féministe respectée qui n'a pas peur d'exprimer ses opinions.



Arrive dans le second tome la fille de Gabrielle, Adélaïde, personnage le plus affirmé, à la soif incommensurable de justice. Les personnages qui l'entourent feront face aux conséquences de la deuxième guerre mondiale. Adélaïde elle-même sera touchée par les combats et vivra intensément la tourmente. La relation qu'elle entretient avec certains hommes est bouleversante (je pense à Nick, Ted...). Si le troisième tome, «Florent», est celui qui a le moins retenu mon attention, le combat de Florent face à son homosexualité m'a captivée. M'ont captivée également la psychanalyse de Léa et les luttes féministes pour l'émancipation du statut de la femme.



Marie Laberge, au risque de me répéter, est mon auteure culte québécoise. Elle a ce don de nous plonger dans le cœur et l'âme de ses personnages pour nous en faire vivre toutes les émotions au point de ressentir les moindres malaises inhérents à leur vécu et leur tragédie personnelle. C'est un vrai délice, pour qui a le «goût au bonheur»...


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Une magnifique fresque à l’ancienne… Une extraordinaire galerie de personnages, plus vrais les uns que les autres, dans le Québec des années trente. Un propos à la fois affectif, intimiste et politique. Une ode à la liberté et à la résistance. Gabrielle, personnage central, du premier tome de cette saga est à la fois libre et attachante, en perpétuel mouvement et en questionnement continu. Entre tradition et modernité, entre conservatisme et progrès, entre son ancrage religieux et son regard critique sur celui-ci. Elle une « femme étape » et une éclaireuse de l’avenir. La force de Marie Laberge est de dire l’essentiel sur un ton léger. Et quelle joie de la voir écrire dans sa langue qui tout à la fois est la nôtre et nous est étrangère, et qui toujours nous réjouit. Une langue qui donne l’envie de « placoter » avec l’auteure. Il y a tout dans « Gabrielle ». Le poids de la tradition familiale, une réflexion décapée sur le mariage, une critique aigüe du conservatisme religieux, un grand amour platonique et inconscient, le racisme latent des Francophones du Québec, le regard si lointain sur l’émergence du nazisme et de manière constante le long chemin mené par les femmes vers l’égalité, chemin sur lequel d’autres femmes sont les premières embûches. Il y a celle qui se révolte avant de renoncer (Reine). Il y a celle qui n’ose y croire avant d’être prise à contrepied par le bonheur (Isabelle). Il y a celle qui s’englue dans la médiocrité de la sécurité et l’étroitesse de l’âme (Georgina). Il y a celle qui aurait pu être autre mais qui est prisonnière de son temps (Germaine). Il y a celle qui est perdue et qui abîme tous ceux qu’elle approche (Kitty). Il y a enfin celle qui, libérée dans la pensée, reste prisonnière d’un amour impossible (Paulette). Un tableau dans lequel les femmes jouent les premiers rôles et où, le personnage majeur, Adélaïde, dès l’enfance affirme sa singularité, son inextinguible soif de liberté. Les hommes sont plus effacés sans pour autant être sans intérêt. Comment ne pas apprécier Edward, le mari de Gabrielle qui s’inscrit entre deux mondes, oscillant entre sa marginalité originaire – anglophone à l’enfance compliquée – qui lui donne une saine distance par rapport aux conceptions traditionnelles de sa belle-famille et un certain conservatisme lorsqu’il est confronté à la volonté de liberté de sa fille ? Il y a aussi Nick, une sorte de désespéré heureux qui traverse la vie avec une fêlure qui ne fait que s’approfondir, qui se déchire dans un amour qu’il ne peut vivre, qui essaye toujours de rester un « honnête homme ». Il y a, enfin, Ted qui, en miroir, dans une société engluée dans le catholicisme, est irrémédiablement marqué par sa judéité alors même que prendre des distances avec celle-ci serait le prix à payer pour son bonheur. « Le goût du bonheur » dont « Gabrielle » est le premier tome est aussi avant tout un livre généreux sur la générosité. Lorsque le lecteur achève la dernière page, il a rendez-vous déjà avec son plaisir. Dans sa bibliothèque, sagement rangés, l’attendent « Adélaïde » et « Florent » . Il attendra un peu. Il n’est de plus de beau rendez-vous que celui qui ne peut vous décevoir et qu’il est délicieux de quelque peu différer.
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

J’ai eu bien peur en commençant ce livre et pendant les premières centaines de pages. Moi qui ne peux jamais abandonner un livre entamé, si celui-ci ne me plaisait pas, il allait être bien long ! Et les débuts ont été un peu lents. Je me retrouvais comme prévu au Québec, en 1930, dans une famille catholique bien comme il faut, sur fond de crise économique. Gabrielle, la mère de famille nombreuse, est une mère aimante et une épouse comblée par un mari avocat amoureux et plein d’égards pour sa femme. Ensemble ils éduquent leurs enfants de manière juste et respectueuse des personnalités des uns et des autres et le secteur d’activité d’Edward n’est pas trop touché par la crise, au contraire, les clients affluent. Bref, tout va bien, Gabrielle nage dans le bonheur. Et Marie Laberge allait nous bassiner 900 pages de ce bonheur dégoulinant ? Ouf, non ! La vie n’est pas un long fleuve tranquille, fort heureusement, même dans la famille Miller. Et me voilà tout à coup entraînée dans les méandres traversés par les membres de cette famille. Marie Laberge prend le temps de cerner les personnages aux caractères si différents, et c’est un réel plaisir de vivre au cœur de cette famille. Et lorsqu’arrive la dernière phrase du premier tome de cette trilogie, on en peut que se dire : « Vite, le suivant ! ».
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Le Goût du bonheur, Tome 3 : Florent

C'est vraiment une très belle saga qui s'achève ici, même si je dois avouer que ce tome m'a un peu moins plu. J'y ai trouvé quelques longueurs mais ai néanmoins passé un très bon moment et ce n'est que comparativement aux tomes précédénts (et en particulier au deuxième) que celui-ci m'a semblé pêcher légèrement.
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Le Goût du bonheur, Tome 1 : Gabrielle

Mais quel bonheur, quel bonheur...

Au début je l'avoue, j'ai eu bien du mal à me plonger dans cette maison, avec ces multiples personnages. Je pensais ne jamais m'y retrouver. Et pourtant! Grosse saga familiale, on suit les aventures des membres de la famille de Gabrielle, et des personnes qui gravitent autour. J'ai tantôt pleurer, rie, était subjuguée...

Je mettrais juste un bémol sur la fin qui m'a moins plu, mais qui ne m'empêchera pas de continuer avec les deux livres suivants. A découvrir!
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Le Goût du bonheur, Tome 3 : Florent

Avant de me lancer dans ce tome, j'ai laissé passer quelques semaines car la fin du tome 2 m'avait bouleversée et je savais pertinemment que dès les premières lignes du roman, les larmes se mettraient à couler. Ce qui n'a pas manqué de se produire même si j'ai beaucoup moins pleuré que pour les tomes précédents (j'ai dû m'endurcir ;) ).

Ce tome aurait pu aussi s'appeler Adélaïde car c'est elle le pilier de la famille et c'est encore elle le personnage principal qui fait le lien entre tous les autres.

Durant ma lecture, j'ai quelquefois pensé que 1090 pages (en format poche) étaient un peu trop, certains passages auraient pu être plus concis mais cela n'a en rien affecté le plaisir de ma lecture.

L'écriture de Marie Laberge est toujours aussi puissante et poignante, elle sait très bien écrire sur l'amour, les sentiments et l'absence et mettre en scène des femmes extraordinaires.

Je ne peux que vous conseiller de venir rencontrer la famille Miller-McNally et goûter au bonheur en lisant cette magnifique saga.
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