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Citations de Marie Sizun (340)


Quand je suis fatiguée d'ici, des gens et des choses d'ici, c'est là-bas que je retourne. À la maison. Cette maison qui n'existe pas, qui n'existe plus. Cette maison qui ne m'a jamais appartenu. Mais qui est si profondément mienne qu'elle est la seule de toutes les maisons où j'ai vécu à travers laquelle je pourrais encore me promener les yeux fermés.
C'est un jeu, délicieux et cruel : les véritables jeux ne le sont-ils pas ?
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Ton père est arrivé un samedi matin d'octobre. Tu n'y pensais presque plus, à l'arrivée de ce père fantôme...
"Ma toute petite, il a dit, exactement comme Véra aurait pu le faire, ma toute petite, enfin !" Et il te serrait fort contre lui, toi la sauvage, blottie sur ses genoux comme une très petite, une très petite qui s'est mise enfin à pleurer, le visage enfoui contre sa veste...
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Je repousse derrière moi le vantail rétif enchevêtré de feuillage... Il se referme avec ce claquement familier qui dit l'arrivée, le monde extérieur écarté... J'entre. Un coup d'oeil à la boîte à lettres dans laquelle une petite ouverture permet d'apercevoir le courrier...
Chaque matin tu venais dans l'anxiété voir si ta mère avait écrit, si apparaissait l'enveloppe bleue et l'écriture tremblée aux grands jambages que déjà, à quatre ans, tu savais reconnaître. Souvent, il n'y avait que les journaux, le vilain Rustica d'oncle Albert, son triste Figaro ; Modes et Travaux pour tante Gabrielle et, pour la très vieille dame, qui ne pouvait plus guère le lire, L'Aurore, que tu apportais fièrement et sans te tromper à leurs destinataires. Pour tante Mathilde, parfois, Les Nouvelles littéraires.
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Le départ de mon père, ce drame, comment l’oublier ? Même si c’était il y a longtemps. En 1980. J’avais dix ans.

Nous étions ici, bien sûr, dans cette maison. Toutes les choses importantes se sont toujours passées l’été, pendant les vacances, dans cette maison. La maison de Bretagne, comme nous disions. Le mois d’août tirait en longueur, en moiteur. La décision de mon père de participer à cette grande exposition de peintres français à Buenos Aires était prise, en fait, depuis des mois. Il avait accepté de partir pour une année : il s’agissait d’une série d’expositions en Amérique du Sud. La chance de sa vie, disait-il, quand, au printemps, il avait commencé de nous en parler. En France il végétait, personne ne reconnaissait sa peinture. Là-bas, on l’attendait !
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De ces mois de solitude et de folie, il lui restera quelque chose, une irrépressible émotivité, une certaine confusion des idées, et ce qu’elle ne peut avouer à personne, pas même à Livia, surtout pas à Lydia, cette source d’angoisse, cette peur diffuse d’elle ne sait quoi–elle ne veut pas vraiment le savoir–, mais qui est là, lover en elle comme une bête obscure.
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Le soir où, pour la première fois, le père n'est pas rentré, la petite l'a beaucoup attendu. Elle l'a attendu comme une amoureuse. Follement. Elle l'a attendu après le dîner. Et même longtemps après qu'on l'a mise au lit. Il n'est pas venu.
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Je dis ma maison, puisque j'en suis seule propriétaire ma soeur ayant refusé sa part d'héritage_, mais elle n'a jamais été mienne et je viens ici précisément pour m'en défaire.
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« Toute enfant, ce n’est pas que je n’aimais pas ma mère. Je ne la voyais pas. Je ne la situais que dans une sorte de brouillard. Un corps maternel auquel j’aurais appartenu sans le voir. Une utilité. Elle n’existait pas vraiment par elle-même, ne m’intéressait pas. C’est au sens propre que je ne la percevais pas, que je ne voyais pas sa personne. Je ne voyais que mon père, ne m’adressais qu’à lui ; de même que j’avais le sentiment qu’il n’aimait que moi. Quand il est parti, il a bien fallu que je la découvre, elle. J’ai pris soudain conscience de son physique, de ses traits réguliers mais insignifiants, de son corps sans chaleur, de sa voix plate. Et ce fut pour la détester. »
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« On ne les voit guère quand on passe. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est l’une de ces demeures, secrètes et lumineuses, que tu aurais aimé habiter, maman, plutôt que la nôtre, notre drôle de maison (…). Tu rêvais d’ailleurs. Et pourtant tu restais, et pourtant, toujours, tu revenais. Et c’est même ici que tu as été la dernière à vouloir passer l’été, quand nous avions, nous, abandonné. Alors, elle a raison, Yvonne : cette maison, cette drôle de maison, notre maison de Bretagne, il fallait bien que tu l’aimes? »
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J'ai sans doute l'air un peu bizarre, toute seule, comme ça, assise sur ma serviette de bain bleue, au milieu de ces familles répandues alentour, parents, enfants, la grand-mère souvent, parfois le grand-père, alignés sur un rang face à la mer. Au-dessus, le parasol, à chaque petit groupe sa couleur, comme un drapeau, un emblème. Un toit. On voit bien qu'ils se sentent chez eux, ces gens. Parfaitement à l'aise. Riant. Parlant fort. Ou bien silencieux, mais béats. Carrés dans leurs fauteuils. Sous leur soleil. À leur place. Ensemble.
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Elle pleure pour tout le malheur du monde,pour sa grosse maman pas montrable,pour son père parti,pour ses amis qui vont s'en aller.Elle pleure pour sa solitude et pour le mal d'être petite dans un monde incompréhensible.
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Comme il lui manque ,ce père qu'elle voulait oublier!En dépit de tous ses défauts,de tout ce que dit la mère,c'est pourtant sa présence,son amour qu'elle veut.
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C'est à ce moment que l'idée est devenue claire.Ce n'est plus tant de sa mère qu'elle a honte mais pour elle,pour sa mère.
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Aujourd'hui encore cette douleur insinuante, cette douleur très douce, quand je vois une petite fille la main dans celle de son père.

Il arrive aussi que, des fenêtres du bas, toujours ouvertes, s'échappent vers midi la rumeur et les tintinnabulements d'un repas de famille. On voit des ombres passer, une tête se présenter et disparaître. On aperçoit les volutes d'un lustre blanc, sans doute au-dessus de la table. La table, on ne la voit pas. Mais on entend rire. On saisit le très particulier écho de la vaisselle heurtée dans une maison d'été tout aérée de ciel. On devine que des guêpes passent, se posent en bourdonnant sur l'éclat des fruits.
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"… tu lui avais découvert ce visage effrayant, ce regard jamais vu, ce regard d’ailleurs, ce regard que, jamais, plus tard, quand il reviendra, quand tu le retrouveras, tu ne pourras soutenir sans effroi. Pourtant, alors, tu seras habituée ; tu sauras. Tandis que ce jour-là, le jour de la petite route, c’était la première fois. La toute première fois."
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Dans l'avion, tout à l'heure, cet étrange malaise... S'est-elle vraiment évanouie ? N'était-ce qu'une brève perte de conscience ? Elle ne sait pas. Elle sait seulement que tout avait disparu, pour elle, peut-être un instant, peut-être davantage... Une sorte de petite mort, un blanc, où le temps n'avait plus cours, ni l'espace. Une mort très légère, très douce, étonnamment paisible... Elle voudrait se rappeler, mais déjà le souvenir échappe, se dérobe... Elle a tout oublié, hors la certitude d'avoir éprouvé quelque chose d'inconnu, de singulier, d'infiniment précieux.
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La guerre,c'est le vide soudain de l'appartement des Lévy,dont les enfants, avant,jouaient avec elle. Emmenés un matin par les policiers qui criaient.A cause de la guerre,a seulement dit la mère.
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