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Critiques de Marilynne Robinson (82)
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Jack

Jack un loser, un peu alcoolique, vaguement voleur, carrément malchanceux. La vie et les gens lui marchent régulièrement sur les pieds. Un jour il a rencontré Della, une professeure d'anglais dont il tombe amoureux. Pourtant, les choses ne deviennent pas plus facile car il est blanc, elle est noire et nous sommes dans le Missouri de la ségrégation. En plus, il est presbytérien et elle baptiste, ça complique encore tout. Mais, ils sont bien décidés à persévérer et se fréquenter malgré toutes les galères qui continuent de pleuvoir sur Jack.

Je suis mitigée sur ce roman. La plume est belle, l'intention louable mais nom didju qu'est-ce qu'ils causent! Des pages entières de dialogue où je ne savais plus trop qui que quoi. En plus, ce titre fourmille de références bibliques et poétiques (big up au traducteur) montrant l'érudition de l'autrice sans pour autant rendre la lecture fluide. Un roman couci-couça qui pourrait néanmoins trouver son public.

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Jack

JACK de MARILYNNE ROBINSON

Jack s’inscrivît dans la série écrite pas M. Robinson dont le premier opus est Gilead, cette ville de l’Iowa où vit la famille Ames. C’est une sorte de testament du grand père, presbytérien à son petit fils, testament spirituel qui vaudra le prix Pulitzer à son auteur en 2005. Cette suite met en scène Jack Boughton, mouton noir de la famille, qui a quitté Gilead pour s’installer à Saint Louis dans le Missouri où il va nouer une relation avec Della, jeune femme noire, fille d’un pasteur méthodiste qu’il a rencontré dans un cimetière. Elle est professeur d’anglais au lycée ce qui pour l’époque est une grande réussite dans sa communauté. Jack est conscient de la complexité de leur relation et bien sûr, précédé d’une réputation sulfureuse, c’est lui qui bizarrement se pose le plus de questions sur leur amour alors que Della est prête à braver sa famille et mettre en péril son travail. La ségrégation est omniprésente à Saint Louis et leurs rendez-vous très compliqués à organiser, chaque membre de la famille de Della voulant discuter avec Jack pour le convaincre de renoncer à cette union. Ils veulent se marier, discutent des heures à refaire le monde et trouver la place de Dieu dans leur univers, car la religion, la spiritualité tiennent une place primordiale dans leur vie, bien que leur pratique soit radicalement différente.

J’avais adoré Gilead qui est un de mes Pulitzer préférés et retrouver cette famille issue d’une lignée de pasteurs presbytériens est un vrai bonheur. Une série de livres importante pour qui se pose des questions sur l’évolution de certains états américains sur des sujets comme l’avortement entre autres, sur l’influence toujours omniprésente des sectes protestantes qui accompagnaient les convois de pionniers et qui ont gardé une mainmise énorme sur le midwest en particulier.
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Jack

Un roman complexe, et pas simplement un énième livre, sur l?amour impossible dans une société pourrie par la ségrégation.
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Jack

« Jack » fait partie de ces romans comme on en lit peu.



Lecture immersive où se mêle tout à la fois réflexions introspectives, philosophiques et spirituelles portées par la plume magnifiquement poétique et sensible de l’une des voix majeures de la littérature américaine d’aujourd’hui, « Jack » est une œuvre qui se veut autant exigeante qu’accessible pour son lecteur.



Dans l’Amérique raciste des années 40-50, Marilynne Robinson dresse le portrait de deux solitudes qui se rencontrent et semblent se reconnaître : celle de Jack Boughton, quadragénaire blanc et vagabond-à-rien et Della Miles, professeur d’anglais noire.



Loin d’être une énième histoire d’amour impossible ou le simple portrait d’une époque, « Jack » offre une exploration dans les tréfonds de l’âme humaine - une âme en quête de rédemption, d’espoir et d’amour absolu - à travers les conversations intérieures, toutes autant émouvantes qu’inspirées, de son anti-héros éponyme, looser sublime.



Une grâce absolue se dégage de ce roman et de ses personnages ✨

Sa lecture a été une superbe découverte pour moi, je ne peux donc que vous encourager à en faire autant !
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Jack

Encore une fois, ce fut une lecture chargée. J'ai écrit plus tôt que Marilynne Robinson ne rend pas la tâche facile à ses lecteurs : ses thèmes (essentiellement le bien et le mal chez les humains, et la façon dont nous faisons façe à ces deux en tant qu'individus) sont particulièrement lourdes, et son style d'écriture méticuleux et supérieur exige une constante concentration.



Dans ce quatrième volet de la série Gilead, elle reste en territoire familier : tout comme dans le deuxième volet (« Home »), l’accent est à nouveau mis sur Jack, le mouton noir de la famille Boughton. Et en soi, nous n'apprenons pas grand-chose de nouveau : nous savions déjà que Jack est un ivrogne et un voleur, qui n'est que trop conscient de sa «méchanceté», et nous connaissions sa relation problématique avec la femme noire Della Miles. Mais dans cette tome, Robinson creuse beaucoup plus profondément cette âme «condamnée». Cela fait presque mal d'être confronté à l'inquiétude constante de Jack, à son insécurité permanente et à son sentiment d'infériorité écœurant. Robinson montre comment les personnes en marge de la société évaluent continuellement la façon dont elles sont perçues de travers par les autres (qui sont dans une meilleure position) et à quel point elles sont impuissantes à se sortir du marais. La particularité de Jack est qu'il a développé sa propre philosophie de vie à partir de cette situation, à savoir causer le moins de mal possible. En vain bien sûr.



Et puis il y a la romance entre Jack et Della, une romance dont on ne peut pas vraiment comprendre les fondements, mais qui se développe de manière si délicate et si touchante qu'il faut être captivé par elle. Cela ne ressemble à rien de plus qu’une autre histoire de Roméo et Juliette, condamnés comme le sont les deux protagonistes par leur milieu et par les lois en vigueur (y compris un regard assez confrontant sur la rigidité morale de la communauté noire). Ce qui m'a le plus frappé dans les dialogues entre Jack et Della, c'est la fréquence à laquelle ils parlent de lumière et d'obscurité, métaphore peut-être très évidente ici, mais qui résume bien le dilemme de ce couple. En fin de compte, dans cette tome, Robinson aborde la question de savoir si Jack peut être sauvé par Della, ou – en d'autres termes – si quelqu'un qui est damné peut être sauvé par l'amour, une question qui était auparavant centrale pour Dostoïevski (en particulier dans Crime et Châtiment). En effet, Robinson rivalise avec les plus grands et elle se tient debout. Cela en dit assez.
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Jack

Que je me suis ennuyé ! Lecture assommante, qui a traîné en longueur car je n'arrêtais pas de m'endormir. Mais je suis allé au bout ! L'histoire n'avance pas, les héros sont à baffer. Et ces références non stop à la bible et à Shakespeare, c'est juste insupportable. Je n'ai pas lu les deux précédents romans de cette trilogie (celui-ci est le troisième) et je ne vais certainement pas le faire. Lecture à éviter sauf si vous voulez un roman assommant pour vous aider à dormir.
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La maison dans la dérive

Un livre merveilleusement écrit, d'une poésie incroyable qui vous transporte entre rêve et réalité avec l'histoire de ces deux sœurs orphelines prises en charge par des personnes de bonne volonté mais qui n'étaient pas les plus capables. Ce livre traite de la différence, de la marginalité, de la solitude, de la façon dont on peut trouver sa place dans la société. A travers l'histoire de Lucile, de Ruth, de Sylvie leur tante, c'est une vie "à côté" que nous décrit Marilynne Robinson. Si c'est un roman plein de symboles, aux lectures et aux références multiples, il n'est pas forcément nécessaire d'en avoir toutes les clés pour pouvoir en apprécier et en ressentir toute la beauté. "My name is Ruth", ce sont les premiers mots du roman qui donnent le ton de l'ensemble, on est dans l'énumération des faits, c'est une histoire qui se développe dans la narration et non dans l'intereaction avec le lecteur. Dans cette sorte de huis-clos parfois oppressant, une petite lumière de poésie finit toujours par apparaître pour transcender le moment. Les personnages sont bouleversants, particulièrement Ruth et Lucile qui représentent les deux côtés en opposition du récit. Lucile ne désire qu'une chose, être comme les autres, rentrer dans le moule et elle finira par joindre la "normalité" avec l'aide d'une voisine. Ruth quant à elle devient le double de Sylvie, cette tante fantasque et marginale, inadaptée et incapable de s'adapter aux codes de la société. Il y a beaucoup d'amour et de tendresse dans ce livre mais aussi beaucoup de désespoir et de mélancolie. C'est un récit magnifique qui met particulièrement en valeur la beauté des mots et des choses du quotien. Ce livre m'a rappelé l'univers des livres de Carson Mc Cullers avec ses personnages brisés par la vie. Un très beau récit et un auteur à découvrir.

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La maison dans la dérive

Un employé des chemins de fer meurt dans un accident mystérieux et tous les passagers du train englouti par les eaux vont hanter l'âme des villageois, au premier chef celle de ses filles. L'une devient missionnaire, l'autre joue à Thelma et Louise sur la corniche, la troisième erre aux abords de la folie.

J'ai beaucoup pensé à "Virgin suicides" en lisant ce livre: personne n'est responsable si certains, certaines en l'occurrence, songent à mourir pour fuir une vie trop complexe et trop fatigante, qui exige des efforts auxquels il paraît si vain et si compliqué de consentir. Tout le monde veut bien faire mais Sylvie la vagabonde fuit le poids de la bienveillance et la responsabilité du foyer. Être morte, c'est être si légère, délestée de tout, et toujours en partance.

Je n'aime pas Virginia Woolf. Je n'aime qu'un roman soit poétique. Mais le talent de Marylinne Robinson a su m'émouvoir pour une courte parenthèse mélancolique.
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La maison de Noé

J'ai déjà lu les quatre romans de Gilead de Marilynne Robinson, et seulement maintenant ce ‘La Maison de Noé ‘, écrit 25 ans plus tôt, et ce n'est peut-être pas le bon ordre. J'ai certainement reconnu le style d'écriture très contrôlé et raffiné ; Robinson est une artisane de premier ordre qui écrit des phrases lourdement chargées dans un ensemble poétique un peu trompeur. Et j'ai aussi reconnu l'accent mis sur une introspection très sensorielle : tout comme dans les romans de Gilead, le personnage principal (ici Ruth Foster) alterne constamment entre l'observation de ses propres expériences sensorielles et la réflexion sur ce que cela lui fait, et ce que cela dit sur les choses avec lesquelles elle a du mal. Robinson aborde ici ce que faisaient les naturalistes et symbolistes du XIXe siècle, en se concentrant sur la menace posée par l'environnement dans lequel se déroule cette histoire : le village isolé de ‘Fingerbone’ (le seul nom), sur un grand lac de l'Idaho, relié avec le monde extérieur par un pont ferroviaire qui traverse l'eau. Le ton est donné dès le début : Ruth raconte comment son grand-père est mort lorsqu'un train a déraillé sur le pont, s'est plongé dans le lac et n'a jamais été retrouvé. Et moins de 20 pages plus tard, nous lisons comment sa propre mère s'est suicidée en conduisant sa voiture d’un rocher dans le lac. La « saveur gothique » de ce roman est également soulignée plus loin, notamment dans une scène nocturne sans précédent dans laquelle la maison est à moitié inondée ; l'obscurité est un des thèmes récurrents chez Robinson.

Mais l'essentiel de ce roman décrit comment Ruth, avec sa sœur Lucille, fut ensuite confiée à sa tante Sylvie, un personnage confus, chaotique et très rêveur. Robinson écrit avec force : « ce fut le début du ménage de Sylvie », et ce faisant, elle nous donne d'emblée une clé de lecture de ce roman. Après tout, il ne s'agit pas seulement de lutter pour garder la maison (littéralement en anglais ‘housekeeping’), mais aussi de la maintenir « en ordre », et par extension aussi de sa propre vie. En y repensant, vous remarquez que tous les personnages de ce roman luttent principalement contre cela : reprendre le contrôle de leur propre vie, freiner le chaos inhérent à la vie et la diriger dans la bonne direction, et si une vie aussi ordonnée est réellement le bon choix. Et certainement si vous luttez contre la perte, le chagrin, l’isolement et la solitude, surtout en tant que femme.

En d’autres termes, à travers l’histoire du passage à l’âge adulte de Ruth Foster, Robinson ouvre une réflexion sur ce qu’est cette vie et si vous en avez le contrôle. Soyons clairs : elle ne donne pas de réponses évidentes, mais pose surtout les bonnes questions à travers Ruth. Il y a donc un lien avec les romans de Gilead, qui traitent essentiellement du même thème, mais avec une orientation claire, plus religieuse – lu calviniste –, dans laquelle la question du bien et du mal, de la damnation et de la grâce est plus centrale. Je pense que Robinson montre certainement encore plus de maîtrise dans certains de ces romans de Gilead, tant sur le plan stylistique que sur le fond, mais avec ce «Maison de Noé», elle a déjà montré que ses romans sont parmi les meilleurs de ce qui a été écrit au cours des dernières décennies.

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La maison de Noé

La Maison de Noé réunit déjà les thèmes que développera plus tard cette voix majeure de la littérature américaine d'aujourd'hui.
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Lila

C'est avec lenteur, douceur, une sensualité âpre, une acuité extrême dépourvue d'impudeur, et selon une logique savante qui se joue de la chronologie, que la romancière déplie, déploie et dévoile tout ensemble le destin et la vie intérieure de Lila.


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Lila

On est à Gilead, ce village où se situent les trois livres de la trilogie de Marilynne Robinson dont Lila est le troisième volet, cet oasis de douceur dans un monde hostile. C'est là qu'a atterri Lila, après de multiples pérégrinations. Enfant, elle a été enlevée par Doll à ses parents mal-traitants. Cet événement ne lui laisse comme souvenir que l'impression qu'un ange l'a doucement soulevée, et, alors qu'elle était affaiblie par les mauvais traitements, lui a dit "Vis". Et s'est battu pour elle au fil des années, l'a nourrie et aimée. Cette femme bienfaisante, Doll, outre le rapt, traîne un passé sombre qui l'oblige à fuir sur les routes . Elles vivent, survivent parfois, dans une misère crasse, parfois avec un autre groupe de "vagabonds" dans une solidarité compliquée, parfois seules. Lila, avec Doll, pourtant si fruste, vit l'expérience d'une profonde empathie, d'une attention forcenée et intelligente, pleine de rires et de tendresse. Mais la crise est là, la misère est de pire en pire, Doll est rattrapée par son passé, Doll est perdue, morte sans doute.

Après de nombreuses errances, dont un passage par un bordel, Lila échoue pas loin de Gilead dans une cabane abandonnée. Très curieusement cette sauvageonne inculte, sale et affamée exerce une fascination incompréhensible sur le vieux pasteur veuf, comme s'il l'avait connue depuis toujours. Ils finissent, au terme d'un long chassé croisé par s'épouser dans un compagnonnage tout à la fois bancal et prodigieusement solide, plein de douceur, de respect, d'attention à l'autre et de discussions spirituelles.



C'est un livre dont il est difficile de rendre compte car il vaut surtout par une ambiance, celle d'une paisible douceur entre gens particulièrement bons et bienveillants, alors même que la vie autour d'eux est violente et ne les a pas épargnés. Si violente qu'elle sème perpétuellement le doute. Lila vit dans un bain permanent de réminiscences, qui l'amènent à se remettre en cause, à se questionner sur le sens de la vie, du péché, de la religion. Tous deux partagent leurs émotions, leurs questionnement dans un couple disparate mais d'une force exceptionnelle. Ils partagent aussi, vieil homme et jeune épousée, une sensualité timide et touchante. Lila reste la sauvageonne qu'elle était, mais elle est aussi une autre, qui s'épanouit auprès d'un homme religieux en perpétuelle remise en cause, bon et tolérant. Jusqu'au bout, ils s'interrogent sur ce bonheur aussi complet qu'inattendu, pas si immérité qu'ils voudraient bien le croire.



J'ai beaucoup aimé ce livre lent, méditatif, plein de répétitions obsédantes, où la bonté est le principal protagoniste. On va et vient entre passé et présent selon les pensées de Lila, cette femme sauvée par une autre, dont elle n'admet pas qu'on la considère comme une pécheresse.



Cet univers de douceur alors que rôde la Grand Dépression, cette misère matérielle compensée par l'attention à l'autre, cette douceur mêlée d'âpreté m'ont fait penser à Une mort dans la famille de James Agee. C'est un livre moelleux comme un bon vieux fauteuil râpé.
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Lila

«Lila savait que cela n'avait pas pu se passer comme dans son souvenir, c'est-à-dire comme si le vent l'emportait, avec des bras autour d'elle pour la rassurer et un chuchotement dans son oreille pour lui rappeler qu'elle n'était pas seule.»

Petite fille délaissée, abandonnée à elle-même, Lila est enlevée - et sans doute sauvée - par Doll, qui lui semble venir à elle «tel un ange dans le désert». Même si Doll n'a pas de logis, pas d'argent, si elle n'a qu'une existence de nomade à lui offrir, marchant avec une bande d'ouvriers agricoles pour trouver où vendre leurs bras, elles ont une belle relation, très forte. Et Lila a plutôt un bon souvenir de cette vie - avant la Grande Dépression.



Adulte, solitaire et sauvage, Lila rencontre le révérend John Ames, et c'est une belle histoire d'amour, surprenante et singulière, que nous raconte Marilynne Robinson.



J'ai beaucoup aimé la façon pénétrante, profonde et subtile dont elle nous emporte dans la vie intérieure de Lila, dans des vagues de méfiance et de tendresse, de peur et de joie, dans des interrogations métaphysiques aussi.
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Lila

Nous voilà partis sur les routes avec Lila, qui se demande pourquoi les choses se passent comme elles se passent. Comme elle n'a pas beaucoup d'instruction, qu'elle a vécu en nomade une bonne partie de sa vie, c'est à son mari le révérend Ames qu'elle la pose. Entre flashbacks brumeux et progression douce, on s'attache à ce personnage perdu et atypique. Un roman envoûtant, pendant positif à 'Le diable, tout le temps', même si la violence est présente aussi.
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Lila

"Pourquoi les choses se passent comme elles se passent ?" Cette question qui la taraude, Lila n'a encore jamais osé la poser à quelqu'un. De toute façon, elle n'espère pas vraiment de réponse, c'est simplement sa façon à elle de prendre du recul et de ne pas se laisser submerger par cet instinct de survie qui la guide depuis son plus jeune âge. Depuis que, délaissée et maltraitée par sa famille, elle a été enlevée par Doll, une vagabonde et a trouvé auprès d'elle ce qui peut ressembler à de la tendresse malgré des conditions de vie très rudes.



Cette question pourtant, elle la pose spontanément au Révérend Ames alors qu'elle vient de trouver refuge dans la petite ville de Gilead de nombreuses années plus tard. Ces deux solitudes qui se rencontrent semblent se reconnaître, reste à les apprivoiser mutuellement. Entre le vieil homme et la jeune femme plus si jeune se tisse alors une relation étonnante, faite d'amour et de crainte, d'espoir et d'incrédulité. Le Révérend a perdu très tôt sa femme et le bébé qu'elle venait de mettre au monde. En épousant Lila, bientôt enceinte, il entrevoit de nouveau le bonheur. Tandis que Lila fait son nid, elle s'interroge sur ce bonheur qui s'offre à elle et qu'elle n'est pas très sûre de mériter après toutes les épreuves qu'elle a traversées.



Doucement, patiemment, sous la plume précise de l'auteure s'esquisse le portrait d'une jeune femme réservée, sauvage, livrée à elle-même mais bien décidée à comprendre le monde qui l'entoure. En l'enlevant, Doll lui a certainement sauvé la vie. En décidant de mettre entre parenthèse leur existence nomade le temps d'une année pour que Lila apprenne à lire, écrire et compter en allant à l'école, elle lui a donné les clés pour avancer.



Ce roman d'apprentissage au féminin est plein de sensibilité malgré le contexte à la fois rude et cruel dans lequel se débat la courageuse Lila. Avec subtilité, l'auteure trace le difficile cheminement des sentiments au bout duquel la jeune femme, d'abord méfiante et incrédule, s'autorisera à être aimée et à aimer en retour.



La construction du roman se joue de la temporalité et explore les pensées de Lila en revenant parfois sur son enfance, son adolescence aux côtés de Doll, les années plus difficiles lorsque cette dernière disparaît, et l'instant présent alors qu'elle s'apprête à devenir mère à son tour. Le questionnement sur ses origines est au cœur de ses réflexions et les réponses qu'elle cherche en recopiant des passages de la bible ne suffisent pas toujours à l'apaiser. Seule la relation avec le Révérend, aussi tendre qu'intellectuelle finira par avoir raison de ses craintes.



Un très beau roman, à la fois âpre et sensuel, plein de pudeur.
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Lila

«Seigneur, que ce livre fut ennuyeux ! » dirais-je pour rester dans le ton du roman. Pas une fois je n'ai pu me dire « Ce n'est pas si mal finalement », pour revenir à des considérations plus terre à terre. Jusqu'au bout j'ai lu sans appétence, sans parvenir à m'intéresser à l'histoire de cette pauvre Lila.

Un passé lourd, trop lourd. Une vie de solitaire, de vagabondage jusqu'à la rencontre du révérend qui deviendra son mari. Lila garde les choses en elle avec une peur qui la taraude. Les souvenirs sont obsédants : un couteau mille fois évoqué, une écharpe, un manteau, une cicatrice, des personnages disparus ou partis depuis longtemps. Ces images constituent son univers mental même aujourd'hui sous l'oeil bienveillant du révérend.

Lila attend un enfant. Ce moment est prétexte à d'incessants retours en arrière qui surgissent à chaque étape, souvent les mêmes souvenirs. On suit ses pensées désordonnées, contradictoires, partant dans tous les sens. Ses pensées fluctuent rapidement. On passe d'une époque à l'autre. Dans cet exercice, rares sont les auteurs à emporter sans effort le lecteur avec lui. Ici ce n'est pas le cas. Non qu'il soit difficile de se situer mais le procédé narratif donne l'impression de faire du sur place. On tourne en rond.

Vous l'avez compris je me suis engluée dans les tourments de Lila, lassée de tant de redites et de réflexions faussement profondes ainsi « l'éternité était pleine de toutes sortes d'espaces qu'on ne trouvait pas dans ce monde-ci » ou encore l'avant-dernière phrase « peut-être même osait-il s'imaginer pleurant Lila au paradis, car ne pas la pleurer signifierait qu'il était mort, après tout ». Finalement je n'ai pas tout compris…

Un roman qui n'était définitivement pas pour moi.

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Lila

Qu’il est lent et tortueux ce chemin qui mène Lila de l’errance à une vie maritale auprès d’un vieux pasteur. D’un passé aussi lourd, il ne reste à Lila que le couteau bien affûté de Doll mais surtout l’angoisse, la solitude et le regret qui l’excluent d’une vie normale, tout en espérant un refuge possible.

Doll, « une vieille sauvage pleine de fierté, la marque sur son visage pareille à une tache de sang qu’elle aurait choisi de ne pas laver« , est le seul être qui a pris soin de Lila. Aussi, lorsqu’elle disparaît, Lila l’enfant abandonnée devenue femme touche le fond jusqu’à haïr son corps dans un bordel de Saint-Louis.

Son refuge ne peut être que les plaines et la campagne, là où autrefois » elle ne connaissait que le nom des choses utiles à sa survie. » Dans l’église de Gilead, elle croise John Ames, un vieux pasteur veuf qui voit en elle une âme à sauver et apprécie sa façon abrupte de poser des questions inattendues. Lila est touchante avec son besoin de protection, sa peur d’être rejetée pour ce qu’elle était, sa soif de comprendre en lisant le livre d’Ezechiel.

Dans sa tête, parlant à Doll ou à cet enfant dans son ventre, et parce qu’elle n’ose pas encore tout raconter au pasteur, elle revit son passé comme autant de moments indignes de mériter le bonheur et la bienveillance de ce bon John Ames.

Lui, patient, attentionné veut lui donner tout ce qu’il peut, pour un moment au moins parce qu’il est vieux.

» Les choses se produisent pour des raisons qui nous demeurent entièrement cachées tant que nous imaginons qu’elles découlent de ce qui s’est produit avant, de notre culpabilité ou de notre mérite, plutôt que d’un avenir que Dieu dans Sa liberté nous offre. »

Le rythme narratif pourra paraître lent mais chaque pas, chaque silence dévoilent les personnages endurcis par leur passé et habités par l’espoir d’un avenir meilleur sans toutefois sans juger dignes.

J’aime particulièrement les descriptions de l’auteur qui nous transportent dans les différentes scènes du récit, dotant ses personnages d’une grandeur d’âme et d’une force surprenante.

Marilynne Robinson clôt sa trilogie sur les habitants de Gilead, cette petite bourgade perdue dans les plaines de l’Iowa. Je n’avais pas lu le premier volet, Gilead (un oubli à rattraper) mais j’avais adoré Chez nous, consacré à la famille Boughton, ami de John Ames. L’envie de retourner dans cette ambiance de l’Amérique profonde était trop forte pour résister à Lila ( personnage cité dans Gilead). Mais sachez que les trois livres peuvent se lire indépendamment.
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Lila

Je n'enlèverai certainement pas mes éloges à Marilynne Robinson (voir ma critique de 'Chez nous'), mais j'ai eu un peu plus de difficultés avec ce troisième volet de la série Gilead. Une fois de plus, Robinson change de perspective, maintenant vers Lila, la jeune épouse de révérend John Ames, beaucoup plus âgé. EIld a eu une enfance et un début d'âge adulte assez pauvres et mouvementés, y compris dans un milieu marginal et même dans une maison close. L'atmosphère de ce roman rappelle fortement celle de John Steinbeck, avec des références même explicites à la période de la Dépression et du Dust Bowl (c'est-à-dire les années 1930) si puissamment dessinées dans 'Grapes of Wrath'.



Au cours de ses pérégrinations solitaires et de sa vie de vagabonde, Lila se retrouve par hasard à Gilead, Iowa, et entre inévitablement en contact avec le révérend Ames, qui avait déjà perdu sa femme et son enfant depuis longtemps et semble épuisé par la vie. Ames et Lila semblent être deux extrêmes : lui un intellectuel réfléchi et en difficulté, elle une orpheline grossière et meurtri. Pourtant, une dynamique mouvante se produit entre les deux ; la façon dont les deux interagissent est si prudente, réfléchie et pleine de tact que cela fait presque physiquement mal de suivre. De manière assez inattendue, pour eux deux, ils se marient. Quand même, nous voyons constamment Lila se demander si elle doit ou non passer à autre chose. Même lorsqu'elle tombe enceinte d'Ames, ces doutes demeurent, et ce qui est merveilleux, c'est qu'Ames ne semble en être que trop conscient.



Surtout dans la seconde moitié du livre, Lila continue de réfléchir à son passé mouvementé, aux événements dramatiques qui s'y déroulent et aux personnages principaux de ce passé, en particulier sa mère porteuse Doll. Ce passé continue de la tirer avec persistance, notamment à cause du couteau qu'elle a reçu de Doll, avec lequel ce dernier avait poignardé à mort un homme qui aurait pu être le père de Lila. Le cadre religieux et moral calviniste dans lequel Robinson place ses histoires joue évidemment un rôle important dans tout cela. De ce point de vue, vous pouvez voir Lila comme une sorte de Marie-Madeleine, qui est soigneusement guidée par Ames sur le bon chemin, mais qui a également une boussole morale suffisamment forte pour qu'elle puisse apprécier le caractère unique de ce qui se passe entre eux. Du point de vue de Lila, il existe une menace constante de damnation, voire une attirance vers le mal, contre laquelle elle lutte activement. Et cela nous amène en territoire familier à Robinson.



Encore une fois : ce troisième volet de Gilead joue également à un très haut niveau en termes de littérature, et en termes de contenu, l'esquisse de la rédemption progressive de Lila est particulièrement pertinente sur le plan existentiel. Mais j’ai eu quelques difficultés avec la structure de ce roman : l’accumulation de flashbacks constants et de courants de conscience tourmentés rendent la lecture très difficile. Dans 'Chez nous', il y avait encore des dialogues sublimes entre les protagonistes pour que l'histoire reste supportable, et cela fait bien plus défaut ici, surtout dans la seconde moitié du livre. D'où ma note légèrement inférieure. Mais cela n’enlève rien au fait que Robinson a créé avec Lila un personnage qui, en termes de profondeur psychologique et existentielle, peut rivaliser avec les plus marquantes des tragédies grecques ou shakespeariennes.
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Lila

A la fin des années quarante, Lila, une vagabonde, arrive à Gilead, petite ville de l’Iowa. Elle trouve refuge dans une cabane abandonnée à la lisière de la ville. A bout de solitude, elle s’aventure dans Gilead et entre dans l’église où le pasteur John Ames, un vieil homme au visage doux et sérieux, baptise deux enfants. Lila, la farouche, se laisse apprivoiser par le pasteur et peu à peu lui accorde sa confiance jusqu’à lui demander de l’épouser, par défi, car le passé de Lila, ses longues années de vagabondage avec Doll, celle qui l’a sauvée de la mort en l’arrachant à des parents négligents, son séjour dans une maison close, la solitude et sa méfiance viscérale pour tout être humain, l’ont emmurée dans un silence habité par la culpabilité. Grâce à la délicatesse du pasteur, sa patience et son humanité, elle parviendra peu à peu à regagner le monde des vivants.

Marilynne Robinson réussit à nous plonger dans l’esprit même de Lila, ses introspections et ses réflexions sur le monde. A travers ses yeux se dévoile un monde hostile aux plus démunis, un monde sans espoir et sans avenir, où la tendresse d’un vieil homme habité par la parole de Dieu vient apporter un peu de lumière.

Ce volume est le dernier de la trilogie commencée avec Gilead, prix Pulitzer, véritable hymne à l'existence humaine et sa beauté tragique.
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Lila

Lila est une petite fille de 4-5 ans livrée à elle même dans une maison où personne ne s’occupe d’elle à part Doll qui est de passage régulièrement.

Un jour où un homme s’énerve des cris de Lila, Doll emmène l’enfant avec elle et ne la ramènera pas.

Elle s’occupera d’elle du mieux qu’elle le peut, dans une vie de vagabondage.

Nous suivons Lila adulte qui rencontre un pasteur et l’épouse.

A partir de ce moment là, il y a des flashbacks sur le passé de Lila mais aussi beaucoup de discussions entre le pasteur et sa femme qui sont très intéressantes et enrichissantes.

Cela est dû à l’incroyable différence qu’il y a entre ces deux personnages qui tentent de s’apprivoiser , de d’appréhender.



Je ne suis pas du tout croyante mais pourtant j’ai trouvé ces dialogues fascinants.



Le livre est assez inhabituel à lire car il n’y a aucun chapitre, aucune pause et pourtant je l’ai trouvé assez addictif.



Je recommande
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Thème : Les géants, tome 1 : Erin de LylianCréer un quiz sur cet auteur

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