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Critiques de Marin Ledun (798)
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Leur âme au diable

Plonger le lecteur dans le monde de l'industrie du tabac en mettant en fiction les stratégies de manipulation organisées par une armée de lobbyistes tout en décortiquant un système totalement métastasée par la corruption et des liens mafieux ... Une gageure car cet univers repose entièrement sur la maitrise de l'opacité , met en branle des enjeux très complexes dépassant l'univers industriel pour embrasser le politique, bref du « pas très romanesque » pour un auteur de thriller.



Marin Ledun a bien fait de se montrer téméraire et ambitieux. Il nous offre un roman-fleuve très convaincant qui démarre en 1986. Pas un hasard, les permissives années 1980 marquent une bascule avec la montée en puissance de préoccupations sanitaires ( la loi Evin se prépare dans les esprits ) obligeant les cigarettiers à renouveler leur discours pour continuer à vendre grâce un marketing cyniquement adaptable. La scène inaugurale, pied au plancher, est celle d'un braquage au Havre de deux camions citernes remplis d'ammoniac ( intrant indispensable à la fabrication des cigarettes, favorisant l'absorption de la nicotine et augmentant ainsi les risques de dépendance ). Bilan : sept cadavres, une jeune femme disparue ( la petite amie d'un des chauffeurs abattus ).



L'intrigue, tentaculaire, se déploie sur une vingtaine d'années, de la France à la Serbie sur la route du tabac clandestin. J'ai été totalement embarquée dans cette fiction qui colle de très près à la réalité grâce à un travail documentaire sous-jacent incroyablement précis. La lecture, très dense et exigeante, demande un effort de concentration pour suivre le fil de l'enquête policière sur une vingtaine d'années. Rien

n'est mâché. Marin Ledun ne donne jamais toutes les clefs d'explication. Il maitrise avec brio des ellipses temporelles qui enjambent le récit ( ici les années 1990 ) tout en pointant des événements historiques fondateurs comme marqueurs contextuels, sans pour autant que n'apparaissent un lien intuitif avec l'enquête. En fait deux enquêtes qui se rejoignent dans le dernier tiers.



Forcément, pour incarner un tel récit il fallait le bon casting. Chaque personnage incarne un stéréotype mais la longueur du récit leur permet de s'en échapper. Tous solidement charpentés sans que pour autant l'auteur ne donne accès à leur parcours psychologique. Tous sont des êtres agissants ; c'est dans leurs actions et leurs paroles que le lecteur se forgent son opinion sur eux.



Face à l'impunité des cigarettiers et de leurs sbires, les deux flics incarnent notre bonne conscience et notamment l'officier de la brigade financière Nora : l'incorruptible méticuleux qui épluche obsessionnellement tous les comptes pour remonter les pistes. de l'autre côté, il y a entre autres le salaud, le criminel en col blanc, cocaïnomane et violent : le lobbyiste Bartels. Les plus intéressants sont à mon sens Valentina et Muller. Valentina, la maquerelle qui utilise son agence d'umbrella girls pour corrompre milieux sportifs et politiques ; celle qui a décidé de croire au mythe de la femme forte pour se faire une place de lionne mais qui est tout aussi victime que ses filles. Et surtout Muller, le tueur mercenaire au service de Bartels, celui qui au tout début du roman prend une décision qui semble anodine et qui va accélérer le dénouement.



Un thriller politique palpitant qui m'a fait penser à La Griffe du chien de Don Winslow ( sur le trafic de cocaïne et les cartels ). D'autant plus intéressant que la déconstruction du récit imaginaire, vieux de plus d'un siècle par les cigarettiers, se fait sans manichéisme tout en faisant réfléchir puissamment sur les mécanismes d'influence de l'industrie du tabac. Très sombre au final et glaçant.
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Free queens

« Je m'appelle Jasmine Dooyun. Je vais bientôt fêter mes quinze ans et je veux vivre ». C'est lors d'une enquête sur la prévention du sida dans le milieu de la prostitution que la journaliste Serena Monnier rencontre Jasmine, une rescapée, une fugitive prête à tenir tête aux souteneurs qui ont fait d'elle une esclave sexuelle à Paris. Bouleversée, Serena part au Nigeria, décidée à remonter le parcours de Jasmine et la piste du vaste réseau de proxénétisme franco-nigérian ... au même moment où le sergent Oni Goje découvre à Kaduna ( Nord du Nigeria ) deux corps de jeunes prostituées jetées nues au milieu d'ordures.



Est-ce qu'un mec bien fait un bon écrivain ? Est-ce que les bonnes intentions font les grands romans ? Après avoir refermé Free Queens, le « oui » s'impose avec force. Ce n'est pas la première fois que Marin Ledun trempe sa plume à la colère froide et l'indignation pour dénoncer les dérives et le cynisme d'un capitalisme éhonté. Son précédent roman, Leur âme au diable, s'attaquait à l'industrie du tabac. Ici c'est l'industrie brassicole et son côté obscur qui est dans son viseur.



Marin Ledun s'est inspiré de faits réels, plus particulièrement du reportage d'Olivier van Beemen, Heineken en Afrique, qui décrypte comment la multinationale néerlandaise s'est implantée dans le continent, travaillant avec les réseaux mafieux, s'alliant avec des politiciens et flics corrompus, tout un bataillon de prostituées à son service pour convaincre les clients des bars de consommer sa bière. La bière Primus est devenue First dans son livre, la Nigerian Breweries la Master Brewery Nigeria Inc.



Le récit est incroyablement dense, documenté, ancré dans le réel, dessinant le portrait sombre du Nigeria, pays ravagé, pêle-mêle, par la pauvreté endémique, le sida, la corruption des élites, les attaques terroristes perpétrées par Boko Haram et l'ISWAP ( Daech ). le Nigeria, « un enfant magnifique et insatiable né du viol colonial et de l'union forcée entre des peuples incapables de s'entendre. Depuis l'enfant avait grandi jusqu'à devenir un monstre incontrôlable, répandant rancoeur et haine dans le coeur des hommes ».



Les descriptions de la tentaculaire Lagos et de la non moins chaotique Kaduna, ville déchue du Nord du pays, sont saisissantes de réalisme et apportent beaucoup de profondeur à un récit à la construction virtuose. Les enquêtes parallèles de Serena Monnier et Oni Goje finissent par se croiser brillamment pour révéler la terrible vérité. le rythme monte crescendo sans aucune approximation, juste peut-être quelques longueurs ou sensation de redondances dans le troisième quart.



Mais ce qui frappe le plus, c'est la capacité de l'auteur à manier les personnages qui peuplent son intrigue. Malgré leur nombre assez impressionnant, ils sont tous formidablement incarnés, qu'ils s'agissent de ceux qu'on ne croise que sur quelques pages ( comme des prostituées nigérianes au service du système First ), ou les premiers rôles. Serena Monnier, la journaliste que l'on voit évoluer à mesure qu'elle saisit l'ampleur du crime, décillant ses yeux d'occidentale blanche privilégiée. Oni Goje, le flic intègre qui ne veut plus être aveugle ou sourd, et décide d'endosser la lourde mission de rendre identité, justice et dignité aux jeunes filles assassinées. Toutes les militantes de la Free Queens, l'association féministe qui guide Serena. Et surtout Ira Gowon, bras armé de la MB Nigeria Inc, tellement plus complexe que ses atours crades de flic corrompu de la SARS ( brigade spécial anti-vol ) le laissent entrevoir au départ.



Il y a clairement des bons et des méchants. Il y a clairement un auteur engagé qui sait choisir un camp. Et pourtant, son roman ne sombre jamais dans le manichéisme. Marin Ledun sait trouver la bonne distance. C'est avec lucidité qu'il pose les questions justes pour essayer de comprendre la violence du monde, sans chercher pour autant à imposer sa façon de voir les choses ou une pensée unique ou encore politiquement correcte. Le lecteur est invité à réfléchir par lui-même et ça fait du bien ... même s'il en ressort indigné et sonné. Les derniers mots sont un uppercut dévastateur.



Un thriller politique ambitieux, maitrisé, remarquable.
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L'homme qui a vu l'homme

« L'homme qui a vu l'homme » nous rajeunit en nous ramenant en 2009, à l'époque de l'épidémie H1N1, de la tempête Klaus et de la fin de l'ETA.



Plongée dans les polices parallèles, les réseaux barbouzes, de part et d'autre des Pyrénnées, ce roman m'a remémoré « Retour à Killybegs » de Jorg Chalandon et la fin de l'IRA avec les ultimes soubresauts des jusqu'au-boutistes et les secrets de basse police sortant des ténèbres.



Marin Ledun valorise les journalistes téméraires, qui enquêtent malgré les « conseils » de leurs rédacteurs en chef et les « recommandations » de la gendarmerie. C'est ainsi que nous ont été révélés les scandales liés aux Irlandais de Vincennes, aux paillotes corses, à l'affaire Benalla … à chaque fois des « forces de l'ordre » ont servilement obéi à des ordres illégaux en croyant « bien faire ».



La fin ne justifie pas les moyens, y compris quand des législations d'exception jouant sur la peur s'en prennent aux droits de l'homme et la liberté des citoyens.



Ce polar, malgré quelques longueurs, et l'abondance du sang, de la sueur et des larmes, reste hélas d'une brutale actualité en notre contexte d'épidémie COVID, de dérèglement climatique et de terrorisme islamique.
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Les visages écrasés

Avant de se lancer dans la lecture oppressante de ce roman noir , il convient de se dire , comme le fait si bien Pierre Lemaitre , que Martin Ledun est " l'un de ceux qui se montrent les plus brillants dans le genre ", c'est dire . Ensuite , il serait bien de délaisser la quatrième de couverture pour feuilleter les premiéres pages , celles du prologue. Dés lors , c'est terminé , vous êtes ferré , le passage en caisse est obligatoire : en dix pages , vous ferez comme les copains et vous serez embarqué dans un voyage vers l'enfer . Je vous l'assure , vous atteindre la dernière page sans avoir esquissé le moindre sourire , sans avoir la moindre possibilité de retrouver votre sang - froid , sans avoir été " caressé " par le moindre raï de soleil , sinon d'un soleil noir .C'est la panique , l oppression , la crise d'angoisse qu'aucun remède parmi les plus réputés ne pourra calmer . Un rêve ? La réalité ? Un cauchemar pour le mieux . Une descente inéluctable dans les abîmes les plus sombres de l'âme humaine .Le monde de l'entreprise dans ce qu'il a de plus destructeur , une érosion perfide de l'humain jusqu'à l'ultime . le docteur Carole Mathieu se bat pour soulager les maux mais les cas sont lourds ...La méthode risque de l'être aussi .

C'est insidieux , pesant , étouffant , long , très long et l'espoir n'est jamais entrevu , jamais permis . Et puisqu'on sait beaucoup de choses dès le début , le pire est de se sentir seul , comme pris dans les sables mouvants du Mont Saint Michel alors que le jour tombe et que le mer remonte inexorablement au galop .

C'est un roman noir , on l'a dit et les amateurs de ce genre ne pourront que s'en réjouir, les plus sensibles passeront leur tour . Personnellement , j'ai bien aimé mais j'avoue être sorti de ce monde horrible du travail avec soulagement , pas loin de l'asphyxie, exténué, à bout de forces . Dehors , il fait chaud , très chaud , le soleil brille , éclatant. Et bien croyez le si vous voulez , la canicule qui s'installe mettra tout de même plusieurs jours à vous réchauffer , à vous réconforter lorsque vous quitterez enfin le monde glacial dans lequel vous vous êtes fourvoyé...pour votre plus grand plaisir ou votre malheur ....

Moi , ça va , ouf , mais je pars me remettre de mes émotions....en vacances .Il est tout de même fort ce Ledun .

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Leur âme au diable

" Dieu fumeur de Havane , L'amour c'est comme une cigarette , Je fume pour oublier que tu bois " , autant de titres célèbres qui nous rappellent combien " l'herbe à Nicot "a pu occuper le devant de la scène il n'y a pas si longtemps avant de connaître le déshonneur. Et si le monde de la variété véhiculait partout les paroles , il n'était pas le seul . Le cinéma, les héros de BD , l'environnement sportif , les émissions télévisées portaient sans équivoque " LE message , " fumer " fait " de vous un homme " .Et même les femmes , peu à peu , se laissaient convaincre . Souvenez - vous , Gainsbourg , Lucky LuKe, Maigret , Gabin , Brel , Brassens , Piccoli , etc....La liste serait trop longue et non exhaustive. Les discussions passionnées subissaient , où qu'elles aient lieu ,l'assaut de volutes de fumée auxquelles on trouvait alors plus de vertus que d'inconvénients . Pénétrer dans un bar ou certains lieux public s'avérait aussi périlleux que de pénétrer dans la jungle et pourtant...

On distribuait des cigarettes aux troufions désoeuvrés, on disait que " fumer donnait de l'assurance , " faisait bien " et ne coûtait pas ( très ) cher ...Ouais ...Ça, c'était avant , avant des lois hypocrites de gouvernements préférant " toucher le jackpot " de taxes démesurées plutôt que de songer à la santé d'une population bien naïve et " prise dans les filets " ...Même un célèbre président, " le pote Jacques " a porté " la bonne parole " , c'est dire....et Pompidou avant lui...

C'est cette addiction poussée dont parle ce roman de Martin Ledun et c'est passionnant . On fumait en ignorant qu'une organisation rigoureuse et sans pitié permettait aux cigaretiers , aux buralistes ,et " à certains " politiques de s'en " mettre plein les poches " , pensez - donc ,même le trafic clandestin etait régulé par des gens " bien placés " et jamais rassasiés.

Que faire contre un rouleau - compresseur qui écrase tout sur son passage ? C'est l'objet de la longue enquête des OPJ Nora et Brun. Et mettre le doigt dans cet engrenage va faire ressortir de sous les tapis , des poussières nauséabondes et ennuyeuses .

Les six cents pages de ce passionnant roman relatent ce combat a priori disproportionné. La première partie est emballante , la seconde un peu moins spectaculaire , un peu moins " concrète " pour le lecteur . J'avoue avoir éprouvé parfois un peu de lassitude tant " l'affaire " me semblait " tourner en rond " mais force m'est de reconnaitre que l'envie d'arrêter ne m'a jamais effleuré.

Les personnages , quels qu'ils soient ,vont vous happer.Pas forcément par leur charisme , mais , parfois , pour certains , au contraire, pour leur hypocrisie , leur cynisme , leur ravageuse détermination...Étant donné que l'on va passer un long moment avec eux , on va forcément s'interroger sur leur devenir et vouloir savoir.

De nombreux et savoureux dialogues parsèment le récit et lui donnent un rythme soutenu .

Le sujet abordé , le tabac , présente un intérêt qui semble universel ( fumeurs , anciens fumeurs , non fumeurs ) Il ne faut pas craindre de trouver des " leçons de morale " , non , pas du tout , il faut plutôt s'attendre à mieux comprendre comment et pourquoi cette " plante" intéresse autant " certains puissants " qui n'hésitent pas à sacrifier ....

Un roman noir contemporain bien mené , d'autant plus intéressant qu'il " nous touche " de près et nous donne une image bien crue et désespérante de notre époque et de ceux qui ....la dévoient.
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Salut à toi ô mon frère

Salut à toi ô Auteur et merci pour m'avoir fait rire et sourire . Souvent….

Merci à toi pour toutes tes références culturelles, tous ces petits clins d'œil qui m'ont fait croire le temps d'un livre que j'étais très cultivée !

Merci pour m' avoir présenté une famille complétement barrée : le père (qui essaie de réussir le concours de notaire ), la mère ( infirmière, des idées bien arrêtées , complétement dévouée à la cause de sa progéniture ): trois enfants avec le même ADN et trois autres adoptés en Amérique du Sud, un chien, deux chats . Une famille atypique, joyeusement bordélique mais terriblement attachante.

Aussi quand la police sonne à la porte ,( en la personne du lieutenant Personne, un jeune flic aux beaux yeux vert- pêche) , accusant le petit dernier de braquage, c'est toute la petite famille qui va se serrer les coudes.

Merci à toi, ô Auteur , d'avoir crée ce personnage de Rose, 20 ans qui après deux ans de classe prépa littéraire , anime bénévolement un salon de coiffure en faisant aux clients , des lectures à voix haute. J'adore cette fille, intelligente, aux T Shirts à messages. J'adore sa verve, son énergie, son impertinence. J'adore qu'elle tombe amoureuse du flic chargé d'enquêter sur son frère. [ le passage " dialogue de sourd" , où il lui raconte, stoïque, les dernières péripéties de l'enquête au téléphone alors qu'elle lui fait part de ses fantasmes , est un moment grandiose !].

Salut à toi, ô Lecteur : si tu es d'humeur morose, viens faire la connaissance de Rose, et sa grande famille, tu en ressortiras frais comme un bouton de rose, requinqué , reparti pour affronter les deux mois d'hiver qui nous reste …

Et enfin, salut à toi, ô Pecosa, qui m'a recommandé ce livre en l'ajoutant si gentiment à ma liste "Polars & humour ( polars poilants) .

Merci pour cette lecture ! :-))





Challenge Mauvais genres
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L'homme qui a vu l'homme

Euskadi Ta Askatasuna! En substance, l'injonction plutôt agréable à l'oreille du profane que je suis d'un groupuscule fondé en 1959 et prônant plus qu'activement la liberté en Pays Basque.



Enlèvement et torture, dix premières pages d'une rare intensité annonçant violemment la couleur, celle rouge sang d'une sale guerre sans triomphateur véritable entre ETA et appareil étatique .



Se nourrissant d'un fait divers réel, celui de Jon Anza, militant basque proche d'ETA mystérieusement porté disparu pour être finalement retracé quelques mois plus tard dans des conditions que l'on taira histoire de ne pas battre le record du monde du spoil, Ledun restera sourd aux obscurs discours officiels comme aux vérités définitives assénées par les proches de la victime présumée pour bâtir une fiction solide, plausible et racée .



Jokin Sasco s'est évaporé. Il n'est pas le premier à disparaître ainsi c'est pourquoi ses proches ne parieraient pas un kopek sur ses chances de survie.

L'affaire interpelle au plus haut point. Alors soit vous êtes de ces courageux journaleux toujours partants pour dégotter le scoop qui fera du bruit dans Landerneau au péril de vos innombrables planques, qui dans la bouteille de Jack Daniel's de Johnny l'apatride fiscal, qui dans la poubelle de Nico la talonnette, qui dans le top-case du scooter de François Lagaffe, mais là le morceau est bien trop gros pour vous, soit, à l'instar de Marko Elizabe et Iban Urtiz, vous faites preuve d'un minimum d'intégrité intellectuelle et décidez de vous lancer bille en tête dans ce maelstrom politique au risque d'y boire la tasse...la resplendissante bouée coin-coin étant alors plus que conseillée.



Marin Ledun s'affirme ici un peu plus avec ce thriller politique palpitant.

D'un authentique fait divers nébuleux, l'auteur accouche d'une vision toute personnelle de l'affaire sans jamais se départir d'une certaine neutralité. ETA, flics, mercenaires, médias, les ingrédients multiples auraient très facilement pu engendrer un triple BigMac chantilly sauce au lard aussi lourd qu'indigeste. Seulement voilà, chef Ledun fait dans le piment d'Espelette, celui qui arrivé à maturité vous explose les papilles et accessoirement le cortex cérébral.

Ici, le lecteur navigue à vue au gré des révélations journalistiques.

Marko Elizabe et Iban Urtiz, deux côtés d'une même médaille aux méthodes d'investigation dissemblables mais aussi dangereusement gênantes pour l'un comme pour l'autre. Peu à peu le brouillard se lève, la vérité se fait jour, les limites de la légalité pour qu'éclate la vérité se distendent au point de vouloir risquer sa vie sur un dernier coup de dé. Des personnages au bord de l'abîme, jouant avec le feu au point de s'y brûler les ailes....

Ce thriller fictionnel aussi tranchant que les riffs des Guns N' Roses, groupe fétiche de l'ami Iban, ne peut appeler qu'un seul jugement final: chapeau bas Monsieur Ledun !



L'homme qui a vu l'homme : ♪ ♫ Welcome to the Jungle ♫ ♫...

Merci aux éditions Ombres Noires et à Babélio pour ce roman explosif !
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L'amour maternel

Je ne raffole pas des nouvelles jusqu’ici. Mais mon regard risque fort de changer au vu de ces nouvelles pépites de L’amour maternel.



Plusieurs écrivains qui ont le vent en poupe se sont penchés sur ce sujet pour écrire des petites histoires tantôt lumineuses tantôt plus sombres mais toutes ont un point commun : elles grouillent et fourmillent d’amour. Elles sont toutes mères d’ici ou d’ailleurs, d’aujourd’hui ou d’hier et crient avec espoir ou désespoir. Elles crient l’enfant perdu, le petit enfant qu’on refuse aux bras d’une grand-mère, l’enfant malade, l’enfant en danger, l’enfant qui ne réveille aucune fibre. Ces nouvelles ont un fol goût d’amour, de folie brute, d’imprudence, de vengeance, de sacrifice. Elles se lisent sans temps mort, elles vont droit au but, certaines détendent, d’autres marquent comme un stigmate sur l’âme.



J’ai particulièrement aimé l’imagination et la sensibilité des nouvelles de Mélissa Da Costa, Solene Bakowski, Marin Ledun, Maud Mayeras ou Romain Puértolas.



N’hésitez pas à découvrir ce merveilleux livre, d’autres auteurs ont écrit des nouvelles sur l’amour maternel à fleur de peau comme Adeline Dieudonne, Antoine Dole, Isabelle Dusquesnoy, Johana Gustawsson, Carène Ponte.

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Free queens

Je ne connaissais pas du tout Marin Ledun, et je suis enchantée d’avoir lu ce livre dont il est l’auteur.



Un roman pas simple à lire, je dois avouer qu’entrer dans le récit ne m’a pas été facile : beaucoup de noms de personnages, de sociétés, d’ONG…, beaucoup d’action dès le départ et une action rapide qui m’a tout de même amenée au cœur du problème du Nigéria : un de ces pays où les gouvernements se montent inactifs face aux difficultés d’une énorme partie de la population, un de ces pays où l’extrême misère côtoie l’extrême richesse, même si les groupes ont leur territoire, un de ces pays où la corruption bat son plein, où rien ne s’obtient sans bakchich, ou les jeunes femmes, voire adolescentes sont considérées par les « malfaisants » comme de la marchandise à livrer, un de ces pays où les droits humains sont plus que bafoués.



C’est dans ce contexte qu’évoluent les protagonistes : Serena, journaliste qui vient à Lagos afin d’enquêter sur la prostitution, qui se rendra compte de la situation des femmes, et comprendra le travail de Free Queens, ONG active qui milite pour le droit des femmes, Oni Goge, peut-être le seul policier honnête du pays, et qui découvre peu à peu les agissements de ses collègues et de a société qui commercialise la bière First en employant un grand nombre de jeune femme qui se prostitue afin d’écouler la marchandise.



Roman bien documenté, travail énorme de l’auteur, qui nous emmène dans les coulisses d’une société mafieuse pour laquelle tous les actes répréhensibles sont permis. Un roman basé sur des fait réels.



Un roman saisissant , une lecture accaparante, on se retrouve dans la peau de Serena, l’intrépide française qui comprendra vite combien la protection par autrui s’avère nécessaire, on prend en pitié ces adolescentes confrontées à la violence des proxénètes, on hurlera de rage face aux découverte du policier, on louera le travail admirable de personnes capables de se dévouer pour défendre une cause.



Effroyable terre que celle dont on sort à la fin du roman, pays où la pauvreté génère des comportement inhumains.



Un livre que je n’oublierai pas et que je conseille tout en me disant que le monde ne se porte pas si bien que cela, que je vis sans doute dans un cocon, et que la réalité est bien différente de ce que je perçois de la vie !
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Zone est

Vaut le détour ...

Un roman bien écrit ..

Un style très correct .. des personnages soignés ... un suspens subtilement dosé ..

L'univers que nous propose l'auteur ( un univers post-apocalyptique ) est très original et considérablement désespérant ..

La SF nous a habitué aux post-humains ..

Cependant ici les modifications corporelles sont subies plus que souhaitées ..

Ce monde n'est pas très avenant et les personnages ne décevraient pas le premier savant fou venu ...

Disons le franchement ! cette Zone est est très malsaine .

L'auteur ressuscite des thématiques classiques : les cyborgs .. exploitation des espaces souterrains à très grande échelle .. une vague iconographie steampunk ...

Avec des thématiques plus récentes : nanotechnologies et des influences cyberpunk ..

Bref : un univers très singulier ..

C'est un réel plaisir d'explorer cet univers ( complexe ) réellement solidement construit ( dans le moindre détail )..

Sur la forme c'est un excellent thriller à tiroirs .. pas de manichéisme .. beaucoup de subtilité ( sur le fond comme pour la forme ) ..

Le roman est rédigé à la première personne plus ou moins limitée avec un narrateur discret ( et efficace )..

Le tout sur fond de dialogues soignés ..

La fin m'a un peu déçu ( un petit côté manifeste idéologique et philosophique assez simple et convenu ( du genre de ceux qui enfoncent les portes ouvertes ))...

Mais pourtant : je ne regrette pas le voyage ... pas le moins du monde ......

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En douce

Un grand merci à Babelio et aux éditions Ombres Noires...



À Begaarts-plage, les lampadaires et les terrasses des bars-restaurants s'éteignaient peu à peu. Les premières fusées du feu d'artifice du 14 juillet se reflétaient dans l'océan devant une foule admirative. Simon Diez n'avait alors d'yeux que pour la jeune femme qu'il avait repérée sur la place et aussitôt reconnue. Elle venait jouer au Bingo et au Solitaire tous les vendredis matins quand lui buvait sa pression au bar-tabac. Alors qu'il pensait l'avoir perdue de vue dans la foule, elle se planta devant lui à moins d'un mètre, se présenta et lui demanda aussitôt de l'emmener danser. Vers 3h du matin, n'ayant pas de voiture, elle lui demanda de la raccompagner. Dix kilomètres alors qu'elle boitait, Simon ne pouvait le lui refuser. Elle habitait là où elle travaillait, au chenil Amorena. Un mobil-home spartiate mais bien entretenu et un clic-clac en guise de lit sur lequel elle s'étendit. Alors qu'elle se déshabillait, Simon était hypnotisé par la prothèse qui lui tenait lieu de jambe. Quelques baisers puis Émilie plongea soudainement la main sous les oreillers, sortit un révolver qu'il reconnut aussitôt et lui tira une balle dans la jambe avant de l'enfermer dans un hangar...



Marin Ledun nous plonge en plein cœur d'une vengeance. Émilie, jeune femme ayant perdu sa jambe lors d'un terrible accident de voiture, en veut à la terre entière. Elle voit en Simon Diez le responsable idéal. Torturée, mal dans sa peau, dépressive, obsessionnelle, elle n'aura de cesse de sombrer et se convaincra que se venger la soulagera et lui sera salutaire. Dans ce huis-clos oppressant, l'auteur décrit avec précision la chute de la jeune femme, alternant intelligemment le passé et le présent. Des personnages fouillés, bancals, solitaires et en souffrance. Des personnages brisés, socialement et physiquement. En rupture avec cette société bien-pensante. Ce roman profondément noir, à la fois critique sociale et roman psychologique, nous plonge dans une ambiance étouffante, à l'instar de cette chaleur qui s'abat dans les landes. Une écriture efficace et sans fioritures pour un roman qui l'est tout autant.
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Les visages écrasés

Des proverbes sur le boulot, y en à la pelle.

Tu te plains du travail, c'est ton meilleur ami.

Mon préféré et de circonstance en refermant ce Ledun : le travail, c'est la santé. Rien faire, c'est la conserver.



Coluche affirmait que le travail était bien une maladie puisqu'il y avait une médecine du travail. Imparable.

Le Docteur Carole Matthieu bosse dans une grosse structure.

Médecin du travail, un job à plein temps.

Ce que ses patients ignorent, c'est qu'elle possède un p'tit plus la Carole, la faculté de régler tous vos problèmes de façon...définitive. Hein, comment, y aurait comme une incompatibilité entre la fonction et le traitement ? Ouais, ben allez le lui expliquer vous, à vos risques et périls.



Un médecin et ses malades pris dans l'engrenage mortel d'une machine à broyer, un thème plus que jamais d'actualité magnifiquement traité par un Ledun en grande forme.

Librement inspiré de la vague de suicides qui toucha France Télécom en 2009 – mais si, souvenez-vous de son délicat patron qui évoquait alors une mode - ces Visages Ecrasés est une mécanique parfaitement huilée aux rouages tirant de plus en plus sur le rouge raisiné de ceux qui s'échinent à la faire tourner.

Mise au placard, harcèlement, objectifs de folie, menaces...autant de petits gestes du quotidien nécessaires à l'épanouissement plein et entier du salarié. Ce dernier, étant un brin rancunier et provoc', pourrait cependant aller jusqu'au geste fatal rien que pour emmerder son gentil boss humaniste. Salaud de prolétaire va !



L'auteur, sans en faire des caisses, puisque dans ce domaine la réalité dépasse toujours la fiction, évoque le mal-être au boulot. Celui qui vous mine, vous ronge comme l'acide, annihilant tout mode de pensée cohérent et accessoirement une santé autrefois éclatante.

A la frontière du polar, il s'affirme bien plus comme une étude sociologique visant à asseoir les tenants et les aboutissants de tels drames individuels.

Le petit bémol, un truc qui m'a gratté durant toute cette lecture, l'impossibilité de croire en un médecin aussi investi dans son boulot en le comparant à celui évoluant dans notre si belle entreprise et qui, à l'évocation appuyée d'un problème récurrent, vous souhaite béatement une belle journée avec l'air du petit ravi de la crèche.



Bienvenue dans le monde du travail, antichambre de l'enfer.

Bienvenue dans l'univers des visages écrasés, société déshumanisée de ceux qui n'ont plus rien à perdre.
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Salut à toi ô mon frère

Adélaïde est infirmière, Charles clerc de notaire, à Tournon-sur-Rhône. Ils sont à la tête d'une maisonnée turbulente, composée de leurs six enfants, tous adolescents ou jeunes adultes, et de leurs chien et chats. Le chaos familial atteint des sommets lorsque Gus, le benjamin, disparaît soudain, accusé du braquage d'un commerce. Doux et inoffensif, l'adolescent d'origine colombienne est l'un des trois enfants adoptés par Charles et Adélaïde. Le clan tout entier va se lancer dans une croisade tous azimuts pour l'innocenter et le tirer de ce qui ne saurait être qu'une méprise fondée sur un délit de faciès.





Le ton est donné dès la première ligne : l'enquête policière, au final assez succincte et sans grand suspense, n'est qu'un prétexte pour une comédie sociale satirique, au style enlevé et impertinent qui se veut humoristique. De fait, on peut s'étonner de la voir paraître dans la collection Série Noire de l'éditeur, car, à part la tenue gothique de Rose, la narratrice, rien n'est noir dans ce récit caractérisé par la folle exubérance de ses indociles et peu conventionnels personnages.





L'exagération est souvent de mise : si elle apporte rythme et bonne humeur aux péripéties tout sauf ennuyeuses, je n'ai pas été réceptive à son humour qui, déception, ne m'a pas arraché un sourire. Emaillez le récit de nombreuses références culturelles, saupoudrez le de commentaires parfois assez acides sur la société contemporaine, et vous obtenez un cocktail bien dosé, divertissant mais pas bête, pour une joyeuse et pétillante parodie de nos vies dites modernes : un agréable divertissement sans prise de tête, mais que j'avais escompté beaucoup plus drôle.


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Les visages écrasés

Face à elle, Vincent Fournier. Une mine épouvantable, les yeux cernés. Des symptômes qui ne trompent pas : apathie, diarrhées, fatigue chronique, - 16 kilos en deux mois, idéations suicidaires. Pas de doute, Vincent, malgré ses séances et ses traitements, est au bout du rouleau. Comment, elle, Carole Matthieu, médecin du travail, peut-elle l'aider ? Elle n'a plus qu'une solution en tête : mettre fin à son calvaire qui dure depuis trop longtemps... Et alors que seul Vincent Fournier est encore dans les bureaux, en ce vendredi soir, Carole Matthieu, après avoir fait semblant d'avoir quitté les locaux, revient et lui tire une balle dans la tête. Un acte médical définitif, certes, mais qui pour elle n'est que finalement le traitement adéquat pour faire cesser tout ça. Dès lors, elle n'a plus qu'une idée en tête : raconter son Histoire. Ce que les salariés de cette plate-forme d'appels d'un groupe de télécommunications subissent tous les jours (harcèlement des dirigeants, objectifs inatteignables, poste non adapté aux compétences...), les drames (suicides et tentatives de suicide, violence, viol...) qui les ont marqués, les comportements rigoristes des dirigeants...



Marin Ledun plante le décor de ce roman noir au coeur d'une plate-forme d'appels, en 2009 (période d'ailleurs noire chez France-Télécom qui compta pas moins de 35 suicides pour les seules années de 2008 et 2009). Carole Matthieu est médecin du travail et écoute avec attention les petits et les gros bobos de ces employés. Face à la détresse psychique et physique de certains et malgré les traitements proposés, rien ne change, bien au contraire. Aussi, en mettant fin aux jours de Vincent Fournier, veut-elle montrer aux yeux de tous ce qui se passe réellement dans cette entreprise. C'est alors une véritable course contre la montre qui s'engage entre elle, l'inspecteur chargé de l'enquête et la direction qui tente de garder la face. Alternant le récit de Carole avec des rapports et courriers médicaux, ce roman social fait tout simplement froid dans le dos. Car Carole est bien décidée à aller jusqu'au bout pour raconter l'autre Histoire. Celles des hommes et des femmes qui souffrent au quotidien, qui survivent au coeur d'une société capitaliste régie par le rendement et le profit. Un roman saisissant, pervers et haletant servi par une plume froide.



À noter que l'auteur a travaillé 7 ans chez France-Télécom-Orange avant de démissionner en 2007.
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Leur âme au diable

Marin Ledun revient avec un roman noir, un roman dense qui dépiaute la machinerie capitaliste et le lobbying du tabac, le tout étalé sur une vingtaine d’années.

Lorsqu’on plonge dans ces 600 pages, la longueur n’existe plus, il se créé une forme d’addiction et on ne lâche plus le bouquin. C’est foutrement bien documenté, et d’un réalisme cynique. La fiction, qui court de 1987 à 2007, est émaillée d’évènements historiques, politiques.

Les cigarettiers et leur pouvoir immense s’immiscent partout et font la loi. Même la loi Evin de 1991 n’aura pas raison d’eux, ils s’adapteront pour poursuivre leur commerce juteux même si fumer provoque 7 millions de morts chaque année. Ils gouvernent le monde grâce au lobbying en direction des hommes politiques, des sportifs et des artistes. Fumer, c’est cool, c’est la liberté, c’est tendance et tout est fait pour faire oublier les effets nocifs et mortifères de cette cigarette qui ne contient pas que du tabac.

Menaces, chantage et manipulation des politiques, crimes commandités, prostitution, contrebande … tout est bon pour vendre toujours plus et faire de l’argent et tout cela fait froid dans le dos.



Deux flics vont enquêter sur les évènements pas nets : Patrick brun tente de remonter la piste des sept cadavres et des camions d’ammoniaque subtilisés tandis que Simon Nora, de la brigade financière, traque les manipulateurs et épluche tous les comptes des sociétés écran de l’European G. Tobacco.

Ils vont s’intéresser à David Bartels, ce lobbyiste ambitieux et sans scrupules aux méthodes discutables. Il les mènera à Valentina, escort-girl qui dirige un réseau de prostitution de luxe sous couvert d’une société qui gère l’évènementiel sportif. Elle travaille pour les gros clients de Bartels.

On croise de nombreux personnages, complices où rivaux, mais tous dévorés par la même ambition et dénués de scrupules.



Malgré quelques longueurs, l’intrigue est rythmée. Le style sobre, alerte de l’auteur qui mêle intimement documentation et fiction, nous entraîne tambour battant jusqu’à l’ultime page de ce roman haletant et ô combien terrifiant. On en redemande, à quand le prochain, M Marin Ledun ?



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La vie en Rose

Deuxième tome des aventures policières frappadingues de Rose et sa famille, [son mec, ses amis, son employeuse etc...]

Les parents sont partis en voyage [ mérité...] en Polynésie Française, Rose se retrouve donc responsable [ mais pas coupable...] de sa fratrie de cinq frères et soeurs, un chien, deux chats...

Et quand le premier couac apparaît, Rose va se retrousser les manches pour résoudre le cambriolage suivi d'un meurtre et tout ce qui s'en suit...

Evidemment, sa soeur Camille est impactée, il s'agit de son meilleur ami...

Evidemment , son petit ami, est concerné, vu qu'il est lieutenant de police et accessoirement chargé de l'enquête...

Evidemment, Rose , dans son état devrait rester tranquille et bouquiner " Ma grossesse heureuse "...

Evidemment, on peut compter sur elle pour se mettre dans les "emmerdes"..

Evidemment, si le titre est La vie en Rose, vous avez peut- être un indice sur la couleur de la future layette...

Evidemment, j'ai beaucoup souri intérieurement ,[ à chaque ligne], "tellement que " Marin Ledun , il est spirituel , intelligent , marrant etc...

Allez , si j'ai un reproche à faire, c'est qu'il y a un peu trop de références culturelles dans ce tome , comme si l'auteur , n'était pas sûr de faire partie des grands, de faire partie du club et avait besoin de s'appuyer sur des artistes reconnus, pour se rassurer...

C'est bon, Marin, tu fais partie des meilleurs auteurs français , ton style est unique , et ta Rose , j'ai envie de l'adopter !

Une tuerie, cette série... drôle, sociale, rock, trash, émouvante, familiale, addictive ....



Challenge Mauvais genres

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En douce

Tu sais pas trop pourquoi mais tu te retrouves infirmière dans ton bled natal : station balnéaire du sud des Landes qui vit 3 mois sur 12; t'aurais bien aimé, toi, vivre à plein temps mais la société, elle veut pas! Alors tu te réfugies dans ton bloc et tu travailles comme une chienne et, évidemment tu gagnes du fric, tu peux t'acheter un bel appart pour mieux te reposer et bosser encore plus, quand t'es trop crevée, tu rêves à l'amour mais t'as pas le temps, tu te contentes de soirées entre collègues et de baise à la va vite.

Mais un jour, au petit matin, alcoolisée, tu sors de chez un mec, encore pleine de lui et tu craques: tu chiales, tu sais que t'es belle et pas conne mais qu' à trente ans tu es en train de passer à coté de ta vie: alors t'appuies sur l’accélérateur, tu fonces vers le mur d'en face, tu grilles un stop et une putain de camionnette te percute.

Tu te réveilles au bloc..... avec une jambe en moins, amputée " en douce" pendant ton coma.

C'est pas ton heure, alors tu te bats, tu souffres en fermant ta gueule, rééducation dans le dur, apprentissage de la prothèse et tu reprends ton boulot. T'es accueilli d'abord avec douceur mais la vitesse reprend ses droits, tu serres les dents mais tu surprends de plus en plus les regards " en douce", cette putain de commisération que des cons appellent pitié, ta colère grandit.. Et tu craques... et tu te fais virer.

Et tu n'es plus qu'un long cri lugubre et gémissant qui cherche une cible à sa colère et tu vas la trouver en la personne du conducteur de cette putain de camionnette.... qui pourtant n'y est pour rien et tu le cherches, tu le pistes, tu le dragues, et tu l'amènes dans ta caravane pourrie où tu vis depuis que t'es devenu employée dans un chenil.

Et tu lui bousilles sa jambe à coup de flingue et tu le soignes et tu le frappes et tu l’insultes et tu le câlines . Tu sais plus , tu sais plus.....



Étonnant roman noir, social et psychologique qui dénonce les carences d'une société qui n'admet que les biens- portants, les biens nantis, les biens pensants.



Mais ce n'est que mon humble avis
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Le Poulpe : Un singe en Isère

Grenoble. Judith et Mathilde, deux SDF éprises l'une de l'autre, restent la plupart du temps ensemble dans la rue. Aussi, lorsque cette dernière ne donne pas signe de vie pendant plusieurs jours, Judith s'inquiète aussitôt et décide de partir à sa recherche. Elle regagne la tente dissimulée dans un parc, à l'abri des regards indiscrets, et constate que ses affaires sont toujours là. Un craquement à l'extérieur lui fait croire que son amie est de retour, malheureusement elle se fait attraper brutalement par deux hommes cagoulés. Ils la frappent, la maltraitent et la laissent sans vie sur le chantier voisin...

Le Poulpe, accoudé au bar, une pression devant lui. Il reçoit un appel de son ami Michel qui l'invite à participer à une petite opération sur Grenoble. Sans en savoir davantage, il accepte l'invitation. C'est alors qu'il tombe sur un article dans le journal: trois éco-citoyens grenoblois se sont installés dans les arbres du parc Paul-Mistral pour protester contre la construction du stade. Y aurait-il un rapport entre les deux événements?

C'est en arrivant à Grenoble que Michel lui apprend une bien triste nouvelle: José, le fils de leur ami commun Alain, est en prison. Il est soupçonné du meurtre de Mathilde, la jeune SDF. Sympathisant du mouvement écologique et ami intime de la victime, il fait un coupable idéal. Le Poulpe se met aussitôt à la recherche de preuves pouvant innocenter le fils de son ami...



Un singe en Isère est une nouvelle aventure du Poulpe, personnage haut en couleur créé par un autre: Jean-Bernard Pouy qui a fondé et dirigé la collection La Baleine à ses débuts. Première accroche: le titre qui n'est pas sans rappeler divers titres de livres ou de films.

Deuxième accroche: le personnage central, à savoir Le Poulpe ou Gabriel Lecouvreur ou bien encore Gabi pour les intimes, SDF accro à la bière.

Troisième accroche: un fait divers politico-économique plus vrai que nature. En effet, Marin Ledun s'est approprié les événements inhérent à la construction du stade de Grenoble. En 2003, des éco-citoyens s'étaient installés dans les arbres plusieurs mois durant l'hiver avant d'être virés manu militari par les forces de l'ordre. La construction de l'édifice fut alors repoussée de deux ans. Fait divers qui a fait couler beaucoup d'encre, transpirer bon nombre d'élus et circuler quelques liasses de billets...

Quatrième accroche: un roman noir mouvementé dans lequel on ne s'ennuie pas une seule seconde. L'écriture est maitrisée, le scénario bien huilé...



Un singe en Isère... à ne pas confondre avec...
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Dans le ventre des mères

Mission : Masse Critique

Objet : Dans le ventre des mères

Crayon papier 2H pointe sèche à tête trempée spécial papier gras grands carreaux marge incluse: ok

Gomme bicolore en caoutchouc naturel et poussières de pierre ponce : ok

Dictionnaire - ballon ! ballon ! - Ribery - ballon ! ballon ! - des synonymes - ballon ! ballon ! - sous le coude : ok



Première impression : superbe couverture !

Seconde impression : 4e de couv' alléchante !

Troisième impression : Tiens ? Le temps est à l'orage...



Ledun fait dans le techno-thriller qui dézingue à tout va . Partant d'un scénario futuriste se voulant réaliste , il vous balade prestement au gré de sa plume alerte . Le rythme est enlevé , nerveux et empreint d'une tension à couper au couteau à beurre .

La proie : Laure Dahan . Seule rescapée d'un petit village Ardéchois totalement décimé par une mystérieuse explosion , cette expérience génétique - mi-terminator , mi-reille mathieu - en sursis n'a plus qu'un seul et unique objectif , retrouver sa fille qu'elle n'a jamais connue . Et gare à qui oserait se dresser sur son chemin , les tergiversations et les palabres n'étant pas vraiment inscrits dans ses nouveaux gênes ! Pour les mille colombes de la paix , on repassera...

Le chasseur : Vincent Auger , commandant aussi fonceur et pugnace dans son boulot que résigné et asservi dans sa vie privée , sa femme valétudinaire semblant s'être fait greffer un portable à forfait illimité à l'oreille dont elle use toutes les deux pages ! Au bout du 326e coup de fil et à l'instar de La Cité de la Peur , j'aurais fortement apprécié une réplique définitive du style : "  Attention chérie , ça va couper ! "  .



Une traque à travers toute l'Europe , des personnages cabossés par la vie , des rebondissements en veux-tu en vé-lo et pourtant , il m'a manqué un je ne sais quoi pour que de bon bouquin il ne m'apparaisse comme le pendant policier des mémoires de Loana ! Incontournable !

Ah si , je sais , c'est peut-être ce côté scientifique omniprésent qui aura eu raison - de la colère – de ma patience , me rappelant constamment combien il m'était déjà , à l'époque , douloureux d'assister aux cours de physique magistraux de Mr Vallet ! Cours aussi prenants qu'un docu fiction sur la migration des méduses cendrées en plein désert subsaharien...Hervé, si tu me lis...

N'était cette légère aversion ciblée , le bouquin s'avéra plaisant sans pour autant provoquer une frénésie de lecture indomptable . Le style Ledun est accrocheur . L'intrigue bien torchée . Le moment agréable .

Merci à Babélio et aux éditions Ombres Noires pour la découverte de ce nouvel auteur !



Dans le Ventre des Mères : qui a éteint la lumière ?!
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Leur âme au diable

Polar très documenté, « Leur âme au diable » propulse ses lecteurs atterrés loin des volutes romantiques d'un Dieu fumeur de gitanes : non seulement la cigarette tue, mais elle engraisse des psychopathes qui n'ont rien à envier au Parrain scorcesien.

Par exemple, et ça paraît évident dès qu'on y réfléchit, les firmes cigarettières auraient aussi la main sur le tabac de contrebande, engrangeant profits légaux et illégaux.

Mais bon, évidemment, il ne suffit pas de s'être documenté, encore faut-il construire une intrigue qui tienne la route, servie par des personnages crédibles. Et c'est là que le bât blesse, en tout cas qu'il blesse la lectrice que je suis -ce bouquin étant par ailleurs très bien noté. Si je me suis si souvent endormie dessus, c'est qu'il redondance (du verbe « redondancer » qui n'existe peut-être pas mais qui manque à la langue française, comme chacun l'aura noté).

Ainsi, le gars qui gagne (très bien) sa vie à vendre par tous les moyens nicotine et additifs en s'asseyant sur toute morale est-il un affreux pas beau, je crois que c'est assez clair. Et bien, le jour où, incidemment, il se retrouve avec une arme en main, il tire et découvre qu'il adore ça. Bien sûr. Des fois que ça nous aurait échappé qu'il était méchant. Il me semble pourtant que la banalité du mal de l'employé modèle qui agit pour la plus grande gloire de son entreprise et de son propre portefeuille d'actions est autrement plus glaçante que la figure de l'énième psychopathe qui se délecte de ses déviances.

Quant à Patrick, flic obstiné, intègre, et solitaire (oeuf corse), il a des intuitions qui me laissent pantoise: « L'autre scénario possible est qu'Hélène a juste décidé de couper les ponts avec ses parents parce qu'ils la faisaient chier, de reprendre sa vie en main et de bâtir elle-même son propre conte de fées. Ça arrive tous les jours, Patrick pourrait s'en contenter. Sauf que ça ne colle pas avec un détail, griffonné dans son petit carnet pendant l'interrogatoire des parents. Le jour où elle a quitté son studio de Bagnolet en compagnie d'un grand costaud, elle avait l'air bien et surtout, elle riait. » Ah, d'accord. On ne peut pas à la fois quitter ses parents au bras d'un grand costaud et rire. C'est suspect. Moi, ce sont les ficelles narratives de Marin Ledun que je suspecte.

Ou bien: « Un homme plutôt mince, la trentaine, planté au milieu d'un flot continu de passagers qui s'écartent pour ne pas le percuter. Cheveux courts plaqués en arrière, barbe de trois jours, costume bon marché. Ni valise ni attaché-case. Il n'est pas là par hasard. Ses yeux sont braqués sur elles, comme si le reste n'existait pas. Une aura de malveillance se dégage de lui. » « elles » en italiques et « aura de malveillance »(hyper pratique, le méchant facile à identifier) : c'est tout ce que je déteste, tous ces pseudo-effets qui ne servent à rien sinon à rallonger le nombre de pages et à rassurer le lecteur sur le fait qu'il peut très bien tourner les pages tout en réfléchissant aux chemisettes en promotion qu'il a repérées en rentrant du bureau parce que tout est fait pour qu'il parvienne quand même à suivre.

Ou bien « Brun est pris de vertiges. Son carnet lui tombe des mains et glisse sous le siège. Il suffoque. Il baisse la vitre à bloc pour laisser entrer un peu d'air. » Là, c'est pour que le lecteur comprenne bien que c'est important. Au millénaire dernier, on avait l'inspecteur Bourel qui s'exclamait « Bon sang, c'est bien sûr » quand il finissait par résoudre l'énigme, désormais les flics doivent frôler l'AVC pour que le lecteur distrait comprenne qu'il se passe un truc important. C'est vous dire si on a progressé quant au temps de cerveau disponible.

Après, on peut préférer la musique poussée au maximum, les rires enregistrés dans les sitcoms et la littérature fléchée (Attention! Là! Ici! Indice!). Y'a pas de mal à ça.
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