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Citations de Mario Vargas Llosa (697)


- [...] Mais croyez-moi, j'ai l'expérience de la vie. La plupart du temps, ce que l’on appelle des peines de cœur, et caetera, sont de mauvaises digestions, des haricots tenaces qui ne se défont pas, un poisson pas de la dernière fraîcheur, de la constipation. Un bon purgatif foudroie la folie d’amour. (p.201)
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Le dimanche matin, après le petit déjeuner, il y a messe. L'aumônier du collège est un prêtre blond et jovial qui prononce des sermons patriotiques où il raconte la vie irréprochable des grands hommes, leur amour pour Dieu et pour le Pérou, il exalte la discipline et l'ordre et compare les militaires à des missionnaires, les héros aux martyrs et l'Eglise à l'Armée. Les cadets ont de l'estime pour l'aumônier, ils pensent que c'est un homme, un vrai : ils l'ont vu, plus d'une fois, habillé en laïc, rôder dans les bas-fonds d'El Callao, l'haleine empestant l'alcool et l'oeil vicieux.
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Dans la tente de campagne de l’état-major du régiment N° 17 de Chiclayo, près du fracas des obus, du rataplan de la mitraille et des sèches éructations des balles des compagnies d’avant-garde qui viennent de commencer les manœuvres de fin d’année, le lieutenant Pantaleon Pantoja, qui, debout devant un tableau et un panneau de cartes, explique aux officiers, d’une voix ferme et métallique, les stocks, système de distribution et prévisions de par cet d’approvisionnements, est soudain invisiblement soulevé du sol, de la réalité la plus immédiate par un courant foudroyant, ardent, effervescent, émulsif et crépitant qui brûle, cuit, exacerbe, multiplie, supplicie, affole le vestibule anal et le couloir rectal et se déploie comme une araignée entre ses fesses, mais lui, brusquement livide, subitement inondé de sueur, le cul secrètement froncé avec une obstination forcenée, la voix à peine voilée par un tremblement, il continue à émettre des chiffres, à produire des formules, à additionner et soustraire. « Il faut te faire opérer Pantita », murmure maternellement Mme Leonor. « Fais-toi opérer mamour », répète, doucement, Pochita. « Qu’on te les enlève une bonne fois, mon frère, fait écho le lieutenant Luis Rengifo Flores, c’est plus facile à opérer qu’un phimosis et à un endroit moins dangereux pour la virilité. » Le Major Antipa Negron, de la Santé militaire, rit aux éclats : « Je vais décapiter ces trois hémorroïdes d’un seul coup, comme si c’étaient des têtes d’enfants en beurre, mon cher Pantaleon. »
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Chacun de nous est, successivement, non pas un, mais plusieurs. Et ces personnalités successives, qui émergent les unes des autres, présentent le plus souvent entre elles les contrastes les plus étranges et les plus saisissants.
José Enrique Rodó « Motivos de Proteo »
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La raison avait pu soumettre le sexe dans la veille, non dans les rêves. Bien des nuits ces années-là, quand il s’endormait, des formes féminines tentatrices se glissaient dans son lit, se collaient contre son corps et lui arrachaient des caresses. Il rêva ou pensa qu’il lui en avait coûté plus d’effort pour résister à ces fantômes qu’aux femmes en chair et en os et il se rappela qu’à l’instar des adolescents ou compagnons enfermés en prison de par le vaste monde, bien des fois il avait fait l’amour avec ces silhouettes impalpables que fabriquait son désir.
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Elle était rouge avec des yeux brillants et joyeux, et je sentais que je l'aimais beaucoup, j'étais heureux de me marier avec elle, et tandis que j'attendais qu'elle se lavât les mains et se peignât, dans la salle de bains commune de la galerie, je me jurais que nous ne serions pas comme tous les ménages que je connaissais, une autre calamité, mais que nous vivrions toujours heureux, et que le mariage ne m'empêcherait pas de devenir un jour écrivain. Tante Julia sortit enfin et nous nous dirigeâmes, main dans la main, à la mairie.
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Je crains pourtant, que le point de vue que nous allons étudier maintenant, aussi important que ceux-là, ne vous apparaisse moins accessible. Car nous entrons maintenant sur un terrain infiniment plus glissant que ceux de l'espace et du temps. Mais ne perdons pas de temps en préambules.
Pour commencer par le plus facile, une définition générale, disons que le point de vue du niveau de réalité est le rapport existant entre le niveau ou plan de réalité où se situe le narrateur et le niveau ou plan de réalité où s'écoule le récit. Dans ce cas, aussi, comme dans l'espace et le temps, les plans du narrateur et du récit peuvent coïncider ou être différents, et ce rapport déterminera des fictions différentes.
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L'un des mérites de son livre (celui de John Sturrock "Paper Tiger") est d'avoir échappé à la tentation à laquelle succombent maints critiques borgesiens : le fatras d'érudition. Borges a fait de la pédanterie culturelle ce que, d'après lui, les romanciers nord-américains ont fait de la brutalité : il l'a transformée en technique littéraire. Les références livresques intriquées, les allusions à des commentaires de commentaires, les exotiques auteurs, textes ou philosophies mentionnées au passage, comme négligemment, en sous-entendant, pour mieux nous accabler, qu'ils devraient être monnaie courante pour le commun des mortels, excepté l'analphabète ou l'idiot, sont dans les romans de Borges ce que sont les meubles et les objets dans les romans de Balzac, ou les châteaux dans ceux de Sade : le décor indispensable à l'action.
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Quand la réalité devient insupportable, la fiction est un refuge. C’est pour cela qu’existe la littérature, cette échappatoire des tristes, des nostalgiques et des rêveurs.
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- Il s'agenouille comme un chien et me baise les pieds, l'entendit-il s'écrier
d'une voix altérée par l'un de ces accès de fureur intempestif. L'amour n'a pas de frontières, dit-il. Le monde ne comprendrait pas. Le sang appelle le sang, dit-il. L'amour est l'amour, une avalanche qui entraîne tout sur son passage. Quand il dit cela, quand il fait ces choses, quand il pleure et me demande pardon, je le hais. Je voudrais qu'il lui arrive les pires choses.
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Je suis contre le mariage, lui dis-je de l'air le plus pédant que je pus. Je suis partisan de ce qu'on appelle l'amour libre, mais que, si nous étions honnêtes, nous devrions appeler, simplement, la copulation libre.
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Le geôlier se mit à rire. Il s’en alla pour revenir en exhibant depuis la porte une tête d’enfant qu’il tenait par les cheveux.

(Folio, p.491)
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L'artiste avait plaidé, avec feu, pour l'homme de la cinquantaine. L'âge de l'apogée cérébrale et de la force sensuelle, disait-il, l'expérience de la maturité. L'âge où l'on est le plus désiré des femmes et le plus redouté des hommes.

(page 76)
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Il doutait parfois de la transcendance, de Dieu, mais jamais de la fonction irremplaçable du catholicisme comme instrument de contention sociale des passions et des appétits ravageurs de la bête humaine.

(page 340)
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peu importe d'etre plagié ...les artistes nous ne travaillons pas pour la gloire , mais par l'amour pour l'homme.
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– Je parie que tu aimerais savoir ce que je fais ici tous les matins
et pourquoi je regarde la mer avec tant d’insistance, n’est-ce pas ?
Fonfon fit oui en hochant la tête plusieurs fois.
– Je viens voir si le navire des enfants apparaît, dit l’homme en indiquant l’étendue marine d’une main longue et mince, sillonnée de veines bleues transparentes.
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Une clarté faible, baignant les pierres de Notre-Dame. La masse semblait légère grâce à la symétrie parfaite de ses parties, qui s'équilibraient et se soutenait avec délicatesse, pour que rien ne se déboîtat ni se détachat. L'Histoire et la lumière tamisée chargeaient cette façade d'allusions et de résonances, d'images et de références. Il y avait beaucoup de touristes qui prenaient des photos. Était-ce la même cathédrale, cadre de tant de siècles d'histoire de France, la même qui avait inspirée à Victor Hugo son roman qui m'avait tant exalté quand je l'avais lu enfant à Mira Florès, chez ma tante Alberta ? C'était la même et une autre, lourde de mythologies et d'événements plus récents. Très belle, elle donnait une impression de stabilité et de permanence, et semblait avoir échappé à l'usure du temps.
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Tu es ma mante religieuse, tu ne le savais pas ? Une femme insecte qui dévore le mâle pendant qu'il lui fait l'amour. Il meurt heureux, apparemment. C'est tout à fait moi. Ne t'inquiète pas pour l'argent. Tu ne sais pas que je suis riche?
Elle s'accrocha à mon bras des deux mains.
- Tu n'es pas riche, mais un pauvre pitchounet, dit-elle furieuse. Si tu l'avais été, je ne serais allée ni à Cuba, ni à Londres, ni au Japon.
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Le Pérou ! Ahí estaba: inmenso, misterioso, verdegris, pobrísimo, riquísimo, antiguo, hermético. Era este paisaje lunar y las caras cobrizas, desabridas de las mujeres y hombres que los rodeaban. Impenetrables, la verdad.

Le Perou! Il était là : immense, mystérieux, vert de gris, très pauvre, très riche, ancien, hermétique. C' était ce paysage lunaire et les visages cuivrés, maussades des femmes et des hommes qui les entouraient. Impenetrables, á dire vrai.
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"Ainsi le mal était le fils de la liberté, une création humaine"
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