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Citations de Maryse Condé (340)


Je hurlai et plus je hurlais, plus j’éprouvais le désir de hurler. De hurler ma
souffrance, ma révolte, mon impuissante colère. Quel était ce monde qui avait
fait de moi une esclave, une orpheline, une paria ? Quel était ce monde qui
me séparait des miens ? Qui m’obligeait à vivre parmi des gens qui ne
parlaient pas ma langue, qui ne partageaient pas ma religion, dans un pays
malgracieux, peu avenant ?
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Complainte pour mon enfant perdu :
La pierre de lune est tombée dans l'eau
Dans l'eau de la rivière
Et mes doigts n'ont pu la repêcher,
Pauvre de moi !
Assise sur la roche au bord de la rivière
Je pleurais et me lamentais.
Oh ! pierre douce et brillante,
Tu luis au fond de l'eau.
Le chasseur vint à passer.
Avec ses flèches et son carquois
Belle, Belle, pourquoi pleures-tu ?
Je pleure car ma pierre de lune
Gît au fond de l'eau.
Belle, belle,si ce n'est que cela,
Je vais t'aider.
Mais le chasseur plongea et se noya.
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Je n'appréciais pas les enterrements de malheureux, ceux qu'une poignée de fidèles accompagne à leur dernière demeure, sans fleurs ni couronnes. Je n'aimais que les enterrements qui étalent l'opulence de ceux qui désormais ne possèdent plus rien.
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"Sans nous, que serait le monde ? Hein ?que serait-il ? Les hommes nous haïssent et pourtant nous leur donnons les outils sans lesquels leur vie serait triste et bornée.Grâce à nous, ils peuvent modifier le présent, parfois lire dans l'avenir. Grâce à nous, ils peuvent espérer. Tituba, nous sommes le sel de la terre."
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La mer, c'est elle qui m'a guérie.
Sa grande main humide en travers de mon front. Sa vapeur dans mes narines. Sa potion amère sur mes lèvres. Peu à peu, je recollais les morceaux de mon être. Peu à peu, je me reprenais à espérer.
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Pour une esclave, la maternité n'est pas un bonheur. Elle revient à expulser dans un monde de servitude et d'abjection, un petit innocent dont il lui sera impossible de changer la destinée.
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- Qu'est-ce qu'on va faire de nos vie ? de quoi allons-nous rêver pour oublier que les moustiques nous pompent le sang, que les vers et les chenilles nous rongent jusqu'à l'os, que le soleil et la pluie nous mettent à blanchir comme un linge ?
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J’avais complètement oublié tous les tours que Frédéric m’avait joués et même que deux jours plus tôt, il avait voulu m’enivrer avec de l’alcool mexicain. Tout cela faisait partie d’une ancienne vie, brumeuse et lointaine, car il me semblait que ma vie serait désormais divisée en deux parties. Avant Hugo, après Hugo.
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Il y avait cependant une chose que j'ignorais : la méchanceté est un don reçu en naissant. Il ne s'acquiert pas. C eux d'entre nous qui ne sont pas venus au monde, armés d'ergots et de crocs, partent perdants dans tous les combats.
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Mais le bonheur n'est jamais qu'une parenthèse dans l'océan sans mesure du malheur.
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Pourtant, le spectacle de toute cette misère ne découragea pas Rose-Aimée. Au contraire. Elle sentait naître en elle une volonté toute neuve. La vie, c’est comme une bête qu’il faut dompter. Il faut bander ses muscles comme un pêcheur mettant à l’eau une pirogue rétive. A tout moment, la lame risque de la submerger, de l’emporter. Néanmoins il tient bon.
(p. 62, Chapitre 4, “Un patron terrifiant”).
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À un angle de rues, un bar ouvert, rempli d'audacieux plus soucieux du bon goût de leur rhum agricole que de leur sécurité. (p. 159)
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Une marina, c'est un peu comme la bouche d'une belle. Si la gencive est désertée, si des incisives, des canines ou des molaires manquent, déchaussées, avariées, arrachées, cette absence ne passe pas inaperçue et l'onde qui bouche le trou fait office de pierre tombale. Dans cette caverne édentée qu'était devenue la marina de la Messagerie, Boris ne s'aperçut pas aussitôt de l'absence de La Belle Créole.
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Malobali avait beau lui répéter que c'était la coutume en pays bambara, que Nya sa mère, à la mort de Dousika, avait été donnée à son frère cadet Diemogo pour le plus grand bien de la communauté, Romana croyait flairer en tout cela comme un parfum d'inceste.
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On avait évalué son pesant de chair, compté ses dents, mesuré son pénis, tâté ses biceps. Il n'avait plus rang d'homme.
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« En fin de compte, il retourna à la vie puisque celle-ci est toujours la plus forte. »
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La misère n’est pas douce. Lan mizè pa dou, ho.C’est ce que dit une chanson de chez nous et crois-moi, c’est la vérité ! Depuis que je suis tout petit, je me lève et je me couche avec elle. C’est ma compagne la plus fidèle, elle ne m’a jamais laissé en paix un seul jour.
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Les morts ne meurent que s’ils meurent dans nos cœurs. Ils vivent si nous les chérissons, si nous honorons leur mémoire, si nous posons sur leurs tombes les mets qui de leur vivant ont eu leurs préférences, si à intervalles réguliers nous nous recueillons pour communier dans leur souvenir.
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Au début de l’après-midi, un homme vint la voir, tel que je n’en avais
jamais rencontré dans les rues de Bridgetown, ni nulle part ailleurs, à dire
vrai ! Grand, très grand, vêtu de noir de la tête aux pieds, le teint d’un blanc crayeux. Comme il s’apprêtait à monter l’escalier, ses yeux se posèrent sur moi, debout dans le demi-jour avec mon balai et mon seau et je manquai tomber à la renverse. J’ai déjà beaucoup parlé du regard de Susanna Endicott. Mais là ! Imaginez des prunelles verdâtres et froides, astucieuses et retorses, créant le mal parce qu’elles le voyaient partout. C’était comme si on se trouvait en face d’un serpent ou de quelque reptile méchant, malfaisant. J’en fus tout de suite convaincue, ce Malin dont on nous rebattait les oreilles ne devait pas dévisager autrement les individus qu’il désirait égarer puis perdre.
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Quand, dix fois par jour, par le menu et le détail, ma mère me faisait le récit des incidents bien ordinaires qui avaient précédé ma naissance, ni éclipse de lune ou de soleil, ni chevauchements d 'astres dans le ciel, ni tremblements de terre, ni cyclones, j'étais toute petite, assise contre elle, sur ses genoux. Rien ne me faisait comprendre pourquoi je n'étais pas restée à l'intérieur de son ventre. Les couleurs et les lumières du monde autour de moi ne me consolaient pas de l'opacité où, neuf mois durant, j'avais circulé, aveugle et bienheureuse avec mes nageoires de poisson-chat. Je n'avais qu'une seule envie: retourner là d'où j'étais venue et, ainsi, retrouver un bonheur que, je le savais, je ne goûterais plus.
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