Ce quatrième tome de cette série « napoléonienne » suit deux axes.
D’un côté le désarroi et l’incompréhension du fils du lieutenant Godart, qui vient de mourir. Qui était vraiment ce père qu’il n’a quasiment pas connu ? Pourquoi parlait-il tout le temps de la grande armée ? Que contiennent les cahiers qu’il a laissé ?
De l’autre, les dernières descriptions de guerre de Godart en 1812 d’où ressortent l’immensité russe, l’âpreté des batailles (avec de superbes dessins, dont une magnifique double page), et la folie d’un chef cosaque, tortionnaire poli et chasseur sadique.
Un album un peu simple, avec encore une fois une superbe reconstitution historique.
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Suite du séjour polonais du 2éme chasseur pendant les campagnes napoléoniennes, un groupe de forts en gueule qui multiplie les provocations et les défis au sabre stériles en l'absence de combat immédiat. Et pourtant à quelque distance de leur base, loups, et humains se camouflant sous ce déguisement, sèment la terreur. Face aux attaques, la population civile menée par une vieille exaltée s'en prend aux juifs du coin.
Ces aventures du brigadier ferrier Marcel Godart et de ses compagnons constituent une belle reconstitution historique, portée par le dessin précis de Alexander. Dommage toutefois que le fond de l'intrigue de ce tome ne soit pas plus prenant.
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Nous remercions les Editions Delcourt qui, dans le cadre d'un partenariat avec Babélio, nous ont gracieusement offert ce tome 3 de la série de Claude Dufranne, Alexis Alexander et Jean-Paul Fernandez.
L'album cartonné est superbe, solide, avec un titre alléchant, surtout pour les fondus de l'épopée napoléonienne : "1809 / Voir Vienne ou Mourir !" Si l'on excepte cette couverture justement, les couleurs sont pourtant sombres - le sang lui-même est sombre dans cette histoire - à l'image de l'intrigue.
Une intrigue qui démarre quarante ans après les faits sur laquelle elle se fonde : un double assassinat - celui d'un médecin-major et d'une jeune infirmière - dans un campement français, lors de la guerre que Napoléon Ier mena en Autriche.
Le héros, Marcel Godart, vétéran des guerres napoléoniennes, s'invite chez un médecin par une nuit d'orage pour lui raconter une histoire que tous deux ont vécue, après la bataille d'Abensberg, laquelle fut décisive pour la campagne d'Autriche.
Il y a beaucoup de flash-backs, de multiples scènes d'engagements entre les armées ennemies et une multitude de cadavres sur le champ de bataille. Mais à l'arrière, alors que les troupes pansent leurs plaies respectives, la Mort se tient encore là, entre les mains d'un membre du Service médical français.
Cadrages-choc, un sens du mouvement remarquable pour le dessin et, côté scénario, l'art du lugubre sanglant, le tout servi par des couleurs sombres qu'éclaire à peine un sang trop brun, cette histoire de vengeance se lit bien et, chose rare (à mon avis) pour un récit de ce type traité en BD, on ne la lâche pas d'ici à ce que survienne la fin.
Il paraît qu'il y a dix tomes : alors, n'hésitez pas à vous en procurer au moins un pour vous faire votre opinion. ;o)
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Andreas, berlinois, talentueux dessinateur de publicités et homosexuel, a tout pour être heureux jusqu'au renforcement des lois discriminantes.
Lorsque son arrière-petit-fils lui rend visite pour en savoir plus sur son passé dans les camps, cela réveillera en lui un passé douloureux qu'il préférerait oublier malgré le devoir de mémoire.
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Un roman graphique intéressant sur un sujet peu traité, avec l'utilisation de la couleur pour le présent et le noir et blanc pour le passé.
J'ai trouvé un peu long le passage sur sa vie de jeunesse insouciante.
J'ai été étonnée que cette loi ait duré si longtemps pour n'être abolie qu'en 1994.
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Un peu de tout (comme les fromages belges) dans cette anthologie. Des nouvelles passionnantes, d’autres glaçantes, d’autres encore souriantes et puis deux ou trois vraiment pas terribles.
Mais dans toutes, ce point commun : Bruxelles ! Parfois entité vivante ou presque; la ville fait partie intégrante de chaque récit.
On retrouve des auteurs connus (Barbara Abel, Paul Colize) et d’autres à connaître. Leurs sujets sont variés, allant des Tueurs du Brabant à la fête de l’Aïd en passant par les bavures policières et la quête de sens de l’occupant du Château de Laeken…
Varié et globalement agréable, j’aurais tendance à conseiller ce recueil très belge et plus encore bruxellois.
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La Bédéthèque, référence en matière de BD, signale "série en cours". Lucius est le second tome de la série. Il date de 2008. On peut, malgré ce qu'en dit la Bédéthèque et ce que laisse suggérer la dernière page du tome qui nous dit "fin de l'épisode", que nous ne connaîtront jamais la fin des aventures d'Astraban, jeune alchimiste doué mais manquant de jugeotte.
Dans le tome 1, il s'acoquine avec un ponte de la mafia. Dans ce tome 2, il se fait expulser par ce ponte, qui poursuit un grand dessein, et se fait recruter par un mafieux encore moins fréquentable que le précédent. Il compose des potions de force et de ce style pour booster l'équipe de ce malfrat dans les arènes. Les jeux du cirque sont une sorte de Blood Bowl, pour celles et ceux qui connaissent ce passe-temps issu des jeux de rôle. Rappelons que Michel Dufranne, aka Miroslav Dragan, est concepteur et grand fan de JdR.
Le tome fait globalement flop. Cela manque de netteté dans le scénario. On ne sait finalement plus trop où on va. Le découpage des événements n'est pas convaincant. L'enchaînement des rebondissements idem. Les personnages sont difficiles à cerner. On oscille entre Titi et Grominet pour l'humour et la baston la plus totale. Le final arrive et on n'y croit guère. Bref, je n'ai pas trouvé ma place dans ce naufrage, qu'Oscar Martin n'arrive pas à sauver. Et pourtant je suis fan du dessinateur. A oublier, à éviter.
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Astraban est un jeune alchimiste. L'avenir lui tend les bras. Il fête cela dans une taverne. Mais en sortant il voit une jeune fille se faire agresser. N'écoutant que son courage, Astraban vole au secours de la donzelle. Mais le lendemain, les séides de la veille l'ont retrouvé et veulent de nouveau lui faire la peau. Il s'échappe de justesse. Mais c'est pour se rendre compte que le feu a été bouté à sa maison.
Il apprend que la jeune femme est la fille d'un puissant chef mafieux de la ville, le Comte Braezel. Celui-ci, pour s'attirer les services d'Astraban, ne recule devant aucune machination. Il orchestre la fausse mort d'Astraban, et fait assassiner les propres parents du jeune alchimiste. Celui-ci, pour se venger, rentre dans l'engrenage du racket organisé par Braezel. Mais la guerre des gangs monte d'un ton suite à une tentative d'assassinat sur Lyndia, la fille de Braezel, dont Astraban est -évidemment- tombé amoureux.
La BD date de 2006, Oscar Martin n'est pas encore au sommet de son art (comme on le voit à présent dans la série Solo). Mais on devine clairement tout son potentiel graphique. Les expressions, les mouvements... tout cela est plutôt bien rendu. Le tome prend l'eau au niveau du scénario de Michel Dufranne, assez peu original finalement et relativement mal découpé, ce qui qui fait que l'on s'ennuie parfois et qu'à d'autres moments, tout se précipite de manière un peu chaotique. Peu mieux faire.
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Quand Apolline est utilisée au quotidien pour se qu’elle représente, une jolie fleur dans une peau de femme, la jeune fille commence à s’intéresser aux actions des Femen. Les propos des collègues, des amis, de la mère l’incitent à marquer le pas : elle prend rendez-vous pour une rencontre. De celle-ci naîtra Sophie…
De l’intérieur, le regard est différent ! Mais que se passe-t-il quand l’extérieur prend conscience du phénomène ?
Le scénario, bien documenté, permet d’avoir sa propre vision. Il est dommage que le graphisme soit léger, limite pour les ados.
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Cette bande-dessinée aborde le sujet des « triangle rose », les homosexuels sous le régime nazi. J’ai eu un peu de mal avec le dessin des premières pages retraçant l’époque actuelle mais le dessinateur ne s’y attarde pas et on est très vite plongé dans les années 1930 et 1940. On suit le parcours d’Andreas, dessinateur et publicitaire dans la période troublée de la monté du nazisme puis de la Deuxième Guerre mondiale qu’il vivra dans les camps de concentration.
A travers cette BD, c’est le sort trop longtemps oublié de milliers d’homosexuels européens traqués pendant ces années noires et qui pour la plupart n’ont pas vu leur martyr reconnu de leur vivant. Dans ces pages, on voit surtout le cheminement qui dans les années 1930 mena à la barbarie et comment une communauté fut stigmatisée et jetée dans les camps pour y être détruite.
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La première guerre mondiale a beau, comme son nom l’indique, être mondiale, les récits que l’on trouve en France sur cette guerre tournent toujours autour des mêmes événements, lieux et acteurs. J’ai vraiment apprécié changer de point de vue et apprendre des choses sur un front délaissé par mes cours d’histoire et lectures personnelles. Les relations franco-serbes à cette période m’étaient inconnues et c’est avec plaisir que j’ai complété mes connaissances ou plutôt commencé à les compléter grâce à cet ouvrage.
L’ombre d’antan est un recueil de BD avec très instructif. Il est composé d’une préface, d’un dossier historique, de photos d’archives et de 14 histoires sous forme graphique créés par 14 duos le plus souvent associant un scénariste et un dessinateur dont l’un est français et l’autre serbe.
L’information qui m’a le plus marquée est le biais donné par les chiffres habituellement présentés. Pour ce conflit, on présente des chiffres et pourcentages correspondants au nombre de morts par rapport à la population militaires engagées et non par rapport à la population globale. Et bien que les pertes soient dans tous les cas impressionnantes, la mise en perspective diffère. 18% des soldats français correspond à 4% de la population globale alors imaginez pour la Serbie on monte à 28% de la population.
Niveau BD, les styles et choix de sujets sont très variés ce qui permet à chacun de trouver un style et/ou un sujet qui peut lui convenir. Pour ma part, j’ai été particulièrement sensible aux style de Drazen Kovacevic, de Dobbs, de Darko Stojanovic et d’Aleksa Gajic. J’irai regardé le reste de leur production. Du point de vue des thématiques, il y a un bel équilibre entre ceux commun à tous les fronts et toutes les nations engagées, ceux plus spécifiques à la Serbie et même des points moins connus toujours d’autres nations. Pour ce qui est assez « universel », on trouvera les débuts de l’utilisation des sous-marins et des avions, les « fusilier pour l’exemple », la superstition, la création de binôme improbable (chat/homme) ou la réception de l’avis de décès post-armistice. Pour ce qui est lié à l’histoire serbe, on trouve les questionnements sur le fait d’organiser ou non une retraite générale, la fuite de la population à travers l’Albanie et les attaques subies, les mises à sac, assassinats et viols des villages de civils et l’hymne de guerre serbe.
Pour les points moins connus, il est question de la rébellion des russes du front de l’ouest et des engagés australiens.
Chaque histoire m’a intéressée. Chacune arrive à jouer avec nos émotions avec un équilibre juste. Un des points que j’ai préféré est la nuance mise sur le camp adverse. Les Allemands et leurs alliés ne sont pas décrits comme un monobloc de gens immondes. Dans les deux camps, combattaient des personnes qui n’ont pas choisis d’être là et font ce qu’ils peuvent pour survivre sans perdre trop d’humanité. Je vais conclure avec l’histoire qui m’a probablement le plus plu. On a un récit plus bisounours qui parle d’un message trouvé dans un casque qui a sauvé la vie du soldat qui le portait. Avoir un récit plus léger et positif m’a fait plaisir car dans toute cette horreur il est facile d’oublier que certains s’en sont sortis.
Je vous recommande cet ouvrage qui a marqué ma fin d’année de lectrice.
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Les femens sont un groupe de féministes tout aussi célèbre que mal connu, j'en savais ce que les médias voulaient bien raconter jusqu'à ce que j'en rencontre une qui m'a donné une toute autre version de l'histoire et, surtout, elle m'a expliqué ce qui les anime, leurs revendications, ce qu'elles ont déjà obtenu, la sororité, la colère. Je devais avoir 23 ans à l'époque et j'avais été intimidé par la force de cette femme qui me parlait de ses combats.
Quelques années plus tard, je tombe sur cette BD et forcément ça m'a attiré, le féminisme fait aujourd'hui parti de mon quotidien et plus j'en apprends plus j'ai envie de me lancer dans la lutte de terrain, cette BD raconte comment ça se passe quand on intègre une association et tout particulièrement les femens : les sacrifices, l'entrainement mais aussi tout ce qu'on y gagne à devenir plus forte. C'est une très jolie BD qui met en valeur et redonne sa juste place à leurs combats, j'ai adoré.
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Lorsque l’on pense aux camps de concentration et aux minorités qui ont été brutalisés par les Nazis, on oublie souvent qu’il n’y a pas eu uniquement les juifs, les communistes et les opposants au régime.
Voici un ouvrage qui revient sur les homosexuels vivant en Allemagne lors de l’accession au pouvoir des Hitler.
Une BD « témoignage » qui ne s’attarde pas tant sur la période des camps mais décrit l’évolution de la répression des Nazis mais également la continué de la souffrance de cette communauté encore après la guerre.
L’auteur ne choisi pas de montrer l’horreur des camps mais plutôt de faire un devoir de mémoire sur la condition homosexuelle de l’époque.
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Tout a déjà été dit par mes prédécesseurs. J’ajoute simplement que, pour moi, il est évident que le vieil Andreas n’a rien raconté aux lycéens venus lui poser des questions. Il s’est renfermé sur lui-même et c’est dans ses pensées que le récit nous entraîne, l’entrée en matière n’étant là que pour montrer l’impossibilité de partager un passé aussi lourd. Que ce soit parce qu’il n’y a pas de mots assez forts ou parce qu’après tant de désillusions et de souffrances, on ne veut plus prendre de risque.
Personnellement, j’ai trouvé les dessins plutôt moches. La grande Histoire l’est bien plus encore et publier cette BD était diablement nécessaire. Si l’enfermement en camps de concentration des homosexuels pendant la 2e guerre mondiale a fini par arriver aux oreilles de presque tous, l’avant et surtout l’après sont massivement ignorés.
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Le colLectionneur, 2 tomes, c'est un accès intimiste au plus grand fan de Navis, fou amoureux, il l'observe, l'épie, dissèque ses moindres mouvements pour mieux la connaître et la saisir faute de mieux, elle reste pour lui une enigme insoluble...alors il compile chaque faits et gestes, chaque tenue, coiffure, objets....tout ce qui peut lui révéler Navis...
Collection privée qui nous révèle quelques trésors et révélations sur cette créature..et qui n'a jamais voulu entrer partager les faveurs et pièces inédites d'une collection privée ? On est gâté, de jolies pièces et découvertes, que je revisite régulièrement, je me sens alors toute privilégiée et complice d'Atsukau ...
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Ce recueil rassemble 13 nouvelles rédigées par 13 auteurs de polars, belges ou vivant à Bruxelles. Chacun a choisi de situer le cœur de son récit dans un quartier bruxellois, lui donnant, ou pas, un rôle à part entière. Il suffit de se laisser guider à travers les rues de la capitale, les moins connues, les moins arpentées par les touristes, mais les plus vraies. Ces nouvelles originales dans le fond et la forme nous offrent une diversité de regards sur Bruxelles qui ne peuvent que nous la faire aimer.
Certaines histoires sont assez noires, inspirées de notre passé douloureux et tragique. (Comme Dédales de Katia Lanero Zamora ou L’ombre de la tour d’Emilie de Béco) D’autres mêlent réalité et fiction ou nous font découvrir un quartier populaire au parlé savoureux. Chacune porte la marque de son auteur, de sa plume si particulière mais aussi de l’autodérision et du surréalisme dont seuls sont capables les Belges. Et cela rend le recueil particulièrement riche et intéressant.
Sous la houlette de Michel Dufranne, critique littéraire bien connu et scénariste de bande dessinée, les treize auteurs abordent des thèmes variés et d’actualité comme l’immigration, les OGM, la drogue ou encore l’affaire Dutroux ou celle des Tueurs du Brabant.
De Paul Colize à Jean-Luc Cornette, ce recueil nous entraine en eaux troubles pour notre plus grand plaisir. Je suis heureuse d’avoir lu Katia Lanero Zamora dans un autre genre et je peux dire que le polar lui va bien et d’avoir découvert de nouveaux auteurs comme Sara Doke ou Kenan Gorgün. J’ai quasiment tout aimé mais je ferai une mention spéciale pour « L’apiculteur » qui clôture ce recueil. Une nouvelle irrésistible de Cornette mêlant famille royale et peuple de manière étonnante. Un humour décalé comme on l’aime chez nous.
Citons encore Barbara Abel, Nadine Monfils, Patrick Delperdange, Ayerdhal, Bob van Laerhoven, Alfredo Noriega et Edgar Kosma qui rivalisent eux aussi de talent pour notre plus grand plaisir.
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