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Critiques de Michel Moutot (184)
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Ciel d'acier

Ciel d'acier





Excellent récit romancé, pour lequel je remercie Babelio et les éditions Points de m'avoir accordé leur confiance.



Pour résumer en deux mots, il est question des tours jumelles, celles qu'un fanatisme aveugle et inhumain a détruit et avec elles fait disparaître quelques trois mille personnes qui n'avaient rien demandé.

Mais c'est aussi l'histoire de ces sacrés petits gars qui les ont construites, elles et tous les autres monuments de verre et d'acier qui sont de nos jours l'apanage de tous les centres villes des mégalopoles. Pas n'importe lesquels : on sait que nombre d'Irlandais ont participé à ces chantiers du début du vingtième siècle : ici ce sont les indiens mohawks, qui descendaient du Canada pour assurer des revenus confortables à leurs familles, restées au pays.



John Laliberté assiste en direct à la catastrophe. S'il s'inscrit d'emblée sur la liste des volontaires pour le déblaiement, ce n'est pas seulement parce qu'il fait partie de cette corporation pour qui les buildings sont leurs oeuvres, c'est aussi pour tenter de retrouver l'outil de son père , mort sur le chantier et que ses collègues avaient caché.



Pour ces ouvriers, c' était une joie, un honneur d'être embauché sur le chantier des ces tours construites comme on ne l'avait jamais fait.C'est avec amusement qu'ils laissent se perpétuer la légende qu'on se garde de contredire mais qui se transmet comme une bonne blague : eh oui, les indiens ressentent aussi le vertige, c'est la volonté puis l'habitude qui les rend aussi téméraires sur les poutres de métal. Au risque d'y laisser la vie (le focus sur les conditions de travail des ouvriers est assez édifiant).



Si la construction des tours constitue une part non négligeable du récit, le drame qui les a détruites est tout aussi importante. Bien sûr, on a tous vu ce nuage de poussière s'élevant devant nos yeux incrédules, diffusé en direct sur tous les écrans du monde. Mais au delà des chiffres qui chaque jour évaluaient le nombre de victimes à la hausse et que l'espoir de retrouver des survivants s'amenuisait (et l'on sait maintenant à quel point il était vain), qu'a-t-on su de l'enfer de ceux qui ont déblayé les décombres : neufs mois d'horreur, d'exposition à de multiples dangers, des inhalations de toxiques au risque d'effondrement, avec en filigrane la découverte permanente de restes humains.



Ce premier roman a de nombreuses qualités : une écriture simple et claire, une alternance des époques qui le rend vivant (au risque cependant de parfois créer la confusion pour identifier les générations), un intérêt pédagogique certain et une charge émotionnelle que les vingt-cinq ans passés n'ont pas estompée.



Challenge pavés 2016-2017












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Route One

Vous avez toujours tripé sur la Route 66, rêvé d'enfourcher votre Harley,

votre tondeuse à gazon ou votre motobécane pour tracer le bitume à la conquête de l'Ouest et du rêve Américain mais en réfléchissant, vous trouvez que ce n'est pas très original. Alors pourquoi ne pas jeter votre dévolu sur une route bis, la sublime route 1 qui longe toute la cote Est, vue sur le Pacifique garantie !

Michel Moutot vous fait revivre  la naissance de cette autre route mythique. Construite dans les années 30, elle relie San Francisco à Los Angeles. Et je peux vous dire sans trop en dévoiler que sa construction n'a pas été du gâteau. Son bouquin commence sur les chapeaux de roue. du haut du rocher de Big Sur, avec une vue  panoramique plongeante sur l'océan pacifique,  Hyrum Rock, un Mormon polygame marmonne qu'il n'a pas du tout envie que cette satanée route traverse son havre de paix. Mais des hommes et des engins de construction, emmenés par Wilbur Tremblay, un tout jeune ingénieur,  s'approchent à pas de géant. le choc risque d'être terrible...

A travers  Route one, Michel Moutot a réussi à nous retracer l'Amérique des années 30, celle des chantiers titanesques mais aussi de la Grande dépression à la Steinbeck en n'oubliant pas d'y inclure la main mise de la mafia. Méfiant au départ du trajet qui aurait pu être tape à l'oeil, je me suis finalement laissé guider par la plume fluide de Michel Moulot. le spectacle en valait la peine. Au final, Route one, c'est un bon road trip.

Je remercie Babelio, Masse critique et les éditions du Seuil pour la découverte.
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Ciel d'acier

Ciel d'Acier, roman polyphonique palpitant et instructif, vous convie à un festin de roi.

Celui de la tribu des indiens Mohawk sur plusieurs générations.



De tout temps, ils ont été perçus comme des bâtisseurs de grand talent.

Prétendument insensibles au vertige qu'ils éradiquaient à grandes lampées d'alcool, ces travailleurs hors norme constituèrent une main d'oeuvre de premier choix dans l'élaboration de monuments vertigineux.



Premier roman pour Michel Moutot, le résultat force le respect.

Mêlant habilement histoire contemporaine avec celle de la tribu des Mohawks, il revisite un siècle de gigantisme industriel tout en évoquant les tragédies et les hauts faits d'arme qui auront forgé le destin de ce peuple d'édificateurs.

De l'effondrement du pont de Québec de 1907 à celui du World Trade Center en passant par l'élaboration de l'Empire State Building et de la Liberty Tower, l'auteur s'appuie sur des personnages fictifs ayant traversé des situations ancrées dans le réel.



Passionnant de par la personnalité affichée de ses protagonistes, Ciel d'Acier l'est tout autant lorsqu'il fait montre d'une pédagogie historique captivante.

Notamment en évoquant l'après 11 septembre et ses particularismes aussi peinants que surprenants.

C'est avec stupeur que j'ai ainsi découvert qu'un corps pouvait, sous l'effet d'une pression gigantesque subie, tout bonnement s'évaporer.

Bon nombre de sauveteurs, au contact d'air vicié, développeront, par la suite, un cancer alors qu'aux dires de Juliani, ancien maire de NY, la qualité de l'oxygène était de première bourre.

Les anecdotes pullulent, égrenées au rythme des travaux gargantuesques de ces ironworker qui auront, ainsi, largement contribué à la construction d'une Amérique alors en pleine mutation.

Le saviez-vous, les jours suivant le 11 septembre, les chiens secouristes déprimaient à force de ne trouver que des cadavres c'est pourquoi les sauveteurs usaient de subterfuges en leur faisant découvrir de faux accidentés afin qu'ils recouvrent le moral !



Héros des temps modernes, certes, mais peuple qui aura payé un lourd tribut en son temps.

L'effondrement du pont de Québec, en 1907, est encore dans toutes les mémoires, en tout cas les leurs.

Une structure qui s'affaisse, un ingénieur, Théodore Cooper, quelque peu incompétent et ce sont 76 victimes dont 33 Mohawks qui le payeront de leur vie, décimant alors cette tribu généreusement pourvoyeuse d'ouvriers hors norme. Par la suite, il sera décrété que les Mohawks devront alors travailler sur des chantiers distincts afin d'éviter toute nouvelle hécatombe.



Si le travail d'Historien fascine, celui évoquant ce dur labeur magnétise itou.

Libres, tel est leur leitmotiv atavique, toujours d'actualité.

Se jouant de la gravitation tel l'homme-oiseau, l'ironworker répond à une tradition ancestrale continuellement perpétuée.



Us et coutumes (souder ses outils dans l'ossature metallique de la construction) parsèment généreusement cet ouvrage, apportant une réelle valeur ajoutée.



Il y aurait tant à dire sur ce roman magistral.

Le mieux est encore de s'y plonger corps et âme au rythme lancinant de ces intrépides et infatigables conquérants.
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Route One

Michel Moutot est un véritable conteur.

Un passeur éclairé au verbe à la fois didactique et hyper plaisant.

Ciel d'acier était déjà une révélation.

Route One vient ici confirmer cet état de fait.



Menu du jour, la construction chaotique d'une route aujourd'hui mythique traçant son sillon de la Californie du Sud aux confins du Canada.

Un jeune ingénieur, Wilbur Tremblay, bourré de talent, pour mener à bien ce projet dantesque.

Un ennemi déterminé, Hyrum Rock, mormon polygame, qui voit d'un très mauvais oeil ce chantier appelé à balafrer ses terres ancestrales et accessoirement fouler d'un pied rageur (si tant qu'une route en posséda) ses secrets les plus inavouables.



Si le récit apparaît foutraque en se baladant d'une époque à une autre sans la moindre logique, il n'en demeure pas moins parfaitement lisible.



Michel Moutot convoque ainsi passé et présent pour évoquer un monde en perdition.

Tout comme dans Ciel d'acier, il fait la part belle à ces forçats du boulot. Ces travailleurs avides de lendemains qui chantent mais qui n'y laisseront, au final, que de la sueur, des larmes et du sang. du Steinbeck dans le texte.

Mais c'est également le déclin d'un monde autrefois libre de toute entrave au profit d'un bouleversement économique et sociétal qui avance à grands pas.

Et la tendresse, bordel, me direz-vous ?

Il y en a.

Discrète, pudique, belle comme un lever de soleil que l'on attendait pas.



Michel Moutot aura su, de manière éclatante, allier fiction et réalité historique pour le plus grand panard d'un lecteur définitivement accro à sa plume ensorceleuse et son style éminemment attrayant.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Seuil pour l'ivresse de cette balade.
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Ciel d'acier

Un livre coup de poing, un livre magistral ! Dans le premier chapitre titré : New York City, le 12 septembre 2001, John LaLiberté découpe, au chalumeau, les poutres d'acier pour dégager des passages pour les pompiers et les policiers à la recherche des victimes. Tout de suite plongée dans la terrible réalité de l'attentat du 11 septembre des Twin Towers, je ne peux retenir mes larmes. Michel Moutot raconte comment la légende qui prétend que les ironworkers n'éprouvent pas le vertige est née en juin 1886 lors de la construction d'un pont métallique qui enjambe le Saint-Laurent. Dans Ciel d'acier, Michel Moutot m'a baladée d'une époque à l'autre, les titres des chapitres révèlent le lieu et le mois pendant lesquels se déroulent les actions, plus précisément l'on passe de 2001 à 1886 ensuite 1968, 2001, 1886, 1970, 2001, 1885, 1970, 2001, 1907, 2001, 1907, 2011, 2001, 1908, 2011, 2001, 2001, 2002, 2002, 2003, 2005 et pour terminer le 1er septembre 2012. Ciel d'acier c'est autant une saga familiale, la famille LaLiberté, que l'histoire de la tribu des Mohawks, indiens canadiens, dont les ironworkes sont les plus réputés. Le fait de passer d'une époque à l'autre m'a permis de gérer mes émotions. John LaLiberté est présent dès le premier jour de l'attentat jusqu'à la construction du One World Trade Center, la Liberty Tower ; son père, Jack dit Tool, le seul ironworker décédé pendant la construction du World Trade Center, au sommet duquel il a été frappé par la foudre avait, un jour, emmené John, adolescent, au sommet des Tours jumelles.

Michel Moutot a reçu le prix Louis-Hachette pour sa couverture des attentats du 11 septembre ; ce roman rend hommage aux victimes et à tous ceux qui ont travaillé sans relâche à la recherche de celles-ci. Belle écriture.



Challenge Atout prix 2017 – Prix Gironde, nouvelles écritures 2015

Grand Prix 2016 – Meilleur Roman des lecteurs de Points

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Route One

C’est une vue célèbre, dont aucune série ou film se déroulant en Californie ne se prive : cette route qui suit les escarpements rocheux au ras de la côte. C’était un projet ambitieux, au temps des grands travaux dans une Amérique sûre de son fait, ignorant encore la catastrophe imminente qui allait ébranler une économie fragile.

Il n’en reste pas moins que ce chantier a vu le jour, provoquant des drames, des pertes humaines liées à l’absence d’anticipation des dangers. Les propriétaires de terrain sur le trajet n’ont pas non plus le choix. Malgré tout la coalition des Rock, une famille mormone, lutte par tous les moyens pour protéger son pré carré, et pour cause, la mine d’or qu’elle y exploite discrètement risque fort de disparaitre avec les travaux.



On suit en parallèle, ou tout au moins en décalé, le destin du jeune Wilbur Tremblay, orphelin brillant que son adoption par un couple aimant a tiré d’affaire. C’est un ingénieur doué et c’est à lui que l’on doit l’achèvement de cette route.





La construction du roman est très décousue, on passe d’une époque à l’autre sans grand logique, il faut donc un peu de temps pour se repérer, et remettre les personnages dans leur contexte. Je ne vois pas l’utilité d’un tel procédé, hormis celle une tendance qui se généralise. Ce n’est pas le plus confortable pour le lecteur.



L’histoire n’en est pas moins passionnante, pour ce qu’elle raconte des vies de pionniers et des aléas du développement des Etats -Unis. Las Vegas n’est qu’un petit village qui vit déjà des revenus des tripots et de la prostitution, faisant fi des lois de prohibition. La mafia oeuvre avec beaucoup de persuasion.





Hormis la construction du roman déroutante, j’ai vraiment beaucoup aimé cette tranche d’histoire américaine.



Merci à Babelio et aux éditions du Seuil



320 pages Seuil 6 mai 2022

Masse critique babelio
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Route One

Le rancher, l'ingénieur et la mafia



L’épopée constituée par la construction de la California State Route One donne à Michel Moutot l’occasion de nous offrir un nouveau formidable roman. Derrière cette page d’histoire, l’auteur de L’America retrouve des hommes ambitieux, la mafia, l’amour et la mort.



Disons-le d'emblée. C'est une fois encore une réussite totale, un gros coup de cœur. Après nous avoir enchanté avec Ciel d'acier, son premier roman qui racontait l'édification des gratte-ciels de New York, puis avoir récidivé avec Séquoias et L'America, le roman de l'émigration, de la Nouvelle-Orléans à la Californie, voici donc son quatrième roman américain. Il nous entraine cette fois au sortir de la Première Guerre mondiale, toujours sur la côte ouest.

Les premiers chapitres nous permettant de découvrir les personnages qui vont se croiser plus tard à des époques différentes de leur vie. Le premier à entrer en scène, en 1935, est Hyrum Rock, propriétaire d'un immense ranch à Big Sur. Il voit d'un mauvais œil les engins de chantier et l'avancée des travaux de la route côtière qui vient manger une partie des terres que son père fait prospérer.

On part ensuite dans le Maine vingt ans plus tôt. A St Clouds vit un orphelin, Wilbur Oak. Le garçon de huit ans découvre que son pensionnat est isolé à la suite d'intempéries qui ont détruit le pont qui les reliait à la ville. Il se promet alors de devenir un as du génie civil.

On remonte ensuite jusqu’en 1847, à l’époque des pionniers comme Samuel Brannan et Moses Rock. Missionné par les mormons pour trouver un endroit où leur église pourrait suivre ses préceptes sans être inquiétée, il crée New Hope avec une poignée d'hommes et de femmes. Cette terre vierge, situé à un confluent de rivières non loin de Monterrey, finira par convenir à Moses qui décide de ne pas suivre les colons qui partent pour Salt Lake City. Il entend profiter de l'espace qui est mis à sa disposition et laissera à son fils un domaine de vingt mille hectares au bord de l'océan. Et le secret de sa fortune.

Puis on retrouve Wilbur. Adopté par le couple Tremblay, il va pouvoir réaliser son rêve et devenir ingénieur civil. Une réussite que sa mère ne verra pas, emportée par un cancer. Son père, victime de la grande dépression, perd son emploi, sa maison et sera sauvé in extremis par son fils adoptif qui l'emmène avec lui au Nevada où l'attend son premier grand chantier, le barrage de Boulder près de Las Vegas. Les conditions de travail et le respect très approximatif de la législation et de la sécurité heurtent sa morale. Et comme son père, engagé comme croupier dans un casino, refuse de truquer les parties, il préfèrent fuir vers la côte.

C’est là, autour de Big Sur, que Wilbur Tremblay retrouvera du travail et se heurtera à Hyrum Rock. Sur la partie la plus difficile de cette California State Route One, il devra aussi composer avec les prisonniers de San Quentin, main-d'œuvre mise à disposition pour aider à la construction de la route en échange de 35 cents par jour et d’une réduction de peine ainsi que des hommes mandatés par le plus célèbre des détenus d’Alcatraz, Al Capone.

On l'aura compris, ce chantier focalise l’attention, les ambitions, les trafics. Mais offre aussi une voie vers la liberté, y compris pour les femmes vivant sous le joug de Hyrum Rock. Il donne aussi à Michel Moutot l’occasion de nous offrir un nouveau grand roman, plein de bruit et de fureur, de drames humains et de grandes avancées, de sentiments à fleur de peau. La fin de époque et l’émergence d’un Nouveau Monde, un tourbillon dans lequel on se laisse emporter avec énormément de plaisir, un peu comme si Alexandre Dumas avait croisé la route de John Steinbeck !




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Route One

Michel Moutot est un conteur hors pair ! Je l’avais découvert dans un de ses précédents ouvrages : « Séquoias », de 2018, qui m’avait fourni une bonne dose d’aventures de deux frères, chasseurs de baleines, courant 19ème siècle. C’était à la fois une épopée dans le temps mais aussi dans l’espace. Le livre avait d’ailleurs remporté tous les suffrages et reçu le Grand Prix des Lecteurs de L’Actu Littéraire, édition 2018, pour lequel j’étais membre du jury. Vous pouvez retrouver ma chronique sur mon blog.



Lorsqu’on m’a proposé de découvrir son dernier livre, « Route One », j’ai bien entendu foncé ! Cette fois-ci, c’est en Californie qu’il nous transporte, courant 20ème siècle, lors de la construction de la route, longeant l’Océan Pacifique, le long de falaises abruptes. On l’a tous déjà vue dans l’un ou l’autre film ou série mais très peu de gens en connaissent ses origines. Michel Moutot emmène ses lecteurs pour une grande expédition sur plus de 300 pages.



Encore une fois, j’ai retrouvé tout le talent dont il fait preuve, dans ses descriptions tant pour les paysages que pour les hommes. C’est une véritable immersion dans la construction de cette route tentaculaire que l’on vit, même si nous n’en sommes que lecteurs. Au final, c’est comme si nous y avions nous-mêmes participé.



L’auteur ne se cantonne pas au bâti seul, mais c’est aussi tout ce qui l’entoure qui l’intéresse et qu’il nous confère. Je suis à chaque fois subjuguée par le travail de recherches en amont qui doit être fait pour donner un bouquin de cette qualité, où les détails aussi bien techniques que l’atmosphère qui régnait durant ses années sont apportés.



Le style fluide fait que le lecteur ne voit pas les pages qui passent et pourtant, c’est un récit très dense et très fourni. Rien n’est omis et on ne peut que s’étonner par la clarté des faits comme si Michel Moutot avait d’une façon ou d’une autre lui-même assisté à l’édification de cette route.



Encore une fois, j’ai été charmée par ce nouveau livre de Michel Moutot. Si vous cherchez à la fois l’aventure et le dépaysement, ce livre est fait pour vous !
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Route One

Wilbur, orphelin adopté à l’âge de huit ans, ignore tout de l’aventure et du destin qui l’attendent. Dès l’obtention de son diplôme d’ingénieur, il est embauché pour la réalisation de grands projets dont la construction de la mythique route One qui longe la côte ouest des États-Unis, de la Californie du Sud aux confins du Canada.

Hyrum Rock, descendant de Moses Rock, le plus grand propriétaire terrien, polygame mormon, fera tout pour empêcher la construction de la route One qui traversera sa propriété. Al Capone, toujours à la tête de la Mafia, depuis sa prison, mandate des hommes pour voler des bâtons de dynamite et exercer divers sabotages qui retardent les travaux.

Dans ce roman Route One, Michel Moutot décrit les travaux et l’ambiance de l’époque qui est aussi celle du crack boursier de 1928, l’exploitation des ouvriers mal payés …

Comme dans Ciel d’acier, roman que j’avais beaucoup aimé, j’ai appris beaucoup à la lecture de Route One et je n’ose imaginer la somme de documentations rassemblée pour l’élaboration de ce roman.

Un grand merci aux Éditions du Seuil et à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée.

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Route One

Michel Moutot n’a pas son pareil pour nous raconter l’épopée des bâtisseurs d’ouvrages qui font la gloire de l’Amérique.

Dans son nouveau roman, l’auteur s’attarde sur la construction de la mythique route One qui relie Los Angeles à San Francisco.

Le roman se déroule sur plusieurs époques et dans plusieurs états :

Maine – 1915 : Un orphelinat isolé hébergeant 40 enfants, bientôt à court de nourriture après que le pont permettant le ravitaillement ait été emporté par les flots. Wilbur, 8 ans ne quitte pas des yeux le responsable des travaux. C’est grâce à lui que le pont est réparé. « Il nous a sauvé la vie » pense le garçon.

Californie - 1847 : Moses Rock arrive de New-York. Ebloui par des paysages majestueux de Big Sur, il est persuadé d’avoir trouvé l’endroit idéal où bâtir son ranch.

Big Sur – 1935 : Hyrum, 60 ans, dirige d’une main de fer le ranch Rock. Il est furieux de voir le chantier de la route One passer tout près de son domaine et menacer le secret qu’il contient.

Tous ces personnages et bien d’autres vont se croiser.

Ce roman parfaitement documenté est un régal.

J’ai eu peur de me perdre dans ce récit où l’on navigue d’une période à l’autre sans chronologie, mais c’était sans compter sur le talent de l’auteur qui a toujours réussi à me remettre sur la majestueuse « Route One ».

J’ai apprécié la description des prouesses techniques qu’il a fallu à ces bâtisseurs alors que les moyens modernes n’existaient pas.

Michel Moutot fait partie de ces auteurs qui savent raconter des histoires en mêlant réalité et fiction pour un plaisir chaque fois renouvelé.

Merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour ce magnifique voyage.





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L'America

Vendetta



Avec L’America Michel Moutot nous offre un magnifique roman. On y suit un jeune pêcheur sicilien contraint de fuir aux États-Unis après la découverte de sa relation avec la fille d’un chef mafieux.



Michel Moutot fait partie de ces rares auteurs qui réussissent à embarquer leur lecteur dès les premières lignes de leur roman. C’était le cas avec Ciel d’acier et Sequoias, c’est aujourd’hui le cas avec L’America. La seule constante demeurant ce regard tourné vers l’Amérique.

Tout commence pourtant en Sicile, avec un scénario à la Roméo et Juliette, qui fait se rencontrer un jeune pêcheur et la fille d’un riche propriétaire et négociant de l’île.

« Sur une majestueuse chaloupe blanche, la plus belle embarcation de l’île, Ana Fontarossa, longs cheveux châtains, sourire de madone, fixe Vittorio Bevilacqua. Elle a remarqué dès son arrivée ce beau jeune homme mince mais musclé, brun au regard clair, les cheveux coupés court, une petite tache de naissance au coin de l’œil gauche, comme une larme. Elle ne l’a pas quitté des yeux…» Dès qu’il apprend cette relation Salvatore Fontarossa voit rouge. Le chef mafieux ne saurait tolérer cette union. Il convoque ses trois fils Paolo, Aldo et Enzo et sa famille Ana. «Il tonne, de sa voix grave à l’accent rocailleux des montagnes.

– Puttana! Salope! Traînée! Ton cousin avait raison! Pas encore dix-neuf ans et déjà le vice au corps! Je sais ce que tu as fait hier soir, où tu étais. Tu devrais savoir que rien ne m’échappe à Trapani. Je suis sûr que c’était ce pêcheur de merde, ce pouilleux de Marettimo. Lui, il est mort. Tu m’entends? Mort! Tu as déshonoré ta famille. Ma seule fille! Tu m’as déshonoré.»

En fait, Vittorio a pu échapper aux tueurs, mais il est dès lors conscient du danger qui le menace. Il a juste le temps de prévenir sa famille avant de prendre la fuite: «Ce que j’ai fait va déclencher une vendetta qui peut durer des années. Ce Fontarossa va me chercher jusqu’au bout de la terre. Si je reste ici je vous mets en danger. Si je disparais, ils vous épargneront.» Grâce au soutien d’un riche négociant qui a déjà eu maille à partir avec la mafia et au bout de quelques péripéties, il parviendra à embarquer pour l’Amérique.

Il ne sait alors rien de ce qui se passe sur son île. La soif de vengeance de Fontarossa aura coûté la vie à plusieurs personnes. Ana, qui est enceinte, est recluse dans un couvent, avant que son père ne décide de la marier de force.

C’est à la Nouvelle-Orléans que commence la nouvelle vie de celui que les autorités américaines ont rebaptisé Victor Water. S’il ne tarde pas à prendre ses marques au milieu des différentes communautés qui tentent de contrôler le trafic de marchandises, il va aussi se rendre compte qu’on ne lui fera aucun cadeau et que, comme en Sicile, une police parallèle gangrène la ville et avec laquelle il finira aussi par avoir maille à partir. Il lui faut à nouveau fuir, partir pour la Californie car à New York la mafia a déjà étendu son réseau et n’aurait guère de peine à la localiser. Du côté de Pittsburgh, il va retrouver son ancien métier de pêcheur.

Ana, quant à elle, ne l’a pas oublié. Elle a compris qu’il a pu fuir et entend le retrouver par tous les moyens, même si l’entreprise est des plus périlleuses.

Ces retrouvailles improbables auront-elles lieu? C’est tout l’enjeu de la dernière partie de ce magnifique roman qui, entre Jack London et Mario Puzo, nous tient en haleine du premier au dernier chapitre.

Avec Michel Moutot, qui s’appuie sur une solide documentation, on retrouve en effet la veine des grands romans d’aventure, capable de nous décrire les bayous de Louisiane aussi bien que les saisons de pêche en Alaska, sans oublier pour autant d’explorer les tréfonds de l’âme humaine, ce besoin de vengeance aveugle pour un «code d’honneur» auquel on ne saurait déroger aussi bien que la passion brûlante de deux amoureux pour lesquels le désir s’affranchit de toutes les règles. C’est magnifique, brillant, addictif.


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Route One

Un grand merci à Babelio et au Seuil pour m’avoir proposé ce roman. De Michel Moutot, j’ai lu Ciel d’acier où j’y ai appris plein de choses. Ici aussi il y est question de construction. Celle de la route One en Californie. Cet auteur est vraiment à faire connaître. Il sait mélanger l’historique et le romanesque, donnant une lecture vraiment prenante et instructive. Un ranger mormon qui se bat pour que les engins ne viennent pas creuser sa propriété et que l’on se mêle de sa vie privée avec ses trois femmes car c’est interdit maintenant en 1935. Et il y a aussi sa mine. Homme attachant, au début... On passe à un jeune ingénieur du génie civil adopté. On y trouve aussi Al Capone, les prisonniers, la grande dépression, le barrage aux portes de Las Vegas. Une grande réussite qui n’est pas sans me faire penser au gang de la clef à molette que je viens de relire. Pour ceux qui aiment les auteurs qui respectent ses lecteurs par un travail de qualité.
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Ciel d'acier

"Déjeuner au sommet d'un gratte ciel" (Lunch atop a skyscraper) de Charles C. Ebbets



...une des photos les plus vendues au monde.

Je vous invite à la chercher sur internet, si besoin, car elle met le lecteur immédiatement en orbite, dans cet excellent livre de docu-fiction . Elle fait partie d'une série de clichés prise pendant la construction du Rockefeller Center en 1932, pour un reportage de presse rendant hommage au travail des ironworkers, tout en stigmatisant les conditions de sécurité.



Michel Moutot est journaliste et a couvert les évènements du 11septembre au plus près du terrain. Dans ce premier roman fort réussi, il choisit de raconter le parcours des indiens canadiens de la tribu mohawks dans leurs talents de constructeurs dans les nuages et sur poutrelles d'acier, avec le décor de la skyline de New York.





Des ponts sur le Saint Laurent au début du 20ème siècle à la construction des Twin Towers, de l'abominable déblaiement du WoldTradeCenter jusqu'à l'inauguration de la One World Trade Center, nouvelle vigie de Manhattan, c'est un voyage dans les airs pour qui ne craint pas le vertige.



Par la fiction et des personnages charismatiques, l'auteur nous fait passer intelligemment par tous les stades de la construction et de la déconstrution de ponts ou de gratte-ciels.

C'est une épopée, passionnante de bout en bout, suffisamment romanesque pour ne pas perdre le lecteur en route, très documentée historiquement et architecturalement et qui griffe au passage les travers américains en terme d'héroïsme.



Vertigineux!

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Route One

L'Amérique dans les années 1930 , c'est encore le pays où tout est possible, l'industrialisation galopante pousse aux projets grandioses, toujours plus loin, toujours plus fort, toujours plus gros ...



Mais ce rouleau-compresseur s'il entraine à sa suite profits gigantesques , rêves de puissance et d'hégémonie , écrase par , contre comme d'habitude ,les plus faibles, les déshérités, ceux qui ont cru aux mirages et ceux qui ont tout perdu, victimes du crack de 1928 .



Michel Moutot , dans son nouveau roman , met en scène plusieurs personnages : un mormon, Moses Rock qui décide de quitter sa communauté à la recherche de la nouvelle Jerusalem , il acquiert en 1848 un immense domaine , Big Sur en Californie sur la cote Ouest et s'y installe avec ses femmes , il y fait fortune tout en gardant le secret sur son origine , l'éloignement de sa propriété lui permettant de vivre isolé avec sa famille.



Wilbur, orphelin de 8 ans est adopté en 1915 par un couple aimant , Tom et Edna Tremblay , Devenant quelques années plus tard ingénieur civil , il est embauché sur de grands chantiers, ponts , barrages puis en 1935 pour la construction de la Route One, qui doit relier San Francisco à Los Angeles, un chantier gigantesque face à une région magnifique mais difficile d’accès faite de montagnes , de ravins et de falaises au bord de l'Océan .



Or cette route traverse les terres de la famille Rock, et Hyrum Rock, le descendant du patriarche est prêt à tout pour empêcher les engins de pénétrer chez lui , parmi les nombreuses raisons de son refus , il y a la crainte de découvrir le mode de vie particulier d'une famille mormone , et la fin du secret de son argent.



L'auteur nous fait naviguer entre ces différentes années , il nous fait pénétrer dans l'intimité de ces vies et dans celles des personnages croisés , un échantillon de ce peuple américain , les meilleurs comme les plus pourris et il y en a beaucoup ...



Manquent de façon criante les femmes pendant la quasi-totalité du roman , elles ne sont que des épouses ou des filles participant si peu à l'avancée du pays . Heureusement, la fin du roman leur laisse, enfin, la part belle et on peut espérer que leur envolée vers plus de liberté et la reconnaissance de leurs droits sont en marche.



J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre comme les deux précédents : Séquoias et America de Michel Moutot, des romans d'aventure , classiques , qui correspondent assez à notre vision d'européens de ce qu'a pu être l'Amérique au XIX eme et à la première moitié du siècle précédent : un rêve magnifique mais fragile .

Tous mes remerciements à Masse Critique privilégiée et aux Editions du Seuil
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L'America





Voilà un roman bouleversant que je conseille sans modération à tous les amoureux de la littérature d'aventures et de sagas.

1902.

Italie.

La Sicile, ses îles ensoleillées, ses eaux turquoise, ses citronniers, ses pêcheurs de thon, ses jolies filles et...ses mafieux.

Le beau Vittorio Bevilacqua, pêcheur de thon, tombe sous le charme de la ravissante Ana... Mauvaise pioche.

La jeune femme n'est autre que la fille du chef de clan mafieux Salvatore Fontarossa.

Don Salva, qui règne par la violence sur son territoire, demande à son fils aîné de régler définitivement le problème.

Tout ne se passe pas comme prévu.

Et nous voici embarqué dans un roman noir que le talent de l'auteur sublime.

Alors ici, pas de chevauchée dans les grands espaces, pas de territoires arides, non, ce roman, c'est l'eau et les bateaux.

L'eau qui arrose les citronniers de Sicile que gère Don Salva, l'eau des rivières et des mers poissonneuses, l'eau des Océans que traversent les migrants vers la terre promise, l'eau c'est aussi les larmes versées... et les bateaux dans lesquels l'auteur nous fait vivre tout ça.

Je n'avais jamais encore pêché le thon.

Sous la plume de Michel Moutot c'est être au plus près,  dans l'embarcation. On est trempé. L'adrénaline , les muscles des pêcheurs, le sang,  le poisson qui dans un dernier effort tente de sauver sa vie, tout y est.

Plus tard, j'ai pêché le saumon et la sardine, et là encore vous avez de belles pages de lectures, je vous l'assure.

S'il y a du Cid ou du Roméo et Juliette (pour le côté classique de l'histoire) dans la romance et le drame qui se joue autour, ce qui fait l'intérêt de ce livre c'est cette incursion au plus près de la vie de chacun des personnages.

Un roman écrit à la manière d'un célèbre journaliste et écrivain que les principaux protagonistes de L'America vont d'ailleurs croiser au cours de leur périple.

Ces deux amants que la vie va séparer, Michel Moutot va vous faire vivre leur quête de liberté.  Entre la Sicile et l'Amérique, en alternance, et croyez-moi ce n'est pas de tout repos. (San Francisco, 18 avril 1906, ça vous parle, par exemple ?)

L'amour plus fort que la haine ?

De l'Italie, ou de la Californie à l'Alaska, si vous voulez connaître le destin de Vittorio et Ana, je vous invite à lire le nouveau roman d'un auteur que je viens de découvrir avec plaisir (Petit conseil amical, prévoyez quelques mouchoirs, il y a des moments difficiles).

Bon voyage dans des eaux sombres...









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Séquoias

Ah mes amis ! J'ai fait un de ces voyages ! Quelle aventure !



J'avoue être bon public pour les récits d'aventure et l'auteur m'a régalée dans toute la première partie avec les chasses à la baleine (même si j'ai vraiment eu du mal de supporter cette barbarie) puis le voyage vers l'Ouest américain en passant par le Cap Hoŕn. Hissez les huniers, envoyez le grand foc ! Cap Sud Sud-ouest ! Maintenez le cap ! Alors que la tempête Ciara se déchaînait derrière mes fenêtres, c'est celle entourant le Cap Hoŕn qui me tenait en haleine.



Et que dire de l'arrivée à Isla Yerba dans la baie de San Francisco. Imaginez des centaines de bateaux amassés les uns contre les autres sans quai pour amarrer. Et oui ! En ce début de ruée vers l'or, San Francisco n'est encore qu'un petit village, un mélange de bidonvilles, de tentes, de campements précaires et autres cabanes. Nous sommes en 1849 et La Californie n'est plus mexicaine mais ne fait pas encore partie de l'Union. Quant à la côte californienne, elle est encore vierge de toute ville et entièrement couverte de séquoias.



A travers le destin d'une famille de baleiniers ruinés originaires de l'île de Nantucket, Michel Moutot ressuscite l'aventure des "Forty-Niners", les premiers chercheurs d'or de Californie. Comble de bonheur pour la lectrice conquise d'avance que je suis, l'auteur crée tout une galerie de personnages pour nous immerger, grâce à son style narratif imagé, dans ce nouveau rêve américain. Michel Moutot évite l'écueil de bien des livres historiques : il opte pour le récit romanesque des aventures de ses personnages plutôt que pour un étalage barbant de faits historiques.



Et même si je regrette un peu le manque d'évolution dans la psychologie de ses personnages ainsi que certaines ficelles un peu trop grosses, j'ai tout de même passé un bon moment bien divertissant et très instructif.



Levez l'ancre sans plus tarder !
Lien : https://belettedusud.wixsite..
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Route One

Différents personnages, différentes époques.

Un trait d'union : un long ruban d'asphalte, la fameuse Route One qui borde la côte pacifique des États-Unis.

Une route que vous ne pouvez pas ne pas connaître tant elle est présente dans de nombreuses scènes de films, balcon vertigineux et magnifique surplombant l'océan.



Quarante-deux courts chapitres pour conter une grande épopée : un chantier colossal par la taille, par la durée, par les difficultés rencontrées, par le nombre de personnes impliquées.

Je retrouve ce qui m'avait tant plu dans Ciel d'acier : la capacité de l'auteur à mêler habilement Histoire et fiction. Route One met en scène de nombreux personnages, réels ou sortis de l'imagination de Michel Moutot, le tout dans une cohabitation très crédible.



Embarquer sur la Route one, c'est découvrir une histoire d'hommes ambitieux, prêts à affronter tous les dangers et surmonter toutes les difficultés d'un chantier titanesque, à une époque où les moyens techniques étaient bien pauvres.

C'est aussi suivre sur plusieurs générations une famille de mormons, voir les conséquences du krach de 1929 et croiser un instant Al Capone.



Embarquer sur la Route one, c'est voir un petit clin d'oeil à John Irving et son immense L'oeuvre de Dieu, la part du Diable.



Embarquer sur la Route one, c'est vivre un petit morceau de l'histoire des États-Unis, et c'est avant tout un grand plaisir de lecture.



Un grand merci à Babelio pour cette Masse critique privilégiée et aux Éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre qui, après le passionnant Ciel d'acier me donne envie de découvrir les romans de Michel Moutot que je n'ai pas encore lus.
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Aventurier des glaces

Nicolas Dubreuil découvre le Grand Nord très jeune.

À dix-huit ans, il part pour l'île de Vancouver rejoindre un ami de ses parents. Il pense effectuer là-bas un agréable séjour de vacances au cours duquel il fera quelques activités sportives et s'initiera aux rudiments de la vie sauvage.

Il pense que ce sera assez excitant et surtout très amusant.

Il va vite déchanter !

La rudesse des conditions de vie dans cette zone hostile le percute de plein fouet et son guide, aguerri et peu bavard, ne le ménage pas.

Il le responsabilise d'emblée et le laisse souvent se débrouiller, réduisant la communication au strict minimum : le feu ? « Tu ne sais pas faire de feu, tu crèves ! »



Ce que le jeune Nicolas Dubreuil prévoyait être une partie de plaisir se transforme en une rude expérience qui aurait pu le dégoûter à tout jamais. "Tu parles de vacances..."

Mais petit à petit, il finit par changer de regard et commence à apprécier ce qui au début le rebutait.

Ses sens s'aiguisent : il écoute avec une grande attention les quelques paroles qui lui sont adressées, il ouvre grand ses yeux pour observer attentivement, son cerveau travaille sans cesse pour comprendre, réfléchir et enregistrer une multitude d'informations... et cela lui plaît ! De plus en plus.

Cette vie rustique et pauvre au contact de la nature l'émerveille : ça y est, il a attrapé le virus de l'aventure !

Un virus qui ne le quittera plus jamais, et ce qui ne devait être qu'un séjour de vacances va déterminer toute sa vie.



Pendant quelques années, il poursuit ses études, jusqu'à la soutenance d'une thèse en informatique, puis obtient un poste de maître de conférences qui lui ouvre les portes d'une belle carrière universitaire.

Ses vacances ? Toujours dans le Grand Nord, pour lequel il se passionne chaque jour davantage, jusqu'à finir logiquement par tout laisser tomber pour s'y consacrer entièrement.



Il apprend la langue locale et passe la majeure partie de son temps au Groenland. Au fil de ses séjours, il s'imprègne de la culture, il adopte le mode de vie et noue de solides amitiés.

Nicolas Dubreuil est curieux (La curiosité est une belle qualité !) et le prouve par la variété des sujets abordés dans ce livre.



En pleine guerre froide, les Américains construisirent un réseau de soixante-trois bases d'observation, de l'Alaska à la terre de Baffin. Quatre d'entre elles furent installées au Groenland. L'auteur en a visité une, et vous emmène à l'intérieur de ce bâtiment désaffecté, vestige de ce "désert des Tartares, version polaire" dans lequel tant d'hommes ont passé des mois à "surveiller, écouter, tenter de prévoir les mouvements de l'Armée rouge"... pour rien.

La description des lieux est impressionnante.

Cerise sur le gâteau : un balcon offre une vue imprenable sur la calotte glaciaire et de là "on aperçoit la courbure de la terre !".

Quel spectacle féérique ce doit être !

Si vous voulez en savoir plus, je vous suggère de taper "Dye-2" dans un moteur de recherches.



Grâce aux liens amicaux qu'il a noués avec les Groenlandais, Nicolas Dubreuil les connaît et les comprends mieux que personne ; ce n'est pas en observateur extérieur qu'il nous raconte leurs vies, mais de l'intérieur.

Il nous fait découvrir une façon de vivre que nous ne soupçonnons pas, des existences très éloignées des nôtres.

Il nous montre les faits importants mais aussi des aspects plus anecdotiques.

Auriez vu pensé, par exemple, que les habitants du Groenland ne savent pas nager ? Alors qu'ils vivent dans leur immense majorité au bord de l'eau, que la pêche est vitale pour eux, et qu'ils se déplacent en kayak, ce qui rend tout chavirage extrêmement dangereux.

Ce qui peut sembler surprenant à première vue est pourtant tout à fait logique : "Où apprendre au Groenland ? Pas de piscine et l'eau de mer dépasse rarement les deux degrés..."



De l'aventure, une nature omniprésente, des animaux, mais aussi de l'Histoire et de la géographie, et surtout de l'humain. Beaucoup d'humain.

Aventurier des glaces est une merveilleuse lecture, riche et enrichissante, qui fait rêver et invite à la réflexion.

Un livre authentique et captivant.
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Ciel d'acier

C'est un roman sur l'univers d'indiens mohawks, ironmakers de père en fils depuis plus d'un siècle, bref, rien pour me plaire au départ avec un univers professionnel qui m'est totalement étranger et qui ne me fascine pas. Quand j'ai commencé à le lire je me suis demandé comment il avait pu aterrir dans ma PAL. J'ai eu un peu de mal avec les détails techniques à n'en plus finir, souvent sans tout comprendre. Heureusement il y a la communauté des Mohawks, une découverte ethnographique passionnante, leur évolution au fil du temps et des constructions auxquelles participent les ancêtres de John La liberté :

* 1886 premier pont au-dessus du Saint-Laurent à côté de la réserve des Mohawks (à Montréal)

* 1907 début de la construction du pont de chemin-de-fer sur le Saint-Laurent à Québec et catastrophe

* 1970 construction des Twin Towers

* 2001 attentat du 11 septembre, chantier de déblaiement

* 2012 fin de la construction de la One World Trade Center

Les époques se télescopent, ce que j'ai trouvé plutôt agréable, permettant d'introduire un rythme fort agréable, d'alterner les thématiques grâce aux changements d'époque. Très bonne idée, fort bienvenue, car objectivement, des chantiers, question rythme, ce n'est pas très palpitant. Par contre cette alternance d'époques a fait qu'il m'a fallu pas mal de temps pour m'attacher aux personnages de Jack, le père, et de John, le fils. Mais, ça marche ! Il y a quelque chose d'une épopée ou d'une saga dans ce récit. Au final un beau roman qui rend hommage à tous ces bâtisseurs et aux sauveteurs et qui nous fait découvrir la culture amérindienne des Mohawks. Une très belle découverte.
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Route One

Un roman d'aventures avec un grand A.

J'ai découvert Michel Moutot il y a quelques années et je suis fan absolu.

Il m'embarque à chaque fois dans de formidables aventures humaines.

Ce Route one ne déroge pas à la règle.

Ici c'est la construction d'une route qui est le fil rouge de l'histoire.

Cette route qui longe la côte ouest des États-Unis de la Californie au Canada.

Wilbur, petit orphelin bientôt adopté, va connaître un fabuleux destin.

Devenu ingénieur, c'est à lui que reviendra la tâche de mener à bien ce projet un peu fou et dangereux, d'autant qu'il faut traverser la propriété d'un richissime Mormon, qui est prêt à tout pour empêcher les travaux gigantesques de se poursuivre.

De l'installation des premiers membres de la famille Rock à Big Sur, jusqu'à l'arrivée des ouvriers travaillant sur cet énorme chantier, Michel Moutot, dans un récit sans temps morts, entraîne le lecteur sur près d'un siècle.

Alternant les chapitres, entre flashbacks et présent (comprenez, présent de l'époque).

Une histoire d'hommes.

De ces hommes qui ont construit l'Amérique.

De ces hommes qui se sont construit avec l'Amérique.

Route one, c'est l'Amérique des colons, des chercheurs d'or, mais c'est aussi celle de la grande dépression après le krach boursier de 1929, qui a entraîné de nombreux drames, des faillites, du chômage, de la pauvreté.

Moutot est un conteur sans pareil.

On vit littéralement dans la peau de ses personnages.

On ressent les vibrations des marteaux piqueurs, on inhale la poussière, on tousse, on transpire.

Il y a les bruits, des nouvelles machines qui simplifient le travail, des explosions qui transforment le terrain, de l'orage qui gronde.

Il y a cette communauté mormone qui intrigue, par ses moeurs et par sa fortune, d'où vient-Elle ?

Il y a la terre, l'eau et il y a le métal jaune que l'on voit briller dans la roche.

L'auteur sait retranscrire tout ça et les émotions qui vont avec.

Si vous voulez vous lancer sur cette fameuse Route one, avant d'envisager l'emprunter sur une grosse cylindrée, c'est à dos de mulet que vous devrez commencer votre périple.

N'hésitez pas, le voyage en vaut la chandelle...

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