AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Michel Rostain (128)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'étoile et la vieille

Merci à Babelio et aux éditions Kero de m’avoir proposé ce roman de Michel Rostain.



La lecture de « L’étoile est la vieille » m’a un peu déroutée. Au fil des pages, mon intérêt a été inégal, et si j’ai passé un moment agréable en compagnie du roman, et il s’en est fallu de peu que je ne me perde en route.

L’auteur est metteur-en-scène, et je trouve que son roman est davantage mis en scène qu’écrit, en ceci que certaines scènes sont mises en lumière avec outrance quand d’autres émergent à peine de la pénombre, que la théâtralité déborde malgré le très peu de dialogues, et, pour tout dire, que le style m’a paru très confus, hésitant parfois entre la poésie et le burlesque. Après tout, la rupture de ton peut être un choix tout à fait acceptable, mais il ne m’a pas paru maîtrisé, et desservi par une forme un peu nébuleuse.

Michel Rostain nous propose un récit opératique, ouverture, allegro, etc… A l’intérieur de cette forme musicale, le récit se fragmente encore avec la dramaturgie propre du compte à rebours des répétitions d’un spectacle, récit dans le récit.

Par ailleurs, après 59 pages de lecture au cours de laquelle l’identité d’ « Odette », étoile et vieille, n’aura échappé à personne, l’auteur nous explique, dans un scherzo, qui elle est, pourquoi il a choisi de ne pas donner les vrais noms à ses personnages. Le fait qu’il ait choisi d’écrire un « roman » était déjà une première indication, mais cet « avertissement » m’a semblé maladroit, dissertant comme on pouvait s’y attendre sur le problème de la vérité et de la fiction, débat vieux comme le monde.

Tout le monde sait que se souvenir est déjà se mentir, alors fictionner ses souvenirs resterait le choix pour l’écrivain de tenter de se réapproprier une vérité qui émergerait à travers le travail de la création. J’ai trouvé ce passage inutile, parce qu’incongru à cet endroit du récit, et révélateur d’une impasse.

Michel Rostain aurait pu gagner en simplicité en proposant cette exégèse puisqu’il en ressentait le besoin au tout début du roman. Au lieu de ça, il casse sa narration, puis continue comme si de rien n’était. Je n’ai pas compris où il voulait en venir.

Malgré ces réserves, j’ai aimé le personnage d’Odette, tour à tour admiré et malmené, personnage de sa propre gloire, assumant celle-ci avec un cabotinage consommé, n’ayant eu de toute façon pas d’autre choix depuis son plus jeune âge, star inégalable et inégalée de son instrument, prêtresse d’un kitsch élevé au niveau du grand art. Le « metteur », comme il s’appelle, est un peu moins flamboyant avec ses atermoiements sempiternels sur la valeur artistique d’une musique dite populaire qui lui semble indigne de son talent raffiné, de ses goûts avertis d’artiste évoluant dans les sphères élitistes. Là encore, vieux débat, qui a convoqué dans ma mémoire Gainsbourg et Béart (qu’est-ce qu’un art majeur, ou mineur ?), ou certaines scènes réussies du « Goût des autres » de Jaoui et Bacri, preuve que le roman avait du mal à monopoliser toute mon attention.

Je n’ai ressenti que peu d’émotion en lisant ce roman, si ce n’est à la toute fin, quand le récit devient pathétique. Michel Rostain trouve enfin un souffle, dépasse l’anecdote pour mettre à nu ses personnages hantés par le spectre de la mort. Peu importe qui est Odette, qui est le « metteur », le décor s’épure, le jeu est minimaliste, et la lectrice en moi s’est enfin sentie concernée et remuée.


Lien : http://parures-de-petitebijo..
Commenter  J’apprécie          102
L'étoile et la vieille

Je remercie Babelio et les éditions Kero pour cette lecture !



Odette est une star, une étoile. Virtuose de l'accordéon, elle connaît un succès sans faille et chaque nouvelle représentation renforce sa popularité. Même âgée, elle continue à être admirée. Les forces du destin vont la mener au metteur. Son style très avant-gardiste n'a rien pour lui plaire. Leurs univers sont aussi éloignés que la terre et le soleil. Amateur de musique classique et des plus grands compositeurs, il va néanmoins devoir monter un spectacle avec cette femme, cette vieille, dont le jeu ne lui inspire pas de bonnes vibrations.



L'étoile et la vieille, c'est donc la rencontre entre deux êtres, aux univers divergents mais qui vont apprendre à collaborer et à se découvrir. Le metteur nourrit une forme de fascination pour elle, cette vieille aux goûts en matière de décoration démodés, qui semble avoir fait son temps.

L'auteur nous transporte entre confusion, amitié, inquiétude, admiration et incertitude dans une valse à trois temps: la découverte, la prise de conscience et la perdition. A la fin, la vieille entraîne l'étoile qui entraine le metteur. L'histoire d'une chute... dans la musique. Ne pas se rappeler des notes d'une partition peut sembler important à une personne extérieure. Mais quand jouer est la seule chose que vous savez faire et que vous êtes reconnu pour ça, pourquoi arrêter?

Michel Rostain nous embarque aux côtés de ses personnages, partiellement fictifs, dans l'histoire d'une rencontre où les univers se rencontrent. La passion qui se dégage de ce livre est saisissante. Mais il est bon de croire que la musique peut être le dernier point de rattachement d'un homme, au dernier stade de sa vie. Si l'on pouvait choisir sa mort, nul doute que se laisser emporter jusqu'à la folie dans la musique en serait une belle.



Michel Rostain manie les mots avec beaucoup de poésie pour nous présenter des héros touchants voir bouleversants. L'étoile et la vieille, c'est le drame d'une vie, mais d'une belle vie. Devrait-on dire deux vies, car Odette existe parce que le metteur nous en a offert le souvenir. Cette histoire n'est ni plus ni moins qu'une partition bien ficelée qu'on lit comme on écouterait un opéra.

Commenter  J’apprécie          100
Le fils

Un père subit le décès de son fils. J’avoue, avant d’ouvrir le livre j’ai pu craindre un thème trop difficile, qu’il aurait été naturel d’aborder de façon larmoyante. Il n’en est rien. Dès les premiers mots, j’ai été saisie.



Ce texte est magnifique de lucidité, d’intelligence. Le regard du fils sur le deuil du père est d’une justesse rare. Quel recul ! Qui plus est, l’écriture est belle, raffinée.



J’ai ri, j’ai pleuré avec cet homme désemparé, vrai, bon. Comment ne pas succomber devant un tel ouvrage ? Un vrai moment de lecture, émouvant, passionnant, enthousiasmant que je n’oublierai pas de si tôt.

Commenter  J’apprécie          90
L'étoile et la vieille

Lorsque l’on propose au metteur en scène Michel Rostain – ici le narrateur – d’organiser en 2002 un spectacle avec la grande accordéoniste Odette, le premier réflexe de celui-ci est de refuser : comment passer de Bach au musette ? Comment passer du rock de sa jeunesse à une valse ?



« Pas de valse donc, ni d’Odette, ni d’accordéon dans son capital génétique. Le metteur étant de la génération d’après, il s’est construit autrement – pétards, manifs, rock, pop et cheveux longs. »



Et pourtant, il suffit d’une rencontre inattendue entre ces deux personnages pour que le courant passe, en tout cas du point de vue du metteur en scène, qui raconte cette période clé de sa vie. Une rencontre qui est à l’origine de ce roman.



La voix d’Odette, on ne l’entend pas, on ne la voit que par les yeux de ceux qui l’entourent. Or Odette se voit toujours comme la grande star qu’elle a été, des années auparavant – connue et reconnue partout où elle passe. Pour elle, elle est toujours l’étoile. Mais aujourd’hui elle a 80 ans et quand elle joue, elle oublie des notes, elle se fatigue vite. Pour les autres, elle est la vieille.



Tout le roman va se construire sur cette dichotomie, avec des moments de doute de chaque côté : des moments de grâce pour les auditeurs, quand Odette est de nouveau la grande Odette – et le spectacle peut se faire ; des moments de dépression intense quand Odette prend conscience qu’elle n’y arrivera pas. Et entre ces hauts et ces bas, une histoire se déroule, celle de la relation entre musique classique et musique populaire, celle de la relation entre le metteur en scène et l’ancienne star, et celle du dernier spectacle – avorté – de la grand Yvette Horner. Finalement ce spectacle importe peu, seul compte l’arrêt sur image de cette grande star. Une star qui parle d’elle-même à la troisième personne, qui n’écoute pas les autres, raconte sa vie d’une manière brillante, bref une étoile qui devient vieille …



Mais Michel Rostain nous fait surtout passer l’histoire d’une passion, celle d’une grande dame pour un instrument associé aux bals populaires et à la valse musette. « Si je ne fais plus de musique, je meurs » lui déclare Odette. Ou comment voir autrement l’accordéon …



J’avoue que j’ai entamé ce roman d’une manière dubitative. La quatrième de couverture ne m’avait pas préparée à ça, mais dès les premières pages, dès que j’ai rencontré Odette, j’ai été subjuguée. Ce n’est pas le roman du siècle, mais ici le support importe peu, ce qui importe c’est l’histoire qui est racontée – et elle l’est fort bien. Je regrette simplement le passage en trop, dès le deuxième chapitre, où il est dit que c’est une histoire vraie, et où les noms sont dévoilés. Cela aurait pu venir en épilogue plutôt que comme un cheveu sur la soupe.



Malgré ce détail, un bon moment de lecture, et une rencontre unique avec cette star que je connaissais pas et dont j’apprends aujourd’hui l’instrument. Sur ce, je vous laisse terminer votre lecture en musique … et rencontrer Odette à votre tour …



https://www.youtube.com/watch?v=70komeBheZY



Après avoir remporté la Coupe du monde de l’accordéon en 1948, Yvette Horner obtient le Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros en 1950. Elle établit sa popularité en accompagnant la caravane du Tour de France à onze reprises. Durant sa carrière, longue de 70 ans, Yvette Horner donne plus de 2 000 concerts et réalise 150 disques, dont les ventes cumulées s’élèvent à 30 millions d’exemplaires. Elle a aujourd’hui 90 ans.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
Commenter  J’apprécie          90
L'étoile et la vieille

Michel Rostain avait marqué la scène littéraire en recevant le Goncourt du Premier Roman à près de 70 ans pour le fils, chronique émouvante et très personnelle sur le travail de deuil qu'il avait du accomplir suite au dècès de son fils, mort d'une méningite foudryante à 21 ans. Si le livre ne m'avait pas totalement convaincu, j'avais apprécié la pudeur et l'élégance de sa plume.



Deux ans plus tard, alors même qu'il a été pendant près de 15 ans directeur de la Scène nationale de Quimper, il publie un second roman qui sort le 25 mars prochain, et que j'ai eu la chance de découvrir, sans savoir de quoi il en retournait, grace à Babelio et son opération Masse Critique.



Là encore, l'auteur va prendre comme point de départ de sa fiction une aventure qui lui est arrivé personnellement, puisque L'étoile et la vieille nous raconte la rencontre autour d'un projet musical commun entre un directeur de théatre breton et metteur en scène ( les coiencidences avec un prix goncourt du premier roman sont assez troublantes) et une star populaire et plus très jeune, dont les titres de gloire sont d'être considérées comme la reine de l'accordéon et d'avoir les cheveux oranges!!!



Même si on n'est pas forcément fou d'accordéon, n'importe qui aura deviné au bout de 2 pages que cette star sur le déclin n'est autre qu'Yvette Horner, cette star de l'accordéon, que je voyais beaucoup à la télévision pendant mon absence et qui effectivement, bien que cela doit faire au moins 15 ans que je n'avais plus entendu parler d'elle, traine derrière elle tout un aspect de la culture populaire, à des années lumières de l'image qu' a une scène théatrale subventionnée.



Bref, après une petite cinquantaine de pages de mise en place de cette rencontre, Michel Rostain quitte les rails de sa fiction pour nous dire que, si cette Odette pourrait faire penser à Yvette Horner ( ouf, j'étais pas complétement à coté de la plaque), avec qui il a effectivement travaillé, il y a dix ans, autour d'une pièce qui n'a jamais vu le jour, ce n'est pas vraiment cette histoire qu'il raconte, mais une fiction très romancée de cette collaboration avortée.



Malgré cette mise en garde dont le timing est assez surprenant ( on s'attend généralement à avoir ce genre d'observations à au début ou à la fin d'un roman et pas en plein milieu), je n'ai pas pour autant changé ma facon de voir le roman, et me dire que cette rencontre artistique entre la si populaire Yvette Horner et ce metteur en scène intello sentait quand même énormément le vécu et l'authenticité, et que Rostain n'avait pas du changer grand chose à son récit de départ.



Et c'est d'ailleurs cet aspect des choses qui rend le livre crédible et interessant, même s'il faut dire qu'au départ j'étais parti prenante, vu que le milieu du théatre est un domaine qui me passionne et voir la cuisine interne d'une préparation d'une pièce ne pouvait que me séduire a priori .



Par ailleurs, cette rencontre de deux univers radicalement différents est souvent bien vue et croquignolesque à souhait, tant le metteur en scène fait montre de tact et de délicatesse pour ne pas s'agacer devant les caprices et les sautes d'humeur de notre diva.



Une diva, qui, malheureusement, et c'est le principal bémol de ce livre, n'apparait pas aussi attachante que Rostain aimerait nous la peindre. Malgré l'excuse de l'âge et de la maladie, cette Odette nous semble en effet bien vite acariatre et caractérielle et ne nous fait pas changer d'avis sur l'image de mégalomane que véhiculent si souvent les stars.



Mais malgré ce peu d'empathie qu'on a pour la star ( et également pour le metteur en scène, Rostain ne s'épargnant pas forcément non plus), le livre reste un très interessant - et parfois quand même touchant- témoignage sur le processus créatif et sur le déclin lié à l'âge, a fortiori lorsqu'on a affaire à une célébrité.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          90
Le fils

Michel Rostain a réussi l'impossible : mettre des mots justes sur le pire qui puisse arriver. Ce livre parle de la douleur causée par la perte de son enfant et de comment on vit avec ça mais c'est surtout la plus belle déclaration d'amour d'un père pour son fils trop vite disparu.
Commenter  J’apprécie          90
L'étoile et la vieille

Un livre tout en paradoxes: un "metteur" (dieu que j'ai détesté cette appelation)en scène est chargé de mettre au point le dernier spectacle d'Odette, gloire française de l'accordéon. L'auteur trace deux portraits avec le style employé:

- pour le metteur-en scène, phrases qui montent et retombent assez brutalement, symbolisant je pense l'artiste bobo-chic-avant-gardiste-un brin intello mais pas reconnu à mesure de son talent ou de ce qu'il voudrait;

- Odette partagée entre la vieille dame qui cache ou ignore les signes de l'âge et son personnage de monument de l'accordéon, dont elle parle à la 3ème personne avec une grandiloquence en décalage avec la réalité.



Ce livre est le récit d'une catastrophe annoncée. Séduit par le personnage, le metteur en scène accepte donc ce spectacle. Passée la découverte mutuelle tout va de mal en pis car les étoiles du spectacle ne sont que des êtres humains. Culpabilité aussi de détromper ceux pour qui l'étoile brille encore.



L'auteur nous laisse entendre qu'il s'agit là de la version romancée, revue et corrigée, d'une expérience proche avec Yvette Horner. Il ne manque pas d'audace et d'autodérision dans la manière dont il présente son propre personnage. Le traitement du personnage d'Odette me laisse plus dubitative j'y vois plus l'ironie que la tendresse annoncée.



Pas de coup de foudre, mais une rencontre littéraire intéressante qui me donne envie de lire d'autres ouvrages de l'auteur (le fils).
Commenter  J’apprécie          80
L'étoile et la vieille

J'avais adoré "le fils" de Michel Rostain, j'étais donc impatiente de lire son second livre.

Autant le dire tout de suite : j'ai été déçue.



Si l'on retrouve dans "l'étoile et la vieille" une écriture fluide et agréable, le sujet est traité de façon discutable. Dans "le fils", Michel Rostain réussit à parler de la mort de ce fils jeune adulte d'une façon décalée, pas larmoyante du tout, c'est ce qui rend la lecture si agréable et si émouvante.

Dans "l'étoile et la vieille", l'étoile est montrée sous un angle bien peu flatteur : elle ressasse sa gloire passée, manipule ou essaie de manipuler tout son entourage, parle d'elle à la troisième personne... bref, elle est insupportable.

Alors quand elle perd la tête, ne s'y retrouve plus dans sa musique, n'arrive plus à maîtriser les boutons et branchements de son accordéon, on ne ressent pas d'empathie pour elle. Du moins, c'est ce que j'ai éprouvé, et c'est ce qui m'a gênée dans toute cette lecture.



Un micro-chapitre qui tombe comme un cheveu sur la soupe après une cinquantaine de pages, nous indique que " cette Odette ressemble à bien des égards à la grande Yvette Horner..." : le lecteur l'avait compris depuis le début, et la description terrible de la déchéance de l'étoile désormais nommée devient vraiment cruelle. L'auteur a beau clamer "Yvette Horner, ma chère Yvette, si tu lis ces pages, je veux te dire que c'est comme une lettre d'amour", je n'aimerais pas recevoir une telle missive.
Commenter  J’apprécie          82
Le fils

Le fils/Michel Rostain

Prix Goncourt du premier roman 2011.

Je commence ma lecture…

Dès le deuxième paragraphe, je suis mis face à une situation étrange, inattendue et paradoxale, pour ne pas dire incongrue teintée d’humour : « Le onzième jour après ma mort, papa est allé porter ma couette à la teinturerie. »

Bon, je n’étais pas préparé à une telle claque et j’essaye de m’en remettre et je réfléchis …

Lion, le fils, raconte sa maladie, son agonie et sa mort à 21 ans suite à une méningite fulminante ; et ce qui suit.

Car la mort est une chose, mais les tracas à suivre en sont une autre : à peine mort, il faut préparer les obsèques.

Les obsèques de Simon, ami du père de Lion furent une répétition pour les parents de Lion. Au grand oral de la mort se greffent une série de situations burlesques où la dérision le dispute au tragique et au cynisme.

« Pas facile de gérer la mort, entre profane et sacré…. Le deuil est une école de réalisme. »

Tout au long de ces lignes on découvre l’amour immense d’un père pour son fils. L’injustice, comme si la justice avait quelque chose à voir, et l’inéluctabilité inhérentes à ce drame contre nature torturent des parents qui n’imaginaient pas un instant devoir survivre à leur descendance. Le deuil, ils vont le porter tel une croix pendant longtemps, de façon assez originale.

J’ai beaucoup souri à cette lecture, mais avec une lourdeur au corps comme si j’avais pris un coup violent.

« Ma tombe est l’une des rares sépultures du cimetière à ne pas être surmontée d’un christ en croix, tête penchée à droite. (Question : pourquoi si peu de christs ont-ils la tête penchée à gauche ?) Finalement c’est une tête de lion sculptée dans la pierre par un ami qui siégera sur le tombeau. »

« Syllogisme : papa pleure chaque fois qu’il pense à moi. Papa n’est heureux que lorsqu’il pense à moi. Papa est donc heureux chaque fois qu’il pleure. »

Michel Rostain cherche dans ce récit à faire passer un message, lui qui a connu ce drame. Et la trouvaille narrative consistant à faire de son fils le narrateur, je la trouve astucieuse et intéressante : elle donne plus de force à l’ensemble de l’écriture, même si le style est un peu ordinaire, mais cela n’a pas réellement d’importance. Ce livre n’est pas une œuvre littéraire, c’est certain. Mais c’est une œuvre pleine de bon sens et de réalisme. Rostain le dit bien : faire attention aux « toujours » et « jamais », dont on use imprudemment lors d’une détresse liée à la disparition d’un être cher.

Le feuilleton final des cendres aux multiples rebondissements et un passage inoubliable. Le rôle du volcan islandais ne paraissait pas devoir prendre une telle importance.

En somme, c’est un bon livre, non seulement émouvant certes, mais aussi et surtout un hymne à la vie dont la mort fait partie paradoxalement, hélas.

Commenter  J’apprécie          70
Jules, etc.

Dans le cadre de l’opération Masse Critique, j’ai eu la chance de lire Jules, etc. le dernier roman de Jules Rostain. Je remercie Babelio et les éditions Kero pour cet envoi.



Michel Rostain a obtenu le Goncourt du premier roman en 2011 avec le Fils. Jules, etc. est son 3ème roman.



Autant le dire d’emblée, le sujet de cet opus ne plaira pas à tout le monde ! En effet, le thème central du livre tourne autour de la corrida. S’il donne dans une partie au travers des yeux de Camille, nordiste, la parole aux anti-corridas présentés comme des pacifistes (« la torTure n’est pas notre culTure » leur fait il chanter face à la violence brutale des pro-corridas), Michel Rostain nous livre un véritable plaidoyer en faveur de la corrida.



L’auteur s’y connait et a l’air fan, on retrouve tout le vocabulaire inhérent à ce spectacle ? Art ? Tradition ? Boucherie ? Torture ? (J’ai mon avis bien tranchée sur la question mais je vous laisse juge ;) ) tout au long du roman. Des noms des différents actes en passant par les caractéristiques des toros, les passes, vous aurez une vraie initiation au déroulement d’une corrida.



Pour ceux qui connaissent, c’est un réel plaisir. Il se dégage une vraie tendresse dans les paroles de Jules, de Eugène, de Claude, de Hugo, toutes ces différentes générations initiées par les anciens et amoureux de cette tradition. Avec deux points communs récurrents : la musique (pasodoble par ex.) et la présence de Generoso, petit bijou porte-bonheur transmis de génération en génération. Originaire de Dax, comme Jules, etc. j’ai baigné très jeune dans l’ambiance des ferias et vu beaucoup de corridas. J’ai ressenti beaucoup d'émotions et eu des frissons en lisant certains passages.



« Les noms des notes me sont donc venus comme les mots de l’arène, les do, les ré, les bémols, les dièses, les clefs et les mesures à la façon des veronicas et des muletazos ».



Pour ceux qui ne connaissent pas, cela est rapidement déroutant. En effet, même si l’auteur y adjoint des explications qu’il espère le plus claire possible, aucun des termes (ou presque) espagnols n’est traduit en Français. Je peux aisément imaginer que le lecteur novice se retrouve noyé, perdu aux milieux de mots incompréhensibles et ait du mal à rentrer dans le roman.



Il en est de même avec les locutions latines des cérémonies religieuses : pas de traduction. Au lecteur de comprendre et d’accepter. Nous sommes dans un livre à l’éducation très vieux jeu, traditionnelle, à l’ancienne (l’auteur le précise d’ailleurs par l’intermédiaire d’un de ces personnages)



« Vient ensuite un long dialogue en latin entre maman et le curé. Ils lisent dans leurs missels : - Fides, qui tibi proestat ? – Vitam oeternam. – Si igitur vis… Et caetera. Je ne comprends rien à cette voix ni à ce qu’elle marmonne.»



Car oui la religion, la corrida, … tout est et doit rester secret vis-à-vis du reste de la famille. Ne surtout pas dire aux parents que le bon-père Eugène m’amène voir des corridas, ne surtout pas révéler que maman m’a emmené à l’église, etc… Le culte du secret est omniprésent, chacun cherchant à transmettre ses propres valeurs à l'enfant.



Mais ce roman est avant tout un roman sur la transmission des valeurs de génération en génération. Michel Rostain use et abuse des traditions sudistes pour créer une atmosphère, une ambiance joyeuse et musicale servant à former et forger le caractère des plus jeunes. Amour, musique, chaleurs, découverte de son corps (masturbation et autres premières fois), traditions et corridas sont les thèmes récurrents tout au l ong des pages.



« Jules a organisé ce goûter et cette promenade pour cela, pour donner ; les enfants se construisent avec un don. »



« Sur la piste, me dit bon-papa, c’est une affaire de bonne distance entre le toro et le torero. […] Dans la vie, tu sais, c’est pareil ; il y a des frontières, il faut les deviner. Si on parvient à rester à la bonne distance, pas loin et même le plus près possible, alors on est juste. »



Ça se lit vite, ça se lit bien et c’est relativement agréable. Le style est simple, très dynamique car basé quasi uniquement sur des dialogues entre les deux interlocuteurs. On dévore les pages sans s’en apercevoir et on arrive à la fin du livre très rapidement.



« les microbes tauromachiques sont au travail. »



En ce qui me concerne, j’ai passé un bon moment en compagnie de Jules et sa descendance. Mais je ne peux le conseiller à tous vu le sujet abordé. C’est un roman de niche, il sera adulé ou détesté.



4/5




Lien : http://alombredunoyer.com/20..
Commenter  J’apprécie          70
Le fils

Michel Rostain nous livre un récit intime, le récit des derniers jours de son fils et des jours qui ont suivi. Ce livre nous percute dès les premières lignes. "Papa fait des découvertes. Par exemple, ne pas passer une journée sans pleurer pendant cinq minutes, ou trois fois dix minutes, ou une heure entière. C'est nouveau."



Le ton est donné, l'émotion est palpable. Au fil du récit, on passe des larmes aux rires tant l'auteur manie l'humour noir avec brio. On sent toute l'émotion de ce père, de cette mère. Toutes ces fois où il se rejoue le scénario des dernières semaines, des derniers jours, les "et si", la culpabilité, la recherche de signes dans les moindres recoins, le manque du toucher, de la voix. Leur vie semble s'être arrêtée en même temps que celle de leur enfant, et pourtant... Pourtant la vie continue, elle doit continuer. Michel Rostain nous montre que le chemin est long mais que la vie est belle malgré tout.
Commenter  J’apprécie          60
Le fils

Court roman, mais une tellement belle histoire. Un gamin, de 21 ans à peine succombe d'une méningite. C'est le drame pour les parents qui n'avaient qu'un seul enfant.

Pour guérir de son immense chagrin, le père, Michel Rostain, a écrit ce récit, comme raconté par son fils décédé. Une leçon de courage, d'amour et de tendresse.

Commenter  J’apprécie          61
Le fils

Le narrateur est le fils décédé brutalement.



Il raconte comment son père a vécu, sans le savoir, les derniers jours de la vie de son fils.



Il décrit le très bel enterrement et la dispersion des cendres, duent au hasard d’une rencontre.



Les premiers temps, les parents pleurent, mais leur amour les uni et, ensemble, ils continuent de vivre chacun à leur façon dans le souvenir.



Un très bel hommage à un fils parti trop tôt.



L’image que je retiendrai :



Celle de la cérémonie au crematorium où chacun apporte sa pierre au souvenir de Lion.
Lien : https://alexmotamots.wordpre..
Commenter  J’apprécie          60
Le fils

C'est le récit d'un deuil, un des plus difficiles je pense celui de son enfant, dans ce livre celui de son fils, terrassé par une méningite foudroyante à 20 ans.

L'auteur raconte les faits les plus marquants du jour tragique au semaines qui suivent.

Ce qui que j'ai bien aimé c'est le fait que ce soit le fils qui parle au père ce qui permet de prendre du recul et ne pas tomber dans le larmoyant.
Commenter  J’apprécie          60
Le fils

Sur la quatrième de couverture, Nancy Huston déclaré avoir lu 6 fois ce livre, et avoir ri et pleuré à chaque lecture. Je n'ai pas ri, mais souvent souri et beaucoup pleuré. Mais avant tout, j'ai été profondément touchée par ce récit, qui ne le serait pas. Il faut énormément de talent et de courage pour témoigner d'un tel drame. Michel Rostain a su trouver le juste ton et la juste forme. Bien que bouleversant, ce livre magnifique mérite d'être lu. Bien sûr, on ne peut s'empêcher d'espérer ne jamais connaître une telle douleur, mais on comprend une chose, aussi difficile qu'essentielle: "On peut vivre avec ça" . Merci, Monsieur Rostain.
Commenter  J’apprécie          60
L'étoile et la vieille





"Ce soir, au théâtre, la toujours verte et rousse Odette"



Un metteur est scène de spectacles lyriques accepte de travailler avec une vedette de musique populaire sur le déclin.

J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre le choc artistique de deux personnalités du monde musical, contraints à préparer un concert, en dépit de leurs différences. Beaucoup de fantaisie, pour décrire le contraste entre un metteur en scène condescendant face à tant de ringardise, mais néanmoins sous le charme d'une Odette accordéoniste narcissique, à la chevelure flamboyante et qui parle d'elle à la troisième personne. ( changez le O en Y, ça parle tout de suite! )



La confrontation se décline en mode sarcasme et en humour à la sauce vitriolée. Au fil des répétitions, entre tendresse et agacement, stress et enthousiasme, ils vont s'attacher, s'affronter, se charmer, s'agacer, confrontés tous deux au déclin d'une star vieillissante et fatiguée, incapable d'assurer mais qui refuse de décrocher. Car sinon, que reste-t-il?



La chronique littéraire de cette expérience se décline en mode musical comme une partition, par chapitres lyriques, composant ainsi une oeuvre tragique, cruellement nostalgique, sur la décrépitude, la vieillesse et la mort.



Merci à Babelio et aux éditions Kero pour cette lecture, me permettant de découvrir Michel Rostain. Conquise par son écriture, j'ai mis son premier livre Le Fils , Goncourt du premier roman 2011 dans ma PAL.
Commenter  J’apprécie          60
Le fils

Michel Rostain écrivain et metteur en scène de théâtre lyrique et musical a perdu son fils âgé de 21 ans d’une méningite foudroyante en 2003. Avec ce livre, dont le narrateur est le fils disparu, l’auteur fait un récit subtil et intense de ce deuil terrible pour lequel un ami lui a dit “ On peut vivre avec çà”. Et à travers la voix ironique et tendre de son fils il signe là un vrai hymne à la vie. Ma fille cadette qui l’a lu avant moi, l’a beaucoup aimé, j’ai eu un peu plus de mal à le lire parce que trop d’empathie pour ce père me bouleversait malgré la distance, l’humour et la dignité de ce témoignage sans pathos ni plainte...Avec le recul, et j’en ai quelquefois besoin pour remettre en place idées et émotions au sortir d’un livre, je me dis qu'il fait partie de ces livres forts qu’on n’est pas prêt d’oublier...
Commenter  J’apprécie          50
Le vieux

Quel beau moment de lecture..

Le vieux un ancien metteur en scène apprend la mort d un ami un de plus.

Sa compagne est toujours à ses côtés partageant les mêmes passions.

Une rencontre un drame va survenir..

Mais le. Spectacle doit continuer

Show must go on..

Ce roman est un magnifique hommage aux théâtre à l opéra a la scène en général le covid y est évoqué donnant une force supplémentaire au texte

Roman tendre sensible et qui pose la question sur la vieillesse et la fin de vie

Plaisir de lecture et véritable découverte

9/10
Commenter  J’apprécie          50
Le fils

Le sujet de ce livre est assez difficile, puisqu'il est question de la mort d'un enfant, d'un fils. Michel Rostain décide de donner la parole à ce fils, puisqu'il est le seul narrateur de cette histoire. Le ressenti à la lecture est ainsi totalement différent. C'est la douleur d'une famille à travers les yeux de la personne disparue, c'est la vision de ce fils sur les sentiments de ses parents, de ses proches. Il nous emmène dans sa vie d'avant le drame, dans celle de sa famille, nous fait découvrir l'apparition de sa maladie, terrible et rapide, puis de sa mort et avec elle l'apparition de la douleur de la perte. C'est pour cette raison, il me semble, que le récit ne tombe jamais dans le pathos, dans les bons sentiments. Ce fils, à qui l'auteur donne la parole, n'est ni plaintif ni en colère, il donne surtout l'impression de regarder la vie de ce père à travers une vitre teintée, de le suivre tout au long de deuil, de l'accompagner dans l'ombre...
Commenter  J’apprécie          50
L'étoile et la vieille

Livre reçu des éditions Kero par l'intermédiaire de Babelio.

Voici une lecture fort embarrassante. La mise en garde de Michel Rostain, son affirmation que le récit est avant tout "une lettre d'amour", je veux bien le croire, quoique. Si ce n'est pour s'en convaincre, à défaut d'en convaincre le lecteur, est-il nécessaire d'affirmer son admiration pour l'accordéoniste?

Une artiste qui a été adulée, célébrée, prépare un ultime gala avec un metteur en scène plus rompu à l'art contemporain qu'à la variété. Dès les premières rencontres, la vieillesse effraie, masquée tout d'abord par l'"aura" d'Odette, mais peu à peu , inéluctablement, le masque mortuaire se plaquera sur la vieille femme. Elle passe tragiquement du statut d'étoile à celui de vieille: fin pitoyable de l'artiste.

Comme dans Un fils, la lecture est dominée par l'impression malsaine de voir ce qui n'aurait pas dû être montré, la pitié se mêle à l'agacement: ni le metteur ni Odette ne sont bien sympathiques. Malgré tout, je n'ai pas eu envie d'abandonner, l'écriture est plaisante et la lecture facile.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Michel Rostain (648)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur Pax et le petit soldat

Pour quelle raison Peter doit-il abandonner son renard?

la guerre
la peste
la famine

23 questions
134 lecteurs ont répondu
Thème : Pax et le petit soldat de Sara PennypackerCréer un quiz sur cet auteur

{* *}