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Critiques de Mireille Gagné (133)
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Minuit moins deux avant la fin du monde

J'ai découvert cette auteure récemment lors d'une lecture publique. Ses poèmes prennent la forme de petites histoires habilement tournées et très évocatrices. L'ensemble crée un genre de conte bizarre peuplé de personnages en mal de vivre. C'est créatif, touchant et facile à lire. J'ai adoré!
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Le lièvre d'Amérique

Un chouette Premier roman, à l'histoire atypique, écrit par Mireille Gagné, qui m'a portée, même s'il n'est pas très optimiste mais que j'ai apprécié au point de le lire en une journée ; le rythme est bon, notamment, grâce à sa construction, à l'alternance des chapitres :

-chapitres qui décrit scientifiquement le lièvre d'Amérique

-chapitres qui parlent du personnage principal de Diane, qui vient de subir une opération

-chapitres racontés par Diane où elle parle de son enfance sur l'Ile où elle habitait avec ses parents et les temps partagés avec Eugène, son ami

-chapitres où l'autrice évoque la vie de Diane, avant l'opération, dans un texte sans ponctuations, cette vie au travail qui la pousse à changer

On comprend assez vite en quoi consiste l'opération de Diane et, on se laisse emmener dans cette histoire, si on adhère à l'idée de l'autrice. Un livre résolument tourné vers la nature (lieux et animaux), la description de l'île m'a emporté vers l'envie de balades, en bord de mer, envie d'espace comme ce lièvre, d'évasion en bord de mer.

Roman qui fait parti de la sélection francophone du 35e festival du premier roman à Chambery 2021-22 ; par ailleurs, Mireille Gagné est québecoise et on retrouve d'ailleurs de nombreuses expressions canadiennes, un petit lexique se trouve à la fin du livre.

"-Je me demande ce que ça fait en dedans, savoir qu'on est en voie de disparition."
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Le lièvre d'Amérique

Le roman commence par une description du lièvre d’Amérique. L’animal et ses nombreuses caractéristiques ouvrent, dans des courts chapitres, chaque partie du livre. À l’image du film d’Alain Resnais, Mon oncle d’Amérique (qui mettait en lien un romance avec les théories du biologiste Henri Laborit), Mireille Gagné trace des lignes parallèles autour de la figure de cette femme violentée par le travail. Chaque partie du livre suit le même ordre. Après le lièvre, c’est le quotidien de Diane qui est présenté avec la présence fantomatique d’Eugène, puis le déroulé sans ponctuation de son esprit et une illustration. Celle-ci, toujours identique, revient sans cesse, comme l’été avec Eugène et les obsessions de Diane. Cette femme est envahit par des vagues de sensations et d’informations que son esprit ne semble pas parvenir à intégrer.

Tout semble lui échapper. Son corps, son comportement, ses capacités et son esprit. Le parallèle entre ces 4 sections ne fait pas office de comparaison mais ouvre un dialogue entre les sujets et les formes artistiques. Les rythmes s’entrechoquent. La précision des descriptions du lièvre se confronte au flou ressenti par Diane au cours de chaque journée. Son temps de compréhension est à l’opposé de la frénésie qu’elle constate en elle. Quand son esprit parle, on perçoit une analyse précise et angoissante de la réalité du travail. Diane est au milieu de plusieurs sensations et n’a pas la maîtrise de tout cela. Elle perd son individualité, soumise au regard de l’autre qu’il soit le mâle ou son patron.

C’est une cartographie des fragilités de l’être que dresse la romancière. Son écriture, par la richesse des registres maniés, esquisse toute la violence subie un individu face au déferlement du monde qui est loin de la nature. Alors que le lièvre trouve des ressources pour survivre dans la nature, l’être humain est dans un autre rapport à son environnement professionnel. L’intimité n’a plus sa place et l’être est conditionné par ce que lui demande son travail. L’humanité perd de son sensible pour être formaté pour le labeur. Mireille Gagné se concentre sur le déséquilibre du quotidien de cette femme, être qui ne préserve pas, ne se détache pas. Mais tout cela est-il vraiment possible ?
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Le lièvre d'Amérique

Un joli moment d’évasion. Au-delà de sa chouette couverture, Le lièvre d’Amérique vaut le détour par sa construction originale qui sert vraiment bien le message de l’ouvrage. Le roman est structuré en sections, toutes composés de quatre courts chapitres : un chapitre présentant une caractéristique du lièvre d’Amérique, un deuxième chapitre écrit à la 3e personne décrivant le personnage principal, Diane dans les jours suivant une opération censée la rendre plus performante (moins besoin de sommeil, plus de capacité de concentration), un troisième chapitre écrit à la première personne nous ramène à l’adolescence de Diane, entre mers, forêts et amours naissantes, et le dernier chapitre écrit dans un style lapidaire et essoufflé décrit les moments qui ont conduit Diane à prendre la décision de l’opération précédemment mentionnée. Cette construction permet de mettre en tension la Diane transformé par la société néolibérale urbaine et la Diane proche de la nature et prend tout son sens au fur et à mesure du récit. Avec Watership Down et le lièvre de Vatanen, je commence à me dire que ces petites bêtes sont vraiment de beaux sujets de roman !
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Le lièvre d'Amérique

Diane vit pour et par son travail. Elle veut être la meilleure, la plus performante, la dernière à partir le soir. Lorsqu’une employée commence à la concurrencer, Diane ne le supporte pas. Il lui faut réagir rapidement. Elle prend une décision radicale : elle va se faire opérer pour améliorer ses performances. Mais cette modification génétique va avoir des effets surprenants et inattendus.



« Le lièvre d’Amérique » de Mireille Gagné est un texte court à la construction très structurée. L’auteure organise son roman par sections dans lesquelles on retrouve : les caractéristiques du lièvre d’Amérique, Diane après l’opération, Diane quinze ans plus tôt sur l’Isle-aux-Grues, Diane avant l’opération. Ce dispositif est vraiment intéressant et pertinent. Chaque chapitre a un ton et un style différents. La Diane d’avant et d’après l’opération nous est présentée à la troisième personne alors que celle de l’Isle-aux-Grues s’exprime à la première personne. On sent alors très bien que Diane s’est perdue, s’est oubliée. Les pages sur son quotidien avant l’opération sont également formidables. Il s’agit d’une succession d’actions, de ressentis sans ponctuation. Là aussi, la forme du texte exprime parfaitement le fait que Diane est une workaholic qui court à sa perte en se noyant dans le travail.



Mais « Le lièvre d’Amérique » n’est pas qu’une brillante construction narrative. Le fond de l’histoire est également réussi. Le roman de Mireille Gagné est une fable animalière, une ode magnifique à la nature. Le cheminement psychologique et physique de Diane va la ramener à l’Isle-aux-Grues. Les paysages y sont sauvages, les éléments s’y déchaînent. La beauté de l’endroit éblouit Eugène, nouvellement arrivé alors que Diane, adolescente, ne rêve que de s’en évader. Mais l’appel de la nature, du lièvre d’Amérique sonne toujours à l’oreille de ceux qui se sont égarés, qui ont nié leurs origines.



Conte humaniste, « Le lièvre d’Amérique » nous offre une lecture singulière de part sa construction inventive et qui varie les styles. Mireille Gagné nous plonge avec délice dans un univers magique et merveilleux. Etes-vous prêt à suivre le lièvre d’Amérique ?
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Le lièvre d'Amérique



Diane est totalement accro à son travail, la performance à tout prix est son credo. Mais cela ne lui suffit pas, elle veut encore plus. Elle subit une opération pour améliorer encore son efficacité, dormir moins, travailler toujours plus.



Voilà un livre totalement original, particulier et intrigant.

Des chapitres courts alternant entre le passé, aux plaies encore ouvertes, et le présent de Diane. On enchaine de courts extraits documentaires sur le lièvre d’Amérique avec des passages sans ponctuation, sur le ressenti et l’effervescence de Diane.

C’est très bien construit et peu à peu on devine, en apnée, le destin de Diane.



Une fable étrange et poétique qui montre les dérives de l’Homme, toujours à la recherche de l’amélioration jusqu’à en oublier les règles de la nature.



Une expérience littéraire qui m’a conquise.


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Le lièvre d'Amérique

Voici un roman singulier de cette rentrée littéraire. Le personnage principal s’appelle Diane. On fait des allers-retours dans le temps et donc dans la vie de Diane. Les chapitres sont entrecoupés de pages explicatives sur le lièvre d’Amérique : son comportement, son alimentation, ses prédateurs, sa reproduction, son territoire.

Elle a grandi sur l’Îsle-aux-Grues, un archipel d’îles au Canada. De son enfance, elle nous parle surtout de son ami Eugène, un fervent défenseur des animaux chassés. A l’âge de 15 ans, il disparait mystérieusement. Elle nous parle de la mer et de ses dangers (marées).

Aujourd’hui, elle vit seule, dans un appartement aseptisé en ville. Diane est une travailleuse acharnée, une employée modèle qui arrive tôt et part après tous ses collègues. Mais Diane est jalouse de l’une ses collègues. Son unique objectif est de la surpasser. Alors elle a pris rendez-vous pour une opération qui lui permettra de dormir moins et de travailler davantage.

Le roman s’ouvre à J+1 de l’opération et nous observons avec Diane ses effets sur son corps et son mental. Des effets surprenants, on dirait bien que ses yeux s’agrandissent, que son rythme cardiaque s’accélère, qu’elle devient rousse avec des taches de rousseur de plus en plus nombreuses…

Ce roman est très court et il m’a captivée. Je voulais découvrir en quoi allait se transformer Diane à la suite de cette opération mystérieuse. Je dois dire que la couverture a également attiré mon attention. Une très belle illustration colorée de Stéphane Poirier recouvre la totalité de la couverture. C’est un bel objet, une illustration en noir et blanc est insérée régulièrement entre les chapitres tels des intercalaires. La mise en page est soignée (design graphique et mise en page par l’Atelier Mille Mille). A la fin l’auteure a glissé un lexique de vocabulaire maritime, parler rural de l’île-aux-Grues. Vous trouverez par exemple la définition de « grignons » : « des mottes de terre ou de glaces durcies par la gelée ». J’ai adoré tous ces mots, une véritable invitation au voyage sur cette île que je ne connaissais pas. Une belle découverte !

L’éditeur décrit ce roman comme « une fable animalière néolibérale, [qui] s’adresse à celles et ceux qui se sont égarés ». Ainsi on nous dit que le roman est une adaptation libre d’une histoire algonquienne racontée par Alanis Obomsawin sur les ondes de la radio CBC en 1970, une légende indienne ! Elle relate les origines de Nanabozo, « une figure mythologique issue des traditions cosmologiques des peuples algonquiens ».

Si vous voulez en savoir plus sur Nanabozo : « Polymorphe et sans sexe défini, il ou elle apparaît le plus souvent sous la forme d’un lièvre. Envoyé sur la terre par le Grand Esprit Manitou et parfois lié à la création du Monde, Nanabozo est tantôt enseignant et bienfaiteur des humains, tantôt farceur. »

https://www.cbc.ca/player/play/1527775827
Lien : https://joellebooks.fr/2020/..
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Le ciel en blocs

Des blocs de poésie carrés, droits; rien qui dépasse. Des blocs qu'on empile pour se bâtir une vie préfabriquée; un décor synthétique, stérile, fait de routine et de banalité. Pour devenir des figurines de plastique usinées, génériques et vide en dedans. Un monde aseptisé duquel on cherchera toujours à s'évader, pour retrouver la nature et notre humanité, mais sans jamais vraiment y parvenir.



Un calligramme subtil et ingénieux, bien construit – c'est le mot juste! –, qui frappe l'imaginaire et fait réfléchir.

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Le lièvre d'Amérique

Voilà un premier roman québécois captivant, intriguant, poétique. Mireille Gagné a écrit une fable. Une fable dont seuls les québécois ont le secret. Une fable dont les mots percutent, dont la ponctuation s’efface, dont le rythme est dense. Mais attention, ici, ce n’est pas une fable comme nous connaissons. « Le lièvre d’Amérique » est une fable qui parle des travers de notre société, ce travers de la compétence, du toujours mieux et plus vite. Et quelle idée incroyable qu’a eu l’auteure de s’appuyer sur la légende de Nanabozo, légende que je vous laisse découvrir à la fin de ce court mais puissant roman.



Dans « Le lièvre d’Amérique », Mireille Gagné explore la métamorphose de Diane par le biais d’une opération. Une métamorphose afin d’être plus productive, plus rapide, plus plus plus. Le lecteur assiste à ce changement, découvre avec Diane tout le bouleversement que subit son corps et je ne peux que penser à « La métamorphose » de Kafka (et cela me ravit). Avec en parallèle, la découverte du lièvre d’Amérique, l’animal puissant et rapide. Le lecteur en apprend beaucoup sur cet animal. Et fait forcément le lien avec ce que vit Diane. Le parallèle est posé. Évidemment, l’auteure veut nous faire comprendre Diane et sa vie de maintenant, à ce qu’il lui arrive en nous parlant de son adolescence et de ce qu’elle a vécu. Trois parties dans un court roman. Cela est ambitieux, audacieux et surtout cela fonctionne. L’auteure a un réel don pour raconter une histoire captivante, un don pour nous apprendre des choses, un don pour nous captiver pendant 138 pages!
Lien : https://unbrindesyboulette.w..
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Le lièvre d'Amérique

✨ Je viens de tomber en amour...

✨ « Le LieÌvre d’Ameìrique » est une fable belle, envoûtante, mysteìrieuse ; une fable qui nous bouscule, nous interroge, nous sort de notre torpeur.

✨ En juste quelques pages et un eìpilogue leìgendaire, Mireille Gagné m’a toucheìe en plein cœur.



✨ Diane est une jeune femme priveìe d’elle-même, rongeìe par le culte de la performance et la peur du deìclassement, prête aÌ subir une obscure opeìration geìneìtique pour être/ rester la meilleure.

✨ Une folie, me direz-vous ?

Oui, mais comme nous sommes dans une fable, c’est cette folie qui va sauver Diane... malgreì elle. Ainsi va-t-elle, au fil des pages, et peu aÌ peu, renouer avec le(s) sens, l’instinct, la terre.



✨ Six tableaux pour une renaissance, et au sein de chaque tableau, quatre temporaliteìs, quatre styles narratifs :

- De breÌves descriptions d’inspiration eìthologique pour rencontrer notre ami le lieÌvre,

- Des reìcits poeìtiques et eìnigmatiques pour vivre le paysage insulaire

- Des textes bruts, saccadeìs et sans ponctuation pour dire le monde contemporain … un monde effreìneì ouÌ langue et penseìe ont perdu le sens , le souffle, le « je »

- Des reìcits fantastiques de meìtamorphose et de renouveau, enfin,

✨ Quelle virtuositeì !



✨ Merci, cheÌre Mireille, pour ce roman intense, pour ce roman de l’enracinement, de l’appartenance aÌ la terre.

✨ Merci pour ces magnifiques paysages du Queìbec, pour la beauteì sauvage de l’Isle-aux-Grues, pour le vol de l’aigle royal,

✨ Merci enfin pour cette leìgende algonquienne qui nous fait entrer dans un cercle de mythes et d’initieìs.
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Le ciel en blocs

Le commentaire de Lynda :



Un tout petit recueil de poésie, qui se lit rapidement, pas trop quand même, si on veut connaître vraiment le sens de la poésie de Mireille Gagné.

Dans ces mots, l'humain est comparé à une figurine Lego, dont on remplace les parties du corps, sans se poser de questions, on remplace tout simplement.

L'existence de ces êtres figés dans un monde de plastique, est-ce une comparaison avec nous, humains.

Je crois sincèrement que chacun peut interpréter cette lecture à sa façon, la société un peu artificielle, où tout est question du paraître... On avance et puis la vie se charge de nous modifier que se soit la tête ou encore le mouvement, et pourquoi pas le cœur dans un corps glacé comme du plastique, puis l'espoir, les outardes qui se montrent au-dessus des têtes.

Ce petit livre se lit très rapidement, il m'a toutefois donné une certaine paix, même si le sujet est assez spécial. À travers les mots de Mireille Gagné, j'ai vu la société, mais elle m'a amené tout doucement vers l'espoir avec le vol des outardes. Je vous recommande, si moi qui n'est pas amateur de poésie, j'ai aimé, vous allez, vous aussi, aimer, j'en suis certaine !
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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Le lièvre d'Amérique

Hors catégorie (roman, fable, documentaire animalier, satire ?) ce petit livre étonne et séduit par l’alternance des voix que le temps a transformé. De la jeune-fille amoureuse ancrée à l’île aux Grues à l’hyperactive employée de bureau il y a mutation. Est-ce l’écho de la vie sauvage sur l’île qui la hante comme la disparition de son amoureux ? Elle laisse le vent, le cri des oies et la force des eaux du Saint-Laurent nous pénétrer, comme la frénésie animale qui prend possession de son corps. Un premier roman original.

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Le lièvre d'Amérique

Fable à la limite du fantastique et pourtant bien ancrée dans le réel. Diane cherche à être de plus en plus performante au travail. Veut-elle oublier un épisode de son adolescence ? Elle va se faire opérer pour être plus efficace encore.

Ce premier roman est structuré en chapitres courts, ceux sur la vie du lièvre d'Amérique, ceux qui prennent place avant l'opération et ceux d'après. Il se situe sur l'Isle-aux-Grues - Canada au milieu de l'eau, du vent, du froid, de la nature sauvage et rude.

Rien à voir avec la rudesse et la sauvagerie du monde du travail où vont s'égarer certains.
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Le lièvre d'Amérique

Une superbe découverte que Le lièvre d'Amérique. Le récit est à la fois étrange et prenant. Son découpage en petites tranches, dont on ne découvre les liens qu'au fur et à mesure, y est pour beaucoup. J'ai particulièrement aimé le détour par le fantastique pour une réflexion sur la condition féminine et la fuite vers la productivité et la perfection, mais aussi l'écriture de l'amour adolescent, si évanescent ici qu'on se demande même s'il a bien existé. A recommander partout autour de vous, comme une belle introduction à la littérature québécoise.
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Le lièvre d'Amérique

Texte envoûtant, inclassable et emprunt de magie, Le lièvre d'Amérique est un livre très surprenant comme les éditions La peuplade savent si bien nous en proposer. C'est un premier roman rythmé qui traite de l'aliénation par le travail, du lien à la terre natale et de la nature.



Diane a voué son existence à son travail. Elle a tout réglé dans sa vie pour être productive et pour être tout le temps en forme. Mais elle reste humaine et doit parfois dormir. Quand une nouvelle employée plus efficace et plus dynamique qu'elle arrive, Diane en souffre. Mais il y a peut-être une solution, une solution qui va transformer son métabolisme et la rendre encore plus productive. Quinze ans plus tôt, alors que Diane vivait avec ses parents sur sur l'Isle-aux-Grues, elle passe un été marquant auprès d'un ami énigmatique. Le roman avance par fragment en alternant le passé, le présent et des passages documentaires sur le lièvre d'Amérique.



Plus Diane avance dans sa transformation plus les souvenirs de son adolescence remontent. Sa quête abrutissante d'exemplarité salariale l'avait détournée de ses racines. Au fur et à mesure que son corps change, ses préoccupations évoluent. Elle repense à ce premier amour qui libérait les lièvres pris au piège et observait les aigles royaux. Son côté animal, son expérience passée de la nature remonte. Une forme d'instinct enfoui s’éveille et devient la clef de sa libération. Cette terre natale détestée à l'adolescence est finalement celle qui l’appelle, celle vers laquelle elle revient.



A la manière d'une parabole, le roman nous invite à penser notre société hyper productive et déshumanisée. Diane est un archétype, une figure presque magique qui pointe un dysfonctionnement. Face à cela l'autrice n'offre pas de solution ou de voie toute tracée. La forme fragmentaire du livre laisse le soin au lecteur de trouver ses propres clefs de compréhension. Le roman s’achève sur une légende, sur un sens possible à l'ensemble.



Le livre est court, rythmé et se lit d'une traite. On en sort un peu hagard, un peu perdu face à l’étrangeté de l'ensemble.Il fait partie de ses textes qui marquent, qui laisse une trace en nous et nous habite bien après la lecture. L'écriture est poétique, changeante et percutante. Elle s'adapte aux temps du récit et aux états d'esprit de l’héroïne. Suivant les parties le pronom employé change également, symbolisant ainsi les différents états d'esprit de Diane.



C'est une curiosité littéraire profonde et envoûtante que je vous invite à découvrir car on en ressort pas complétement indemne.
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Bois de fer

Me voici de retour de ma première journée de bénévolat à Étonnants Voyageurs avec dans ma besace quelques livres dont celui-ci offert par Julien Delorme. Ravie de le revoir, nous nous étions croisés sur le temps du repas.



La rencontre avec Mireille Gagné et les lycéens a été passionnante alors je n’ai pas résisté et j’ai commencé Frappabord, le dernier roman de Mireille Gagné, dans le bus. Rentrée chez moi, j’ai aussi voulu lire quelques pages du recueil de poésie et découvrir la poétesse. Et là, je me suis pris une grosse claque. Par résonance, échos d’anciens maux, je n’ai pu me détacher de ces mots. J’ai eu envie d’y ajouter les miens sans recherche particulière ; simple écho.



Ce recueil est un véritable coup de cœur. Et pas juste pour ces émotions ressenties, rassurantes : non, nous ne sommes pas seul(es). Tout le travail autour de la métaphore de l’arbre et du bois, des branches, de ses cicatrices, de ses gourmands et autres champignons et insectes est magnifique. La nature en toile de fonds, celle dans laquelle j’aime m’ancrer et respirer, espérer et me renouveler.



Vous lisez de la poésie ? Des idées reçues ? Changer de perspective en lisant ce recueil !!!



Merci

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Bois de fer

Ce petit livre est très étonnant. D’une délicatesse rare, il a su me donner du plaisir à la lecture. Les mots sont très bien choisis. Les paragraphes courts même très courts apportent vraiment du rythme à la lecture. C’est très interessant de se retrouver à la place d’un arbre et globalement s’est vraiment une réussite. Une expérience inédite très poétique mais

sans en oublier les enjeux liés à notre nature qu’il faut savoir protéger. Une lecture simple, dynamique qu’on ne peut éviter.
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Le lièvre d'Amérique

Quel livre étonnant que ce premier roman de cette autrice québécoise, ou quand une fable animalière sert à illustrer les aliénations engendrées par nos sociétés libérales.



Diane a grandi sur l’Isle-aux-Grues, à quelques encablures de Québec, une petite île sauvage où tout le monde se connaissait, où elle vivait heureuse auprès de ses parents et où elle connut Eugène, un jeune garçon passionné par les animaux en voie d’extinction.



Diane a quitté l’île et n’a pas revu ses parents depuis quinze ans. Elle n’a aucune vie sociale, compte tout, les dossiers réglés, les mails envoyés, la distance entre son appartement et son travail où elle se rend sept jours sur sept, se nourrit de pas grand chose le plus vite possible et se couche, non sans avoir vérifier plusieurs fois que la porte est bien fermée, puis s’endort en ressassant ce qu’elle a fait dans la journée et qu’elle aurait pu laisser échapper. C’est ce qu’on pourrait appeler une workaholic insatisfaite.



Alors pour faire mieux et surtout plus, elle décide de se faire greffer le gêne du lièvre d’Amérique, un des animaux qui dorment le moins. Les effets ne tardent pas à se faire ressentir ; ils ne sont juste pas ceux attendus.



L’histoire est un brin loufoque mais nous questionne sur nos sociétés à la recherche du culte de la performance et du surpassement, au risque de s’oublier et de faire un burn-out. Le grain de sable dans la machine bien huilée des diverses manipulations aura-t-il raison de ce monde absurde ? Je vous laisse le découvrir par vous-même !



Ce premier roman est relativement court (un peu plus de cent pages), mais sa construction est particulièrement intéressante. Une écriture bien distincte pour délimiter chaque séquence : l’étude scientifique du lièvre d’Amérique, Diane qui se remémore son enfance sur l’île (je), Diane tel un sujet d’étude après son opération (elle) et enfin la vie sans répit de Diane écrite à la chaîne, sans ponctuation, comme pour marquer le rythme de folie auquel elle se contraint.



Un regret ou plutôt une frustration : ce roman aurait mériter quelques pages supplémentaires sur ce qui a mené Diane à ce culte de la performance, mais bon il a l’excuse d’être un premier roman, et on lui pardonnera aisément.
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Le lièvre d'Amérique

Diane a une vie normale, un appartement en ville et un job de bureau. Elle vient d'une île du Québec et est « montée à la grande ville » il y a des années coupant les ponts avec sa famille. Elle vient de subir une opération visiblement assez lourde : elle en constate peu à peu les impacts sur son organisme.C'est à peu près tout ce qu'on sait au début du roman, des bribes d'une enfance à courir dans la forêt et d'un âge adulte de stress. Pourtant le basculement est violent : la déroute est merveilleuse. Si la narration des chapitres préopération est quasi sans ponctuation, dans un souffle de panique quasi totale ; les souvenirs de l'île sont d'une facture assez classique. Les allers-re tous n'en sont que plus flagrants (violents?).Le fluage de la voix narrative n'est pas sans évoqué les romans de Marie-Claire Blais.Bien sûr on en apprend plus sur cette étrange femme et son étrange évolution, qui m'évoque Truisme de Darrieusecq... qui tournerait plutôt pas si mal.
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Le lièvre d'Amérique

Il y a eu des surprises, et parfois une suite logique déjà annoncée mais dans tout ça, il est certain que l’écriture de Mireille Gagné avec sa maîtrise des effets sur le lectorat m’a ravi l’esprit. oui vraiment je l’ai dévoré sur tous les plans : j’ai aimé le fond, la critique néolibérale grâce à cette fable animalière et j’ai aimé la forme, toutes les formes d’ailleurs.
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