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Critiques de Myriam Anissimov (33)
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Primo Levi ou la Tragédie d'un optimiste

Une belle et importante biographie sur Primo Levi de Myriam Anissimov, née en Suisse dans un camp de réfugiés.

Anissimov suit un ordre chronologique et cherche à appréhender en profondeur ce qu'il en a été de la vie de Primo Levi et de sa mort. Des éclairages sont ici essentiels : témoignages de ses proches, les mots de Levi lui-même, la mise en avant de ce qui le porte (la nécessité de raconter, l'Ecriture...)...

De l'enfance Juive sous le fascisme jusqu'au dernier chapitre intitulé Le Désespoir, l'auteur met précisément en lumière le parcours d'un optimiste qui connaît finalement la détresse, jusqu'au suicide. C'est sur ce point que je vais m'attarder.

Car le suicide ne serait donc pas l'apanage des pessimistes ?

La figure emblématique de Primo Levi nous montre en effet, que malgré la connaissance intime du "mal" provoqué par l'homme, il est possible de rester attaché à une idée positive de l'homme. Auschwitz n'est pas la défiguration de l'homme. "Si c'est un homme" nous le montre bien : au cœur du "mal radical", le détenu peut sentir des pépites d'humanité qui le feront tenir debout. L'humanisme de Primo Levi est essentiel, sa sensibilité profonde...

Néanmoins, à côté de cet optimisme, la tragédie s'insinue et le désespoir s'installe... Progresse... Agresse...

Le négationnisme fait son apparition.

Témoigner n'est malheureusement pas suffisant pour évacuer ce que "l'homme fait à l'homme"...



Alors, le 11 AVRIL 1987, Primo Levi se donne violemment la mort.

Myriam Anissimov relève justement, à la fin de sa biographie (avant les annexes 1 et 2), "Les vers que Primo Levi se récitait souvent à lui-même (qui) avaient pour titre L'enterrement des morts. " :



"Avril est le plus cruel des mois, il engendre

Des lilas qui jaillissent de la terre morte, il mêle

Souvenance et désir, il réveille

Par ses pluies de printemps les racines inertes.

...

Quelles racines s’agrippent, quelles branches croissent

Parmi les rocailleux débris ? O fils de l'homme,

Tu ne peux le dire ni le deviner, ne connaissant

Qu'un amas d'images brisées sur lesquelles frappe le soleil :

L'arbre mort n'offre aucun abri, la sauterelle aucun répit,

La roche sèche aucun bruit d'eau, point d'ombre

Si ce n'est là, dessous ce rocher rouge

(Viens t'abriter à l'ombre de ce rocher rouge)

Et je te montrerai quelque chose qui n'est

Ni ton ombre au matin marchant derrière toi,

Ni ton ombre le soir surgie à ta rencontre ;

Je te montrerai ton effroi dans une poignée de poussière."



T.S. Elliot : Poésie.







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Romain Gary, le caméléon

Une excellente recherche, très fouillée, rien n'est laissé au hasard, les échanges de courrier, les coupures de presse, les moindres détails ont leur place. Mais à force de précisions, ce livre devient indigeste, j'avais hâte de le terminer.

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Romain Gary, le caméléon

Plus de 700 pages pour, sinon lever, du moins éclairer l'énigme Romain Gary/Emile Ajar . Une excellente biographie, très dense , les annexes sont également bien fournies et très pratiques pour comprendre plus et mieux
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Romain Gary, le caméléon

La bio de Gary avec toute sa frénésie littéraire et sexuelle, comme si les deux n’étaient pas séparables. Après la séquence initiale avec ses origines juives et slaves, sa guerre et ses faits d’armes, ses multiples vies amoureuses, un personnage de roman. Il a a fait de sa vie un roman, qui se termine tragiquement, comme un roman noir.
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Romain Gary, le caméléon

Ce n'est pas la mise en scène, la fabrique... qui reste de ce livre; c'est l'extraordinaire humanité de Romain Gary, sa sensibilité, sa grandeur. Magnifique vie.
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Romain Gary

Une belle biographie de la vie et de l'oeuvre de Romain Gary - diplomate, écrivain, cinéaste- découpée en six périodes, de sa naissance en 1914 à son suicide en 1980. Illustrée de manière instructive de photos d'époque, de lettres, de coupures de journaux et même également de couvertures de ses œuvres, ce qui résume le travail pointilleux de l'auteure. Un ouvrage intéressant et complet pour mieux appréhender l'univers et la vie de ce grand écrivain.
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Jours nocturnes

Je connaissais Myriam Anissimov pour avoir lu,il y a quelques années,son livre autobiographique. "Sa majesté la mort",où elle narre dans un récit pudique,déchirant l'histoire de sa famille,où elle s'attache à retrouver la trace de ses proches disparus,victimes des camps de concentration:Mendel et Dina,ses grands- parents paternels,Moshé,le grand- père maternel,Israël et Samuel,ses oncles,dont on a perdu la trace.

Dans "Jours Nocturnes"elle raconte d'une manière déjantée,tantôt joyeuse,tantôt désespérée,paradoxalement enthousiaste,son arrivée à Paris,pauvre et affamée,loin de sa petite maman,qu'elle aime et déteste d'un même mouvement.



C'est une jeunesse libérée,gorgée de sexe débridé. Elle s'est évadée de la boutique de sa mère ogresse,à jamais insatisfaite de sa fille.

"Je quittais Lyon sans le sou avec ma valise pour seul viatique".

"Je ne passais jamais plus de quelques jours sans la présence d'un homme".

"J'étais le spectateur navré de ma propre vie,comme toujours voyeuse de moi même et des autres."

"L'amour a toujours été la plus grande affaire de ma vie".

Elle est toujours en fuite,quitte une minuscule chambre de bonne,pleine de rage,quand la nuit lui appartient encore,quitte un amant généreux pour un autre qui lui promet le succès dans la chanson ou le spectacle.

Elle squatte chez une amie,Hella,en voyage et se contente d'un rouleau de printemps chez le vietnamien du coin pour tout repas de la journée.

La faim revient souvent dans cet ouvrage.

Des relations tourmentées avec sa mère rien ne nous est caché:

"Ce que ne comprenait pas ma petite maman c'est qu'en me perdant, je me trouvais,en me perdant ,je me sauvais"... Rien ne nous est caché non plus des amants,des ratages artistiques,des rencontres tumultueuses de ce récit.

Myriam Anissimov écrit à coups de griffes,c'est un récit à fleur de peau,frémissant,exalté,qui alterne les situations,les scènes de panique et d'exaltation ,son âme est tourmentée,électrisée..

Reste les portraits bouleversants,celui de son ami Sultan,Arturo,mademoiselle grand montagne....

C'est un roman d'apprentissage où l'héroïne ,sincère,chaotique,n'a pas le meilleur rôle.

C'est un très beau livre.

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Romain Gary, le caméléon

Une vie extraordinaire que Gary ne cessera de revisiter et d'explorer dans son oeuvre. Militaire, diplomate, séducteur, écrivain, Myriam Anissimov propose une enquête magistrale.
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Daniel Barenboïm : De la musique avant toute ..

Daniel Barenboïm est une personnalité qui m’intéresse beaucoup.



D’abord, c’est un grand musicien que j’admire.



Mais surtout c’est un esprit libre qui a créé et dirigé un orchestre réunissant des musicien israéliens et palestiniens, libanais, syriens et jordaniens avec Edward Saïd : West-östlicher Divan,







« Nous devons combattre le nationalisme étroit et le fanatisme religieux par l’éducation, l’humanisme. »



a déclaré Barenboïm à Londres en 2017 avant de commencer à diriger un concert!



Esprit assez anticonformiste pour chercher à imposer la musique de Wagner en Israël où elle n’a pas droit de cité depuis la Shoah.



Quand sa biographie a été proposée sur la liste de la Masse Critique de Babélio, j’ai coché la case sans aucune hésitation.



Myriam Anissimov a écrit les biographies de nombreuses personnalités que j’admire : Grossman, Romain Gary, Primo Levi ainsi que des romans. Elle a eu soin de replacer la vie et la carrière de Barenboïm dans un large contexte temporel que géographique. Daniel Barenboïm est né en Argentine mais sa famille a fui l’antisémitisme et les pogroms en Ukraine, elle situe les origines à Odessa. L’Argentine de Peron n’était peut être pas la destination la plus clémente pour les Juifs. La famille Barenboïm émigre en Israël en 1952. L’auteure apporte son éclairage.



La vie du musicien est surtout faite de rencontres avec les plus grands musiciens de la seconde moitié du XXème siècle. La lecture de cette biographie est jalonnée des rencontres avec les plus grands , de Rubinstein à Fürtwängler (le cas de ce dernier est discuté), de Menuhin à Boulez…impossible de les énumérer! C’est donc un plaisir de croiser dans le livre les plus grands interprètes et les proches de Barenboïm Sukerman et Perlman – amis depuis l’enfance .







Une grande partie du livre est consacrée à la première femme de Daniel Barenboïm : Jacqueline du Pré, immense violoncelliste, aussi bien avant sa rencontre avec Barenboïm qu’ensuite quand le couple se produisait ensemble, leurs noces au lendemain de la Guerre des Six jours. J’ai beaucoup aimé cette partie du livre, l’auteur a été très inspirée par la personnalité de Jacqueline du Pré et par son triste destin.



C’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu cet ouvrage, même si l’énumération des œuvres jouées dans chaque concert ou festival m’a semblé un peu fastidieuse. Mais il faut dire que je suis peu mélomane et que nombreux titres me sont inconnus. J’aurais aussi aimé que l’auteure fasse surgir avec plus d’éclat la personnalité de Daniel Barenboïm, alors qu’elle a été plus inspirée par Jacqueline Dupré.



Le mérite d’un livre est aussi de suggérer d’autres lectures et j’en ai noté plusieurs, sans parler des écrits de Barenboïm lui-même.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Romain Gary, le caméléon

800 pages riches de révélations que ce subtil brouilleur de pistes aurait peut-être lues en constatant avec délectation qu'elles préservent une part de son mystère.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Primo Levi ou la Tragédie d'un optimiste

C'était la première biographie de Primo Lévi. Celle publiée en octobre 2009 par Ernesto Ferrero est plus un essai sur le travail littéraire de l'écrivain. En tout cas, c'est un bon complément de la lecture des grandes œuvres de Primo Lévi, un aperçu d'ensemble en parallèle de sa vie quotidienne. C'est finalement après les années 50 qu'on en apprend le plus et cela permet de comprendre un certain nombre de ses prises de position. Et enfin si elle ne prétend pas expliquer son suicide en 1987, elle donne au moins des pistes sur sa longue dépression, son environnement familial difficile et peut-être sur des "cas de conscience" conséquents à sa réflexion sur son retour des camps (pour cela il faut lire "Les Naufragés et les rescapés")
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Daniel Barenboïm : De la musique avant toute ..

L'artiste est un génie reconnu, et un humaniste tout aussi reconnu. Et je ne le connaissais pas.

En lisant ce livre, j'ai appris à connaître un homme utile au monde.

Concernant cette biographe en tant que telle, elle est beaucoup trop factuelle, beaucoup trop de poids est donné aux faits et pas asse z à l'émotion, elle est trop froide. Alors que la musique c'est donner du corps au mot. Enfin, entre autres.

Les seuls moments qui sont émotionnellement un peu plus présents et prenants sont les chapitres consacrés à Jacqueline du Pré, compagne de Barenboïm et surtout un talent musical unique, tout en vitalité pure qui est brutalement stoppée par la sclérose en plaques.

Ce livre est pour les mélomanes essentiellement, ce dont je ne fais pas vraiment partie, car eux seront familiers avec tous les noms et concepts dont on parle dans le livre et seront peut-être alors plus facilement touchés.

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Daniel Barenboïm : De la musique avant toute ..

Daniel Barenboïm est une personnalité qui m'intéresse beaucoup.



D'abord, c'est un grand musicien que j'admire.



Mais surtout c'est un esprit libre qui a créé et dirigé un orchestre réunissant des musicien israéliens et palestiniens, libanais, syriens et jordaniens avec Edward Saïd :  West-östlicher Divan,







"Nous devons combattre le nationalisme étroit et le fanatisme religieux par l'éducation, l'humanisme."



a déclaré Barenboïm à Londres en 2017 avant de commencer à diriger un concert!



Esprit assez anticonformiste pour chercher à imposer la musique de Wagner en Israël où elle n'a pas droit de cité depuis la Shoah.



Quand sa biographie a été proposée sur la liste de la Masse Critique de Babélio, j'ai coché la case sans aucune hésitation.



Myriam Anissimov a écrit les biographies de nombreuses personnalités que j'admire : Grossman, Romain Gary, Primo Levi ainsi que des romans.

Elle a eu soin de replacer la vie et la carrière de Barenboïm dans un large contexte temporel que géographique. Daniel Barenboïm est né en Argentine mais sa famille a fui l'antisémitisme et les pogroms en Ukraine, elle situe les origines à Odessa. L'Argentine de Peron n'était peut être pas la destination la plus clémente pour les Juifs. La famille Barenboïm émigre en Israël en 1952. L'auteure apporte son éclairage.



La vie du musicien est surtout faite de rencontres avec les plus grands musiciens de la seconde moitié du XXème siècle. La lecture de cette biographie est jalonnée des rencontres avec les plus grands , de Rubinstein à Fürtwängler (le cas de ce dernier est discuté), de Menuhin à Boulez...impossible de les énumérer! C'est donc un plaisir de croiser dans le livre les plus grands interprètes et les proches de Barenboïm Sukerman et Perlman - amis depuis l'enfance .







Une grande partie du livre est consacrée à la première femme de Daniel Barenboïm : Jacqueline du Pré, immense violoncelliste, aussi bien avant sa rencontre avec Barenboïm qu'ensuite quand le couple se produisait ensemble, leurs noces au lendemain de la Guerre des Six jours. J'ai beaucoup aimé cette partie du livre, l'auteur a été très inspirée par la personnalité de Jacqueline du Pré et par son triste destin.



C'est donc avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu cet ouvrage, même si l'énumération des œuvres jouées dans chaque concert ou festival m'a semblé un peu fastidieuse. Mais il faut dire que je suis peu mélomane et que nombreux titres me sont inconnus. J'aurais aussi aimé que l'auteure fasse surgir avec plus d'éclat la personnalité de Daniel Barenboïm, alors qu'elle a été plus inspirée par Jacqueline Dupré.



Le mérite d'un livre est aussi de suggérer d'autres lectures et j'en ai noté plusieurs, sans parler des écrits de Barenboïm lui-même.







Merci encore à Babélio et à l'éditeur Tallandier pour cette lecture passionnante!












Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Vie et mort de Samuel Rozowski

(adressée aux Temps Modernes le 26 mars 2007)



- Myriam ANISSIMOV, Vie et mort de Samuel Rozowski, Denoël, 2007



L'auteur s'était déjà signalée pour avoir procédé, dans sa biographie de Primo Levi, à des emprunts mal signalés, et pour y avoir commis des bourdes qui témoignaient de surprenantes lacunes sur le plan historien. Mais c'est à un comportement d'une toute autre gravité qu'il nous est ici donné d'assister avec un ouvrage dont c'est jusqu'au titre, qui atteste le caractère louche. Sachant que la mort occupe ici moins d'une page (pp. 226-227) elle n'est présentée que comme étant la conséquence logique, d'une "vie", elle-même présentée d'une manière qui appelle peu de commentaires. Pour l'essentiel en effet on est ici devant un florilège des deux précédents ouvrages hostiles à Pierre Goldman (Prazan, Casubolo) ; à ceci près, que là où leurs auteurs faisaient mine de garder quelque "'dignité'", madame Anissimov bave en toute insanité. Tout au plus lui concèdera-t-on la semi-franchise avec laquelle elle se présente, p. 226, comme une amoureuse éconduite. D'où les incongruités, qui en découlent : ainsi la pharmacie où eut lieu le double crime imputé à Pierre Goldman devient-elle, p. 71, un... magasin de lingerie (la volonté de nuisance, se fait ici volonté de nuisette) ; quant à l'épouse de Pierre elle n'est évoquée, p. 143, que sous un angle gynécologique, ordurier, et dont on aimerait être sûr qu'il est dépourvu de toute considération ethnique (rappelons que Pierre avait épousé une originaire de la Guadeloupe).

L'existence d'un contentieux affectif n'est pas seule en cause toutefois dans ce ricanement, qui en page 214 prend même des accents céliniens ("Il s'en sortait toujours d'une façon ou d'une autre par une pirouette, Rozowski"), et dans lequel -même si madame Anissimov devait s'en défendre avec la dernière énergie- les antisémites feront leur miel de plus d'un passage : celui (pp. 146-150) où cette ânissime se pose en bienfaitrice-mal-récompensée de la mère de Pierre, est à cet égard un modèle du genre. Mais hélas force est de constater que ce livre exprime assez fidèlement l'idéologie qui est aujourd'hui de mise dans un certain milieu juif où l'on n'hésite pas à faire cause commune avec la pire réaction, du moment qu'il y a moyen de brûler ce que l'on avait adoré, et de virer sans cesse plus à droite -à la limite de la déréliction. Incroyable, mais vrai : il n'y a pas une seule page consacrée à l'engagement politique de Pierre, dans ce livre qui est supposé nous parler de lui. Mais à la limite, ici peu importe, car très vite apparaît que c'est avec son propre passé, que l'auteur tente ici de règler un mauvais compte. Un passé, où être de gauche voire d'extrême-gauche impliquait moins une critique radicale de l'ordre existant (mai 1968 aura clairement à cet égard marqué un tournant) que l'adhésion à des "causes", qui furent autant d'événements-fondateurs. Le soutien à Pierre Goldman (qui même s'il date d'après-1968, héritait de cette culture de l'avant-) ayant été, ô combien, l'une de ces causes : ce serait providentiel, pour Anissimov et consorts, si Pierre pouvait nous avoir trompés -et nous, nous être dramatiquement trompés ! Le plus affligeant est que madame Anissimov est sûrement très persuadée de faire oeuvre originale là où elle ne fait en réalité qu'emboîter le pas à ce qui se pratique depuis maintenant des décennies dans ces mêmes milieux aux Etats-Unis vis-à-vis de l'affaire Sacco et Vanzetti, des époux Rosenberg, voire de la guerre d'Espagne.

Si originalité il y a, ce n'est pas du côté de Guignol, où risquait de nous entraîner l'enfance lyonnaise de l'auteur, mais bel et bien du côté du grand-guignol. Car enfin on peine à garder son sérieux, p. 242, là où il est question de l'inhumation définitive de Pierre : "François Lalou, se penchant vers moi, murmura avec une sorte d'amusement : "Décidément il nous aura fait marcher jusqu'au bout" (si tant est que la mémoire de Pierre est au-dessus de ces p...attes de mouche on se prend tout de même à penser que les histoires juives ne sont décidément pas très drôles, par les temps qui courent). Encore aimerait-on être sûrs que la judéité ici mise en avant s'appuie sur des convictions et ne vise pas à caresser dans le sens du poil une certaine catégorie de lecteurs, comme en p. 214 où l'on apprend que Pierre aurait déclaré à un juge, en prison, être favorable à des résolutions de l'ONU qui alors "pleuvaient sur Israël". Rien de trop grave en vérité quand on sait (mais madame Anissimov omet de le préciser) que ces résolutions condamnaient une Occupation qui en Palestine dure depuis maintenant quarante ans. Mais ce n'en est pas moins une présentation malhonnête quand on sait les homériques discussions qui toujours opposèrent Pierre aux membres de la rédaction de "Libération", chaque fois qu'il était question du Moyen-Orient.

Incidemment aussi on est amené à constater que la bourgeoisie a depuis longtemps cessé de respecter, vis-à-vis de l'extrême-gauche, les plus élémentaires règles de loyauté, et les lois qui sanctionnent la diffamation. Car enfin s'il s'était agi d'un militant d'extrême-droite les éditions Denoël, outre qu'elles auraient refusé ce (très médiocre) manuscrit, n'auraient pas publié une phrase telle que celle-ci, p. 210, concernant Pierre Goldman en prison : "Il aurait voulu être un Juif profondément pieux le vendredi soir, et un tueur impitoyable le reste de la semaine". Madame Anissimov a bien de la chance de pouvoir lire ainsi dans le cerveau des gens.... (que soit permis de rappeler, et en s'appuyant sur les deux livres hostiles déjà ici mentionnés : 1) que Pierre n'a jamais tué qui que ce soit ; 2) et que, outre qu'il n'avait pas l'âme d'un mercenaire, sa conception de la délinquance l'opposait en tous points, au grand banditisme). Mais on ne se débarassera pas si facilement, de ce qui suit. Celles et ceux qui connurent Pierre, même si ce fut en d'autres lieux et en d'autres circonstances, peuvent attester qu'avec lui ce n'était pas seulement "le vendredi soir" mais toute la semaine qu'ils avaient tout à craindre, ces nazillons qui firent par la suite une belle carrière ministérielle ; que même une ancienne déportée trouva très fréquentables, sitôt qu'ils firent partie de ses amis politiques ; et auxquels on ose au moins espèrer que madame Anissimov refuserait, le cas échéant, de tendre une patte molle.

Pour le reste on s'étonne d'avoir à rappeler que Pierre Goldman avait aussi, ses défauts. Parmi ceux-ci figurait sans doute un tic de comportement très répandu dans le milieu des "organisations politiques" (trotskistes, mais pas seulement). et qui consiste à vouloir ne rien devoir à personne. Que madame Anissimov aît été sincèrement éprouvée, par ce qu'elle aura interprété comme un comportement d'ingratitude : on veut bien le croire. Mais cela ne saurait en aucun cas justifier, ce qu'il faut bien appeler : une basse besogne.
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Jours nocturnes

Ennuyeux. L'itinéraire d'une petite fille qui refuse de grandir, perdue entre l'absence du père et le manque de tendresse de la mère.

Aucun intérêt.
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Le marida

J'ai beaucoup aimé ce roman, un petit roman mais intéressant car il est écrit d'une manière assez caustique ce qui fait le charme du livre. Myriam Anissimov est un auteur que je connaissais et je ne regrette de m'être laissée prendre par un de ses livres
Lien : http://leschroniquesdemilie...
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Oublie-moi cinq minutes !

Partant sur les traces de Bella, cette femme si difficilement aimable et tellement aimée, morte il y a trois ans, Myriam Anissimov poursuit son œuvre autobiographique [...] en même temps qu’elle applique d’une certaine manière à sa génitrice, personnage plein de poigne et d’orgueil, ses talents de biographe [...]. Elle insuffle ainsi une énergie revigorante à ce qui aurait pu être un livre de deuil.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le marida

Un livre curieux, un peu nerveux un peu stressé, qui permet malgré tout de retrouver l'ambiance des années 50-60, la fameuse après-guerre. L'héroïne, Hannah, est gamine, puis ado, elle raconte, sa famille de tailleurs juifs, à Lyon, les années hulla-hup, les filles de famille qu'il faut caser mais ça s'avère pas facile, les autres qu'il faut surveiller car elles tombent enceintes un peu trop vite, pas faute de les avoir prévenues pourtant - et chaque avortement coûte une fortune... La famille est plus obsédée par ces mariages et IVG que par le souvenir des camps, mais ça plane dans un coin, au détour des conversations. Au coeur des trente glorieuses, la petite juive rebelle ne connait rien aux bondieuseries chrétiennes, tandis que les chrétiens ne le sont guère, chrétiens, avec ces gens pas tout à fait comme eux et manquant un peu d'allure - du genre qu'on ne donne pas à marier au fils de famille, par exemple. J'ai bien aimé le rythme des souvenirs de jeunesse, et toutes ces questions qu'on se pose, enfant, après avoir entendu des conversations dans une autre pièce, tous les mystères de l'enfance qui trouvent des réponses des décennies plus tard, le foisonnement des vies de famille, l'humour absurde qui s'en dégage, en toute cocasserie, et puis l'air de rien, de la chaleur humaine et du beau mouvement de vie.
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Les Yeux bordés de reconnaissance

Dans un récit autobiographique, Myriam Anissimov revient sur deux rencontres et une absence qui ont marqué sa vie, avec en toile de fond, la tragédie de la Seconde Guerre mondiale.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Daniel Barenboïm : De la musique avant toute ..

Une biographie (non autorisée) fouillée et bien documentée du pianiste et chef d’orchestre Daniel Barenboïm. [...] À la lecture de ce livre intéressant, Barenboïm nous apparaît autant comme un immense artiste que comme un « animal politique » de premier plan.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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