Qué n’affaire, à Lidje ! Il s’y est passé un truc horrible !
Non, personne n’a raté la sauce lapin qui va avec les boulets (une tuerie culinaire), personne n’a chanté "Liège je t’aime", assis sur une gauf’ de Bruxelles (un "scandale" qui a eu lieu dans l’autre sens, moi ça m’a juste fait pisser de rire). Non, on a juste repéché une jambe tout seule, une jambe d’une gamine, à ç’qu’on dirait.
Nom di djâle, i’s’passe des trucs louches dans la Cité Ardente ! Alleï, fieu, ça va d’aller ! Oups, mon bruxellois remonte à la surface alors que je devrais prendre l’accent de Liège. Mais je suis comme Magritte, moi, une wallonne exilée en terre bruxelloise et qui manipule les patois : celui de mes origines et celui de ma nouvelle vie. Hé, le bilinguisme c’est pas pour les chiens, bande de klet !
Oufti, donc, Magritte et Georgette (ainsi que leur p’tite chienne Loulou) sont à Lidje (Liège) et bardaf, v’la déjà qu’ils tombent sur un crime. Quelqu’un a perdu sa jambe, coupée… Péchée dans le canal…
D’ailleurs, des crimes, il va en pleuvoir, je ne savais pas que la Cité Ardente était aussi dangereuse. Une fois de plus, notre couple sympathique va se piquer d’enquêter, dans le monde du cirque et des freaks, plus précisément.
L’écriture de Nadine Monfils est pétillante, remplie de verve et de choses intéressantes que l’on apprend sur Magritte ou d’autres pointures belges. Simenon sera mis à l’honneur dans ce quatrième tome et je suis tombée des nues devant ce que j’ai appris sur l’auteur. Désolée, j’ai lu Simenon, mais je n’ai jamais lu sa biographie.
Récit émaillé de bons mots, de plaisanteries, ainsi que de patois liégeois ou bruxellois, ce policier se laisse lire avec plaisir, un sourire aux lèvres, pas tellement pour la résolution de l’enquête, qui tombera assez vite, une phrase dite par un personnage qui fera tilter notre Magritte, mais plus pour le côté gouailleur de l’autrice, qui fait dire bien des choses à ses personnages, jamais dénué de bon sens ou d’humour.
J’ai appris à connaître Magritte au travers des romans de Nadine Monfils et c’est un portrait inattendu qui m’a été donné de voir. Si vous le pensiez sérieux comme un pape, révisez votre jugement, c’est un garnement, un gamin dans un corps d’adulte. Il est d’un réalisme saisissant, comme tous les autres personnages qui sont brossés dans le roman, réels ou de fiction.
Un roman policier où la résolution sera réduite à sa portion congrue, sans que cela entrave le plaisir de lecture, puisqu’il est ailleurs. Je ne suis pas une habituée de la ville de Liège, même si j’ai déjà monté ses côtes faramineuses, y laissant mon souffle et mon cardio, mais l’autrice a su rendre le charme que possède cette ville dans son récit, ainsi que le côté chaleureux et déjanté de ses habitants.
Une LC réussie avec Bianca, qui avait trouvé l’identité du/de la coupable, une parenthèse agréable dans mes lectures, un moment de fraicheur dans la canicule, bref, une lecture faite avec le sourire aux lèvres.
PS : attention, il ne faut pas confondre la gauf’ de Bruxelles (longue, rectangulaire, légère, croquante et ouske tu peux mettre des fraises, de la chantilly et du suc’ impalpable, bref, 8 ans dans les cuisses) avec la gauf’ de Lièche (oui, l’accent est important si tu ne veux pas passer pour un Français), qui est ronde, avec du sucre perlé à l’intérieur, collante, sucrée, bref, 12 ans dans les cuisses.
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