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Critiques de Nathan Hill (177)
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Les fantômes du vieux pays

Les fantômes du vieux pays est une critique plutôt classique mais cinglante des US. Tout le monde en prend pour son grade : la guerre en Irak, les banlieusards, les nerds et l'inventeur des surgelés. Malheureusement, j'ai trouvé le divertissement inégalement réparti, certains passages paraissent tristement ennuyeux mais seulement par contraste avec ceux qui sont pertinents et mordants. En globalité le style est réjouissant et j'ai corné des pages, signe que j'ai vraiment été touchée.
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Les fantômes du vieux pays

Ouf, je l’ai enfin fini. Je suis très mitigée par cette lecture.

Ce roman est troublant. On passe d’un chapitre passionnant à un chapitre descriptif d’une longueur inutile avec des répétitions bien lassantes.

J’ai accroché à cette histoire rocambolesque surtout pour savoir comment l’auteur s’en sortait.

En fait, j’étais tellement lassée que j’ai survolé cette conclusion en pensant que cette surenchère de situations problématiques étaient vraiment inutile.

En tout cas OUF ! et au suivant !







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Les fantômes du vieux pays

sLes fantômes du vieux pays

Nathan HILL



Samuel Andresen-Anderson est un professeur d’introduction à la littérature à la vie bien rangée à Chicago.

Il partage son temps entre l’enseignement,les jeux vidéos en ligne et le livre promis à son éditeur depuis plusieurs années.

Une vie assez solitaire puisque c’est ce qu’il est devenu depuis que sa mère Faye l’a abandonné à son père lorsqu’il n’avait que 11 ans.

Sans jamais donner la moindre nouvelle.

Jusqu’à ce que les informations relaient une agression par jet de graviers sur un gouverneur, Sheldon Packer, (qui brigue le poste de président) par une certaine Faye Andresen.

Averti de ce fait divers la solution aux problèmes d’argent de Samuel lui est suggérée par son éditeur : retrouver sa mère et écrire un livre sur cette histoire et si possible à charge.

Samuel va accepter de la rencontrer par l’entremise de son avocat qui lui, aimerait que le fils fasse une belle lettre à décharge pour sa mère.

Mais cette rencontre, cette démarche vont le replonger dans son passé d’enfant puis d’adolescent où son amitié pour Bishop et son amour pour Bethany vont resurgir ainsi que le passé secret de sa mère.

Et pas forcément pour le meilleur !



Un (gros) roman que j’ai beaucoup aimé.

J’ai eu peur de me perdre entre l’alternance des chapitres passé/présent mais pas du tout.

J’ai aimé les détails des personnages et les relations des uns aux autres.

Je me souviens de ma rencontre avec cet auteur au festival America et je ne regrette pas cette lecture.
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Les fantômes du vieux pays

Comme quoi, un livre peut-être très bon et très frustrant à la fois. Ce roman, c’est un peu comme une grosse cuillerée de caviar qu’on aurait enveloppée dans du gouda 1er prix (bon, si ça tombe c’est délicieux…). « Les Fantômes du Vieux Pays » aurait vraiment pu être excellent mais j’y ai trouvé de solides longueurs, de loooooongues descriptions et de looooongues mises en contexte qui, même si écrites habilement, me faisait penser annonce commerciale au milieu d’un bon film (ou une tranche de gouda) : La proportion entre les mots lus et la progression de l’histoire est assez déséquilibrée. Je suis assez dur mais j’ai failli abandonner et, à la place, j’ai lu en diagonale quand je n’en pouvais plus. Je n’en suis pas fier. La nuit je me flagelle. Le jour je m’écartèle. Malgré tout ça vaut la peine d’aller jusqu’ au bout. Bisous
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Les fantômes du vieux pays

Nathan Hill, né en 1979 à Cedar Rapids dans l'Iowa, est un écrivain américain. Après un diplôme de journalisme à l'université de l'Iowa il obtient une maîtrise en écriture créative de l'université du Massachusetts. Il travaille un temps comme journaliste, avant d'enseigner à l'université en Floride et au Minnesota avant de publier quelques nouvelles dans diverses revues. Son premier roman qui paraît en 2016, Les Fantômes du vieux pays, vient d’être réédité en poche.

Le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle américaine, est agressé en public par une femme d'âge mûr, Faye Andresen-Anderson, vite surnommée par les médias Calamity Packer. C’est la mère de Samuel Anderson, un professeur d’anglais à l’Université de Chicago, qu’elle a abandonné quand il n’était qu’un enfant, fuyant son foyer sans explication. Samuel est bientôt contacté par son éditeur - lequel lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu’il n’a jamais écrit – qui menace de le poursuivre en justice. Acculé, le jeune homme lui propose un nouveau projet, un livre révélation sur sa mère, sensé la détruire. A ce stade, Samuel ne sait presque rien d’elle, si ce n’est qu’elle est d’origine Norvégienne (le vieux pays) et se lance dans la reconstitution minutieuse de sa vie. Une entreprise qui s’avèrera pleine de surprises…

On peut avoir des préjugés à condition de reconnaître qu’on a tort quand c’est le cas. Je déteste les gros livres, toujours trop longs à mon goût et je l’ai rabâché cent fois déjà ici, or je l’admets, ce roman de presque mille pages est excellent. Une exception qui confirme ma règle ?

Le bouquin se partage entre le présent (2011) et le passé (1968). De l’agression de Packer à la mystérieuse et secrète période de la vie de Faye au cours de l’été de tous les dangers à Chicago en 1968. Une année chaude pour Windy City, entrée dans l’histoire pour ses émeutes. Petit rappel des faits : Les émeutes de 1968 à Chicago commencèrent après l'assassinat de Martin Luther King le 4 avril 1968, tandis qu’en août de la même année, la ville fut le théâtre de nouvelles émeutes lors de la convention démocrate qui écarta le candidat anti-guerre Eugene McCarthy au profit d'Hubert Humphrey. L’enquête menée par Samuel va lui apprendre, à sa plus grande surprise, que sa mère était au cœur de ces évènements durant cet été et qu’ils la poursuivent jusqu’à ce jour.

Il faut saluer la prouesse de Nathan Hill qui va marier faits historiques et roman dans une intrigue carrément acrobatique mais qui a le mérite d’être crédible. Avec mille pages on a la place pour en raconter et l’écrivain ne s’en prive pas pour peindre une grande fresque sur l’Amérique vue par le petit bout de la lorgnette (bal de promo, abri antiatomique…) et donc très proche de l’Américain moyen. Tout ce qui fait notre époque est dans ce livre : les centres commerciaux et le capitalisme (« Il n’y a rien que le capitalisme ne puisse engloutir. Le non-sens, c’est sa langue d’origine. »), les réseaux sociaux, les régimes pour maigrir, les jeux de rôles, les mouvements féministes et contestataires des 60’… Il y est aussi question de la sexualité de l’époque, les rapports entre filles et garçons mais aussi de la guerre du Vietnam puis de celle en Irak. Vous croiserez Allen Ginsberg, Socrate et Platon qui s’invitent au banquet ( !). Voilà un échantillon de la toile de fond.

Quant à l’intrigue proprement dite elle est menée de main de maître, avec finalement peu de personnages, cinq ou six à peu près. Je n’en dis pas plus sur eux car entre 1968 et 2011, les destins des uns et des autres évolueront, se sépareront avant de tous se retrouver et ce, sans manquer d’étonner le lecteur qui n’en revient pas devant tant de virtuosité.

Le roman file à un rythme soutenu, la lecture n’en étant que plus aisée et les passages souriants sont nombreux. J’ai adoré les longues pages avec Laura Pottsdam, une étudiante de Samuel et personnage secondaire, avec sa logique crétine, à hurler de rire (perso, j’ai cru y voir Nabilla « Allô, non mais quoi ? »).

Pour le fond, le livre traite de nos personnalités multiples, celles que l’on montre volontiers aux autres et celles que l’on cache ; ainsi que des choix que l’on doit faire dans la vie, tout l’art résidant dans le moment où les faire.

Un roman que je vous recommande fortement.

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Les fantômes du vieux pays

J'ai adoré ce roman foisonnant, abordant de nombreux sujets et qui retrace 50 ans de la vie des Etats-Unis à travers le portrait de Samuel et de sa mère Faye ! Passionnant ! Le roman américain de 2017 !
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Les fantômes du vieux pays

On peine à croire qu’il s’agit bien du PREMIER roman de Nathan Hill ! « Les fantômes du vieux pays », ou encore « The Nix » en version originale, est en cours de publication en trente langues ! Scoop : la visite de Nathan Hill est annoncée à la Librairie Shakespeare & Co à Paris le 10 Octobre prochain…Vous avez donc encore le temps de vous plonger à corps perdu dans la lecture de ces 700 pages qui foisonnent de personnages et d’anecdotes, tout en abordant une ribambelle de questions fondamentales.

C’est une poignée de gravillons lancée sur un candidat à la présidentielle américaine en 2011 qui déclenche toute l’histoire. Emballement médiatique. La responsable de ce geste inconsidéré est Faye, et elle risque un sacré paquet d’ennuis judiciaires. En plus, il s’avère qu’elle aurait joué un rôle dans les mouvements contestataires qui ont secoué Chicago en 1968 ; vingt ans plus tard, elle a quitté le domicile conjugal, abandonnant son fils Samuel qui ne s’en est jamais remis. Mais qui est vraiment Faye ? Samuel, en commençant des recherches sur le passé de sa mère, se retrouve pris dans un kaléidoscope, dont il sortira lui aussi transformé…

Autant vous dire que l’intrigue m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page, et qu’on ne s’ennuie pas une seconde ! Les personnages principaux et secondaires sont vraiment bien campés, j’ai adoré Pwnage, super-addict aux jeux vidéos, Alice, féministe et aventureuse, Laura, horripilante étudiante ambitieuse et tricheuse…Les innombrables situations, angoissantes ou burlesques, auxquelles nous confronte l’auteur sont autant d’opportunités pour faire émerger des thèmes complexes et récurrents au fil des époques : le pacifisme, l’émancipation féminine, les répressions policières, les collusions entre média et politique, la liberté individuelle, le poids des secrets familiaux – thèmes encore et toujours d’actualité.

Afin de poursuivre la déambulation, suivez le lien :
Lien : http://bit.ly/2eZ8cCm
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Les fantômes du vieux pays

Un premier roman lors d'une rentrée littéraire qui en comporte plus de 580, comment le faire sortir du lot et prouver l'intérêt de ne pas passer à côté ? C'est certes le premier que je lis de la sélection mais il m'a été gentiment proposé par Babelio et Gallimard que je remercie énormément car j'ai vraiment passé de grandes heures à découvrir ces 700 pages magiques.

Sur la quatrième de couverture, John Irving est cité pour décréter que "Nathan Hill excelle dans l'art d'être génial".

Et la filiation est évidente dès que l'on rentre dans cette saga familiale qui retrace l'histoire contemporaine de l'Amérique. J'ai tout de suite pensé au Irving de ses débuts, celui de "Le monde selon Garp" ou "Une prière pour Owen" qui m'avait fait tant rire...

Nathan Hill a donc beaucoup d'humour et un sens de la narration remarquable. Les allers-retours dans le passé de la mère de son narrateur et dans son présent plutôt merdique nous attachent à Samuel Anderson.

Abandonné par sa mère à l'âge de 11 ans, Samuel est obligé de reprendre contact avec elle lorsqu'elle est accusée par les médias américains du post 11 septembre, de terrorisme pour avoir attaqué en public un candidat à la présidentielle avec des gravillons...

Prof à l'université et passionné d'un jeu en ligne ("le monde d'Elfscape") auquel il joue même sur son lieu de travail, Samuel doit honorer ses engagements auprès d'un éditeur à qui il a promis un roman depuis des années. La soudaine renommée de sa mère lui permet de promettre un roman scandale sur la vie de celle qui a été surnommée par les médias "Calamity Paker".

Ce prétexte permet à Nathan Hill de retracer l'histoire d'une famille d'immigrés passionnante, au point que les 700 pages passées, on en redemande...
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Les fantômes du vieux pays

J’évoquais il y a peu une frénésie de lecture favorisée par une météo pluvieuse m’imposant de longs et réguliers trajets en transports en commun. Pour réduire un peu le rythme (et ne pas me retrouver avec des dizaines de billets à rédiger), j’ai sorti de mes étagères ce pavé qui y dormait depuis plusieurs années, et auquel certains lecteurs avaient de mémoire reproché quelques longueurs…

Je l’ai dévoré…



Alors oui, c’est dense. Mais ça l’est délicieusement, à la manière de ces romans dans lesquels on s’installe, pris dans la richesse d’une trame dont la construction est parfaitement orchestrée, embarqué aux côtés de personnages à l’inverse imparfaits, ce qui les rend d’autant plus palpables et attachants.



Samuel Anderson est professeur littérature dans une petite université de Chicago. Sa vie est empreinte de l’insignifiante morosité qu’exsudent les discrets et les invisibles, de ceux qui se font passivement doubler dans les files d’attente et se sont construits sur leurs seuls regrets. Il n’a ainsi pas fait le deuil d’un amour adolescent qui ne s’est d’ailleurs jamais concrétisé, et s’il a eu un bref succès avec une nouvelle de jeunesse, il a laissé en friche le projet de roman que lui avait commandé un éditeur. Son métier même lui semble dépourvu de sens. A quoi bon faire lire Shakespeare à des étudiants à l’égo surdimensionné qui ne courent qu’après l’argent facile, à qui l’école n’a appris qu’à rester assis derrière un écran en faisant semblant de travailler, et qui préfèrent consacrer leur temps et leurs capacités intellectuelles à inventer de complexes subterfuges pour obtenir leur diplôme en trichant, plutôt que de les gaspiller à lire de vieux auteurs qu’ils jugent inutiles et ennuyeux ?



La réapparition inattendue de sa mère, partie un beau matin une valise à la main pour ne plus jamais donner de nouvelles à son époux et à son fils de dix ans, vient briser sa morne routine. En agressant, lors d’une réunion publique, un gouverneur candidat à la présidence des Etats-Unis, Faye s’est exposée à la vindicte médiatique, et par la même occasion au regard de ce fils abandonné trente ans auparavant. Alors qu’il avait enfin cessé de la chercher en permanence, Samuel se voit contraint de rencontrer celle qu’il était parvenu à réduire à l’état de souvenir endormi et silencieux. Non qu’il ait souhaité ces retrouvailles, mais sommé par son éditeur de rembourser l’avance touchée -et depuis longtemps dépensée- pour un roman inexistant, il lui propose d’écrire un récit sur cette mère défaillante qui fait le buzz.



A partir de cet épisode qui initie et charpente l’intrigue, cette dernière digresse, remonte le temps, traverse à l’occasion un océan, et nous familiarise avec d’autres personnages équitablement pourvus en densité. Il y a Pwnage, roi de la procrastination atteint d’une sévère addiction aux jeux vidéo, refuge qui lui évite affronter la dimension imprévisible et déceptive de la vie mais qui le rend peu à peu obèse et inadapté au monde réel ; il y a les jumeaux Bishop et Bethany, rejetons d’un père richissime dont le premier s’emploie dès son plus jeune âge à expérimenter toutes les insolences pendant que la seconde se consacre au violon ; il y a Laura Pottsdam, l’insupportable étudiante qui a juré de se venger de l’intransigeante intégrité de Samuel…



Et puis il y a Faye, énigme que Nathan Hill s’emploie à dévoiler très progressivement, en explorant les traumatismes a priori anodins et pourtant déterminants de l’enfance avant de nous immerger dans l’effervescence libertaire de l’année 1968.



L’ensemble est plombé de la mélancolie, voire de la souffrance, qui habite les héros, et fait écho au triste constat que dresse l’auteur de l’état de la société dans lequel ils évoluent. Car s’il étrille les faiblesses de ses protagonistes -leurs arrangements fallacieux avec leur conscience, la décorrélation entre leurs actes et leurs principes, leur propension à tomber amoureux de ce qui les rend malheureux…- et semble prendre un malin plaisir à n’évoquer que des relations familiales toxiques, sa plume se fait d’autant plus féroce qu’elle fustige l’iniquité et les absurdités d’un système menant à la déroute et à l’appauvrissement, qu’il soit matériel, moral ou intellectuel.



Il dépeint un monde moderne épuisant et spirituellement débilitant, peuplé d’individus engouffrés dans la course à l’argent, focalisés sur leur soif de possession, suivant les commandements répétitifs, infantilisants et paranoïaques, d’une Amérique hantée par la conviction que les autres sont des ennemis, et qui voudrait leur faire croire qu’il s’agit là d’un principe vital et galvanisant. Les médias participent pour beaucoup à alimenter cette mécanique en rabâchant des informations insipides, faisant du détail un événement et accumulant, dans leur quête de sensationnalisme et de manipulation de l’opinion, spéculations et hypothèses spécieuses. La littérature elle-même n’échappe pas au bulldozer de la marchandisation. Entre les mains de multinationales, l’édition est vouée au profit, à l’utilitaire.



Mais ne vous méprenez pas, "Les fantômes du vieux pays" est aussi et surtout un texte très drôle, par son sens de la formule, son ton grinçant et profondément cynique, mais également par le comique de situation qu’amène la dimension pathétique et subtilement caricaturale dont l’auteur dote ses personnages, insufflant à son texte, même quand le propos est dramatique, une cocasserie fort réjouissante.



J’ai adoré !
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Les fantômes du vieux pays

Prix littéraire 2017 du roman étranger du magazine Lire, Les Fantômes du vieux pays est le premier roman de Nathan Hill. Aucun doute qu’il impose dès ce premier ouvrage un style maîtrisé, tant dans cette narration descriptive que dans son approche historique et social de son pays à travers les décennies. Avec ce livre, mieux vaut ne pas s’arrêter à la quatrième de couverture ; composé de 960 pages, évidemment que Les Fantômes du vieux pays est dense et prend son temps pour raconter son histoire.



Avec un roman aussi dense, l’auteur prend le temps d’installer ses décors à travers les décennies et le passé de ses deux personnages principaux, d’inscrire ses protagonistes dans leur environnement, dans leur époque. Avec Nathan Hill, mieux vaut ne pas être récalcitrant face aux longues descriptions qui jalonnent son récit, l’auteur mettant un point d’honneur à donner tous les détails possibles afin de bien visualiser un personnage, un cadre, une anecdote, une pensée, etc… Certaines parties sont donc plus dures à lire que d’autres, suivant l’intérêt que l’on porte pour les sujets abordés.



Et ce roman n’en manque pas, tout est fait pour représenter toute la désillusion de la classe moyenne face à cette époque contemporaine dans laquelle on n’est pas obligé de se surpasser pour survivre. Alors on passe le temps avec les jeux vidéos, la mal-bouffe, les réseaux sociaux, etc… Si ce texte peut sembler aller un peu dans tous les sens, c’est qu’il tente de représenter l’état général de cette société actuelle et ce qui l’a amenée à être ainsi en revenant sur les dernières décennies et ses bouleversements. Certaines parties sont donc longues, trop dans le détail et sans que l’on comprenne si elles ont une réelle utilité dans la quête de vérité de Samuel.
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Les fantômes du vieux pays

Vous recherchez un roman qui vous permette de comprendre comment un Donald Trump a pu devenir président des USA ?! Avec Les Fantômes du vieux pays, Nathan Hill nous donne un semblant de réponse… Et cela ne me rassure pas spécialement pour les prochaines années…



Dans ce roman, nous suivons principalement trois grandes trames narratives : deux se déroulant au présent et la dernière, qui concerne Faye, qui démarre lors de son adolescence et remonte le temps jusqu’au présent. La trame principale concerne Samuel : nous le découvrons quelques jours avant l’appel de l’avocat, alors qu’il tente de se dépatouiller d’un conflit avec une étudiante qu’il accuse de tricherie. Il est dépeint comme un quarantenaire blasé qui, malgré son poste universitaire semble avoir raté sa vie : il déteste enseigner, n’arrive pas à rédiger la moindre page du roman qu’il doit écrire depuis 10 ans, s’est endetté pour acheter une maison qui a perdu une grande partie de sa valeur et passe la plupart de ses soirées à jouer en ligne, dans une univers parallèle appelé Elfscape.



De temps en temps, cette trame est interrompue par des chapitres qui concernent un certain Pwnage, dont on découvre qu’il est un partenaire de jeu de Samuel. Avec Pwnage, Nathan Hill nous met en garde contre les dangers de l’addiction au jeu vidéo. Ce personnage, qui a connu de lourds problèmes dans sa vie personnelle et professionnelle, s’est totalement désociabilisé et ne vit plus qu’à travers ses doubles virtuels. Ce qui a évidemment de nombreuses répercussions sur sa santé mentale et physique. Il est aussi le reflet d’une population dont le niveau de vie a beaucoup baissé ces dernières années et pour laquelle le rêve américain est bien loin…



L’auteur aime jouer avec les modes de narration, pour que notre expérience de lecture se rapproche le plus possible de ce que vivent ses personnages. Certains chapitres ne se composent que de dialogues, un autre est écrit sous la forme d’un “livre dont vous êtes le héros” [une des grandes passions enfantines de Samuel], etc. Pour rendre compte de l’état psychotique dans lequel sombre peu à peu Pwnage, le dernier chapitre qui lui est consacré est rédigé quasiment en une seule phrase, qui court sur plusieurs dizaines de pages… Cela nous donne l’impression d’être en apnée. J’ai mis un certain temps avant de comprendre pourquoi j’avais cette curieuse impression à la lecture. J’ai vraiment beaucoup aimé ces jeux stylistiques.



La trame qui suit l’histoire de Faye est celle que j’ai préférée. Elle traite de nombreux sujets, passionnants de mon point de vue : l’intégration dans une communauté rurale d’Amérique lorsque l’on est un étranger, le regard scrutateur de la société quand on est une jeune fille, le poids des conventions, le besoin d’émancipation, la gestion de la santé mentale et les tabous qui l’accompagnent, etc. Le récit de Faye, c’est aussi celui d’une époque : celle de la fin des années 60, lorsque la jeunesse idéaliste manifestait contre la Guerre du Vietnam et luttait pour l’émancipation des femmes [Et guess what ?! : les violences policières, elles étaient déjà là au cas où tu penserais que c’est tout nouveau… ].



A travers les nombreux personnages que l’on croise dans cette petite brique de 950 pages, l’auteur traite de nombreuses problématiques [peut-être un peu trop ?] qui divisent encore l’Amérique d’aujourd’hui. Il démontre également comment la logique qui régit la société de l’image et du divertissement a totalement pris le contrôle de la politique, laissant de côté les idées pour le profit.



Que vous dire de plus ?! J’ai dévoré ce roman dont j’ai trouvé certains personnages terriblement attachants, d’autres particulièrement détestables. L’auteur joue d’ailleurs beaucoup avec nos sentiments vis-à-vis de ses protagonistes et, lorsqu’il lève le voile sur la véritable personnalité de certains, ça peut faire mal !
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Les fantômes du vieux pays

Ce roman m'a emportée telle une déferlante, sans que je m'en rende compte, au milieu d'une histoire à priori très ordinaire, avec des personnages tous plus azimutés les uns que les autres. Ça donne assez rapidement des situations et des dialogues délirants mais aussi des bons gros fous rires...

En tout cas pour la première partie.



La deuxième partie nous raconte les jeunes années de Samuel le personnage principal. Ça a le goût sucré de l'enfance, de l'amitié et des jeux auxquels on se donne à fond quand on est petit. L'auteur a réussi à me faire croire que l'âge tendre est un chouette moment de la vie...



En fait, les différentes parties - dix au total - alternent entre présent et passé des différents personnages et personnellement j'adore car je trouve que ça donne un attrait particulier à l'histoire.

Samuel veut comprendre pourquoi sa mère est partie un jour pour toujours et il part en quête de son histoire familiale.



Chapitre après chapitre on voit apparaître un panorama de l'Amérique sur plusieurs décennies.

C'est fascinant de voir comme le monde a évolué... pas toujours dans le bon sens d'ailleurs.

Les filles à qui on disait dans les années 60 de bien choisir sa voie pour trouver un mari qui gagnerait bien sa vie, et surtout d'être une bonne épouse attentive au bien-être de son époux. Oui, parce qu'à l'époque, l'ambition des femmes semblait passer forcément par la réussite du mari, donc pas d'autre issue que le mariage. Mais quelle sinistre perspective !

On en apprend plus sur les étudiants chevelus anti guerre du Vietnam, pour la libération sexuelle et les droits des femmes, qui manifestaient pacifiquement mais étaient réprimés dans la violence. Ce vieux monde que les jeunes tentaient de déboulonner se défendait en faisant couler le sang...

Ah les violences policières !!!

Et cette Amérique devenue hyper sécuritaire après le 11 septembre.

Ce roman est fait d'avants et d'après.

Ça nous fait aussi comprendre que les personnages sont beaucoup plus profonds qu'ils ne paraissent au premier abord. C'est tout simplement passionnant.



J'ai adoré et dévoré cette histoire, sorte de road trip à travers le temps. Un grand beau roman américain !!!

Coup d'essai ? Non ! Un coup de maître pour Nathan Hill dont c'est pourtant le premier roman, qu'il a mis dix ans à écrire !
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Les fantômes du vieux pays

Attention chef d’œuvre ! Ah merde, je viens juste d’écrire ce que je déteste lire... Plouf plouf, je recommence.

Ce livre m'a accompagné tout l'été et, comme c'est quelque fois le cas quand on prend un immense plaisir de lecture, j'ai retardé sa conclusion afin d'en savourer au mieux toutes les pages.

Je l'ai découvert par hasard en rangeant un peu dans la chambre de mon père décédé. Impossible que ce soit lui qui l'ait acheté, pas son style. A l'intérieur, griffonné au crayon de papier, un mystérieux "Dominique". Mystérieux, car le seul Dominique disponible à des kilomètres à la ronde ne connaissait pas le livre et ne l'avait donc pas prêté à mon père.

Je ne connaissais rien de ce livre énorme. Seule la 4ème a attiré mon attention. Je ne vous en dirai donc pas plus, si ce n'est que jusqu'à présent, vous avez raté quelque chose !
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Les fantômes du vieux pays

Nathan Hill signe un premier roman haletant en peignant non seulement des personnages mais aussi toute une société, la société américaine. J'ai été portée par Samuel, Faye, Pwange...qui sont à eux seuls, un visage de l'Amérique. Du Chicago de 1968 à nos jours, en passant par l'Iowa et même la Norvège, l'auteur parvient à dérouler une fresque sociale réussie.

Par certains aspects, le début m'a fait penser à l'écriture de John Irving mais Hill marque ensuite son propre style. Ce livre n'est toutefois pas un coup de coeur, je trouve que certains passages auraient pu être réduits mais l'ensemble est cohérent et la lecture vraiment agréable.
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Les fantômes du vieux pays

Je ne me rappelle plus pourquoi j'ai acheté ce roman. Je suis allée vérifier sur la liste que je trimbale avec moi (au cas où), et il n y figurait pas. C'était au SILA, comme d'habitude j'étais frustrée de ne rien trouver de neuf, et donc en farfouillant dans les rayons à la recherche de pavés ( mon critère du jour vu les prix), je suis tombée sur Les fantômes du vieux pays. le pitch semblait plutôt intéressant sans être particulièrement original...donc hop. Quelques mois plus tard, il a été chaudement recommandé par un des libraires de la Grande Librairie, au moment où je finissais une lecture et vivais cette angoisse de la prochaine. Je ne m'attendais à rien de particulier si ce n'est une énième analyse de la société américaine...et c'est la cas. Samuel, jeune auteur et professeur de littérature dans une université américaine est confronté à son passé lorsque sa mère, qui les a quittés lui et son père quand il avait dix ans, est devenue la star des médias après avoir "agressé" un candidat (plutôt extrême droite)à la présidence américaine. Il est contacté par son agent d'édition qui attend son prochain roman depuis dix ans et qui lui "propose" (sous peine de se faire attaquer en justice pour non respect de contrat) de profiter du battage médiatique autour de sa maman, et d'écrire un livre dans lequel il apporte le témoignage poignant d'un fils abandonné par sa mère, future terroriste. Voilà en gros....mais pas vraiment...pas du tout en fait. Bien entendu, il sera question de retrouvailles avec la maman, de demandes d'explications, et de l'inévitable découverte de l'histoire familiale qui mènera le lecteur à travers le temps ( années 80, et 60) et l'espace , jusqu'en Norvège....voire dans le monde parallèle des jeux de rôle Elfscape. Un florilège de personnages sont de la partie, et aucun d'eux n'est laissé sur le bas côté: chacun a droit a sa biographie plus que détaillée, à l'analyse approfondie de sa psychologie: Samuel bien entendu, son enfance, son amitié avec Bishop et sa soeur jumelle et l'évolution de cette relation avec des conséquences inattendues, l'étudiante de Samuel: Laura, archétype de la blonde américaine écervelée mais qui arrivera néanmoins à ses fins en ruinant la carrière de Samuel au passage, Pwange, le camarade de jeu de Samuel, un expert d'Elfscape dont la vie et la santé sont ruinées mais à la fois maintenues par une addiction au jeu, et qui chaque matin prend fermement la résolution de changer. Il y a l'avocat de la mère, l'éditeur aussi, et tout ce petit monde beigne dans une Amérique en perpétuel remous. le parallèle est évident entre les événements qu'a connu la maman de Samuel (Faye): les émeutes de Chicago en 1968 et les manifestations d'Occupy Wall Street. le livre est long, et bien que cette longueur semble parfois excessive, le résultat final annule ce malaise. Nathan Hill a mis dix ans à écrire ce roman, et ça sent, positivement: la maîtrise est absolue, le travail est là: détaillé, documenté, sans manquer d'émotion, de poésie parfois, et souvent d'humour, de suspens aussi. Si comme moi, malgré sa richesse, la société américaine vous stresse, ce roman ne fera que renforcer ces deux aspects: ce pays, cette société ont la capacité surprenante d'être à l'origine du pire et du meilleur, et de rester debout malgré toutes les contradictions qui les sous tendent. On ressort lessivé de ce roman...mais il vaut la peine d'être lu....j'ai même pensé à un moment ....que....peut être....l'héritier de Roth était parmi nous.

Ah, dernière chose: le titre original est The Nix....et il faut lire le livre pour se rendre compte qu'il aurait du être laissé tel quel.

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Les fantômes du vieux pays

En avril dernier, j’ai accueilli avec joie la diffusion de la liste des auteurs présents au prochain festival America. Je l’ai parcourue, me suis rendue compte que je ne connaissais presque personne (ce qui me réjouit car j’ai découvre à chaque fois des auteurs qui deviennent fétiches !), et que je ne savais pas trop par lequel commencer. Mais, en entrant dans un genre d’Emmaüs à Seattle (oui, je me la pète à mort), un livre d’occas a attiré mon regard car j’ai reconnu un des auteurs qui allait être présent : Nathan Hill, dont c’est le premier roman. Ni une, ni deux, je l’ai donc acheté et lu dans la foulée ! En anglais du coup, mais il existe aussi en français pour ceux qui seraient intéressés.



Et il m’a beaucoup plu ! On y retrouve tous les ingrédients de la littérature américaine (ceux qui en ont marre, du coup, passez votre chemin) : histoire familiale compliquée imbriquée dans la grande Histoire, psychologie, thèmes sociétaux fouillés… tout cela très bien écrit et étonnamment drôle.



“The things you love the most can hurt you the most” dit Faye Andresen à son fils de 11 ans, quelques jours avant de l’abandonner (« les choses que tu aimes le plus peuvent te faire le plus de mal »). C’est un peu le thème principal du livre : les liens familiaux, l’abandon, la rédemption, le pardon, les traumas de l’enfance, le poids de l’histoire familiale, ou comment les secrets et non-dits peuvent se transformer en malédiction.



On suit le héros dans sa quête de sens et de compréhension de cet événement qu’il estime avoir gâché sa vie, avec des flashbacks nous éclairant sur les événements fondateurs qui y ont mené et ont suivi : son enfance (le mois avant le départ de sa mère) et sa vie de jeune adulte qui peine à trouver son identité, l’adolescence de sa mère et son premier mois d’université à Chicago, en octobre 1968, alors qu’éclatent les émeutes étudiantes.



La psychologie des personnages, principaux comme secondaires, est très développée, à travers leur environnement, leur entourage, les événements qui les façonnent, leur cheminement intérieur… C’est très fin, les portraits sont vivants, authentiques et émouvants.



L’auteur en profite aussi pour aborder de nombreux autres sujets de société, de façon fouillée, drôle et souvent très effrayante, comme l’addiction aux jeux vidéos, l’influence des médias de masse et de la publicité sur la société, la bêtise de la jeunesse pourrie-gâtée et abrutie par les réseaux sociaux, l’évolution de l’engagement politique avec l’âge…



Du coup c’est un pavé et je pense qu’il aurait pu tailler un peu (notamment sur l’histoire d’amour du héros que je trouve bien trop développée), mais cela se lit très bien quand même et les différents sujets sont intégrés au récit avec brio. J’ai également été un peu gênée, comme d’habitude, par l’évidence de l’utilisation de nombreux styles différents, qui dénote du passage de l’auteur par un cursus d’écriture créative. J’ai trop souvent l’impression dans les premiers romans américains que l’auteur a collé toutes les nouvelles écrites à l’université, dans le cadre de devoirs. Mais c’est ici tellement bien écrit que cela n’a rien de rédhibitoire.



En résumé, c’est un très bon roman pour qui veut de la psychologie, de l’Histoire (la description des émeutes est assez épique !), des personnages attachants et une vision cynique de la société. Et des débats passionnants au Festival !

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Les fantômes du vieux pays

Qui a lu ce livre? Samuel , professeur de son état mais surtout grand joueur de jeux vidéos ignore 1 événement qui fait la une des journaux: sa mère a agressé un futur candidat aux élections présidentielles américaines.. lorsqu'il le découvre et pour se sauver d'un gros pb financier il décide de renouer avec cette mère absente depuis 20 ans pr écrire 1 livre sur elle..

Pavé de 700 pages j'en ai lu 210 ms je n'arrive pas à accrocher à cette histoire où je ne trouve pas d'intérêt. Il se traîne en longueur,est beaucoup trop narratif pour moi,en manque d'action... Je vais malheureusement m'arrêter là alors que d'habitude je lis jusqu'au bout...

Et vous ?
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Les fantômes du vieux pays

Ce premier roman rencontre un franc succès et cela ne m’étonne pas. Pour un premier roman, c’est réussi.

Samuel est écrivain et professeur de littérature dans une petite université. Ou plutôt c’est un écrivain raté, incapable d’écrire quoique ce soit depuis une nouvelle prometteuse et il tente d’enseigner la littérature à des étudiants qui s’en fichent royalement. Son poste à l’université est d’ailleurs menacé à cause d’une étudiante qu’il a accusée de tricherie et ses relations avec son éditeur sont tout aussi précaires. Le dos au mur il accepte alors d’écrire un livre sur sa mère qui l’a abandonné des années plus tôt et qui fait alors la une de l’actualité après avoir jeté des cailloux sur un gouverneur conservateur. Ce sera l'occasion pour lui d’en savoir plus sur sa mère.

A partir de l’histoire de Samuel et de sa mère, l’auteur dresse une fresque des Etats-Unis sur une quarantaine d’années. C’est une fresque assez cynique, soulignant les illusions successives de chaque génération, les magouilles de la justice et de la politique, les mensonges des médias,… Une dénonciation d’un système visant de plus en plus à uniformiser la population tout en glorifiant l’individualisme. Une société où le virtuel prend le pas sur le réel. Une société où les artistes disparaissent au profit des starlettes.

Les personnages secondaires (Pawne et Laura) s’ils ont leur place dans l’histoire de Samuel, voient leur histoire personnelle racontée en parallèle. Ultra-connectés, ils ont perdu tout sens de la réalité. Leurs relations humaines ont presque totalement disparu, ne laissant que des relations virtuelles et désormais vides de sens. Ce sont des personnages pitoyables et effrayants, réalistes malheureusement.

Les personnages sont nombreux tout comme les sujets abordés : les violences policières, la pédophilie, les réseaux sociaux, les addictions, les multinationales, les médias, les mouvements contestataires des années 60, la drogue, le mariage, l’immigration, le féminisme, la guerre, l’écologie, la malbouffe… Et bien sûr les relations mère-fils, père-fils, l’amitié, l’amour, la mort. On pourrait craindre qu’une telle multitude de sujets donne un résultat brouillé et confus, mais ce n’est pas le cas. Au contraire, tout s’imbrique avec logique. Et le tout porte un regard désabusé sur notre société.

C’est un roman intéressant, bien écrit, ironique et intelligent auquel on pourrait toutefois reprocher quelques longueurs. Pour un premier roman, c’est prometteur (souhaitons à Nathan Hill un destin différent de celui de son héros)
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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Les fantômes du vieux pays

Attention, ce roman de plus de 700 pages est un monstre au sens de démesuré voire d'excessif. Mais il tellement bluffant qu'il imprime longtemps l'esprit. L'auteur, qui signe là son premier roman, avoue y avoir travaillé pendant dix ans.

Chicago en 2011. Une femme d'une soixantaine d'années prénommée Faye lance des cailloux sur le gouverneur Packer, clone de Trump, alors en campagne pour l'élection présidentielle. Les médias s'emparent de cet incident qui aurait pu rester à l'état de fait divers si la « victime » n'avait pas été aussi célèbre. Ils fouillent dans le passé de la criminelle et découvrent qu'elle fut dans sa jeunesse une hippie extrémiste accusée de prostitution.

L'éditeur de Samuel, le fils de Faye, exige de son protégé qu'il écrive un livre sur sa mère. Cela fait des années que le jeune homme, professeur d'introduction à la littérature, doit livrer un roman pour lequel il avait reçu un confortable à-valoir. Au lieu d'écrire, Samuel consacre plus de quarante heures par semaine à « Elfscape », un jeu en ligne. Pour oublier que sa mère l'a abandonné ainsi que son père alors qu'il n'était qu'un enfant, du genre pleurnichard ?

Pour comprendre le geste de sa mère, il se plonge dans le passé de cette dernière. Et nous voilà embarqués en 1968, toujours à Chicago. Martin Luther King a été assassiné le 4 avril. Aux émeutes des ghettos afro-américains succèdent des manifestations étudiantes sévèrement réprimées par la police.

Aux deux personnages principaux, Faye et Samuel, se greffe une multitude de portraits croqués souvent avec humour  : Laura, l'étudiante superficielle et d'une bêtise crasse qui ne comprend pas pourquoi on lui demande d'analyser l’œuvre de Shakespeare sous prétexte que ce ne serait pas utile pour sa future carrière de marketeuse ; Pwnage, le geek, qui ne trouve de raisons de vivre que dans les jeux vidéo dont on apprend avec effroi les effets néfastes sur la santé ; le juge Charlie Brown à la vengeance chevillée au corps ; la gracieuse Bethany, violoniste accomplie, dont Samuel est fou amoureux ; Bishop, le jumeau de Bethany, qui paiera tout sa vie une blessure d'enfance ; le grand-père norvégien de Samuel qui vit dans la nostalgie de son pays ; Sebastian, un individu essentiel à la compréhension du roman... On rencontre même Allen Ginsberg, l'un des fondateurs de la Beat Generation, dont les positions pacifistes alimentent les discours des années 1960.

Bref, « Les fantômes du vieux pays » est une vaste fresque romanesque qui reconstitue la vie de ses personnages à la manière d'un puzzle en leur faisant endosser les travers de la société américaine : le cynisme et l'appât du gain du milieu de l'édition dont l'un des représentants se définit comme un « créateur de valeur » ; le sensationnalisme des médias qui déforment la réalité en toute impunité ; l'idéalisme béat dont celui d'Occupy Wall Street dont l'auteur dit qu'ils se révoltent contre des choses, en l'occurrence le capitalisme financier, qu'ils ne comprennent pas comme si les ancêtres hominidés avaient manifesté contre la sécheresse ; la malbouffe ; le puritanisme hypocrite...

Tout le monde en prend pour son grade !

Ce roman est aussi et surtout l'histoire d'une relation entre une mère et son fils qui pose la question suivante : peut-on faite table rase du passé et recommencer une autre vie en lui donnant un autre sens, une autre direction ?

C'est brillant, intelligent. Un vrai coup de cœur.

EXTRAITS

- Voilà comment sa mère les avait quittés, décida Samuel. Voilà de quelle manière elle était partie – imperceptiblement, lentement, bribe par bribe.

- Cette fois, c'est presque trop. Comment peut-on condenser autant de détails hallucinants dans un seul gros titre ? UNE HIPPIE EXTREMISTE, PROSTITUEE ET ENSEIGNANTE CREVE LES YEUX DU GOUVERNEUR PACKER LORS D'UNE VIOLENTE AGRESSION !

- Le livre, c'est juste l'emballage, le contenant.

- Romancier, décida-t-il, il serait aimé.

- Les choses que tu aimes le plus sont celles qui un jour te feront le plus de mal.

- Qu'est-ce qui est vérité ? Qu'est-ce qui est mensonge ? Au cas où tu n'aurais pas remarqué, le monde a à peu près abandonné le concept des Lumières selon lequel la vérité se construit sur l'observation du réel. La réalité est trop complexe et trop effrayante pour ça. C'est beaucoup plus facile d'ignorer tous les faits qui ne vont pas dans le sens de nos idées préconçues et de ne voir que ceux qui les confirment.

- L'idéalisme est le pire des fardeaux. Tout ce que tu feras après te semblera toujours fade. Tu seras toujours hanté, tu deviendras inévitablement l'être cynique que tout le monde veut que tu sois. Laisse tomber maintenant, les grandes idées, les bonnes décisions. Ainsi, tu n'auras rien à regretter plus tard.

- A la fin, il faut toujours payer ses dettes.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Les fantômes du vieux pays

Dans Les fantômes du vieux pays, Nathan Hill nous livre une réflexion sur les choix censés dicter notre identité et la culpabilité qui en découle. Dans un très beau portrait d'une mère en fuite, hantée par ses démons domestiques et par sa capacité à être au mauvais endroit au bon moment comme par l'histoire de son fils, Hill décrit joliment une partie du rêve américain. Dommage que sa critique sociale ne tombe pas toujours juste.
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