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Critiques de Nathan Hill (177)
Les fantômes du vieux pays

Une fresque réjouissante et incroyablement rythmée !



Voici un premier roman qui se présente d'abord comme un défi : un pavé de 700 pages, dans la prestigieuse collection "Du monde entier" de NRF/Gallimard. Oscillation entre l'appréhension de se perdre dans les méandres d'une épopée interminable et la jubilation anticipée dictée par la confiance en cette collection, dont les choix exigeants déçoivent rarement. Une autre crainte, celle de l'écueil du premier roman : celui qui part dans tous les sens, dans lequel l'auteur a voulu rassembler trop d'histoires, trop de ficelles et d'émotions, collecter comme "cadavre exquis" les bribes de ses multiples manuscrits de jeunesse morts-nés. 



Rien de tout cela dans la somme de Nathan Hill. Ce premier roman happe le lecteur dès les premières pages et ne le lâchera plus. Une véritable réussite, qui se dévore et se déguste, pour de multiples raisons.



Inutile d'en rajouter davantage sur l'histoire, l'éditeur ayant pris le parti d'une présentation assez exhaustive de celle-ci. Il s'agit de Samuel Andresen, professeur de littérature dans une université modeste, un peu désabusé, qui tue le temps en jouant en ligne et passe ainsi à côté de l'information qui défraie la chronique : l'agression dans un parc du candidat républicain à la présidentielle par une femme, sa mère, qui l'a abandonné à l'âge de onze ans. Pour éviter de couteuses poursuites judiciaires de l'éditeur qui lui a versé dix ans auparavant un colossal à-valoir pour un livre jamais écrit, il accepte d'en écrire un nouveau : l'histoire de sa mère, celle que les médias présentent comme une anarchiste ayant attenté à la sécurité d'un candidat à la présidentielle. 



Comment écrire sur celle qui vous a abandonné sans jamais donner signe de vie ? Comment rendre transférer sa colère d'enfant, intime et personnelle, sur un personnage désormais public ? Points de départ du roman, ces questions nous conduisent sur des chemins inattendus, sans jamais perdre un fil qui ne se tissera que progressivement.



La construction de ce roman est parfaitement réussie : découpé en dix parties, elles-mêmes subdivisées en une dizaine de courts chapitres à chaque fois, le lecteur ne s'ennuie jamais, passant d'une époque à l'autre. le temps du roman est celui de 2011, mais aussi celui de la jeunesse de Samuel, avant le départ de sa mère ; celui de 1968, des années étudiantes de Faye, en pleines émeutes de Chicago. C'est ainsi que se dessine une fresque individuelle : pas un livre d'Histoire mais un recueil d'histoires, individuelles et ciselées, ou les événements sociaux éclairent des caractères d'abord tranchés, finalement toujours plus subtils et complexes, souvent paradoxaux. C'est là toute la force narrative de Nathan Hill : si la construction de la narration cède aux canons du "grand roman américain moderne" (Joël Dicker l'a parfaitement expliqué dans de très nombreux entretiens après la sortie de la vérité sur l'affaire Harry Quebert), elle est parfaitement employée et d'une redoutable efficacité.



Le portrait américain ainsi brossé, au travers d'une galerie de personnages finalement assez peu nombreux pour le volume de l'ouvrage (une petite dizaine retiendront notre attention), permet à la fois d'éclairer un passé récent mais surtout de jeter une lumière crue sur les questions les plus actuelles. Les émeutes de Chicago en disent moins sur la jeunesse des années 60 que sur l'attitude de la police américaine ; le projet littéraire de Samuel écorne davantage l'édition américaine qu'il ne questionne la fidélité filiale ; et le "grand abandon", celui du fils, est rapidement mêlé à la détresse solitaire d'une mère qui n'a pas su faire les bons choix, parce qu'elle n'en a jamais vraiment eu la possibilité. 



L'immense originalité de ce roman se trouve dans ce déplacement des interrogations. Alors que l'on croit longuement autopsier "le Mal", la cruauté (de la mère, de l'éditeur, d'un jumeau intenable et meilleur ami de Samuel enfant), l'auteur adoucit, lisse, arrondit chaque portrait, non par facilité mais, bien au contraire, pour accentuer les plus petites aspérités. Celles qui rendent leur humanité à tout choix, à tout acte. Rien n'est simple, tout n'est qu'humain. Les plus profondes blessures ne sont-elles jamais qu'un choix mal éclairé, hasardeux, fataliste aussi, avec lequel il faut bien composer bon gré mal gré ? 



Ce grand roman est un véritable coup de coeur, une découverte réjouissante, dont un film sera nécessairement tiré, tant il crée d'images fortes. A lire absolument !



Je remercie Masse critique de Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir adressé gracieusement ce roman en vue de sa chronique.
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Les fantômes du vieux pays

« Quand Samuel était enfant et lisait une Histoire dont vous êtes le héros, il plaçait toujours un marque-page à l’endroit où il devait prendre une décision très difficile, de sorte que, si l’histoire tournait mal, il pouvait revenir en arrière et recommencer autrement. »



Malheureusement la vraie vie n’est pas ainsi faite. Pourtant, Samuel sait parfaitement où se trouvent les carrefours importants de sa vie : ce moment où sa mère a quitté le foyer, cet instant où il a perdu Bethany, la femme de sa vie, ce présent où il fuit une carrière de professeur désabusé pour se cacher dans le monde virtuel d’un jeu en ligne.



Jusqu’à ce qu’un avocat l’appelle au sujet de sa mère, Faye Andresen qu’il n’a pas vue depuis vingt cinq ans et qui est aujourd’hui accusée d’agression contre un candidat à la Présidentielle.

Voilà de quoi retourner dans le passé pour comprendre pourquoi sa mère en est arrivée là et surtout pourquoi elle l’a abandonné quand il était enfant.



Faye est la fille d’un norvégien qui a fui son pays pour des raisons mystérieuses mais en a gardé beaucoup de nostalgie et surtout la mémoire des légendes et fantômes de ce pays nordique. Une histoire de « nisse » et de porridge provoque chez la jeune Faye une première crise d’un mal qui ne la quittera plus.

« Il y a ce genre de moment dans toute une vie, un traumatisme qui vous fait voler en éclats, et vous transforme à jamais. »

Alors qu’elle devrait épouser Henry, le fils d’un fermier voisin, romantique et un peu niais, Faye part au Cercle, une université de Chicago. Chicago, une ville qui fait peur et qui va connaître à cette époque (1968) de graves émeutes dans lesquelles Faye se retrouvent embarquée.

Petit à petit, nous découvrons cette partie cachée de la vie de Faye.

Et en parallèle, nous suivons aussi le passé de Samuel. Sa rencontre avec Bethany et son frère Bishop.

Autant de personnages dont nous n’avons au départ qu’une parcelle d’identité, puis que nous saisissons au fur et à mesure dans leur ensemble.

« il n’y a pas une identité vraie cachée parmi de fausses identités. Mais plutôt une identité vraie cachée parmi de nombreuses autres identités vraies. »



Cette histoire romanesque des liens familiaux et amicaux prend forme dans une peinture assez caustique de l’Amérique des années 60 et de nos jours. D’un côté une révolte du milieu universitaire et hippie contre la guerre au Vietnam et de l’autre une jeunesse plongée dans le monde virtuel pour échapper aux routines du quotidien. Avec quelle que soit l’époque, la manipulation par les médias et politiques.

« Le danger de la télévision, c’est que les gens commencent à voir le monde à travers cette unique goutte d’eau. »







Les fantômes du vieux pays est un roman qui allie une histoire romanesque, une excellente analyse des rapports humains et une vision satirique du monde moderne. C’est un pavé qui ne prend toute sa puissance que dans son entièreté. Il faut donc s’accrocher sur les premières centaines de pages, passer au-delà des détails des vies et passions de chaque personnage pour extraire la substantifique moelle. Personnellement, si les personnages de Pwnage, geek très attachant, et de Laura, étudiante détestable, sont intéressants, leurs émois m’ont moins intéressée et éloignée de l’intrigue principale.

Même avec quelques longueurs, il faut tout de même reconnaître que ce premier roman est fort bien maîtrisé.
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Les fantômes du vieux pays

J'avais déjà repéré ce livre chez les anglo-saxons et j'étais déjà très tentée… Dès les premières pages, j'ai su que j'allais aimer ce roman, je ne savais pas pourquoi mais c'était une évidence. Il y a des romans qui vous embarquent tout de suite. Malgré ses 720 pages, ce fut une lecture fluide, jubilatoire, étonnante avec des personnages que l'on aime détester et que l'on déteste aimer et une intrigue qui entraîne le lecteur à travers les méandres de l'histoire et de la société américaine.



Les personnages sont particulièrement bien travaillés, l'auteur s'attache à mettre en place une évolution psychologique de chacun d'eux en fonction de l'avancée de l'histoire et de ses rebondissements. Samuel le personnage principal m'a vraiment intéressé, il traverse l'intrigue avec une sorte de nonchalance inquiète assez surprenante que j'ai beaucoup aimée.



J'apprécie beaucoup les romans qui semblent partir dans tous les sens pour finir par former un tout cohérent et pensé. Ce qui est le cas dans ce livre. Les premiers chapitres peuvent sembler déroutants, car l'on passe d'un personnage à un autre, sans trop comprendre où l'auteur veut en venir, mais le lecteur devine que chacun aura sa place et son rôle à jouer et par la suite on navigue d'une époque à une autre avec la même aisance. du passé au présent, de la grande à la petite histoire, du fait divers à la tragédie, l'auteur décrit de façon tendre et caustique la vie de Samuel, professeur désabusé qui s'échappe de son morne quotidien dans un jeu de fantasy en ligne jusqu'au jour où un coup de téléphone vient bouleverser sa routine et le ramène des années en arrière au milieu des souvenirs de son enfance, de ses premières amours et de Faye, cette mère qui semblait si détachée de tout....





La suite à lire sur le blog
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Les fantômes du vieux pays

Le "Grand Roman Américain" par excellence. Social, actuel, vrai.

Un cliqué fidèle aux Etats Unis d'Amérique d'aujourd'hui et d'hier. D'une société complexe, fissurée, teinté par son histoire dont elle est aujourd'hui loin d'être débarrassée.

Mais aussi des récits personnels magnifiquement développés, jamais négligés, sublimés par une narration omnisciente et pertinente.

Une intrigue riche à la haute de son ambition, tous ses thèmes sont abordés avec consciencieux respect. Harcèlement, politique, homosexualité, médias, amour, maternité, consommation, société...

Il est clair, le fond y est. Et à notre plus grand bonheur, le style suit.

Fluide et rythmé par une écriture fine, modeste et saisissante, ce récit nous berce entre polyphonie et parallélisme : d'un personnage à l'autre, du passé au présent, de deux histoires singulières à leurs destins croisés.



Nathan Hill, merci ! Nous serons là pour le prochain, et celui d'après aussi...
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Les fantômes du vieux pays

Question d’un lecteur :

- Je suis juste au début et j’aimerais savoir : Est-ce qu’on va apprendre finalement pourquoi Faye est partie ?

- Oui, mais au moment où tu le découvriras, cela aurait cessé de te préoccuper.

C’est exactement ça à mes yeux. Les lignes narratives secondaires brisent ma motivation. 300 pages de trop sur 900. J’aurais aimé plus de cohérence. Une construction plus resserrée autour de Faye et son fils Samuel.



Dommage, le début (200 pages) m’a paru un brillant page turner.

J’ai apprécié surtout les aperçus cinglants sur un pays amoché.

Un extrait : « La passe-temps favori des Américains n’est plus le base-ball. C’est la morale ». P452

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Les fantômes du vieux pays

Ce roman est une petite pépite, une belle histoire humaine, celle des fantômes de plusieurs vies mêlées au cœur d'une société américaine disproportionnée.⁣



Les fantômes du vieux pays, c'est une quête familiale captivante. La recherche d'un fils un peu paumé pour comprendre la vie de sa mère, les raisons qui l'ont conduite à l'abandonner à l'âge de 11 ans et les motivations qui l'ont poussée à agresser un homme politique en pleine campagne présidentielle.⁣



Les fantômes du vieux pays, c'est une belle petite brique de 950 pages d'une construction narrative détonante et savamment orchestrée. C'est un voyage littéraire où l'auteur décortique, dissèque et explore différentes tranches de vie entre la fin des années 60 et 2010.⁣



Monsieur Nathan Hill, vous avez consacré 10 ans de votre vie à l'écriture de ce premier roman et c'est une pure réussite. Je n'ai qu'une hâte : vous lire à nouveau !⁣


Lien : https://lecarnetdejessica.co..
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Les fantômes du vieux pays

"Les fantômes du vieux pays" est un premier roman et l'auteur met haut la barre.

Pour le New York Time c'est Le grand roman américain des deux dernières décennies. Il ne faut quand même pas exagérer...

C'est un pavé de plus de 700 pages qui se lit facilement et qui rend parfaitement l'ambiance des campus américain de la fin des années 60 et des hypocrisies de la société américaine d'aujourd'hui.

Les manœuvres de l'étudiante sont à cet égard édifiantes avec le peu de soutien que le professeur reçoit de son administration.

C'est amusant et on se laisse prendre par l'intrigue.

C'est aussi souvent très désabusé.

C'est un tantinet long vers la fin mais cela reste intéressant et on veut savoir ce que vont devenir Faye et Samuel.

Un roman qui reste donc agréable à lire.

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Les fantômes du vieux pays

Bien présenté par mes blogs préférés, je savais que je lirai à mon tour ce roman de 952 pages (en édition poche). Aucune déception et un coup de cœur pour moi, je rejoins Keisha, Jérôme, Kathel pour dire que ce premier roman de Nathan Hill est un coup de maître. Son seul défaut est d’avoir voulu tout raconter l’Amérique qui va mal en un seul roman. Tout ? pas complètement puisque le racisme n’y est pas évoqué. Le fil conducteur est tenu par Samuel abandonné par sa mère à l’age de 11 ans, il est devenu professeur de littérature dans une petite université, le roman raconte sa quête pour retrouver et comprendre sa mère. Il fera face d’abord à une certaine Laura, étudiante qui a mis le principe de la triche au cœur de son activité intellectuelle ; puis, on le voit passer son temps à jouer dans un monde virtuel où il tue, des nuits entières, des dragons et des orques, on découvre grâce à cela l’univers des joueurs « drogués » par les jeux vidéo. À cause de cette passion nocturne il est bien le seul à ne pas savoir que sa mère fait le « buzz » sur les réseaux sociaux. On la voit sur une vidéo qui tourne en boucle jeter des cailloux sur sur un candidat à la présidence des Etats-Unis, un sosie de Trump, un certain Parker qui ressemble tant au président actuel. Pour que Samuel comprenne le geste de sa mère, il faudra remonter aux événements qui ont secoué Chicago en 1968 et pour mettre le point final à cette longue quête retrouver les raisons qui ont fait fuir la Norvège au grand-père de Samuel en 1941. Toutes les machinations dont sont victime Samuel et sa mère ne sont finalement l’oeuvre que d’un seul homme qui a tout compris au maniement des médias et à celui des foules ? Je ne peux pas en dire plus sans divulgâcher l’intrigue romanesque.
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Les fantômes du vieux pays

Une femme agresse un gouverneur réactionnaire, futur candidat à la présidence des États-Unis. Son fils, écrivain, incapable d’écrire le deuxième livre pour lequel il a reçu une avance dix ans auparavant, va être contraint de rédiger un récit à charge sur cette femme. Or, cette femme a quitté le foyer familial l’année des onze ans de son fils . Elle a disparu il y a plus de vingt ans. Il n’a jamais tenté de la retrouver. L’enquête qu’il doit mener pour découvrir qui est cette mère va l’amener à parcourir l’histoire, petite et grande, de son pays sur cinquante ans.

Les témoignages qu’il recueille, les personnes qu’il rencontre donnent l’occasion de comprendre l’évolution des États-Unis durant ce demi-siècle.

C’est dans ce pays contrasté et clivé, terre d’immigration, d’espoir et de patriotisme qu’évoluent les différents personnages. Ils ne sont jamais ce qu’ils paraissent être.

Ce roman riche en surprises, diaboliquement construit, parle de la complexité de l’histoire familiale mais aussi de celle d’une Nation. Il donne à comprendre la situation politique actuelle de ce pays plein de contradictions.

Voilà un livre qui ne souffre pas d’une fin bâclée ni d’une écriture compliquée et terne. Le souffle romanesque est puissant si bien que j’ai eu besoin de quelques jours avant d’ouvrir un nouveau roman. Je vous incite donc à découvrir cette histoire intelligente et touchante et à la savourer comme moi, jusqu’au bout.
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Les fantômes du vieux pays

C’est l’histoire d’un adulte qui n’a jamais cessé d’être un enfant abandonné, qui a vu sa vie s’arrêter le jour où sa mère est partie sans fournir d’explication. Il n’a jamais pensé à prendre sa revanche sur elle, jusqu’à ce qu’on la lui serve presque sur un plateau. Son éditeur prévoit d’ajouter à un fait-divers qui a pris des proportions délirantes un brûlot tout droit sorti de la tête de son fils. Samuel y croit à peine à toutes ces histoires qui circulent autour de sa mère. C’est quoi ce passé de hippie ? Il parait même qu’on l’a arrêtée autrefois pour prostitution… Force est de constater qu’il ne sait rien d’elle et qu’il va devoir enquêter sur son passé.



Les personnages sont absolument incroyables. Faye, cette énigme absolue, petite fille parfaite destinée à devenir l’épouse idéale, emportée bien loin par le Chicago de 1968. Le grand-père, né dans ce qui se fait de plus haut en Norvège et qui a ramené avec lui les esprits inquiétants de son pays (cette histoire d’esprit domestique c’est du génie). Samuel, hanté par le souvenir de sa mère et des jumeaux magnétiques avec qui il a partagé son enfance…

Nathan Hill enchaîne les morceaux de bravoure. Chaque chapitre est animé de son souffle propre, dans la tragédie ou l’absurde. Les heures passées devant le jeu Elfscape sur six écrans simultanés vous colleront les gerbe, le monologue de Laura (ma pref), l’étudiante qui triche et qui ne voudra jamais le reconnaître vous fera complètement halluciner, l’éducation des filles dans le Midwest des sixties vous collera vraisemblablement un frisson d’horreur… Le style est juste fou.



Et c’est une véritable fresque de la société américaine que nous propose l’auteur à travers cette histoire, des émeutes de 68 à Chicago et ses idéaux d’amour et de paix qui se heurtent aux battes de baseball à nos jours où des types peuvent littéralement mourir devant des écrans. Education sexiste et hygiéniste, violence policière et étatique, misogynie, brutalité et cynisme du capitalisme, brutalité de l’administration des maisons de retraite et j’en passe… Je ne sais pas comment il fait, ce type, pour nous emporter à la fois dans des histoires intimes bouleversantes et en même temps tenir un propos si universel.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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Les fantômes du vieux pays

Un futur candidat à la présidentielle des Etats-Unis a été agressé en public par une femme qui n’est autre que la mère de Samuel, professeur d’anglais à l’Université de Chicago. Celle-ci l’avait abandonné lorsqu’il avait onze ans et Samuel s’est toujours demandé pour quelles obscures raisons sa mère était partie sans jamais donner de nouvelles ni à lui, ni à son père. Comme son éditeur menace de le poursuivre en justice pour un roman qu’il n’a jamais écrit mais pour lequel il avait touché une avance conséquente, Samuel décide d’écrire un roman sur sa mère. Ce qui s’annonçait au départ comme un règlement de compte, se révèle finalement une enquête sur sa propre famille...

A la fois, roman familial et rétrospective critique de l’Amérique des années 60 à nos jours, ce roman est intéressant pour la réflexion qu’il engendre mais aussi pour la façon dont il est construit : les flash-back sont souvent relatés du point de vue de Samuel mais parfois aussi du point de vue des autres personnages du roman.
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Les fantômes du vieux pays

Un grand roman américain qui brasse les époques, l'évolution des mentalités, le choc des cultures de l'Amérique profonde et de l'Amérique libérale. Destins croisés d'une mère (Faye) et d'un fils (Samuel). Elle l'a abandonné dans son enfance et a disparu des écrans radars jusqu'à ce qu'elle jette une poignée de gravillons sur un candidat républicain d'extrême droite à l'élection présidentielle et est au cœur d'un scandale construit artificiellement. Samuel va partir à la rencontre de l'histoire de sa mère et plonger dans les émeutes de Chicago de 1968 lors de l'investiture d'Humphrey. Prodigieuse description du télescopage entre deux mondes, celui, libertaire, qui combattait la guerre au Vietnam et celui, conventionnel et étriqué de l'Amérique profonde. Une Amérique qui existe encore et qui explique aujourd'hui l'élection de Trump. Peinture caustique de l'époque moderne où des êtres se perdent à jamais dans un monde virtuel au point de devenir des épaves dans le monde réel. Peinture ricanante du monde universitaire dans lequel certains étudiants viennent à n'importe quel prix chercher un passeport pour l'avenir plutôt qu'une formation, un surcroît de culture et une intelligence travaillée. Peinture désespérée où la création artistique n'est plus qu'une construction artificielle visant à offrir au millimètre près ce que le public attend. Une culture en voie d'extinction car comme tout est préformaté, il n'y a plus ni audace, ne création originale, ni découverte. Et somme toute, sous ses dehors légers, ironiques, Nathan Hill livre du monde moderne une vision très désespérée. Derrière cette peinture du monde, de ses évolutions et de ses dérives, il laisse évoluer ses personnages qui tous se cherchent sans jamais se trouver : le père de Faye qui a quitté la Norvège où règnent les fantômes du vieux pays pour vivre une vie bâtie sur un mensonge qui le tourmentera toujours, le père de Samuel qui vend des plats surgelés et ne comprend rien de ce qui lui arrive, Samuel qui a une vie fondée sur un malentendu premier dont il ignore tout et qui vit un amour virtuel incapable de prendre quand il le faut la voie du risque et de la vraie vie. Faye, enfin, -même, incapable d'aller au bout de ses rêves qui ne se trouvera qu'en fin de voyage après avoir été au bout de la question de ses origines dans le froid polaire du nord de la Norvège. Entre Irving et Jonathan Franzen, un grand écrivain est né. Qualité suprême, il écrit un roman qui fourmille mais qui est un regard sans concession sur le monde. Il pousse finalement jusqu'à sa quintessence la politesse et l'ironie du désespoir. Ressemblant à l'Irving du début, non loin de Jonathan Frantzen, il nous réjouit… Il offre une belle découverte, si loin des produits littéraires surgelés, fabriqués à partir de sondages qui, croit-il, peut-être à raison, menacent l'art de demain.
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Les fantômes du vieux pays

Les critiques m'avaient incité à lire ce roman, pavé d'un peu plus de 700 pages. J'ai bien aimé sa construction, l'intrigue, l'écriture, mais je pense que l'auteur aurait gagné à en faire un roman un peu plus court, car la longueur m'a conduit à une certain lassitude (l'envie d'en finir vite) vis à vis des personnages, qui dépeignent l'Amérique, comme un grand pays peuplés de paumés.

En toile de fond, on retrouve des thèmes américains importants: l'immigration européenne, les émeutes à Chicago en 1968 contre la guerre du Vietnam, le harcèlement, l'addiction aux jeux vidéo.

Le roman narre la quête de Samuel Anderson, professeur sans talent de littérature anglaise à l'université, pour renouer avec sa mère qui l'a quitté alors qu'il avait 8 ans et sa capacité à se prendre en main et s'émanciper.

Des bons ingrédients, une belle écriture... sans coup de cœur.
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Les fantômes du vieux pays

Un très mauvais roman. Dans le plus pur formatage américain, mal traduit de surcroit, ce roman prend pour prétextes quelques-un des courants de l'histoire américaine récente, en mêlant le mouvement hippie, les guerres, l'addiction aux jeux videos ou encore la crise et la vacuité de l'enseignement. Séparément, chacun de ces thèmes, mériteraient que l'on s'y attarde. Emmêlés, cela ridiculise le propos. Des longueurs, du mélo inutile complètent le ratage de ce roman.
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Les fantômes du vieux pays

« Les fantômes du vieux pays » est un roman très surprenant dans sa construction narrative. Samuel, professeur et écrivain est sommé par son éditeur d’écrire une histoire à sensation sur sa mère Faye nommée « Calamity Packer » par les médias depuis qu’elle a lancé des cailloux en direction du gouverneur. Cette mère l’a quitté lui et son père, du jour au lendemain et sans explication alors qu’il n’avait que 11 ans. Samuel ne la connaît donc pas et il devra chercher à retracer son parcours.

Voilà l’intention de départ. L’auteur Nathan Hill embarque alors le lecteur dans des allers-retours entre le présent, l ‘année 2011 aux Etats-Unis, et le passé, l’enfance de Faye dans l’Iowa, ses débuts universitaires à Chicago en 1968 au moment des manifestations étudiantes, l’enfance de Samuel. Dans ce récit s’invitent de nombreux personnages secondaires qui toutefois prennent une place importante, que ce soit dans la vie de Samuel - Pwnage, addict de jeu vidéo, Laura Pottsdam, une étudiante, Bishop et Bethany des amis d’enfance, Guy Periwinkle son éditeur – ou dans la vie de Faye – Frank son père, Alice et Sébastien étudiants rencontrés au Cercle, Charlie Brown policier puis juge.

Si l’on peut par moments s’interroger où Nathan Hill veut en venir dans cette quête à chemins détournés, tout un chacun est à sa place, une ambiance s’installe, ainsi qu’ une proximité avec ses personnages, qui contribuent à comprendre des interrogations, motivations et caractéristiques de deux générations, et l’auteur illustre au final à merveille une phrase clé de ce roman « Il arrive qu'on soit tellement enfermé dans sa propre histoire qu'on ne voit pas le second rôle qu'on occupe dans celle des autres. »
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Les fantômes du vieux pays

J'ai mis beaucoup de temps à lire Les fantômes du vieux pays, par manque de temps et non d'intérêt et aussi parce que je voulais savourer ce roman généreux, cette fresque familiale presque historique qui nous apprend beaucoup de chose sur l'humain, sur notre société et sur l'Amérique.



C'est difficile pour moi de faire la critique d'un roman aussi riche, qui mélange plein d'émotion. Il a un aspect historique avec les manif de 68, il y a du suspense avec la recherche du passé de la mère de Samuel et tout au long de la lecture, nous suivons Samuel dans sa quête existentielle.



Un très beau roman, un auteur à suivre !
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Les fantômes du vieux pays

Très longtemps que je n’avais pas lu un si gros pavé ! que j’ai dévoré.

Pourtant, ça n’était pas gagné dès le début, un style assez banal, de très longues tirades sur des sujets qui semblent annexes (la discussion prof/élève, le description minutieuse d’un jeu en ligne…).

Pourtant assez vite tout se met en place, on passe d’une époque à l’autre, d’un personnage à l’autre, et l’ouvrage se révèle finalement être un immense puzzle qui s’assemble petit à petit pour ne former qu’une seule et même histoire.

En filigrane une réflexion sur l’importance des choix que nous faisons à certains moments et influencent le reste de notre vie (doit-on céder à la passion ou à la raison ?).

Un seul petit bémol : j’ai trouvé la description de la manif de 68 très longue.

Au final, un livre très attachant par l’intelligence de sa construction, au style qui se laisse oublier.
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Les fantômes du vieux pays

Quelle difficulté j’ai eu à entrer dans ce roman. Plus d’un mois pour passer un bon tiers du roman, et finalement… je ne regrette pas d’avoir persévéré ! J’ai lu en seulement trois jours les pages restantes. J’ai particulièrement apprécié l’histoire de Faye, la mère, en 1968 et l’épisode de la fameuse manifestation de Chicago. L’auteur y accélère le rythme en lien avec les événements décrits, avec des chapitres de plus en plus courts, de seulement quelques pages, qui donnent une bonne dynamique au roman. Ayant vu il y a peu de temps l’excellent film “Les sept de Chicago”, ce livre offre un beau point de vue complémentaire sur cet événement marquant.

C’est un bon roman pour qui aime la littérature américaine, même si le début est difficile à passer.
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Les fantômes du vieux pays

C’est un gros livre (700 pages), mais qui se lit très facilement.



Il y a une intrigue et du suspense, mais l’essentiel n’est pas là. Pour découvrir pourquoi la mère de Samuel a agressé un candidat à la présidence des Etats-Unis, il faut explorer son enfance et adolescence (1968), ainsi que l’enfance de Samuel (1988). C’est l’occasion de découvrir les familles, les blessures et les non-dits, mais aussi, en ce qui concerne 1968, de découvrir les émeutes à Chicago, et le mouvement hippie.



Il y a aussi des personnages secondaires très intéressants : notamment, Pwnage l’acro aux jeux video, et Sebastian-Guy Periwinkle l’opportuniste-cynique.

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Les fantômes du vieux pays

Ce roman de Nathan Hill est une très belle découverte.

Il nous raconte l’histoire de Samuel, prof à l’université de Chicago, abandonné par sa mère durant l’enfance, redevable à son éditeur d’un livre qu’il n’a jamais écrit. Alors le jour où sa mère Faye lance des cailloux à la tête d’un sénateur, son éditeur lui impose d’écrire un livre édifiant sur elle, pour l’enfoncer. Samuel voit là une bonne vengeance, et va partir à la découverte de la vie de sa mère. Et nous allons découvrir les émeutes de 1968, les violences policières (qui peuvent s’appliquer à ce qu’il se passe en ce moment de France... sans vouloir polémiquer...), mais aussi les difficultés de l’époque pour « sortir du cadre ». Et puis nous allons aussi découvrir la vie de Samuel en 2011 et les effets du 11 septembre, en passant par l’histoire de son grand père en Norvège en 1940.

Une écriture fluide, des rebondissements permanents, beaucoup d’humour, un pavé qui prend du temps à lire mais durant lequel on ne s’ennuie jamais !
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