Simone a dix-sept ans mais déjà un poids très lourd sur les épaules. Elle est en effet née séropositive et cela implique qu'elle doive prendre des précautions particulières pour vivre le plus "normalement" possible.
Mais quand on a dix-sept ans, que l'on tombe amoureuse pour la première fois et que l'on a envie de passer aux choses sérieuses alors tout se complique. Simone a peur du rejet, du regard des autres. Elle ne met pas en avant le fait d'être positive, elle ne veut pas que cela la définisse, mais elle ne peut malgré tout pas faire comme si cela ne comptait pas. Alors, elle prend son courage à deux mains et affronte ses peurs. Comment Miles va-t-il réagir?
De plus, s'ajoute à cela de mystérieuses menaces que Simone reçoit. Qui peut vouloir lui nuire?
N'a-t-elle pas le droit au bonheur comme tout le monde?
Une lecture très moderne tant dans les sujets traités que dans la peinture de ces personnages.
Dans ce roman, il est question de sexualité sous toutes ses formes, du regard des autres, du racisme, de la différence. C'est une lecture extrêmement riche et enrichissante.
C'est un texte très documenté, presque un roman-documentaire ou une docufiction. On est certes dans un roman mais il nous instruit sur ce qu'est la séropositivité, les risques, les idées reçues, et apporte de vraies réponses. Il nous montre aussi que la bêtise et l'ignorance peuvent conduire à des comportements vraiment stupides.
C'est également un ouvrage qui s'inscrit dans son temps avec des préoccupations d'ados existentielles: la sexualité des adolescents est différente de celle de leurs parents, elle est plus décomplexée, moins tabou. Le fait que Simone soit également une jeune femme noire induit aussi un double regard qui se porte sur elle. Comme si elle avait encore moins le droit à l'erreur, comme si elle devait se justifier davantage. Alors que ses préoccupations sont légitimes et tout ce qu'il y a de plus "normales". C'est une jeune femme qui éprouve du désir et qui veut se sentir "comme tout le monde". J'ai trouvé son personnage touchant de ce point de vue-là. J'ai beaucoup aimé le personnage de Daddy, c'est un père ultra-protecteur, un papa qui couve sa fille comme un trésor, quitte à en faire des tonnes.
Je trouve que l'autrice a su décaler son récit juste comme il faut afin que le lecteur se mette à la place de Simone mais sans que le texte ne soit moralisateur non plus.
Camryn Garrett pose les choses, montre les limites de notre société mais sans spécialement dénoncer, juste en pointant certains axes d'amélioration en proposant de nouveaux points de vue.
Il n'y a pas de filtres dans ce roman, l'autrice appelle un chat "un chat", le langage peut sembler cru parfois mais comme je travaille avec des ados, j'ai encore une fois trouvé que cela reflétait la réalité ni plus ni moins, il n'y a pas de surenchère, ni de vulgarité à outrance et c'est en cela aussi que c'est habile car clairement, si c'est un ouvrage pour public averti, cela n'en demeure pas moins un ouvrage de qualité dont le but n'est pas de choquer mais de marquer les esprits.
En ce qui me concerne, c'est mission accomplie: j'ai beaucoup appris tout en passant un bon moment de lecture.
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