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Citations de Osamu Dazaï (243)


On parle d'être sur des charbons ardents, mais moi, je serais plutôt assis sur des nuages et des flocons de brume, où je me laisse aller.
(Le jouet)
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Le monde. Dans une certaine mesure j'eus l'impression que je commençais vaguement à le comprendre. Dans la lutte d'un individu contre ses semblables, l'individu doit vaincre. L'homme ne cède pas à l'homme. L'esclave lui-même rend les coups, à sa manière, comme le peut un esclave.
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J'étais également assoupi quand je sentis que quelqu'un étalait doucement une couverture sur moi. J'ouvris les yeux tout grands et la vis assise, tranquille, sa fille entre ses bras, devant la fenêtre, se découpant sur le ciel bleu clair propre aux soirs d'hiver à Tokyo. Son profil pur, une esquisse tracée avec l'éclat d'un portrait de la Renaissance tranchait sur l'arrière-plan bleuâtre du ciel lointain. Ni coquetterie ni désir ne s'étaient mêlés à la gentillesse qui l'avait poussé à jeter une couverture sur moi. Peut-on ranimer le terme "humanité" pour qualifier pareil moment ? Elle avait agi sans presque se rendre compte de ce qu'elle faisait, naturel avait été son geste de sympathie pour un autre et, à présent, elle fixait du regard le ciel lointain, dans une atmosphère d'immobilité exactement pareille à celle que dégage un tableau.
Je fermai les yeux. Je me sentis submergé par une vague d'amour et de désir. Les larmes filtrèrent entre mes paupières et je tirai la couverture jusqu'au-dessus de ma tête.
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Un faible insecte craint même le bonheur. On le meurtrit même avec du coton. On peut être blessé même par le bonheur. J’avais hâte de me séparer d’elle avant d’être blessé.
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« Comme je ne pouvais me défendre de ressasser cette pensée énervante, je m’enfuis. Je m’enfuis, mais, ainsi qu’on peut le deviner, j’étais plein de tristesse et je résolus de mourir. »
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« Je pense que la vie est remplie d’exemples d’hypocrisie pure et simple, patente à tous les yeux, de tromperies mutuelles qui ne font de mal à personne et auxquelles on ne fait pas attention. »
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J'ai vécu une vie remplie de honte.
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Je ne croyais pas que Dieu nous aime, je ne croyais qu’à ses châtiments. La foi. Je me figurais qu’avoir la foi c’était simplement croire qu’il fallait se présenter devant le tribunal de Dieu pour être jugé. Je croyais à l’enfer, mais j’avais beau faire, je ne croyais pas au ciel
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Plus je réfléchis, moins je comprends
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Là, c'est la pointe extrême de Honshù. Après ce village, il n'y a plus de route. Au-delà, on tombe dans la mer, c'est tout. Le chemin s'arrête à cet endroit. C'est le cul-de-sac du Honshù. Prends-en bien note, lecteur : si tu marches vers le nord, toujours vers le nord, sans relâche, infailliblement tu atteindras la route de Sotogahama. La voie ira se rétrécissant, mais si tu continues d'aller vers le nord, tu aboutiras dans ce monde étrange, dans cette "basse-cour". Ce sera, lecteur, le point ultime de ton itinéraire.
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Et les adultes sont des gens sans gaieté. Même lorsque l'on s'aime, il faut être prudent et garder une certaine distance. Et pourquoi cette prudence ? La réponse est toute simple : trop souvent, il arrive que l'on soit victime d'une splendide trahison, et que cela fasse honte. Les êtres humains ne sont pas dignes de confiance : cette découverte est la première leçon qui marque le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Un "adulte", c'est un adolescent qui a été trahi.
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A l'angle opposé du bassin se trouvaient trois personnes, accroupies et formant un groupe serré : un vieillard d'à peu près soixante-dix ans, au corps tout noir et raide, et au visage étrange, parcheminé et rétréci ; une vieille du même âge, petite et maigre, et dont la poitrine laissait deviner les côtes, saillantes comme les lattes d'un volet. Avec sa peau jaunie et ses seins qui évoquaient des seins qui évoquaient des sacs de thé flétris, elle faisait pitié. Ce couple n'avait pas même figure humaine : on aurait dit des blaireaux réfugiés dans un trou et regardant tout alentour. Mais entre eux, il y avait, tranquillement installée, une jeune fille qu'ils semblaient protéger ─ leur petite-fille, peut-être...Et elle était d'une merveilleuse beauté : une perle attachée à ces coquillages hideux ─ ou plutôt, protégée par ces coquillages noirâtres. Comme je ne suis pas homme à épier les choses et les gens du coin de l'oeil, je l'observais bien en face. Elle devait avoir seize ou dix-sept ans ; dix-huit, peut-être...Son corps, un peu pâle, ne donnait cependant aucune impression de faiblesse : grand et ferme, il me faisait penser à une pêche verte. Shiga Naoya dit quelque part que le moment où la femme est la plus belle est celui où elle devient nubile ─ expression qui m'avait surpris par sa hardiesse. Or, maintenant qu'il m'était donné de contempler le corps nu de cette beauté, je me disais que, dans ces mots de Shiga, il n'y avait pas la moindre lubricité : comme pur objet d'observation, ce corps me parut d'une splendeur qui touchait au sublime.

Extrait de "Belle enfant"
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Vers la même heure, une jeune femme venait chercher des médicaments. Vêtue simplement et chaussée de sandales, elle était toujours propre et bien mise. Je l'entendais discuter et rire avec le docteur dans la salle de consultation. Il arrivait qu'il la raccompagnât jusqu'à la porte. "Allons ! Encore un peu de patience !" lui disait-il parfois, en haussant le ton.
Un jour, la femme du docteur m'expliqua de quoi il retournait. La visiteuse était l'épouse d'un instituteur ; trois ans plus tôt, ce dernier avait été atteint par une affection pulmonaire, mais récemment, son état s'était nettement amélioré. Le docteur mettait un soin tout particulier à rappeler à la jeune femme que "certaines choses" étaient strictement interdites au malade : on se trouvait vraiment à un tournant décisif. Celle-ci ne pouvait qu'obtempérer. Mais il arrivait qu'elle fit pitié. Le docteur, lui, ne voulait pas se laisser apitoyer. "Patience !" disait-il à cette femme ; et l'on savait ce qu'il entendait par là.
A la fin d'août, j'assistai à un beau spectacle. Un matin, alors que j'étais lire les journaux sur la terrasse, la femme du docteur, assise à côté de moi, murmura :
- Elle a l'air contente, non ?
Aussitôt, je levai la tête : sur le petit chemin qui était devant nous s'en allait, d'un pas allègre, une forme féminine simplement vêtue ─ la fraîcheur même. Une ombrelle blanche tournoyait dans sa main.
- Ce matin, l'interdit a été levé, poursuivit la femme du docteur.
Trois ans : ce n'était qu'un mot, mais en y songeant, je sentis mon coeur se gonfler d'émotion. Plus le temps passe et plus l'image de cette jeune femme resplendit dans mon souvenir. L'épouse du docteur était peut-être à l'origine de tout cela...

Extrait de "Le voeu exaucé"
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Un soir que j'étais ivre, je partis à bicyclette dans les rues de la ville et me blessai : je m'ouvris la cheville droite. La blessure n'était pas profonde, mais comme j'avais beaucoup bu, je saignais abondamment : aussi me précipitai-je chez le médecin du quartier. Celui-ci était un colosse de trente-deux ans (il ressemblait à Saigô Takamori). Lui aussi avait trop bu ce soir-là. Je trouvai fort plaisant de le voir apparaître dans la salle de consultation aussi ivre que je l'étais moi-même. Pendant qu'il m'examinait, je riais tout bas ; il faisait de même. Finalement, incapables de nous retenir, nous éclatâmes de rire l'un comme l'autre.
Ce soir-là marqua le début de notre amitié. Le docteur préférait la philosophie à la littérature ; et comme je me sentais moi aussi plus à l'aise dans ce domaine, nous étions intarissables sur le sujet. Il avait du monde une vision manichéenne : tout se ramenait pour lui à la lutte entre le bien et le mal ─ ce qui lui permettait d'interpréter les choses avec beaucoup de clarté. A moi qui faisais de l'amour mon seul dieu, ces théories manichéennes apportaient comme une bouffée d'air frais qui ne pouvait que soulager mon coeur accablé. Un exemple : quand je venais le soir lui rendre visite et qu'aussitôt il demandait à sa femme de nous apporter de la bière, il était lui-même, disait-il, l'incarnation du bien ; en revanche, lorsque sa femme nous suggérait, avec le sourire, de renoncer à la bière pour faire un bridge, elle était, elle, l'incarnation du mal : ainsi expliquait-il les choses, et je ne pouvais pour ma part que l'approuver naïvement.

Extrait de "Un voeu exaucé"
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- J'aimerais bien aller dans mon bureau.
- Maintenant ?
- Oui. Il y a un texte que je dois absolument terminer ce soir.
Ce n'est pas un mensonge. Mais il est vrai aussi que l'envie m'a pris de fuir, d'échapper à cette atmosphère de mélancolie qui emplit la maison.
- Mais...ce soir, j'aurais bien aimé aller voir ma soeur.
Ça aussi, je le savais. C'est vrai : sa soeur est dans un état grave. Mais si ma femme va lui rendre visite, c'est à moi de garder les enfants.
- Alors tu vois : il faut que tu prennes quelqu'un...lui dis-je ; mais je m'arrête net.
La moindre allusion à sa famille ne ferait que compliquer terriblement nos rapports.
Ce n'est pas facile, de vivre ! De partout, des chaînes viennent vous lier, et au moindre mouvement, le sang gicle !
Sans un mot, je me lève et je gagne la pièce de six tatamis ; j'ouvre un tiroir du bureau et prends une enveloppe contenant de l'argent (une somme que j'ai reçue de mon éditeur). Je la glisse dans la manche de mon kimono ; puis j'enveloppe dans un carré de toile noire des feuilles de papier et un dictionnaire, et je disparais, comme si j'étais un être désincarné.
Mais à cet instant, le travail est bien le dernier de mes soucis. Ce qui m'obsède, c'est le suicide. Je file tout droit dans un bar.
Une voix m'accueille :
- Bonsoir !
- On va boire un bon coup ! Oh, dis donc...le beau kimono rayé que tu as mis, ce soir !
- Pas mal, hein ? Je savais que ça te plairait, ces rayures !
- Aujourd'hui, je me suis disputé avec ma femme. La colère rentrée, je ne peux pas supporter ça ! Allez, je vais bien boire et rester ici pour la nuit : c'est dit !
Je voudrais pouvoir me dire que les parents comptent plus que les enfants. Ce sont les parents qui sont en fait les plus faibles ─ et non les enfants !
Tiens ! Voilà des cerises !
A la maison, je me garderais bien de donner à mes enfants des mets aussi délicats. Ils n'ont peut-être jamais vu de cerises. Si je leur en donnais à manger, ça leur ferait plaisir. Ils seraient contents de voir papa leur en rapporter. On pourrait les nouer par les queues et se les mettre autour du cou : ça ressemblerait à un collier de corail ! Mais le père que je suis se contente de piocher dans le tas de cerises qui est devant lui, sur un grand plat ; d'un air un peu dégoûté, il en prend une et recrache le noyau, puis une autre, et recrache le noyau...et dans le fond de son coeur, il se murmure, comme par défi : "Les parents comptent plus que les enfants."

Extrait de "Cerises"
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...plus je la regardais, plus je voyais une sale poupée. Pardon, mais quel mauvais goût. [...] Les personnes généreuses, c’est certain, sont malhabiles à faire des achats, et j’ai l’impression que Take-san en fait partie. Mâ-bo qui a un faux air de mauvaise fille, ou quelque chose comme ça, à une pratique beaucoup plus fine des achats.
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Près du rivage une vingtaine, au moins, de cerisiers de montagne d'une belle taille alignaient leurs troncs noirs. Lorsque la nouvelle année scolaire commença, leurs jeunes feuilles rousses et poisseuses formèrent un fond de décor à la mer verte, ensuite les fleurs s'ouvrirent dans toute leur splendeur et, quand vinrent leur épanouissement puis leur chute pareille à celle de la neige, leurs pétales s'éparpillèrent sur la mer, semblables à des incrustations flottantes que les vagues reportaient au rivage.
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On peut être blessé même par le bonheur. J'avais hâte de me séparer d'elle avant d'être blessé, sans plus attendre, et de m'envelopper du rideau de fumée d'un vrai bouffon.
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Je pouvais maintenant sortir de l'hôpital: j'aurais toujours au front l'étiquette de fou, pis, d'incurable.
Déchéance d'un homme.
Désormais je ne comptais plus dans l'humanité.
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Quand je prétendis être précoce, les gens lancèrent le bruit que j'étais précoce. Quand je me comportai en oisif, la légende fit de moi un oisif. Quand je prétendis que je ne pourrais écrire un roman les gens dirent que je ne pourrais écrire. Quand je me comportai comme un menteur, ils m'appelèrent menteur. Quand j'eus l'attitude d'un homme riche, on raconta que j'étais riche. Quand je feignis l'indifférence, on me traita d'indifférent. Mais lorsque, par inadvertance, je gémis parce que j'étais réellement dans la peine, on m'accuse d'affecter de souffrir. (p81)
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