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Citations de Osamu Dazaï (243)


C'est vrai plus on regardait ce sourire d'enfant plus on éprouvait un certain sentiment désagréable. Au fond ce n'était pas un sourire. Cet enfant ne souriait nullement : il tenait les deux poings serrés, ce qui en est une preuve car on ne serre pas les poings quand on sourit. C'était un singe. c'était un sourire simiesque. ; sur le visage on ne voyait que de vilaines rides . "L'enfant plein de rides " avait-on envie de l'appeler.
(Préface)
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Le bruit m’a réveillée. Quelqu’un venait d’ouvrir précipitamment la porte d’entrée. Sans doute mon mari qui rentrait ivre mort au milieu de la nuit. Je n’ai rien dit et n’ai pas bougé de mon lit.
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En réalité, le Fuji forme un angle obtus : il est tout en pentes douces. Avec ses cent vingt-quatre degrés dans un sens et ses cent dix-sept degrés dans l'autre, il n'a rien d'une montagne particulièrement élevée, rien de spectaculaire. Il me semble que si j'étais en Inde ou ailleurs et qu'un aigle vînt me prendre dans ses serres pour me lâcher ensuite au-dessus de la côte du Japon à proximité de Numazu, je ne serais guère impressionné par le spectacle de cette montagne. "Le Fujiyama, splendeur du Japon " : si les étrangers le trouvent wonderful, c'est parce qu'on leur en a mille fois parlé : c'est devenu pour eux une vision de rêve. Mais supposons que l'on aille à la rencontre du Fuji sans avoir été soumis à tout ce matraquage publicitaire ─ bref, naïvement, innocemment, avec un coeur qui serait comme une page blanche : dans quelle mesure saurait-on l'apprécier ? Rien n'est acquis.

Extrait de "Cent vues du Mont Fuji"
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Disons simplement que si j'avais ouvert un compte d'épargne à la poste, c'était en prévision d'un "coup dur" : je voulais éviter de connaître des temps trop difficiles ─ que ferais-je s'il me fallait, par exemple, quitter précipitamment la maison de mon frère ? Mais "quelqu'un" m'avait proposé de me céder dix bouteilles de whisky : toutes mes économies, sans doute, y passeraient. Je n'ai pas été long à me décider. "Eh bien...qu'importe ! Je vais boire mes économies ! ai-je conclu. Et après, on verra : je m'arrangerai toujours d'une façon ou d'une autre. Et même si ça ne va pas trop bien, ça ne sera pas la fin du monde !"
"L'an prochain, j'aurai trente-huit ans ; à certains égards ─ comme dans la situation présente ─, je suis vraiment un cas. Mais c'est vrai aussi que si je continue jusqu'à la fin de ma vie à me comporter de la sorte, cela pourra être, en soi, une sorte de réussite assez spectaculaire !"

Extrait de "Pa-pa"
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L'instruction est un autre nom de la vanité.
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Je ne puis oublier le reflet de fourberie qui se dégageait à ce moment du visage de Hirame, riant le cou enfoncé dans les épaules. Dans ce rire il y avait du mépris sans doute, mais autre chose encore. De même qu'en mer on cherche à sonder certains endroits d'une profondeur inconnue, de même ce sourire cherchait à sonder les profondeurs de la vie d'un homme.
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Qu'on veuille bien me pardonner. Je suis allé trop loin. Devant la vie, je n'ai pas à me comporter en accusateur ni en juge. Je n'ai pas qualité pour condamner mes semblables. Je suis un enfant du mal. Je suis maudit. J'ai commis sans doute cinquante ou cent fois plus de péchés que vous. C'est un fait : à l'heure présente encore, je suis en train de faire le mal. J'ai beau être vigilant, c'est peine perdue : il ne se passe pas de jour que je ne fasse le mal.
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Et l'un des enfants m'a regardé et a dit :
- On s'regarde et on peut pas s'empêcher d'rigoler !
Il s'est mis à rire ─ et moi aussi.
Dans le ciel dansent des anges ; et quand Dieu a décidé de les priver de leurs ailes, ils tombent tout doucement, comme des parachutes, un peu partout sur la terre. C'est comme cela que nous avons atterri, moi dans le nord, sur la neige, vous dans le sud, au milieu d'une orangeraie, et ces enfants dans le parc d'Ueno ; mais c'est bien la seule différence qu'il y ait entre nous. Chers enfants, vous allez grandir ! Ne vous souciez surtout pas de votre apparence ; ne fumez pas ; ne buvez que dans les grandes occasions, et puis...le jour où vous rencontrerez une timide jeune fille ─ élégante, mais pas trop ! ─ aimez-la, d'un amour qui dure !

P.S.
Quelques jours plus tard, le journaliste est venu m'apporter les photos. Celle sur laquelle on nous voit rire, l'enfant et moi ; et aussi une autre, qui représente une scène tout à fait curieuse : je suis accroupi devant ces enfants sans logis et je tiens les pieds de l'un d'entre eux. Si plus tard, la photo est publiée dans une revue, je vois venir les critiques : "Ce Dazai ! Quel cabotin ! C'est écoeurant ! Voilà qu'il se prend pour le Christ en train de laver les pieds de ses disciples, comme dans le récit de l'Evangile selon Saint Jean !" C'est le genre de malentendu auquel je m'attends : je prendrai donc les devants pour m'expliquer. Comme ces enfants marchent pieds nus, j'étais simplement curieux de voir dans quel état pouvaient être leurs plantes de pieds.
Encore autre chose ─ quelque chose d'amusant cette fois. Quand les deux photos sont arrivées, j'ai appelé ma femme.
- Regarde : les clochards d'Ueno ! lui ai-je expliqué.
Et elle m'a répondu, avec tout son sérieux :
- Ah bon ? Ils sont comme ça ?
Elle observait attentivement une photo ; et soudain, j'ai vu quelle partie elle regardait : surpris, je lui ai dit :
- Mais !...Qu'est-ce que tu regardes ? Ça, c'est moi, ton mari ! Les clochards, ce sont ceux-là, à côté !
Ma femme est vraiment d'un sérieux !...Ce n'est pas le genre à plaisanter ! Sans doute m'avait-elle vraiment pris pour un clochard.

Extrait de "Narcissisme et cigarettes"
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Au moment où je commençais à oublier, l'oiseau sinistre est venu battre des ailes autour de moi et il a donné du bec dans la plaie de la blessure des souvenirs. Subitement la honte du passé, la mémoire de mes fautes ont surgi devant mes yeux.
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On laisse trois grains de riz dans la boite à repas froid ; si des millions de personnes laissent chaque jour trois grains, combien de sacs de riz sont ainsi gaspillés ? Ou bien : si dix millions de personnes économisent un mouchoir de papier par jour, combien de pâte à papier gagnera-t-on ? Je me sentais intimidé chaque fois que je laissais un grain de riz ou chaque fois que je me mouchais. Je souffrais de voir, en imagination, une montagne de riz, une montagne de pâte à papier gaspillées. J’avais obscurément l’impression de commettre une faute grave.
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Je hais les chiens. D'une certaine manière, j'ai même le sentiment qu'ils me ressemblent - et ma haine pour eux n'en est que plus forte. Je ne peux pas les souffrir.
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J'ai vécu une vie remplie de honte
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Lorsqu'on me faisait des reproches, je m'imaginais que j'avais commis une faute grave ; de toute manière je recevais toujours ces attaques sans mot dire, mais j'éprouvais intérieurement des craintes folles.
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Pour la première fois j’étais blessé par une voix qui voulait m’aimer.
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À l’heure actuelle je ne connais ni le bonheur ni le malheur. La vie passe.
Jusqu'ici, j'ai vécu dans l'enfer. Dans le monde des humains, c'est la seule chose qui me semble vraie.
La vie passe, rien d'autre.
Cette année, je vais avoir vingt-sept ans. Mes cheveux ont blanchi très sensiblement. De l'avis général je parais plus de quarante ans.
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Osamu Dazaï
Les choses authentiques peuvent être déviantes.
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Moi qui vis aux crochets de mon frère, je n'envisagerais pas une seconde que je puisse avoir le dessus sur lui. L'envie n'a rien d'un sentiment noble. Quand bien même je ne serais pas dans la situation qui est la mienne aujourd'hui, je n'aurais jamais eu l'idée de défier mon frère. De toute façon, dès la naissance, les jeux étaient faits...

Extrait de "Le jardin"
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Cela faisait maintenant deux ans que nous nous étions éloignés l'un de l'autre ; or, pendant l'hiver, Shiota vint par surprise me rendre visite (j'habitais alors en banlieue) ; il m'annonça la venue de Tetsu : incapable d'attendre qu'il eût terminé ses études, elle avait, de son propre chef, pris la fuite pour Tôkyô.
Marié alors à une paysanne inculte, je n'étais déjà plus vraiment ce jeune homme qui, à l'annonce d'un pareil événement, eût senti son coeur tressaillir. La visite inopinée de Shiota m'avait déconcerté ; mais je n'en perçai pas moins l'arrière-pensée qui pouvait l'animer. Raconter ainsi à ses amis comment cette jeune fille avait pris la fuite pour lui ! N'était-ce pas la manifestation d'un orgueil comblé ? Je trouvai fastidieuse pareille fanfaronnade, et j'en vins à mettre en doute la sincérité du sentiment qu'il pouvait éprouver pour Tetsu. Par malheur, je ne me trompais pas. Pendant quelques instants, il ne montra que joie et exaltation ; puis il fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que je dois faire ? me demanda-t-il, cette fois en baissant la voix.
N'éprouvant pour ma part, aucune sympathie pour un jeu aussi stérile, je lui répondis aussitôt :
- Tu as vraiment l'air malin de me demander ça ! Si tu n'as plus pour Tetsu le même amour qu'auparavant, tu n'as qu'à rompre !
Réponse qui correspondrait bien à son attente. Il eut un sourire en coin ─ comme pour dire : "je suis bien d'accord, mais..." ─ et se plongea dans ses pensées.
Quatre ou cinq jours plus tard, je reçus de lui une carte postale exprès. Shiota me faisait savoir tout bonnement qu'après avoir pris conseil de ses amis, il s'était résolu, soucieux de leur avenir à tous deux, à renvoyer Tetsu au pays : elle prendrait dès le lendemain le train de deux heures et demie. Sans avoir été pourtant convié à le faire, je décidai sur-le-champ d'aller saluer Tetsu au moment de son départ. J'étais, hélas, sujet à de tels coups de tête.

Extrait de "Le train"
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La parole ne naît-elle pas de l'angoisse de vivre ? Tel le sol en décomposition qui engendre un champignon rouge vénéneux, l'angoisse de vivre n'est-elle pas le ferment des mots ?
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Ces gens avaient des torts. Mais peut-être, comme il en est pour mon amour, peut-être ne pouvaient-ils se maintenir en vie qu'en vivant de cette manière. Si il est vrai que l'homme, une fois qu'il est né au monde, doit d'une façon ou d'une autre continuer à vivre, peut-être l'apparence qu'il revêt afin d'en venir à bout, même si sa vie est aussi laide qu'elle le parait, peut-être cette apparence ne doit-elle pas inspirer le mépris. Vivre sa vie. Vivre. Entreprise d'une effroyable immensité, devant laquelle on ne peut que suffoquer d'appréhension.
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