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Critiques de Peter Heller (347)
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La constellation du chien

Un chef d'oeuvre qui rejoint les livres à emporter sur mon île déserte. Un 5 étoiles qui en vaut bien plus. Une nuée d'étoiles qui scintille encore en moi, illuminant mon coeur, réchauffant mon âme, constellant le panthéon de mes lectures. J'ai été, je suis émerveillée par ce livre. Un certain Bison ici présent parle de livre post-apocalyptique poétique. C'est exactement ça, avec l'ingrédient du Nature Writing en supplément. Et quel supplément !



Une pandémie a éteint quasiment toute l'espèce humaine et de nombreuses espèces animales. Presque la fin du monde. Depuis près de dix ans, Hig et son chien Jasper survivent dans le Colorado auprès d'un ancien aéroport, avec pour unique voisin Bangley, un taré de la gâchette. La règle de base, édictée tel un mantra, est simple et conditionne toute leur façon de vivre : tuer ou être tué. de son ancienne vie, il reste à Hig ses souvenirs, ceux surtout de sa femme Melissa, il lui reste son chien et son vieil avion avec lequel il survole le territoire afin de surveiller d'éventuels rôdeurs, survivants dangereux pour les deux hommes qui disposent en effet de réserves d'essence, d'électricité, disponibles et gratuits. Jusqu'à ce que... Qui disposent d'armes, d'un potager, de réserves de bois, de viandes et de poissons, autarcie d'un relatif confort, fruit d'une rigoureuse organisation, ainsi que de chasse et de pêche dans la nature environnante. Hig, au grand désespoir de Bangley, aide aussi des familles qui ont contracté la maladie du sang. Hig aussi rêveur, empathique, humain que Bangley est taciturne, sauvage, violent, tel un poisson dans l'eau en mode survival avec son rire plein de graviers. Hig le sensoriel, Bangley l'efficace pragmatique. L'esprit et le corps. Les deux conditions par la survie. Cette survie qui se résume par manger, dormir, protéger son périmètre et le défendre, prendre des nouvelles des arbres et des rivières, prendre le pouls du vent. Rien d'autre. Ou presque...



La voix du récit est celle de Hig, qui se sent le besoin de raconter, « Comme pour animer la plus profonde beauté qui serait figée dans une immobilité mortelle. Insuffler de la vie par le récit ».



Je vous vois déjà murmurer que ce scénario n'a rien, mais rien de bien original, que cette situation post-apo a été maintes et maintes fois explorée. C'est vrai. Mais le génie de Peter Heller se niche ailleurs. Dans les interstices. Dans le contenant. Il enrobe cette histoire d'une poésie sublime et colmate les silences de beautés inoubliables. Poésie et beauté. Jusqu'aux larmes. Larmes jaspérienne pour celles et ceux qui ont lu le livre.



Pour vous en convaincre, voyez le paysage qui se déroule sous nos yeux lors d'une expédition en avion de Hig : « ce que j'aime le plus et ce depuis mon premier vol de préparation, c'est l'ordre, le sentiment que tout est à sa place. Les fermes sur leurs parcelles carrées, les croisements à angles droits des routes de campagne indiquant les points cardinaux, les brise-vent projetant des ombres allongées vers l'ouest au matin, les balles de foin rondes et le bétail éparpillé et les chevaux aussi parfaits dans leur disposition qu'une pluie d'étoiles, leur robe qui accroche ce même soleil rougeoyant, les pick-up dans les cours, les rangées de mobile homes garés en épi, les lotissements dont les pavillons répètent les motifs anguleux des toitures éclairées de biais, le diamant des terrains de baseball et l'ovale des pistes de kart, et les casses, aussi, les lignes irrégulières de voitures rouillées et les tas de ferrailles aussi incontournables et charmants que les peupliers de Virginie suivant le tracé des rivières et lançant leurs propres ombres distendues. le panache blanc par la cheminée d'une centrale électrique poussé vers l'est par le vent matinal, aussi pur que du coton lavé. C'était au temps passé. de là-haut, il n'y avait plus misère ni souffrance ni conflits, simplement des motifs et la perfection. le calme éternel d'un paysage peint ».



Peter Heller dépeint à merveille la nostalgie ressentie pour la vie d'avant, cette vie où on ne se rendait pas compte, malgré les alarmes récurrentes, de l'impact de nos choix, de l'importance de nos vies, si fragiles, de cette course à la compétitivité remettant sans cesse au lendemain les actions à mener pour faire changer les choses. Il nous fait ressentir de façon poignante la solitude, l'incommensurable solitude de ces deux hommes dans une nature elle aussi impactée mais qui reste grandiose et magnifique sous sa plume. Il nous raconte les rapports entre Hig et son chien, Jasper. Je n'ai pas souvenir de lectures où le rapport entre l'homme et son animal soit aussi beau et poignant. Et la pêche, la pêche, plus qu'un passe-temps, une passion voire un refuge, est expliquée avec un tel amour que j'ai eu des envies de longues cuissardes en plastique, d'odeur légèrement saumâtre d'eau courante et cristalline dans lesquelles les pierres froides prennent des teintes bleu-vert, de résineux et d'épicéas, pour moi aussi lancer ma ligne et titiller truites et carpes.



« Une truite pouvait voir la plus petite mouche à la surface même dans la nuit la plus noire. le ciel était toujours lumineux, lumineux pour une truite qui voyait l'insecte ressortir dessus. J'adorais attraper des poissons dans le noir. Ce n'était souvent qu'un son sur un étang calme, un blip, suivi d'une légère éclaboussure et la ligne tendue. J'adorais ça ».



Ce livre est une ode fantastique à la nature, à la vie, à l'humanité, à la résilience où même dans cette situation extrême la possibilité du bonheur est là, présente, balbutiante sous forme de petits bonheurs quotidiens comme mettre les pieds dans l'eau glacée, voire d'un bonheur profond qui nous transcende malgré la situation, la possibilité d'un bonheur cosmique qui nous dépasse.



« J'écoutais la rivière, puis le vent et je l'observais qui faisait se mouvoir les grosses branches sombres. La surface noire d'un petit trou d'eau en contrebas, poudrée de pollen vert. Les racines d'un arbre à nu au-delà de la berge serpentaient sur l'eau et entre elles, de vieilles toiles d'araignée flottaient dans le vent et leurs fils scintillaient au rythme des souffles d'air ».



« Je me suis éloigné du potager tout neuf pour regarder le soleil toucher les montagnes, rougir la terre bêchée et les filets d'eau, et je peux affirmer qu'il y avait dans ce tableau quelque chose d'émouvant qui ressemblait à de la joie ».



Ce roman nous fait réfléchir sur notre façon d'appréhender le monde actuel, sur nos valeurs, sur le sens de nos vies. Il éveille notre conscience en nous proposant un avenir possible si jamais nous ne changeons pas nos habitudes aujourd'hui, le tout sans aucune leçon de morale. Il nous montre l'importance d'une vie harmonieuse en société, la place et le rôle de chacun d'entre nous au sein du collectif.



Quant à l'écriture, vous le pressentez dans les extraits choisis, elle est non seulement sublime mais également subtile. le rythme est rapide, percutant, parfois sans verbe, phrases tronquées pour coller à la situation lors de situations de danger, lors de sentiments de désespoir ; comme il se fait lent et profond, précis, lors de descriptions poétiques, belles à couper le souffle ou de sentiments profonds et méditatifs. Peter Heller a toujours le ton juste, ni grandiloquent, ni ennuyeux.



« Plus jeune que. Ou pas. Plus mince. Cheveux blancs. Tanné comme du cuir de chaussure. Des rides. Des lignes profondes qui lui strient les joues. Des rides d'expression. Des pattes-d'oie aux coins des yeux, aux coins extérieurs. Les yeux gris qui étincellent. Habitués à renvoyer ses étincelles au soleil. Ça déconne pas. le moindre mouvement preste et assuré ».



Ce livre m'a à la fois réchauffé tant les messages humanistes sont puissants, percutants et beaux et en même temps m'a bouleversée, m'a fendu l'âme tant la vision proposée est glaçante tout en étant hélas terriblement réaliste. Oui, peut-être nous poserons nous un jour nous aussi, quelques-uns de nous ou de nos enfants, ces questions :



« Qu'est-ce qui manque le plus ? La foule babillante et sans visage, la célébrité, les fêtes, l'explosion des flashs ? Les amants, la gaieté, le champagne ? La solitude taillée dans la célébrité, l'étude des cartes à la lumière d'une unique lampe sur un vaste bureau dans un hôtel vénérable ? le room service, le café avant l'aube ? La compagnie d'un ami, de deux ? le choix : Tout ou rien ? Un peu ou rien ? Maintenant, pas maintenant, peut-être plus tard ? ».





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La Rivière

Mais quel roman ! Mélangeant nature writing, thriller et une touche d'apocalypse, je reviens enfin dans ma zone de confort avec ce roman américain, et ça fait du bien !





Jack et Wynn sont deux étudiants habitués des grands espaces, des chevauchées, de la chasse et de la pêche. Pour les vacances, ils s'offrent une virée entre hommes, en canoë, sur un fleuve qui traverse les grandes et belles forêts d'épicéas et de bouleaux, dessert plusieurs lacs avant de se jeter dans la baie d'Hudson. Ils se font déposer en amont en avion et l'aventure commence, sans téléphone ni montre, rien que tous les deux. Ou presque. Car apparemment, un autre couple est là qui se dispute sur la berge tandis qu'ils glissent paisiblement entre lacs et rapides. Et un duo genre trappeurs alcooliques pas fin semble aussi se la couler douce sur un canoë à moteur.





Dès les premiers mots, les premières lignes, on sent poindre l'aventure tout en étant déjà dans l'ambiance des lacs de la forêt, dans le cocon chaud des mots de Peter Heller : on sait que ça va bien se passer, être intense et confortable à la fois. La plume est si belle, légère comme un papillon sur la rivière, profonde comme un cri de huard sous la nuit étoilée des bivouacs ; et haletante comme la respiration de Jack et Wynn, lorsque l'action bouleverse ce qui devait être une traversée idyllique et que l'angoisse nous enserre avec eux.





« Les murs d'arbres aux essences variées, pins, épicéas, sapins, mélèzes, bouleaux, formaient des remparts de silence lugubre qui pouvaient abriter n'importe quelle mauvaise intention. »





Dès les premières pages, une drôle d'odeur comme un feu de camp leur chatouille les narines. Elle persiste tant et si bien qu'elle les oblige à monter sur un arbre en surplomb pour observer l'horizon… qui s'enflamme littéralement sur 180 degrés. Les ours et les élans se jettent à l'eau, les truites remontent la rivière, Jack et Wynn n'ont qu'une seule chance : descendre plus vite que le feu ne progresse, avant qu'il ne leur coupe la route et ne les cuise dans la rivière bouillonnante… Mais ça, c'était avant que l'un des autres leur demande de l'aide, qu'un autre soit porté disparu, que d'autres encore sortent les armes. Entre feux de camps, armes à feu et incendie, Jack et Wynn devront faire feu de tout bois pour s'en sortir.





« Putain. Putainputainputainputain. Ils étaient faits comme des rats. Comme des rats déjà morts et enterrés. »





On ne s'ennuie jamais dans ce roman extrêmement bien rythmé, entre action et contemplation, sans aucune longueur. On a plutôt du mal à le lâcher. Une nature gaie et accueillante qui s'embrase comme l'enfer au passage des hommes, pour finir gris cendre comme leurs âmes et charbonneuse comme leurs intentions. Après s'être purifiée par le feu, la nature rendra-t-elle tous ses cadavres…? Sublime ! J'espère aimer autant la Délivrance de James Dickey.



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La Rivière

Je trouve que la couverture résume à elle seule le livre. La beauté de la rivière, ses méandres, sa quiétude et sa majesté mais aussi ses zones d'ombres, les berges noires, les nuages gris qui viennent lécher le ciel telles des langues de menaces, la couleur un peu trop sombre, presque fumée, de la toile dégageant une atmosphère comme étouffée. Un mélange de grands espaces, de paysage sylvestre, authentique, peu visité par l'homme, mais aussi d'angoisse sourde, un entrelacement de Nature Writing et de thriller. Ce livre manie ces deux éléments à la perfection. le basculement de l'un vers l'autre, le mariage de l'un et l'autre. La contemplation permise par la quiétude et l'action liée à l'inquiétude.



« Ils adoraient pagayer dans l'orage. Grâce à la jupe, ils se sentaient en sécurité dans le canoë tant qu'ils ne prenaient pas d'obstacle par le flanc, et qu'ils restaient loin des ombres et des bruits sur la berge». L'incipit de ce roman porte déjà en lui les germes à la fois du plaisir et de l'inquiétude. Le ton est donné dès le départ.



Le plaisir, c'est celui de Jack et Wynn, deux grands amis depuis l'enfance, qui partagent une passion commune pour les randonnées en canoë, la pêche, les livres. Cette sortie en canoë, en fin d'été, ils l'attendaient depuis longtemps. Elle a lieu sur un fleuve qui traverse de belles forêts ontariennes d'épicéas et de mélèzes, arrive sur plusieurs lacs et vient se jeter dans la baie de l'Hudson. Leur envie est simple : un rythme tranquille, des journées courtes, se donner du temps pour cueillir, chasser, pêcher la truite grise ou mouchetée, fumer la pipe, se reposer, s'immerger dans la région sans la précipitation d'un itinéraire trop chargé. Sans montre, sans téléphone, se fiant à leur capacité à lire l'heure grâce à la position du soleil et des étoiles quand ils pouvaient les voir et à la fatigue de leur corps quand ils ne le pouvaient pas.

« Il inspira. Rien de plus paisible, se dit-il, que l'instant présent. Il entendait les abeilles bourdonner dans les épilobes et les asters derrière lui. le thé qui infusait, le lac comme un miroir, un soleil blanc à mi-chemin de la forêt qui réchauffait la rive caillouteuse. Ses vêtements avaient presque fini de sécher. Son meilleur ami à moins de dix mètres de là, manifestement tout aussi heureux. Pourrais pas rêver mieux. Voilà ce qu'il aimait se dire ».

Avec pour décor une nature d'une beauté très souvent enchanteresse et clémente et aux alentours une faune riche. Peter Heller me fait penser à un impressionniste, un impressionniste littéraire.



Enfin clémente au début, la nature, car elle va devenir très vite menaçante, dangereuse et même carrément hostile. Cette transformation de la nature à l'image des angoisses que vivent les deux garçons au fil de leur progression est menée de main de maitre par l'écrivain. Il y aura tout d'abord les premières gelées mais surtout, au loin, le feu. Hostilité des éléments naturels d'une part, menaces extrêmes sur les berges que je ne dévoilerais pas d'autre part.



« le soleil descendit jusqu'au sommet des épicéas les plus grands et mit leur toupet en fusion ; il les grilla, les embrocha comme s'ils avaient déjà brûlé ».



« Les murs d'arbres aux essences variées, pins, épicéas, sapins, mélèzes, bouleaux, formaient des remparts de silence lugubre qui pouvaient abriter n'importe quelle mauvaise intention ».



Lorsque le plaisir de pagayer devient peu à peu un cauchemar. Lorsque la lecture tranquille que nous avions commencée se transforme petit à petit en une lecture haletante…Comme si la lecture voguait sur une rivière d'abord calme pour ensuite nous embarquer dans ses rapides, à notre corps défendant. Nous ne pouvons pas descendre et ne pouvons aller que jusqu'au bout pour savoir, accrochés aux pages du livre. Notamment lors de la scène magistrale de la descente de rapides pendant un incendie gigantesque. Nous sommes piégés. Tellement c'est beau et terrifiant !



« Ils voulaient essayer autre chose, savoir ce que ça faisait de vivre un peu dans un paysage ». Ce livre c'est l'expérience de faire un avec un paysage changeant, de s'adapter, de lutter, d'espérer. De revenir à l'état sauvage, d'écouter nos instincts primaires. J'ai adoré cette symphonie dramatique, lecture que je dois à Onee et à sa belle critique. J'ai désormais très envie de découvrir d'autres romans de Peter Heller et notamment son roman « Céline ». Dont la couverture d'ailleurs est également magnifique…











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La Rivière

Céistes expérimentés aguerris à la vie en pleine nature, les deux amis Jack et Wynn profitent de leurs vacances universitaires pour entreprendre la descente en canoë du fleuve Maskwa, dans le Nord canadien. Leur périple se complique lorsqu’un gigantesque feu de forêt menace de les piéger. Lancés dans une course contre la montre pour sauver leur peau, ils ne savent pas encore que d’autres périls les guettent, d’origine très humaine cette fois.





Tout commence comme l’une de ces aventures sportives qu’affectionne l’auteur, entre eaux vives et pêche à la mouche, dans le cadre sauvage et grandiose d’une nature propice à la contemplation pour qui apprécie la solitude et des conditions de vie spartiates. Peter Heller écrit d’expérience et restitue avec le plus grand réalisme les moindres nuances de l’eau et de ses tourbillons, l’adrénaline dans les rapides comme les moments de grâce sous les étoiles ou dans les mouvements souples du lancer destiné à leurrer les truites. Son plaisir est communicatif, et assuré des compétences et de la débrouillardise si crédibles de Jack et Wynn, l’on se régale de vivre par procuration quelques beaux moments d’amitié, de communion avec la nature, de dépaysement pimenté de quelques sensations fortes. Mais voilà que lancé sur ce cours d'eau comme aurait pu l'être Edward Abbey, le lecteur se retrouve bientôt catapulté au-devant de tous les dangers.





Car, si la menace est d’abord sourde, centrée, malgré bien d’autres détails inquiétants, sur les premiers signes d’un incendie de forêt encore lointain, l’on sait que nos deux campeurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et que, quoi qu’il arrive, leur seule porte de sortie est l’aval de ce fleuve. D’ores et déjà ferré, le lecteur est bien vite emporté par la montée en puissance d’un récit en train de virer au cauchemar. Pourtant, même au plus fort de l’enfer, le texte ne se départit jamais d’une certaine poésie. Et même si réalistes et impressionnantes, les évocations de l’avancée du feu, de sa puissance dévastatrice, et du décor lunaire laissé dans son sillage, ne se déparent pas de leur sensibilité esthétique : une particularité générale qui gomme toute âpreté dans le roman, où l’on cherchera en vain une véritable noirceur, et qui, pour agréable soit-elle, en limite sans doute quelque peu l’impact. Il suffit pour s’en convaincre de comparer l’émotion ressentie à la sidération provoquée par les récits véridiques sur les Grands Feux qui dévastèrent le nord de l’Ontario au début du XXe siècle, et dont Jocelyne Saucier donne un aperçu dans son roman Il pleuvait des oiseaux.





D’un suspense prenant, ce livre mêle agréablement aventure, nature-writing et poésie. Le lecteur s’y laisse happer avec plaisir, et convaincu par l’expérience de l’auteur en matière de sports en eaux vives et de voyages à sensations fortes, oubliera volontiers certains aspects peut-être un peu trop « jolis » du récit. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Céline

Ca vous dit une petite balade en camping-car? direction le Montana.

je ne vais pas vous mentir mais le voyage risque d'être mouvementé.

Imaginez un couple de septuagénaire; Céline et son époux Pete Watkins, ils pourraient être à la retraite, profiter d'un repos bien mérité surtout que madame souffre d'un emphysème. Tout parait normal pour l'instant, papi et mamie dans un camping-car on en croise tous les jours mais une mamie qui porte un Glock26 c'est moins courant et quand cette dame d'un certain âge est detective privée il y a de quoi surprendre.

Peter Eller m'a une fois de plus embarqué dans une histoire dont il a le secret.

"Céline" n'est pas un énième polar comme savent écrire les américains. Bien sûr il y a une enquête, un fil rouge qui nous invite dans une chasse à l'homme, il y a un paysage le Montana, un personnage à lui tout seul comme " la constellation du chien" qui grâce à la magie des mots de l'écrivain nous fait redécouvrir nos cinq sens. Et puis il y a Céline et son taiseux de mari. Céline est une personne secrète, elle manie l'humour comme elle manie son arme, elle est très "old school" avec son foulard Armani et ses lunettes façon Jackie Kennedy.

J'ai passé un excellent moment dans ce paysage grandiose et dans l'histoire plus intime de Céline.
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La constellation du chien

Vous arrive t'il quelque fois de lever les yeux vers le ciel?

Après la chaleur écrasante d'une journée d'été. Couché dans l'herbe et attendre le crépuscule et son camaïeu de bleu, ce moment où fleurs et plantes libèrent leurs parfums, les nuées d'insectes, les hirondelles qui vous saluent de leurs petits cris. Ce genre d'instant où l'on se sent en osmose avec la nature.

Cette sensation je l'ai retrouvé dans le roman de Peter Heller " La constellation du chien".

Une pandémie a eu raison de l'espèce humaine. Dix ans que Hig et son chien Jasper survivent dans le Colorado avec Bangley un fou furieux de la gâchette. Tuer ou être tuer pourrait être leurs devise.

Ce qui reste à Hig de son ancienne vie c'est son chien et son avion un Cesna des années 50.

son job c'est chasser et survoler le territoire en quête de survivants ou de gens pas recommandable. Il aide parfois des familles qui ont contracté la maladie du sang.

Hig est un contemplatif, un rêveur qui se souvient de l'ancien temps, le temps où sa femme vivait, leurs escapades dans la montagne, leurs parties de pêche;

Quand Hig en a assez de la violence de son porte flingue il part dans la montagne avec Jasper se ressourcer, dormir à la belle étoile, inventer des constellations, serrer contre son chien. Il réinvente sa vie devant les flammes de son feu de camps, l'odeur des branches de pin ponderosa qui parfume la clairière. Ce roman m'a emporté hors des sentiers battus, un récit âpre et violent mais la poésie est toujours au rendez vous au détour d'une rivière ou de la forêt.
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La Rivière

Meilleurs amis à l'université de Dartmouth, Wynn et Jack, ayant décidé de ne pas étudier pendant l'été et l'automne et après avoir travaillé en tant que guides nature durant les mois de juin et juillet, s'organisent une petite escapade en canoë sur le fleuve Maskwa. Céistes confirmés, habitués des rapides et de la survie en pleine nature, c'est empli d'entrain et de joie que les deux amis envisagent cette virée... Mais, cela fait deux jours maintenant qu'une odeur de fumée leur parvient. L'idée d'un autre bivouac bien vite écarté, ils pensent de suite à un incendie. Mais le soir venu, une lueur orange, au loin au-dessus des arbres, qu'ils prennent d'abord pour le soleil, les inquiète aussitôt. Ce feu de forêt semble bien plus vaste que ce qu'ils pouvaient imaginer. Étant à au moins deux semaines du prochain village, ils savent qu'il leur reste beaucoup de kilomètres à parcourir. Des kilomètres qui vont s'avérer pénibles et éprouvants d'autant que le lendemain, ils croisent deux hommes, visiblement plus portés sur la bouteille que sur la pêche, puis, quelque temps plus tard, ils entendent les cris et la dispute d'un homme et d'une femme...



D'abord le feu qui se profile au loin puis des rencontres plus ou moins inquiétantes et cette virée en canoë prend une tournure de plus en plus étouffante, oppressante, voire inquiétante, pour Wynn et Jack. Malgré leurs connaissances en survie, leurs capacités physiques, leur réactivité, il est des éléments qui leur échapperont bien malgré eux, qu'ils soient naturels ou humains. Cette immersion en pleine nature, qui se voulait loin des hommes, va, malheureusement, vite tourner au drame. Entre contemplation et drames sous-jacents, Peter Heller dose habilement ce roman, en alternant ces moments de répit à un suspense grandissant, à la fois terrifiant et fascinant. Des situations qui vont peu à peu révéler le caractère des deux amis, mettant à rude épreuve leur complémentarité et leurs liens jusqu'alors indéfectibles. Un huis clos pesant qui n'est pas sans rappeler "Delivrance" de Dickey à qui l'auteur fait un joli clin d'œil...



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La constellation du chien

Une nuée d’étoiles scintillent dans le ciel obscur. Je les regarde allongé sur mon hamac de fortune. A l’écoute du moindre bruit, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Souvenir. Une femme, ma femme. Morte, il y’ a plus de neuf ans. C’était juste après. L’apocalypse. Un virus dévastateur à rendre les vaches folles encore plus folles et à terrasser les humains plus vite que le vol en piqué d’un faucon sur sa proie plus effrayant que le hurlement d’un coyote affamé. Ces étoiles, en forme de casserole ou de chien. Un ours. Un élan. Cela fait combien de temps que je n’ai pas mangé de l’élan. C’était juste avant. L’apocalypse. Les élans n’ont pas bien vécu cette affaire, comme tant d’autres, comme ma femme. Mon chien, Jasper qui se fait vieux. Chut. J’entends un bruit. Saute à terre. Respire. Prends la lunette de visée. Respire. Tire. Une fois, deux fois. Trois morts. Quatre. J’enterre le petit enfant. Je découpe les adultes que je trempe dans de la saumure. Jasper, tu auras un repas de roi. Plus de larmes, plus de pleurs. Asséché. Comme la rivière. Plus aucune truite. Neuf ans que l’apocalypse a tout basculé. Reste sur tes gardes. D’autres peuvent arriver, avec des arcs ou des glocks.



Les phrases sont courtes, directes. Du rythme et de la sauvagerie. La survie. Survivre, j’enchaîne ces histoires. Peter Heller. Un premier roman percutant. J’enchaîne les romans percutant. Tripes remuées et tripes à l’air. Absence de pitié quand la peur est là. Absence de larme quand le désespoir est là. Absence de concession quand la survie est en jeu. On tire d’abord, on pose les questions après. Que me reste-t-il neuf ans après l’apocalypse. Un bout de terre, quelques patates, un bout de forêt, quelques baies, un vieux Cesna que j’aime surnommer « la Bête », un vieux chien. Et une douleur lancinante : celle d’un deuil non accepté.



De la poussière. Du souvenir. Un homme. Un chien. Un vieux. La « Bête ». Un deuil. Reconstruction. Amour. Quand l’apocalypse survient, les survivants peuvent-ils encore survivre, peuvent-ils tout simplement vivre, peuvent-ils se projeter vers un avenir incertain, peuvent-ils [re]découvrir l’amour, l’amitié. AIMER. Et pleurer. Tout est possible. Après l’apocalypse, des tonnes d’émotions et de rage te submergent, t’envahissent, t’emprisonnent. Tu peux faire des choix. Celui qui consiste à mettre tout en œuvre pour survivre. Celui qui te mènera à des conduites suicidaires ou autodestructives. Celui qui te rapprochera de ton voisin, ou de cet(te) inconnu(e) avec son passé, son histoire. Pour cela, tu as des grenades, et un cœur qui ne demande qu’à battre de nouveau. La chamade et l’humain. Ce roman est singulier. Je ne parle pas d’ « happy end » mais juste de reprendre le sens de la vie. Ce n’est pas de l’optimisme, c’est juste de l’humain au sens noble du terme. Âme. Souffle et respire. Deux cœurs qui battent, un chien qui contemple les étoiles, sa propre constellation.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Dans ce roman intitulé étrangement Peindre, pêcher et laisser mourir, Peter Heller nous entraîne aux États-Unis, dans l'état du Colorado. Jim Stegner est un peintre qui commence à vivre de son art. Ses productions ont désormais une bonne cote. Lorsqu'il ne peint pas, Jim pêche et lorsqu'il ne pêche pas, il ... philosophe. Ou bien pense à Alce sa fille regrettée, morte tragiquement il y a quelques années.

On pourrait penser qu'il est épicurien...

Alce lui manque, il ne cesse de se culpabiliser car à cette époque, Jim n'allait pas bien, buvait beaucoup, avait le sang chaud, était un poil bagarreur... Après la mort de sa fille, il y a eu le divorce... Jim a plongé et puis il est remonté à la surface...

Depuis ce drame, Jim est devenu sobre et côté peinture s'applique une discipline rigoureuse... Pêcher devient alors une magnifique digression à travers les roseaux et les joncs... Les berges des alentours sont des lieux inspirants pour tenter de se reconstruire.

La rencontre avec Sofia qui pose depuis peu pour lui est peut-être enfin une lumière qui s'allume dans son existence, un peu comme un phare dans l'océan, une boussole, ou tout simplement une relation apaisante et harmonieuse. Sa beauté sensuelle vient se couler dans Un océan de femmes, une toile de 121 x 96 cm que Jim est en train de peindre...

Jim semble avoir trouvé une paix intérieure, peindre, pêcher... Se pencher sur le bord d'une berge, écarter les herbes hautes comme on ouvre le rideau d'une fenêtre, guetter l'or des truites, au loin le paysage embrase les sauges et les églantiers... Sans doute la nature a posé de la douceur sur des blessures anciennes sans pour autant les refermer... J'ai aimé suivre Jim dans ces premières pages où la nature ressemble à un cocon, j'ai aimé respirer avec lui le crépuscule, le chant de la terre. Il y a une tendresse comme si chaque mouvement des bêtes, élans, faucons, chouettes, était habité par le souvenir d'Alce. Un gazouillis, un cri, une mélopée...

Et cette paix retrouvée dans la beauté qu'il contemple inspire son geste de peindre, donne un nouveau sens à son pouvoir de création. Oui c'est une paix retrouvée dans la beauté du monde, tandis que les seins de Sofia domine l'univers de Jim et lui font tourner un peu la tête...

Mais voilà que du jour au lendemain, Jim va basculer dans un engrenage irrémédiable. Il vient d'assister à une scène de cruauté inouïe : des braconniers immondes torturant une petite jument rouanne. le sang de Jim ne fait qu'un tour car il ne supporte pas l'injustice, la barbarie. Cet élan de compassion va transformer alors son quotidien dans une sorte de séisme, une course-poursuite s'ensuit où il devient une proie mouvante comme un animal traqué...

J'ai été pris dans cette tourmente. Et dans cette traque, c'est brusquement un autre univers qui s'ouvre dans le tréfonds de l'âme de Jim, comme quelque chose d'insondable, qui se révèle à lui, comme si les souvenirs douloureux et déchirants revenaient à la surface...

Ce roman est pour moi une très belle découverte avec de magnifiques thèmes autour de l'art, la nature, l'amour, le deuil, la vengeance, la mort ainsi qu'une histoire qui prend parfois l'allure d'un road-movie et où le héros met le doigt dans un engrenage irréversible.

C'est aussi une quête de sens où sa vie bascule brusquement dans une trajectoire où il lui semble perdre totalement le contrôle de son existence. Mais l'a-t-il seulement eu dans sa vie ?

J'ai adoré le personnage de Jim, empli d'aspérités et de contradictions et c'est ce qui me l'a rendu si attachant. J'ai aimé ses passions, sa violence intérieure, sa fragilité.

J'ai senti dès le début que sa relation avec Sofia était enfin une manière d'aborder le monde autrement. C'est une relation très sensuelle, avec quelque chose de fraternel en même temps.

Je me suis laissé séduire par une écriture très visuelle et poétique où la nature joue un rôle merveilleux, elle est un personnage à part entière et cela ne peut que me réjouir.

Cela m'a rappelé des récits de Jim Harrison, un autre Jim, un autre auteur américain que j'aime beaucoup et qui aime convoquer la nature et les grands espaces pour dire les émotions et les blessures de ces personnages.

Mais comment faut-il classer ce roman inclassable ? Nature writing ? Thriller ? Road movie ? Déambulation philosophique ? Impossible de le faire entrer dans une seule catégorie.

C'est un récit qui ressemble par moments à une odyssée dans les profondeurs de l'âme d'un homme meurtri, instable, qui se culpabilise. Dans son rapport à l'art et à la nature il y confronte sa douleur, il cherche dans ces paysages comme un écho, des réponses peut-être.

Et puis la tension du récit se crispe, le rythme a pris le pas dans des pages addictives qui prennent brusquement l'allure d'un thriller. Les berges ressemblent au bord de l'abîme. J'ai craint pour Jim. Sofia me manquait déjà, surtout pour lui... Je le savais en danger autant pour les menaces extérieures que pour les démons intérieurs qui pouvaient surgir de nouveau...

Dans cette fuite fulgurante, Jim prend le temps de nous inviter à poser un regard sur des peintures qui l'ont marquées. Je pense notamment à celle de Picasso qui l'avait touchée il y a quelques années à la Tate Modern de Londres, intitulée Femme nue dans un fauteuil rouge, représentant son amante d'alors âgée de dix-sept ans, Marie-Thérèse Walter. J'ai trouvé magnifiques et touchantes les descriptions qu'il en fait... Il évoque ainsi l'amour, la mort, le sacré, des paysages que l'existence traverse, le sens de la vie à un moment où la sienne bascule dans quelque chose d'insaisissable qui lui échappe furieusement.

Au-delà de l'action bien rythmée, j'ai aimé beaucoup le côté onirique du récit dans la manière qu'a le narrateur d'évoquer les animaux ou de décrire une toile ; la nature, l'art comme un trait d'union entre les vivants et les morts.

Vous l'aurez compris, ce livre atypique offre des variations multiples comme des vagues, des chemins parfois entrepris et restés inachevés. On pourrait s'y perdre, je me suis perdu d'ailleurs par moments, et c'est si beau de se perdre aussi. La richesse de ce récit est peut-être qu'il reste inachevé à certains endroits. Un peu comme nos vies d'ailleurs.

À quel moment accepte-t-on enfin de dire : « laisser mourir »... ?

Ce voyage et ses digressions valent le détour. Je retournerai bien ce soir me poser sur la berge d'une rivière et regarder le crépuscule respirer avec la dernière clameur des oiseaux et les mots de ce roman qui s'y mélangent.

Merci à Diana (DianaAuzou), Fanny (Fanny1980), HundredDreams (Sandrine), Nathalie (Romileon) pour cette belle lecture commune à cinq voix, nos échanges étaient très riches, complémentaires et ont permis d'éclairer de nouveaux angles d'approche.

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Céline

Je reste très mitigée à la lecture de ce roman . Car l'écriture est très belle, très descriptive. D'ailleurs on s'y croirait quand on traverse ces immensités.

Mais malheureusement l'écriture n'a pas suffit a me convaincre car je n'ai malheureusement pas accroché à l'histoire.





Une détective privée avec ses secrets, enquête sur les secrets d'une autre personne et part a la recherche d'un homme. Mais elle n'est pas la seule.

Sans doute que la sauce n'a pas prise à cause du peu d'attachement que j'ai eu avec les personnages. J'ai trouvé que l'auteur avait laissé volontairement une certaine distance avec ceux-ci. Je n'ai donc pas eu, ou alors très peu de sympathie pour tous les protagonistes.



Le seul réel intérêt que j'ai pu avoir était ces descriptions des paysages et de la nature environnante lors du road-trip .



En tout cas je remercie Babelio et les éditions Acte Sud pour cet envoi.
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Le guide

Le nouveau roman de Peter Heller est une fausse suite de « La Rivière ». Son héros Jack, jeune homme de vingt-cinq ans épris de pêche et de littérature, est encore tourmenté par l’été traumatique narré par l’avant-dernier ouvrage de l’auteur.



Il vient d’accepter un travail de guide de pêche à la mouche auprès de célébrités qui fuient une Amérique covidée dans les paysages sublimes du Colorado. Le Kingfisher Lodge est un écrin soigneusement gardé au creux des montagnes, qui propose à ses clients « riches & célèbres » un temps d’évasion dans une nature préservée d’un virus qui ne cesse de muter. La beauté sauvage d’une vallée où serpente une rivière regorgeant de truites arc-en-ciel évoque le paradis perdu des pêcheurs à la mouche.



Au cœur de ce paysage édénique, on confie à Jack la charge d’une chanteuse de country à la beauté renversante, une certaine Alison K. Une complicité sincère se noue très vite entre le guide et sa cliente, qui partagent de superbes parties de pêche évoquant le film de Robert Redford, « Et au milieu coule une rivière ».



Si Peter Heller situe son intrigue dans un cadre enchanteur et nous laisse entrevoir la possibilité d’une idylle entre Alison et Jack, il referme rapidement la parenthèse enchantée du début de son roman. Dès leur première sortie, le guide et sa cliente se font tirer dessus par un voisin acariâtre, qui ne semble pas supporter que l’on mette un pas dans sa propriété, même pour attraper une truite multicolore qui se débat dans un trou d’eau. Plus inquiétant encore, Jack aperçoit une botte abandonnée en se mettant à couvert lors du tir de semonce. Un détail qui lui rappelle son interrogation devant la démission précipitée de son prédécesseur.



Le début contemplatif et bucolique du roman préfigure une suite nettement plus mouvementée. Au fur et à mesure que se noue une relation romantique entre nos deux héros, les indices indiquant que le Kingfisher Lodge ne se contente pas de proposer à ses clients de longues parties de pêches au grand air s’accumulent.



« Le guide » reprend les thèmes abordés par l’auteur dans son premier roman « La constellation du chien », qui nous décrivait un monde post-apocalyptique teinté de poésie ainsi que dans « La rivière », qui nous narrait les aventures tourmentées de Jack et de son compère Wynn lors de la descente d’une rivière se jetant dans la baie d’Hudson.



Si « Le guide » n’est pas un roman post-apocalyptique au sens propre du terme, l’ombre d’un virus mutant plane sur l’intrigue. Un virus mal maîtrisé qui ravive l’attrait des espaces montagneux et sauvages, ces lieux préservés où la probabilité de tomber malade est très faible. Cette « piqûre de rappel » d’une Amérique covidée donne à l’ouvrage une touche légèrement dystopique qui ne laisse pas d’inquiéter.



Pour avoir lui-même longtemps descendu des rivières en kayak, Peter Heller maîtrise son sujet et l’on retrouve dans la première partie du roman le talent de conteur de l’auteur, ce mélange d’action et d’introspection qui illuminait déjà « La constellation du chien ». Peter Heller pose le décor avec maestria et parvient à nous emporter dans les aventures de Jack et de sa nouvelle partenaire, la belle Alison.



Hélas. Après un début enlevé, la suite du « guide » évoque un film d’action bourré d’adrénaline à la « Jason Bourne ». Après avoir brillamment posé les fondations de son intrigue et fait rêver le lecteur adepte de « nature writing », l’auteur nous propose un thriller au rythme haletant, dont les ficelles sont à la fois convenues et tirées par les cheveux.



Le roman perd une partie de son âme au cours du rythme trépidant de la seconde partie de l’intrigue, lorsque la peur et les menaces cèdent la place à une action brute et sans nuances. « Le guide » s’égare dans les méandres d’un scénario de blockbuster survitaminé et ne tient pas toutes les promesses annoncées par un début parfaitement réussi.



Si ce nouveau roman de Peter Heller se lit avec plaisir, il cède trop vite à la facilité. J’ai cru que l’auteur avait retrouvé la magie qui irriguait « La constellation du chien », où un monde ravagé par une mystérieuse maladie (déjà !), était sublimé par la poésie solaire qui émanait du roman. Je me suis trompé. Malgré un début prometteur, « Le guide » confond littérature et septième art et ressemble davantage au scénario d’un film aux airs de déjà-vu qu’à une œuvre littéraire.



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Céline

Quel personnage cette Céline !

Une détective de 68 ans qui souffre d’emphysème ne semble pas au premier abord le choix idéal pour enquêter sur la disparition d’un homme survenue vingt ans plus tôt. Pourtant c’est vers elle que se tourne Gabriela, qui veut savoir ce qui est réellement arrivé à son père, soit-disant attaqué par un ours dans le parc du Yellowstone, mais dont on n’a jamais retrouvé le corps.

J’ai retrouvé le souffle d’un Jim Harrison dans ces pages où les grands espaces occupent une place de choix et où la vie des chacun est décortiquée avec minutie pour comprendre ce qu’ils sont aujourd’hui, ce qu’ils aiment, ce à quoi ils croient, ce qui aurait pu les briser et ce qui les fait avancer.

Un road-movie qui va au rythme tranquille du camping-car de Céline et de son époux, deux retraités qui en ont encore sous le capot, malgré l’âge et la maladie.

Un lecture très dépaysante à travers le Wyoming et le Montana et une qualité d’écriture exceptionnelle, ce qui fait du bien après avoir lu plusieurs romans très moyens juste avant.

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Céline

Un seul regret: avoir fini ce merveilleux roman. J'ai été transporté par cette histoire. A lire la quatrième de couverture, on pense lire un polar mais je dirais plus un road-movie. L'écriture est magnifique, la description des paysages du Grand Ouest américain est superbe...on s'y croirait. L'héroïne de cette histoire, c'est Céline, artiste et détective privée spécialisée dans la recherche de personnes, une santé fragile mais une détermination qui force le respect. Son mari, Peter, est son Dr Watson avec l'amour en plus et une intelligence certaine, bien que taiseux, il lui apporte sagesse et réconfort. Ce couple me fait penser au film à "La maison du lac", un amour et une complicité à toutes épreuves. L'histoire : Gabriela, une jeune femme, vient voir Céline pour lui demander de l'aide à retrouver son père disparu depuis vingt ans. Gabriela à bien fait des recherches auparavant mais les quelques personnes qu'elle avait contacté lui ont dit qu'il était mort après une attaque d'ours. Elle n'y croit pas et demande à Céline et Pete de mener l'enquête. C'est à travers ce périple en camping-car, que Céline s'interroge sur son propre père qui lui a manqué, que ses deux soeurs viennent de disparaître, de sa mère et de son fils dont le mariage bat de l'aile. Ce n'est pas à proprement parler d'un thriller, loin de là, mais plutôt d'un instantané de la vie. A travers cette enquête, un beau voyage, de belles histoires joyeuses et tristes à la fois, de l'humour et de l'aventure. Un livre, pour ma part que je n'oublierai pas, un véritable petit bijou.
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La constellation du chien

Il y a des histoires comme ça qui savent réveiller un je-ne-sais-quoi en nous. Qui résonne en nous bien plus que d’autres.

La fin du monde ou presque. Ce n’est pourtant pas mon style de roman. Je suis plutôt attirée par des romans plus ancrés dans le réel. Et pourtant… Ne nous parle-t-il pas justement du réel, annonçant ce qu’il pourrait advenir dans quelques décennies, ou même avant ? Il faudrait avoir une grande mèche américaine blondasse devant les yeux pour ne pas avoir conscience de la fonte des glaces, du réchauffement climatique, de la déforestation, des abeilles qui meurent, de certaines espèces animales qu’on abat et qui disparaissent peu à peu, et nous qui détruisons la planète, notre planète, un peu beaucoup plus chaque jour… La liste est longue… Alors, ce roman est finalement un roman d’anticipation hyperréaliste, bien plus réaliste que je ne l’avais supposé...

Cette histoire se passe dans le Colorado mais aurait pu se passer n’importe où.



Ce roman est comme un cri d’alerte. Ce roman réveille le petit bonhomme vert qui est en nous de la nécessité de sauvegarde, d’écologie, de consommation raisonnée, raisonnable, responsable avant qu’il ne soit trop tard. Il y a longtemps que l’écolo ne passe plus pour un doux illuminé bohême vivant dans le Larzac avec ses chèvres. Maintenant au-delà du petit pas pour l’homme pour un grand pas pour l’humanité, il faut penser au petit geste quotidien pour un avenir de l’humanité. Avant qu’il ne nous reste plus rien.

Ce roman est de ce fait plein de nostalgie, remémorant cette période qui a été (une période symbolique qui existe pour chacun de nous), et qu’on n’a pas su apprécier à sa juste valeur, pris dans la routine, pris dans cette façon de croire qu’on doit patienter encore un peu, bosser encore, prendre le métro, supporter de suivre tous les matins ces hordes d’autres gens, tels des fourmis, prendre les même pas cadencés, se dire qu’il faudra recommencer la même journée, la ritournelle habituelle, mais que, demain, dans un an, on l’espère, ce sera mieux, plus facile, parce qu’enfin, on commencera à vivre. Oui, demain, c’est sûr, on commencera vraiment à profiter de la vie.

Ce roman est un cri d’amour, tout en finesse, en subtilité, en poésie, plein de rage, de morts, de survivants qui continuent malgré tout, malgré tout ce qui les entourent et plus encore malgré tout ce qui leur manquent à présent, et surtout ces êtres chers disparus, et qui leur rappellent à chaque instant le monde dévasté, implosé.

Pourquoi vivre encore lorsqu’ils ne leur restent plus rien ? Lorsqu’il n’y a plus personne autour d’eux, alors qu’ils ne sont plus que deux, perpétuellement aux aguets, à penser les autres, ces ‘’autres’’ survivants, comme des ennemis qu’il faut potentiellement –que dis-je ?- obligatoirement- abattre pour sauver sa peau ; à se battre contre des bandes qui cherchent leur mort juste pour essayer eux-mêmes de trouver de quoi vivre, ne serait-ce qu’une journée de plus ? A quoi cela rime tout cela ? Pourquoi continuer à vivre dans de telles conditions, avec un tel environnement, s’il faut tuer encore et regarder son voisin d’un œil suspicieux ?

Bien entendu, je me suis demandée dans quel état d’esprit j’aurais été si j’avais été à la place de Hig, le narrateur ou encore Bangley, son voisin taciturne mais terriblement efficace en mode guerrier redoutable, sans état d’âme. Si je devais les caricaturer grossièrement, je dirais que ces deux personnages forment peut-être un tout : l’esprit et le corps ou encore le sensoriel et le pragmatique. Aurais-je tenu toutes ces années avec seulement en moi cet instinct de survie ? Avec juste dans le cœur ces images de ma vie d’avant, qui donnent forcément un petit pincement au cœur à chaque fois qu’elles défilent sous les paupières comme de vieux polaroids jaunis ? Me serais-je dit que cela valait encore le coup ? Aurais-je fait comme eux, par instinct, à continuer de me battre, respirer encore par habitude, parce qu’on ne sait pas faire autrement ? J’imagine que j’aurais été plutôt Hig à regarder au loin, à guetter un bruit, une lumière non hostile, à regarder les étoiles, à espérer qu’il y ait d’autres personnes à qui parler, avec qui éprouver des émotions, avec échanger un sourire. C’est sûrement cela qui nous fait tenir, finalement, cet espoir qu’on garde en nous, cet espoir chevillé au corps et à l’âme. Tel des Robinson Crusoé espérant croiser un Vendredi.



J’ai ressenti tout un tas d'émotions à la lecture de ce premier roman de Peter Heller. Sourire, frisson, nostalgie, réveil citoyen. Et c’est justement parce qu’il a réussi à la fois à me plonger dans une histoire, à me faire apprécier les personnages mais aussi à me faire réfléchir, à analyser le monde actuel, ou encore notre vie de tous les jours, qu’il en devient un roman fort qui mérite ses étoiles. Un roman qui ne se contente pas d’être catalogué dans la SF, d’anticipation écologiste et humaniste. Il est aussi terriblement d’actualité, collant malheureusement à la réalité d’aujourd’hui, rappelant les informations climatiques de plus en plus fréquentes et sombres, rappelant que nous sommes peu de choses.



Ce roman nous fait aussi méditer sur notre façon d’appréhender le quotidien, méditer sur les valeurs, l’importance des interactions et tout simplement, sur le sens de la vie. Comprendre que sans l’autre on ne peut vivre, on ne peut avoir le goût de vivre, à moins d’être immunisé, un Terminator sans âme. Comprendre que sans l’autre on n’aurait pas autant conscience de nous-mêmes, de ce que nous sommes. Saisir l’importance de ces petits bonheurs du quotidien, la rivière glacée dans laquelle on plonge ses pieds, les étoiles dont on admire les scintillements, les constellations dont on invente des noms, la tomate qu’on a fait pousser dans le potager, notre chien (Jasper ou un autre) qui aura su nous faire nous sentir moins seul, et peut-être surtout l’autre pour qui on aura eu une pensée, un geste.

Ce roman ressemble à un poème qui nous ressemble et nous fend l’âme et nous réchauffe en même temps.

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La Rivière

J'avais tant aimé son livre précédent "Céline". Je me faisais une joie de lire le prochain. Hélas, le résultat ne fut pas le même. La qualité d'écriture n'y est pour rien, c'est toujours un plaisir de le lire. C'est plutôt, pour ma part, un problème de rythme. Un roman d'aventure, mêlé à du thriller et un soupçon de fantastique. Écrit comme ça, cela donne envie, mais il y avait des scènes contemplatives et techniques : comme l'art de pêcher ou de conduire un bateau ou un canoë, j'avoue que je m'y suis ennuyée. La fin est un peu rapide à mon goût alors que certains moments, l'histoire tirait en longueur.

Mais je vais vous résumer l'histoire de ce récit.

Wynn et Jack, deux étudiants, décident de partir ensemble faire une virée en canoë près du fleuve Maskwa, dans le nord du Canada. Dès le début, on pressent qu'une catastrophe va arriver. Dans la brume épaisse, ils entendent un couple se disputer vertement puis plus rien. Un incendie se propage au loin, il décide de faire demi-tour pour y échapper.

Ce qui m'a plu : l'écriture, le rythme calme ou au contraire précipité des aventures de ces deux jeunes étudiants, on s'y croirait. Le côté soupçonneux et mystérieux de certains personnages.

Ce qui m'a moins plu : la longue description de l'art de pêcher ou de naviguer.

Malgré tout, une belle histoire à raconter, qui je pense plaira au plus grand nombre.

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Céline

J’ai découvert Peter Heller en dévorant « La constellation du chien » dans la touffeur d’un été corse, un étrange roman post apocalyptique, dont la beauté mêlant ombres et lumières m’avait subjugué. J’ai poursuivi mon exploration de l’œuvre de l’auteur en me plongeant dans son deuxième roman « Peindre, pêcher et laisser mourir », un ouvrage doux-amer, à la tonalité nostalgique et littéraire.



J’ai enfin eu la chance de rencontrer l’auteur dans une petite librairie du nord de Paris, alors qu’il faisait la promotion de « Céline », tout en travaillant sur un projet d’adaptation au cinéma de « La constellation du chien », qui n’a semble-t-il pas abouti.



Lorsque son dernier roman, « La rivière » est paru, j’ai aussitôt descendu les rapides en compagnie de Jack et Wynn, une lecture pétaradante qui m’a rappelé « Délivrance », le film terrifiant de John Boorman.



Il manquait une pièce au puzzle : je n’avais toujours pas lu « Céline », pourtant dédicacé de la main de l’auteur, découragé par une quatrième de couverture qui me semblait peu engageante.



Après quelques années de retard, je me suis enfin lancé dans la lecture de ce roman inclassable, à clés et à tiroirs, qui mêle avec bonheur les codes du roman policier et ceux du « nature writing ».



Céline Watkins, détective privée spécialisée dans la recherche de personnes disparues n’est pas au sommet de sa forme, elle a soixante-huit ans, peine à respirer en raison d’une consommation effrénée de cigarettes étalée sur plusieurs décennies et vient de perdre coup sur coup ses deux sœurs. Gabriela, une jeune femme aussi belle que touchante la contacte pour tenter de retrouver son père, disparu vingt ans plus tôt, lors d’une supposée rencontre inopportune avec un ours.



Accompagnée de son taiseux de mari, notre héroïne à la détente facile reprend ainsi du service pour une ultime enquête, dont les enjeux dépassent le cadre de la disparition incongrue du père de Gabriela.



Peter Heller déroule avec maestria une intrigue linéaire « classique » qui joue avec les codes du roman policier et explore la poésie d’une nature sauvage à la beauté immuable. Au cours du road-trip que mènent Céline et son époux à la recherche du père disparu, l’auteur s’attarde via de nombreux flashbacks sur les failles qui traversent l’âme torturée de Céline, et trouvent leur source dans une enfance sans père ainsi que dans une adolescence marquée par une grossesse précoce.



Le place singulière accordée à Hank, le fils de Céline né dix ans après « l’accident » qui a marqué son adolescence, et ressemble étrangement à un double de l’auteur, donne lieu aux pages les plus émouvantes du livre, celles où un frère cadet tente de remonter le fil d’un passé enfoui et de retrouver une sœur aînée qui a disparu des radars.



Au fur et à mesure que l’enquête menée par l’improbable duo d’enquêteurs s’approche du lieu de la disparition présumée du père de Gabriela, le roman prend une dimension politique. Un agent du FBI archétypal suit le couple de sexagénaires qui comprend peu à peu que les nombreux reportages en Amérique du Sud du photographe disparu cachaient probablement de sombres secrets.



« Céline » est un ouvrage protéiforme qui se lit comme un polar, le lecteur y suit avec un plaisir non feint les tribulations d’une vieille dame pleine de vie qui ne se déplace jamais sans sa bouteille d’oxygène et manie son Glock aussi vite que Lucy Luke.



Et pourtant, derrière une apparente légèreté se dissimule une réflexion pleine de finesse qui donne un supplément d’âme au roman, lorsque Peter Heller revient sur ces failles béantes qui traversent les enfants frappés de plein fouet par la disparition précoce de leur père ainsi que sur le rôle trouble joué par la CIA dans l’instauration de la dictature chilienne des années Pinochet.
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Céline

♪♪♫ Dis-moi, Céline, les années ont passé... ♪♬♫...

Mais non, il ne s'agit pas de cette Céline-là, que certains de ma génération connaissent si bien pour avoir naguère fredonné cette chanson ou avoir été touché de l'entendre... Ici dans ce dernier roman de Peter Heller, pour Céline Watkins, détective privée et accessoirement artiste, réalisant des œuvres artistiques à partir de crânes humains, les années ont également passé.

Elle est encore marquée par la perte récente de ses deux sœurs, mortes toutes deux d'une longue maladie.

Elle a soixante-huit ans, vit à New-York, tout près de l'East River. Parfois elle a du mal à respirer, elle souffre d'un emphysème, conséquence d'avoir fumé quatre paquets de cigarettes durant des décennies, ancienne alcoolique, le corps est usé. Cela ne l'empêche pas d'être élégante, magistrale, pleine d'ironie.

Les années ont passé et le passé est toujours là, qui vient la hanter avec ses fantômes parfois encombrants, ceux qui vous suivent à la trace. Elle vit à présent avec son mari Pete, taiseux remarquable et qui l'accompagne dans ses enquêtes, sorte de fidèle docteur Watson avec l'amour en plus. Quoiqu'on ne sache après tout pas grand-chose de la vie sentimentale de Sherlock Holmes... !

Céline est une détective privée atypique, on ne vient jamais la voir à l'improviste, ni par hasard...

Céline Watkins n'est pas une détective comme les autres. Très sensible à la détresse d'autrui, elle a comme une sorte de passion pour les perdants. Elle prend toujours le parti des plus faibles, des laissés-pour-compte, des enfants, des vagabonds, des sans-abris, des malchanceux, des toxicos... Ceux qui la sollicitent sont le plus souvent des personnes n'ayant aucune ressource ni aucun pouvoir, autant dire aucun moyen de rémunérer ses services. Qu'importe pour Céline !

Céline a un sens très développé de l'empathie et ce qui en fait dès le début du roman un personnage très attachant. Cela dit, elle ne sort jamais sans son Glock solidement arrimé sous son aisselle.

Courir après les criminels n'est pas sa tasse de thé, courir à la recherche de personnes disparues, oui.

Les années ont passé pour Céline et celle-ci veut tirer sa révérence du métier de détective pour se consacrer désormais exclusivement à son mari et à son art.

Aussi lorsqu'une jeune femme, Gabriela, vient la solliciter pour rechercher son père dont elle n'a plus de nouvelles depuis vingt ans, elle y voit ici comme une dernière occasion, une sorte de baroud d'honneur...

C'est à la frontière entre le Wyoming et le Montana, du côté du célèbre parc national de Yellowstone, qu'on perd la trace du père de Gabriela, Paul Lamont photographe au National Geographic ; une mauvaise rencontre avec un ours semble être la cause avancée de cette disparition... Cette version des faits n'a jamais satisfait Gabriela... Enfant, elle fut in extremis secourue de la noyade, par ce même père aimant, mais qui ne put sauver sa mère, portant dès lors ce deuil comme une douleur lancinante et

« Parfois la mort est la forme d'absence la moins douloureuse », pense Céline.

L'histoire de Gabriela ne laisse pas indifférente Céline. le passé de cette dernière revient comme une résurgence. Céline pense que le temps ne guérit pas toutes les blessures, loin de là...

Il serait mal inspiré de réduire ce roman a une simple enquête policière.

Incroyablement pleine de douceur, Céline accueille la demande de Gabriela avec toute l'empathie qui la caractérise. Céline se retrouve dans l'histoire de Gabriela, qui vient réveiller en elle une peur primale. Les enfants payent toujours le prix fort.

Céline semble comprendre ce qu'est l'abandon d'une fille par son père. Elle peut aussi comprendre le désespoir de ces pères qui ont fait le choix de partir.

Alors, nous voilà plongés dans un trépidant road-movie en direction du célèbre parc national de Yellowstone ! Céline et Pete sentent très vite que les contours de cette histoire recèle une atmosphère particulière prête à chaque instant à bifurquer vers le côté le plus sombre du décor.

Faisant alliance avec les personnages du récit, l'appel de la nature prend le relais dans des descriptions majestueuses. Peter Heller a planté le décor de son dernier roman dans les grands espaces aux confins du Wyoming, du Colorado et du Montana et l'esprit qui habite ces pages m'a ramené irrémédiablement vers Jim Harrison et Edward Abbey, vers les courbes d'un paysage familier et en même temps sauvage que je reconnaissais. J'avais joie de retrouver cette ambiance comme une promesse.

Les grands espaces s'ouvrent alors pour laisser passer le camping-car de Céline et de son mari Pete, à la recherche d'un étonnant secret, dont Yellowstone en est peut-être le sanctuaire...

Céline et son mari laconique se fondent avec harmonie dans ce décor grandiose et millénaire. Ils ont cette complicité qui fait mouche, ils sont confiants. J'ai adoré cette intelligence faite d'amour qui les lie et la dimension surprenante de leur couple, apporte une touche de fraîcheur.

« La beauté la plus incontestable est celle peut-être qu'on ne peut jamais toucher. »

Ici il est question de l'enfance, des liens familiaux, de l'abandon, d'une douleur qui ressemble parfois à celle de l'exil. Il y a toujours une émotion à fleur de peau qui traverse le paysage, s'accroche aux rides de Céline.

Par moments, on jurerait que l'espace intérieur qui habite Céline est aussi grand que le parc du Yellowstone.

Parfois Céline a du mal à respirer et tout n'est pas forcément à mettre sur le compte de son emphysème. Mais il y a toujours un humour pince-sans-rire qui sauve la mise, au moment où la terre tremble, où le sol s'ouvre, où les voix du passé resurgissent de ce trou béant, faisant vaciller le monde sur son axe.

Sur les pages de ce livre empli de lumière, d'espace et d'horizon, je me suis senti comme un oiseau qui venait de se poser et qui ne souhaitait pas reprendre tout de suite son envol.

Je découvre ici Peter Heller, sa très belle écriture et son univers unique, une bien belle invitation à découvrir ses autres romans.
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Peindre, pêcher et laisser mourir

Après « La Constellation du chien », j'ai eu envie de retrouver la plume de Peter Heller avec « Peindre, pêcher et laisser mourir ».

Le deuxième roman de l'auteur entrelace habilement plusieurs genres littéraires : le roman noir, le polar, le thriller et le nature writing.



Jim Stegner est un artiste-peintre reconnu, passionné de pêche à la mouche. Impulsif, irréfléchi et bagarreur, père d'une adolescente dont la vie s'est terminée tragiquement, il tente de se reconstruire en laissant derrière lui les douleurs du passé.



« Il y a des rivières que vous aimez, voilà tout, et voir le panneau représentant la voie ferrée et la gorge escarpée m'a rappelé que nous pouvons avancer dans la vie aussi facilement d'amour en amour que de perte en perte. »



Hors, un après-midi, alors qu'il part pêcher, il est témoin d'une scène bouleversante extrêmement cruelle : un homme bat à mort une petite jument Rouanne.

Cette scène de maltraitance animale m'a serré le coeur, ma sensibilité et mon amour pour les animaux y sont pour beaucoup. Heureusement, l'auteur n'entre pas dans les détails, laissant la part belle à des émotions poignantes plutôt qu'à des descriptions crues et voyeuristes qui n'auraient rien apporté à l'histoire.



« le cheval, les yeux qui roulent, l'écume aux lèvres hurlantes, une hystérie, aiguë, plus qu'un geignement ou qu'un grognement, quelque chose de quasi humain. »



Ne pouvant rester insensible à cette violence gratuite et démesurée, il intervient. Mais le face à face entre les deux hommes va dégénérer et provoquer une réaction en chaîne incontrôlable.



*

Inévitablement, l'intrigue ne peut se passer d'un personnage principal fort, charismatique.

Peter Heller n'a pas son pareil pour donner vie à de beaux personnages qui ne soient ni lisses, ni parfaits grâce à une étude approfondie de leur caractère et de leur personnalité.



« Jamais je n'aurais cru que je deviendrais peintre. Que je pourrais créer un monde et y pénétrer pour m'y perdre. Que l'art serait une chose que je ne pourrais pas ne pas pratiquer. »



Jim Stegner, le personnage principal, est particulièrement sympathique malgré ses nombreux défauts.

Cet homme complexe revêt de multiples visages. Au fil du récit, sa personnalité s'enrichit de nouvelles nuances : sensible, solitaire, empathique, accablé par le remord et le chagrin, l'auteur donne l'occasion de révéler une autre facette de sa personnalité. Il excelle à retranscrire cette instabilité et ces basculements où Jim Stegner, en proie à des tensions internes importantes, est capable de devenir, suivant les circonstances, un homme irascible, implacable et extrêmement violent.



« La violence qui semblait me suivre à la trace frappait sans aucun discernement et s'attaquait à tout ce qui m'entourait : chevaux, amis, voisins. »



Son histoire personnelle entraine forcément la compassion et l'empathie à son égard. Malgré sa rudesse, sa violence intérieure, son impulsivité, il est impossible de le trouver antipathique et de ne pas s'attacher à cet homme au passé si douloureux.



*

Le récit est prenant grâce à une écriture remarquable, intense, très visuelle, « métamorphique », alternant une écriture lyrique, un registre de langue parlée intégrant des jurons, ou bien une écriture plus acérée, presque violente, intérieure ou exprimée.



Ainsi, l'écriture se pare d'une étonnante poésie, et, devant nos yeux, l'auteur devient un peintre paysagiste, exprimant, par la force des mots, des tableaux de ces grands espaces dont il restitue la beauté avec une facilité déconcertante.



« Voilà vers quoi se dirigeait mon coeur. Vers eux. Vers l'eau fraîche. Les sons légers de l'eau qui coule sur la roche, l'eau fluide sur la roche lisse, soudain perturbée par un rapide bouillonnant, mais tout aussi apaisant. Sous la lune, l'eau blanche serait en lambeaux dans l'obscurité, les étangs seraient noirs ou peut-être que leur noirceur accueillerait le reflet de la lune brillante, la truite invisible mais levant les yeux vers le radieux firmament. J'étais incapable de nommer ce sentiment que mon coeur éprouvait. »



Au coeur de ces étendues sauvages et préservées, ces pages sont comme des écrins de verdure, apportant un parfum de bonheur et de magie. Peter Heller nous enveloppe de sensations douces et apaisantes où la nature est reine. Les traits de pinceau de l'auteur caressent la toile, se faisant léger et minutieux pour peindre les vastes forêts parcourues de rivières, le murmure de l'eau, et la faune sauvage.



Et, l'instant d'après, on est brusquement ramené au centre de l'intrigue. Ces moments de quiétude et cette atmosphère de rêverie sont balayés en quelques coups de pinceau secs, énergiques et violents. La tension monte d'un coup et le récit nous surprend, prenant des chemins auxquels on ne s'attendait pas.



*

J'ai particulièrement aimé la façon dont les tableaux de l'artiste s'intègrent parfaitement à l'intrigue. Peter Heller a une magnifique prose pour décrire les peintures de Jim Stegner. Les descriptions sont si précises, éloquentes que l'on imagine aisément chacune d'entre eux.



L'auteur en profite également pour nous offrir une belle réflexion sur l'art et la création comme facteurs de résilience. La peinture devient une porte d'entrée dans son intimité. A travers son regard, l'art devient un moyen de survivre aux épreuves de l'existence, d'extérioriser le chagrin et la violence, de surmonter les traumatismes pour construire une vie qui a du sens.



On voit comment la vie personnelle de Jim Stegner, ses pensées, son esprit torturé, ses actes, son inconscient influent sur ces oeuvres et s'expriment dans ses tableaux. Tout au long de l'intrigue, le lecteur voit ses tableaux acquérir plus de profondeur, plus de noirceur et de mystère.



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Vous l'aurez deviné, ce roman a de nombreuses qualités. Cependant, je n'ai pas été totalement séduite. Ce n'est bien sûr qu'un avis très personnel, mais, même si Peter Heller maintient la tension, j'ai été perturbée par le rythme du récit. Au lieu de monter progressivement en puissance, l'intrigue oscille, dessinant en alternance des moments calmes de peinture ou de pêche à la mouche, entrecoupés d'autres soudains, nerveux, violents, palpitants.



De plus, l'auteur se concentre essentiellement sur le personnage de Jim Stegner, explorant ses pensées, ses peurs, ses rêves, et ses sentiments. le récit, raconté à la première personne du singulier, fait valoir uniquement son point de vue, et l'on perçoit les personnages secondaires uniquement à travers son regard. Même si ce procédé est particulièrement intéressant, les autres acteurs sont finalement brossés assez grossièrement.



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Roman singulier, « Peindre, pêcher et laisser mourir » est un roman de dualité, à la fois sombre et lumineux, paisible et emporté. Ici, la vie côtoie la mort, l'auteur capte ses instants incroyables de parties de pêche brusquement interrompues par la brutalité des hommes.

C'est un beau roman sur le deuil, la résilience, la rédemption, avec pour ligne de vie, l'art, la nature et la pêche.



Attiré par ce titre à la fois poétique et mystérieux, ce « laisser mourir » qui m'a interrogée jusqu'au dénouement, je ne regrette pas cette lecture, bien au contraire. Elle me donne même envie de découvrir "La rivière".



***

C'est avec plusieurs compagnons de lecture que j'ai entrepris ce voyage dans les immensités américaines, Diana (DianaAuzou), Fanny (Fanny1980), Nathalie (Romileon), et Bernard (Berni_29). Je les remercie pour ces échanges si enrichissants, ces lectures communes sont de belles expériences qui permettent de partager nos ressentis tout en découvrant de nouveaux aspects auxquels on n'avait pas prêté attention.
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La constellation du chien

C'est suite à une conversation avec Isidoreinthedark sur sa critique de « Céline » de Peter Heller que j'ai eu envie de lire de découvrir cet auteur en commençant par « La constellation du chien ».

Un grand merci pour cet échange, j'ai vraiment aimé ce roman, même si ce n'est pas un coup de coeur en ce qui me concerne.

*

Nous sommes aux Etats-Unis, neuf ans après une pandémie de grippe et une maladie du sang qui ont anéanti une grande partie de la population mondiale et un grand nombre d'espèces animales.



Hig, le narrateur de cette histoire, vit dans le hangar d'un terrain d'aviation abandonné, avec son chien, Jasper et un fanatique des armes à feu nommé Bangley.

Autant Hig n'est pas le genre d'homme à survivre, trop doux, trop rêveur, passionné de poésie, d'aviation et de pêche, autant Bangley n'a aucun scrupule à tuer et élabore même des stratégies pour ne pas être surpris par quelques maraudeurs.

Ce duo improbable fonctionne pourtant très bien, leurs différences étant un atout pour survivre.



« Nous sommes quand même divisés, il y a des fissures dans cette union. de principe. le sien : on est coupable jusqu'à ce que – rien. Tire d'abord parle après. Coupable, et puis mort. Par opposition à quoi ? Mon principe : laisser vivre un visiteur une minute de plus jusqu'à ce qu'il ait prouvé son humanité ? Parce qu'ils le font toujours. Ce qu'a dit Bangley au début : Ne jamais, jamais négocier. Tu négocies ta propre mort. »



Les survivants sont une menace très sérieuse.

Ce monde post-apocalyptique est très crédible.

*

Le style du narrateur est très original, révélant la personnalité attachante du narrateur.

J'ai été déstabilisée au départ, par l'écriture fragmentée et l'absence de ponctuation. Mais après quelques pages, je me suis habituée aux particularités du livre, qui, au détour d'une page, révèle des passages de toute beauté.



« Me suis arrêté une fois, j'ai tourné le visage en plein soleil, les yeux fermés, laissé la lumière cautériser mes larmes. Penché la tête un peu en arrière, un coyote à gorge déployée. »



A travers ce style « entaillé » et sobre, alternant présent et souvenirs, se dévoile un homme ordinaire, traumatisé, qui lutte au jour le jour pour sa survie.



« J'étais une coquille. Vide. Portez-moi à votre oreille et vous entendrez le ressac lointain d'un océan fantôme. le néant, c'est tout. »



Une vie de défiance, de suspicion, de vigilance.

Une vie avec ses moments de joie, de tragédie et de chagrin.

Une vie où les souvenirs de jours heureux comblent la solitude.

Au fil de ses pensées et de sa conscience, le lecteur apprend à le connaître.



« Impossible de métaboliser la perte. Elle est dans les cellules de ton visage, de ta poitrine, derrière les yeux, dans les méandres de tes entrailles. Muscle tendon os. Elle est toi tout entier. »



J'ai aimé ces flashbacks, ces larges digressions, en particulier les souvenirs de sa femme, de sa vie avant que tout bascule.

Beaucoup de non-dits, de phrases inachevées que le lecteur complète.

Une vie d'attente, une vie qui prend tout son sens au moment où la mort peut survenir à chaque instant.

Revenir à l'essentiel.

*

De magnifiques pages d'émotions, mes préférés.

De belles scènes d'amitié entre Hig et son chien Jasper, lesquelles sont tendres, douces, émouvantes, parfois aussi douloureuses et bouleversantes.

Loyauté, attachement, confiance.

Un rappel de la vie d'avant.



« Impossible de métaboliser la perte. Elle est dans les cellules de ton visage, de ta poitrine, derrière les yeux, dans les méandres de tes entrailles. Muscle tendon os. Elle est toi tout entier.

En marchant tu la propulses vers l'avant. Quand tu lâches le traîneau et que tu t'assois sur une branche morte et. Tu l'imagines se pelotonner à côté de toi sur un carré de soleil peut-être couché sur tes pieds. Pas très en forme. Puis elle s'assoit avec toi, la Douleur, passe son bras autour de tes épaules. C'est ta meilleure amie. Indéfectible. Et la nuit tu ne supportes pas d'entendre ta respiration qui n'est plus accompagnée d'une autre et sous le grand silence comme une partition, le rugissement torrentiel de tout ce qui vit et de tout ce qui est anéanti. Et puis. La Douleur est allongée à côté de toi, très près. Elle ne t'embête pas, ne fait pas même entendre le son de sa respiration. »



Autant j'ai adoré les moments apaisants, souvent poétiques où Hig part à la pêche avec son fidèle compagnon, autant je suis plus réservée quant aux passages sur le pilotage du vieux Cessna où j'ai décroché à plusieurs reprises. C'est vraiment le seul reproche que j'aurais à formuler. N'y connaissant rien en aviation, je ne me suis pas senti impliquée. Heureusement, ces passages sont assez courts.



De même, j'ai adoré les moments où Peter Heller évoque la beauté de la nature, même si le réchauffement climatique bouleverse le cycle des saisons.

Moments de quiétude.

Moments essentiels, vitaux.



« Je regardais les étoiles nager contre les mailles du feuillage. Pareilles aux poissons qui viennent flairer un filet. »



*

J'ai trouvé que les thèmes abordés sur la notion de temps, les comportements des hommes face à la peur, le deuil d'une ancienne vie, la mémoire et le souvenir, étaient très pertinents et bien exploités.



« Je ne peux pas vivre comme ça. Ne peux pas vivre du tout en fait. Qu'est-ce que j'ai foutu ? Neuf années à faire semblant. »



*

Il n'est pas nécessaire d'aimer les récits post-apocalyptiques pour apprécier ce roman.

Cette histoire apparaît appropriée à l'heure d'aujourd'hui avec la pandémie que nous vivons. Et puis, ce roman mélange habilement les genres, allant de la dystopie au thriller, en passant pas le nature writing et la poésie.

J'ai aimé ce récit dramatique, mais non dénué d'espoir ni de beauté.

Un récit qui invite les lecteurs à découvrir les autres romans de l'auteur. Ce sera mon cas, avec "la rivière", je pense.



« Quand serai-je chez moi ?

Quand serai-je chez moi ? Je ne le sais pas.

Dans les montagnes, par cette nuit pluvieuse

Le lac d'automne est en crue.

Un jour nous nous retrouverons.

À la lumière de la bougie près de la fenêtre qui donne à l'ouest.

Et je te dirai quel souvenir j'ai eu de toi

Ce soir sur la montagne orageuse. »

Li Shang-yin

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Céline

Quel bonheur d'avoir la sensation que Jim Harrison et Edward Abbey soient encore parmi nous ! Peter Heller a, en lui, un mélange d'ingrédients des deux écrivains que j'affectionne : grands espaces, nature, la contemplation de la faune et de la flore, la pêche, la route, l'humour, l'alcool, la bouffe. Un écrivain qui a bien bourlingué dans la vie et ce, pour le plus grand plaisir du lecteur. Céline est un sublime portrait de femme sexagénaire. Cette détective privée, pro de la gâchette, part sur les traces, à la demande de sa fille, d’un photographe disparu, il y a une vingtaine d'années. Enquête qui vont les emmener, elle et son mari, dans le Parc national de Yellowstone. Des êtres qui se sont construits avec leurs passés qui ont des points communs. A la lecture des nouvelles qu'il avait publiées, j'avais hâte de lire une prose de lui. Celle-ci est au-dessus de mes espoirs. Génial !
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