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Critiques de Peter Stamm (141)
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Les archives des sentiments

Une vie qui s’écrit au subjonctif



Dans son nouveau roman Peter Stamm met en scène un archiviste au chômage qui retrouve un fichier consacré à une chanteuse dont il était éperdument amoureux et avec laquelle il aimerait renouer des liens. Mélancolique et tendre, sur l’air de «Dis, quand reviendras-tu» de Barbara.



«Le plus clair de mon temps, je le passe à traiter les journaux et les magazines auxquels je suis abonné, je découpe les articles intéressants, je les colle, leur attribue une référence avant de les mettre dans les dossiers correspondants, travail pour lequel j’étais payé autrefois et que je continue pour moi tout seul depuis que j’ai été licencié, parce que sinon je ne saurais pas comment occuper mon temps. Comme son épouse Anita a préféré le quitter, le narrateur – qui n’est jamais nommé – occupe désormais sa solitude à gérer les archives du journal qui l’employait et qu’il a réussi à faire rapatrier dans sa cave lorsque le service a été supprimé. Un peu maniaque, il cherche à mettre de l’ordre dans sa vie en triant et en créant de nouveaux dossiers. Il ne sort plus guère de son domicile, si ce n’est pour de longues marches durant lesquelles il peut ressasser son triste sort mais aussi convoquer des souvenirs et laisser son imaginaire vagabonder.

C’est ainsi qu’il se voit cheminer avec Franziska, son amour de jeunesse qu’il a perdu de vue lorsqu’elle a entamé une carrière de chanteuse sous le nom de Fabienne et aimait réinterpréter les airs de Barbara. En fait, il ne l’a jamais oublié, en témoigne un dossier de plusieurs kilos rassemblé au fil de la carrière de l’artiste. Une façon discrète de partager encore un bout de chemin avec elle, lui qui n’a jamais osé lui avouer son amour, y compris lorsque le hasard des rencontres les mettait en présence l’un de l’autre. Ils ont même partagé une fois une chambre d’hôtel, mais sans que ce rapprochement physique ne débouche sur autre chose qu’un sage baiser.

À quarante-cinq ans, il se dit qu’il ne risque rien à essayer de contacter Franziska, maintenant qu’un ancien collègue a réussi à la localiser.

Peter stamm raconte alors la douce métamorphose d’un homme qui se rapproche de l’être aimé et plus il avance dans sa quête, moins il se soucie de ses archives.

Peter Stamm le mélancolique a concentré dans ce roman ses thèmes de prédilection, la solitude, l’errance, le doute qui déjà habitaient le narrateur de L’un l’autre ou cette exploration du passé comme dans Tous les jours sont des nuits. Avec la même langue, limpide comme un ruisseau de montagne, il capte l’attention du lecteur qui ne peut s’empêcher – pour peu qu’il ait un certain âge – de repenser lui aussi à son premier amour, à ce qu’il aurait pu être, à ce qui pourrait advenir si le hasard le mettait à nouveau sur sa route…

Alors la vie s’écrit au subjonctif.




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La douce indifférence du monde

Peter Stamm figure parmi ces auteurs qui ne sont pas faciles à approcher, d'autant plus qu'il n'essaie nullement de nous apprivoiser ou de caresser le lecteur dans le sens du poil. Vous entrez ou vous sortez, peu lui chaut semble-t-il. Et c'est tant mieux pour le lecteur assoiffé d'écritures originales.



Ici, c'est un univers un peu à la Villa-Matas qu'il nous crée avec cet écrivain qui se retrouve face à son double et qui va tenter de rencontrer l'amie de ce double qui ressemble tellement à son amie à lui d'autrefois, à moins que cela ne soit l'inverse. L'on s'y perd, on pense avoir retrouvé son chemin et à nouveau, nous nous heurtons à ce qui semble n'être qu'un labyrinthe littéraire.



Mieux vaut être prévenu avant d'entamer le livre.



C'est ciselé en trente-sept courts chapitres. Il m'a davantage plus que son ouvrage "L'un l'autre". Celui-ci est plus foisonnant, plus insolite.
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Les archives des sentiments

Peter Stamm – Les Archives des Sentiments – Traduit de l’Allemand (Suisse) par Pierre Deshusses – Christian Bourgeois éditeur – 2021-Allemand- 2023 Français – 192 pages



Le héros rêve Littéralement de la séduisante compagnie Franziska – mais elle ne veut pas de Lui (pour l’instant) –



« X voudrait savoir si j’avais été amoureux » (plus maintenant) (alors : ) « On mangeait sur le pouce, on couchait ensemble et je repartais. C’était la relation la moins compliquée que ne n’ai jamais eu. Sans doute parce que nous nous aimions bien mais nous n’étions pas amoureux l’un de l’autre. »



Alors là aussi je vais êtres assez méchant. Si dut d’écrire un Livre, beaucoup plus dur d’en écrire un bon, qui tienne sur la longueur.



On appelle « Vanille » les relations amoureuses « simples » sans « oh mon amour je décrocherais la lune pour toi » en somme.



Je n’ai pas internet à l’heure où j’écris ces lignes mais j’imagine que le lectorat est certainement féminin.



Peut-on reprendre une histoire d’amour là où on l’avait laissé cinq ou dix ans auparavant. Je réponds oui avec certitude. Je connais des gens à qui c’est arrivé.



Si vous aimez les romans dits « de cocote » celui-ci vous plaira si vous être un chrétien monstrueux assoiffé de sang comme moi (je rigole tout seul ! ).

Ce n’est que mon humble avis, je ne détiens pas un quelconque vérité absolue, peut-être même que mon avis n’est pas parmi les justes.



J’ai juste envie de dire : voyez par vous-même.



***/5



Phoenix

++
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La douce indifférence du monde

Il est peu de dire que j’ai raté mon rendez-vous avec Peter Stamm.

« La douce indifférence du monde » m’a laissée sur le bord du chemin au milieu d’un épais brouillard.

J’ai eu beaucoup de mal à suivre cet écrivain qui rencontre son double.

J’ai trouvé l’histoire l’histoire touffue et alambiquée où passé et présent se mélangent.

Je me suis perdue par manque de repères temporels.

Les flash-back m’ont rapidement lassée.

Je ne dis pas, loin de là, que le livre est mauvais, mais ce n’était pas pour moi le bon moment pour cette lecture.



Je remercie Babelio et les Editions Christian Bourgois pour cette découverte.

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Les archives des sentiments

Il existe sans doute beaucoup de lecteurs de Patrick Modiano qui ne connaissent pas encore les romans de Peter Stamm. Qu'ils n'attendent plus, conseil désintéressé, et qu'ils commencent par Les archives des sentiments (le titre, déjà ...), peut-être pas son œuvre la plus marquante, mais l'une de ses plus touchantes, très certainement. C'est un homme de 55 ans qui se confie, il vit seul, de plus en plus détaché du monde, depuis qu'il a perdu son emploi de documentaliste. Une existence d'asocial, presque d'anachorète, qui continue à trier et à classer les nouvelles du monde, découpées dans les journaux, mais davantage de guerre lasse et pour lutter contre la lenteur du temps que par pure passion. Pas étonnant que, dans ses conditions, l'anti-héros de l'auteur suisse laisse ses pensées divaguer vers le passé et, en particulier, vers sa jeunesse, pendant laquelle il a partagé une amitié amoureuse avec une dénommée Franziska, devenue Fabienne pour le public, et qui a connu un certain succès dans la chanson. Le lien avec elle est rompue depuis longtemps mais le temps des questions demeure : l'a t-elle aimé, autrefois, et comment réagirait-elle s'il reprenait contact ? On l'a compris, Les archives des sentiments est un livre dédié à l'introspection, mélancolique comme une journée d'automne passée à contempler les feuilles mortes. C'est joliment flou et flottant, aussi, avec des scènes qui ont peut-être eu lieu, ou pas. Cela dit beaucoup sur la solitude et la tristesse des complicités perdues, sur l'âge qui avance et les illusions depuis longtemps enterrées. Vraiment, oui, c'est le livre le plus poignant de Peter Stamm et dont on imagine, peut-être à tort, qu'il est très personnel.
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Paysages aléatoires

Peter Stamm est un auteur que j’apprécie beaucoup pour sa simplicité, sa pudeur, sa façon incroyable de conter la vie de simples gens en y donnant un relief particulier.

J’ai lu ce livre en imaginant la voix de l’auteur me raconter l’histoire de Kathrine.

Cette dernière vit au nord de la Norvège dans un petit village portuaire où la mentalité est rurale, villageoise. Kathrine est en quête d’épanouissement qu’elle ne trouve pas au creux des bras conjugaux. Elle rêve de liberté, de voyage, d’amour.

Malgré ses désillusions, cette femme courageuse va entrer en elle et trouver réponses à ses questionnements lors de son aventure loin de son pays, de sa famille.

Ce récit n’a rien de spectaculaire et pourtant, par je ne sais quelle magie, et c’est à chaque fois la même chose à la lecture de cet auteur, je suis envoutée par l’histoire, par cette écriture sans dentelle qui ne tourne pas autour de la réalité et sait à merveille mettre des mots simples sur des ressentis complexes.

La couverture du livre des éditions Christian Bourgeois est une reliure en lin ornée d’une photographie d’une île à marée basse en mer du nord.

Je ne peux que recommander de lire Peter Stamm.

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L'un l'autre

Un couple avec deux enfants rentrent de vacances. Le soir arrive. Le couple est installé sur un banc, un verre de vin chacun. La maman va consoler son petit garçon qui pleure, revient fermer la maison et va se coucher.



Le papa part, comme ça, sans rien dire. Pourquoi pas ? L’idée était bonne.

Je ne sais pas. Comment dire ? Il a manqué un petit quelque chose. Je n’ai pas été du tout convaincu par cette histoire, ni par l’écriture.



Mais ce n’est que mon avis. Ceux qui l’ont lu autour de moi, l’ont apprécié. Comme quoi !



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L'un l'autre



Je suis mitigée au sortir de ce livre. Au retour des vacances d'été, un homme boit un dernier verre de vin avec sa femme sur la terrasse. Celle-ci rentre car un des enfants pleure. L'homme part sans rien de plus que ce qu'il a sur le dos et s'en va dans une sorte de transhumance. Sa femme cache sa disparition dans un premier temps.



Les deux narrations interviennent en parallèle. La femme s'occupe des enfants et des tâches de la maison et attend. L'homme parcourt forêts et montagnes par des chemins divers.



C'est bien écrit, cela se lit facilement, mais le but de l'histoire m'a quelque peu échappé. Faut-il un but me direz-vous ? Certes non. Mais alors il faut que la littérature l'emporte, ce qui n'est pas le cas non plus. D'où mon sentiment mitigé.
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L'un l'autre

C'était un jour comme les autres, un jour de retour de vacances mais ce soir-là Thomas a posé sa tasse et est parti, abandonnant Astrid et ses deux enfants, sans raison, sans motif, sans un mot, comme cela pour voir où cela allait le mener. Il se lance dans une marche qui va durer longtemps, le temps de savoir où est sa vie, tellement longtemps qu'on le pense mort, elle gardera toujours espoir car ils sont l'un l'autre, ils sont un couple, ils sont un.



Un roman à deux voix : celle de Thomas alterne avec celle d'Astrid, lui par les chemins, elle dans le quotidien de sa maison. Lui ne se pose pas de questions, il vit, elle, les questions, elle se les pose mais n'y trouve pas toujours de réponse même si parfois elle a une piste ou une intuition. 



Un roman qui m'a tenue jusqu'à ses derniers mots, un récit de deux aventures personnels, l'un sans l'autre alors qu'ils n'avaient toujours été que l'un avec l'autre, un roman dans lequel règne une certaine tension dans le devenir de chacun, de l'évolution de leurs pensées. C'est avec une écriture douce et introspective que Peter Stamm évoque une histoire de couple, de disparition en laissant chacun raconter son passé, son présent, le futur est envisagé par l'une et est absent pour l'autre, vivant au jour le jour. La réalité et l'espoir sans jamais aucune accusation, violence. Deux vies, deux chemins qui cherchent un sens. Un roman d'ambiance qui parcourt deux vies.



Tout ce qu'on fait n'a pas forcément une raison. Ce n'était pas le fait d'une grande décision, mais plutôt le résultat d'une succession de petites décisions, du laisser-faire, se laisser faire. (p.160)
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L'un l'autre

Le titre « L’un l’autre » est évocateur en ce sens que l’on peut se demander si l’absence de liaison entre ces deux mots (êtres) n’est pas volontaire de la part de l’auteur afin de nous suggérer des combinaisons telles que « l’un et l’autre », « l’un avec l’autre », l’un sans l’autre », « l’un pour l’autre », « l’un à l’autre ».

Le roman est tout cela…

L’histoire d’un couple, Thomas et Astrid qui donne à penser qu’ils sont voués à vivre heureux ensemble toute une paisible vie. Ce moment instantané de vie de couple heureux, Thomas va le fuir.

Pourquoi ?

Pour l’immortaliser tel qu’il est, le figer dans le temps pour qu’il ne tarisse jamais ?

Pour vivre autre chose, se retrouver en tant qu’individu hors du binôme et se rapprocher au plus près de sa nature profonde ?

La phrase « Quand nous nous séparons, nous restons l’un à l’autre » de Markus Werner est citée en page d’ouverture. Ces mots résonnent et rassurent ! Ce sentiment d’appartenance brave les tempêtes voire même la séparation, si loin et pourtant si proche !

J’ai beaucoup aimé ce roman comme les autres de Peter Stamm qui se permet, à travers sa plume, de raconter sans l’ombre d’un jugement ou parti pris ce qui serait pure folie ou inconvenance dans la vraie vie.

Le propre de la littérature ne réside-t-il pas dans ce postulat permissif ?

Lisez cet auteur, il a un don, celui de permettre sans détruire.

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La douce indifférence du monde

Peter Stamm ne fait pas partie de ces auteurs qui tiennent leurs lecteurs en laisse ou en otage, comprenez par là qu'il n'impose pas une intrigue mais qu'il la conduit avec un certain flou qui autorise plusieurs interprétations et suscite avant tout la réflexion. Depuis L'un l'autre, l'auteur suisse semble avoir ajouté une nouvelle nuance à sa palette, jusqu'alors assez mélancolique et grave, celle du fantastique. Il serait d'ailleurs difficile de donner un résumé fidèle de La douce indifférence du monde tant cette histoire semble prendre constamment des échappatoires, au large du réalisme. Il y est question d'un homme, jamais remis d'une rupture amoureuse avec une comédienne, qui croit la reconnaître sous les traits d'une jeune femme, 20 ans plus tard. Ce n'est qu'un des aspects d'un récit où la notion de double se multiplie et où le narrateur (écrivain d'un seul livre) se demande si la vie qu'il croyait être la sienne se joue à nouveau avec d'autres personnages et même si l'a vraiment vécue, cette existence. Et si tout le livre n'était que la divagation d'un vieil homme ? Au jeu des si, le lecteur ne peut qu'éprouver un vertige délicieux que le style toujours aussi élégant de Stamm rehausse encore. Contrairement à la plupart des romans qui méritent d'être lus en plusieurs fois, pour les laisser infuser, La douce indifférence du monde doit se dévorer de bout en bout sans interruption pour s'imprégner du caractère très particulier de son onirisme et de son inaltérable tristesse. C'est ensuite que vient le temps de l'assimilation et d'une herméneutique spécifique à chaque lecteur. En définitive, une seule chose est évidence, Peter Stamm est un grand écrivain.
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Les archives des sentiments

J'ai eu un sentiment mitigé et bizarre en lisant ce roman. Je me suis ennuyée, je l'ai trouvé déprimant. Mais, en y repensant un peu plus tard, je reconnais qu'il m'en reste quelque chose de doux, comme une atmosphère de sérénité. Ce n'est pas un roman ni un personnage que j'oublierais de sitôt. C'est un roman lent, une sorte d'errance poétique, qui demande de la concentration. Il ne se passe pas grand chose au départ. On suit le quotidien monotone d'un homme qui a été archiviste et ne sort plus de chez lui car il continue à classer des articles de presse. Il rêvasse beaucoup et imagine la vie qu'il aurait pu avoir s'il avait fait des choix différents, en amour par exemple.

Un roman qui surprend. Pas désagréable mais pas non plus un coup de coeur.
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Au-delà du lac

« Au-delà du lac » est un recueil de dix nouvelles.

Peter Stamm écrit et inscrit ces histoires à proximité du lac de Constance, la région d’où il vient. On y perçoit un lien étroit avec la nature, les éléments naturels, les choses simples de la nature humaine.

L’auteur a cette aisance d’observer la vie, les rapports humains, les rapports conjugaux ou l’introspection relative à la solitude.

Sans jamais dévier dans le jugement, Peter Stamm transmet ce qu’il observe, ce qu’il a vécu.

Ces dix nouvelles traitent de thèmes différents touchant le questionnement, la description de pensées intimes que chacun a en lui.

L’écriture est simple sans fioritures ni dentelles assurant une lecture paisible.

Un auteur qui ne me déçoit jamais.

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L'un l'autre

L'histoire, c'est celle de Thomas et Astrid, un couple aisé et heureux, installé dans une petite localité suisse en bordure de forêt. Ce jour ils reviennent d'un beau séjour passé en Espagne avec leurs deux jeunes enfants Ella et Konrad. le plaisir de retrouver son chez soi, ses habitudes. La journée a été longue, la nuit tombe paisiblement, tout est calme et reposé...

Le lendemain, au petit matin, Astrid aide les enfants à se lever. Au bout d'un instant cependant lui vient un sentiment étrange, confus. Il règne un silence tout particulier dans la maison.

Au même moment, Thomas continue de progresser dans les sous-bois, sans idée précise. Il va seulement où ses pas le mènent, loin déjà des siens.



Le sujet de l'individu décidant de tout quitter, proches et biens, de partir au loin pour s'essayer à une autre vie est un thème qui a été largement abordé dans la littérature. Même si Peter Stamm reprend ici le sujet à son compte, l'intérêt, l'originalité de son roman ne semble pas résider ici, il ne semble en être que le prétexte apparent.



Comme dans son recueil de nouvelles Au-delà du lac que j'avais lu précédemment, l'auteur semble d'abord choisir avec soin le cadre, le lieu, l'instant de l'intrigue pour y répandre ensuite minutieusement le vrai propos, l'argument essentiel de son histoire : les rapports entre les êtres humains.

Dans L'un l'autre, Peter Stamm interroge les relations du couple : quelles sont les limites de ma connaissance de l'autre ? Que sais-je véritablement de la réalité de l'autre, de notre vie à deux ? La conscience que j'en ai est-elle en soi suffisante pour dire que je sais tout de notre relation ? Et puis plus en retrait : qu'est-ce que deux êtres qui vivent ensemble ?



Et puis la différence des corps. Corps en mouvement (celui de Thomas qui sans plus réfléchir poursuit sa marche en avant) et corps immobile (Astrid plongée en elle-même, dans l'inquiétude, l'incompréhension, le repli sur soi). toute cette disharmonie apparente créé le sens même du roman, le lien entre les deux personnages.



Un sens qui se concrétise encore dans la très belle écriture de Peter Stamm, toute imprégnée de poésie, de sobriété, d'atmosphère onirique, étrange et d'absence de parti pris.



Plusieurs semaines après la lecture de ce roman, les belles impressions que j'en ai eu ne se sont pas dissipées tout comme le souvenir de la belle épigraphe qui ouvre le livre. Quelques mots seulement, ceux tirés de "Zündel s'en va", un roman de l'écrivain suisse Markus Werner : "Quand nous nous séparons, nous restons l'un à l'autre".

Une belle lecture.
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La douce indifférence du monde

Sentiments mitigés à la lecture du dernier Peter Stamm ... Toujours la même grâce évanescente, cette écriture délicate et précise, le mélange de douceur et de mélancolie qui envahit pendant la lecture, bref la délicatesse presque féminine qui fait le charme de l’auteur est au rendez-vous !



Comme dans le précédent roman de Peter Stamm, “L’un l’autre”, le fantastique affleure mais devient cette fois de plus en plus présent et parfois même un peu pesant. Je trouve que l’auteur abuse des “boucles temporelles” et crée une forme de distance entre le lecteur et le récit qui devient un peu trop intellectualisant à mon goût.



Le lecteur perd un peu le fil de l’intrigue, le roman se désincarne, reste le charme improbable et distant de l’écriture ciselée de Peter Stamm...
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Sept ans

Voici un moment que ce roman, acheté surtout à cause de la peinture de Peter Doig en couverture, traînait dans ma pile à lire.

Le personnage principal, Alex, étudiant en architecture, se trouve balancer entre deux femmes que tout oppose : Sonia, architecte elle aussi, belle et de bonne famille, et Iwona, une Polonaise en situation irrégulière, peu attrayante et avec laquelle il a peu de points communs. Pourtant, elle le fascine sans qu’il comprenne pourquoi.

Mêlant de manière originale et intéressante les sentiments amoureux et l’attirance physique, et la construction d’une vie, au thème de l’architecture, ce roman m’a intriguée et ne m’a pas déçue.
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Agnès

C'est l'histoire d'une rencontre. Des regards qui s'échangent, une discussion qui s'enclenche, une histoire qui débute. Mais elle est particulière cette histoire, à la fois distante et très proche. Mais elle existe. Tellement fort qu'elle est imaginée avant même qu'elle ne soit vécu. Ce qui devait être le portrait d'Agnès devient une histoire sans l'être réellement lorsque le narrateur écrit leur histoire à sa demande. Mais à la différence de ce qui est écrit, la vie réserve des surprises et des embûches qu'on ne pouvait pas prévoir à l'avance…



Avant que le livre ne me tape dans l'œil, c'est ce qu'en a dit un lecteur qui l'a présenté sur un réseau social qui avait attisé ma curiosité. En terminant le livre, je suis toujours dans le même étonnement et je ne peux pas mieux résumer l'histoire en disant qu'il s'agit d'une histoire d'amour dont les deux protagonistes ignorent sans doute la réalité.



Peut-on apprécier un livre alors qu'on n'en apprécie pas forcément ses personnages ? Sans doute que oui ! Autant le narrateur qui parle de l'histoire et Agnès m'ont semblé lointain, impersonnel, vissé à eux-mêmes. En cela, j'ai l'impression de manquer d'information malgré ce qui est révélé au fur et à mesure des pages, pour les apprécier. Cependant, le flou dans lequel j'étais m'a permis d'observer leur relation non pas d'un point de vue pur des sentiments, mais des mouvements de leur histoire. Je ne sais pas si j'arriverais à être claire avec ce ressenti. Il ne s'agit pas de romance, mais d'une histoire d'amour étrange, qui, même si présentée pleine et entière, ne vit sans doute que de ce qu'elle parait être. Il y a lui, il y a elle…



L'écriture de Peter Stamm est entrainante, mesurée, il y a une pointe de froideur dans la description des événements que j'ai appréciée. On est loin de "Love Story" d'Erich Segal ou de "Roméo et Juliette" de Shakespeare où l'intensité de la relation est prégnante. Ici, il y a un détachement qui m'a plu. Lui est écrivain, elle, lui demande d'écrire sur leur amour. Et il en ressort que leur histoire n'est que ce qu'elle semble être : d'une banale réalité alors même que ce qui est écrit fait trembler ce qu'ils vivent. Les paragraphes effacés et réécrit… Et faire coller la réalité à la fiction…



En bref :



Un livre court sur une relation, son début, ses hauts et ses bas et sa banalité mis en lumière par une écriture pondérée et attractive ! J'adhère !
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L'un l'autre

Merci à Babelio et aux éditions Christian Bourgeois pour l'envoi de ce roman.

Thomas et Astrid sont en couple depuis longtemps, ils ont deux enfants Ella et Konrad qui sont au collège. Une famille apparemment heureuse et épanouie.

C'est la fin de l'été, la famille rentre de deux semaines de vacances en Espagne et pendant qu'Astrid défait les bagages et passe du temps avec Konrad, Thomas part. Comme ça, sans un mot d'explication, il quitte la maison ce soir-là et ne revient pas.

Astrid attend puis prévient la police et ne cessera jamais de l'attendre tellement elle est sûre qu'il ne pourra que revenir.

L'auteur alterne alors les chapîtres du point de vue d'Astrid et ceux épousant le point de vue de Thomas, qui marche dans la montagne, la forêt, on suit ses pensées.



C'est un roman étonnant, qui pose des questions mais n'y répond pas. Le style m'a plu, c'est assez poétique et philosophique par moment.

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La douce indifférence du monde

Ce roman n’aurait jamais dû croiser ma route et c’est grâce aux réseaux sociaux que j’ai eu envie de le lire. En plus je connais peu la littérature suisse donc je le commande à la bibliothèque et me voilà partie dans une drôle d’aventure.

Dans le premier chapitre le narrateur, Christoph, un vieillard, évoque la présence chaque nuit de la femme qu’il a aimée, Magdalena, dans sa chambre, comme un fantôme. Un matin à l’aube elle lui fait signe de le suivre, peut-être le signal d’une fin prochaine. D’ailleurs le rendez-vous est fixé au cimetière et à partir de là il faut accepter de l’écouter, de ne pas chercher à tout comprendre, cela viendra plus tard, pour l’instant il faut juste être Lena, celle à qui il s’adresse.

C’est un bien étrange récit dans la construction. On entre dans sa vie par sa vieillesse, puis il revient sur son histoire d’amour pour finir par un souvenir de jeunesse, insignifiant au premier abord et si prémonitoire :



"Et tandis que je rentre à la maison, je m’imagine finir comme lui, sans plus aucune attache pour échapper à la vie, sans laisser la moindre trace. (…) Je pense à ma vie qui n’est pas encore advenue, images floues, personnages en contre-jour, voix lointaines.(p141)"



Un récit testamentaire, avant de disparaitre, d’un amour sublimé. Réalité et imaginaire se confondent, se mêlent. Christoph est écrivain et il joue avec les époques et les personnages, brouillent les pistes mais pourtant sans jamais nous perdre, nous enveloppant dans une ambiance mélancolique grâce à une écriture enveloppante.



"Le livre que j’avais écrit à l’époque ne racontait pas vraiment l’histoire de Magdalena et de moi.(…)La Magdalena fictive avec recouvert la Magdalena réelle comme un masque recouvre un visage. C’était de ça que parlait le livre, des images que nous nous faisons les uns des autres, du pouvoir que ces images ont sur nous. (p97)"



C’est le genre de roman pour lequel autant de lecteurs, autant d’interprétations. On pourrait penser que l’on est perdu entre les différentes identités, mais il n’en est rien car il y a une maîtrise parfaite. C’est un récit d’atmosphère, c’est magnifiquement écrit, c’est léger, vaporeux et à la fois étrange et au bord de la folie, mais l’auteur seul sait ce qui l’anime, son but.

Vous ne vous y retrouvez pas….. Lisez La douce indifférence du monde de Peter Stamm et laissez le charme agir. Faites-vous votre propre histoire. Vous allez savourer l’écriture, la construction, tous les thèmes abordés : l’amour bien sûr mais aussi le poids des souvenirs, ce qu’il en reste, leur transformation parfois, le temps qui passe et ce qu’il laisse en nous etc….



"Je ne veux pas savoir ce que me réserve l’avenir, mais j’aime l’idée qu’il est déjà écrit, que tout ce qui m’arrive est déjà arrivé à quelqu’un, que tout cela a un rapport et un sens. Comme si ma vie était une histoire. Je crois que c’est ça que j’ai toujours aimé dans les livres. Le fait qu’ils sont irrévocables. On n’est pas du tout obligés de les lire. Il suffit de les posséder, de les prendre dans ses mains et de savoir qu’ils resteront toujours tels qu’ils sont. (p107)"



Il m’est bien difficile de vous dire pourquoi je l’ai aimé, c’est un livre presque inracontable, beau dans son étrangeté, sa teneur et son style.



Pour ceux qui aiment découvrir de nouveaux horizons de littérature, des univers jamais abordés et dont on parcourt les chemins sans trop savoir où ils vont nous mener mais dont on revient ébloui.
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L'un l'autre

Il faut se méfier des habitudes, des rituels du quotidien. Ce nouveau roman de l’un des plus brillants défricheurs de l’âme humaine, l’auteur Suisse alémanique Peter Stamm, vient en faire la brillante démonstration. Quand la vie semble aussi bien réglée qu’une montre helvète, il se peut fort bien qu’elle devienne oppressante. Au point de vouloir à tout prix changer les choses. Au retour de leurs vacances en Espagne, Thomas, Astrid et leurs enfants Ella et Konrad retrouvent leur pavillon de la banlieue zurichoise. Pendant que la nuit tombe, on prend un dernier verre autour de la table du jardin en lisant la presse dominicale. Astrid s’occupe de coucher les enfants puis de défaire les valises. Elle va lancer une première machine de linge, rejoindre quelques minutes son mari avant d’aller se coucher à son tour.

À son réveil le lendemain matin, les deux verres sont encore sur la table, l’un est encore à moitié plein. Mais Thomas n’est plus là.

En attendant son retour, on vaque au quotidien. Les enfants vont à l’école, Astrid va faire quelques longueurs à la piscine. Les heures s’écoulent jusqu’au moment où l’inquiétude commence à prendre le dessus, car Thomas ne donne plus de nouvelles.

Le chef de famille a pris la clé des champs. Au lieu de rejoindre sa femme, il a ouvert le portail et cheminé dans les rues, sans autre but que de s’éloigner. Le lecteur va le suivre dans son errance au fil des jours. Une randonnée qui va le conduire bien au-delà du pays, pour reprendre le titre original du livre Weit über das Land.

Car outre le côté introspectif pour l’un et l’autre – sans doute l’aspect essentiel du livre – la fugue de Thomas nous permet de découvrir une partie de la Suisse allant du canton de Zurich à celui du Tessin, en passant notamment par la Suisse centrale et notamment le canton de Schwytz. Outre les vaches et les croix en tout genre, le marcheur sera témoin de l’urbanisation croissante du pays. Il lui faudra aussi lutter avec une météo assez médiocre, la pluie et le froid venant le surprendre.

C’est du reste en obligeant Thomas à se concentrer sur les aspects vitaux de son parcours – où passer la nuit ? Où trouver à manger ? Comment éviter les rencontres désagréables – que Peter Stamm pousse son lecteur à chercher par lui-même quelles peuvent être ses motivations profondes.

Pour Astrid les choses sont à la fois plus simples et plus difficiles. Après quelques jours, elle est contrainte de signaler la disparation de son mari à la police, même si elle préférerait que cela ne se sache pas trop. Comme chaque personne adulte est libre de circuler dans le pays comme elle l’entend, il n’est du reste pas question de lancer une chasse à l’homme. Mais la consultation de son relevé bancaire peut livrer des indices. Du côté de Frauenfeld, il s’est équipé de tout le matériel nécessaire à la randonnée et a retiré de l’argent liquide. Astrid va en avoir confirmation en se rendant sur place, mais ne pourra cependant localiser son mari dont les traces vont se perdre. Avec ses enfants, elle va devoir apprendre à vivre avec l’absence. « Mais soudain elle sut que Thomas ne serait pas là non plus pour le dîner, et demain non plus. Cette idée lui coupa la respiration, il ne s'agissait pas d'inquiétude, elle était prise d'une peur qui la paralysait, comme si elle savait déjà ce qui allait arriver. »

La plume de Peter Stamm est d’abord descriptive, faite de choses vues, de notes prises sur le vif, elle retrace les emplois du temps mais ne porte jamais de jugement. Tout juste s’autorise-t-elle à rendre compte des interrogations, des hypothèses émises par l’un et l’autre. C’est ce style à la fois dépouillé et très précis qui donne toute sa force à cette quête. Après l’histoire de Gillian et Matthias dans Tous les jours sont des nuits, voici une nouvelle version du thème de prédilection de l’auteur, cette relation particulière que forme les couples. Et contrairement à ce que l’on peut imaginer, l’amour y tient aussi cette fois, un rôle majeur.


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