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Citations de Pierre Jourde (329)


Ne crois pas, disait la danseuse, avec le petit air ironique et buté que je n'avais jamais si bien distingué, ne crois pas que le plus triste, dans vos vies, vienne du tragique : c'est vrai, on vous dépouille progressivement de tout, vos amours, vos plaisirs, votre corps, votre beauté, votre raison et jusqu'à votre dignité. Mais de telle sorte que cela soit aussi mesquin, ridicule, ennuyeux et bête. Vous n'aurez pas le plaisir de la grandeur tragique.Vous vous ennuyez à souffrir, vos enfants s'ennuient à vous regarder souffrir et ils s'ennuient à vous enterrer.
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On pose au préalable quelques questions à Angot. [...] Elle lit son texte, elle le lit bien, avec cette énergie qui la caractérise, prouvant ainsi qu’on peut savoir lire même si on ne sait pas écrire. Comme ce qu’elle écrit se fonde sur deux ou trois effets rudimentaires toujours repris, oralité, répétitions, ça facilite la lecture à voix haute.
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Encore aujourd'hui, lorsqu'il m'arrive, la flûte de champagne à la main, de bavarder avec des universitaires brillants, des écrivains réputés, je suspecte parfois que la puanteur est là, sur moi, aussi acharnée à me poursuivre que celle du jasmin chimique des chiottes grand-maternelles.
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Comment l'abandonner sur ce lit, dans cette chambre, rentrer chez nous, préparer le repas, dîner, se coucher tout en l'imaginant en proie au lit, aux murs, aux appareils, aux bruits des couloirs, à la nuit, à tout ce qui veut nous l'enlever et le rendre semblable à la froide matière?
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Que reverrons-nous au juste? On voudrait l'éternité avec le temps. Il nous faut ce qui passe et nous redoutons que cela passe.
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Les journalistes sont très sourcilleux pour défendre leur liberté d'expression, avec de grands mots et des idéaux bien sonores, mais lorsqu'on les critique, c'est-à-dire qu'on use contre eux de la liberté d'expression, ce n'est plus de la liberté d'expression, c'est du populisme, du lépenisme, et ils se débrouilleront pour l'étouffer tant qu'ils pourront, la liberté d'expression, tous les moyens seront bons, à condition qu'ils soient discrets. Donc, pour quelques phrases ironiques, ils y vont, à tour de bras : menaces, insultes, annulations, diffamation, interdictions, suppressions d'articles, censure. Tantôt c'est fait directement, tantôt c'est la trouille des conséquences qui pousse les directeurs de revues, les animateurs d'émissions, les journalistes libres et indépendants à prendre les devants. Je découvre, ahuri, que la France a quelque chose de l'Union soviétique, en plus malin : ça ne se voie pas.
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C'est ainsi, cela devait être, nous nous rendons à l'évidence et à l'inévitable réel, et pourtant, à chaque instant, nous le refusons en même temps.
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Dans cette bulle d'illusion, faite de soleil, de mer, de palmiers, de couleurs, sans hôpital, sans salle d'attente, sans scanner, sans IRM, le cancer semblerait presque parfois avoir miraculeusement disparu.
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Au cirque des urgences, c'est l'ennui qui exécute le numéro le plus impressionnant, en duo avec l'angoisse.
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La vie hospitalière est avant tout faite d'attente. On attend l'arrivée de l'ascenseur. On attend l'arrivée du véhicule sanitaire. On attend en salle d'attente le rendez-vous avec le médecin. On attend au secrétariat. On attend la visite de l'interne. On attend de pouvoir passer l'examen. On attend le résultat de l'examen.
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Inaugurer alors cette rhétorique qui deviendra habituelle dans les mois qui vont suivre : se rapprocher le plus possible de la vérité, sans jamais la livrer dans sa version par trop désespérante.
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Ta photographie d'enfant joyeux est celle, à jamais d'un enfant qui va bientôt mourir.
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Parfois, dans ta rêverie, tu traverseras la pierre, tu iras te mêler au corps granuleux des vieux murs, tu te fondras dans la substance noueuse des arbres, tu iras au fond de l'étable écouter le souffle des veaux, et tu croiras que c'est l'enfance encore, l'enfance qui tourne et retourne dans les eaux éternelles. Tu pénétreras ta maison, tu chercheras les lits dans lesquels, longtemps auparavant, dans les années, tu rêvais déjà ce moment, tu chercheras dans la nuit la lumière des longs après-midi sans fin, tu descendras les ruelles escarpées, vers l'église, vers les abreuvoirs, tu seras toujours là, malgré eux, chez toi.
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Il est arrivé que, trop haut perché sur le côté d'un tracteur entrant trop vite dans la grange, un paysan heurte du crâne le linteau de basalte. Porté un peu plus bas, le coup aurait pu l'assommer ou le tuer. Un peu plus haut, la casquette seule aurait volé. Mais la pierre était passée au ras de la tête, le scalpant net. Ses cheveux ne tenaient plus au crâne mis à nu que par une bande de peau à l'arrière. Ils lui pendaient sur la nuque comme une capuche. Le sang coulait. Comme on lui faisait remarquer la nature exacte du problème, il se contenta de se recoiffer, d'un geste simple. Il fallut tout de même aller à l'hôpital, le panache ne suffit pas.
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Un col, d'ailleurs, n'étant jamais qu'un point bas entre deux points hauts, on pourrait estimer, me disais-je, non sans ironie douloureuse, qu'une chaîne de montagnes quelconque est constituée pour moitié de cols (et le reste de sommets).
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Je sentais douloureusement chaque fraction de sa peau épousée exactement par l'eau, sa nudité dessinée en creux. Scène scandaleuse, dont personne ne s'apercevait, à part moi. Nul ne la posséderait jamais comme la mer la possédait en ce moment, avec cette précision exhaustive et détachée, personne ne se montrerait capable de la recevoir avec cet amour sans phrases. Toute la mer, qui accueillait ce corps, en était à présent l'empreinte invisible. Toute la mer était le sexe de Sylvie et ses seins. La regarder, en n'importe quel point, revenait à contempler le corps nu de Sylvie, alors même qu'il venait de s'y cacher.
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On veut maintenir vivante l’image de celui qui n'est plus. En revenant à son visage, on parvient à oublier l'appareil froid du deuil, les souvenirs viennent s'articuler à ce point fixe de la présence. On lui assure une survie chétive, égrotante : ce fantôme, dans la mémoire, est condamné à refaire toujours les mêmes gestes.
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On ne peut pas même se reposer dans la bonne conscience du chagrin : si l’on éprouve rien, on se le reproche. Lorsque revient la souffrance, aussi insupportable soit-elle, on se rassure sur ses capacités d’amour. On se suspecte de l’avoir cherchée pour se savoir gré de souffrir. De sorte que même les moments où l’on est empoigné à l’improviste, secoué, retournée, vidé, condamnent à s’en vouloir.
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L'hiver dure huit mois,d'octobre à mai.On ne peut se chauffer au bois,il n'y a pas d'arbres,seulement des buissons et quelques arbustes.On fait brûler la graisse de yack.Le yack est un animal universel.On s'habille en yack,on se nourrit de yack,on se chauffe en yack,on se loge en yack,on se déplace en yack, on décore avec du yack,on fait de la musique dans du yack.
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Une culture est pleinement vivante lorsque la création se développe dans une vaste diversité de genres, de formes et de lectorats. Cela signifie notamment qu'il faut à la fois, pour que cette culture respire, des œuvres d'avant-garde ou de recherche, des œuvres populaires de qualité, et des œuvres qui assurent le passage entre ces deux catégories. Cela implique aussi une activité critique incessante, qui fasse le départ entre culture populaire authentique et faux-semblants commerciaux, avant-garde vivante et élitisme gratuit. Bertin se tient à ce point d'équilibre, entre art populaire (la chanson), exigence créatrice et travail critique.
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