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Citations de Pierre Jourde (329)


C'est vrai que je ne peux pas m'empêcher d'assortir l'expression de ma tendresse, de mon admiration ou de mon amour d'un peu de rudesse, ou d'ironie, pour éviter ce qu'il peut y avoir pour soi, mais aussi pour l'autre, d'un peu gênant dans le pathos. Asséner son amour en bloc et sans le casser un peu, c'est coincer l'autre dans un coin, lui rendre la réplique très difficile. j'ai fini par comprendre qu'il fallait aider l'autre à recevoir l'amour.
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On repère Panikhar à sa mosquée couleur jade, insérée dans un creux des montagnes. C'est une oasis au milieu de la roche violette, sur laquelle se détache le vert fluorescent de petits champs circulaires. Des roches cyclopéennes sont restées plantées au milieu, qui les font ressembler à des jardins zen. Des buissons de fleurs d'un rose éclatant bordent les routes. L'eau dévale des montagnes, captée par d'innombrables petits canaux. Mais, dans ce paysage paradisiaque, les hommes ont introduit leur goût de la souffrance et de la soumission. Dans les champs, les femmes effarées, craintives, cherchent à se dissimuler derrière leurs voiles noirs. Quant aux hommes, nous les trouvons entre eux, à la terrasse des cafés, fumant le narghilé.
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Seul, on a l'impression de ne défendre que soi. À deux, on forme une société, on prend plus aisément, ne fût-ce qu'à ses propres yeux, l'allure d'un défenseur du droit.
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La route se transforme doucement en lieu. Les virages ne sont plus des détours, ils valent pour eux-mêmes.
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Les ponts de pierre et les pommiers rabougris maintiennent le paysage dans une désuétude paresseuse. Eux-même se retiennent, se tassent. La croissance figée dans ler masse noueuse s'est muée en retours tortueux sur soi.
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Au-dessous de la littérature visible existe ainsi une littérature invisible, faite de milliers de textes qui ne seront pas publiés, que presque personne n'aura lus, et qui n'est sans doute guère moins intéressante que celle que nous connaissons. Elle disparaîtra, sans traces, sans mémoire. On pourrait rêver de dictionnaires, d'encyclopédies de la littérature invisible, où figureraient des noms inconnus, des titres qui ne disent rien à personne. C'est notre bibliothèque d'Alexandrie: elle brûle en permanence, de toute la masse de livres que rejette l'édition. L'histoire d'une littérature n'est jamais que celle de la partie émergée des textes. Non un fait absolu, mais l'actualisation d'une possibilité.
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Vous appliquez à notre monde des grilles vieilles de trente ans, Saurat. Toujours une époque de retard, les intellectuels. Ce ne sont pas les damnés de la terre qui pendent à Téhéran une jeune fille de seize ans à une grue de chantier parce qu'elle a fait l'amour avec son fiancé. Ce ne sont pas les damnés de la terre qui lapident une gamine de treize ans parce que son frère l'a violée et qu'elle est par conséquent impure.
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Certains organes littéraires ont une responsabilité dans la médiocrité de la production littéraire contemporaine. On pourrait attendre des critiques et des journalistes qu'ils tentent, sinon de dénoncer la fabrication d'ersatz d'écrivains, du moins de défendre de vrais auteurs. Non que cela n'arrive pas. Mais la critique de bonne foi est noyée dans le flot de la critique de complaisance. On connaît cette spécialité française qui continue à étonner la probité anglo-saxonne : ceux qui parlent des livres sont aussi ceux qui les écrivent et qui les publient.
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Écrire



Écrire consiste à rêver avec une intensité telle
que nous parvenons à arracher au monde un
morceau.
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Pierre Jourde
Le paysage se découvrait et s'élargissait. C'était à présent de vastes steppes presque dépourvues d'arbres, à l'exception, de loin en loin, de minces bandes de sapins noirs. Les prairies se déployaient en larges courbes jusqu'à l'horizon festonné de montagnes bleues. Le vent battait ces espaces grands ouverts, secouait les hautes herbes mêlées de fleurs sauvages, et les burons lointains avaient l'air de sombrer dans la profondeur des ondulation telluriques.
(Paradis noirs)
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Et la route de fair, à mesure que les kilomètres passaient, nous enfoncaient dans les souvenirs. En nous emportant vers les feux des êtes d autrefois elle ranimait les images du passé qui se deployaient comme naturellement au fil des heures et nous ramenait à travers les années vers le temps évaporé de l enfance.
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Arriver en Auvergne, c'est assister au spectacle de la terre saisie par une progressive ivresse de courbes. On les voit naître, se déployer devant soi, arriver à leur épanouissement et puis se replier lorsque d'autres surgissent à leur tour, comme des vagues. Et ce mouvement éveille une inflexion intérieure, l'épouse, l'attire à lui, la prolonge vers le monde qui semble alors lui promettre se s'étendre jusqu’à la plénitude.
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... Il aura, ce coeur, presque autant pleuré sur le destin du héros de "Eye of the Beholder", ou sur la mort de Maggie dans "Million Dollar Baby", que sur celle de Gazou. Pleuré physiquement, c'est du pur poids des larmes qu'il s'agit, pas des vraies blessures. Mais les larmes versées sur la fiction n'insultent-elles pas celles qui coulent pour la réalité ?
Mais dans "Eye of the Beholder" comme dans "Million Dollar Baby", il n'est question que de paternité. C'est la douleur du père voyant l'enfant mourir qui faisait déjà sangloter alors, la même que celle qui devait être un jour infligée, et peut-être la fiction éveillait-elle à sa vérité ce coeur qui savait déjà ce qu'était cette douleur avant même de la connaître.

pp. 59-60
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Tu as été, tu n'es plus, et cette contradiction est une monstruosité.
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C'est pourquoi un vrai roman est peut-être toujours un roman du secret. Il tourne autour de quelque chose d'obscur, profondément enfoui, et qui ne sera jamais tout à fait éclairci.
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Celui qui s'est remis entre les mains de l'alcool atteint, dirait-on, un lieu en-deçà de tout, au-dessous de lui-même. Là, plus rien qui résiste. Cela veut se perpétuer, cela glisse de soi-même sur une surface dépourvue d'aspérités. Le temps même n'existe pas, on n'est pas encore tout à fait. On est avant : avant que quelque chose arrive, avant sa propre naissance. On a toujours pensé que cela pouvait exister, on ne savait comment y aller. L'alcool trouve la voie. Les chutes et les malheurs, les coups et les accidents peuvent bien se produire, on demeure là où ça n'arrive pas encore. Et la vie se déroule comme un défilé de figures sans épaisseur. Alors, on peut l'endurer.
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Tu n'es pas ici chez toi : tout est dit. depuis ta propriété, depuis tes bâtiments, celui qui les occupe et les loue te braille aux oreilles que tu n'y es pas chez toi. Lui, enrevanche, il est chez lui. La voilà, la pensée de derrière, qui veillait sourdement pendant les parties de belote et les dîners à la maison, dans cette même maison où tu n'es pas chez toi, dans ce village où l'on a décrété que ta place n'était pas. Et tu comprends brusquement, pauvre naïf petit bonhomme, qu'il en a toujours été ainsi, cela ne date pas du livre, si profond que soit ton attachement à ces lieux dans leurs moindres détails, quels qu'aient été les sourires et les mots aimables, ils avaient décidé, dès le début, que tu n'étais pas d'ici.
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Au début, ça n'avait pas été un livre, mais une simple nouvelle, qui se cantonnait à la narration des obsèques de la fille de François et Marie-Claude. Une fois la nouvelle publiée, tu lui avais donné les dimensions d'un livre, simplement en décrivant les vivants qui viennent voir la morte, à la veillée, et les morts qui ne pourront pas venir, mais qui sont là quand même. (...) Il n'y avait pas un "eux", ni un "je", mais le plus souvent un "nous" qui t'englobait, toi, ta famille et les autres familles dans une collectivité rassemblée autour du deuil. Qui vous associait dans tout ce que tu évoquais, puisque tu t'étais vautré tout petit dans la fosse à purin, vautré jeune homme dans la neige, perdu d'alcool, puisque ton père, tu le racontais, était issu d'une union adultérine et consanguine. Qui vous associait aussi dans les saisons et les travaux.
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On a besoin de croire que les parents n'ont pas d'histoire. Ils servent à fonder la nôtre. Les faire entrer dans l'histoire, c'est les tirer de l'absolu où nous avons besoin qu'ils demeurent.
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Les montagnes nourrissent chichement deux espèces de vieux célibataires; le petit desséché, face étroite comme une lame, tout entière consacrée à un nez rocheux et à une paire d'oreilles destinée à retenir le béret ; ou l'hercule sanguin, au visage rond, aux pommettes larges, aux yeux de nomade kirghize, qui arrête le soleil lorsque sa carrure s'encadre dans la porte. Joseph appartenait à la seconde.
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