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Critiques de Pierre Magnan (336)
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Ma Provence d'heureuse rencontre : Guide se..

Si vous vous promenez en Provence, pas sur la “côte” bien sûr, il n’y a que la mer, ses galets et trop de touristes huileux, mais davantage au nord dans ce département qu’on nommait jusqu’en 1970 les Basses-Alpes, vous aurez la chance de découvrir un pays d’une infinie beauté, sauvage et douce à la fois, brute et fragile en même temps, secrète et prolixe aussi. Si vous n’avez pas le loisir d’y aller, le temps, la distance ou les moyens vous en empêchant, plutôt que dans un catalogue de voyages vous ramenant inévitablement aux sites les plus touristiques (et donc à mon introduction !), plongez-vous dans ce petit bijou de poésie que nous a écrit avec tendresse Pierre Magnan en 2005, afin de présenter les écrins dans lesquels il a situé nombre de ses livres.



Au fil d’une vingtaine de chapitres rappelant de temps à autre un de ses romans, il égrène ses souvenirs de jeunesse, tout enfant quand passait l’herboriste, plus tard au cinéma de plein-air, ou encore à l’atelier de typographie où il était apprenti. Vous y croiserez Giono son maître en écriture, une théorie de bergers “samenant” des glands pour repeupler les chênaies, son père ou son grand-père pestant contre les caprices de la Durance érodant leur parcelle de vigne qui produisait un vin noir et âpre, ou sa grand-mère préparant sa soupe de pois chiches et de lard. D’autres personnages encore de l’univers de Magnan : son meilleur ami Laviolette, un instituteur dans son école, un hussard nommé Angelo, Fioro, un peintre famélique bradant son talent pour un bon repas… De Digne à Forcalquier, de la montagne de Lure au plateau de Valensole, de Manosque à Sisteron, vous n’aurez pas assez d’une vie pour arpenter tous les chemins de ce département chéri par l’auteur. Vous visiterez le château de Sauvan à chaque fois reconstruit selon les intrigues. Vous remonterez le cours de la Durance pour en connaitre peut-être la véritable source : la Clarée pourtant pas moins grosse.

Si les chapitres d’inégales longueurs sont tous différents, une chose unique les relie : l’amour de l’auteur pour son pays bas-alpin, pays pour lequel il a cette formule très imagée : « vous serez à même de comprendre pourquoi ce pays me convient et pourquoi, y étant admis, je puis en toute quiétude être atteint d’incuriosité totale pour le reste du monde.»

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La maison assassinée

L'intrigue de la maison assassinée de Pierre Magnon est plutôt bien ficelée, Au fil des pages le mystère des meurtres perpétrés n'en fini pas d'intriguer le lecteur par sa complexité.

Un roman où l'amour, la passion et la rancoeur s'entremêlent, brouillant habilement les pistes pour Séraphin Monges dont le calme placide déroutant est loin d'imaginer que la vérité se cache là où on l'attend pas.

Un récit captivant, une écriture habile, qui nous plonge au coeur d'une énigme où les non dits se dévoilent peu à peu. Pierre Magnan a le don de nous émouvoir en toutes circonstances, je pense notamment à Laure du bout du monde, mon coup coeur de cet auteur.
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La Maison assassinée, tome 2 : Le Mystère de Séra..

Si la triste destinée de notre héros de la Maison assassinée, Séraphin Monge, va bientôt se trouver enfouie sous une coulée de boue dans les montagnes bas-alpines, sa renommée ne va pas s’arrêter là, les villageois étant persuadés que les restes de ce malheureux ont le pouvoir d'empêcher un glissement de terrain de les engloutir à leur tour…



Rose a épousé Patrice Dupin, à la gueule cassée. Mais son corps se refuse au plaisir et bientôt c’est la vue même de son mari qui l’épouvante. Il va mettre fin à ses jours d’un coup de revolver. Rose fait alors construire un tombeau de marbre rose dans la propriété des Dupin, Pontradieu, dont elle a hérité et monte une expédition pour aller récupérer la dépouille de Séraphin…



Marie a enfanté trois fils avec Tibère, dans l’ardeur d’un plaisir qu’elle partage avec le fantôme de Séraphin auquel elle n'a jamais cessé de penser. Son père sur son lit de mort lui a confié que son mari avait tué Monge, et elle le soupçonne à son tour après la découverte des os des mains de Séraphin enterrés sous la cheminée…Tibère se suicide, alors que Marie va mettre au monde leur troisième fils, Ismaël, né aveugle.



Les deux veuves vont alors unir leur malheur et vivre à l’ombre du tombeau où les os de l’homme qu’elles ont aimés sont enfin réunis. Et un jour le miracle se produit : le petit Ismaël, qui avait été déclaré incurable par tous les médecins de la région, tombe sur une marche du précieux monument et retrouve la vue…



Il n’en fallait pas tant pour le tombeau devienne un lieu de pèlerinage et que le curé retrouve ses oilles. Mais à quelques kilomètres de là le glissement de terrain a repris de plus belle et la vie du village est menacée. C’est alors qu’éclate la seconde guerre mondiale. Et dans sa tourmente, tout devient possible, y compris arracher à leur douce sépulture quelques os miraculeux…



L’humour féroce de Pierre Magnan, son merveilleux talent de conteur, nous offre un récit captivant…On y retrouve tous les ingrédients d’un grand roman, des personnages truculents, une plume riche et sensuelle plongée au cœur des mœurs des villages de Provence où se mêlent faits réels et miracles, passions humaines, ravages de la nature et de la guerre dans une épopée délirante qui traverse le vingtième siècle...sans jamais tomber dans le macabre ! Un chef d'œuvre !

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Les Courriers de la mort

Pierre Magnan nous entraîne ici dans une étrange affaire de meurtre à vous couper le souffle. Une petite boîte aux lettres située contre la porte d'un cimetière de Barles, près de Digne dans les Alpes-de-Haute-Provence, reçoit la signature de ce mystérieux assassin avec la mention suivante : «Comme vous mesurez, il vous sera mesuré ». Le juge Chabrand, se sentant dépassé, fait alors appel à son vieil ami, le commissaire Laviolette (personnage récurent des romans de Magna). Bien que ce dernier soit à la retraite, il n'hésite cependant pas à sortir de son oisiveté pour tenter de résoudre cette mystérieuse affaire. Qui est exactement cet Émile Pancenat, qui dimanche après dimanche, se rend dans ce cimetière pour creuser sa tombe et qui découvrira les fameuses lettres de ce « corbeau » ou encore Véronique Melliflore, la première victime de notre assassin. C'est bien connu, la vengeance est un plat qui se mange froid mais que décèle cette énigme ?

Je vous invite vivement à venir le découvrir car Pierre Magnan réussit avec brio à nous tenir en haleine jusqu'à la fin du roman. Auteur natif de ma région, j'ai eu le plaisir de le rencontrer en 2009 et si vous ne le connaissez pas encore, le détour par un ou plusieurs de ses romans vaut le coup d'oeil. Bonne lecture !
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Le Commissaire dans la truffière

Littérature régionale relatant la vie d'une région de haute provence. L'énigme est un peu brouillon et trop d'explications ne sont dévoilées qu'à la fin. Il n'y a aucun suspense; Heureusement l'écriture est très bonne reprenant aussi les expressions et vocabulaire de la région.
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La maison assassinée

Un drame dans l'arrière pays provençal, magnifiquement écrit. L'auteur Pierre Magnan mérite d'être lu tant la qualité de son écriture simple et puissante nous impressionne. La pureté des sentiments décrits nous rend humbles et nous laisse bien retourné par cette histoire émouvante qui va se dévoiler par étapes bien surprenantes.
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Les Courriers de la mort

J'ai découvert pierre Magnan avec les romans dont le titre parlait du commissaire Laviolette, car le nom me paraissait prometteur...

Et puis, peit à petit j'ai eu envie d'acheter du pierre Magnan sans m'attacher au commissaire. Ce roman est un compromis car Laviolette n'y est pas le personnage principal.

Je trouve que l'idée de départ est originale; une boite à lettre au portail d'un cimetière, et l'histoire se développe. Je ne la raconte pas. D'autres l'ont sûrement fait, et c'est à vous de la découvrir.

Ce qui est sur, c'est que l'on retrouve ici l'écriture vraie, littéraire si j'ose dire, de Magnan,, avec l'humour et le savoir faire "policier" qui le caractérise.

Un très bon petit polar.

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Le sang des Atrides

Ah ! enfin un roman qui ne se déroule pas à Paris ! Ce lauréat du Quai des Orfèvres 1978 a l’honneur en effet de se passer à Digne..

Le titre ferait certainement allusion aux descendants d’Atrée ; il faut dire que j’ai toujours été passionné de mythologie grecque, et que je connais donc cette famille un peu désordonnée.

L’auteur reprend un de ces dignes descendants ; il modifie les noms, et un peu l’histoire, mais on sent l’inspiration. Je n’en dis pas plus, car l’auteur vers la fin explique d’où vient son inspiration. Donc ne divulgâchons pas !

Ce qui m’a frappé, c’est le style : « Ils seraient soulagés que vous eussiez tort. » L’auteur ne recule jamais devant un imparfait du subjonctif, et c’est suffisamment rare pour le signaler, et l’apprécier.

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Élégie pour Laviolette

Je sors d'une "binge reading" ou plutôt "rereading " pour la plupart. Cependant celui-ci m'avait échappé en son temps. Il vient clore la série, pas en beauté hélas



C'était pourtant une bonne idée de ressusciter Laviolette dont le décès à la fin du volume précédent m'avait beaucoup peiné. Peut-être l'auteur, à l'instar de Conan Doyle avec Sherlock Holmes, avait-il voulu se débarrasser d'un personnage dont il s'était lassé, puis, dix ans après en a-t-il eu pitié, ainsi que des lecteurs. Quoiqu'il en soit, nous voilà en possession de l'ultime volume des aventures de notre cher commissaire. Pour notre plus grand bonheur ? C'est que...

Malheureusement le livre n'est pas raccord avec les autres. Oh, sur la résurrection elle-même, rien à dire. Après tout, on ne nous avait pas expressément dit que Laviolette était mort. Il peut très bien se rétablir à l'hôpital. Mais il est plus difficile d'accepter qu'au passage il ait rajeuni de plus de dix ans. A la fin d, Elegie, il est âgé de soixante treize ans et à la retraite depuis un certain temps. Et voilà que nous le retrouvons en activité, avec une petite soixantaine. Et voilà un autre problème. L'action se déroule au début des années 2000 puisqu'on paie en euros. Notre commissaire est donc né aux alentours de 1940, ce qui rend sa participation à la Résistance problématique. Peut-être des biberons explosifs?

Mais après tout cela ne gêne peut-être que quelques maniaques comme moi.

Malheureusement l'intrigue n'est pas plus réussie. Sa ressemblance avec celles des autres volumes n'est que superficielle : la tragédie y est remplacée par le burlesque, voire, à la fin du livre, par la grosse farce, au point qu'on pourrait croire à une auto-parodie.

C'est peut-être le volume de trop.

Je mettrai quand même deux étoiles, j'ai tant aimé Laviolette !
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Le Secret des Andrônes

Ma première rencontre avec Pierre Magnan, plutôt très convaincante. On m'avait conseillé la gouaille du commissaire Laviolette et je n'ai pas été déçu.

L'auteur distille son mystère et ses indices avec adresse et parcimonie et parvient à nous surprendre jusqu'au bout (bon, au prix d'une affaire quand même un peu invraisemblable, ce qui est malheureusement souvent le prix à payer pour ne pas laisser deviner la chute trop vite.)

Dans ce suspense huis-clos (un peu à la Agatha Christie) dans la ville de Sisteron, où règne l'omerta sur le passé trouble, le style de Magnan est littéraire et très agréable à lire, à mille lieues de beaucoup de polars modernes où seule compte l'intrigue et où l'écriture est devenue trop factuelle.
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Le sang des Atrides

Voilà un petit livre sans prétention mais qui m'a laissé un réel plaisir de lecture.

Pensez donc, prix du quai des Orfèvres en 1978 !

C'est un roman policier atypique avec son commisaire Laviolette et le juge Chabrand qui sont bien contents de vivre et travailler dans cette belle ville tranquille de Digne dans les Basses Alpes.

Et bien, avec un cadavre dans la rue Prête-à-Partir, fini la tranquillité et en plus l'arme du crime semble être un galet, mais quelle histoire !

L'auteur prend plaisir à nous décrire sa région avec gaieté, les dialogues sont plein de truculence, j'adore !

Quant au titre du livre le rapport avec la mythologie grecque nous sera révélé à la fin du roman.











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Le tombeau d'Hélios

Pierre Magnan, pour ceux et celles qui ne le connaissent pas, est un auteur de romans policiers ;

Pierre Magnan, pour ceux et celles qui ne le connaissent qu’imparfaitement, est un écrivain très attaché à ses racines de Haute-Provence ;

Pierre Magnan pour les heureux veinards qui ne le connaissent pas et vont le découvrir, est donc un auteur de romans policiers qui se situent dans les collines et la basse montagne des Alpes de Haute-Provence (ex-Basses-Alpes), c’est-à-dire qu’il cumule, en quelque sorte, le polar et le roman de terroir.

Nous sommes à Manosque. Ce nom ne vous rappelle personne ? Jean Giono, bien sûr. Nous sommes en plein dans son pays, celui qui a nourri son œuvre, et qui nourrit maintenant celle de l’un de ses élèves, Pierre Magnan, qui, lui, a choisi plutôt d’ancrer dans ce décor des intrigues policières bien ficelées qui mettent en valeur le pays autant que ses habitants.

A Manosque, donc, cinq amis créent une association (pas vraiment caritative) où ils mettent en commun une somme d’argent. Si l’un des membres décède sa part revient aux autres. Et justement, c’est ce qui arrive à Paterne Lafaurie, un pomiculteur « à l’ancienne », adepte du pesticide intensif. Accident ? Suicide ? Meurtre ? Et ce n’est que le début… Le commissaire Laviolette et le juge Chabrand, à nouveau associés dans un attelage insolite mais finalement efficace, vont se trouver devant une enquête du genre ardue et passablement mystérieuse. Les paysans, dans ce pays, sont rudes, et la terre et l’argent sont plus importants que tous les sentiments. Il est des vérités qui n’ont pas intérêt à être dites, et celles qui sont dites, eh ben, elles font rudement mal.

Les habitants ressemblent au pays (comme chez Giono, mais ce n’est pas surprenant). Il y a des drôles de gens : une mémé de quatre-vingt-quinze ans qui dit la bonne aventure… Un artiste, (c’est lui Hélios), « artiste lapidaire », prénommé Sidoine Apollinaire… Un mystérieux porteur de télégrammes en motocyclette, coiffé d’un casque rouge…

« L’an 19… le 12 octobre, ont comparu devant nous Jean-Baptiste Ambroise Chalgrin, notaire, docteur en droit, successeur de son père, etc., les nommés : Lafaurie Paterne Omer, cultivateur, etc. ; Dardoire Félicien Emile, viticulteur, etc. ; Armoise Etienne Lambert, officier ministériel, etc. ; Chantesprit de Gaussan Aubert Calixte Anne, propriétaire, etc. ;Hélios Sidoine Apollinaire, artiste lapidaire, etc. lesquels ont déclaré vouloir former entre eux pour la durée de trente ans… »

C’est dans cet ordre que les signataires les uns après les autres, passent de vie à trépas. Est-ce à dire que le dernier, Hélios, est l’instigateur et le maître d’œuvre de cette monumentale machination ? Et les femmes, dans tout ça ? Ah ben oui, parlons-en des femmes. Elles sont, mais elles sont…je ne peux pas vous dire ce qu’elles sont, vous le verrez bien en lisant ce roman rustique, truculent, et en même temps tragique, portrait d’un monde de paysans, de propriétaires terriens et de petits bourgeois provinciaux, qui n’est pas sans rappeler certaines scènes de Balzac, de Zola, ou plus près de nous de Marcel Aymé…

Le tout servi par la belle langue de Magnan, colorée, évocatrice, à l’occasion égrillarde, et toujours pleinement respectueuse du terroir qui a fait naître ces histoires…

A noter une excellente adaptation de Bruno Gantillon en 2011, avec toujours l’excellent Victor Lanoux dans le rôle de Laviolette

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La maison assassinée

Pierre Magnan (1922-2012) est né à Manosque. Oui, comme Jean Giono, qui fut son mentor et son ami. A quinze ans, la rencontre avec le romancier de la Haute-Provence fut une révélation : « percuté pour la première fois par une émotion inconnue », il suivra Giono jusqu’à sa mort, ayant appris auprès de lui le goût de la littérature, et l’amour de la terre natale.

Il n’est donc pas étonnant que les lieux décrits dans les romans de Magnan ressemblent à ceux de Giono : ce sont les mêmes. Si les intrigues diffèrent (celles de Pierre Magnan tirent plus vers le policier) l’ambiance générale est la même, les personnages riches de la même matière, à la fois tellurique et humaine, et cette osmose entre la terre, le ciel et l’eau qui compose le cadre des romans de Giono.

« La maison assassinée » (1984) est un roman policier de terroir. En 1896, dans une auberge familiale du village de Lurs (dans la région de Forcalquier), une famille entière est massacrée. En 1920, Séraphin Monge, le seul survivant de ce massacre (il était à l’époque un bébé de trois semaines) revient au village. La maison, inhabitée, est maudite et passe pour être hantée. Séraphin la détruit pierre par pierre. Il est hanté par l’image de sa mère. Certains indices le mettent sur la piste du ou des meurtriers. Mais, dans son désir de vengeance, il semble qu’il soit devancé par un autre justicier…

L’intrigue est en place. Elle brasse le passé et le présent. La guerre qui n’est pas si loin (deux ans à peine) a marqué les esprits et parfois les corps. Les personnages sont souvent animés par des peurs paniques, ou des superstitions ancestrales, il y a des secrets cachés dans les pierres. Séraphin avance dans l’inconnu, il est entouré de silhouettes inquiétantes, paysans retors, châtelains bizarres… Ce qui n’arrange rien c’est que plusieurs femmes lui tournent autour, dans quelles intentions ?

Comme chez Giono, le fait divers devient une tragédie « à l’antique ». La vengeance de Séraphin, toute légitime qu’elle soit, ne sera pas sans effets, sur lui et sur son entourage. L’auteur joue finement avec son héros, comme il joue avec le lecteur, les embarquant l’un et les autres dans une enquête où les fausses pistes ne manquent pas, où les chaussetrapes et les faux semblants foisonnent. C’est un véritable roman policier palpitant et passionnant.

Et en même temps c’est un roman de terroir, profond et émouvant. On pense à Giono, on pense aussi à Henri Bosco, dans ses drames paysans (« Malicroix », « Le Mas Théotime »), où le banal se mêle à l’extraordinaire, et le quotidien à l’universel. La connexion entre la terre et ceux qui vivent sur elle est palpable.

Le style d’écriture n’est pas pour rien dans cette impression : langage fortement imagé, parsemé de mots en patois, dans cette langue colorée et ensoleillée, l’auteur met le lecteur dans sa poche et peut l’entraîner avec lui dans l’aventure.

Roman policier sans policier (le héros et le lecteur mènent l’enquête), « La Maison assassinée » tient toutes ses promesses. L’auteur revient sur cette histoire dans une « suite » parue en 1990 : « Le mystère Séraphin Monge »

Au cinéma, une belle adaptation (quoiqu’un peu molle) de Georges Lautner, en 1988, avec Patrick Bruel, Anne Brochet, Agnès Blanchot, Ingrid Held, Yann Collette…



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Pour saluer Giono

Pierre Magnan fut un proche de Jean Giono .Celui-ci lui ouvrit les portes de la culture puis , plus tard de l'écriture . Je peux témoigner de la profonde admiration que Magan portait à Giono car j'ai eu le plaisir de le rencontrer et de m'entretenir longuement avec lui. Cet ouvrage rend témoignage de la relation entre ce deux hommes , sans flagornerie mais avec chaleur et amitié. Un ouvrage indispensable pour les "gionolâtres" dont je suis.
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Le Commissaire dans la truffière

Il s'agit, sauf erreur, du troisième volume des enquêtes du commissaire Laviolette, qui en contient huit, auxquels il faut ajouter les deux romans consacrés à son aïeul, le Gendarme Laviolette. Elles se situent dans un petit monde entre Gap, Forcalquier et Sisteron. C'est la Provence, mais pas l'aimable et riante Provence de Pagnol, c'est la haute Provence, celle de Giono, le haut pays de la sécheresse, du froid, des sources rares, des villages qui se dépeuplent. C'est un pays dont la première richesse est sa population, ses hommes taiseux, durs à la peine et tous formidablement originaux

C'est là qu'est né, vit et évolue Laviolette. Il ne voudrait pas vivre ailleurs, et il a raison, car c'est un étrange pays des merveilles, où le mystère et les fantômes ne sont jamais loin

Je n'y suis jamais allé, mais je l'aime de confiance. Hélas.. le livre a été écrit en 1978, et cet univers existe-t-il encore ? J'ai bien peur qu'on y trouve comme ailleurs des centres villes et centre bourg dépeuplés de leur habitants et de leurs commerces, des fermes abandonnées, des paysans partis, des usines disparues, des supermarchés, des zones commerciales, des lotissements et des ronds-points.

Alors je n'irai pas.

Et l'histoire alors ? Eh bien des cadavres, des chênes truffiers, une truie, des rabassayres, et des crimes, bien sûr, des années mobiles, et une solution et des coupables arrêtés. Mais cela a-t-il beaucoup d'importance ?

L'essentiel est qu'à la fin nous savons que nous allons pouvoir prendre ouvrir un autre roman et retourner au pays de Laviolette. Celui-là vit dans l'esprit des lecteurs et est éternel, autant que faire ce peut.
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Les secrets de Laviolette

Quel est le secret de cette veuve presque centenaire, venue s'assoir sur le banc d'une gare désaffectée à coté de notre inspecteur Laviolette, lui même vieillissant ? Vient-elle guetter le signal du mystérieux fanal qui fut à l'origine de la mort violente de ses trois maris ? Simple signal oublié dans la nuit des temps ou arme de crimes enfouis dans le silence des familles ? Pourquoi ce besoin de se confier à un policier à la retraite ?



Quelle est cette mystérieuse cérémonie d'un autre âge à laquelle va assister Laviolette, jeune policier à peine remis d'une déception amoureuse, venu trainer son âme en peine dans un village espagnol à l'heure du régime franquiste ? Enfermé dans l'église, il y vivra un enfer dont il se fera le complice par sa lâcheté. Et voulant dénoncer le crime par la suite, il se heurtera à d'autres lâchetés dont se nourrissent les régimes politiques de tous bords...



A Monfuron, sur la route de Manosque, si vous voyez brûler le vieux chêne énorme, cela annonce la mort pour votre compagnon de route...La femme du maire, la grosse Alix, tombée amoureuse de cet arbre, n'a épousé son mari que pour cette vertu miraculeuse, le chêne faisant parti du domaine des Truche. Devenue l'amante du beau Constantin, jusqu'où vont les conduire leur désir, contrarié par le son du cor d'un vieux misanthrope qui n'en finit pas de les narguer ?



Pierre Magnan nous livre les secrets de l'inspecteur Laviolette à différents âges de sa vie, à travers trois récits pleins d'humour mais sans pitié pour la bassesse des hommes, traquant ces crimes silencieux qui nourrissent les ragots des villages, d'une plume qui vous tient en haleine du début jusqu'à la chute. Une très belle découverte. Avis aux amateurs de romans policiers ou de contes régionaux !

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Le Secret des Andrônes

Roman policier se passant à Sistereron.

Pierre Magnan, comme dans son roman "La maison assassinée" nous plonge dans l'ambiance des Alpes de Haute Province, la Durance, sa chaleur, ses odeurs de lavande, ses moutons, ses villages aux noms si chantants.

Des personnages bien décrits, une bonne intrigue qui nous tiens du début à la fin.
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Le parme convient à Laviolette

De Pierre Magnan (1922-2012), j’avais lu quelques excellents polars (en particulier "Les Charbonniers de la mort") et d’autres romans nettement moins intéressants ("Laure du bout du monde", "Chronique d’un château hanté"). Son écriture est toujours agréable, et certaines de ses intrigues de qualité, ce qui peut expliquer des adaptations cinématographiques auxquelles elles ont pu donner lieu.

J’ai été très déçu par "Le Parme convient à Laviolette". L’intrigue se déroule après la seconde guerre mondiale et Laviolette est le petit-fils de l’enquêteur du même nom brillamment mis en scène dans "Les Charbonniers de la mort". Ce Laviolette file là un mauvais coton ; victime d’un gros chagrin d’amour. Plusieurs dizaines de pages consacrées à ses état d’âmes, dispersées tout au long du roman sont sans intérêt et pénibles à lire (même si elles ont finalement un lien avec le dénouement du livre), à tel point que j’ai dû les survoler. C’est dommage car l’intrigue est originale et l’écriture de qualité.



Je vous recommande de lire "Les Charbonniers de la mort", très vivement, mais d’éviter ce "Le Parme convient à Laviolette".

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Le sang des Atrides

Parfois vous prend l'envie de lire un roman de Pierre Magnan comme celle de boire une mauresque : retrouver un parfum un peu suranné, déguster un plaisir presque oublié, goûter une saveur quasi exotique tant elle s'enrobe de nostalgie. Ah ! Les phrases sont ciselées avec ce qu'il faut d'imparfait du subjonctif et d'irrévérence pour décocher le sourire du lecteur gourmand.

Tout surprend dans ce retour vers le passé, le roman est paru en 1977. le commissaire Laviolette pourrait venir de la Belle Époque à force de lenteur, de banquets arrosés et de tournées des notables. Une vieille dame chevalière passe, elle s'appelle Adélaïde de Champclos. Une autre, comtesse, répond au beau nom d'Irène de Térénez. Quant à l'arme du crime, très improbable, je vous laisse la découvrir. Vous l'aurez compris, on est passé dans un monde parallèle où le temps s'étire entre deux meurtres, où le préfet et le procureur de la République jouent les Père Fouettard et où les techniques d'investigation relèveraient de la science-fiction si on les avait mobilisées (on utilise encore l'annuaire téléphonique).

Les charmes de la province, la ville de Digne, conjugués au spleen de Laviolette et la raideur de son acolyte, le juge Chabrand, brossés avec style.
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La maison assassinée

Le livre est magnifique. On est dans un roman de terroir particulièrement agréable à lire. L'auteur nous fait découvrir la région avec le même amour que Pagnol avec la sienne. L'écriture est agréable et simple, quoique parsemée de mots en patois, ce qui facilite l'immersion dans cet univers à la fois léger et glauque.

L'histoire est prenante, mais il faut attendre la moitié du livre pour avoir une accélération de l'action. La première partie est plus descriptive. On s'attarde sur la région et les ressentis du héros. Tout cela est magnifiquement fait, à l'exception peut-être des rêves récurrents de Séraphin, dont je me serais bien passé. L'image de sa mère morte a des effets étranges sur lui et l'auteur insiste trop dessus à mon goût.

Les personnages sont intéressants. Bien que perpétuelle victime, le héros n'est pas forcément le plus attachant. Il inspire de la pitié surtout, car il est malheureux comme les pierres, incapable de tourner la page malgré toutes les occasions qui lui sont offertes. C'est un homme beau, un colosse d'une force incroyable, mais il reste mou devant les autres, figé par les images qui le hantent. J'ai trouvé bien plus attachant le personnage de Patrice, la gueule cassée qui lutte contre le suicide et qui lui, essaie de s'accrocher à la vie. Cet homme porte une gentillesse et une force tranquille impressionnante malgré ses malheurs.



En résumé, je ne peux que conseiller à ceux qui n'ont pas lu ce livre de le faire, car il est passionnant. Les amateurs d'histoire prenante et de terroir ne peuvent pas être déçus.
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