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Critiques de Pierre Michon (325)
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Je veux me divertir

« Je veux me divertir » c’est éditée, seule, une des quatre histoires de « Maîtres et serviteurs ». C’est Watteau dans ses dernières années, raconté par Charles Carreau, curé de Nogent où Watteau séjourna à deux reprises, où il mourut.



A leur première rencontre, Watteau aurait demandé au curé de poser pour lui, peignant son visage en deux jours, et le curé aurait découvert sa figure tout en haut du corps immense et nigaud du Gilles, du Pierrot blanc.

« Je veux me divertir, » ce serait la face cachée de Watteau imaginée par Pierre Michon, que le curé de Nogent révèlerait. Ce serait donc les œuvres que Watteau refuserait de laisser à la postérité. Ce serait le côté sombre, très tôt malade, toujours insatisfait, du peintre qui aurait donné le change avec ses toiles inspirées de la commedia dell’arte et des fêtes galantes, mais que le curé aurait percé à jour :

« L’ombre rose du pommier se penchait sur lui ; et d’autres doucement l’entouraient, pommés, vastes et frissonnants comme des robes peintes ; le temps bleu régnait autour, fumait sur des feuillages neufs ; tout, cette fois, était ce qu’il peignait, sauf lui. »



Ecriture incomparable de Pierre Michon.

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Trois auteurs

ah! la chèvre de monsieur Seguin à la fin tout le monde meurt comme le vieux Goriot, comme Rubempre, la chaude Esther, la gentille Henriette. Pierrot le fou est en train de se d’évidér. Il est en bleu. c’est pour cela qu’on les aimait tant quand il était vivants. Le récit n’est écrit que pour les mettre à mort. Pour écrire Moby dick , la baleine ne suffit pas. La mer ne suffit pas. Achab ne suffit pas. Il faut des feux de Saint Elme au sommet des mâts. Un des personnages les plus représentâtes est Charles quand Proust a eu idée de créer ce personage. quand le temps est un grand maigre. qu’est-ce le temps? Demanda Saint Augustin dans Carthage, dans quel Milan.

Mistigris repondit et sa reponse en vaut une autre. la chèvre voulait monter la haut. C’est dans le 7eme sceau de Bergman. L'incipit est un grand hussard maigre. Comme Michelet le disait de michelet.

Balzac, Cingria et Faulkner sont les trois auteurs qui l’inspire. Il n’est pas chartreux. Petraque aime les femmes qui parlent le romain.Comme Faulkner, il a la détermination énonciative.
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Vie de Joseph Roulin

Les thèmes de prédilection de Pierre Michon se trouvent rassemblés dans Une vie de Joseph Roulin : le portrait d'un inconnu à la "vie minuscule", l'évocation d'un peintre célèbre, Vincent Van Gogh, l'immersion dans une période de l'histoire, la troisième république, et enfin le thème de la création artistique et du lien entre l'écriture et la peinture.



Pierre Michon a souvent écrit sur la peinture, la peinture pariétale dans La grande Beune, sur des peintres célèbres, Goya, Piero della Francesca, Watteau dans Maîtres et serviteurs, ou moins réputés, réels ou fictifs, comme le peintre Corentin du roman Les onze. Il dit à propos de son intérêt pour la peinture, qu'elle lui permet de plonger au coeur des mécanismes de l'activité artistique, de manière simple, au travers d'un tableau, petit rectangle dont la perception globale est immédiate, à l'inverse de la littérature qui requiert la lecture de longs ouvrages. Il apprécie de travailler sur les figures de l'artiste.



La vie de Joseph Roulin, responsable d'un entrepôt des postes, croise celle de Vincent Van Gogh à Arles en 1888. Ce dernier est descendu dans le Sud pour y trouver "les ciels excessifs, japonais". Les deux hommes, qui fréquentent les mêmes bistrots, se prennent d'amitié. Van Gogh, attiré par la personnalité et la plastique du "facteur", en réalisera six saisissants portraits. Barbes majestueuses et bouclées, uniforme et képi en seront les constantes. Le visage suivra l'évolution du degré d'abstraction et la sinuosité du trait du créateur. Il fera de Roulin une sorte de saint orthodoxe sur une icône ou de divinité grecque, mariant la force et douceur, la sérénité et le tourment. Les autres membres de la famille Roulin, la mère et les trois enfants, serviront également de modèles. Joseph Roulin, ne connaissant pas le marché de l'art se fera dessaisir des tableaux offerts et se trouvera bientôt muté à Marseille, où il n'aura plus de nouvelles du peintre et Vincent, sombrant dans la psychose, sera interné à l'hôpital Saint Paul de Mausole de Saint Rémy de Provence.



La rencontre entre ces deux êtres était improbable ; elle s'est concrétisée par de magnifiques oeuvres réparties dans les musées aux quatre coins du monde.

La somptueuse langue non académique de Pierre Michon, composée de longues phrases ondoyantes ou heurtées, à la syntaxe chahutée, épouse à merveille la composition des toiles du peintre et nous plonge dans la chatoyance des couleurs chaudes de la Provence de la fin du XIXème siècle.



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Vies Minuscules

Un auteur que je n'avais jamais lu encore, mais j'avais noté les références de ce livre, soit parce que j'en avais lu une bonne critique, soit parce qu'on me l'avait conseillé.

Cet ouvrage, est le récit de parcelles de vies de personnages gravitant de près ou de loin dans l'univers de Pierre Michon, le plus souvent dans sa région natale, La Creuse.

- Vie d'André Dufourneau

- Vie d'Antoine Peluchet

- Vies d'Eugène et de Clara

- Vies des frères Bakroot

- Vie du père Foucault

- Vie de Georges Bandy

- Vie de Claudette

- Vie de la petite morte

Je n'ai pas été déçue par l'écriture. C'est du grand art. Un livre magistral. Un style qui me rappelle Marcel Proust à cause de la longueur de ses phrases. Un ouvrage rempli de références littéraires, où le nom de Proust revient plusieurs fois d'ailleurs. Un livre dont l'écriture est recherchée, le style fouillé, le vocabulaire savamment choisi et utilisé. Ce n'est pas une lecture "facile" d'autant que la description de ces vies minuscules a quelque chose de déprimant. L'auteur flirte aisément avec le désespoir, la dépression, l'abus d'alcool ou de médicaments, les accidents de la vie justement et la mort. A tout cela s'ajoute l'angoisse de la page blanche, pour un écrivain érudit incapable d'aligner des mots et de noircir des lignes pour donner vie à une oeuvre de qualité... qui nait finalement, peut-être tardivement, mais qui est une apothéose : un véritable chef-d'oeuvre! Une lecture qui se mérite, qui met mal à l'aise souvent et démoralise aussi, mais quelle rencontre littéraire! Un livre inoubliable.
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Les deux Beune

Il faut se laisser emporter par le courant de cette langue un peu surannée, souvent poétique, furieusement libre et tumultueuse. Pierre Michon écrit avec jubilation, tout à son affaire : l’expression d’un désir juvénile et souverain. Qui mieux qu’un vieil homme aguerri pouvait en raconter l’emprise ? Yvonne occupe son âme (« Elle ne souhaitait pas faire l’amour, elle voulait le commettre. Elle aimait ce comble de la civilisation »).

Son image fantasmée est déclinée à tous les temps et sous tous les angles, tel un chef d’œuvre dont l’exégèse jamais ne lasse. Des paysages de fable, des enthousiasmes puérils, des saillies irréelles, d’infinies concupiscences, il y a quelque chose d’émouvant à voir l’écrivain, au crépuscule de sa vie, en raviver les souvenirs les plus ardents. L’histoire en devient accessoire : un jeune homme obsédé par une femme plus âgée que lui, soumise à des rivaux, aux flancs d’une rivière, à l’orée d’une grotte oubliée dont les fresques rupestres, brutes et mystérieuses, crient les origines de l’humanité.

Pierre Michon célèbre l’éternel féminin, aux confins des lettres, concédant sans ciller qu’une incandescente beauté surpassera à jamais les autres préoccupations, et qu’il est vital de s’y conformer pour faire triompher la vie et la vérité.

Bilan : 🌹🌹

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Vies Minuscules

J'avais envie de découvrir Pierre Michon après avoir fait sa connaissance à travers, je crois, une émission de La Grande Librairie où la qualité de son discours et de ses mots avaient retenu mon attention et j'ai choisi de le faire à travers les nouvelles qui l'ont révélé au grand public : Vies Minuscules.



Il y dresse le portrait de 8 personnes (mais bien plus en fait car il s'agit de tout une galerie de portraits) qui ont fait partie, à un moment ou à un autre, de sa vie.  Présentées chronologiquement, il s'agit d'individus dont jamais personne n'aurait parlés, car des gens comme on disait "de rien", des anonymes, des invisibles mais qui l'ont profondément marqué ou dont les interventions ont joué un rôle majeur dans son existence. D'un enfant de l'Assistance, à un homme disparu, à ses grand-parents, Clara et Eugène (ma nouvelle préférée car très chargée en émotions et en regrets), de deux frères camarades de pension à un homme silencieux atteint d'un cancer, voisin de lit dans un hôpital qui tait dans son silence une blessure plus honteuse pour lui que celle dans sa chair, un singulier abbé retrouvé alors que l'auteur est interné en hôpital psychiatrique à Claudette qui tenta de l'extraire de ses paradis artificiels et à une sœur morte en bas âge et qui le hante.



Des portraits d'humains mais également une ode à son pays, son terroir, la Creuse, avec ses maisons disséminées dans la nature mais où tout le monde se connaît, se côtoie, où les informations circulent de loin en loin, où la vie est rude, pauvre, dure, âpre, où les mots et leurs expressions sont rares et c'est une sorte de mise en avant de ce qui a construit un homme, des étapes humaines sur son parcours sans parler de son éveil à la littérature et à l'écriture qui l'ont sauvé.



Tout au long de ma lecture je n'ai pu m'empêcher de rapprocher son univers à celui de Charles Juliet lu récemment. Il écrit à la fois les paysages, l'environnement, les sons et le quotidien de ses vies laborieuses, paysannes analysant les sentiments sous-jacents qu'elles soulèvent, avec des hypothèses parfois d'un autre destin, mais à la différence que l'écriture de Pierre Michon est beaucoup plus élaborée, fouillée, poétique et comme vous le savez la poésie n'est pas forcément ma zone de prédilection et j'ai parfois du mal à en saisir tout le sens.  



Je dois avouer que par moment je me suis perdue, que j'ai perdu le fil de ma lecture tellement l'auteur, suivant le fil de ses propres pensées, m'emmenait sur des chemins de traverse que j'avais parfois du mal à suivre. Et pourtant j'ai aimé ces petites vies, la manière dont Pierre Michon les évoque avec à la fois la mélancolie, nostalgie et le recul qu'offre le temps et la maturité. Un récit autobiographique où il ne s'épargne pas, revenant sur ses années englouties dans l'alcool et les drogues, ses amours et en particulier Marianne mais également sur la mort qui le hante, sur les cimetières où reposent ceux qu'il a aimés même si il ne les a jamais connus. Il redonne vie à ses êtres invisibles, leur redonnant la valeur qu'ils ont eue dans sa propre construction, dans ses propres réflexions, sur le sens à la fois de la vie mais aussi le mystère de la mort.



Une lecture exigeante qui parfois m'a échappée puis m'a rattrapée, touchée que j'étais par l'humanité qu'il mettait à les décrire, à raconter leurs vies ou à imaginer ce qu'ils étaient devenus ou ce qu'ils auraient pu devenir. Une écriture que je dois avouer remarquable, qui demande concentration, attention car parfois elle nous propose des envolées qu'il faut accepter pour retomber ensuite sur ses pieds et les yeux dans le terreau où elles avaient germées. De la prose aux sonorités de vers, où l'on ressent l'exigence du mot juste et de la volonté de rendre le plus vibrant des hommages à ces ombres du passé.



J'ai aimé même si ce n'est pas un auteur que je lirai beaucoup, dont il faut accepter l'univers, admirer l'écriture avec lequel j'ai vécu une expérience de lecture, qui a su me retenir avec des portraits touchants, une sincérité mélancolique et nostalgique d'un passé avant qu'il ne s'oublie et une reconnaissance pour ses vies dont personne à part lui ne saurait parlées.
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Vies Minuscules

ce fut pour moi, une bonne bavante. Une expérience que je ne me sens pas prêt à tenter de nouveau.



Sous forme d’un hymne au verbe, aux mots, aux tournures de phrases, à notre langue enfin ; ce récit de Pierre Michon est d’un style qui navigue entre littérature classique, rhétorique et poésie comme un océan à la houle calme et régulière.



Il faut le lire comme on filerait sur l’onde, en gardant le cap. Ne pas s'arrêter, se laisser modeler par le son des mots plus que par leur sens. Lire avec un dictionnaire sous la main, quoiqu’indispensable, serait assurément une erreur rythmique.





L’écriture recherchée, touffue, aux évocations puissantes, souvent à la limite de l'écriture poétique manque un peu de rondeur, de liant pour en faire une mélodie harmonieuse



Tel est le style bien particulier de Pierre Michon un rien trop sophistiqué à mon goût.





La lecture est donc exigeante et m'a tantôt ravi, tantôt irrité, selon qu'elle évolue dans une toute relative clarté ou bien sur la fin dans un amphigouri total.

Je paraphraserai volontiers Nassim Nicholas Taleb en affirmant qu’il faut lire un chapitre de « vies minuscules » pour le plaisir, et deux comme punition.



Voilà pour la forme.

Le fond à présent :



Constitué de courtes biographies qui se télescopent avec celle non-écrite de l’auteur, là est l’originalité de ce récit parfois enjoué, mais bien plus souvent désespéré comme ces vies minuscules que, pour peu, on jugerait inutiles.

Les connexions apparaissent petit à petit comme une évidence sous entendue depuis toujours.

Ainsi se forme la vie modeste de Pierre, pétrie lentement de ces infimes influences.



C’est finalement le lot de tout à chacun, et c’est là que l’auteur, fait mouche, nous faisant prendre conscience de ces liens flagrants ou ténus qui nous unissent tous.





Mais Pierre Michon ne parle pas de nous mais bien de lui et l'inutilité se dessine (dé)crescendo pour atteindre l'abîme de l'incurie de sa propre vie.



Un travail cathartique.

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Les deux Beune

Une suite à la Grande Beune comme si les décennies n'étaient pas passées.

"Le présent se rencontrait enfin."

Dans la Petite Beune, l'atmosphère reste intacte, Yvonne si belle et toujours séductrice sort le narrateur de l'ombre.

Et toujours le même plaisir immense pour moi de retrouver le style et la densité de l'écriture de Pierre Michon.
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Vies Minuscules

Récit de 8 vies, où parfois l’auteur se met en scène. J’en attendais beaucoup au vu des éloges dans ‘La grande librairie’. Je suis souvent restée en lisière, pas vraiment intéressée par ce monde triste décrit et gênée par un style trop travaillé, limite vieillot. RV manqué, une fois de plus. 3ème ouvrage que je lis de cet auteur qui ne me correspond pas du tout. Je ne peux pas apprécier d’autres critiques, étant la seule à en faire une négative.



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La Grande Beune

J’ avais envie de retrouver Pierre Michon

J’ai lu puis relu par petits bouts Les Vies Minusules , une œuvre devenue majeure dans la littérature française

Ici, le propos est moins ambitieux

Il s’agit d’un jeune instituteur qui débarque dans un petit village de Dordogne , près de la Beune , une rivière, pas loin de grottes préhistoriques

Il découvre ses petits élèves mais aussi la buraliste qui devient l’objet de toutes ses pensées

Pierre Michon a beaucoup d’admirateurs mais aussi de détracteurs qui trouvent son style trop sophistiqué voire pédant pour décrire des vies et des situations ordinaires

Une critique sur Babelio le place entre Proust ( pour le style) et Giono ( pour l’ambiance). Plutôt bien vu.

J’ai jamais réussi à lire vraiment Proust qui évolue dans un univers bien loin des Vies Minuscules et de la Grande Beune. J’avais adoré Giono pendant mon adolescence

Je comprends donc que Pierre Michon puisse être un écrivain décrié

Je n’arriverai jamais à expliquer pourquoi je reste hermétique à certains écrivains( Proust, Joyce, Faulkner, Modiano, Bolano,Knausgard, par exemple ) malgré de multiples tentatives et pourquoi je me sens happé par les univers de Zweig, Tolstoi, Dostoyevsky,Garcia Marquez ou Kenneth Cook

Pour la Grande Beune, je me suis retrouvé en terrain connu, fasciné par la richesse de la langue et l’ écriture de Pierre Michon

Comme ce livre est un peu moins riche que Les Vies Minuscules, je ne mets pas la note maximale pour cette fable poétique
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Les onze

Lettre à Pierre Michon

J’ai longtemps imaginé cette lettre, sans qu’elle sache comment soudain jaillir. L’espoir de vous croiser dans cette librairie nantaise que nous fréquentons l’un et l’autre. L’idée d’une proximité géographique, le miracle de la Loire sans doute. Enfin, l’éblouissement pourtant bien réel que m’a procuré la lecture des Onze. Je trouve qu’il y a quelque chose de miraculeux à s’adresser ainsi à un grand écrivain. Comme une façon de s’adresser à tous les écrivains, depuis Homère à Victor Hugo, jusqu’à vous. Comme célébrer l’idée même de la littérature dans un rapport intime tout à fait singulier. Quelque chose dont j’ose dire qu’elle ressemble à votre littérature, qui embrasse l’Histoire et les hommes par la science de leur simple vie. Tracer les grands traits, les trajectoires immenses, les destinées, tout cela par la description de vies parfois minuscules.

Mais je voudrais un instant revenir à la Loire, que j’ai découverte en arrivant ici. Découverte autant qu’on le peut en en parcourant seulement une centaine de kilomètres. Et pourtant déjà, elle semble tracer une idée à laquelle je vous associe volontiers. L’image des pêcheurs au lever du jour, dans les brumes si particulières des rives de l’Anjou. L’idée que quelque chose de nécessaire, à la fois petit et immense, se déroule ici, avec le temps, malgré le temps. Le fleuve impose une vision du temps, un mouvement, une fatalité, une force à laquelle nulle ne résiste. Vous aurez sans doute lu « Dans les veines ce fleuve d’argent » de Dario Franceschini, dont le personnage principal est vraisemblablement le Pô. Son récit ourlé de mystères m’a évoqué la Loire, le fantôme de Julien Gracq, les anciennes demeures royales, et la pêche. Je vous imagine pêcheur, à la rencontre du temps de l’écriture, à l’écoute des bruissements de l’eau.

Les Onze m’ont traversé de toutes ces impressions. Car la Loire fut aussi le théâtre de cette Révolution. Les légendes la décrivent chargée de sang et de cadavres. La révolte vendéenne, réprimée, gonfle ses eaux.

L’histoire de Corentin est celle d’un homme inscrite dans son temps, à sa façon. Le temps des démesures, le temps où l’homme simple, limousin, peut être transporté dans l’Histoire. Le temps où ceux qui font l’Histoire pensent déjà à la postérité. Façon de conjurer la mort souvent brutale. Votre langue est superbe, précise et aiguisée, pour décrire cet épisode imaginaire. Elle effraie parfois, parce qu’elle dit la terreur. Mais elle conduit la vie de tous ces hommes, fidèlement, quoi que dans un mensonge. Quel prouesse en effet d’être si réaliste à inventer l’Histoire. Mais malgré la supercherie, chacun sait que ce portrait des Onze est pus que vérité.

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Vies Minuscules

Vies minuscules de Pierre Michon

André Dufourneau, adopté de l’assistance publique, élevé à la campagne c’était pratique on avait besoin de bras c’était tout bénéfice il avait eu de la chance les grands-parents chez lui ils étaient gentils, ils pensaient qu’il apprenait bien alors on crût qu’il venait d’une famille importante..,

Antoine Peluchet disparu au siècle dernier qui survit par la relique d’une petite vierge à l’enfant au fond d’une boîte en fer blanc qu’Elise la grand mère ressortait de temps en temps. Antoine que certains croient en Amérique d’autres au bagne de Cayenne…

Vies d’Eugène et Clara, ses grands parents paternels lui un peu rustique elle toute en finesse. Ils se sont séparés un temps et je ne sais pas si mon père est le fils d’Eugène. Quand ils venaient à la maison Clara amenait toujours un carton plein d’affaires, assiettes ébréchées bols, Ils habitaient Mazirat, lui était ivrogne. Je n’y allais que deux fois, ne m’intéressait pas à eux quand il mourut et elle alla à l’hôpital…

Vies des frères Bakroot rencontrés en pension, issus des Flandres. Le petit avait comme tête de turc un prof de latin disgracieux surnommé Achille, il l’insultait sans que l’autre répondit quoi que ce soit et Rémi avait des raisons à lui car Achille aimait son frère, Roland, qui lisait Flaubert et Jules vernes.

Vie du père Foucault rencontré à l’hôpital suite à s’être fait tabasser une nuit d’ivresse avec Marianne. L’homme était atteint d’un cancer de la gorge, refusait d’aller se faire traiter à Paris au désespoir des médecins locaux. L’homme avait un secret…

Vie de Georges Bandy. rencontré après ma cure de sommeil suite à l’alcool et aux barbituriques et la séparation d’avec Marianne, il était penché sur un homme aristocrate déchu on l’appelait Jojo pour manger on le ceinturait à la table pour ingurgiter une bouillie variable, il n’était plus coordonné. Et je reconnus l’abbé Bandy qui l’aidait et le transfigurait, l’abbé amateur de motos et de jolies femmes qui m’avait fait le catéchisme…

Vie de Claudette normande qui me fournit en amphétamines et autres produits je passais du temps avec elle à Caen avant notre séparation…

Vie de la petite morte, ma petite sœur qui est morte, moi qui étais si souvent malade, cette petite sœur qui va relier pour conclure les personnages évoqués dans mes souvenirs…



Pierre Michon revisite son enfance par une série de portraits très simples mais très évocateurs dans son style minimaliste entre biographie et essai.
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Les onze

un souffle poétique porte cette histoire d'un tableau imaginaire représentant les onze membres du Comité de Salut public. On quitte avec regret cette reconstitution de l'atmosphère de la Terreur où Michelet est évoqué.
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L'empereur d'Occident

Dans ce court texte que j’hésite à qualifier de roman ou de poème en prose, Pierre Michon nous régale d’une très belle écriture, peut-être un peu exigeante au début, mais à laquelle on prend vite goût, à tel point qu’on pourrait presque avoir envie de lire certains passages à haute voix .



Le narrateur rencontre un vieux sage qui lui raconte ses souvenirs, il y est question de musique, mais aussi de pouvoir dans le sillage d’Alaric. Les deux hommes se retrouvent également dans la recherche d’un père.



À la fin du livre,on comprend que le narrateur est Aetius, et qu’il repense à ces échanges au moment d’affronter Attila, successeur d’Alaric, aux champs catalauniques, et on découvre aussi qui est le vieux musicien, personnage historique que je ne connaissais pas et qui donne son titre au roman.



Ce livre est une très belle découverte qui me donne envie de lire d’autres ouvrages de Pierre Michon.

Mon seul regret est de l’avoir lu dans l’édition de poche, car j’aurais aimé voir les illustrations de Pierre Alechinsky dans le grand format.
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L'empereur d'Occident

L'Empereur d'Occident est un court texte d'une grande puissance narrative.

La prose de Pierre Michon est très poétique. On se laisse bercer par le texte tout le long des 80 pages.



Au Vè siècle, Aetius, un soldat romain rencontre un vieux sage. Une discussion s'engage entre les deux hommes mêlant histoire, philosophie et mythologie. Leur échange porte principalement sur Alaric roi des Wisigoth, le premier à faire plier Rome la Conquérante, dont l'homme a longtemps accompagné les pas.

Plus tard, à l'aube de la bataille qu'il s'apprête à mener contre Attila, cet autre Alaric, le narrateur devenu Capitaine Général des armées romaines se souviendra de ces échanges au moment de lancer son cheval au galop.



Le style très recherché peut dérouter ou rebuter certains lecteurs.

Le texte se fait le chantre des arts, de la musique et des plaisirs épicuriens.

L'auteur se moque lui-même des discours alambiqués et ampoulés d'une façon que j'ai trouvée assez ironique.

Pour ma part, j'ai apprécié l'écriture de Pierre Michon, un auteur dont je vais tenter de découvrir d'autres oeuvres.
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Vies Minuscules

Salutations chers lecteurs et chères lectrices .

Bienvenue pour une nouvelle chronique .

Aujourd'hui , nous allons aborder un auteur discret , qui est l'une des plus belles plumes de notre belle contree ...

Pierre Michon , c'est pour votre serviteur un premier voyage , une premiere invitation dans son univers , celui d'un auteur parmi les plus discrets , mystérieux , et qui cultive ce mystère ...

Cet homme , ce dramaturge , c'est l'archétype même du génie créatif qui démontre que lorsque l’on s'impose des critères de choix exigeants , l'on se retrouve avec une perle entre les mains ...

Chers amis es , votre serviteur a eu l'une des expériences artistiques parmi les plus intenses qu'il ai connu depuis bien longtemps .

Cet opus c'est des les premieres lignes , un texte qui vous transporte , vous emporte dans un univers d'une beauté austère , minérale , d'une intensité qui transforme le lecteur , qui en fait un etre subjugue par une profondeur lexicale qui laisse exsangue devant tant de bonheur ..,

Ce texte c'est de l'intelligence à chaque mot , c'est un univers génial qui se reconstruit en permanence ...

Pierre Michon fâit d'anonymes des " heros " magnifiques , entre ces mains , Il n'y a plus de barrières entre l'être supérieur et celui plus banal , chacun est de lumière ici , porte par un texte extraordinaire , une prose géniale , belle à pleurer ...

On rencontre ici de la philosophie , de l'existentialisme , c'est aussi puissant que du Sartre chers amis es ....

Qui peut égaler Pierre Michon ??

Pour atteindre ce niveau , Il faut lire Proust , Faulkner , Joyce ...

Pierre Michon c'est peu de textes dans sa carriere , 11 livres , mais 11 œuvres qui si elles atteignent la profondeur de cet opus , sont des œuvres d'art...

Chers lecteurs , chères lectrices , abandonnez donc ce sordide Celine , que des esprits bien peu au fâit de la Litterature portent aux nues , précipitez vous chez votre libraire pour commander cette oeuvre essentielle , incontournable , ce summum de la Litterature qui conjugue la richesse lexicale , la profondeur réflexive , votre serviteur a les tripes nouées à l'idée de défendre une telle oeuvre d'art , la Litterature c'est cela , on vit pour lire cela , on respire pour lire cela , allez y sans tarder , car c'est un instant rare dans une vie intellectuelle ...

Merci pour votre attention , votre serviteur vous aime tous et toutes , portez vous bien ...

Lisez des livres !!!!!
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Maîtres et serviteurs

Goya, humble et ambitieux, à l’ombre de Velasquez. Watteau, à l’heure de sa mort, révélant et détruisant des peintures de nus et de jouissance, si scandaleusement différentes de ses « petites choses habituelles, (…) petits feuillages, petites marquises, petits zanis… »

Lorentino qui a peut-être égalé son maître, Piero delle Francesca, dans sa dernière toile.



L’invraisemblable capacité de Pierre Michon à faire de la peinture avec ses mots, donnant à voir les tableaux, les peintres et leur talent, et on devient spectateur autant que lecteur. Peinture et littérature intimement mêlées, on ne sait plus ce qui est l’une et ce qui est l’autre. Exploit qui m’avait déjà subjuguée dans « Les Onze ».

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Rimbaud le fils

Pierre Michon ,c’est un peu comme Proust:on aime ou on déteste.Génie littéraire ou caricature ure de l’écrivain pédant et maniéré. Je suis du premier groupe.Évidemment, on ne lit pas Rimbaud le Fils comme on lit un polar ou un roman d’aventure.Première évidence :Pierre Michon prend le temps d’écrire, pas de scories, pas de facilité, le style est travaillé, épuré .

Le résultat est troublant. Il y a des pages où j’ai l’impression d’être au dessus de l’épaule de Rimbaud et de le regarder écrire ses chefs-d’œuvre.Je suis dans son intimité, je suis presque lui.Bien sûr, c’est un texte court qu’il faut lire par petites touches comme on déguste un très grand vin.On croyait que tout avait été écrit sur Rimbaud .Pierre Michon arrive à nous prouver le contraire.Un très beau texte réservé aux vrais amoureux de la langue française.
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Les onze

Une fois refermé ce court roman ma première réaction a été : quel style remarquable!

Un style impressionnant au service d'une histoire impressionnante. Le narrateur se trouve au musée du Louvre, dans une salle du pavillon de Flore à l'extrémité de l'aile du musée du Louvre, où il nous fait découvrir en s'adressant à un personnage anonyme l'unique oeuvre présente dans la salle :le tableau dit "Les Onze". de François-Elie Corentin. Immense toile de 4m sur 3m représentant le Comité du salut public en 1794. Il nous raconte l'histoire de ce tableau, son auteur. Il nous apprend ce que d'autres ont pu y lire et y voir notamment Michelet qui décrit ce tableau dans son histoire de la révolution française. Le tableau est pour le narrateur une métaphore de l'histoire et la représentation des forces et des puissances qui gouvernent le monde depuis la nuit des temps et que les artistes ont tenté de représenter aux travers des siècles. L'histoire des ancêtres du peintre qui ont réussi leur vie sur la misère et l'exploitation des hommes, soit dans la construction d'un canal par les ouvriers-esclaves Limousin, soit par la vente à ces mêmes ouvriers d'une piquette, la vie même du peintre, symboliser par son aspect physique ou la manipulation de l'amour que lui portent les deux femmes, sa mère et sa grand-mère, qui l'entourent, la vie des membres du comité du salut public tous à une exception près ayant des vélléités de littérature et tous ayant du sang sur les mains par la répression et les massacres lors des années de la révolution française, toutes ces vies qui font l'histoire illustrent aux yeux du narrateur ce que nous sommes : des êtres ballotés par des puissances tyranniques ou divines... et que toute beauté, tout progrès se créé sur le malheur et la misère.

"... car les réussites sociales qu'on attribue aux seuls mérite et travail dans ce temps comme dans le nôtre, procèdent d'infiniment plus de scélératesse..." (p36 Ed Folio)

"...car Dieu est un chien et quand on est infime, on ne grandit qu'en marchant sur plus infime"

" Il se dit avec une sorte de joie que le zèle compatissant pour les malheureux et la plaine des Brotteaux, la table hospitalière et la lande de Macbeth, la main tendue et le meurtre, nivôse et avril, c'est dans le même homme. (..). Il se dit encore que tout homme est près à tout. Que onze hommes sont près à onze fois tout. Que cela peut se peindre." (p114 Ed Folio)

C'est le premier roman que je lis de Pierre Michon et je reste sur une impression assez équivoque. Par moment j'ai été emporté par l'histoire et le style, notamment lorsqu'il décrit, il imagine les conditions de construction du canal le long de la Loire, ou bien lorsqu'il décrit le tableau. Mais à d'autre moment le style m'a bloqué en me donnant le sentiment que l'auteur forçait le trait à trop vouloir utiliser des termes très peu usités et à les faire tourner en boucle au fil des pages comme par exemple : anacréon. Néanmoins ce style particulier a au moins le mérite de nous faire découvrir du vocabulaire et d'ouvrir le dictionnaire.

Malgré ces remarques sur le style, ce court roman m'a impressionné par sa densité, ses multiples références picturales et artistiques et surtout par le fait que Pierre Michon arrive à rendre crédible l'histoire de ce tableau et de son auteur.
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Les onze

Quatre mètres virgule trente sur un peu moins de trois. C'est le tableau de ventôse, le tableau des "Onze" exposé dans le pavillon de Flore du musée du Louvre. Michon nous les fait voir, les onze commissaires incarnant le comité de Salut Public qui instaura en l'an II de la République la politique de la Terreur. Ils s'appellent Billaud, Carnot, Barère, Lindet, St-Just, Prieur, Prieur, Collot, Saint-André, Couthon et Robespierre; ils prennent vie sous le pinceau du peintre Corentin et sous la plume habile du romancier Michon.



L'écriture de Pierre Michon est sans conteste riche mais très particulière; et même si l'ouvrage a été primé par l'Académie française, certains resteront sans doute dubitatifs devant cette plume redondante et exacerbée, donnant une impression de lourdeur car trop souvent répétitive. Néanmoins, le roman a un atout de poids, celui de nous faire croire en l'existence des "Onze" et en celle de son créateur,le peintre Corentin.En bon fabulateur, Michon réussit à nous faire contempler une toile qui n'existe pas! Ca, c'est plutôt fort !

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Les grands peintres

Peintre mais aussi inventeur, ami proche du roi de France François Ier, je suis célèbre pour des tableaux tels que « Sainte Anne, la Vierge et l'enfant » ou bien sur « La Joconde » :

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