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Critiques de René Goscinny (4278)
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Astérix, tome 40 : L'Iris Blanc

Quand un auteur au talent comique fort comme Fabcaro accepte le défi de scénariser une icône de la culture populaire française, a quoi peut-on s’attendre ?

En premier lieu, il semble évident que le cahier des charges doit peser une tonne et que quelque soit l’auteur, il doit accepter de s’y adapter. Ensuite, l’auteur a réussi à distiller son humour en se mettant dans les pas de Goscinny et même si c’est évidemment perfectible, pour un premier essai, c’est quand même pas mal.

Enfin, pour avoir lu certaines critiques de presse, je reste toujours sidéré du sérieux avec lequel certains journaux ou stations de radio parlent d’Astérix avec les mêmes arguments que pour décortiquer le prix Goncourt. Ceux-là mêmes qui accusaient Goscinny et Uderzo de poujadisme, de sexisme, de nationalisme, de chauvinisme, de racisme, etc. et j’en passe, sont maintenant prêt à les porter aux nues tout en continuant à déverser sur les nouveaux albums le même torrent de critique en « isme ».

Ce n’est que de la BD, c’est de la caricature et le but est de nous faire passer un agréable moment de lecture, de nous faire rire, de nous moquer (très) gentiment des travers de notre société actuelle.

De ce point de vue, est-ce réussi ?

Sans trop déflorer l’histoire, un vent de démission et de démobilisation secoue l’armée romaine et inquiète César. Comme d’habitude, un de ses conseillers a une idée, Vicévertus est un adepte de la pensée positive et peut prouver au dictateur le bien-fondé de ce courant de pensée inspiré du philosophe grec Granbienvoufas. César le met au défi de réussir avec les légionnaires du camp de Babaorum en lui permettant de s’emparer du village gaulois.

Vicévertus est un adepte de la formulation positive. Le village des fous doit être renommé « le village des gens différents de toi et moi par leur comportement imprévisible ». A l’image de Détritus de l’album la zizanie mais avec une stratégie diamétralement opposée, il va devenir l’élément perturbateur du village. Par ses aphorismes, ses proverbes, ses exemples, ses actions mêmes, il change la mentalité des gaulois, des romains et même des sangliers. Le ramollissement général atteint son apogée lors d’un concert dantesque d’Assurancetourix qui vaut vraiment le coup d’œil.

La deuxième partie de l’histoire se concentre alors sur le couple Bonnemine – Abraracourcix. La femme du chef décidant de suivre son nouveau mentor à Lutèce.

Cet album se lit avec beaucoup de plaisir. On comprend dès les premières planches que c’est le grand retour des jeux de mots. Certains sont subtils, d’autres très voyants (comme chez Goscinny) mais moi, ils m’ont souvent fait rire.

On a toujours notre Astérix, intelligent qui ne se laisse pas avoir par les discours de l’intrus et qui sait utiliser les armes de l’ennemi à ses dépens. Et puis Obélix, délicieux de naïveté et de pragmatisme qui s’effraie que ni les sangliers ni les romains n’aient plus peur de lui. Cela permet des dialogues et des situations très drôles (pages 16 et 17).

La deuxième partie de l’album est, à mon avis, encore plus réussie. Le voyage à Lutèce avec son lot de surprise (le CGV, Char à grande vitesse de la Société Nouvelle des Chars et du Foin), mais aussi les bobos et les hipsters de la capitale, l’art moderne du musée de Kebranlix, la cuisine moderne de Macrobiotix, l’ancêtre de la trottinette... Peut-être que, inconsciemment, ceux-là même qui se sont senti un peu visé sont aussi les plus durs avec l’album !

Le scénario de Fabcaro est donc plutôt une réussite. Le dessin de Conrad est, quant à lui, toujours aussi bon. Il fait du Uderzo aussi bien que le maître. On l’avait déjà remarqué dans les albums précédents mais là, il commence en plus à se démarquer un petit peu. Son César, par exemple diffère de celui d’avant.

Et les défauts ? En dehors de ceux qui sont liés à la série et aux personnages, mais dans ce cas là, autant ne pas lire cet album (et les autres) il y a surtout quelques regrets. Le rôle insignifiant d’Idéfix (pas très grave!) et le manque de gags visuels. Conrad vient de la BD un peu plus sérieuse et Fabcaro, s’il dessine aussi est plutôt un littéraire (ce n’est évidemment pas un défaut). Il y a donc très peu de ces gags justes visuels que l’on remarquait souvent à la deuxième ou troisième lecture quand on connaissait l’histoire par cœur et que certains dessins nous faisaient encore rire.

Au final, un bon album, le meilleur depuis des lustres. Alors pourquoi bouder notre plaisir !
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Astérix, tome 40 : L'Iris Blanc

Astérix est devenu une véritable institution dont chaque album est scrupuleusement minuté en vue d'une sortie à plusieurs millions d'exemplaires. Pourtant, cela fait pas mal d'année que ce héros gaulois est mort avec Gosciny.



Cependant, on exploite toujours le filon tant qu'il rapporte. Il sera traduit directement en 20 langues différentes, c'est dire ! Et puis le parc Astérix est arrivé à faire 2,8 millions d'entrées en 2022. On trouvera d'ailleurs en page de garde une invitation à y aller afin de retrouver Astérix et ses amis. Autant faire de la pub.



Evidemment, j'ai commencé la BD dès mon plus jeune âge avec Astérix qui est devenu une véritable institution. Il est vrai que ce support a été longtemps associé au gaulois moustachu en ne regardant pas la richesse des autres créations pourtant tout aussi méritantes sinon plus.



C'est l'un de mes auteurs comiques préférés qui se collent au scénario à savoir Fabcaro, obscur inconnu qui a enfin décollé en 2015 avec l'album « Zaï Zaï Zaï Zaï » puis « Open Bar » dans la foulée. C'est un terrible poids qui repose sur les épaules du roi de l'absurde tant le sans faute est vivement recommandé à ce niveau d'édition.



A noter qu'il assure seulement l'intérim car Jean-Yves Ferry compte bien poursuivre l'aventure le temps d'une pause. C'est vraiment dommage car la Presse titre déjà que c'est le meilleur Astérix depuis René Goscinny. Il est vrai que les 12 tomes précédents n'ont guère convaincu les fans les plus exigeants. Mais bon, Ferry a assuré un minimum syndical qui a fait la joie des lecteurs de pouvoir continuer à suivre les aventures de ce personnage mythique.



On retrouve Didier Conrad qui a succédé au dessinateur Albert Uderzo en 2013 soit déjà une bonne décennie ce qui lui a permis d'être à l'aise dans ce rôle. Au niveau du dessin, je n'ai rien eu à redire car c'est dans le prolongement du style graphique avec une homogénéité presque parfaite.



Le thème de ce tome baptisé « L'iris blanc » est celui du développement d'une forme de pensée que Jules César juge bon d'étendre jusqu'à la Gaulle pour ses effets bénéfiques. C'est assez intéressant comme challenge sachant que l'iris symbolise la bienveillance et l'épanouissement dans le langage des fleurs.



Evidemment, cette méthode est employée de nos jours dans une espèce de positivisme de façade afin de masquer les vrais difficultés. Il suffit que de voir les bonnes choses. J'ai bien aimé la manière dont Fabcaro se sert de ces pensées influentes.



Pour ma part, je rejoins le concert de louange autour de cet album en toute objectivité. Les phrasés de Fabcaro m'ont beaucoup fait rire notamment le récital de chant du barde Assurancetourix. Oui, c'est bien le meilleur album depuis trop longtemps.
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Astérix, tome 17 : Le Domaine des dieux

Le Domaine Des Dieux est l’une des quelques aventures « à domicile » d’Astérix. Ici, pas de grand dépaysement ou de voyage dans l’espace, mais plutôt un grand voyage dans le temps, en accéléré, vers le futur et son urbanisation sauvage et à outrance, qui défigure la nature et modifie à jamais l’esprit des habitants de l’endroit.



Des boutiques à touristes à la faune privée de son biotope, les auteurs balaient tous azimuts et avec brio. C’est même un Goscinny très en forme qui signe probablement dans cet album l’un de ses tout meilleurs calembours avec le fameux « il ne faut jamais parler sèchement à un Numide ».



Le synopsis, quel est-il ? César, agacé par cette résistance farouche à sa coercition du village des irréductibles Gaulois, décide d’en venir à bout par la ruse, en en faisant de très minoritaires résidents d’un gigantesque ensemble urbain. Les villageois indigènes seraient alors réduits à l’état de curiosité archaïque, exactement comme les indiens des réserves dans Lucky Luke, détail qui prouve que c’est une idée très fermement ancrée en Goscinny (à raison selon moi) que cette dénaturation du caractère authentique d’un groupe ethnique par son contact trop étroit avec la société dominante.



Le problème, évidemment, c’est qu’il va falloir le construire ce vaste domaine urbain, et avec des teigneux de la première espèce comme le sont les Gaulois de ce village, l’opération risque d’être délicate. César délègue sur place le vaillant architecte Anglaigus, qui contrairement à la majorité des Romains dépeints dans Astérix, s’avérera méticuleux, obstiné et absolument pas poltron, bien que son moral ait de fortes raisons de connaître des chutes.



Eh oui ! car outre le fait d’être épaulé par des légionnaires romains notoirement couards, paresseux et incompétents, quant à eux, il faut aussi qu’il compose avec les soulèvements des esclaves et les glands enrobés de potion magique qui font repousser un chêne mature aussi vite qu’Anglaigus les abat, sans compter les morsures d’Idéfix dirigées vers son fessier, lui le grand défenseur de la cause végétale.



On lit aussi, en filigrane, des messages plus subtils et qui doivent susciter notre réflexion, notamment, celle que toute industrie ou activité quelconque employant de nombreux salariés (en l’occurrence ici, pas toujours salariés), aussi nuisible soit-elle pour l’environnement ou la santé de ses employés n’est pas si facile à juger.



Car aussi néfaste soit-elle, cette entreprise fait vivre des gens qui n’ont que ça pour vivre. S’en prendre à cette entreprise peu scrupuleuse, c’est avant tout s’en prendre aux derniers maillons, les pauvres bougres qui n’y sont pour rien. Cela ne vous rappelle rien ? Des pêcheurs espagnols aux orpailleurs de Guyane en passant par les roses ou les truites produites en Afrique pour alimenter Rungis ?



Goscinny place dans la bouche de l’esclave numide Duplicatha cette superbe phrase : « Vous nous empêchez de devenir des hommes libres, en nous empêchant d’achever le travail. » À méditer à l'aune d'un certain « Arbeit macht frei », thème qu'avait également repris Paul Grimault dans son magnifique film d'animation Le Roi Et L'Oiseau…



Et comme si cela ne suffisait pas, il en rajoute une couche sur le syndicalisme et le droit du salarié dont chacun pourra trouver sa propre morale car René Goscinny pointe le doigt (et décide de s’en amuser) sur tous les excès, de part et d’autre, tant du côté salariat que du côté patronat, qui font que jamais tant que l’humain sera humain, ces deux engeances ne pourront s’entendre pour leur bien mutuel.



En bref, encore un très bon cru, pas forcément très accessible pour les jeunes enfants, mais délectable après, du moins c’est mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.



N.B. 1 : vous avez sous les yeux le seul Astérix de l'ère Goscinny où Obélix ne figure pas en couverture.



N.B. 2 : comparez, si le cœur vous en dit, la façon dont est représenté Vercingétorix aux pieds de César, lorsque, comme ici, c'est César qui parle, ou bien dans "Le Bouclier Arverne", la même vignette, mais quand ce n'est plus César qui parle. Bravo à Uderzo pour cette subtilité.
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Astérix, tome 40 : L'Iris Blanc

Depuis la parution de l’exécrable tome 33, je m’étais juré de ne plus lire d’albums d’Astérix, mais le fait de voir Fabcaro (Lisez Zaï Zaï Zaï Zaï !) au scénario de ce quarantième volet m’a fait changer d’avis. Oui, je sais, je suis aussi faible qu’un Gaulois sans potion magique !



Force est de constater que la base du scénario demeure la même avec des Romains qui cherchent encore et toujours une solution pour se débarrasser du village d’irréductibles gaulois qui refusent de plier devant les forces de Jules César. Les légionnaires en ont d’ailleurs tellement ras-le-bol de se prendre des baffes que l’empereur doit dorénavant faire face à une vague de mutineries et de désertions parmi ses troupes. Jules César est tellement désemparé qu’il décide de faire confiance à Vicévertus, le médecin-chef de l’armée romaine qui a mis au point la méthode de l’Iris Blanc, une philosophie moderne, basée sur la pensée positive. Voilà qui devrait pouvoir enfin remonter le moral des troupes !



Le quatrième scénariste de la série, après René Goscinny, Albert Uderzo et Jean-Yves Ferri, insuffle un vent de fraîcheur (même le poisson vendu au village d’Astérix est frais, c’est tout dire !) et de modernité à cette saga, le tout saupoudré de cet humour décalé qu’il maîtrise si bien. Taclant à merveille et à foison ce courant à la mode basé sur la pensée positive et le développement personnel, l’auteur livre un récit particulièrement loufoque, où une alimentation saine et l’épanouissement individuel doivent redonner le sourire aux troupes romaines, le tout incarné par un expert en développement personnel coiffé à la Bernard-Henri Lévy que l’on découvre dès la couverture de l’album.



En deuxième partie d’album, Fabcaro (« Carnet du Pérou », « Le discours ») choisit de quitter le célèbre village gaulois pour un voyage à Lutèce qui lui permet de plonger son histoire encore un peu plus dans l’air du temps. À la critique acerbe de cette pensée philosophique prônant la bienveillance et la méditation, s’ajoutent alors plusieurs clins d’œil amusés aux déboires des grandes villes, allant des embouteillages aux retards accumulés des Chars à Grande Vitesse (le CGV), en passant par les bobos qui s’extasient devant les œuvres d’un certain Banksix. Le résultat est un album moderne, foncièrement drôle et truffé de références en tout genre.



Au niveau du graphisme, cela fait déjà dix années que Didier Conrad assure la continuité visuelle de cette saga, certes sans parvenir à faire oublier le trait d’Albert Uderzo, mais il ne faudrait trop en demander non plus.



Bref, je me dois donc de lancer quelques fleurs à cet « Iris blanc », qui tient finalement toutes ses promesses. Enfin un bon album d’Astérix par Toutatis, qui se lit avec beaucoup de plaisir et le sourire aux lèvres !
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Astérix, tome 3 : Astérix et les Goths

Il est souvent intéressant de lire une série dans l’ordre chronologique d’apparition des différents épisodes, même si les épisodes en question n’ont pas de lien direct entre eux. Intéressant non tant du point de vue de l’histoire que de ce que cela nous procure d’indices sur l'ontogenèse des personnages et, par là, sur l’évolution des auteurs.



Obélix prend une vraie épaisseur (au propre comme au figuré) dans cet album, le troisième de la série, et c’est d’ailleurs lui qu’Uderzo a mis à l’honneur sur la couverture. Son caractère s’affirme : bonne pâte, relative indolence tant physique que spirituelle, appétit surdimensionné, bagarreur invétéré, boudeur face à Panoramix qui lui interdit de prendre de la potion magique.



Ceci nous conduit évidemment à l’autre grand personnage important de l’aventure : le druide Panoramix. Goscinny affine son portrait ; une grande sagesse, une grande culture, il est notamment polyglotte, mais aussi, sur le versant négatif, une certaine fausse modestie et un petit côté hargneux et revanchard.



C’est également le premier voyage à l’étranger des deux inséparables Gaulois. Le scénariste y prend le prétexte d’un enlèvement de druide se rendant à la réunion annuelle en forêt des Carnutes. (Cette réunion des druides en cet endroit qu’on situe dans la moitié nord de la région Centre est très probable historiquement et ce n’est pas une invention de Goscinny, mais elle ne se déroulait vraisemblablement pas selon les modalités imaginées par lui.)



Lors de cette sorte de concours Lépine du druidisme, les guerriers goths sont venus chercher celui qui selon eux est à même de leur procurer un avantage. Leur dévolu se porte évidemment sur Panoramix dès lors qu’ils mesurent l’immense bénéfice que pourrait leur procurer la potion magique qu’il concocte.



Astérix et Obélix vont alors se lancer dans une course-poursuite aux ravisseurs jusque de l’autre côté des « limes » de l’Empire romain, dans la sauvage Germanie, ou plutôt Gothie, devrait-on dire.



C’est l’occasion pour les auteurs de jouer à plein sur les anachronismes, notamment en affublant les guerriers Goths de casques à pointe tels que ceux que leurs lointains descendant arboreront en 1870. De même pour l’écriture en "gothique " ou les symboles tels que l’aigle noir qu’on rencontre encore de nos jours au Reichtag de Berlin.



Panoramix va distribuer de la potion magique à gogo à d’obscurs larrons, tous plus assoiffés de pouvoir et de suprématie les uns que les autres, si bien que cela va tourner à la baston générale entre Goths…



En somme, pas encore la formule magique des auteurs qu’on trouvera à partir de l’épisode Astérix et Cléopâtre, mais déjà un très bon album, plus comique et décalé que les deux précédents qui donne, aujourd’hui comme hier, beaucoup de plaisir à la lecture. Mais ce n’est là bien évidemment qu’un avis barbare qui ne signifie pas grand-chose au-delà des frontières romaines…
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Astérix, tome 8 : Astérix chez les Bretons

{accent britannique} Je dis, quel morceau de chance, car Astérix chez les Bretons probablement est le plus tordant album de Astérix, n'est-il pas ? Vous savez, Goscinnax a réussi à trouver les magiques chemins de parole, qui nous font éclater le Rire Dehors Fort (LOL comme on dit en Bretagne Grande).



Toutes les choses, réellement, toutes les choses qu'un corps peut attendre d'un album du petit gaulois guerrier. Celui-ci part, avec son gras garçon-copain Obélix et son germain cousin Jolitorax, charrier de la magique potion en ordre de aider les Bretons à chasser les romaines patrouilles. Mais par manque de fortune, le tonneau contenant la magique potion tombe disparu et les gaulois amis n'ont plus qu'à le regarder après dans tout Londinium autour.



Aucun corps ne sait s'ils pourront trouver le tonneau encore ni si les bretons guerriers pourront pousser au loin les romaines armées de César...



Non doute que c'est l'un de mes préférés albums de bandes comiques, idéal avec un nuage de lait dans l'eau chaude et une petite pièce de pudding au boeuf et à la menthe, vraiment, je dis !



Mais, du parcours, tout ceci n'est que mon avis petit, qui est, un restreint morceau de chose, n'est-il pas ?
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Lucky Luke, tome 18 : A l'ombre des derricks

Avec cet album, Morris, mais surtout Goscinny commencent à tendre vers leur meilleur niveau qui sera atteint quelques albums plus tard entre La Ville Fantôme et Le Pied-Tendre. Ici, chose plutôt rare dans la série, René Goscinny nous emmène dans l'est des États-Unis (est-ce un Eastern ?) à l'époque de la première ruée vers le pétrole.



Un méchant, Barry Blunt, s'approprie malhonnêtement tous les puits de ses concurrents mais le colonel Drake s'oppose à lui. Évidemment, Lucky Luke sur son fidèle destrier va mener la vie dure à Blunt et s'allier à Drake. Comme toujours, les gags récurrents vont émailler l'aventure pour la rendre hilarante. (C'est une marque typique de Lucky Luke par rapport aux autres séries scénarisées par Goscinny car Morris détestant les calembours dont son comparse était si friand, ce dernier devait s'adapter à son dessinateur.)



Les auteurs se sont également bien documentés, car le personnage d'Edwin Drake, qui a réellement existé, est assez fidèlement rendu tant dans son caractère que dans sa caricature, de même que les dispositifs d'extraction pétrolière de l'époque.



Goscinny nous livre, au surplus, une réflexion bien amère sur le genre humain, avide au gain et égoïste, ainsi que sur la pollution, sujet très peu à la mode au moment où Morris dessine cette histoire (en 1962, je vous le rappelle).



Le scénariste nous glisse aussi, subrepticement, une critique sur le déterminisme social et la détection précoce des criminels, (critique à peine masquée de l'eugénisme) notamment par l'entremise du gros et maladroit Bingle : « Je suis un criminel endurci !!... J'ai de mauvais penchants !... Je battais mes petits frères !... »



Bref, j'aime beaucoup cet album, et même si mon cœur bat plus fort encore pour le tome suivant, Les Rivaux De Painful Gulch, celui-ci reste d'après moi (et aux dires également de l'inspecteur Derrick qui était un fin limier qui préférait rester dans l'ombre) un très bon cru. Mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Astérix, tome 40 : L'Iris Blanc

"On découvrira dans L'Iris blanc," que les plus fous, sont peut-être les Gaulois.

"Fous et épicuriens. C'est pour ces raisons qu'ils résistent aux Romains", souligne Fabcaro, le scénariste."



"L'iris est un symbole de bienveillance et d'épanouissement. "

Une pensée positive: "Cueille ce qui s'offre à toi, si tu en veux les bienfaits!"

C'est une fleur au fond de nous, ne demandant qu'à s'épanouir dans la bienveillance, selon le philosophe grec Gransbienvousfas,, fait Vicévertus,(inspiré de BHL et de Villepin, ) médecin chef des armées de César.



Ce sera encore "La Zizanie" au village. Rencontre avec Astérix et Obélix:

- Sauriez vous m'indiquer le village des gaulois providentiels?

- PROVIDENQUOI, répète un peu pour voir? Explose Obélix!

- Laisse le s'exprimer sa colère est saine. Obélix, ta rudesse archaïque cache un coeur tendre et attentif à l'autre."



Vicévertus va révolutionner le village des Gaulois:

-"Tu devrais pêcher tes poissons toi-même afin de privilégier les sources locales.

-Pêcher du poisson , quelle idée saugrenue!

Au forgeron Cétautomatix;

-Tu sens la vibration incroyable ( du marteau sur l'enclume, CLONK!)

Sa propagation qui apaise et facilite la circulation des énergies?"



Même Bonemine est charmée, elle crie sur Abraracourcix ( ...au lieu de ronchonner comme un sanglier mal éduqué...)

- Tu vois ! Tu ne me regardes plus, Tu me négliges comme une vieille outre percée! Et, elle va suivre Vicévertus à Lutèce... A bord du CGV Char à Grande Vitesse



Les légionnaires romains n'ont plus peur de recevoir des coups. Obélix s'énerve, il ramasse les sangliers ( comme des champignons ) qui sont heureux de le suivre.

-"Il n'y pas plus sain et doux qu'un sanglier. Grouïïk toi-même.

-Le fameux esprit sain dans un porcin!" fait Astérix



BD avec les planches et documents de travail originaux des auteurs et un dossier inédit de 30 pages sur les coulisses de la création. La couverture a été modifiée au dernier moment : Vicévertus est devant au lieu de rester derrière...
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Astérix, tome 20 : Astérix en Corse

Les albums Astérix que je préfère sont les ceux dans lesquels nos sympathiques héros sortent de Gaule, traversent la mer et viennent rendre visite à leurs voisins proches ou éloignés car ils savent mettre en évidence les travers des populations ainsi que leur façon de parler. Et pour moi, le plus drôle, c’est Astérix En Corse que je viens de relire pour la cent-millième fois ! D’ailleurs il sent bon le vieux papier, et il est bien usé.



Ce tome démarre de façon très comique : on fête l’anniversaire de la bataille de Gergovie, et à cette occasion, nos irréductibles héros vont attaquer les garnisons romaines qui les entourent... Ils ne sont pas si fous ces Romains, ils s’organisent pour quitter leur camp... Il n’y a que Babaorum qui répond présent car le centurion doit assurer la garde d’un prisonnier Corse exilé, Ocatarinetabellatchitchix.

Un excellent album hilarant, par les noms employés faisant référence à des éléments de culture Corse comme Figatellix, ou à des hommes qui sont des références pour l’île de beauté comme Tino Rossi.



Et puis ça sent la Corse, le fromage, les châtaignes, on y retrouve la fierté des Corses et la défense de leur honneur, leur bravoure de combattants, le maquis, leur réputation de dormeurs et de « pas très prompts à l’ouvrage », ce qui est valable pour leurs chiens, virtuoses du cran d’arrêt et peu enclin a sourire même s’ils sont contents. On y retrouve une de plus belles régions de France et son maquis.



Des textes dont on déguste chaque mot, surtout lorsqu’ils sortent de la bouche des habitant du pays.

Si vous ne l’avez pas lu, je vous envie, car vous avez la chance de le découvrir ! Ne laissez pas passer cette chance !



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Lucky Luke, tome 31 : Tortillas pour les Da..

Caramba ! Les Dalton sont transférés dans un nouveau pénitencier auprès de la frontière mexicaine ! Les précautions maximales sont prises pour véhiculer ces dangereux malfaiteurs. Diligence blindée, escorte digne d'un chef d'état…



De l'autre côté du Rio Grande, on s'interroge sur la nature du trésor qui est cause d'un tel convoi. Ceci n'a pas échappé à Emilio Espueslas et sa bande de malfrats qui vivotent à la frontière sans grand-chose à se mettre sous la dent.



Durant le bivouac nocturne, la garde étant efficacement montée par Rantanplan à grand renfort de ronflements, les bandidos n'ont aucune difficulté à s'emparer de La Diligence blindée, mais évidemment, le butin n'est pas tout à fait à la hauteur de leurs espérances.



Les Dalton qui ont bien failli terminer au bout d'une corde parviennent tout de même à convaincre Espuelas de faire équipe avec eux, afin qu'ils le fassent bénéficier de toute l'étendue de leur savoir-faire en matière de brigandage. Mais la nouvelle de l'évasion des Dalton n'est pas sans susciter quelque émoi du côté des ambassades, et c'est bien sûr Lucky Luke qui est rappelé à la rescousse.



Une fois encore, le vaillant cowboy au cheval blanc va devoir pister les Dalton, le tout doublé de la bande d'Emilio Espuelas. Aïe, aïe, aïe ! c'en est donc fini de la tranquillité du petit village de Xochitecotzingo ! Plus moyen de faire la sieste tranquillement et les habitants épuisés passent des journées blanches !



Je vous laisse découvrir la suite de cet opus en terre hispanophone. Ici, René Goscinny signe l'un de ses plus beaux scenarii, d'une drôlerie incomparable, où Rantanplan est abruti à souhait et où Averell ne démérite pas non plus et lui tient la dragée haute dans ce domaine de compétence tout en le dépassant dans le registre de la goinfrerie.



Les échanges culturels entre Dalton et Mexicains sont absolument croustillants. Bref, un album en tous points exceptionnel que je vous conseille à 300 %, le dernier de la grande époque Dupuis, mais assurément pas le moindre. En tout cas, c'est mon tortillard d'avis qui, certes, ne vaut plus un peso sitôt passé le Rio Grande...
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Astérix, tome 11 : Le bouclier Arverne

Les histoires de René Goscinny, que cela soit pour Astérix ou Lucky Luke, sont généralement découpées en trois moments distincts. Une phase introductive, sorte de mini-histoire qui va induire ou provoquer la seconde phase, la principale, celle que l’on pourrait qualifier de développement. Vient ensuite une dernière phase, par exemple pour les Astérix, il s’agit souvent du retour au village après des aventures à l’extérieur, laquelle phase vient conclure et fait souvent écho à la première.



Ici, dans Le Bouclier Arverne, la construction est plus élaborée encore car l’aventure s’ouvre sur des événements lointains, à savoir la reddition de Vercingétorix matérialisée par l’abandon de ses armes à son vainqueur Jules César et le devenir de ces armes, lesquels événements trouveront leur éclaircissement et leur importance au cours du développement.



L’introduction véritable ne commence qu’ensuite, avec l’effroyable crise de foie d’Abraracourcix due à des excès alimentaires en tout genre. Celle-ci se soldera par un diagnostique assassin et sans appel de Panoramix : il faut qu’Abraracourcix aille faire une cure d’amaigrissement dans une ville d’eaux thermales. Ce sera Aquae Calidae, c’est à dire Vichy, prétexte à un nouveau périple, cette fois en pays arverne, pour le chef du village et ses deux fidèles anges gardiens Astérix et Obélix.



Le problème c’est qu’évidemment, dès lors qu’Astérix et Obélix posent le pied quelque part, les Romains décollent allègrement les leurs à vitesse grand V au prix de l’abandon de leurs sandales. Inutile de vous préciser que lorsque le grand vainqueur d’Alésia voit débarquer son envoyé spécial dans la province Tullius Fanfrelus avec un œil au beurre noir et quelques autres contusions, Jules César lui-même en prend ombrage et décide sur-le-champ d’exhiber sa force et sa domination.



Il veut mater les derniers élans de patriotisme gaulois en se faisant porter en triomphe sur le propre bouclier de Vercingétorix. Mais où peut-il bien être ce fameux bouclier ? Pas moyen de remettre la main dessus. Il n’a pourtant pas pu se volatiliser, alors il faut chercher et c’est ce que vont faire les Romains d’un côté et les deux irréductibles gaulois du leur. Qui gagnera cette chasse au bouclier haletante ? C’est ce que je m'interdis de dire.



Nombreux sont ceux, et j’en fais partie, qui considèrent qu’il n’y a pas d’Astérix ni de Lucky Luke en dehors de René Goscinny. L’époque pendant laquelle le fameux scénariste a collaboré à ces aventures est généralement appelée « âge d’or ». Mais, au sein de cet âge d’or, on peut tout de même distinguer différentes périodes et, selon moi, la « période d’or » de René Goscinny se situe dans la deuxième moitié de la décennie des années 1960 où, de 1965 à 1969, je trouve que quasiment tout est exceptionnel.



L’album sortit originellement en 1968 et ne déroge pas à la règle. Album de très haut vol, très subtil, avec un gros paquet d’humour et une cohorte de répliques à double niveau d’entente.



D’un côté, Goscinny brosse très fort notre fibre patriotique et notre chauvinisme bon marché tout en n’oubliant pas au passage ce qu’il s’est passé vingt-cinq ans plus tôt. Ce n’est évidemment pas un hasard si la ville thermale choisie est Vichy et l’archétype du collabo délateur est incarné par le gros homme d’affaire Lucius Coquelus, qui a fait fortune dans le commerce de roues à Clermont-Ferrand. Avec ce clin d’œil même pas masqué à Michelin, je pense que Goscinny ne souhaitait pas épingler cette firme en particulier mais plutôt des constructeurs comme Renault ou Berliet, plus directement impliqués dans l’effort de collaboration.



Bien évidemment, Goscinny s’amuse à fond des gros clichés sur l’accent chuintant auvergnat et sur la « tradition » de commerce de vin & charbon, notamment dans la capitale au sortir de la seconde guerre mondiale. Bref, du bien bel ouvrage, un album solide, drôle et extrêmement bien construit, avec un Uderzo fidèle à sa grande dextérité jamais démentie. Si par bonheur vous ne connaissez pas encore cet album, vous pouvez y aller, ch’est du tout bon, du moins ch’est mon avis, ch’est-à-dire, pas grand-choge.
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Astérix, tome 10 : Astérix légionnaire

Un des meilleurs Astérix de la série avec une multitudes de situations hilarantes et de gags dont souvent Obélix est à l'origine, ainsi que de très nombreux jeux de mots pas toujours accessibles aux plus jeunes. Qu'importe, car Astérix, on le lit et le relit à tous les âges de la vie.



L'égyptien qui veut une chambre avec vue sur la rue, qui voudrait voir le menu, puis le patron, j'aime beaucoup. Ou encore Astérix et Obélix portant les sacs de cailloux de tous leurs collègues au point que l'instructeur rentre épuisé, très bon. Et encore, l'égyptien qui prend Jules César pour un moniteur du village dans le camp romain.



Bref, le mieux, c'est de le lire ou le relire et de passer un excellent moment en compagnie d'Astérix et d'Obélix.





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Lucky Luke, tome 27 : Le 20ème de cavalerie

Voici un album que je trouve réellement excellent. Assez comparable sur le fond à l'album ultérieur Canyon Apache, René Goscinny réussit ici un dosage parfait : des personnages aux caractéristiques bien définies, un scénario simple mais efficace et surtout, une immense cargaison d'humour comme rarement on en aura vu autant, même chez le pourtant très drôle Goscinny.



La trêve entre les Cheyennes et la cavalerie qui représente le gouvernement américain est rompue. le colonel Mac Straggle, plus rigide que la hampe de son étendard, n'est pas le plus habile négociateur qu'on puisse imaginer pour apaiser les craintes des Indiens qui considèrent leurs terrains de chasse violés par l'avancée des visages pâles.



Le ton monte très vite si bien qu'en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, la guerre est déclarée entre l'armée américaine et les tribus indigènes au niveau de Fort Cheyenne dont Mac Straggle a la responsabilité. Lucky Luke est alors mandaté par le gouvernement et dépêché sur place pour tâcher de réconcilier les militaires et les Indiens.



Il ne tarde pas à découvrir une discipline de fer qui frise parfois la bêtise, surtout à l'endroit du jeune Mac Straggle, fils du colonel et qui, de peur d'être taxé de favoritisme fait subir à son fils les pires châtiments et humiliations publics.



Lucky Luke aura donc fort à faire pour réconcilier ce colonel psychorigide avec des Indiens excédés par la violation de leurs prérogatives. En outre, cet album est l'exemple idéal pour analyser les procédés comiques employé par René Goscinny tout au long de son oeuvre. Je vous propose donc ci-dessous une petite réflexion sur ces différents ressorts comiques. J'ai fabriqué moi-même des catégories qui peuvent, bien évidemment, être discutées ou contestées. Elles ont simplement une valeur explicative.



1. le comique de situation

Goscinny l'utilise plus dans Lucky Luke que dans d'autres séries car il peut moins user de son arme favorite, le jeu de mots (voir le point n°6). Il devient donc assez fréquent dans la série, preuve s'il en était besoin du talent de l'auteur et de sa capacité à jongler avec toutes les formes de comique.



Dans le 20ème de Cavalerie, les exemples sont nombreux et l'on peut citer au hasard parmi beaucoup d'autres, la situation suivante : Lucky Luke a désarmé un Cheyenne par son tir fulgurant et lui demande de le conduire auprès de son chef, les bras levés :

LUCKY LUKE (à Chien Jaune) : Ugh !

CHIEN JAUNE (à Lucky Luke et Renard à Deux Plumes) : Ugh !

LUCKY LUKE (à Renard à Deux Plumes) : Tu peux baisser un bras pour saluer.

RENARD À DEUX PLUMES : Ugh!

[…]

RENARD À DEUX PLUMES : Que Lucky Luke permette à Renard À Une Plume de baisser son deuxième bras. Renard À Une Plume fatigué. »



2. le comique par récurrence (= running gag)

C'est un grand classique dans l'arsenal comique goscinnien. Il peut prendre des formes très diverses, mais est souvent supporté par le caractère butté d'un personnage sur un point précis. Dans le 20ème de Cavalerie, un chapelier s'est fait attaquer et tout son stock de chapeaux est troué par des impacts de balles. Il réclame sans cesse le remboursement de sa marchandise au sein du fort militaire aux moments les moins opportuns.



Dans cet album, on peut également citer les nombreuses punitions injustifiées envers le cavalier MacStraggle, le fils du colonel :

« Mon service est terminé, Sir ! Je demande la permission de me retirer.

— Si ton service est terminé, tu peux m'appeler Papa, mon garçon… Qu'est-ce que c'est ?

— C'est l'alerte, Papa.

— Je sais bien que c'est l'alerte, cavalier ! Et quand c'est l'alerte, le service reprend ! Vous serez puni pour avoir appelé votre colonel Papa ! »



3. le comique de caricature (ou de dérision ou de contrefaçon, comme vous voudrez)

C'est une forme de comique que René Goscinny emploie souvent pour rendre amusantes des façons de parler étrangères, mais pas seulement. Dans le 20ème de Cavalerie, c'est une source fournie de comique, que ce soit de la part des indiens ou du blanchisseur chinois, dont voici un exemple :

« La langue menteuse du serpent s'agite dans la bouche du visage pâle au long couteau ! »



Une autre scène verse également dans ce registre mais est plus rare : Lucky Luke rencontre un représentant du gouvernement qui parle beaucoup pour lui expliquer la situation qu'il devra résoudre. Sur six images, Lucky Luke ne prononce qu'un mot à la fois puis va expliquer à Jolly Jumper le programme.

« (Je remplace ici les longues tirades du représentant Bullings par …)

LUCKY LUKE : Salut !

REPRÉSENTANT BULLINGS : […]

LUCKY LUKE : Moi ?

REPRÉSENTANT BULLINGS : […]

LUCKY LUKE : Carabines ?

REPRÉSENTANT BULLINGS : […]

LUCKY LUKE : Ah ?

REPRÉSENTANT BULLINGS : […]

LUCKY LUKE : Ouaip.

REPRÉSENTANT BULLINGS : […]

LUCKY LUKE : O.K. !

Je viens de discuter longuement, Jolly Jumper, et nous partons à Fort Cheyenne, nous mettre au service de l'armée… »



4. le comique par l'absurde

Dans la série Lucky Luke, c'est l'une des formes de comique les plus fréquentes. Elle fleurit particulièrement sous la houlette des Dalton, mais dans un album comme le 20ème de Cavalerie, elle n'en est pas moins omniprésente. À titre d'exemple, parmi une pléthore d'autres :



« Ils vont nous assiéger. Avons-nous des vivres pour tenir longtemps ?

— Nous allons voir, Monsieur… Sergent ! Un état des vivres en trois exemplaires sur formulaire 1.425 U.S.C. ! »

Ou bien encore :

« Que font-ils ?

— Ils font semblant d'éplucher des patates. Ce sont les punis de corvée de patates. Ordre du colonel : patates ou pas patates, la vie du 20è de cavalerie doit continuer comme si de rien n'était.

— Et faites semblant de faire des épluchures fines, vous autres ! le colonel fera semblant de les examiner ! »



5. le comique satirique

Le comique satirique prend souvent chez Goscinny la tournure d'une critique sociale, notamment de la société contemporaine, par le biais des anachronismes que lui permettent ses héros, qu'ils soient guerrier gaulois, Vizir baghdadi ou cowboy américain et même quasi contemporain dans la bouche de l'enfant qu'est le Petit Nicolas.



Dans le 20ème de Cavalerie, comme dans l'album Astérix Légionnaire, on peut lire une critique générale des rigueurs de l'armée, mais également au début, une critique du régime technocratique et centralisé loin des problèmes concrets. La scène se passe à Washington dans les locaux du gouvernement :



« -Nous avons reçu des nouvelles préoccupantes de la frontière, Messieurs. Les Cheyennes menacent de rompre la trêve…

— le colonel MacStraggle est un grand soldat, mais je crains que comme diplomate…

— Je connais un homme tout indiqué pour traiter avec les Cheyennes. Je propose qu'on lui envoie immédiatement un représentant pour lui demander son aide…

— Adopté ! Passons à la question suivante : l'uniforme des postiers… »



Un autre thème favori de Goscinny est la poltronnerie générale des villageois face à une difficulté ou une personne dangereuse et l'appropriation des mérites lorsque la situation est résolue, critique à peine voilée de la collaboration pendant la seconde guerre mondiale.



6. le comique de jeux de mots

Le comique de jeux de mots est très présent dans l'oeuvre de Goscinny, où il explose dans Iznogoud et est fréquent dans Astérix, mais étonnamment peu présent dans la série Lucky Luke. Il semble que cet état de fait découle d'une volonté affichée de Morris de proscrire les calembours qu'il n'affectionnait pas. On en déniche tout de même quelques uns au détour de quelques albums et notamment ici dans le 20ème de Cavalerie.



Au début de l'aventure, un garçon veut transmettre un message à Lucky Luke. Celui-ci est en train de brosser Jolly Jumper :

« Lucky Luke ! Un homme est arrivé par la diligence et demande à vous voir !

— Je suis occupé, petit…

— Il dit que c'est un représentant du gouvernement…

— Ah ? Tu finiras tout seul, Jolly Jumper !

— Bien sûr ! Dès qu'il y a quelqu'un d'un peu important, je peux me brosser ! »



Ensuite, le blanchisseur Ming Li Foo fait ses valises pour quitter le fort car il vient d'apprendre que le colonel retient le chef indien prisonnier. Peu après, retentissent des coups de feu et le blanchisseur revient au galop en s'écriant : « Ming Li Foo est voué à la propreté, il vient d'essuyer des coups de feu! »



Enfin, j'ose risquer des interprétations un peu osées sur les noms des personnages, mais l'on sait combien René Goscinny affectionne les noms qui sont aussi des calembours. Aussi le nom Mac Straggle ressemble trop à Mac Staggle pour ne pas signifier en réalité d'après moi " Max ! Ta gueule ! " ou encore le laveur chinois Ming Li Foo qui ressemble beaucoup à " Mais il est fou ! "



7. le comique de formule

Ce comique est à distinguer des jeux de mots, car il s'appuie surtout sur les sonorités de la langue. C'est la forme de comique la plus rare chez Goscinny mais qui souvent fait mouche. On se souvient en particulier de celle d'Astérix chez les Bretons : « Mon jardin est plus petit que Rome, mais mon pilum est plus solide que votre sternum ! »



Dans le 20ème de Cavalerie, on en rencontre deux : « Mon frère doit savoir que la tête d'un émissaire est encore plus sacrée que la tête d'un frère ! »

Mais surtout cette réplique du colonel au chapelier : « La cavalerie ne mange pas plus ses chevaux, Monsieur, que vous ne mangez vos chapeaux ! »



Conclusion :

Cette catégorisation ne doit pas faire oublier que différentes formes de comique peuvent être mêlées chez l'auteur et que sur les 147 situations comiques que j'ai pu relever dans cet album, plus du tiers (52 pour être précise) jouaient sur plusieurs registres.



À titre d'information sur leur fréquence, 55 sont du comique de situation, 43 du comique par récurrence, 40 du comique de caricature, 36 du comique par l'absurde, 19 du comique satirique, 8 du comique de jeu de mots et 2 sont du comique de formule. Ces proportions peuvent bien évidemment varier, mais donnent une bonne idée de la tendance comique propre à la série Lucky Luke et qui diffère des autres séries scénarisées par René Goscinny.



Mais bien évidemment, tout ceci n'est que mon avis sur la question, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Astérix, tome 20 : Astérix en Corse

Astérix En Corse est considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs Astérix de l'âge d'or, avis auquel je souscrivais il y a peu encore. Concert dithyrambique pour célébrer un album il est vrai bourré d'humour.



Cependant, je vais tenir un discours légèrement différent aujourd'hui. Jusqu'il y a peu, j'étais une fan inconditionnelle de cet album que je trouve tordant de bout en bout. Mais j'ai eu le malheur de le passer au banc d'essai.



Ce que j'appelle le banc d'essai, c'est ma fille, une enfant qui aime bien lire et rigoler, et qui est plutôt délurée pour son âge. Et bien croyez-moi si vous voulez, elle n'a presque pas ri une seule fois.



Lorsque je lui demande ce qu'elle a bien aimé, elle me répond essentiellement deux passages que je trouve assez quelconques, celui où Obélix dit qu'il aime le maquis parce que c'est plein de cochons et de Romains et celui où les prisonniers corses demandent au légionnaire d'arrêter de dire des gros mots parce qu'il leur a demandé de travailler.



En fait, je crois que les 9/10èmes de l'humour contenu dans l'album n'est absolument pas accessible aux enfants, ni même aux jeunes ados, pour ne pas dire 99 %. Par exemple lorsqu'Astérix se trompe et appelle Ocatarinetabellatchixtchix du nom d'Omarinella, lorsqu'on parle d'urnes déjà pleines, lorsqu'à la planche 36 tous les Corses sortent des glaives à cran d'arrêt, et même une lance à cran d'arrêt, lorsque le bateau explose par un fromage corse, etc., etc., etc.



Même les superbes caricatures d'Uderzo sont sans résonance dans le monde des enfants. Par exemple qui reconnait le dessinateur Tabary sous les traits du pirate au casque à bougies à la planche 40 ? De même encore pour les calembours contenus dans les noms de famille, notamment celui du préteur romain Suelburnus où il faut entendre " faire suer le burnous ", expression il est vrai très usitée chez la jeunesse.



Tout cet humour est un humour d'adulte pour des adultes. Donc, oui, en tant qu'adulte j'adore cet Astérix, mais en tant qu'enfant, il n'a probablement pas autant d'intérêt, or, Astérix est, ce me semble, avant tout une publication destinée à la jeunesse.



Voilà pourquoi, malgré l'extraordinaire et savoureux humour contenu dans la totalité de l'album, je ne vous conseille pas cet album pour vos enfants, à moins qu'ils aient passé quinze ans et qu'ils connaissent les grognards de Napoléon, le soleil d'Austerlitz, la main dans le gilet et bon nombre des événements de la Corse moderne. Pour les adultes, en revanche, il n'y a pas à se priver, c'est une " explosion " de rires assurée.



Note pour les adultes : 5/5

Note pour les enfants : 3/5



Mais bien entendu, tout ceci n'est qu'un avis, qui vient corser un peu plus la possibilité de faire la sieste tranquillement, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le Petit Nicolas

Le petit Nicolas est dans "Pilote", mâtin, quel journal !

Dans les années 60, il se trouve en bonne compagnie, avec notamment Astérix et Obélix, Barbe rouge le démon des Caraïbes, l'inspecteur Robillard dont les enquêtes sont racontées par Pierre Bellemare, Michel Tanguy, zappy max dans "ça va bouillir" une mini BD signée Tillieux, Kopa pour des leçons de foot-ball, le fameux pilotorama qui fait, déjà lui aussi la double page centrale, Tromblon le bandit toujours accompagné de son fidèle corniaud "La Truffe" et de Bottaclou qui ne cessera jamais de le pourchasser, Blueberry, les dingodossiers, Achille Talon le cerveau choc, le grand Duduche, Oumpah-pah le peau rouge, P'tit Pat, Belloy le chevalier sans armure et bien d'autres...

J'ai eu la chance de grandir avec le petit Nicolas au fil des numéros de"Pilote" qui traînaient partout, abandonnés depuis de nombreuses années dans la maison, sans télé, des vacances de mon enfance.

Lorsqu'en 1975, "folio" sort un premier recueil de poche j'ai réuni mes quelques économies pour l'acheter et lorsque j'ouvre aujourd'hui ce livre dont les pages s'enfuient aussitôt, l'émotion reste intacte.

Le petit Nicolas est devenu au fil des années un grand frère qui revient me raconter périodiquement notre enfance.

Que dire pour en remercier Goscinny et Sempé, qui n'a pas déjà été dit ?
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Astérix, tome 8 : Astérix chez les Bretons

Encore un très bon Astérix avec ce huitième opus de la série qui emmène les lecteurs vers un grande île, la Bretagne, celle devenue Grande aujourd'hui.



Le prétexte est celui d'un village breton résistant à l'envahisseur romain, comme le fait celui des héros que nous connaissons bien, mais résistance sans potion magique. Donc, un petit coup de pouce de la part des gaulois serait le bienvenu.



Astérix et Obélix vont donc partir vers cette île de liberté où ils découvriront un mode de vie bien différent du leur. L'heure sacro-sainte du thé et son nuage de lait sont avec d'autres us et coutumes bretons l'opportunité pour Goscinny et Uderzo de déployer le meilleur de leur humour au grand plaisir des lecteurs.



Et si tout se termine par le fameux banquet avec barde muselé, l'ensemble de l'album est un florilège de bons moments à savourer à petites gorgées de "british tea".
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Astérix, tome 15 : La Zizanie

La Zizanie marque un tournant dans la production de René Goscinny. C'est la fin de la période insouciante. On avait déjà un peu senti le coup venir avec Astérix Et Le Chaudron, mais là, c'est officiel.



Il aborde des sujets beaucoup plus " graves ", beaucoup plus adultes, l'argent dans Astérix Et Le Chaudron, les relations humaines dans cet album. Il en va de même dans la série Lucky Luke, où l'auteur se montre toujours plus désespéré, toujours plus désabusé sur le genre humain. L'origine de cet état de fait est probablement à rechercher dans les difficultés professionnelles et les déceptions répétées qu'essuie le scénariste sous son autre casquette de directeur de journal et d'homme d'affaires.



On n'est plus au temps où il suffisait de faire une bonne partie de déconnade avec Albert Uderzo pour pondre un bon album. Il y a désormais des tas de responsabilités, diriger des équipes, résoudre des difficultés sans fin, à la rédaction ou ailleurs.



Entre autre, les jeunes auteurs que vous prenez sous votre aile au sein du journal Pilote et qui vous taillent des costards par derrière (Claire Bretécher, notamment, était connue pour ça bien qu'elle était loin d'être la seule. Il y avait toute la " nouvelle garde ", même si ça fait sourire de dire ça maintenant, à l'époque c'étaient de jeunes loups que Goscinny avait lancés et qui se rebellèrent, le taxant de " dictateur " dans son journal.)



Bref, la joie des relations de travail qui procure ici un sujet tout trouvé. Dans l'histoire qui nous occupe, ce sera le fétide Tullius Détritus, dont Goscinny nous dresse cette description, je cite : " C'est un être immonde, mais très efficace. L'horrible visage vert de la discorde apparaît sur son passage ; ça tient du prodige... "



Dans les bulles, les auteurs utilisent cette image, en colorant de vert plus ou moins foncé les répliques où les graines de la discorde sont les plus épanouies. L'idée de César est donc, cette fois, pour casser la malédiction des irréductibles Gaulois d'Armorique, de semer la zizanie dans leurs rangs.



Et Détritus n'a pas grand mal à le faire, car chacun y met du sien pour attiser les braises au vent mauvais de la discorde et du fiel bon marché. Astérix lui-même est mis en porte-à-faux, comme dans Astérix Et Le Chaudron. Il faudra toute la finesse de Panoramix et bien évidemment les gros bras d'Obélix pour venir à bout de cette discorde, et encore...



Je pense que nous sommes nombreux à avoir éprouvé ou à éprouver encore au quotidien les sévices de tels fouteurs de merde. Des gens dont le seul plaisir ou le seul but dans la vie semble être de créer une mauvaise ambiance (je crois même en avoir vu un ou deux sur Babelio, mais, chuuuut ! n'attisons pas le feu qui dort.).



Dans le monde de l'entreprise, certains appellent ça " diviser pour régner ", moi j'appelle ça tellement n'avoir rien d'autre dans sa vie et tellement être aigri soi-même qu'on cherche à reporter son mal-être sur les autres en essayant d'en tirer une jouissance malsaine.



J'en terminerai en signalant une superbe caricature de Lino Ventura en Aérobus, là encore, un acteur dont le cœur de cible n'était pas spécialement les enfants, tout comme le sujet de l'album.



Donc, plus que jamais, un numéro à double lecture, qui nous fait rire, certes, mais un peu jaune (ou même vert !). Cependant je ne voudrais pas semer la zizanie en vous imposant cet avis si vous ne le partagez pas, car ce n'est pas grand-chose dans le fond.
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Lucky Luke, tome 16 : En remontant le Missi..

En Remontant Le Mississippi est chronologiquement l'un des tout premiers " supers albums " du duo Morris & Goscinny. Lucky Luke y est transporté hors de son terrain de prédilection puisqu'il va naviguer à bord d'un bateau à roues à aubes sur le long et tumultueux fleuve, véritable colonne vertébrale des États-Unis.



Aussi bien le scénariste que le dessinateur se sont bien documentés pour cet épisode particulièrement intéressant en plus d'être drôle. Le synopsis, en deux mots : Lucky Luke est le témoin, à La Nouvelle Orléans, d'une altercation entre deux capitaines de navires faisant la liaison sur le Mississippi.



L'un et l'autre prétendent avoir le bateau le plus apte à relier le premier l'arrivée à Minneapolis. D'un côté le capitaine Barrows, vieux loup de fleuve bourru mais honnête, qui est défié, de l'autre côté, par le retors capitaine Lowriver (NB : vous constatez que Goscinny s'en donne toujours à cœur-joie avec les noms de ses personnages à une époque où peu de gens parlent anglais en France).



Vous imaginez pour qui Lucky Luke va prendre fait et cause. Les auteurs abordent la question de la culture du coton et de l'esclavage noir dans le sud des États-Unis.



Bien que je ne perçoive pas une quelconque forme de racisme dans cet album, seulement des clins d'œil comiques habituels sur certains clichés des traits de caractères des populations noires, l'ouvrage fut censuré (peut-être l'est-il encore) dans certains pays scandinaves, le jugeant trop " discriminant " pour les Afro-américains.



Je ne partage pas cette critique et vous invite à regarder Tintin Au Congo de plus près pour lire une " vraie " forme de racisme colonial. On peut probablement taxer Goscinny de beaucoup de choses, mais probablement pas de racisme, lui, issu d'une famille juive polonaise, contrainte à l'exil, ayant grandi en Argentine, travaillé aux États-Unis ou avec des Belges, qui a fait évoluer ses personnage d'Astérix et d'Iznogoud dans pas mal de cultures étrangères, toujours avec humour, jamais avec mépris, je trouve que la critique est particulièrement mal choisie. (NB : de nos jours, ce sont plutôt les ricanements sur la communauté juive par un humoriste noir qui font l'objet de raidissements, comme quoi, la roue tourne...)



Bref, ceci étant dit, délectez-vous des vicissitudes du Mississippi et je vous conseille tout particulièrement un personnage secondaire impayable, Ned, le vieux pilote du Daisy Belle (le bateau du capitaine Barrows), l'un des plus savamment travaillés par les auteurs. Donc, j'attribue une mention très spéciale et positive à cet album, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose sur les vississitudes d'un grand fleuve (ou micissippudes, je ne sais plus trop, je perds mon orthographe en ce moment).
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Astérix, tome 2 : La Serpe d'or

La Serpe D'Or est la deuxième réalisation du duo Goscinny-Uderzo, histoire parue d'abord en épisodes dans le périodique Pilote en 1960 et 1961, puis compilée sous forme d'album en 1962. À cette époque, le tirage des albums d'Astérix est encore confidentiel (6000 exemplaires d'après mes sources). À telle enseigne que de nos jours, cet album a la réputation d'être le plus cher dans son édition originale, atteignant plusieurs milliers d'euros en très bon état et dépassant allègrement les 5000 euros en état neuf !

Ça laisse rêveur quand on sait que ceux-ci étaient vendus pour quelques francs par des libraires pas spécialement fiers de délivrer cette marchandise...

En ce qui concerne le dessin, on voit bien qu'Albert Uderzo n'a pas encore trouvé la pleine maturité qu'il affichera vers le milieu des années 1960.

Astérix et Obélix ont encore des traits assez grossiers mais déjà nettement plus aboutis que dans le premier album Astérix le Gaulois. Obélix accède d'ailleurs au véritable statut de contrepoint d'Astérix, qu'il conservera.

Question scénario aussi, René Goscinny est encore en phase de rodage. Ses dialogues ne sont pas encore cousus de jeux de mots et de significations équivoques... quoique... quoique...

C'est en réfléchissant à l'un de ces jeux de mots distillés dans l'album que j'imagine pouvoir en dénicher l'origine et une possible signification.

Je vous propose d'examiner ce jeu de mots :

Panoramix dit : " Les bonnes serpes sont rares ! Les meilleures, les seules que j'accepte sont celles que fabrique le célèbre Amérix, dans la lointaine Lutèce... "

Et Astérix de renchérir aussitôt en disant : " Ça c'est vrai. Les serpes qui viennent d'Amérix sont les meilleures, c'est bien connu... "

La seule façon, selon moi, d'entendre ces répliques a priori anodines, est de remplacer " serpes " par " herbes ".

Cela devient : " Les bonnes herbes sont rares " / " Les herbes qui viennent d'Amérique sont les meilleures, c'est bien connu. "

On imagine alors aisément à quel genre d'herbes Goscinny fait référence. Il parle également de la lointaine Lutèce et, un peu plus loin dans l'album, Astérix arrive chez un cafetier fraîchement débarqué de Massalia (Marseille) et qui fait venir des choses par char à boeufs (comme du poisson frais, par exemple !).

Nous avons donc affaire à un trafic de serpes à Paris, aux ramifications glauques et souterraines, mouillant des politiques romains. Lentix est le portrait craché du bandit corse...

Bref, vous avez compris, nous sommes au tout début des années 1960, l'âge d'or de la French Connection, avec des personnages comme Antoine Guérini (qui ressemble beaucoup à Lentix). N'oublions pas non plus que Goscinny collabore depuis déjà plusieurs années à cette époque à la série Lucky Luke et à ses fameuses bandes de gangsters qu'il affectionne. Tiens, tiens, Lucky Luke, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Lucky Luciano, bien sûr, réputé comme l'un des plus grands gangsters mafieux italo-américains et lié avec la French Connection.

Cet album m'apparaît donc comme une mise au jour d'un trafic de serpes et de son démantèlement par Astérix et Obélix, exactement comme on pouvait le souhaiter à l'époque du trafic international de drogue dont Paris et Marseille étaient les deux principales plaques tournantes (d'ailleurs l'image de la plaque tournante est également figurée dans l'album).

Je ne le trouve donc pas particulièrement drôle cet album, ni très abouti, mais intéressant tout de même, notamment pour comprendre la genèse de celui qui est devenu une icône nationale, l'irréductible Astérix.

Mais bien sûr, ceci n'est que mon avis taillé à coups de serpe, même pas en or, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Astérix, tome 6 : Astérix et Cléopâtre

QUI PEUT REMPLACER GOSCINNY ?

J'en vois, par les temps qui courent, qui s'enthousiasment, qui plébiscitent, qui crient au retour d'Astérix et tutti quanti.

Certes, certes, je réponds certes..., mais..., franchement..., de vous à moi..., Uderzo avait tellement touché le fond que tout ce qui viendrait après ne pouvait être, comparativement, que sensationnel et confiner au génial tant les derniers albums étaient bousissimes.

Mes chers amis, avez-vous la mémoire si courte ? Astérix c'est ça, nom de dieu (euh... par Toutatis, je voulais dire) ! Comparez-donc les nouveaux avec ceux de la grande période d'or et vous verrez que le compte n'y est absolument pas.

Ici, on a un album fin, parodique et tordant de bout en bout. Les références sont multiples et toutes bien senties, de Napoléon au Canal de Suez en passant par le cinéma hollywoodien et son fameux couple Burton / Taylor.

Références à l'art moderne et sa fameuse querelle des tenants de la tradition face à la modernité, etc., etc., etc., je pourrais en noircir une pleine page. Bref, un sans faute absolu sur le scénario et le florilège de jeux de mots et tout, et tout. C'est jouissif à tout âge. Donnez-le à un petit vieux, il va se marrer, donnez-le à un gamin, il va se marrer, donnez-le à un ado, à un quinqua, à un trentenaire, ça marche à tous les coups, c'est du marbre.

Non, voyons, revenez à la source ! Astérix c'est ça ! Qu'on arrête de nous faire croire que tous les ersatz sont une renaissance. Personne n'a la carrure pour se mesurer, même moindrement, au génial René Goscinny.

Astérix Et Cléopâtre est, chronologiquement, le sixième album d'Astérix, mais le tout premier à être absolument génial de bout en bout. D'ailleurs le public ne s'y est pas trompé, c'est à partir de cet album que les ventes explosèrent réellement.

À ce propos, même pour du Goscinny c'est du top. 1965 est une bonne passe pour lui, tout est bon dans ce qu'il a fait cette année-là, les Lucky Luke de la même période sont supers également.

Côté dessin, Uderzo touche à une certaine forme de maturité dans son trait et les couleurs sont fantastiques, rien à voir avec les albums précédents. Une vraie réussite totale.

L'histoire en deux mots : César, jugeant le peuple égyptien décadent, lance un défi à Cléopâtre, à savoir construire un palais dans un très bref délais.

L'architecte retenu est l'infortuné Numérobis, un fervent moderniste, qui a quelques petits problèmes avec les proportions, si vous voyez ce que je veux dire.

Rien ne serait simple, au demeurant si un autre architecte égyptien, le cruel et richissime Amonbofis qui rêve de gloire personnelle et de pouvoir ridiculiser, voire éliminer définitivement son éternel rival dans la profession.

Numérobis perçoit vite qu'il aura besoin d'un petit coup de pouce pour mener à bien cette réalisation. Voilà pourquoi il n'hésite pas à faire ce long et périlleux voyage jusqu'à la frisquette Armorique pour venir quérir le service des mages...

Une référence absolue concernant Astérix, l'un des trois, au pire des cinq meilleurs albums de tous les temps, quels que soient vos goûts et vos affinités, un album à toujours garder comme étalon quand on dit qu'un nouvel album est bon ou pas.

Mais ce n'est bien sûr que mon avis, qui ne casse pas des briques, et encore moins des pyramides, c'est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. : les éditeurs ont trouvé le moyen d'annuler même l'humour contenu dès la couverture qui était originellement recouverte d'inscriptions faisant référence à l'affiche du film Cléopâtre avec Elisabeth Taylor. Aplatir les couleurs d'origine avec une pauvre composition à l'ordinateur ne leur suffisait pas, il a fallu aussi qu'ils suppriment l'humour pour coller à l'air du temps. Bandes d'abrutis d'éditeurs à la gomme ! La définition d'un classique c'est de ne plus jamais coller à l'air du temps, c'est d'être précisément hors du temps. Et Astérix Et Cléopâtre est précisément un classique. Quelle honte cette nouvelle couverture.
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