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Critiques de Robert A. Heinlein (378)
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Sixième colonne

Un sympathique petit livre.

C'est clairement un livre de jeunesse de Heinlein (le premier qu'il a écrit dans le domaine de la SF) et c'est loin de valoir un Étoiles, garde à vous ! (Starship Troopers).



Certes le livre manque un peu de modernité, mais si on ne perd pas de vue qu'il a été écrit en 1941 on s'en accommode très bien.

L'histoire n'est pas particulièrement réaliste quant aux réseaux de résistants mais on s'amuse des aventures de Ardmore.



Le style est simple, la lecture linéaire (comme toujours chez Heinlein).

Un bon moment de distraction et une petite réflexion sur les régimes totalitaires et racistes.



Si vous êtes fan d'Heinlein, vous pouvez y aller les yeux fermés. Pour les autres, le livre reste un bon moment de distraction, mais si voulez découvrir l'auteur dans une histoire de révolution et de réseaux résistants, préférez Révolte sur la Lune
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L'Enfant tombé des étoiles

Il s'agit d'un livre publié en 1954, deux seulement avant son premier grand succès, Double étoile (prix Hugo 1956) (si l'on fait abstraction de son histoire du futur).





Lummox est grand comme plusieurs éléphants, mais doux comme un agneau. Il est dans la famille de John Stuart, depuis plusieurs générations, ramené sur Terre d'une des premières expéditions interstellaires de l'humanité.

Depuis, l'humanité a fait son chemin, au sein d'une fédération comptant plusieurs centaines d'espèces extra-terrestres, mais loin de compter et de connaître toutes les espèces de la galaxie.

Quand Lummox fait des siennes, et vu sa taille, cela prend rapidement des proportions gigantesques, la question se pose de son devenir. Est-il intelligent et civilisé ou alors réduit au rang de simple animal nuisible dont il faut se débarrasser ? Et quand ceux de son espèce viennent le chercher, prêt à détruire la terre pour le retrouver alors que ce dernier est en fuite, comment vont réagir les politiques qui ont en charge de gouverner l'humanité ?





Le titre, la couverture et même le quatrième de couverture, tout concourait à nous faire croire qu'il s'agissait d'un livre pour enfant. Que nenni. Ais-je pour autant été déçu à la lecture de ce court roman ? Encore moins.

Heinlein, et sa verve habituelle, nous plonge avec délices, dans les arcanes tordues de la politique, de la justice et de la diplomatie inter-espèces avec un brio inégalable. Avec ce roman, il se fait les dents sur ces sujets qu'il reprendra deux ans plus tard avec Double étoile, l'humour en plus.

Attention, le résumé, voire les critiques d'autres internautes, peuvent laisser penser qu'il s'agit d'un livre de sf humoristique, il n'en est rien. On est loin des Martiens go home, Planète à gogos ou Sans nouvelles de Gurb. Mais le style léger voire enjoué de l'auteur arrive toujours, par les situations qu'il développe et les bons mots, à nous arracher quelques sourires qui rythment agréablement notre lecture.





Bref, un excellent moment passé cet auteur, dont on reconnait la patte inimitable et les idées bien arrêtées, dès les premières complications du roman.
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Destination Outreterres

Sympathique



Un groupe de gens gens des deux sexes, futurs candidats à la colonisation interplanétaire participe à un exercice de survie. Largués individuellement sur une planète inconnue, une seule règle, une seule information : Survivre. Mais d’un exercice mortellement dangereux qui devait durer 10 jours, nous allons nous retrouver, par un coup du sort sur une réalité durant plusieurs années. Vivre, survivre, se reproduire. La vie reprendra ses droits.



D’où Heinlein mort en 1988 nous sort un inédit en 2022 ? pourquoi ce petit roman fort sympathique datant de 1955 n’a pas été traduit avant ? Cela fera partie des mystères non résolus (pour moi du moins).



Le background permettant cette exercice de survie n’est en fait pas très important, il permet juste à quelques jeunes débrouillards et surtout ayant une éducation et une culture très éclectique en tant que groupe, pour permettre une survie organisée et plus évoluée que la grotte et la bagarre entre les plus forts du groupe pour les faveurs des femelles.



Le seul reproche que je pourrais faire à ce sympathique récit est le rapport homme-femme où l’on a l’impression, qu’aussi forte que soit la dame, aussi indépendante qu’elle puisse être ou vouloir être, le but ultime c’est le mariage pour lequel elle laissera tout tomber… Ah, nous sommes en 1955, tout va bien alors.



Cela aurait pu être plus violent, plus gore, plus mature, plus réaliste, mais qu’importe, cette mignonne petite lecture m’a fait passer un moment très agréable. Petite plongée dans le passé de la SF.
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Starship Troopers

Starship troopers



UNE SOCIETE EN GUERRE TOTALE : Un thème certes , mais aussi une métaphore et un cadre d'étude et certainement pas un plaidoyer réactionnaire , mais une allégorie aussi sur le patriotisme , et sur la nécessité certaine de défendre son potager si on ne veut pas boire la soupe ( sourires ) .

Henlein est souvent taxé de militarisme existentiel . C'est une absurdité à l'aune de l'ensemble de son oeuvre ...

C'en est également une au regard de ce roman qui parle d'une guerre totale , qui bien que réaliste , est un cadre qui permet de disserter et de réfléchir plus qu'il n'est un manifeste politique ...



Le bouquin est sortis dans un contexte particulier ou la guerre ne pouvait être massivement perçu de façon négative , par ailleurs si l'auteur n'est pas antimilitariste ce ne fait pas de lui et pour autant un fasciste réactionnaire .

Résumé du contexte historique :

-L'Europe et l'Asie-pacifique avaient étées intégralement ravagées par la barbarie nazie , l'impérialisme japonais et leurs conséquences (seconde guerre mondiale ) cf. : les tickets de rationnement jusque les années 50 en Europe , et les beaux champs de ruines très décoratifs , un peu partout .

-Jusque 1962 , les risques réels ,tangibles et palpables de conflits généralisés est/ouest ont lourdement pesés sur les consciences ( en SF c'est la floraison du genre apocalyptique et de l'utopie – dystopie ).



l'idée de guerre justifiée et juste était aussi commune que le beurre dans les épinards à l'époque ...

Il est tout simplement un homme de son temps et pas très réactionnaire et pour vous en convaincre lisez : En Terre Etrangère du même auteur .



Le thème des soldats qui monopolisent les droits politiques fait référence à une posture analytique qui est d'un classicisme rigoureux et qui se rapporte à la Grèce antique et notamment à la constitution d'Athènes ( emblématique de la démocratie grecque )..

Pour Henlein c'est une simple posture classique , un mode opératoire ....



Pour ne pas être trop long je ne parlerais pas du contexte qui fait que Henlein puisse être perçu comme un militariste ... 30 ans après et déjà ( seulement ! ) ....

L'idée de guerre juste et ( non plus seulement justifiée est dans l'air à nouveau ) ...



Le roman repose sur le personnage principal et il est construit sur le mode narratif première personne .

Le lecteur suit le fantassin du stade de jeune recrue au stade d'officier , un parcours agrémenté de champs de batailles futuristes époustouflants , de terrains d'entrainements tout à fait convaincants et inondés de sueur .

Le lecteur est dans l'armure de combat et ce n'est pas un euphémisme .



Le texte est assez drôle par moment , il est choquant aussi car l'infanterie n'est pas vraiment bien élevée , polie et prévenante .

Sachez que quand Haldeman arpentait le gazon au pays des merveilles ( Vietnam ) , il avait ce texte ( starship troopers ) dans sa poche , cf : Les Deux Morts de John Speidel .



Étoiles garde à vous est un bouquin fascinant , à lire tous les 3 ans . Il faut en abuser et sans modération surtout svp ..

Le texte est construit à la perfection ... intrigues et caractérisation ...



Hugh .

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Podkayne fille de Mars

Primo : C'est l'une des couvertures les plus moche que j'ai jamais vue, cela n'aide pas à entamer le livre. :-)

Secundo : L'arnaque. L'histoire promise par la quatrième de couv (intrigue politique, vaste complot, bébé-fée) n'arrive qu'à 50 pages de la fin (pour un livre de 250 pages) et n'est de toute façon, qu'à peine évoquée. Vous ne saurez rien de bien précis sur ce vaste complot, simple prétexte à l'enlèvement des enfants.

Tertio : Tout le background du livre est largement survolé. Aucune explication sur les martiens (pourtant encore vivants) et leur culture, à part qu'elle est très ancienne, et les fées de vénus.



Reste le quarto, qui fait que le livre mérite malgré tout une lecture rapide : Sur les 200 premières pages, Heinlein nous distille un gentil babillage, très plaisant à lire, sur Podkayne et son voyage, là encore prétexte pour nous servir ses idées sur l'éducation, la politique, les femmes, tout et rien.
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Trois pas dans l'éternité

Œuvre de jeunesse.



Trois nouvelles :



En quelques temps, écrit en 1941, un voyage à travers le temps et les univers parallèles. Point de machine, mais les pouvoirs de l’esprit.

C’est une nouvelle, donc forcément, c’est incomplet. Mais en plus c’est insipide. Une lecture sans intérêt, sans enjeu.



Héritage perdu (1941) : Le « gros » morceau du recueil. Charmante petite nouvelle. Les USA, championne et dernier rempart de la liberté (nous sommes en 1941), les femmes, charmants objets ayant besoin d’être protégées et guidées (nous sommes en 1941). Du Heinlein, quoi.



Un homme (1947). Malgré la stupide et horripilante bonne femme riche, un plaidoyer pour la différence.



Une lecture rapide, distrayante (pour la seconde nouvelle) mais on est loin du texte mémorable.
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L'Age des étoiles

"L'âge des étoiles" est un voyage interstellaire dans le but de découvrir d'autres planètes habitables pour l'humanité, désormais en surpopulation sur terre... Pour contourner les problèmes de communication liés et soumis à la "distension" de l'espace-temps sur des distances se comptant en trillions de kilomètres, on décide d'utiliser des jumeaux (de préférence identiques) qui resteront en contact télépathique, l'un sur terre et l'autre dans le vaisseau d'exploration, pour les comptes-rendus journaliers.



C'est Pat, le frère dominateur et manipulateur qui était tout désigné pour participer à l'aventure dans l'espace, mais à cause d'un retournement de situation, c'est finalement Tom qui se trouve sur le vaisseau-torche en partance... Et c'est lui qui raconte le déroulement de la mission, mais surtout ses états d'âme et son développement identitaire.



Si le récit aborde bien la sérendipité scientifique et spatiale, les théories sur la relativité et de l'espace-temps, l'accent est mis sur la psychologie des personnages. Tom décrit dans son journal les relations inconsciemment conflictuelles avec son frère jumeau et la distance qui se creusera, à leur insu, entre eux. Non seulement parce que Pat vieillit sur terre, tandis que Tom restera (très) jeune dans l'espace, mais aussi et surtout parce que Tom, qui n'a rien d'un héros infaillible, arrive -enfin- à s'affirmer, loin de son frère.



Ce n'est donc pas à proprement parler un space opera aventureux, mais un récit de voyage doublé d'un point de vue psychologique qui nous fait se sentir rapidement proche de Tom, d'ailleurs excellent narrateur, que j'ai suivi avec un réel intérêt et bonheur.



Ecrit en 1956, destiné alors à un jeune lectorat, ce roman de SF présente évidemment quelques invraisemblances à nos yeux du 21e siècle mais reste globalement un texte qui n'a pas trop vieilli et qui ne freine donc absolument pas un vrai plaisir de lecture.
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Waldo

Waldo est une histoire étonnante, bizarre parfois, compliquée aussi mais dont l’issue est extrêmement simple. Ce roman a obtenu le prestigieux Prix Retro Hugo qui rend hommage, non pas à notre Victor national, mais à Hugo Gernsback qui a fondé un des premiers magazines de science-fiction, aux États-Unis.

Robert Anson Heilein, considéré comme un maître es-science-fiction dans son pays, est décédé en 1988. Voilà que la collection Une heure-lumière des éditions Le Bélial a la bonne idée de publier ce livre édité en 1942 et réédité en 1950 aux USA. C’est dans le cadre des Explorateurs de l’imaginaire de Lecteurs.com que je me suis plongé, une fois n’est pas coutume, dans la lecture d’un ouvrage de science-fiction.

Ainsi, l’auteur m’a entraîné dans une période future non datée. Les appareils de la North American Power-Air subissent des pannes inexpliquées. Il faut dire qu’ils fonctionnent à l’énergie rayonnante et que leur propulseur deKalb dysfonctionne de plus en plus souvent.

Le Docteur Jim Stevens ne connaît qu’un seul homme pouvant résoudre de problème d’énergie rayonnante : Waldo Farhingwaite-Jones. En effet, ce jeune homme a étudié les effets des radiations ultra-courtes sur le cerveau humain. C’est un génie mais il est très particulier.

Waldo est atteint, depuis sa naissance, d’une maladie neuromusculaire, la myasthénie. Il vit dans une sorte de station spatiale à bonne distance de la Terre, depuis dix-sept ans. Grâce à des dons extraordinaires, il a réussi à inventer un tas d’instruments, mis au point quantité de techniques pour vivre en apesanteur, seul, avec son chien, Baldur, un molosse.

Un seul homme a toute sa confiance : le Docteur Gus Grimes qui a procédé à sa naissance et lui a permis de vivre. Dans son logis spatial, Waldo est devenu obèse, monstrueux d’égoïsme mais reste un inventeur génial.

Son enquête, ses recherches, pour résoudre le problème qui lui est posé, vont l’amener à rencontrer Papi Schneider qui lui parle de l’Autre Monde, de magie, et cela déclenche, en cascade, une suite de révélations amenant Waldo à une transformation radicale dont je ne peux dire davantage.

J’ai apprécié la brièveté de ce roman de science-fiction car, parfois, je me suis perdu dans les développements scientifiques et les termes quelque peu compliqués mais c’est la loi du genre. Je reste admiratif devant cet auteur, Robert A. Heilein qui, bien avant que nous soyons alertés sur les dangers de ces ondes qui nous traversent partout et sans cesse, avait déjà mis le doigt sur leur danger.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Sixième colonne

Ce roman de science-fiction est le premier roman publié par R.Heinlein en 1941.

Il s'agit aujourd'hui d'un roman sympathique exclusivement réservé à la jeunesse et donc il faut signaler ce fait à un éventuel lecteur adulte .

Les idées sont intéressantes , la caractérisation est bonne ,l'intrigue est soulignée et donc facile à appréhender . Enfin le suspense , le drame et surtout la ruse en font un texte dynamique et attractif .

Cependant ce roman intéressera aussi les lecteurs soucieux d'explorer l'évolution et l'identité de l'auteur du superbe Starship Troopers .

Il y a un débat autour de R.Heinlein que certains s'efforcent de classer réactionnaire alors que l'ensemble de son œuvre plaide obstinément pour une conclusion à l'opposée . L'auteur vit dans un monde dangereux où la guerre est une fatalité et la liberté y est une chose rare et précieuse qu'il faut défendre les armes à la main ...

Heinlein est un homme de l'entre deux guerres et de l'après seconde guerre mondiale , et enfin témoin de la guerre froide et ce genre d'expérience pousse nécessairement à une vision du monde assez musclée ...

Dans ce roman en 1941 , l'auteur écrit une fable où les USA sont occupés par une coalition asiatique .

La science et la tendance des américains à fréquenter des églises et à créer de nouveaux cultes , permettra d'organiser la résistance et l'emploi d'une arme ultime ultérieurement .

Ne doit-on pas penser à Pearl Harbour et à l'engagement du Japon dans le camp des fascismes européens pour une analyse de l'idée de l'œuvre ?
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Histoire du futur, tome 1 : L'homme qui ven..

Amis et amies babeliotes, ceci est ma 2000e critique sur notre réseau culturel : j'espère que mes contributions auront su amener quelques bonnes pierres à son édifice, et qui sait vous avoir offert quelques bonnes idées de lectures...





La France eut Jules Verne, l'Angleterre eut H.G. Wells, et les États-Unis eurent la chance, l'honneur et le privilège d'avoir eu Robert Anson Heinlein qui fit de son pays le pays de la Science Fiction par excellence, pour longtemps et peut-être pour toujours !

Né dans une famille fondamentaliste du Bible Belt, Robert Anson Heinlein s'émancipe de son milieu culturel en découvrant les écrits de Charles Darwin, et c'est pour quitter l'environnement étouffant de l'Amérique profonde de l'entre-deux guerres qu'il s'engage dans l'armée. Il se voue corps et âme à la défense de sa patrie, mais après avoir atteint le grade de lieutenant il est réformé pour cause de tuberculose : pour lui, c'est un drame qui hantera toute sa vie. Pour gagner les 50 dollars d'un prix littéraire il écrit en 1939 la nouvelle "Ligne de Vie" / "Life Line", et John W. Campbell lui en offre 70 dollars pour la publier dans Astounding Stories. C'est un miracle : Anticipation, Hard Science, Utopie, Dystopie, Space Opera, ou Planet Opera la Science Fiction ne fut plus jamais la même, et pendant des années et des années il en fut le plus grand champion !

L'auteur a évolué : communiste puis anti-communiste, démocrate puis républicain, conservateur puis progressiste, écologiste et révolutionnaire avant de travailler à nouveau dans l'armée pour les Marchands du Temple qu'il n'avait cessé de combattre (le destin est décidément farceur, et j'aurais bien aimé être le témoin des débats entre l'auteur libertarien convaincu et son ami Isaac Asimov marxiste résolu ^^)... Mais il a toujours défendu les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, défendant les femmes et les minorités à une époque sexiste et raciste ou il était dangereux de ne pas penser comme la majorité WASP. Et parce que les inquisiteurs culturels et les commissaires littéraires ont décrété que la SF était de gauche, tout écrivain de SF ayant un jour catalogué à tort ou à raison à droite est forcément traité de vieux con réactionnaire crypto facho (pourtant parmi eux ils en a beaucoup que se posent bien en vieux cons réactionnaires, suivez mon regard ^^) : c'est donc tout naturellement qu'il fut détesté et calomnié et est encore détesté et calomnié par les bobos hispters soixanthuitards... C'est n'importe quoi !



Comme l'expliquait l'excellent Timothée Rey dans sa fabuleuse préface de l'intégrale de "L'Île des morts", dans le monde merveilleux de la Science Fiction qui explore toutes les dimensions de l'espace-temps on peut avoir une approche géographique ou une approche historique comme Olaf Stapledon, Isaac Asimov, Poul Anderson, Cordwainer Smith, James Blish ou Roger Zelazny... De 1939 à 1963 c'est inspiré par Rudyard Kipling, George Bernard Shaw et les grands romanciers américains qu'il rédige un ensemble de nouvelles racontant de petits zooms humanistes en petits zooms humanistes "L'Histoire du Futur", c'est-à-dire la grande histoire de la conquête de l'espace et des étoiles par l'humanité des années 1920 aux années 2600 (humanité qui quitte enfin l'adolescence pour atteindre la maturité) ! L'homme est la mesure de toute chose, par lui elles sont ou ne sont pas : ses écrits n'ont pas pris une seule ride, et franchement en redécouvrant "L'Histoire du Futur" j'avais l'impression de relire le manga "Planetes" de Makoto Yukimura réalisé 2001 à 2004 ! Je ne suis pas très porté sur les nouvelles, mais ici j'ai adoré car elles sont touchantes et émouvantes, profondément humaines et résolument humanistes... (et les bobos hipsters qui ont qualifié l'auteur prétendument réactionnaire et totalitaire d'Antéchrist de la Science Fiction en raison de la pauvreté de ses idées et de son écriture ont sans doute encore trop fumé la moquette ^^)





"Ligne de vie" (1939, "Life Line") :





"Que la lumière soit" (1940, "Let There Be Light") :





"Les routes doivent rouler" (1940, "The Roads Must Roll") :





"Il arrive que ça saute" (1940, "Blowups Happen") :





"L'Homme qui vendit la Lune" (1951, "The Man Who Sold the Moon") :





"Dalila et l'Homme de l'espace" (1949, "Delilah and the Space Rigger") :

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Starship Troopers

Une fois n’est pas coutume quand Hollywood passe par là, on est assez loin du film réalisé par Paul Verhoven en 1997. Ce film à la limite de la parodie d’une série B, bien qu’inspiré du roman de Robert A. Heinlein raconte une histoire très différente.



J’ai vraiment trouvé ce livre « a part » dans son genre. C’est probablement ce qui en fait pour certains lecteurs un chef d’œuvre ou pour d’autre un livre un peu spécial. Je pense faire partie de la deuxième catégorie car si j’ai vraiment aimé cette histoire en revanche certains aspects de l’écriture m’ont passablement gênés.

Durant la première moitié du livre, l’auteur écrit son récit en se concentrant principalement sur les détails et en particulier sur la vie de son personnage, Johnnie Rico. Jeune américain qui, fraîchement sorti des études, s’enrôle volontairement dans l’armée et se voit affecté dans l’infanterie mobile. L’histoire défile agréablement mais il n’y a pas vraiment d’enjeu, on suit l’entrainement de Johnnie dans les détails alors que les événements à travers le monde sont exposés de manière anecdotiques. On peu passer 5 pages sur la description d’une armure de combat mais lorsque une des grandes villes américaine est totalement détruite par une attaque et que sa propre mère y laisse la vie, on l’apprend sur une ligne et on retourne à l’entrainement.



Ce n’est que vers la fin du livre que Johnnie participera vraiment à des combats et au moment ou les enjeux deviennent intéressants, au moment où la guerre pourrait prendre un nouveau tournant, il n’y a plus de pages à tourner. Il n’y a pas de fin à cette histoire, je me suis même demandé si le tome 2 avait été écrit mais ce n’est pas le cas. Tout s’arrête pour moi en plein milieu, au moment ou cette aventure aurait pu devenir épique mais à l’évidence ce n’était pas le thème du livre. D'ailleurs ne vous attendez pas non plus à des actes héroïques car le personnage principale est plutôt du genre « juste au dessus des exigences requises ».



Bref, l’histoire d’une tranche de vie captivante et très bien contée dans une guerre ou la survie de la planète ne tient qu’à un fil, mais ça c’est une autre histoire que vous ne trouverez pas dans ce roman.

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Histoire du futur, tome 5 : Les orphelins d..

C'est un roman ancien toujours très dans le ton contemporain. C'est une lecture courte et agréable pour les addultes et pour les plus jeunes. Ce texte est réédité par Folio Sf actuellement.

Un vaisseau de colonisation a mal tourné. Il est devenu la patrie des descendants de l'équipage qui sont soit des humains classiques soit des mutants. Les deux groupes qui s'affrontent occasionnellement ne se connaissent pas intimement.

La civilation des descendants est très élaborée. L'auteur lui donne des contours nets de même que le vaisseau est vraiment une géographie crédible et détaillée qui influence cette culture.

Le récit pose des contraintes culturelles fortes et certains personnages vont les transgresser et créer.

Le lecteur a le plaisir de fouiner avec eux dans leur univers et de découvrir avec eux qu'ils sont dans un vaisseau spatial et que les anciens habitants possédaient un savoir considérable qui s'est perdu.

Transgresser,courrage,explorer,argumenter,convaincre et réfléchir sont des mots clefs qui conviennent parfaitement à certains habitants de ce petit monde qui fait un bon moment de lecture.
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Une porte sur l'été

Merci à Patlancien pour l’idée (cfr. sa liste Les chats dans les livres de science-fiction) et BazaR pour la compagnie. C’est toujours un plaisir de partager autour d’un bon livre.



Voici un roman qui, malgré ses 65 ans, est bien agréable à lire.



1970. Dan B. Davis est un ingénieur de talent qui conçoit des robots à tout faire. Déçu et floué par ses associés, il décide de sauter le pas et de faire le Long Sommeil avec son chat Pete. Grâce à ce moyen, il compte dormir pendant 30 ans et se réveiller en l’an 2000.



Un verre de trop la veille de son « départ » va le faire changer d’avis et lui donner envie de confondre les coquins mais tout va déraper et prendre une tournure inattendue.



La suite est déjantée et pleine de surprises : tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les robots, un chat ninja, une voiture qui disparaît, l’an 2000, le circorama (Heinlein avait anticipé la 4DX), le voyage dans le temps, des nudistes (oui, oui), des révélations sur une grande figure de l’Histoire, … Franchement on ne s’ennuie pas une seconde !



Pour reprendre les mots de BazaR ce roman est un bonbon.



A lire sans attendre !









Challenge SFFF 2022

Challenge XXe siècle 2022

Challenge multi-défis 2022

Challenge mauvais genres 2022

Challenge duo d’auteurs SFFF 2022

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Starship Troopers

Je n'ai jamais vu le film et ce que j'ai vu dans la bande annonce (après avoir lu quelques chapitres) m'a confortée dans l'idée que j'allais préférer lire le roman. Je ne peux bien évidemment pas comparer les deux. Je vais donc me contenter de parler du bouquin.



Dans l'ensemble, j'ai passé un très bon moment de lecture. J'ai beaucoup aimé la narration à la première personne et le personnage de Rico.



À l'époque où se déroule l'histoire (un lointain futur), pour obtenir sa citoyenneté il suffit de faire 2 ans de service dans l'armée. Les civils (sans statut de citoyen) sont très mal considérés et n'ont pas le droit de vote.



Dès le départ, Rico se rend bien compte qu'il s'est engagé pour bien plus. On va suivre tout son parcours de formation avec en parallèle des infos sur la guerre qui les opposes aux Punaises, des aliens de forme arachnéenne. Il y a aussi quelques éléments de l'Histoire mondiale qui expliquent comment la société a évolué et s'est réorganisée après l'Effondrement.



J'ai eu l'impression que cette histoire était un prétexte pour aborder des sujets qui n'ont rien à voir avec la science-fiction. D'un côté, l'auteur amène des idées intéressantes qui posent question et font réfléchir mais d'un autre… je n'ai pas trop aimé la glorification du militaire à côté de qui on ne vaut pas grand-chose.



L'écriture de Heinlein est fluide et même si on n'est pas trop dans un roman d'action, je ne me suis pas ennuyée un instant. Je me suis attachée à Rico et je pense qu'il faut peut-être juste comprendre – à travers lui – que militaire est un métier comme un autre et que des gens l'exercent avec conviction.











Challenge ATOUT PRIX 2022

Challenge mauvais genres 2022

Challenge duo d'auteurs SFFF 2022
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Waldo

Heinlein est un auteur difficile à cataloguer, autant du point de vue de ses idées que du point de vue de ses écrits. Il est le roi de la prospective mais n’oublie jamais d’être romanesque. Qu’il aborde des thèmes politiques ou scientifiques, il parvient toujours à rendre ses récits prenants grâce à un sens du merveilleux très développé. Ce court roman paru dans l’excellentissime collection Une heure lumière ne fait pas exception. Encore une fois, Heinlein m’a bluffée.



Vous pensez que mélanger hard-SF et magie est impossible. Avec « Waldo », Heinlein le fait, et avec brio.

Dans « Waldo » il y a plusieurs histoires en une. Il y a tout d’abord l’histoire de Waldo lui-même. Cet arc narratif assez classique dans le registre du roman d’apprentissage n’est pas l’aspect le plus convainquant du roman. L’arc transformationnel du personnage est en effet un brin naïf et convenu mais j’avoue que j’ai quand même apprécié cette histoire. Je l’ai trouvée touchante, justement pour cette naïveté.

L’autre roman à l’intérieur du roman est en revanche complètement implacable et m’a mis une grande claque. Je ne veux surtout pas trop en dire pour vous laisser le plaisir de la découverte, il est donc difficile d’expliquer ce qui m’a littéralement soufflée dans la façon dont l’auteur a créé et donné vie à un univers inouï. Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse expliquer la magie de façon totalement scientifique, rationnelle et complètement plausible et pourtant c’est bien ce que fait Heinlein ici, j’ai vraiment adhéré à ses explications si crédibles, en somme je me suis mise à croire en la magie… mais j’en ai déjà trop dit.



Bref, ce court roman, un des premiers de l’auteur en plus, est un véritable tour de force. Je pense qu’il devait être très novateur à l’époque où il a été écrit (en 1942 !!) et il n’a pas pris une ride. Heinlein est vraiment un immense auteur et je trouve qu’en France il n’a pas la notoriété qu’il mérite.

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L'Age des étoiles



Un texte dont on aurait tort de penser que c'est un texte exclusivement pour la jeunesse ....



Le style est du Henlein pour adulte standard ! ( bien écrit et bien construit ) ...

Ce roman nous embarques dans l'espace pour un voyage d'exploration de longue durée ..

L'équipage qui est nombreux connaîtra fatalement toute sortes de difficultés et le principal facteur de risque pour l'équipage s'avèrera être : " lui-même " !

Le sujet du roman est bien le voyage spatial au long cour ..

Ce vaisseau est palpable .. tangible et les personnages sont denses .. crédibles et intéressants ..

Bref : un bon roman pour les amateurs de vols spatiaux habités dans l'espace profond ...



Il y a deux pilules pas trop toxique ( sourire ) à gober cependant :

Une vers la fin et donc motus pour ne pas " spolier " ...

Pour continuer à communiquer avec la terre la mission a recours à deux jumeaux ( l'un embarqué alors que l'autre restera sur terre ) ...



Le thème du roman est incidemment ( et entre autres ) l'examen assez fin des incidences psychologiques du paradoxe de Langevin. Ce paradoxe : le temps passe moins vite pour un observateur situé dans un cadre référentiel à vitesse uniforme que pour un autre observateur qui se trouve dans un référentiel dont la vitesse ne subit pas d'accélération ...

Plus le premier observateur accélère plus ce " ralentissement " est perceptible ...

Le style génère une grande implication du lecteur ( rédaction à la première personne ) ..

Le jumeau embarqué tient un sorte de journal intime pour le bénéfice du lecteur ...



C'est un texte sympa que nous lègues l'âge d'or de la SF ..

Un texte qui s'adresse aux jeunes comme aux moins jeunes des " mordus " du genre et avouons que ce n'est pas le cas de l'intégralité de l'histoire du futur du même auteur par exemple !



Un bon moment à bord une coquille de noix habitée ainsi que perdue dans l'immensité spatiale ...

Un très bon moment .... dans un univers qui s'effiloche ...

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Double étoile

Un roman très réaliste sur le thème du pouvoir et de la démocratie de façade et l'ombre ( sourires ).

L'univers de SF de ce roman n'est pas très réaliste ( système solaire , vénusiens , martiens ….) .

Cependant on saisit très vite que cet environnement est une métaphore qui fait de ce texte , un roman sans Age à la pertinence fracassante .



Un président , c'est bien connu , nécessite une doublure ressemblante qui se doit d'être un bon acteur en prime .

Un acteur qui ne réussit pas et qui est assez casanier , devra jouer un rôle de président qui permettra au lecteur d'explorer les arcanes du pouvoir et de la politique . Ce rôle permettra également à notre Candide de se révéler à lui-même .



C‘est intéressant car ce texte est loin de la théorie du complot . Il est question de groupes de pression et de techniciens de la politique , du hasard , qui sont les véritables maitres du sérail .

Par ailleurs , la démocratie n'est pas absolument totalement oblitérée par ces données fondamentales du contrôle des institutions par des éminences de l'ombre et la militance et ses réseaux garde tout son sens , car en politique tout est question de coteries , de groupes de pression et de coalition , et d'engrenages .

Enfin il y a dans cet univers de pauvres extraterrestres dont il faut par éthique et respect constitutionnel garantir et promouvoir les droits politiques .



Il y a un humour contenu et réservé dans ce texte qui le rend agréable et qui le teinte d'une légère ironie désabusée très cool.



Le personnage principal est dense , il est cohérent et c'est son cheminement personnel qui délivre le sens principal et c'est son expérience qui rythme la diffusion de la teneur du fond du roman .

Il y a un double plaisir pour le lecteur autour de ce personnage . Il possède d'abords un rien de Candide ( au sens voltairien ) et puis , il n'est pas idiot . Il saura devenir un acteur du système à part entière et il jouera son rôle personnel ( de l'ombre et dans l'ombre de l'ombre )) relativement rapidement .

Ce cheminement personnel qui est très accessible et très lisible par le lecteur , conduira à un final imprévu et très contemporain dans ses dynamiques fondamentales .



Le texte parle de l'Amérique du Nord mais il a un côté sciences politiques universelles très avenant .

Une bonne lecture qui vient démontrer ( si cela était nécessaire ) que l'auteur de Starship Troopers n'a pas grand-chose de réac et qu'il est principalement un observateur de son temps , aux sens à l'affut et aiguisés .

Un observateur de ce passé éternel aussi , celui qui s'évertue à toujours revenir et à éternellement recommencer.

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Révolte sur la Lune

J'aime beaucoup Heinlein. Je trouve qu'il a un grand talent pour proposer des récits à la fois intelligents et distrayants. "Révolte sur la lune" en est encore une fois la preuve.



Pour lire ce roman, il ne fait aucun doute qu'il faut mettre son cerveau en marche. On est loin d'un récit décérébré. Heinlein utilise son talent de conteur pour proposer une véritable leçon sur la manière dont mener une révolution, de la diffusion des idées révolutionnaires à leur financement en passant par les négociations avec les diverses puissances ou la constitution d'un gouvernement.

Heinlein a souvent été taxé d'auteur fascisant, notamment à cause de "Starship troopers" jugé très pro-militariste. Les détracteurs d'Heinlein ont dû être bien surpris par ce "révolte sur la lune" qui est un bel hommage aux mouvements d'émancipation et qui par bien des aspects est une œuvre résolument anti-colonialiste. Voilà qui montre bien qu'il est absurde de vouloir cataloguer Heinlein trop vite. Ceci étant dit, je précise que je ne partage pas les idées développées ici par l'auteur. En effet, dans son roman Heinlein expose largement une idéologie libertarienne que je ne goûte guère. Si ces passages très politisés ne correspondent pas à mes convictions, je les ai trouvés néanmoins intéressants. Il est toujours enrichissant de se confronter aux arguments d'une idéologie avec laquelle on n'est pas d'accord.



Au-delà de l'aspect politique, avec "révolte sur la lune" Heinlein offre également une peinture saisissante de la société sélénite. Le modèle familial, l'économie, les us et coutumes... tout ça est très riche et crédible.

Mis à part les personnages féminins qui sont assez simplistes et stéréotypés, les protagonistes sont bien campés et on a grand plaisir à suivre leur destinée. Heinlein se paie même le luxe de rendre attachant un super-ordinateur qui a accédé à la conscience (thème par ailleurs très intéressant).



Même si certains aspects sont un peu datés, "révolte sur la lune" est une démonstration magistrale du talent de Heinlein qui, une fois encore, parvient à proposer un récit passionnant et immersif tout en étant porteur de réflexion. Et le roman est addictif dans ces deux aspects. On se passionne autant pour les manœuvres politiques que pour les combats. Le prix Hugo que "Révolte sur la lune" a reçu en 67 était bien mérité.

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L'Age des étoiles

A la cool ! On est en été. Je voyage un peu. Je décide d’accompagner le voyage physique par un voyage dans les étoiles, à bord d’un navire torche déjà apprécié par plusieurs babéliopotes.



Un régal. Dans le monde de la science fiction, les romans de voyage dans l’espace qui respectent la relativité sont assez rares. Et j’avoue que je suis friand des effets de décalage temporel qu’ils induisent ; cela fait entrer la physique dans le cœur même de l’histoire. Mais le roman de Robert Heinlein ne sacrifie pas l’aspect humain à l’aspect « curiosités de la physique relativiste » – comme j’en avais eu l’impression dans Tau Zero de Poul Anderson.



L’auteur part de l’hypothèse que les voyages spatiaux sont limités par la vitesse de la lumière. Il ajoute cependant une touche intéressante : les vrais jumeaux peuvent pratiquer entre eux une forme de télépathie et envoyer des messages instantanément. Donc en en plaçant un dans un vaisseau et en laissant son jumeau ou sa jumelle, la communication avec la Terre reste possible. L’Institut de Recherche Prospectives (l’IRP) lance donc l’exploration spatiale à grande échelle pour trouver des planètes hors du système solaire susceptibles d’accueillir des colons venus de la Terre surpeuplée.

Le roman est le journal de Tom, jumeau de Pat. Il nous raconte la sélection qu’ils subissent pour entrer dans le programme, les relations avec les parents peu disposés, le choix du jumeau qui doit partir et les multiples péripéties à bord du Lewis & Clark. Le journal décrit superbement la psychologie de Tom, plutôt en retrait dans le duo qu’il forme avec Pat. Il est respectueux des règles mais accumule beaucoup de frustrations qui forment un inconscient particulièrement présent. Pat est beaucoup plus apte à jouer avec les règles et est certainement plus en paix avec lui-même, mais son complexe de supériorité par rapport à son frère me le rend moins sympathique. D’autres personnages, comme l’oncle de Tom et Pat ou « l’oncle Alf », valent le coup.



Evidemment la physique de ce roman m’a procuré bien du plaisir et m’a bien fait cogiter. Il m’est venu à l’esprit que la communication instantanée via deux jumeaux avait ses limites, car l’instantanéité ici ne permet pas de passer outre le décalage temporel relativiste : le jumeau resté sur Terre vieillit « plus vite » que celui qui voyage à une vitesse proche de celle de la lumière. La distance que peut parcourir le vaisseau en restant en communication est donc limitée par la durée de vie du jumeau « terrestre ». Robert Heinlein en a conscience et propose des solutions qui m’ont bien plu.

Cette notion d’instantanéité qui respecte le décalage temporel de « l’émetteur » et du « récepteur » est un pur choix de l’auteur. Nouveau pour moi et donc fascinant (je parle comme Spock, lol). Dans la série Ender, Orson Scott Card a fait un choix différent avec son ansible qui connecte émetteur et récepteur sans décalage temporel (ce qui maintient une forme de simultanéité entre des planètes éloignées). Dans Tau Zero de Poul Anderson ou La guerre éternelle de Joe Haldeman, cette communication instantanée n’existe pas.



Voilà donc un excellent roman avec des personnages intéressants, de bonnes péripéties et un contexte physique cool. Seule ombre au tableau : le quatrième de couverture qui dévoile lequel des deux jumeaux part et lequel reste, alors que le récit maintient un certain suspense sur ce sujet, pendant un temps.

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Citoyen de la galaxie

L'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même.



Une phrase ampoulée dès le début ; je commence bien, tiens !

Je m’explique. Ce roman est une quête d’identité, plus exactement une quête des origines car Thorby, le personnage principal, n’a pas perdu la mémoire. Il n’a simplement pas de souvenirs de ses premières années.

On le découvre enfant esclave, trimballé de maître en maître à travers la galaxie dans des vaisseaux négriers pourris jusqu’au dernier écrou ; un enfant sauvage qui ne pense qu’à s’évader. Sur Jubbul , planète capitale des Neuf Mondes où l’esclavage est légal, il est – c’est assez singulier – acheté par un mendiant borgne et unijambiste qui vit dans les ruines d’un vieil amphithéâtre. Mais Baslim, le mendiant, cache bien son jeu. Il va libérer sur le champ le gamin et lui offrir un toit, une éducation, un métier (il faut en quelque sorte avoir une licence pour mendier). Baslim a une intuition pour l’identité du gamin et va faire « intervenir ses relations » (oui, oui, il en a, le vieux mendiant).



Le quatrième de couverture (qui en dévoile trop, comme souvent) a raison de mentionner la filiation avec Oliver Twist. Thorby va vivre de nombreuses péripéties pour retrouver ses origines et il va subir les plans d’autres personnes plutôt que contrôler les choses. Mais durant ce voyage, il va devoir s’intégrer dans des univers très différents les uns des autres. D’abord l’espèce de Cour des Miracles de Jubbul, puis la civilisation des Libres Marchands aux codes très stricts – de mon point de vue la plus belle réussite SF du récit –, puis l’armée spatiale de l’Hégémonie, et enfin une dernière dont je ne parlerai pas. C’est finalement cette adaptation successive à des environnements forts différents qui donne son sel au roman. Chaque fois on fait reset de l’expérience acquise et Thorby doit tout reprendre à zéro car le comportement normal de la vie d’avant se révèle totalement inadéquat dans l’environnement suivant.



Je me suis régalé à suivre les aventures de Thorby, mais j’ai aussi trouvé que par moments Robert Heinlein cassait trop le rythme du récit pour évoquer en détail un sujet technique ou de société : l’espace multidimensionnel qui permet les voyages spatiaux « plus vite que la lumière », la façon de désigner les parentés dans divers langages ou la thèse selon laquelle les Libres Marchands ont sacrifié leurs libertés individuelles pour assurer la liberté du groupe. Ces réflexions sont toujours intéressantes mais m’ont fait l’effet d’une pause dans le récit, présents pour enrichir l’univers du roman ou développer un sujet cher à l’auteur. Un remplissage de qualité pourrait-on dire.



L’atmosphère du roman varie avec les situations vécues par Thorby. Le contexte spatial et la belle construction des Libres Marchands donne la coloration SF, mais on dérive aussi vers du thriller judiciaire contemporain. Je me suis cru dans du John Grisham par moments (j’avoue avoir même pensé à du Danielle Steel pour l’aspect « famille riche se déchirant pour le pouvoir », lol). Et il ne faut évidemment pas oublier la dimension anti-esclavagiste de ce roman, qui est ce qui saute le plus aux yeux.



Ce roman ne fait pas partie des plus célèbres de l’auteur et cependant il mérite le détour. En tout cas il est beaucoup plus digeste que le fameux « Étoiles, garde à vous ! »

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