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Critiques de Robert Badinter (258)
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L'Exécution

Un livre bouleversant, rempli d'humanité.

Un homme qui n'avait tué personne est condamné à mort et guillotiné. Certes il n'était pas un enfant de cœur mais méritait-il la mort?

Le livre retrace l'affaire du point de vue de son avocat, du début du procès à l exécution.

Robert Badinter se livre sur la manière de plaider et sur ce qui fait un bon avocat sensible et humain qui voit l'homme au delà de son crime et de ce que la prison a fait de lui.

Cet épisode sera la source du combat de Robert Badinter qui aboutira à faire voter la loi contre la peine de mort.

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Idiss

Un mot « fort » me vient immédiatement et spontanément à l’esprit en refermant la dernière page de ce livre : SUBLIME !



J’exagère peut-être un chouïa mais si peu… Pour moi, un ouvrage indispensable et précieux à la mémoire mais un témoignage d’amour plus qu’un récit historique.



Regardant très peu le petit écran, J’ai malheureusement « raté » l’émission la « Grande Libraire » où Robert Badinter, invité pour la sortie de son livre, y évoquait le souvenir de sa grand-mère avec beaucoup d’émotion. Je me promets donc de le regarder en replay aussitôt que possible…



Mais, autant le dire tout de suite, je ne vais pas être vraiment « objective » car je nourris une immense admiration pour l’auteur qui est entré dans les premières places au panthéon de ma mémoire le 18 septembre 1981 lors de l’abrogation de la peine de mort en France dont il est l'un des artisans principaux.



A la lecture de cet ouvrage, on mesure pleinement la force de cet homme qui a connu les pires atrocités de la seconde guerre mondiale au travers de l’histoire de ses parents et grands-parents et qui a trouvé malgré tout la force immense et le pouvoir de résilience suffisant pour livrer avec conviction ce combat en faveur de l’abolition de la peine capitale. Pour cela, entre autre, je lui voue le plus profond respect.



Aujourd’hui, à l’aube de ses 91 ans, il nous livre le récit de son affection incommensurable pour « Idiss », sa grand-mère maternelle. Un portait absolument touchant de cette mère courage, qui affronta nombre de situations dramatiques qui entraineront sa famille vers d’autres patries, d’autres horizons fait de volonté et d’espoirs inébranlables.



Un destin, Des destinées, toutes hors-normes, qui englobent cette partie d’Histoire dont nous ne sommes pas vraiment ressortis tout à fait glorieux, même si nous mettons plus volontiers l’accent (mérité pour tous les compagnons de la "résistance" et de toutes les forces engagées) sur la « libération » et la bravoure de nos combattants revenus en vainqueurs grâce à l’Angleterre et aux États-Unis (et aussi la Russie accessoirement). Cette France dans laquelle ils avaient une confiance aveugle et absolue. Croyant dur comme fer à ses idéaux perçus comme le pays, gardien d'une Liberté inaltérable.



En effet, pour ces juifs ashkénazes, venus d’Europe Centrale essentiellement, fuyant les pogroms de la Russie Tsariste de 1903 & 1905 la France représentait un Eldorado absolu. Ces espoirs les jetant sur les chemins de l’exil pour tenter de se soustraire à la terreur des heures sombres et leur quotidien de misère ; échapper à la montée xénophobe et antisémite qui a connu son apogée en 40-45 avec le régime nazi et l’extermination programmée non seulement de tous les juifs, mais aussi des roms, des homosexuels, des fous, des faibles, des vieillards, des handicapés et de tous ceux réputés comme non Aryens… bref le plus grand génocide de tous les temps avec un pic de six millions pour les plus touchés par la « solution finale » imaginée par Hitler : les juifs.



Avant cette extrémité, ils passeront par toute la gamme des stigmatisations possibles, connaitront la spoliation de leurs biens, les persécutions de plus en plus prononcées, les restrictions drastiques sur le droit des juifs, les lois et les décrets qui en découlent (interdiction de participer à des réunions, d’entrer dans certains magasins, de s’alimenter … de vivre tout simplement … en prélude au port de l’étoile jaune et des futurs déportations).



Cette histoire là n’est qu’une longue déchirure où l’histoire au niveau personnel et individuel se confond finalement avec l’Histoire avec un grand « H » et du mécanisme implacable qui s’est inexorablement mis en place au niveau collectif dès le début de la guerre en Europe.



Cette histoire primordiale pour l’auteur, pour les membres de sa famille, plus globalement pour eux, pour tous est un exemple fondamental car il est écrit sans acrimonie et sans colère. Il est posé là comme un constat sans jugement sur l’Histoire. Les faits, les souvenirs d’enfant et la figure emblématique d’Idiss constitue l’essentiel de ce texte.



Dans toute ces horreurs quelques touches de bonheur éclatent néanmoins: le temps des chocolats chauds, des jeudi-ciné avec deux films et les actualités.



Robert B. redevient un enfant pour célébrer cet hommage tendre et délicat. Il y met toute la mesure et la retenue nécessaire. Il nous livre un hymne à sa famille où ses souvenirs d’enfant sont parfois un peu vagues, un peu biaisés, mais souligne les plus important : L’amour filial, maternel, paternel (il reste sur la réserve pour parler de Simon – mais il livre quand même quelques bribes de bonheur dont a bénéficié Charlotte aux temps « heureux »).



Les photos en annexe et en fin de livre, anime le récit, donne un visage, une représentation concrète des personnages (on réalise que ce n’est vraiment pas une fiction – Même si on le savait déjà) l’humanise et le rend plus émouvant encore s’il est possible.



Une déferlante d’émotions m’ont assaillies à la lecture de ce bouleversant hommage à sa grand-mère disparue.



Le choix Cornélien auquel devra se livrer Charlotte n’est pas sans me faire penser au « Choix de Sophie » de William Styron. Choix déchirant qui se fera obligatoirement au détriment de quelqu’un…



Une bien belle écriture pour un récit à la fois triste mais quand même empreint d’immenses espoirs. Robert B. met en lumière une partie de sa vie, de ses souvenirs, du personnage de sa grand-mère et de son épopée à travers l’Europe simplement avec une véritable tendresse pour l’’histoire d’une femme, son histoire.



Beau tout simplement. Merci M. Badinter…



Merci également aux éditions Fayard et @Netgalley pour cette lecture.

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Idiss

Encore un livre dont je vais me souvenir. Chez Robert Badinter on oscille entre de l'émotion timide et une distance presque d'historien, ce qu'il n'est pourtant pas. Avec les documents et les archives et puis les souvenirs de sa famille, il écrit le récit d'Idiss, sa grand-mère de Bessarabie venue s'installer à Paris. Qui sait ce qu'ils auraient vécu s'ils étaient restés en Bessarabie ? Et pourtant, le tragique destin des Juifs se poursuit jusqu'à Paris, lorsqu'en 39 Hitler envahit la Pologne et une année plus tard la Belgique et la France. Il y a une sorte de pudeur qui fait de ce livre un livre d'adulte. Malgré le fait qu'il se décrive enfant, à treize ans pendant la guerre, il n'y a pas d'effet littéraire propre à l'enfance, pas de volonté de faire de ce livre un journal intime ou des mémoires. Il dresse le portrait d'une dame digne et respectable, Idiss. Ce qui est donc émouvant, c'est cette course du temps. Si l'on commence l'histoire au XIXe siècle, l'on sait que cela se terminera sûrement avec l'Apocalypse nazie. En ce sens, c'est là la force du livre, c'est qu'en tournant les pages, le compte-à-rebours est lancé. Les dernières pages m'ont laissée avec des larmes. Parce que : Pourquoi ? Pourquoi tant d'injustices ?

Ce livre était important à écrire pour une figure aussi emblématique que Robert Badinter, celui qui fit voter l'abolition de la peine de mort. Ce livre est important parce qu'il est aussi un livre qui raconte une femme juive, venue de l'étranger. Construit de telle manière qu'il se lit très rapidement, le livre propose de très courts chapitres, comme des synthèses des souvenirs qui persistent encore dans la famille Badinter. J'ai été émue par les photographies en noir et blanc au milieu du livre. J'ai trouvé ce témoignage fort, vrai et juste.
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Idiss

Petit livre émouvant que représente: Idiss dédié à sa grand-mère maternelle mais aussi tout un monde disparu.D abord, La Bessarabie, quel joli nom qui a désigné plusieurs pays avec un contour flou.Hier, la Moldavie soviétique, aujourd'hui la Roumanie.

Robert Badinter nous entraîne dans cette nostalgie de ce qui n'est plus, un monde disparu.Mais aussi, cette tragique histoire que fut celle d une partie de sa famile.L'épilogue sur les lois antisémites en vigueur en France sous Vichy est tristement éloquent.

Robert Badinter a un regret lancinant: Il n'a pas assez dit à sa grand-mère qu'il l'aimait.

C est la conclusion et l'attention que nous devons tous porter à ceux qui nous sont proches, je crois..

























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Idiss

Robert Badinter à une forte personnalité que j'admire d'abord parce qu'il est à l'origine de l'abolition de la peine de mort en France mais aussi parce que c'est un grand érudit. Il le prouve avec "Idiss" qui n'est pas seulement un récit sur sa grand-mère maternelle née en 1863, c'est aussi l'histoire d'une famile juive originaire du Yiddishland de Bessarabie, située historiquement au sud de l'Empire tsariste, en lisière de la Roumanie. Ils vont émigrer en France au début du 20eme siècle suite aux pogroms meurtriers de Kichinev.

A Paris, ils travaillent dans le marais; c'est la belle époque, période de prospérité durant laquelle la famille d'Idiss connaîtra une certaine aisance, jusqu'à ce que survienne le désastre de la deuxième guerre mondiale et l'occupation allemande. 



Robert Badinter montre bien l'amour filiale et sa fierté d'être issu ďune famille de gens biens surtout quand il écrit de belles phrases comme "Les prières des grands-mères ont parfois des pouvoirs que l'on ne mesure pas."

On prend aussi conscience que la France était une terre d'asile avant la guerre, en accordant les mêmes droits aux juifs et non juifs, les Français de confession israélite comme on disait à l'époque. Pourtant, l'antisémitisme mènera aux dénonciations et à l'extermination par les nazis de personnes qui avaient prouver leur amour pour la République française.

Ce témoignage est émouvant surtout quand il est si bien raconté par Féodor Adkine qui à une très belle voix grave.



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Idiss

Robert Badinter est une figure qu’on ne présente plus. Avocat, homme politique, ministre de la Justice après l’élection de François Mitterand en 1981, il restera dans l’Histoire comme celui qui a fait voter l’abolition de la peine de mort en France. Même si sur certains sujets je ne suis pas toujours d’accord avec ses prises de position, c’est un homme pour lequel j’ai toujours éprouvé beaucoup de respect, notamment après avoir lu son excellent livre L’abolition où il racontait son combat contre la peine de mort.



Dans Idiss paru tout récemment, il nous parle de sa grand-mère, qui portait le prénom qui donne son titre au livre :



" J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss.



Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé.



Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils. "



Robert Badinter nous raconte la vie de sa grand-mère, juive originaire de Bessarabie et installée à Paris avec sa famille au début du XX° siècle pour fuir les pogroms de l’Empire tsariste. A travers le récit de cette vie, il nous raconte également l’histoire des juifs en France et en Europe au cours de la première parte du XX° siècle.



Je ne vais pas vous raconter en détail ni la vie d’Idiss, vous la découvrirez en lisant ce livre, ni celle des juifs d’Europe, que vous connaissez déjà. Je vais me contenter de vous proposer quelques extraits du livre qui m’ont marqués, et qui me semblent refléter parfaitement son contenu .



La France y est d’abord perçue comme une terre d’accueil bienveillante avec les juifs immigrés de pays où ils sont persécutés :



" L’affaire Dreyfus, qui avait tant agité les esprits, n’avait pas autant ému cette minorité encore étrangère à la France et qui avait trop connu l’antisémitisme virulent du régime tsariste pour s’étonner de celui qui avait mobilisé une partie de la France chrétienne et traditionnaliste. Cependant, en quel pays d’Europe aurait-on vu autant de sommités intellectuelles ou politiques mener le combat pour que justice soit rendue à un juif innocent contre la haute hiérarchie militaire, si respectée des Français4 ? Que la justice l’ait en définitive emporté sur l’antisémitisme était pour eux un gage de sécurité. Et une source de fierté, puisque la cause de Dreyfus était aussi la leur.



Mais, en même temps qu’ils révéraient la République, ils ne pouvaient ignorer les défilés sur les boulevards des manifestants criant « Mort aux juifs », comme dans les provinces de l’Empire tsariste. Des juifs avaient été malmenés et des magasins pillés çà et là, notamment en Algérie française. Mais les juifs immigrés avaient compris à l’épreuve de l’affaire Dreyfus que c’était la République qui était leur protectrice plutôt que la France, fille aînée d’une Église catholique qui avait enseigné à ses fidèles l’exécration du peuple déicide. Ainsi, en politique, les juifs se trouvaient massivement dans le camp des républicains. De toutes les nuances de l’arc-en-ciel politique, mais tous républicains. "



Il y a notamment ce très beau passage sur l’école laïque et républicaine :



" L’école était séparée de la rue par un mur à mi-hauteur surmonté d’une grille. Un drapeau tricolore flottait au fronton du bâtiment central. La devise républicaine était gravée au-dessus de l’entrée. C’était la République triomphante ouvrant à ses enfants les voies de la connaissance. Ainsi, Chifra-Charlotte fit son entrée à douze ans dans le monde du savoir…



Surtout, ma mère nous parlait de monsieur Martin, le sous-directeur, qui enseignait le français à ces enfants d’immigrés qui n’en connaissaient que quelques mots usuels. M. Martin, à entendre Charlotte, n’était rien de moins qu’un missionnaire de la culture française dépêché dans ces quartiers populaires de Paris où s’entassaient dans des immeubles vétustes les familles d’immigrés.



Ce que voulait M. Martin, instituteur de la République, c’était transformer ces enfants venus d’ailleurs en petits Français comme les autres, auxquels il enseignait les beautés de la langue française, la grandeur de l’histoire de France et les principes de la morale républicaine. Car M. Martin était profondément patriote. Il croyait à la mission civilisatrice de la France, et la devise républicaine était son credo. Il admirait Jaurès, courait à ses réunions, lisait L’Humanité. Il avait foi dans un avenir meilleur où régneraient le socialisme et la paix par l’arbitrage international. Comme il était patriote, il n’oubliait pas l’Alsace-Lorraine que les Allemands nous avaient injustement arrachée. Mais comme il était pacifiste, il pensait que c’était par le droit à l’autodétermination des peuples que les territoires perdus reviendraient un jour à la République française. Dans son métier, M. Martin avait fait sienne la devise de Jaurès : « Aller vers l’idéal en partant du réel ». L’idéal pour lui, c’était dans sa modeste école parisienne de faire reculer l’ignorance et les préjugés, et d’ouvrir ces jeunes esprits au monde de la connaissance et aux beautés de la culture française. "



Les années 1930 puis 1940 virent au désastre pour la République et notamment ses « enfants » juifs :



" Mon père Simon avait changé. Ses certitudes, les piliers sur lesquels était fondée sa vie, s’étaient effondrés. La débâcle de juin 1940, les troupes françaises en déroute mêlées aux civils fuyant l’invasion, avaient ébranlé sa fierté d’être devenu un citoyen de la « Grande Nation » dont il connaissait si bien l’histoire. La disparition de la République à Vichy avait suscité en lui chagrin et angoisse. Que les Français rejettent la République était pour ce citoyen d’adoption plus qu’un changement de régime : une trahison de son idéal.



Mais ce qu’il ressentait, c’était que le gouvernement de cette France qu’il avait tant aimée le rejetait comme une marâtre haineuse. Cet abandon, cette trahison, l’accablait secrètement. Il avait beau s’efforcer de l’imputer aux seuls nazis, il n’était plus, avec sa famille, qu’un juif au sein d’un État français plus antisémite dans ses lois que la Russie tsariste de son enfance.



Souvent, je me suis interrogé : que pensait-il lorsque, à Drancy, en mars 1943, il montait dans le train qui le conduirait au camp d’extermination de Sobibor, en Pologne ? Arrêté à Lyon par Klaus Barbie, et déporté sur son ordre, c’était aux nazis qu’il devait sa fin atroce, à quarante-huit ans. Mais au camp de Pithiviers ou de Drancy, qui le gardait, sinon des gardes mobiles français ? Tel que je l’ai connu, aimant si profondément la France, a-t-il jusqu’au bout conservé sa foi en elle ? On ne fait pas parler les morts. Mais cette question-là, si cruelle, n’a jamais cessé de me hanter. "



En un peu plus de deux cent pages, Robert Badinter nous offre un joli hommage à sa grand-mère disparue mais surtout un récit tragique et malheureusement réaliste de la destinée des juifs d’Europe dans la première moitié du XX° siècle. Idiss restera sans doute pour moi l’une des lectures marquantes de cette année.
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L'Abolition

Enchaîné après la lecture de "l'exécution", "l'abolition" En est la suite directe.

Ces 2 livres retracent l'épopée incroyable d'un homme de conviction et de grande valeur qui réussira où des Grands Hommes comme Victor Hugo, Jean Jaurès et bien d'autres ont échoué.

Si "l'exécution" était centré sur le procès de Roger Bontems dont l'exécution marqua très fortement Badinter, "l'abolition" évoque les différents procès où la tête de l'accusé était en jeu et que l'éloquence, le talent et la conviction profonde de Badinter ont permis de sauver.

8 ans de combat entre procès et joutes politiques qui le mèneront jusqu'à la place Vendôme, à faire voter l'abolition de la peine de mort en France et la remise des guillotines aux oubliettes.

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Idiss

Un vieil homme se souvient.

L'âge nous reconduit vers ceux qui nous ont quittés et que nous regrettons toujours de ne pas avoir plus aimés. Les souvenirs de Robert Badinter sur son enfance, sa remontée vers ses lointaines origines sont bouleversants. A travers son récit centré sur la personne de sa chère grand-mère se dessine le parcours douloureux et courageux de tous ces immigrés fuyant les persécutions et la misère. Terribles forces de l'ombre du destin, celles-ci finirent par les rattraper au coeur même du pays des Droits de l'homme.



Saga familiale autant qu'abrégé d'histoire sur le sort des juifs d'Europe centrale, ce livre m'a replongé aussi dans la destinée de ma propre grand-mère d'origine maltaise mais qui, elle aussi, connut l'expatriation par deux fois, la guerre et les bombardements puis l'immigration en France. Ces déracinements successifs auxquels on ne survit que par la cohésion et l'amour des siens.

Un beau récit d'humanité et de tolérance qui nous dit combien les valeurs que l'on pense si fermement établies en France peuvent disparaitre brutalement et combien il est important de dire l'affection que l'on porte aux siens de quelque origine que nous soyons.
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Idiss

Idiss est la grand mère de Robert Badinter. Elle est juive, née en Bessarabie, au bord de la Mer Noire. La vie y est simple et pauvre, son mari est parti à la guerre elle vit avec sa belle famille et vit de petits boulots pas toujours bien légaux. L’antisémitisme faisant rage et menaçant leur vie toute la famille s’exile en France, le pays des Droits de l’Homme. Dure au travail la famille s’installe et peu à peu prospère.

L’image que j'ai de Robert Badinter est celle d’un homme juste, réfléchi et posé. Son écriture et son récit sont à son image malgré les faits dramatiques. On suit la famille au jour le jour dans les bons et les mauvais moments. Mais à partir de l’occupation allemande, on ressent avec eux tous, l’anxiété, l’incertitude pour leur avenir et aussi la déception qu’ils éprouvent envers ce pays, la France qui avait toute leur confiance.

J’ai beau connaître cette partie de notre histoire, je suis toujours émue et scandalisée du sort que des hommes ont pu réserver à leurs semblables.

Cela a été une belle lecture.
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Idiss

Ce livre- lu presque d'une traite- est bouleversant, les souvenirs de la vie en Bessarabie (russe puis roumaine) et l'hommage rendu à sa grand-mère sont d'une grande délicatesse et emprunt de beauté.

L'écriture m'a embarquée loin dans l'histoire douloureuse du siècle passé.

Robert Badinter est un homme d'exception doublé d'une belle plume.
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Idiss

Un récit magnifique qui retrace l'errance de la famille de Robert Badinter, des pogroms dans l'Est de l'Europe à la Shoah. Un très bel hommage à Idiss, sa grand-mère, à ses origines, à son histoire, à la culture juive.

On connaît tous Badinter pour son combat contre la peine de mort, les conditions de vie des détenus,... Cet ouvrage nous apporte une autre facette de ce personnage important.

Idiss est un livre sur la dureté de la vie, mais surtout sur la douceur de l'amour d'une famille.

A lire absolument.
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Idiss

Ce n'est pas un roman mais je l'ai lu d'une traite et avec grand intérêt: l'écriture est claire et le texte plein d'émotion. C'est un "témoignage d'amour" d'un petit-fils à sa grand-mère maternelle; Idiss est née en Bessarabie, plutôt dans le Yddishland, à la frontière russe. Elle vivait dans un shtetel (sorte de ghetto ) dans la pauvreté; elle parle le yiddish et un peu de russe; elle est illettrée ce qui sera la honte de sa vie. Son mari est parti à l'armée du tsar; elle brode pour gagner un peu d'argent pour ses deux fils et les beaux-parents chez qui elle vit. Pour gagner un peu plus, elle fraude du tabac roumain, jusqu'à l'intervention de la police (quand j'étais enfant on fraudait du tabac belge: il était écrasé puis mis à la taille des femmes ou sur le dos des chiens)

Le mari revient et une petite fille naît: Chifra (qui deviendra Charlotte en France). Malheureusement, il joue et a de grosses dettes qui obligeront à précipiter l'exil qu'un antisémitisme violent rendait urgent: des pogroms, des insultes…

Les fils sont déjà partis en France (République laïque, pays des droits de l'homme)le père va les suivre et Idiss et Chifra les rejoindront après avoir vendu la maison misérable, et un bref séjour à Vienne.

La vie s'organise à Paris où Idiss fréquente les quartiers juifs où elle trouve de la nourriture casher et des gens parlant yiddish. Charlotte fait des études françaises, obtient son certificat d'études mais en tant que fille, cela s'arrêtera là mais continuera à lire avec passion

La guerre 14/18 survient: les deux fils n'y participeront pas mais leur père Schulim voulait s'engager mais s'il fut félicité pour son courage, il fut néanmoins éconduit: trop âgé.

La famille quitte Paris pour Fontenay-sous-Bois; Idiss (et plus tard ses petits-fils Claude et Robert) apprécie le cinéma et se "parisianise".

Mais Shulim va mourir à 56 ans d'un cancer de l'estomac et Idiss ne s'en remettra jamais; un événement heureux suivra: le mariage de Charlotte avec Simon Badinter, lui aussi de Bessarabie et a fait de bonnes études, a fait la guerre, a vécu la révolution de 1917, a participé à la guerre civile ukrainienne puis il a fui l'antisémitisme violent pour la France. Charlotte et Simon se marient en 23.

Simon sera pelletier, au début fournisseur de fourrures puis l'affaire prend de l'extension et leurs fils Claude et Robert font de bonnes études. Ils sont naturalisés français sauf Idiss.

Celle-ci est une adorable grand-mère qui emmène les enfants au parc, faire de bons goûters et au cinéma. Vacances en Bretagne ou en Normandie. Années paisibles avant qu'il ne soit question d'Hitler et de guerre. Charlotte et ses fils s'installent à Nantes pour éviter d'éventuels bombardements sur Paris.

"Mon enfance a pris fin le 10 mai 1940" après le contournement de la ligne Maginot, Hitler passe par la Belgique. Idiss est terrorisée et se mure dans le silence. Occupation, exode, Vichy; restrictions alimentaires, grand froid. Idiss souffre d'un cancer à l'estomac.

Lois anti-sémiques, fichier "juif". Simon est arrêté à Lyon par Klaus Barbie puis en mars 43, de Drancy, il ira mourir à 43 ans au camp d'extermination de Sobibor.

Idriss va mourir au printemps 42.



L'héroïne est Idriss mais avec elle on vit l'immigration des juifs d'Europe de l'est, la guerre 14, la France comme terre d'accueil où l'antisémitisme est bien plus discret jusqu'à l'arrivée d'Hitler. C'est l'histoire d'une famille dans l'Histoire. Merci à Robert Badinter d'évoquer tendrement sa grand-mère mais aussi de nous rappeler que la France a été l'idéal d'immigrés, admirateurs de la République .

Un très beau livre
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Idiss

L'émotion et la pudeur de Robert Badinter, reçu à la Grande Librairie à l'occasion de la parution de ce livre m'avaient beaucoup touchée.

J'ai assisté ce jour là à un moment de télévision rare, transmettant une parole de sincérité et de vérité intimes et sans fard, bouleversante. En lisant ce livre qui m'a été offert, j'avais à l'esprit son auteur et l'envie d'approcher de plus près l'homme public que j'admire.

Idiss est un récit qui tente de retracer une histoire familiale en la centrant sur cette femme courageuse et modeste à laquelle le petit Robert vouait une très tendre affection.

On suit le parcours d'Idiss, née en 1833, en Bessarabie, et qui va émigrer à la suite de ses deux fils , fuyant les terribles pogroms du début du 20 ème siècle dans cette région à l'antisémitisme virulent.

Un premier chapitre réinvente la vie d'Idiss au shetel ( village), nous parle de son amour pour Shulim, mari qu'elle n'a pas choisi mais qu'elle vénère au delà de son égoïsme et des tourments causés par sa passion du jeu.

Un deuxième chapitre raconte l'exode, le mirage de Paris, pays tant admiré pour sa culture et parce que la justice avait su triompher de l'antisémitisme avec l'affaire Dreyfus. On suit la famille jusqu'à son arrivée à Paris, d'abord les deux grands fils Avroum et Naftoul, puis le couple et leur dernière née, Chifra devenue Charlotte, mère de l'auteur.

L'auteur suit un déroulement chronologique, avec son lot de drames intimes ( la mort prématuré de Shulim) et de joies ( le mariage de Charlotte avec Simon rencontré au bal des Bessarabiens)

Idiss est le fil rouge de cette histoire, discrète et néanmoins très présente, complexée par son illettrisme, entièrement vouée à sa famille.

A la mort de Shulim, elle s'installe chez Charlotte et Simon et suivra leur ascension sociale rapide, sera toujours là pour ses deux petit-fils Claude et Robert, poussés à l'excellence par leur mère, sans doute frustrée par sa propre condition de fille écartée des études.

Beaucoup de tendresse dans ce livre à l'écriture douce et fluide. Le petit Robert partage avec Idiss des moments gourmands ( le chocolat du jeudi) et ludiques ( les séances de cinéma muet où l'auteur fait résonner pour nous le rire de sa grand-mère.

La tristesse et l'angoisse du sort qui attend ces nouveaux français qui ont tant cru à leur pays d'adoption est très présente et poignante.

Puisse ce livre, qui ne juge pas, mais qui raconte simplement, laisser une trace durable et salutaire dans le coeur de ses lecteurs!



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Idiss

J’ai aimé dans ce récit l’immense tendresse témoignée par l’auteur à sa grand-mère,

et tout particulièrement son souvenir des chocolats chauds et des séances de ciné :

ces petits instants partagés et joyeux au cœur d’une éducation à l’ancienne où « l’on ne pleure pas » touchent mon cœur de mamie !

Idiss est remarquable dans sa dignité, dans son sens pratique (Ah ses stratagèmes dans les 1ers chapitres !) et dans ses prises de risque.

Comment fait-on pour tout quitter et traverser les frontières seule avec une enfant ?

Comment survit-on à un déracinement pareil, sans même connaître la langue ?

Idiss a une telle foi dans les valeurs républicaines françaises… on a envie de lui crier Stop ! Choisis un autre pays !

J’ai trouvé le passage sur l’instituteur superbe,

L’annexe sur les mesures xénophobes du gouvernement de Vichy en fin d’ouvrage est édifiante…

Voilà un livre émouvant qui invite à la vigilance, toujours…

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Idiss

Portrait de la grand mère de Robert Badinter, vie tragique et émouvante et surtout évocation d'un monde mort, englouti, disparu, celui de sa grand-mère juive née en Bessarabie, le monde du Yiddishland situé à la frontière occidentale de la Russie.

Idiss illettrée, pauvre fuit avec son mari et ses enfants les pogroms et le terrible antisémitisme russe. Grâce à leur courage, leur travail, leur ténacité, leur foi dans le savoir (et grâce à l'école républicaine de l'époque), cette famille comme de nombreux Juifs d'Europe de l'Est connaît une ascension sociale rapide.

Hélas ils connaîtront sous Vichy le destin tragique et brisé de tant de Juifs immigrés, eux qui avaient une vision très positive de la France. Idiss cependant ne meurt pas directement de cela mais perçoit à la fin de sa vie, pendant sa maladie, un retour de l'antisémitisme que même dans ses pires craintes, elle ne pouvait envisager.
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L'Abolition

L'abolition a un nom.

Robert Badinter incarne, chair et esprit, ce combat historique pour l'abolition de la peine de mort. Et chaque fois, je repense au film de Sidney Lumet, Douze hommes en colère, où Henry Fonda convainc les autres jurés que l'accusé ne peut être condamné à mort.

Le livre de Badinter met à nu ce combat, son combat, et l'inscrit dans l'histoire.
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Les gens normaux

Ce recueil de dix témoignages tous dignes d'intérêt, à un degré ou à un autre est:

-précédé d'une préface de Robert Badinter courte mais brillante , rappelant l'essentiel,

- s'achève sur le statut légal de l'homosexualité dans le monde..et il y aurait à dire.

Découverte de hasard, et lue parce que cette impression de retour en arrière de la société française me heurte profondément.



Ces témoignages sont entrecoupés de différents développements juridique, historique, ou de réflexion effectivement sur le concept de " norme", ainsi qu'un chapitre qui explique un peu plus quelque chose de très différent qui est la transidentité.

A ce niveau, j'ai regretté quand même qu'il manque un chapitre plus scientifique, car il y a eu, et il y aura encore, pas mal de recherches sur l'orientation sexuelle. Ce chapitre aurait pu mettre en évidence ce qui a été clairement démontré, c'est qu'au même titre que la couleur des cheveux ( mais de façon beaucoup plus complexe) l'attirance sexuelle ne se décide pas. Elle existe en chacun de nous, et puis c'est tout. Elle peut mettre du temps à se découvrir,elle peut hésiter très longtemps, elle peut tenter de se masquer surtout si elle est réprouvée par l'entourage, mais elle existe.

Que l'on ne sache pas à quoi elle est due, c'est vrai . Quelle importance.Il y a encore beaucoup d'inconnues dans tous les domaines, d'autant plus qu'en matière de recherche sur l'identité, tout se complexifie au fur et à mesure de l'avancée des recherches. La génétique semblait pouvoir répondre à beaucoup de questions? Et bien, ce n'est pas si simple, nous passons à l'épigénétique. Et nous allons découvrir que nous sommes faits à partir d'une multitude de données qui s'entremêlent, sont influencées par les environnements successifs, se transmettent , et que toutes ces données ne seront pas démêlées si facilement. Je ne sais pas qui a créé cela, mais c'est sûr que cela aurait été plus facile s'il s'était arrêté à la paramécie.Et encore, la paramécie n'est pas si simple que cela.



Le graphisme... et bien, à vrai dire, il diffère selon les dessinateurs,ce que je reprocherais peut-être , c'est d'avoir privilégié noir, blanc et gris. Est-ce volontaire? J'aurais volontiers souhaité un peu de couleurs..:)



Les témoignages:

Je mettrai à part l'histoire de Bénédicte, née Kevin dans un corps de garçon. Car le transsexualisme est à différencier de l'homosexualité. C'est un témoignage en tout cas très honnête qui démontre bien les souffrances que ces individus sont prêts à subir pour ne pas continuer à vivre dans un corps qui ne leur convient pas ( à différencier bien sûr de la chirurgie esthétique..) C'est très profond et c'est si important que le suicide est souvent la solution adoptée par ceux qui ne supportent pas de vivre sous une identité sexuelle qui n'est pas la leur ( et ce , encore une fois, non sur un coup de tête, ni expliqué par quoi que ce soit d'autre que certainement des arguments biologiques). Je sais gré à Maxime Foerster d'avoir parlé des rae rae en Polynésie. qui sont un bon exemple. La transsexualité n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle qui vient après, et ne préjuge de rien, Bénédicte l'explique très bien.



Bien sûr, on ne peut qu'être ému du témoignage de Momo, qui a fui son pays, le Mali.

Mais le plus intéressant ,dans je dirais l'actualité récente qui a fait tant de bruit, me semble être celui de Marc catholique pratiquant et homosexuel. Complètement dérouté par les réactions violentes, voire haineuses constatées des jours et des jours contre l'obtention d'un droit, celui de se marier. Comment va-t-il pouvoir concilier sa foi et son implication à ce sujet et son homosexualité contre laquelle il ne peut rien. Il y a là une réflexion profonde et qu'on devine très douloureuse.

Deux..remarques:

Le premier témoignage est celui de Philippe dont le compagnon est mort du Sida. Cela semble loin, et pourtant..

Et oui, le temps passe vite mais l'histoire est importante, et elle a marqué un tournant majeur. Cette période a existé ( et existe encore, à moindre degré bien sûr grâce aux traitements qui ne sont que palliatifs le plus souvent -et très rarement "avoués" même à des médecins de nos jours, c'est le comble- et de façon majeure dans certains pays, on n'en parle plus , c'est tout).

Les malades à cette époque ont été traités comme des pestiférés, personne ne voulait s'en occuper et beaucoup sont morts dans des conditions médicales épouvantables, et complètement seuls et rejetés. Jusqu'à ce qu'on découvre, comme d'habitude, ce qu'était cette maladie, c'est à dire une maladie virale comme une autre. La société devrait être reconnaissante à la communauté gay de s'être prise en mains en activant les recherches, en créant des associations d'aides, qui ont apporté par la suite le développement d'autres associations, pour d'autres maladies, et des regroupements de malades , qui s'aident les uns les autres et bousculent un peu certaines prérogatives indûment dévolues à un corps médical un peu trop enfoncé dans ses certitudes.

Ensuite, le titre: Les gens normaux.. Oui, on le comprend à la fin. Mais.. dans tous ces témoignages, ce que l'on constate ( mais on le sait) , c'est qu'aucun de ceux qui témoigne n'est traité normalement. Il y a le pire bien sûr, Momo, mais les autres.. Aucun ne souhaite en parler, n'ose en parler , qui dans sa famille, qui dans son milieu professionnel. Normalité d'être, bien sûr, mais pas normalité de faits. Il me semble que le titre aurait pu le mettre plus plus en évidence.





"Mais il y a le regard des autres qui nous fait nous fait nous sentir différents. Les gens ont besoin de se rassurer pour éviter la question de: Quelle est mon identité, qu'est ce que je choisis et comment je vais la construire. Evidemment, il y a un modèle Ikéa , il suffit de monter les morceaux, et hop, c'est tellement plus simple. Mais quand les morceaux ne s'assemblent pas selon le mode de montage, que les vis ne rentrent pas dans les trous et que les boulons sont tous de travers, il faut improviser..."



C'est une BD qui , à mon avis, devrait être mise à disposition dans les bibliothèques au rayon ado, ces lectures de trajets individuels toujours difficiles pourraient peut être ouvrir certains esprits? On peut rêver et le souhaiter.







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Idiss

On ne présente plus Robert Badinter, l'avocat brillant, ministre de la Justice ayant réussi à faire abolir la peine de mort en France, sous le mandat de François Mitterrand. Je n'avais par contre qu'une vague idée de son histoire personnelle, avant de commencer ce magnifique hommage à sa grand-mère maternelle, Idiss.



La famille est originaire de Bessarabie, alors province de l'Empire russe (actuellement en Moldavie) au coeur du Yiddishland. Idiss vit dans un shtetl, dans une grande pauvreté. Elle est analphabète, l'école étant réservée aux garçons. Ce qui lui fera accorder une grande importance à l'éducation de ses petits-enfants par la suite. Elle rencontrera l'amour de sa vie, Schulim, aura deux fils avec lui et plus tard une fille, Chifra, renommée Charlotte en France, la mère de Robert et Claude Badinter.



C'est l'antisémitisme et les pogroms qui feront fuir la famille en France. Ils se font une haute idée de la République et de ce qu'elle peut offrir à des exilés comme eux.



Le livre est riche d'enseignements sur l'époque et sur l'état d'esprit d'Idiss, qui s'est accoutumée à la vie parisienne et entoure ses petits-enfants de tout l'amour dont elle est capable.



Ils propéreront à Paris jusqu'aux jours plus sombres des années trente et de la guerre. C'est tout un monde qui s'écroule alors avec son lot de tragédies.



J'ai été touchée par la grande tendresse qui se dégage de ce récit. L'écriture est sobre, l'auteur se fait parfois un peu moqueur devant les défauts ou faiblesses de certains membres de sa famille, sans jamais surcharger.



Il évoque leur quotidien, ses souvenirs d'école, il n'était pas question que son frère et lui soient autre chose que premiers de la classe. L'antisémitisme n'était pas si répandu que cela parmi leurs camarades, même avec la montée des fascismes. Le quartier du Marais où se regroupaient la plupart des familles venues de l'Est, ravivait les odeurs, les saveurs qui enchantaient sa grand-mère.



A la lecture, on comprend mieux d'où les combats de Robert Badinter prennent leur source. On voit aussi à quel point cette communauté d'exilés était reconnaissante au pays qui les avait accueillis, continuait à avoir le plus grand respect pour lui et à quel point elle est tombée de haut en 1940.



Les jours de douleurs ont profondément marqué l'auteur qui n'avait que douze ans au moment de l'arrestation de son père.



Au delà de la famille Badinter, ce livre fait revivre un monde qui a complètement disparu avec la guerre. On mesure les profonds bouleversements qui ont jalonné la vie d'Idiss et sa souffrance à la fin de sa vie, confrontée à nouveau à un antisémitisme virulent.



Ce récit a été adapté en bande dessinée par Fred Bernard et Richard Malka (Editions Rue de Sèvres)
Lien : http://legoutdeslivres.haute..
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Idiss

Robert Badinter nous présente, dans ce livre, sa propre famille et plus particulièrement sa grand-mère Idiss née en Russie dans la province de Bessarabie.

Elle aura connu les deux guerres et finira sa vie en France à Paris pendant l'Occupation.

Robert Badinter nous offre un portrait plein d'amour et de reconnaissance pour cette femme qui n'aura pas eu une vie facile.

Témoignage poignant d'un homme qui figure parmi les grands humanistes de notre époque.

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Idiss

Un livre qu’on a du mal à refermer. En dépit des persécutions qui s’abattent sans discontinuer sur cette famille juive cruellement éprouvée par l'antisémitisme en Russie comme en France, beaucoup d’amour et de solidarité circulent dans cette histoire. Idiss, c’est la grand-mère de l'auteur, un être fragile et émouvant sur lequel il a choisi tout naturellement de braquer le projecteur dans un récit dépouillé de tout artifice avec un style percutant, précis et clair, à la mesure du grand avocat que fut Robert Badinter.
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