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Citations de Robert Desnos (643)


Robert Desnos
Bagatelles

Vous reviendrez me voir, dit-elle,
Quand vous serez riche à millions,
Quand les roses de Bagatelle
Sous la neige s’épanouiront.

Lavant le sable des rivières,
Brisant la quartz, ouvrant le tronc
Des caoutchoucs à la lisière
D’un enfer d’arbres aux fûts ronds,

Libérant des nids de pétrole,
Ou labourant des Alaskas,
Quatre-vingt ans, la terre molle
Cacha le trésor des Incas.

Quand il revint, elle était morte,
Il était bête, il était vieux,
Mais les amants de cette sorte
Ne sont pas tellement nombreux.

Que fleurissent à Bagatelle
Les roses de poudre et frimas,
Mais que fleurissent surtout celles
Que l’on aime jusqu’au trépas.
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Mon premier lilas blanc
que Lili cueille en branche,
Mon deuxième lilas quoi que vous en pensiez,
Mon troisième lilas dont la tige se penche,
Mon dernier lilas bien qui lilas le dernier.
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Fleur d’orage et fleur d’oranger,
J’ai peur de la nuit, j’ai peur du danger.
Fleur d’oranger et fleur d’orage,
J’ai peur de la nuit et du mariage.
Fleur d’orage et fleur d’oranger,
Fleur d’orage.
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Dans bien longtemps je suis passé par le château des feuilles
Elles jaunissaient lentement dans la mousse
Et loin les coquillages s'accrochaient désespérément aux rochers de la mer
Ton souvenir ou plutôt ta tendre présence était à la même place
Présence transparente et la mienne
Rien n'avait changé mais tout avait vieilli en même temps que mes tempes et mes yeux

XX. Dans bien longtemps
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La marjolaine et la verveine
La marjoveine et la verlaine
La verjolaine et la marveine
Chez Catherine ma marraine
On fait son lit de marjolaine
Et de verveine.
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Loin de moi et semblable aux étoiles et à tous les accessoires de la mythologie poétique,
Loin de moi et cependant présente à ton insu,
Loin de moi et plus silencieuse encore parce que je t'imagine sans cesse,
Loin de moi, mon joli mirage et mon rêve éternel, tu ne peux pas savoir.
Si tu savais.

(extraits de Si tu savais)
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LA FOURMI

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
ça n'existe pas, ça n'existe pas.

Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
ça n'existe pas, ça n'existe pas.

Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais
ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ?
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La rivière

D'un bord à l'autre bord j'ai passé la rivière,
Suivant à pied le pont qui la franchit d'un jet
Et mêle dans les eaux son ombre et son reflet
Au fil bleui par le savon des lavandières.

J'ai marché dans le gué qui chante à sa manière.
Étoiles et cailloux sous mes pas le jonchaient.
J'allais vers le gazon, j'allais vers la forêt
Où le vent frissonnait dans sa robe légère.

J'ai nagé. J'ai passé, mieux vêtu par cette eau
Que ma propre chair et par ma propre peau.
C'était hier. Déjà l'aube et le ciel s'épousent.

Et voici que mes yeux et mon corps sont pesants,
Il fait clair et j'ai soif et je cherche à présent
La fontaine qui chante au coeur d'une pelouse.
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Robert Desnos
Les plus beaux yeux du monde ont connu nos pensées,
Nous avons essayé tous les vices fameux,
Mais les baisers et les luxures insensées
N’ont pas éteint l’espoir dans nos cœurs douloureux
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Robert Desnos
L’anémone qui régnait sur la mer

L’anémone qui régnait sur la mer
règne encore c’est entendu
Mais si peu elle est perdue
Elle est perdue au fond des mers
Elle se souvient de ses diamants
suspendus à l’arc-en-ciel
suspendus dans la rosée
et les huîtres bâillent alentour
pour lui offrir des perles
Mais l’anémone qui régnait sur la mer
ne règne presque plus et l’ancre de fer
l’a mordue cruellement et elle mourra tantôt.
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Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer,
des fleuves, des forêts, des villes, des herbes,
des poumons de millions et millions d’êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du mondes.
Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi.
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Robert Desnos
Le Capitaine Jonathan,
Etant âgé de dix-huit ans,
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient,
Le pélican de Jonathan,
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.

Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.

Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.
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AUJOURD'HUI JE ME SUIS PROMENÉ...

Aujourd'hui je me suis promené avec mon camarade,
Même s'il est mort,
Je me suis promené avec mon camarade.

Qu'ils étaient beaux les arbres en fleurs,
Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort.
Avec mon camarade je me suis promené.

Jadis mes parents
Allaient seuls aux enterrements
Et je me sentais petit enfant.

Maintenant je connais pas mal de morts,
J'ai vu beaucoup de croque-morts
Mais je n'approche pas de leur bord.

C'est pourquoi tout aujourd'hui
Je me suis promené avec mon ami.
Il m'a trouvé un peu vieilli,

Un peu vieilli, mais il m'a dit :
Toi aussi tu viendras où je suis,
Un Dimanche ou un Samedi,

Moi, je regardais les arbres en fleurs,
La rivière passer sous le pont
Et soudain j'ai vu que j'étais seul.

Alors je suis rentré parmi les hommes.


1936
(extrait de "État de veille") - pp. 175-176
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Il était une fois
Une seule fois peut-être
Une femme et un homme qui s'aimaient
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REVES

Poser sa tête sur un oreiller
Et sur cet oreiller dormir
Et dormant rêver
A des choses curieuses ou d'avenir,

Rêvant croire à ce qu'on rêve
Et rêvant garder la notion
De la vie qui passe sans trêve
Du soir à l'aube sans rémission.

Ceci est presque normal,
Ceci est presque délicieux
Mais je plains ceux
Qui dorment vite et mal,

Et, mal éveillé, rêver en marchant.

Ainsi j'ai marché autrefois,
J'ai marché, agi en rêvant,
Prenant les rues pour les allées d'un bois.

Une place pour les rêves
Mais les rêves à leur place.
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LA LAIDE AU BOIS DORMANT

Si vous alliez à la chasse en automne
Vous rencontreriez sûrement dans la forêt
Un cerf un lièvre et un faisan

Cela vous entraînerait loin sûrement
au château de la laide au bois dormant
Si vous alliez à la chasse en automne

Vous éveilleriez la laide au bois dormant
Si laide qu'elle ne rêverait pas
Si vous alliez à la chasse en automne

Vous diriez à la laide au bois dormant
"Tu es bien laide si laide que nous partons"
Et croyez-vous qu'elle en mourrait ?

Mais non bien sûr elle n'en mourrait pas
Elle répondrait que ce n'est pas vrai
Tout de go, de but en blanc

Et qui sait peut être aurait elle un amant
Dix cent mille amants
à ne plus pouvoir dormir

Tout cela arriverait sûrement
Si vous alliez à la chasse en automne

Ô cerfs ! ô lièvres ! ô faisans !
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Le dromadaire

Il fait beau voir Jean de Paris
Avec ses douze méharis.
Il fait beau voir Jean de Bordeaux
Avec ses quatorze chameaux.
Mais j'aime mieux Jean de Madère
Avec ses quatre dromadaires.

Bien loin d'ici, Jean de Madère
Voyage avec Robert Macaire
Et leur ami Apollinaire
Qui, de son temps, a su bien faire
Avec les quatre dromadaires.

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Demain

Âgé de cent mille ans, j'aurais encore la force
De t'attendre, ô demain pressenti par l'espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir: le matin est neuf, neuf est le soir.

Mais depuis trop de mois, nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille,
A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne ne dormons pas, c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.


Magnifique poème de résistance...

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Soleil en terre, tournesol,
Dis-moi qu’as-tu fait de la lune ?
Elle est au ciel, moi sur le sol,
Mais nous avons même fortune
Car sur nous-mêmes nous tournons
Comme des fous au cabanon.
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IL ÉTAIT UNE FEUILLE

Il était une feuille avec ses lignes
Ligne de vie
Ligne de chance
Ligne de cœur
Il était une branche au bout de la feuille
Ligne fourchue signe de vie
Signe de chance
Signe de cœur
Il était un arbre au bout de la branche
Un arbre digne de vie
Digne de chance
Digne de cœur
cœur gravé, percé, transpercé
Un arbre que nul jamais ne vit
Il était des racines au bout de l'arbre
Racines vignes de vie
Vignes de chance
Vignes de cœur
Au bout des racines il était la terre
La terre tout court
La terre toute ronde
La terre toute seule au travers du ciel
La terre.
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