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Critiques de Robert R. McCammon (336)
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

« La vérité, c'est qu'au fil du temps, nous nous détournons même de ce qui est né avec nous ».



Cory, à peine 12 ans, désire garder en mémoire son essence, ne jamais oublier qui il était et où il a grandi, garder une trace de la fameuse magie de l'enfance. Alors il écrit. Son récit, touchant et épique, s'étale sur une année, année charnière de passage à l'adolescence, les quatre saisons de l'année 1964, dans cette ville de Zéphyr au sud des États-Unis, au sud de l'Alabama précisément, ville emblématique et personnage principal du livre. Une ville aux rues ombragées de chênes verts, aux portes et fenêtres douillettement bordées de moustiquaires, aux multiples terrains de base-ball et où, lors de la fête nationale du 4 juillet, un grand barbecue et un concours d'écriture sont organisés. Cory Mackinson y coule des jours paisibles avec ses parents, vie rythmée par l'écoulement des saisons et leurs petits plaisirs respectifs, par les rituels qui forgent les grandes amitiés, entre courses à vélo, cinéma, parties de base-ball, longs et chauds étés de liberté, et turpitudes scolaires ; et les face à face parfois sanglants avec les ennemis de toujours auprès desquels avoir la paix se gagne durement…



Sérénité totalement troublée le jour où, alors que l'enfant accompagne à l'aube son père lors de sa tournée de livraison de lait, il est le témoin d'un terrible accident : une voiture plonge dans le lac et engloutit à tout jamais le bolide et son occupant, déjà terriblement mutilé, malgré les efforts désespérés de son père pour tenter de l'en sortir. Cet événement sera traumatique pour le garçon mais aussi pour son père qui sera appelé chaque nuit par cet homme du fond des eaux noires. Qui était-il et pourquoi a-t-il été ainsi sauvagement assassiné ? Telles sont les deux questions qui hantent le père et le fils.



L'intrigue est bien le fil conducteur du livre, Cory va tenter de comprendre, de déduire, de recouper les éléments, mais cette enquête n'est en réalité qu'un prétexte pour découvrir en profondeur la ville de Zéphyr, ses habitants dans leur diversité, leurs habitudes, leur façon de vivre ; pour toucher du doigt les multiples problématiques sociétales, économiques et politiques des années 60 depuis la ségrégation raciale et les menaces du Klu Klux Klan, en passant par l'arrivée des supermarchés qui bousculent tout un ensemble de métiers (et en premier lieu celui de laitier, profession du père de Cory qui va ainsi se retrouver sans emploi), jusqu'à la guerre du Vietnam. Tout est abordé du point de vue de ce jeune garçon au regard frais, innocent, curieux. Tout est abordé à l'aune de cette ambiance des années 60, époque charnière tiraillée entre l'arrivée du rock n'roll et la religion encore bien présente, entre les Bee Gees et la musique Country…



« Je m'éveillai. le jour commençait à se lever. Un coq saluait l'aube. Dans la chambre de mes grands-parents, la radio fredonnait, réglée sur une station de musique country. le son d'une steel guitar qui plane, solitaire, sur des kilomètres de forêts et de prairies, le long d'une route filant dans la nuit, a toujours su toucher mon coeur ».



Le fantastique hante le récit, réenchantant constamment le réel à la manière si solaire qu'a un enfant de découvrir le monde. Mythes et légendes magnifient ce lieu et le dotent d'une couleur surnaturelle faisant vibrer la part féérique en nous qui ne demande qu'à être réactivée. Que ce soit le fait de pouvoir voler, la présence mystérieuse du vieux Moise, le cerf blanc Snowdown qui rôde dans la foret ou la voiture fantôme d'un voyou décédé, chacune des aventures avec ces personnages rêvés, fantasmés, ajoute un aplat de couleur supplémentaire au récit épique et à l'univers graphique de Cory Mackinson.



« Elle était couverte d'écailles en forme de diamants, de la couleur des feuilles d'automne : brun clair, violet brillant, vieil or et fauve. Toutes les nuances de la rivière y étaient, des tourbillons ocre de la boue au rose clair des reflets de la lune sur l'eau. Une forêt de moules et quelques hameçons rouillés s'étaient accrochés à ses flancs que ravinaient les canyons gris d'anciennes blessures. Un corps aussi épais qu'un chêne centenaire tourna sans se presser dans l'eau autour de nous, comme s'il avait tout son temps. Les gémissements terrifiés de Gavin ne diminuaient en rien ma fascination. Je l'avais reconnu. Mon coeur pouvait battre la chamade et mon souffle s'étrangler dans ma gorge, je le trouvais plus beau que tout.

Puis je me souviens du croc dentelé, planté comme une lame dans le morceau de bois de Monsieur Sculley. Beau ou pas, le vieux Moïse venait d'avaler la moitié d'un chien. Et il avait encore faim ».



La structure du récit est faite de façon à ne jamais pouvoir lâcher le livre. Il est structuré en quatre grandes parties correspondent aux quatre saisons, elles-mêmes composées de petits chapitres comme autant de petites aventures, on pourrait même parler de nouvelles mais qui ont toutes un lien entre elles, s'imbriquant avec bonheur, formant un récit haletant.

Véritable page turner, ce livre est très agréable à lire, ce d'autant plus que Cory est très attachant car courageux, juste et humain.



Cerise sur le gâteau, ce livre, publié pour la première fois en 1993 par Albin Michel, a été réédité par l'éditeur Monsieur Toussaint Louverture et, comme pour chacun de ses livres, l'éditeur nous offre pour cette pépite merveilleuse de plus de 600 pages une magnifique couverture.





« Peut-être qu'il était fou. Peut-être qu'on traite de fous ceux qui gardent en eux un peu de la magie qu'ils avaient enfants ».



Une lecture lumineuse et rafraichissante, parfois drôle, parfois tragique, toujours d'une infinie et tendre poésie, sur la fin de l'enfance, sur la fin de cette capacité incroyable à s'émerveiller de choses banales en apparence, de choses du quotidien et que nous, devenus adultes, semblons perdre. Un livre sur l'acte d'écriture comme ultime moyen de sauvegarder cette richesse essentielle et la lecture comme façon de faire vibrer, de nouveau, la magie en nous. Entrelacement entre la vision fantastique de l'enfance et la dure réalité du monde adulte, le récit de Robert McCammon, double de Cory Mackinson, offre une vision complexe et subtile du passage de l'un à l'autre avec brio, ou du moins de la concomitance possible de ces deux mondes. Un réalisme magique de haute voltige !



« le besoin d'écouter des histoires, de se glisser dans d'autres vies, ne serait-ce qu'un instant, est la clé du monde magique qui naît avec nous ».



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L'heure du loup

Abonné aux prix Bram Stoker (qui récompense les œuvres de Fantasy et d'Horreur). R. McCammon se renouvelle ici. Il obtient pour ce superbe roman d'espionnage sur fond de seconde guerre mondiale en Europe le grand prix de l'imaginaire 92. Eh oui, le héros est un loup-garou.



Bien avant le renouveau du mythe, format beau gosse bêlant et gnangnan, la condition des loups-garous est ici revisitée, crédible et assez réaliste.

Dans un background où les espions tombent comme des mouches, la puissance et la résistance de Gallatin (notre héros) lui permet de se sortir de situations où un homme normal serait mort.



L'écriture est moderne, les descriptions des combats crues, réalistes, certains diront même gore, mais bon, quand on arrache un bras, le sang gicle non ? Autant le dire.

On passe un excellent moment, plein d'action et de fureur.



Le monde en dira : « Prodigieux feuilleton foisonnant, bourré jusqu'à la gueule de péripéties, de rebondissements et d'action, qui mêle horreur, espionnage et aventure façon Indiana Jones ou Comte Zaroff. »



Si je devais ajouter un seul bémol, ce serait les flash-back sur l'histoire de la transformation de Gallatin qui coupent un peu l'action et que, à mon sens, il n'était pas indispensable de développer autant.
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Swan Song, tome 1 : Le feu et la glace

"Une chevauchée sauvage dans la terreur". Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.



Après que les Russes et les zaméricains aient décidé de se foutre des bombes nucléaires sur la gueule, comme si la planète qui recouvre des êtres vivants, n'étaient aux yeux des gouvernants qu'une carte avec des pions et des drapeaux, nous suivons la trace de plusieurs personnes, qui tentent de survivre dans un monde devenu terriblement hostile. Radiation, cancer de la peau et des poumons, eau contaminée, plantes détruites, retombées, etc...

Car pour ceux qui ont survécu, un autre cauchemar vient s'imbriquer dans le désespoir.



Sur ses Terres désolés et glaciales, nous allons suivre le colonel Macklin, probablement schizophrène et peu enclin à l'harmonie et son fidèle chevalier, Rolland, un adolescent qui a perdu totalement pied avec la réalité pour mieux s'investir dans le meurtre. Le second duo, Sister une vieille folle, aussi courageuse que téméraire et Artie qui veut se donner l'espoir que son épouse est toujours vivante à Détroit. Le troisième duo, Josh, une armoire à glace catcheur et une fillette Swan...



Jusque là, rien de nouveau au pays de l'apocalypse, on aura des tueurs, des cannibales et de la famine.



Mais si ce roman fait tant penser à Le Fléau de Stephen King, c'est parce que l'auteur va y placer quelques éléments fantastiques, qui donnera à la lecture de ce road trip, un peu d'espoir : une couronne magique et une fillette qui communique avec la nature... Néanmoins, si le Bien est représenté, on sait que le Mal personnifié prend ses aises avec complaisance, et il le clame : "c'est ma fête à moi, c'est ma fête à moi!" Et tout le bien qui pourrait revenir parmi les êtres humains, ne lui plaît pas...



J'ai beaucoup aimé ce roman, même si j'ai parfois été triste ou horrifiée. On s'attache à la plupart des personnages, donc il est très difficile de les voir évoluer dans ces conditions. On a très vite également envie que certains ne soient plus en état de nuire, en gros si les méchants pouvaient mourir, ce serait légitime.

J'espère que le tome 2 sera aussi bien.
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on ne s'ennuie pas à Zephyr en cette année 1964. Derrière ses façades, au fond de sa rivière ou de son lac profond, la bourgade du sud de l’Alabama renferme de sombres mystères ; il y rôde même un assassin. Témoin avec son père d’un crime traumatisant, Cory, jeune collectionneur de trésors et de magazines de monstres, s’efforce d’élucider l’affaire.



En refermant ce livre de 600 pages, on connaît Zephyr comme sa poche : ses églises et ses ragots, son supermarché flambant neuf, ses contrebandiers et ses attaques racistes, le quartier noir de Burton où la conquête des droits civiques s’organise. Cette toile de fond sociale et politique, esquissée par le prisme du quotidien de Cory, donne de l’épaisseur au récit mais sans l’appesantir aucunement. D’abord parce que l’enquête place le roman sous tension. Des indices sont distillés sous la forme d’indices à première vue anodins mais qui finissent par prendre tout leur sens. Au quotidien, Cory observe, déduit, recoupe des éléments stupéfiants, faisant la rencontre d’une reine noire de cent six ans, d’un as de la gâchette, d’un monstre de rivière et même d’un tricératops.



Son regard enfantin donne au roman une fraîcheur irrésistible. Quelque chose du charme des aventures de Tom Sawyer, mais avec en plus le rythme scandaleux des tubes des Beatles et des Beach Boys. Et un soupçon de magie. Cory et ses copains savent lire les rêves, la forme des nuages et les grains de sable. On ne sait pas toujours si le narrateur en rajoute un peu (il a l’étoffe d’un écrivain, voyez-vous), si l’imagination de sa bande la dépasse un peu ou s’il y a vraiment un solide cœur de magie à Zephyr.



Tout cela semble un peu foisonnant, mais tout finit par s’imbriquer parfaitement en un tout cohérent qui m’a beaucoup émue.



Ce livre est un univers à lui tout seul, un roman à remonter le temps porté par une plume vive qui trace son sillon propre à la lisière de la tranche de vie, de l’enquête policière, du thriller et du réalisme magique. Encore une excellente pioche pour Monsieur Toussaint Louverture qui conforte son rôle de passeur de littératures de premier plan !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

C'est une chronique spéciale pour moi et j'ai choisi le livre le «Mystère du lac» parce que Robert MCcammon fait partie de mes auteurs préférés. C'est un autre écrivain que j'affectionne particulièrement et ses histoires sont incroyables. C'est mon 6e livres et je suis assez satisfaite de ma lecture pour l'avoir fini en quelques jours. C'est un très bon pavé, il contient 765 pages. Il est écrit en cinq parties :

- Les ombres du printemps

- Les anges et les démons

- Les feux de l'automne

- La rigueur de l'hiver

- Zephyr tel qu'il est.



Robert McCammon est un écrivain américain et son genre c'est le fantastique, l'horreur et la science-fiction. Avant de devenir auteur, il fait carrière dans le domaine du journaliste et après une pause de dix ans, il revient dans l'écriture. On le reconnaît pour son livre «L'heure du loup» ainsi que «Scorpion.» Il se démarque aussi dans ce livre : le «Mystère du lac» car il gagne deux prix :

- Prix Word Fantasy (1992)

- Prix Bram Stocker (2012)







Angoissant, Déstabilisant, Envoûtant



L'histoire se passe dans une petite ville, des États-Unis du Sud. Elle se nomme Zephyr. C'est dans les années 1960, c'est à l'époque où les Blancs n'acceptaient pas encore la présence des Noirs. On perçoit fortement l'influence de l'Église et du Pasteur sur la communauté. La religion voit le mal partout. Le récit débute par un meurtre, le père de Cory plonge dans le lac pour secourir un inconnu. Cory perçoit une ombre étrange dans la forêt. Depuis cet accident, rien n'est plus pareil. On ressent une tension dans l'air, le climat est fragile et la sorcellerie fait peur. Cory essaie de faire son chemin et de trouver ses repères. Est-ce qu'ils vont retrouver l'assassin ? Est-ce que son père va s'en

sortir ?







Jeunesse, Mystère, Drame



Je finis ce gros pavé en quelques jours et je ressens encore un tel bonheur même après la lecture terminée. Je retrouve donc avec un plaisir intense, la plume communicative et magique de Robert MCcammon. Il capte alors mon attention du début jusqu'à la fin. Je m'attache alors à Cory, notre jeune héros.







Robert MCcammon sait très bien raconter une histoire et il plonge le lecteur dans un univers complètement enchanteur, mystique et dangereux. Au fil des pages, on suit alors Cory, un petit garçon de onze ans. On sent qu'il s'y dégage une fragilité, une innocence qu'on décode bien. On ressent aussi l'impuissance de Cory, quand il voit son père vivre de l'anxiété après ce drame. On voit qu'il se questionne sur l'existence, sur le bien et le mal. Il constate jeune que c'est les méchants qui l'emportent sur les plus faibles, que c'est les plus forts qui font régner la loi. C'est souvent le cas et il en fait lui-même l'expérience.



Au cours de l'histoire, on fait aussi la connaissance des personnages qui font partie de la vie de Cory. On rencontre ses amis, ses alliés et on fait face aussi à ses ennemis, à ses adversaires. Tu es bouleversée par les événements. Au fur et à mesure, tu remarques, que la ville change, l'atmosphère est de plus en plus malsaine. On sent une emprise, une folie et de la violence qui y règnent.







Le livre «le mystère du lac» aborde aussi les sujets tels que la religion, l'environnement et la survie. On y mentionne également l'enfance, la famille, l'amitié qui s'y taille une place importante. On y passe par toutes sortes d'émotions et c'est une des grandes forces de Robert MCcammon. Son écriture est claire, il emploi des mots forts, il ajoute des éléments fantastiques au récit. Il sait très bien ficeler son énigme, il transmet bien le message qui veut passer et il parvient très bien à garder la concentration du lecteur.

L'auteur Robert MCcammon peut parfois réinventer les personnages, il sait nous surprendre, et nous induire en erreur. J'aime beaucoup le mystère autour de la Dame Noire, ainsi que le petit garçon aux cheveux blonds. Je fais aussi un clin d'oeil en particulier à Lucifer.

Je ne cesserai jamais de le dire et de le redire, c'est un excellent conteur et il est un auteur à découvrir. Je crois que tout lecteur peut trouver une histoire qui peut lui convenir.







Pour moi, c'est une réussite pour que je dévore en peu de temps un gros pavé. C'est une lecture qui se lit facilement, autant pour les jeunes que les adultes. C'est un livre qui te permet de t'évader, de rêver et de retrouver ton coeur d'enfant. Il manie bien la réalité avec l'imaginaire. C'est certain qu'il peut avoir quelques longueurs, c'est normal car c'est un gros pavé.

Je trouve que la dernière partie «Zephyr tel qu'il est», elle

complète bien l'histoire. On voit ce qu'est devenu Cory, sa ville et les autres personnages. L'auteur Robert MCcammon nous rappelle que même si on grandit, il ne faut pas oublier notre côté enfant et notre émerveillement.

Je le conseille vivement car cette histoire m'a procuré une immense joie. Je remercie mes amis qui sont toujours là, qui me supportent dans mes critiques. Je remercie ceux aussi qui m'inspirent et qui me permettre de continuer mon écriture. Je remercie aussi ‘'Masa'' pour m'avoir fait connaître cet écrivain qui possède un talent immense.

Pour finir, je vous rajoute la chanson «I get around» qui est un élément important dans le livre. On dit souvent que tout est une question de perception. C'est amplement vrai et le fil peut être mince entre le bien et le mal.



Bonne écoute :

https://www.youtube.com/watch?v=wREBD2og5iY





P.S : Vous pouvez aller voir aussi la critique passionnée de Masa !!!
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

La vie d'un jeune garçon en 1964, dans une petite ville de L'Alabama, le temps d'une année. Une petite ville où les noirs vivent dans un quartier à part, où ils n'ont pas le droit de nager dans la même eau que les blancs, une petite ville où le progrès, ou ce qu'on a appelé ainsi, du moins disons la modernité fait son apparition, une petite ville dans laquelle coule une rivière habitée par un monstre surnommé Moïse, entourée de bois où se balade un tricératops, à moins que ce ne soit qu'un rhinocéros maquillé.



Un livre ajouté dans ma PAL suite aux nombreuses critiques que j'en avais lues, le résumé sur Babelio ne m'aurait pas persuadée. Je n'aurais pas cru être si touchée par les aventures de ce petit garçon courageux et attachant, Cory, confronté dès les premières lignes du roman à un évènement horrible : Alors qu'il fait avec son père sa tournée de laitier, un véhicule plonge dans le lac, Et son père voulant sauver le conducteur y voit un cadavre, menotté au volant, atrocement défiguré, et étranglé par une corde de piano. La recherche du meurtrier sera un des éléments importants de cette année, racontée par Cory.



Mais réduire ce livre à la résolution d'une énigme policière ne serait pas lui rendre justice. Il est beaucoup plus que cela, et d'abord et ce qui m'a le plus marquée, un hommage à l'âme des enfants, leurs qualités qu'il est parfois si dur de conserver lorsqu'on prend de l'age, à leurs capacités d'émerveillement, à leur aptitude à accueillir l'inconnu, à vivre sans barrière.



A coté de cela, il y est question de racisme, de magie, d'amitié, de famille, d'écriture, de la folie. Il y est surtout question de la vie d'une petite ville, où le meilleur existe, mais où le pire a fait son apparition, par ce meurtre sauvage. Une petite ville où le père de Cory se croyait à l'abri de la cruauté du monde, mais où il sera rattrapée par elle, par ses cauchemars qui vont envahir ses nuits après la vision horrible de ce cadavre.



Une année ponctuée par des évènements joyeux ou tristes qui feront grandir Cory, une année que j'ai parcourue à son côté sans voir passer le temps. Et je ne pense pas l'avoir perdu ;-)
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Voilà douze ans que l’américain Robert McCammon n’avait pas été réédité dans l’Hexagone. C’est à l’éditeur Monsieur Toussaint Louverture que l’on doit ce petit évènement et le dépoussiérage de Boy’s Life, un pavé de 614 pages plus connu sous nos latitudes sous le titre du Mystère du Lac (publié pour la première fois en 1993 par Albin Michel).

Réputé pour ses objets-livres soignés, Monsieur Toussaint Louverture a ici mis les petits plats dans les grands avec une reliure en carton brut sublimement illustrée par Alex Green qui offre au lecteur un écrin à la hauteur de l’œuvre qu’il s’apprête à dévorer. Traduit par Stéphane Carn et Hélène Charrier, cette nouvelle mouture de Boy’s Life nous invite dès son titre français à découvrir le héros véritable du roman : la ville de Zephyr, Alabama.



Il était une fois en Amérique…

Nous sommes en 1964 dans le Sud des États-Unis. Cory Mackenson est un jeune garçon de douze ans à peine qui vit avec son père et sa mère dans une petite ville paisible du nom de Zephyr. Paisible jusqu’au jour où, alors qu’il accompagne son père lors de sa tournée de livraison de lait, Cory devient le témoin d’un tragique « accident » quand une voiture plonge à toute vitesse dans le lac et que son père, malgré tous ses efforts, ne parvient pas à en libérer l’occupant qui sombre avec l’automobile au fin fond des eaux noires.

Un évènement traumatique pour son père, Tom, mais aussi pour lui-même qui n’aura alors de cesse de chercher à comprendre qui se trouve au fond du lac et pourquoi. Ce plongeon mortel constitue l’acte fondateur de Zéphyr, Alabama, l’amorce d’une intrigue qui court sur plus de 600 pages et où le lecteur va découvrir beaucoup (beaucoup) plus qu’une simple enquête autour de la mort d’un mystérieux inconnu dans un lac. On pourrait même dire que cette intrigue deviendra tout à fait secondaire le temps de tirer le portrait de la petite ville de Zephyr et de ses habitants. Robert McCammon installe en réalité un univers entier contenu entre les rues et les maisons de Zephyr, reconstitue l’ambiance des années 60 en Amérique et fait battre le cœur d’un souvenir poignant où la nostalgie se refuse au tableau idyllique du « c’était mieux avant ».

À partir de ce drame qui fera bruisser de rumeurs Zephyr toute entière pendant des semaines, l’américain va patiemment et brillamment restituer au lecteur la vie qui s’écoule dans Zephyr en y reconstituant une certaine idée de la vie en Amérique à l’époque. Nous sommes en 1964 et les Beach Boys viennent semer la zizanie dans le cœur des jeunes et des adolescents du coin alors que certains religieux les condamnent comme des adorateurs de Malin. Loin de ces polémiques, les Noirs et les Blancs vivent séparés, dans deux villages différents, Bruton pour les uns, Zephyr pour les autres. Le racisme est là, opérant sous la capuche blanche et sinistre du Ku Klux Klan et quelques croix brûlent même devant le domicile de La Dame, dirigeante spirituelle et aînée respectée de la communauté Noire de Bruton. C’est l’époque de la guerre du Viêtnam et du bouleversement économique qui voit les petits commerces mourir avec l’arrivée des premiers supermarchés. C’est le chant du cygne du verre contre la toute-puissance du plastique mais c’est aussi une époque où tout semble encore possible et réalisable surtout quand on a l’âge de Cory Mackenson.



…Une vie d’enfant qui se termine

Au centre de Zephyr, Alabama, davantage encore que cette petite ville que nous suivrons durant quatre parties et autant de saisons, il y a Cory Mackenson, notre héros-narrateur de douze ans qui va vivre moults aventures, joies, drames et dangers durant cette année-charnière.

Robert McCammon saisit avec un talent consommé ce qui compose l’enfance. L’émerveillement devant les choses banales du quotidien que nous autres, adultes, avons perdu.

Racontée en réalité par un Cory Mackenson devenu adulte et écrivain, double de papier de Robert McCammon lui-même, l’histoire de Zephyr devient aussi (et avant tout), l’histoire de l’enfance de Cory et de son entrée progressive dans l’âge adulte. Le lecteur va suivre pas à pas ce qui va forger le jeune Cory et les drames, petits et grands, qu’il va traverser au cours de cette 1964.

Dans une ambiance à la Amblin/Steven Spielberg, le roman égrène tout ce qui fait la beauté de cet âge. Les courses à vélo entre amis, le cinéma où l’on joue à se faire peur, l’école et ses turpitudes, les chiens fidèles qui se baladent à notre côté, les parties de base-ball et les visites de cirques ambulants.

Cependant, l’innocence n’est pas le but de Zephyr, Alabama. Puisque le roman n’a pas envie de reconstruire un moment de béatitude vide de sens mais de montrer la transformation de l’enfant en adulte, en le confrontant au réel du monde extérieur. Progressivement, Cory va s’apercevoir que son univers ne peut se résumer à Zephyr, même s’il le souhaite de toute ses forces.

Cela commence avec le mort au fond du lac et se poursuit dès les instants suivant lorsqu’il se retrouve devant la « maison des plaisirs » en périphérie de Zephyr et dont on évite de parler entre gens respectables. Au gré de ses tribulations, Cory affronte la violence (qui va du harcèlement des brutes locales au véritable horreurs de l’Histoire avec un grand H), le deuil intime et bouleversant, la responsabilité qui va de pair avec l’âge et, surtout, le poids du temps qui passe et que l’on ne retrouve jamais.

Robert McCammon décide de tirer le portrait d’une jeune garçon aussi attachant et courageux que profondément humain. Avec ses doutes et ses questionnements, Cory devient adulte en trébuchant. Et même si son monde se heurte à la médiocrité de certains adultes, c’est avant tout par la magie de l’enfance que l’auteur américain parvient à transcender son récit.



La magie en nous

Ce qui fait la différence ici, c’est le fantastique qui habite le récit de Robert McCammon et, par ricochet, celui de Cory Mackenson. L’américain réenchante le réel et, par le truchement de l’enfance, reconstruit un univers flirtant constamment avec l’élément magique. Zephyr se peuple ainsi dès les premières pages de créatures et d’évènements inexpliqués, forgeant les mythes et légendes de ce lieu sans histoire et lui donnant, de fait, une Histoire. Du Vieux Moïse qui rôde dans la rivière au cerf blanc colossal Snowdown qui habite dans la forêt du coin en passant par Midnight Mona, une voiture fantôme dont le conducteur hante toujours les routes qui l’ont vu mourir, l’histoire de Cory se découpe en courts chapitres comme autant de nouvelles fantastiques où chaque élément apporte une nouvelle touche de peinture au tableau expressionniste que crée patiemment Robert McCammon.

C’est à la fois l’expression de l’émerveillement que permet l’enfance, de la façon qu’ont les gamins de découvrir le monde qui les entoure avec des yeux encore capables de percevoir le côté surnaturel des choses, mais c’est aussi une façon de mythifier son récit et de rencontrer ce qui va faire l’essence de l’Amérique : sa capacité à forger des légendes. À un point du récit, les mystères de Zephyr rencontrent ceux du Far West et l’on y découvre un as de la gâchette planqué sous les traits d’un vieil homme usé. C’est la confluence des récits, la confluence des mythes, cette façon de fusionner la magie des légendes américaines et celles de notre enfance, celle de l’Amérique et, de façon plus universelle, celle de tous les êtres humains sur cette planète.

En recourant à la magie et au fantastique, Robert McCammon offre des moments de grâces particulièrement émouvants, de ce voyage en plein ciel d’une bande de garçons ailés et de leurs compagnons à quatre pattes à ce chien-ami qui nous quitte en silence dans la nuit quand on a enfin lâché prise. C’est aussi l’occasion de mieux supporter la cruauté du réel, comme lorsque l’on s’imagine qu’une invasion extra-terrestre risque de changer complètement une personne que l’on aime et que ce n’est que l’alcool qui ravage le visage du paternel. Avec cette boîte à outils, l’américain redessine le réel, l’enchante même quand il n’a plus rien de reluisant, et donne au lecteur cette sensation d’espoir qui persiste jusqu’à la fin, accompagné par le lancinant violon d’un écrivain qui sait que le temps des courses à vélo et des aventures en forêt glisse entre ses doigts.

Ce qui réjouit, et ce qui fait grand bien dans notre époque de plus en plus pessimiste, c’est qu’au fond, entre les nombreux drames et personnages tragiques qui le traverse (Vernon pour n’en citer qu’un magnifique), le roman de Robert McCammon se veut optimiste et que malgré les changements, malgré les pertes et les bouleversements, on se relève et on avance. Il postule que s’il faut se souvenir de son passé, s’il faut l’honorer et le respecter, celui-ci ne doit pas résumer notre vie et qu’un futur nous attend. Évidemment, on pourrait dire que certains éléments de Zephyr, Alabama datent un peu notamment dans son abord des personnages noirs souvent considérés par le prisme du « Magical Negro » mais ce poncif passe beaucoup mieux ici car tout, au yeux de Cory, devient magique et extraordinaire à Zephyr. En 1991 déjà, Robert McCammon écrit un texte vibrant d’humanité qui refuse le racisme et la haine, qui espère que les gentils auront toujours leur mot à dire et qui est capable d’aimer ses personnages jusqu’au bout.



Écrire pour grandir

On ne pourra bien sûr pas s’empêcher de dire un mot sur l’aspect introspectif et méta du roman. C’est une vision de l’écriture, du rôle de l’écrivain et de celui de la littérature pour la jeunesse. Ce n’est pas un hasard si Cory rêve de devenir écrivain, si Vernon Thaxter s’est cassé les dents lors de l’écriture de son premier roman en vendant son âme aux démons du marché et si le titre même du roman, Boy’s Life, fait référence à un illustre magazine américain du même nom publié depuis 1911 et qui a vu passé Asimov, Bradbury, Clarke ou encore Heinlein en ses pages. Zephyr, Alabama raconte l’importance du récit et l’importance de se raconter. Entre les lignes, le lecteur devine beaucoup de l’auteur lui-même et du rôle que la fiction joue dans la construction de l’esprit d’un jeune garçon de douze ans (ce n’est pas pour rien que Cory adore Bradbury d’ailleurs). Rien n’est gratuit dans l’écriture de Robert McCammon, jusqu’à l’amour des lettres de son jeune héros et son affection toute particulière, et si enfantine, pour les histoires que l’on raconte et que l’on se raconte. C’est par l’histoire que l’on se souvient et que l’on grandit. L’histoire qui nous permet de devenir adulte et de conserver, envers et contre tout, la magie de notre enfance au plus près de soi.



Récit de l’enfance qui croque à la fois l’Amérique des années 60 et la magie de l’ordinaire, Zephyr, Alabama frôle le chef d’œuvre. Robert McCammon accomplit une chose rare et précieuse : mêler à parts égales la dure réalité de l’ âge adulte et le regard fantastique de l’enfance sans jamais tomber dans l’idéalisation béate ou le pessimisme forcené. Un tour de force en somme et une très grande histoire aussi émouvante que sincère et ambitieuse.
Lien : https://justaword.fr/zephyr-..
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Swan Song, tome 2 : La glace et le feu

Outre l'aspect très chrétien (les crucifix, les révérends, les frères, la couronne qui fait penser à une auréole, les églises, la première ville à revoir la vie s'appelle Mary's Rest), et le côté très manichéen (c'est clairement une lutte entre le bien et le mal) qui ne plaira pas forcément à tout le monde, Swan Song nous offre un brillant récit d'aventure, de road trip, avec du suspense, du fantastique, de l'horreur, de l'amour et de l'espoir.

Je vais préférer, le tome 1 et je serais un peu déçue par quelques détails dans ce tome 2 (que je vais taire pour ne pas dévoiler certains mystères liés au récit).



Les mauvais sont des êtres absolument ignobles, les bons sont attachants, tout ce qu'il faut pour passer un bon moment de lecture.



J'appréhendais car je n'aime pas lire les pavés de 500 pages, et là c'était 2 pavés de 500 pages, autant dire que j'ai repoussé à plusieurs reprises ma lecture... Mais c'est tellement bien mené, que finalement, on ne les voit pas. Aucun regret.

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L'heure du loup

Pour le Défi Lecture 2022, il me fallait lire un livre qui a reçu un prix prestigieux en SFFF (parmi une liste de prix exhaustive). Seulement deux livres de ma pal correspondaient. Après une longue hésitation, mon choix s'est finalement porté sur "L'heure du loup" qui a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire en 1992. C'est le premier livre de Robert McCammon que je lis, j'en ressors ravie.



Nous sommes en 1944, quelques mois avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Michael Gallatin, agent secret britannique et lycanthrope, a pour mission de découvrir ce que cache l'opération "Poing d'Acier", menée par les nazis et qui pourrait faire capoter l'opération "Neptune" des Alliés (le débarquement de Normandie). Du Pays de Galles où il menait une vie isolée tant recherchée, la mission de Michael nous emmènera d'abord en France, puis en Allemagne, en Norvège, pour se terminer sur la côte anglaise. Parallèlement, Michael revient sur son enfance, du moment où il est devenu un loup-garou jusqu'au jour où il a quitté sa Russie natale pour rejoindre l'Angleterre et pouvoir "vivre libre".



"L'heure du loup" est ce que j'appelle un roman complet. Son épaisseur en dit d'ailleurs long là-dessus. Et si ses 704 pages écrites en tout petit n'étaient pas vraiment motivantes au départ, je les ai finalement savourées, pour ne pas dire dévorées.



Michael est ce qu'on pourrait dire un James Bond des temps fantastiques. Il est visiblement beau, séducteur, débrouillard, mais également, de par sa nature lycanthrope, un tantinet sanguinaire. Et de revenir sur son enfance, l'auteur nous permet de comprendre le personnage complexe qu'il est. Il est entouré tout au long du récit de personnages eux-mêmes assez bien creusés.



Le contexte historique est également bien implanté, bien développé, et les événements toujours bien décrits, nous permettant de tout voir, tout imaginer, tout vivre en même temps que Michael.



L'auteur ne lésine pas non plus sur l'action et les rebondissements. Pas le temps de s'ennuyer, il se passe toujours quelque chose. La tension est constamment palpable. C'est parfois violent et sanglant, sans non plus tomber dans l'abus. Le premier chapitre nous met d'ailleurs d'entrée de jeu dans le bain (de sang).



Le tout est raconté avec une plume moderne, fluide, minutieuse et dynamique. J'ai particulièrement apprécié le style d'écriture de l'auteur, qui fait preuve à la fois de précision et de tonicité tout au long de la lecture.



Vous l'aurez compris, j'ai adoré ma lecture. "L'heure du loup" est un roman abouti, tant par sa forme que par son contenu. Plus j'avançais dans ma lecture, plus j'approchais de la fin, et plus mon rythme s'accélérait (mon rythme de lecture autant que mon rythme cardiaque d'ailleurs).



Une lecture palpitante, dynamique, approfondie sur tous les bords, qui me donne désormais envie de découvrir tous les autres livres de l'auteur.

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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Encore un excellent choix de ré édition de Monsieur Toussaint Louverture dans la collection Toussaint Laventure !

Comme souvent avec cet éditeur, on est embarqué dès la couverture, elle est cartonnée, très jolie et incite au rêve, un soupçon de magie se dégage du feuillage et c'est très bien illustré car ce livre est à la fois réaliste et magique, parfois fantastique, une merveille !



Cory, 11/12 ans est né à la même date que l'auteur, en Alabama, veut être écrivain, enfin conteur comme il le précise lui-même dans le prologue. C'est Cory qui raconte l'histoire et nous comprenons que ce sont les souvenirs d'enfance de l'auteur qui vont nous être confiés dans ces 614 pages foisonnantes.



Nous allons découvrir la vie d'une petite ville Zéphyr, en Alabama donc, en 1964, ville où il fait bon vivre surtout quand on est un enfant à l'imagination fertile entouré de quelques copains.

L'Histoire de l'Amérique cette année là va nous être offerte à travers les péripéties de cet enfant.



Le livre commence par un drame auquel vont assister Cory et son père , laitier, au cours d'une livraison matinale de lait. Cet épisode traumatisant aura des répercussions sur la vie de la famille surtout pour le père de Cory, cauchemars et culpabilité le hanteront cette année là.

Cet événement sera la toile de fond du livre. Cory va mener son enquête afin de savoir ce qu'il s'est passé ce fameux jour et qui est la victime. Ce côté "policier" est un prétexte pour nous présenter la vie en Amérique à cette époque et ce, à travers les yeux d'un enfant.



En 1964, la vie est simple pour Cory et sa bande de copains. Des virées à vélo, des cinés une fois par semaine, des jeux magnifiés par l'imagination débordante de cet écrivain en herbe, l'auteur sait nous replonger dans notre propre enfance grâce à son talent de conteur, et ça c'est magique aussi !

Un brin de fantastique quand l'auteur donne vie aux métaphores. On vole avec Cory, ses amis et leurs chiens quand la joie d'être en vacances leur donne des ailes !

Les bagarres avec les petits voyous de l'école ne sont pas en reste et devenir plus puissant qu'eux accentue le sentiment de liberté de la joyeuse bande d'amis.



Dans le même temps, Cory découvre le monde des adultes, de toutes ses imperfections et perçoit les changements qui s'opèrent dans ces années là.

Les super marchés font leur apparition faisant disparaître les usines de papier et les laiteries, entraînant le chômage.

Le racisme est très présent, Cory découvre le Ku Klux Klan. La guerre du Vietnam est évoquée.



Bien des mystères avec une reine noire capable de parler aux morts, d'anéantir ou de sauver des vivants, un monstre des rivières, un animal venu des temps préhistoriques que je vous laisse découvrir...



Entre réalité et magie, ce roman envoûtant m'a complètement séduite, mon coup de cœur de l'automne !



“L'ouvrage compte 624 p. et mesure 140 mm de largeur sur 210 mm de hauteur, ce qui est juste assez pour contenir une ville entière et des milliers de souvenirs” Cette phrase écrite par l'éditeur sur la page de présentation du livre résume bien ce roman.
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Je tiens tout d’abord à remercier Senna pour m’avoir invitée à lire ce livre dans le cadre d’une lecture commune avec Nadou38, Siabelle et Srafina. Sincèrement, les étiquettes ‘roman policier’ et ‘fantastique’ me font toujours fuir à toutes jambes et j’ai ouvert ce roman avec des mains de plomb.



J’aurais eu tort de passer à côté : c’est un énorme coup de coeur !



Dès les premières pages, j’ai été happée par l’écriture de Robert McCammon et par son personnage principal Cory Mackenson. Né en 1952 (comme l’auteur), Cory raconte ce qui lui est arrivé entre le printemps et l’hiver 1964 quand il vivait à Zephyr en Alabama. Il approche de la quarantaine, il se souvient…



L’histoire commence quand Cory et son père sont les témoins impuissants de ce qui semble être un accident. Sauf que l’homme au volant de la voiture qui a plongé dans le lac a été assassiné. L’enquête se termine rapidement dans un cul-de-sac mais la vérité est un fruit qui prend du temps pour mûrir.



Pendant ce temps, Cory nous immerge dans son petit univers et nous présente toutes les personnes qui ont fait partie de son quotidien. On s’attache très vite à Cory et ses meilleurs copains, une chouette petite bande.



Tom, son père est rongé par des cauchemars, la victime le hante. En parallèle, on assiste ses difficultés professionnelles suite à l’émergence des supermarchés avec ses rayons débordants du nécessaire et du superflu. Des métiers sont voués à disparaître dont celui de Tom.



Tous les personnages secondaires (jusqu’aux plus détestables) sont bien campés et apportent tous leur contribution pour donner une image réaliste du quotidien des Alabamiens des années 60 : la place de la femme, la ségrégation, …



Je n’ai pas eu l’impression d’avoir lu un roman policier et l’aspect fantastique n’avait rien d’envahissant ou d’effrayant. J’espère que cette nouvelle édition (avec sa magnifique couverture) attirera les lecteurs.



J’ai adoré la fin.



Ce roman a reçu les prix Stoker en 1991 et le World Fantasy de 1992. C’est amplement mérité.



Grand merci à mes co-lecteurs pour cette aventure inoubliable !







Challenge pavés 2022

Challenge XXe siècle 2022

Challenge ATOUT PRIX 2022

Challenge mauvais genres 2022
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Traduit de l'anglais par Stéphane Carn avec la participation de Hélène Charrier.

Editions Monsieur Toussaint Laventure



Zéphyr est une petite bourgade d'environ mille cinq cents habitants, dotée de quatre églises ( oui, c'est beaucoup ), installée à côté d'un lac très profond. Il ne se passe jamais rien dans une petite ville, mis à part quelques commérages.

Vraiment ?

Lisez ce roman et vous serez vite convaincus qu'en fait, il s'en passe des choses et même des choses inhabituelles. Oserais-je dire magiques ? Oui.

Comme ? Ben, je ne vais pas vous les révéler, lisez le livre vous dis-je.

Nous sommes en 1963. La ségrégation règne, le Ku Klux Klan terrorise, le harcèlement à l'école existe déjà. Et pourtant...

Cory Mackenson est un jeune garçon à l'imagination débordante ce qui fera peut-être de lui, un jour, un écrivain ou plutôt "un conteur". C'est du moins ce qu'il souhaite. Il est entouré d'une « bonne bande de potes », Ben, Davy et Johnny auxquels il raconte les histoires qu'il invente. Il a de bons parents à l'écoute. C'est un lecteur assidu de National Geographic, le possesseur d'un vélo super rapide nommé Rocket et il adore les Rolling Stones.

Quelle belle et tendre histoire, même si elle commence par un meurtre, où l'humour et la poésie font bon ménage. Certaines scènes loufoques m'ont bien fait rire, d'autres, plus tristes, m'ont mis la larme à l'oeil.

La couverture est magnifique, du moins je le suppose avec le peu que je distingue, car la personne, en couvrant le livre, a eu la malencontreuse idée de laisser le bandeau... Quant à la typographie, j'ai trouvé la lettre Q majuscule très belle : elle a la queue d'un chat vu de dos.

Un gros coup de coeur, vraiment, en cette fin d'année. Une histoire qui restera dans ma mémoire.



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Swan Song, tome 1 : Le feu et la glace

Après la réédition de Zephyr, Alabama l’année dernière, voici que Monsieur Toussaint Louverture nous offre un inédit de l’écrivain américain Robert McCammon… et quel inédit !

Plus de 1000 pages scindées en deux tomes au format semi-poche dans un packaging pulp à l’ancienne, voici Swan Song, le magnus opus post-apocalyptique de l’auteur initialement publié en 1987 et lauréat du Bram Stocker Award. De quoi vivement titiller l’attention des lecteurs friands d’apocalypse et qui n’ont pas froid aux yeux !

Retour en pleine guerre froide aux États-Unis alors que l’escalade entre les deux blocs gagne encore en intensité…



L’équilibre de la Terreur

Premier chapitre et la messe est dites.

Le président des États-Unis et ses conseillers n’ont aucune envie de laisser les Russes imposer leur loi et il est temps de montrer les muscles à ces satanés soviétiques.

Mais cette fois, les choses vont mal tourner. Très mal tourner.

Nous sommes un 17 juillet et divers personnages vaquent à leur occupation habituelle. Sister Creep, une clocharde, erre dans un New-York ravagé par la pauvreté et le crime. Roland Croninger et sa famille arrivent dans un abri nucléaire construit au cœur d’une montagne et sous le commandement d’un ancien héros de guerre reconverti en survivaliste, le colonel Macklin. Swan et sa mère quant à elles prennent la tangente après un énième épisode de violence conjugale… Et Josh Hutchins, le Frankenstein Noir, catcheur renommé et père de famille, fait route vers un nouveau combat dans un bled paumé.

Nous sommes le 17 juillet et pour l’humanité, c’est la fin.

Les missiles nucléaires sont lancés, les champignons atomiques rasent les grandes villes et les bases militaires, puis s’attaquent à l’arrière-pays.

Rideau.

Ou presque.

Car comme dans toute bonne histoire post-apocalyptique, la fin n’est que le commencement alors que les survivants émergent du chaos laissé par l’holocauste nucléaire. Sister, Swan, Josh, Roland, Macklin… voici les noms de ceux dont Robert McCammon va nous parler pendant plus de mille pages. Mille pages de morts, de sacrifices, d’hiver nucléaire, de survie, de peine… mais aussi d’espoir.

Swan Song a beau se dérouler après la fin, dans un monde rongé par la radiation et accablé par un hiver nucléaire impitoyable, il semblerait que la vie n’ait pas dit son dernier mot.



Le Diable vous regarde

Cette énorme aventure ne vous laissera pas de temps mort. Découpé en chapitres courts et nerveux, Swan Song est pensé comme un page-turner du début à la fin, avec sa dose de cliffhangers et de morts inattendues pour relancer le suspense. Nous sommes en effet dans un registre pulp à l’ancienne avec des héros confrontés à des situations qui n’ont rien de joyeuses, au contraire. Swan Song est avant tout un roman de son époque, marqué à la fois par la guerre froide (les Russes sont les grands ennemis) et par la terreur de l’arme atomique (et leur contrôle par des gens au sang froid tout relatif). Mais ce n’est pas tout puisque rapidement, Robert McCammon va renouer avec des valeurs traditionnelles à l’américaine, comme la famille et la religion, pour capter une époque toute entière, un peu comme il l’avait fait dans son sublime Zephyr, Alabama.

Comme dans ce dernier, l’américain applique une couche de fantastique (et d’horreur) sur son récit pour transformer son survival en parabole quasi-biblique. Swan Song, c’est avant tout l’histoire d’une seconde chance donnée à l’humanité, un combat entre le Bien et le Mal pour savoir si, au fond, nous méritons vraiment ce nouveau départ.

Il ne faudra dès lors pas être surpris que les éléments surnaturels montent en puissance tout du long, d’un étrange anneau de verre aux pouvoirs fascinants aux perceptions plus-qu’humaines de Swan en passant par ce qui a tout l’air d’être le Diable en personne (et qui aime visiblement beaucoup le cinéma et le pop-corn au beurre).

C’est donc à la fois une aventure humaine et mythique qui attend le lecteur. Pendant longtemps, et pour tout dire pendant la majeure partie du premier volume, Swan Song est un road movie post-apocalyptique dans des paysages ravagés où l’humanité agonise… et continue joyeusement de s’entretuer pour amasser le plus gros paquet de ressources possible.

Très noir et ne reculant pas devant quelques passages bien gores par la même occasion, le roman n’en oublie pas de creuser ses personnages qui, de gentilles caricatures vont bientôt devenir d’attachantes figures (ou de repoussantes ordures, c’est au choix) afin de lier et rassembler ensemble les destins contés ici.

Car Robert McCammon a un plan, forcément, et il passe par de multiples épreuves pour les restes de l’humanité.



Et la lumière au bout du tunnel

En somme, Swan Song peut être vu comme un test pour les hommes.

Après l’apocalypse nucléaire, nous voici devant une humanité mise à nu, traînée dans la boue et qui va devoir choisir entre la lumière ou la fange.

Très manichéenne la plupart du temps, l’histoire va petit à petit chercher à nuancer ses personnages afin de s’articuler autour de la figure centrale de l’Élue, une femme, la fameuse Swan du titre. Chose assez rare à l’époque pour être mentionnée d’ailleurs, c’est la gente féminine qui fait les trois quarts du boulot. Si bien que McCammon montre, sans le dire explicitement, que la dernière chance de l’homme, c’est surtout la femme.

Les références religieuses et mystiques sont nombreuses, tiraillées entre citations bibliques et cartes de tarot. Après le feu et le jugement dernier, voici donc la dernière possibilité de rédemption, celle de s’entraider pour faire émerger de nouvelles pousses d’un sol ravagé… au lieu de s’armer de nouveau pour reconstruire les sanglants travers du passé.

Rarement les conséquences d’un holocauste nucléaire auront été aussi minutieusement décrits, avec les conséquences autant physiques que environnementales, traduisant une peur toujours présente à l’heure actuelle, marque consciente d’une fin à quelques battements d’aiguille sur l’horloge de l’apocalypse.

Finalement, ce qui surprend le plus dans Swan Song, c’est qu’au milieu de toute cette gangue d’apparence très désespérante, se niche de brillants morceaux d’espoir, de beauté et d’humanité. Ces éclats qui iront crescendo au fur et à mesure du voyage des personnages et qui permettent de transformer cette épopée de fin du monde en une renaissance qui redonne la foi en l’être humain.

C’est un peu magique et finalement très efficace pour le moral, comme si Robert McCammon avait prévu que nous aussi, en 2023, nous aurions besoin d’un nouvel espoir.



Diablement addictif et complètement envoûtant, Swan Song mise sur le post-apocalyptique et l’horreur pour juger l’homme une bonne fois pour toute. Voilà une lecture qu’on recommandera chaudement à ceux qui cherchent une aventure dense et ample où le Bien et le Mal n’ont pas dit leur dernier mot.
Lien : https://justaword.fr/swan-so..
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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Au cours du récit, Cody et ses copains, des gamins vont voir le film "Les envahisseurs de la planète rouge" et sortent traumatisés de la séance. Dans ce métrage, des extra-terrestres envahissent une petite ville en prenant le contrôle de l'esprit de ses habitants. Si j'évoque ce passage du roman de McCammon, c'est pour illustrer combien certains bouquins semblent vous parler, vous connaitre. J'avais 9 ans lorsque j'étais allée voir "L'invasion vient de Mars", le remake des "envahisseurs de la planète rouge". Ce film m'avait terrifiée et causé, comme à Cody, pas mal de cauchemars. Cela illustre la justesse de l'évocation de l'enfance qu'on trouve dans "le mystère du lac". C'est grâce à ce genre de détails que je peux avoir l'impression que l'auteur et moi on a des points communs, qu'on se comprend. Ce genre de sentiments que j'ai pu ressentir lorsque, ado, j'ai lu mes premiers Stephen King.

Comme le King lorsqu'il est à son meilleur, McCammon pose sur l'enfance un regard très juste et teinté d'une certaine mélancolie. Plusieurs fois, l'auteur dit qu'en grandissant, en sortant de l'enfance pour entrer dans l'âge adulte, on perd quelque chose. Je partage tellement cette idée... Je trouve en effet qu'un enfant a en lui une part de magie qu'il perd en devenant adulte. Beaucoup d'adultes n'y pensent pas, s'en foutent ou n'en ont même pas conscience. Moi, j'y pense régulièrement, je ressens intensément cette perte. Cela me rend un peu triste mais je suis aussi heureuse de percevoir cette magie qu'il y a dans l'enfance, enfance qui peut ressurgir lorsqu'on ressent des émotions telles que le temps d'un livre ou d'un film on retrouve un peu l'enfant qu'on était. "Le mystère du lac" est l'un de ces bouquins.



Bien sûr, tout n'est pas parfait, il y a des petites maladresses, certains éléments sont peu crédibles mais franchement on s'en fout totalement. Il y a une telle sincérité qui transpire du récit qu'on sent qu'il y a là une forte dimension personnelle. C'est évident, McCammon a mis beaucoup de lui-même dans ce roman. Il a fait parler ses tripes et son cœur. Et lorsqu'un auteur se livre avec une telle sincérité, le lecteur ne peut être que touché.



Le voisinage entre King et McCammon ne s'arrête pas à l'évocation tendre et nostalgique de l'enfance. Comme King, McCammon est un page-turner, un vrai, qui sait accrocher le lecteur, le ferrer. Il maîtrise l'art du suspense, des changements de rythme, il sait créer du mystère et instaurer une atmosphère prenante. Il a aussi un grand talent pour dépeindre une petite bourgade, sa géographie, son architecture, ses habitants.



Le fantastique n'est pas le moteur de l'histoire. Il n'est là que par petites touches mais ces notes légères donnent une ambiance particulière au récit, le quotidien se teintant de merveilleux.

L'intrigue est particulièrement bien construite. L'auteur ne va pas à la facilité, n'use pas d'effets évidents et gratuits. S'il est un page-turner, s'il sait rendre son récit totalement addictif, c'est à partir de tout petits riens. Le quotidien de Cody est autant source de suspense que l'histoire du cadavre au fond du lac.

De la subtilité, il y en a aussi dans la façon dont McCammon créé des jeux de miroirs entre divers éléments. Ainsi, les monstres de films dont les photos tapissent les murs de la chambre de Cody trouvent un écho dans la révélation des véritables monstres qui se cachent parmi nous (et qui ont des visages bien plus présentables que les créatures difformes des films), thème qui renvoie également au film "les envahisseurs de la planète rouge". Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Le roman est si riche qu'il pourrait se prêter à plusieurs lectures qui donneraient lieu à de nouvelles découvertes.



"Le mystère du lac" est un roller coaster émotionnel, un roman à suspense habité de superbes personnages, qui fourmille de belles idées, qui vrille les nerfs et touche le cœur. Une lecture magique !

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Le chant de l'oiseau de nuit, tome 1 : Le p..

Il y a quelques années j’avais découvert Robert McCammon grâce à des critiques d’amis babéliotes. Son « mystère du lac » m’avait enthousiasmée et à l’issue de ma lecture j’étais certaine que cette découverte ne resterait pas sans suite. Pour ma seconde lecture de McCammon j’ai opté pour « le procès de la sorcière », 1er volet d’un diptyque intitulé « le chant de l’oiseau de nuit ». Si ce roman n’atteint pas le niveau du « mystère du lac », il est un divertissement de très bonne tenue, vraiment addictif et prenant qui procure un grand plaisir de lecture.



Avant d’entamer le roman, je pensais qu’il s’agirait d’une histoire fantastique. Ce n’est pas le cas, même s’il y a bien une atmosphère nimbée de mystère. « Le procès de la sorcière » relève du roman policier historique.

Le versant policier du récit est très réussi. L’intrigue est très bien ficelée à ce niveau. Le suspense et la tension sont permanents avec cette course contre la montre pour prouver l’innocence de Rachel avant son exécution. Je ne suis pas fan du registre du roman policier à énigme, la mécanique « indice-hypothèse-déduction » m’ennuie un peu. « Le procès de la sorcière » ne joue pas vraiment sur cette mécanique. Si Matthew est bien amené à réfléchir sur des indices et à faire preuve de son talent de déduction, le récit joue plutôt la carte du suspense et de l’action. De plus, même si on a vraiment très envie de connaître la vérité, ce n’est pas l’enquête qui est au cœur du roman mais vraiment les personnages. Les personnages principaux ont de l’épaisseur, une psychologie bien brossée. Ils ne sont pas simplement des cerveaux qui pensent comme trop souvent dans le roman d’enquête, ils sont des êtres de chair et d’âme, on partage leurs affects, leurs sentiments, leurs peines. Alors certes, ces personnages et leurs relations ne brillent pas par leur originalité mais c’est très bien fait, ça fonctionne parfaitement. De plus, l’auteur parvient à maintenir le doute tout au long du roman. Arrivée à la fin de ce 1er tome, même si j’ai tendance à penser que Rachel est innocente je n’en suis pas certaine. Cette ambiguïté se retrouve dans la façon dont le récit, sans verser dans le surnaturel, joue sur une ambiance fantastique.

Le versant historique du roman est lui aussi très réussi. C’est peut-être même ce que j’ai préféré. En effet, cet aspect du livre est très immersif. La peinture de cette nouvelle ville du 17ème siècle est vraiment saisissante. On mesure combien la vie des pionniers dans ces terres vraiment hostiles, Fount Royal est situé dans des marais, devait être dure. Cela créé un sentiment d’empathie envers les habitants de la petite ville, même parmi ceux qui réclament l’exécution de la sorcière, enfin pas tous, certains sont vraiment trop affreux. Beaucoup de ces pauvres gens connaissent des drames, la mort plane en permanence autour d’eux, ils ont peur et se réfugient dans l’espoir que l’exécution de Rachel amènera la paix dans leurs pénibles existences. McCammon se montre donc plutôt subtil.



Je ressors de cette lecture le sourire aux lèvres et l’impatience de lire la suite. J’ai été plus émue par « le mystère du lac » car il jouait sur une tonalité nostalgique au sujet de l’enfance à laquelle je suis particulièrement sensible. Mais ici aussi j’ai ressenti de belles émotions. « Le procès de la sorcière » est un véritable page-turner. Une fois commencé, il est impossible à lâcher et se lit à toute vitesse. Au-delà de ce suspense haletant, le roman sait aussi jouer sur la corde sensible et s’avère touchant.

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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Un gros coup de coeur ! 😍

Quand Senna nous a proposé cet ouvrage en lecture commune, je fus tout de suite partante en lisant le résumé. Mais je ne m’attendais pas à être autant emportée par ce récit de Robert McCammon.



Je n’ai que des points positifs à donner à ce magnifique roman.



Le premier concerne la plume de l’auteur que je découvre avec ce roman. J’ai littéralement été sous le charme : le texte est agréable et facile à lire, c’est bien équilibré entre les dialogues et les descriptions. Les pages se tournent toutes seules, on est happé par le récit, et on baigne dans une certaine poésie, une sorte de magie dans la façon de présenter les choses, mais qui est certainement liée au thème de l’histoire.



Venons-en à l’histoire justement. Nous sommes à Zephir, petite bourgade de l’Alabama. Cory Mackenson, le narrateur, nous raconte la succession d’évènements marquants survenus en 1964, lorsqu’il était encore un petit garçon de 12 ans.

Un jour qu’il accompagnait son père dans sa tournée de distribution de lait, une voiture leur coupe la route pour finir au fond d’un lac. En voulant sauver le conducteur de la noyade, le père de Cory découvre choqué que celui-ci est déjà mort, visiblement torturé et menotté au volant. Ne pouvant le sortir du véhicule, Cory et son père sont témoins, impuissants, de la disparition du véhicule au fond du lac à tout jamais. L’enquête du shérif ne menant à rien, le mystère sur ce meurtre semble bien préservé et voué à être vite oublié. Mais pas pour Cory et sa famille…



Deuxième point positif avec l’enquête de Cory sur cet évènement. Les indices sont minces, saupoudrés de façon discrète au fil des chapitres et le dénouement est magistral, c’était bien trouvé.



Mais cette enquête n’est pas pour moi l’élément le plus important dans ce roman. Ce fut un peu comme un fil rouge auquel on a ajouté tout le quotidien de Cory, avec ses yeux d’enfants. Et c’est là le troisième point positif, point qui m’a le plus emportée.

Ce roman regorge en effet de petites anecdotes sur les différents habitants de son village, sur sa vie à l’école, ses sorties avec les copains, les coups durs de la vie, la ségrégation raciale toujours présente à cette époque, mais aussi l’évolution de la société en pleine mutation avec l’introduction du plastique (du jetable) ou encore le développement des grands centres commerciaux qui ont considérablement modifié les modes de consommation.

Quand on ressort de cette lecture, on connaît Zephir comme si on y avait vécu nous-mêmes. On rit, on pleure aussi. Des émotions très fortes pour certains chapitres. Même si je n’ai pas connu cette époque, nombre de situations évoquées m’ont rappelé ma propre enfance.

Et puis, c’est raconté à travers les yeux d’un enfant. L’interprétation magique d’un évènement est forte avec l’imagination fertile qu’on a tous à cet âge-là.



Et s’il faut rajouter encore un dernier point positif, c’est l’objet livre lui-même. Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont publié là un livre magnifique par la beauté de sa couverture, rigide de surcroit, et la qualité de son papier.



J’ai adoré cette lecture et les échanges agréables et enrichissants avec mes amis Fifrildi, Senna, Sia et Srafina. Merci à eux pour le partage et surtout à Senna pour m’avoir fait découvrir un auteur excellent que j’espère bien lire à nouveau.
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L'heure du loup

L’heure du loup écrit en 1989 par Robert McCammon est un très bon roman d’espionnage associé au mythe du loup-garou. J’ai trouvé que ce mythe était bien à sa place dans ce thriller.

Michaël Gallatin est un espion britannique, excellent dans son domaine. Il est aussi un loup-garou venu des plus lointaines régions de Russie entre les deux guerres. Dans ce thriller on assiste à son éducation en tant que jeune loup-garou dans une meute réfugiée dans un palais blanc ayant appartenu à des moines, en pleine forêt lors de la révolution bolchevique. Puis en alternance avec les autres chapitres on voyage entre deux époques 1920 et 1944.

Le débarquement des alliés se prépare, la riposte allemande aussi. C’est une course contre la montre pour contrecarrer les positions des uns et des autres.

J’ai vraiment beaucoup aimé lire ce roman, et pourtant il y a des moments particulièrement difficiles, sanguinolents bien sûr vu la nature de Michaël, mais surtout nous sommes en pleine seconde guerre mondiale avec le nazisme qui règne sur l’Europe. De l’homme ou de l’animal lequel est le plus cruel et malsain ? L’animal tue pour se nourrir, l’homme on se demande pourquoi ?

L’alternance des chapitres donne un très bon rythme au roman, la vie dans la forêt russe est pleine de surprises pour le petit Michkaël Galatinov fils d’un général russe blanc, et sa vie va prendre une tournure fantastique qui l’amènera à combattre le mal quand il sera adulte. Il est forgé au monde rude de la meute, la souffrance est sa compagne quotidienne. Mais au décours de ses missions il fait aussi de bien belles rencontres niveau résistants, compagnons et compagnes, car ne l’oublions pas Michkaël est un loup Alpha. Le lot des méchants est bien sûr de la partie, ils sont bien horribles vous devez vous en doutez. Les courses poursuites, les bagarres, les scènes d’action sont extrêmement addictives et bien décrites.

Un livre comme on aime les voir au cinéma, c’est extrêmement visuel. L’écriture de l’auteur m’avait déjà séduite avec Zephyr Alabama. Celui-ci est totalement différent mais aussi bien écrit. Le mythe du loup-garou est vraiment bien exploité et différent de ce que l’on peut lire actuellement. Plus réel, porté sur la nature de l’homme et du loup et de sa place dans notre monde. Les personnalités des héros sont très bien retranscrites et nous les rendent très attachants.

Donc vous l’aurez compris j’ai dévoré ce livre, prise par l’action et la nature même de Mickhaël. merci à Senna pour sa proposition de lecture et à Nadou pour cette lecture commune ainsi que pour nos bons moments à échanger sur notre fil de discussion.
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L'heure du loup

Un superbe livre d'aventures en compagnie de Michael Gallatin. Dépaysement assuré, temporel et spatial : de l'Afrique jusqu'en Allemagne en passant par l'Angleterre, la France et la Norvège pendant la seconde guerre mondiale. En plein conflit, cet espion de nationalité anglaise devra déjouer un plan terrible imaginé par les nazis au moment du débarquement. Cet espion, né en Russie sous le nom de Mikhaïl Gallatinov, a perdu ses parents à l'âge de huit ans lors de la révolution russe. Seul et démuni il a été accueilli dans une meute de loups-garous. Cet enfant va devenir comme eux, vivre avec eux, une vie mi-humaine mi-loup dans les grandes forêts froides de la Russie. C'est un épisode de sa vie, très détaillé dans le roman et qui donne au personnage adulte toute son ampleur. Je me suis régalée pendant toute cette lecture, un roman foisonnant et palpitant.

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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Magie de l'enfance, où es-tu partie ?

J'avais douze ans et tu étais là, tout autour de moi, dans ma ville, dans ceux qui m'entouraient, dans l'époque où je vivais.

Au détour d'une image, d'une sensation, d'une odeur, cette magie étincelle encore dans ma vie d'adulte, convoquant, furtivement, un souvenir.

Voilà ce que nous souffle Cory Mackenson avant de revenir sur l'année 1964, l'année de ses douze ans. Tous ses souvenirs sont là, caracolant sur les centaines de pages offertes dans ce magnifique ouvrage conçu par Monsieur Toussaint Louverture.



1964 et la fraîcheur d'un mois de mars dans la petite ville de Zephir, Alabama. Tour d'horizon de la chambre de Cory avec ses étagères habitées par une myriade de trésors propres à son âge. Les revues, les livres, les images de monstres viennent peupler son imagination et il écrit déjà des histoires pour s'inventer un monde où les pouvoirs ne lui font pas défaut.

Ce matin, avant que le ciel ne s'éclaircisse, il va faire la tournée du laitier avec son père, Tom. C'était encore l'époque où le patron pensait qu'il faudrait toujours des laitiers, alors que les supermarchés ne demandaient déjà qu'à engloutir tous ces métiers…

Un virage, une voiture à éviter qui va sombrer dans les profondeurs d'un lac. Tom plonge pour venir en aide au conducteur mais c'est un visage affreusement brutalisé, un poignet menotté au volant, un cou sauvagement serré par une corde à piano qui lui renvoient brutalement le caractère abominable d'un meurtre commis dans sa ville. Alors que son père, sonné par cette vision cauchemardesque, sort de l'eau, Cory entrevoit une silhouette à la lisière du bois, un manteau se mouvant dans le vent glacé. Et, collée à la boue accumulée sous sa chaussure, une plume verte va venir augmenter sa collection de petites choses ramassées ça et là.



Quatre saisons, en cette période charnière des années soixante, portent cette énigme. Pourquoi ce meurtre ? Zephir peut-elle rester cette petite vile sûre et tranquille après cet acte ignoble ? Un meurtrier habite ici et le père de Cory ne veut, ne peut plus croire en la magie, ni aux forces occultes qui semblent pourtant pouvoir donner une réponse à la question qui le ronge, qui hante ses nuits : qui est cette victime ?

Mais ces saisons sont aussi peuplées d'évènements plus ou moins marquants de la vie de Zephir et, pour Cory et ses amis, du passage de cette frontière entre l'enfance et le monde adulte.

La magie se projette au cinéma, le samedi après-midi ou bien à la fin de l'année scolaire, dans les sensations d'un envol au-dessus de sa ville. le fantastique vient alors chatouiller un peu les souvenirs de Cory, teintant de jeunesse les pages de ce roman. Des créatures, comme le Vieux Moïse, viennent pimenter les jours et les jours de pluie qui font gonfler la rivière Tecumseh. Un défunt s'autorise des apparitions sur la route du pont des Gargouilles.

Dans le réel, une messe de Pâques se retrouve piquée d'une nuée de guêpes, un tub de l'été est jugé démoniaque par un révérend vociférant ou un vélo rend l'âme, laissant un Cory désemparé et à pied !



L'énigme de la plume verte suit son cours alors que le monde adulte déchire le dernier voile de l'enfance. Les paroles de Tom en donnent la réalité « […] mais la vie, c'est autant de peine et de bazar que de joie et d'harmonie. Et encore, y a sûrement plus de bazar que d'harmonie. Je crois qu'il faut en avoir conscience. » Alors l'alcoolisme vient noircir le foyer d'un copain, des jeunes sont animés par le démon et non la magie et, pour l'un des habitants, le mépris paternel engendre des dégâts irréversibles. Une odeur de brûlé diffusée par une croix incendiée signe un acte du Klan pour intimider une centenaire bien décidée à faire cohabiter Blancs et Noirs dans tous les espaces publics. Car, dans certains cas, les temps ne changent pas assez vite… le racisme souille encore ce sol américain.



L'écriture à portée de tous, magnifique reflet de notre jeune narrateur, renforce l'impact laissé par une multitude de thèmes tantôt amusants, tantôt dramatiques. Les personnages, avec toutes leurs spécificités parfois très surprenantes, occupent admirablement l'espace. Mélange foisonnant de suspense, d'apprentissage, d'évolution, de magie, d'amitié, ce roman creuse dans les sillons tracés par le bien ou le mal. Merveilleux mais aussi douloureux souvenirs de quatre saisons vécues à Zephir, une année qui sonnera le moment où l'on doit, irrévocablement, dire adieu à l'enfance.

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Zephyr, Alabama (Le mystère du lac)

Voilà un roman dit d'apprentissage ( il faut bien mettre quelques étiquettes même si je n'aime pas enfermer les choses dans des cases ) qui a eu mes faveurs. Pourtant , cela peut paraitre une gageure tant les histoires d'enfance sont nombreuses ... Mais l'auteur frappe fort d'emblée en évoquant la magie de l'enfance et cela capte immédiatement l'attention .



Cory Mackenson, 11 ans est un jeune garçon heureux qui vit à Zéphyr dans une famille harmonieuse , le père ne boit pas, la mère n'est pas une mégère ... Il a une bande de bons copains avec qui il va au cinéma le samedi et la petite ville est agréable et paisible.

Il est passionné par les Comics, les monstres et il écrit de petites histoires , rêvant de devenir un jour écrivain .



La faille arrive rapidement dans le récit : Tom, le père qui est laitier demande à Cory de l'aider dans sa tournée matinale , ils sont témoins d'un accident , une voiture tombe dans le lac et Tom, qui est pompier volontaire, se jette à l'eau pour sauver le conducteur mais celui-ci est déjà mort visiblement assassiné .

Personne ne connait la victime et l'enquête aboutit rapidement à une impasse .



Seulement, cette histoire va hanter Tom , ces nuits sont peuplés de cauchemars.et l'homme dépérit. Corie, lui, a cru apercevoir une ombre et a ramassé un petit objet ,il compte bien éclaircir ce mystère et scrute le monde différemment , les hypothèses fleurissent alors chez ce garçon à l'imagination débordante .



La vie continue à Zéphyr avec ses bons moments, comme la fête foraine et ses heures plus sombres avec les inondations et les bagarres , sans oublier les actes du Ku Klux Klan , nous sommes en 1964 et la ségrégation a encore la peau dure .



1964, c'est aussi l'irruption d'une musique qui dérange les adultes et que les jeunes écoutent à tue-tête , les Beach Boys et autres, l'ouverture du premier supermarché à Zéphyr , les prémices de la guerre au Vietnam . Tous ces événements, grands et moins grands sont racontés au fil du roman d'une façon naturelle, les adultes soupçonnent avec angoisse mais souvent avec résignation que le progrès est en marche et qu'il vaut mieux faire avec.



Même si on ne voit pas bien comment peut aboutir cette affaire de meurtre d'autant plus qu'elle sort vite des mémoires en dehors de Tom et Corie, le récit s'en éloigne pour nous raconter tout ce qui remplit la vie d'un jeune garçon mais Corie est obstiné , cela reste un fil conducteur qui nous mène jusqu'à la fin de ce beau roman.



J'ai aimé cette façon de construire cette histoire et le caractère du personnage de Corie , pas de grandes phrases ni d'emphase mais un chemin tracé suivi sans en dévier .
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