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Critiques de Robert Van Gulik (233)
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Le paravent de laque

Avec plus de quarante opus, le juge Ti fait partie des valeurs sûres du roman policier à l'instar d'un Maigret ou d'un Hercule Poirot, la particularité de la série étant de nous propulser au moyen-âge en pleine Chine impériale.

Un contexte qui sera pour beaucoup dans le plaisir de lecture car le dépaysement est garanti ainsi que la sensation de s'instruire sur une culture et une histoire inconnue pour la majorité d'entre nous, la plupart des aspects de la vie d'alors étant évoqués au cours de la série y compris la religion.

Dans "le Paravent de laque", le juge Ti se voit accorder par son supérieur une semaine de vacances dans le district d'un collègue, le magistrat Teng qui est aussi un poète et un lettré. Notre juge se prépare à profiter d'un repos bien mérité mais bien sûr il n'en sera rien et ses facultés seront bientôt mises à l'épreuve une fois de plus.

J'avoue ma préférence pour la plume et le style de Robert Van Gulik avec un juge Ti sobre et respectueux des traditions, la série ayant connu au moins deux auteurs.
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Meurtre sur un bateau-de-fleurs

Croyez-moi, ce n'est pas toujours facile de suivre le juge Ti. Rester dans l'ombre pendant ses banquets sous la lune en compagnie des courtisanes, suivre ses audiences au tribunal, ses enquêtes et ses interrogatoires, ses visites aux VIPs, dans des demeures à cours munies de passages secrets. Sans parler des fantômes.



Il n'hésite pas à payer de sa personne, le juge, il descend dans des bouges infâmes déguisé en mendiant, se bat, ou passe des nuits à réfléchir à un problème de go. Je dois dire qu'il est bien encadré par ses quatre compagnons, des repris de justice qui recourent tant à des méthodes musclées qu'à la rouerie.



Mais on est récompensé, quand, par une construction très adroite, il résout non pas une affaire mais trois d'un coup, déjoue des attaques de pirates et des complots d'envergure, démasque de dangereux criminels et, surtout, réunit les amoureux.
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Le monastère hanté

Sous une terrible tempête automnale , le juge Ti et sa famille sont obligés de s'arrêter au monastère du Nuage Matinal. Très vite, il y apprend que des décès non élucidés y ont été orchestrés durant l'année écoulée.



C'est toujours un plaisir que de replonger dans l'époque des Tang , aux alentours de l'an 700 / 800 et de suivre ce bon vieux Juge Ti mener ses enquêtes de main de maître.

Si l’énigme n'est pas très élaborée, elle contient toutefois une certaine finesse et deux trois fausses pistes moyennement convaincantes.

le coté culturel , avec cette immersion dans le monde Tang est par contre très intéressante , avec ici la confrontation de deux pensées , la taoïsme et le confucianisme .Il est même vaguement question de bouddhisme dont l’apparition en Chine a coïncidé avec la dynastie Tang.

Et puis, il y a toujours ces illustrations au charme suranné qui donne un coté unique à cette série.

Enfin , le système judiciaire est bien décrit tout au long de ces pages où des dizaines de litres de thé sont englouties !
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Assassins et poètes

il s'agit du dernier ouvrage de la célèbre série du Vénérable juge Ti mais pour moi c'est une première !

Le très confucéen juge Ti est invité chez son ami le jovial magistrat Lo à un banquet pour la Fête de la mi-automne. Celui-ci est son exact opposé, Lo aime la bonne chère ( les pieds de cochon, le canard fumé) et c'est également un grand amateur de danseuses et de poésie. Il demeure dans le somptueux palais du gouverneur et a convié également pour la Fête, Chao l'Académicien impérial, Chang Lan-po le poète de cour , frère Lou le moine zen obèse qui fait de la calligraphie murale et enfin une invitée spéciale, la célèbre poétesse Yo lan accusée d'avoir assassiné sa servante. Elle est en route vers la capitale où elle sera jugée. Avant la réception, Song, un jeune candidat aux examens littéraires est assassiné. le juge Ti prête main forte à son collègue chargé de l'enquête. Puis lors du banquet, une danseuse est assassinée dans la salle voisine. le perspicace juge Ti se consacre donc à résoudre les trois affaires en même temps. il sera amené à enquêter dans le palais du gouverneur mais aussi dans les bas-fonds où une singulière jeune fille dénommée Safran garde le sombre Sanctuaire du Renard noir.

Les trois énigmes m'ont intéressée sans me passionner. J'ai même préféré le traitement proposé par Qiu Xiaolong dans "Une enquête du vénérable juge Ti" . Plus d'émotion et d'empathie avec la poétesse courtisane chez Qiu. L'écriture de van Gulik est plus froide même si elle contient un peu d'humour pour se moquer des lettrés suffisants. j' ai surtout été sensible à l'extraordinaire reconstitution de la vie quotidienne chez les Tang en 668, le monde des intellectuels, poètes et calligraphes, ceux qui récitent et ceux qui improvisent comme le très intéressant frère Lou. il est aussi question de superstitions populaires, de ce culte énigmatique de la femme-renard qui vient séduire les hommes, culte tantôt raillé, tantôt craint. Enfin, j'ai adoré la mise en forme du texte avec ces titres de chapitres espiègles ainsi que les jolies et très pratiques illustrations.

Bref, je lirai avec plaisir d'autres aventures du juge Ti.

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Les nouvelles enquêtes du Juge Ti

Ce troisième volume des enquêtes du Juge Ti est probablement le plus profond et le plus riche des quatre. Profondeur que l’on ne peut mesurer qu’à la lumière de la biographie de l’auteur.



Lorsque les Éditions La Découverte ont décidé de rassembler en 4 gros volumes l’intégralité des romans et des nouvelles rédigés par Van Gulik, l’œuvre romanesque du diplomate néerlandais était déjà très connue du public français. Le Juge Ti avait fait partie du « premier carré » des polars historiques qui avaient fait le succès de la collection 10:18.



Cette réédition en 4 volumes venait offrir au lecteur français plusieurs compléments précieux en regard de la publication initiale en volumes de poche ou en volumes reliés au Club du Livre Policier.

Pour la première fois, les enquêtes du Juge Ti étaient présentées dans l’ordre chronologique de la vie du personnage — que les lecteurs suivaient depuis son départ de la capitale, jeune magistrat frais émoulu des concours impériaux, dans le premier chapitre de Trafic d’or sous les Tang, jusqu’à sa dernière enquête en tant que Président de la Cour Métropolitaine de Justice de Canton, dans Meutres à Canton.

Pour la première fois également le lecteur français découvrait la quasi intégralité des illustrations, dessinées par l’auteur lui-même, dans le style des gravures chinoises de la période Ming.



L’intérêt de ce troisième volume est pourtant ailleurs. Si l’on considère les enquêtes non plus dans leur ordre chronologique intra-diégétique — l’ordre de la carrière du Juge Ti — mais dans l’ordre de rédaction des récits par Robert Van Gulik, l’on peut alors noter que ce volume contient à la fois le premier roman écrit par l’auteur : Le Mystère du Labyrinthe ; et ses deux derniers, Le Collier de la Princesse et Assassins et Poètes, publié à titre posthume. Le volume initialement paru sous le titre Trois affaires criminelles résolues par le Juge Ti doit en effet être considéré à part puisqu’il s’agit non pas d’une création mais de l’adaptation par Van Gulik d’un roman chinois authentique, adaptation dont le succès donna au diplomate l’idée de rédiger lui-même la série des enquêtes qui rendirent Ti célèbre en Occident.



La présence dans ce troisième volume de l’alpha et de l’oméga de l’œuvre de Van Gulik permet au lecteur de mesurer tout le chemin parcouru dans la création littéraire et policière. Du tout premier roman écrit, encore très proche, par ses ellipses et ses personnages, des canons du roman chinois classique, au tout dernier, dont la liberté de ton étonne le lecteur et trouve son incarnation mystique dans le personnage central de Frère Lou, moine ch’an, calligraphe de génie et ami des renards. Le lecteur pourra également comparer les deux ermites taoïstes inventés par le romancier, Maître Robe de Grue qui donne au Mystère du Labyrinthe son titre, et Maître Calebasse qui offre la clef de l’énigme du Collier de la Princesse. Deux personnages qui incarnent à leur façon l’archétype du sage taoïste dialoguant avec le très confucéen Juge Ti.



Enfin, c’est avec un autre regard que le lecteur relira Assassins et Poètes à la lumière des conditions de son écriture. Robert Van Gulik, qui n’était pas seulement un auteur de romans policiers et un diplomate, consacra une partie de sa vie à d’érudites études sinologiques. La plus connue étant celle qu’il a consacrée à la vie sexuelle dans la Chine ancienne. Lorsqu’il apprit le diagnostic du cancer du poumon qui allait rapidement l’emporter, Van Gulik rassemblait des notes et des références pour un deuxième opus magnum, un ouvrage qui devait constituer le pendant du premier et se pencher sur la mort dans la Chine ancienne. Comprenant sur son lit d’hôpital qu’il n’aurait pas le temps d’achever cette étude, et que la mort allait l’emporter sans lui laisser le temps d’écrire cette étude qui lui était consacrée, Robert Van Gulik émailla la dernière enquête du Juge Ti de références et d’allusions à ces recherches qu’il savait désormais ne devoir jamais aboutir. Les thèmes obsédants du roman prennent un jour tout autre lorsqu’on le lit à la lumière des circonstances de sa rédaction.



Pour toutes ces raisons, ce troisième volume est à lire.

Et pour le plaisir aussi de retrouver toute la galerie des personnages truculents inventés par Robert Van Gulik, qui sut mieux que personne allier le plaisir à l’érudition.

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Le juge Ti à l'oeuvre

Pour concilier la rigueur d'une enquête policière et la culture chinoise, il n'y a pas meilleur chaudron. Ajouter aussi une pointe d'érotisme et de cruauté pour parfaire la recette. En effet, les sbires usent du fouet, comme le magistrat de son encre indélébile, quotidiennement, pour exercer la justice.



Les nouvelles de ce recueil se déroulent entre 663 et 670, période Tang. Dans "Les cercueils de l'Empereur", il s'en faut de peu pour que le juge Ti sauve un innocent capitaine de la peine de mort. Pour cela, il doit convaincre l'impressionnant et vociférant maréchal, de revenir sur sa décision fatale. Tandis que celui-ci doit organiser ses armées pour affronter 300 000 tatares massés à la frontière.

Concis, carré et tranquille, les mains dans ses manches, le juge Ti a le regard avisé pour dénoncer le traitre du maréchal et obtenir ainsi audience auprès de celui-ci pour son affaire.

De la prostituée amoureuse au soldat traitre, en passant par le colporteur sans le sou. Des gens très modestes. C'est donc un aperçu crédible de la société chinoise de l'époque qui est présenté ici.













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Trois affaires criminelles résolues par le ju..

Dans la Chine du XVIIIème siècle, dans la province de Chantong, c’est le juge Ti qui est sollicité pour enquêter pour les délits et affaires criminelles. Une première affaire concerne les meurtres de deux negociants en soie. Puis il doit se pencher sur la mort violente d’un homme dont la jeune épouse vit désormais recluse dans sa maison mais dont le juge Ti soupçonne l’infidélité et la responsabilité dans ce crime. Enfin une dernière affaire concerne une jeune mariée, morte empoisonnée le lendemain de la noce.



L’intérêt de ce roman est moins la découverte des coupables que la description des méthodes d’enquête, le récit détaillé les moyens dont dispose le juge pour faire éclater la vérité et confondre les auteurs des crimes. Et tous les moyens sont bons, pour que le juge fasse éclater la vérité, le recours aux déguisements pour se faire passer pour un commerçant ou un médecin pour ainsi recueillir des confidences, l’interprétation des rêves dans lesquels le juge décrypte les signes pour désigner un auteur de délit ou de meurtre ou comprendre les faits - dans une société encline à croire aux signes divinatoires ou aux fantômes, enfin le pire de toutes les méthodes, la torture - des coups de bâton à l’utilisation des poucettes (doigts et orteils serrés dans un étau) en passant par le suspect maintenu à genou sur des chaînes chauffées à blanc...

Le roman permet également de comprendre l’organisation de la société et surtout les rapports de force qui sous-tendent cette société, le juge est alors tout puissant, le justiciable qui est convoqué ou sollicité dans une affaire doit se prosterner devant le juge, jusqu'à baisser le front à terre en prononçant la formule ”L’insignifiante personne qui se prosterne devant vous...” . Ses pouvoirs ne sont pas toutefois illimités, un juge qui, s’il a torturé à tort un justiciable, peut être condamné, lui même ainsi que son équipe, aux même supplices infligés jusqu’à la peine de mort.

Un roman intéressant sur le contexte de la société chinoise, inspirée par la vie d’un vrai juge, ayant vécu au VII ème siècle, mais dont le récit datant du XVIII a été redécouvert et traduit par Robert Van Gulick au XX ème siècle.
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Le motif du saule

Sous les lampions de papier huilé accrochés aux temples aux toits recourbés, 3 000 boueux, masqués et habillés de noir, parfois des criminels flairant l'aubaine, se démènent pour "nettoyer" la ville de Canton décimée par la peste noire. L'ambiance est létale, d'urgence.



L'Empereur du pays fleuri a quitté sa demeure pour l'air moins vicié des montagnes laissant le juge Ti, promu gouverneur, gérer la crise avec ses premières manifestations de la faim.

La dynastie des T'ang au VII -ème siècle survivra à ce fléau.



Nous retrouvons toujours les fidèles lieutenants, montés en grade de colonel, Tsiao et Ma Jong, assistant le juge Ti, qui ne dort plus que deux heures par nuit pour assurer la continuité de l'état.



Cette fois, j'ai trouvé que le contexte l'emportait davantage sur l'enquête et son suspense mais cela ne gâte pas le plaisir. Un scénario habile se tisse toutefois entre la triade d'enquêtes, comme il est d'usage dans le roman policier chinois d'alors. Ici, une histoire de notables, dont certains vieux pervers de l'ancien monde, ressurgit.

J'ai découvert que les femmes exposées au danger d'une promenade nocturne pouvaient se défendre avec une arme terrible: du lest dans leurs manches; les plus habiles pouvaient fracturer bras et crânes des agresseurs en se servant de ces frondes.



Et, si un peu de sensualité se dégage de la rudesse de l'époque ce n'est que pour parfaire le tout.
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Les aventures du juge Ti, tome 4 : Les dern..

Voilà un recueil de romans et de nouvelles de belle facture. Agrémenté de planches de dessins où s'illustreront les connaissances de l'auteur, non seulement sur les tenues de brocart d'un juge mais aussi sur l'anatomie des différentes protagonistes féminines. L'érotisme contrebalance la cruauté de certaines scènes.

Ce recueil concentre des faits divers réels datant de plusieurs siècles collectés et remis au goût du jour par le diplomate d'alors.

Van Gulik est un sinologue reconnu et l'on peut supposer l'immense travail de documentation pour permettre aux lecteurs d'approfondir ses connaissances sur la Chine de l'époque T'ang, au VII ème de notre ère, tout en suivant des enquêtes policières.

Le juge di Renjie était un personnage réel, connu pour s'être opposé à des machinations de cour lors de la succession de l'empereur malade, grâce à sa capacité de déduction, déjà légendaire à l'époque.



Le travail de van Gulik permet donc d'aller à la rencontre de la culture chinoise de façon distrayante. Cependant les invariants de la nature humaine, quelque soit le continent, ne déstabiliseront pas le lecteur qui retrouvera les mêmes mobiles de crimes: l'argent et la jalousie.
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Le singe et le tigre

Les crues du fleuve Jaune et les brigands sont des plaies de la Chine occidentale sous les T'ang.

Alors, quand le juge Ti se retrouve isolé de sa troupe à cause d'un pont effondré puis cerné par deux cents cruels tigres volants, dans un fortin défendu par une cinquantaine de civils terrorisés et désarmés; il ne donne pas cher de sa peau.

Et pourtant, dans cette situation, il trouve le moyen de résoudre une affaire de meurtre dont le mobile est une fortune en or et de se dépêtrer d'une issue normalement fatale au commun des mortels.

Le format de 100 pages s'avère idéal pour décrire le contexte, les personnages et les deux intrigues. Un roman court et dense qui ne souffre pas de temps mort.

Une concision qui ne ne résume pas seulement à couper des mains, des pieds ou des têtes. L'auteur a bien d'autre cordes à son luth.

Ce genre de pépite a été rééditée dernièrement dans "Les dernières enquêtes du juge Ti".

Pour moi une référence du roman policier qui allie la rigueur de l'enquête, le contexte historique et l'environnement culturel du pays.







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Le singe et le tigre

Ebook téléchargé à partir de Kobo. J'adore le principe de la liseuse.



Je ne sais pas faire des critiques de quinze pages, ce n'est pas mon style. On aime où on n'aime pas un livre, soit on abandonne la lecture dès le début du roman, soit on arrive au bout en quelques heures, et là, c'est la magie de la lecture.



Ici, avec « Le singe et le Tigre » de Robert Van Gulik, l’auteur nous proposes deux nouvelles des affaires du juge Ti. Il prend la peine de nous présenter chaque personnage et de nous décrire avec précision, les différentes scènes de roman. Au début, j’ai trouvé cette façon d’écrire un peu longue, mais au fil des pages, on trouve cela très positif. Comme c’est aussi un roman historique, on se replonge dans la chine des années 670 avec les us et coutumes qui s’y rattachent. C’est simple à lire, j’ai voulu essayer et je ne suis pas déçu.



On n'a pas envie de s'arrêter de lire ce roman et on souhaite en connaître le dénouement le plus rapidement possible. Trouvez le, lisez le, vous ne serez pas déçu.



Bonne « E » lecture à vous.

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L'énigme du clou chinois

Van Gulik s'inspire notamment de recueils d'histoires criminelles du début de notre ère jusqu'au XIIIème siècle pour alimenter cette triplette d'enquêtes dont celle du cadavre sans tête.

Des histoires vraies que l'auteur agrémente de faits de société. Comme l'importance du mariage au VIIème siècle en Chine. Il unit non seulement deux êtres mais aussi deux familles et il est hors de question que les deux promis se compromettent dans un lit avant la cérémonie sous peine de mort des plus sévères. A comparer avec les 100 coups de bâtons et le bannissement à 3000 miles pour une profanation de cercueil.

Pour l'une des dernières enquêtes de la série, les femmes se trouvent au premier plan du récit avec le juge Ti à la personnalité si écrasante. Elles lui disputent parfois la prise de parole et souvent parviennent à fendre l'armure d'impassibilité que lui confère son rôle.

Un vieux principe va d'ailleurs le mettre à rude épreuve, celui du châtiment renversé. Il impliquait que celui qui avait accusé à tort quelqu'un devait subir le même châtiment que la personne injustement poursuivie.

De là, pas d'erreur permise pour le juge, pas de tranquillité et encore moins d'immunité.



Le cinéma s'est emparé du personnage pour en faire autre chose: un film d'arts martiaux, assez réussi, en 2010. Mais pour l'intuition, la connaissance de la nature humaine et l'esprit logique, c'est ici qu'il faut regarder, là, dans ce livre.
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Le squelette sous cloche

Des enquêtes policières au Moyen Âge chinois.

Dans la Chine ancienne - ici, sous la dynastie T'ang au VII ème siècle - le rôle du détective est tenu par le magistrat du district dans lequel le crime a été commis. Ce magistrat doit tout contrôler ( naissances, mariages, décès, impôts, l'ordre et la justice) sur un territoire comprenant une ville et ses remparts plus 80 km de campagne environnante et faire de fréquents rapports qui peuvent remonter , selon l'importance, jusqu'à l'Empereur. Toute sentence de mort doit d'ailleurs lui être rapportée et il, l'Empereur, donne son verdict quelques semaines plus tard.

Cet homme perpétuellement surmené est le juge Ti (personnage ayant réellement existé et connu pour avoir démêlé de nombreuses affaires).

Aidés de ses fidèles lieutenants, Hong, Ma Jong, Tsiao Tai et Tao Gan, et de nombreux sbires de moindre confiance, il doit résoudre, avec les dossiers courants, trois affaires importantes: un viol suivi de meurtre, les moeurs étranges d'un temple bouddhiste dévoyé et enfin une rivalité entre des familles commerçantes qui tourne mal.



Le juge sait user de déductions, de diplomatie et de ruse, surtout quand il s'attaque à plus puissant que lui, ce qui nous vaut quelques subtils échanges polis mais tendus avec les suspects. Ce sont ,à mon avis, les meilleures pages de ce roman policier.



Dans la série "grands détectives 10/18", les enquêtes du juge Ti, de Van Gulik, écrites dans les années 60, permettent d'apprendre beaucoup sur l'Empire du Milieu tout en conservant les ingrédients classiques du polar: sang, sexe et mystère. Un régal!
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Le monastère hanté

Le Monastère Hanté est un court récit policier dans la Chine du premier millénaire.

En route vers la province de Han-yuan, le juge Ti se voit contraint de faire escale dans un monastère en raison du mauvais temps.

Accueilli avec ses trois femmes et ses serviteurs, il assiste, le soir même dans le lieu saint, à une représentation théâtrale donnée par une troupe de comédiens également surpris par la tempête.

Intrigué par le jeu sur scène et par l’attitude étrange de certains des acteurs et par celle des religieux, il va mener l’enquête sur des disparitions étranges qui se seraient déroulées quelques années auparavant.



Le roman met en scène un juge très administratif, animé par le sens de la justice et de la morale.

Les éléments historiques consistent en la description de la vie dans le monastère, des costumes théâtraux et de la condition de la femme.

Ecrit dans les années soixante, ce récit n’est pas très démodé mais il reste très simpliste.

Des identités mystérieuses qui vont être peu à peu dévoilées, des coupables qui vont être châtiés, tous les éléments d’un petit cosy mystery sont réunis.

A la différence d’un Hercule Poirot, les méthodes pour punir les coupables sont certes beaucoup plus extrêmes.

C’est un roman qui se lit bien, qui offre un bon divertissement mais sans plus.
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Meurtre à Canton

Assurément l'un des plus aboutis des romans de van Gulik.

Le royaume des califes arabes à l'ouest et l'immense empire T'ang à l'est sont deux cultures qui s'ignorent. Canton, où se rencontrent de hardis marins, est un centre commercial pour ces deux géants. Là, se trouvent aussi les Tankas ou peuples des bateaux, une minorité qui survit à la marge.

A Canton, le contexte est tendu comme le fil à linge portant des couvertures oubliées sous une pluie délicate mais pesante.

La méfiance, quand ce n'est pas le racisme, anime bien des propos. Les Tankas concentrent toutes ces animosités, ils n'ont même pas le droit de poser pied à terre. Ces parias, condamnés à vivre dans l'illégalité, se voient attribuer les basses oeuvres comme il convient au genre du roman policier.

Pour couronner cet ensemble, au sommet de l'état, l'Empereur se meurt et les machinations vont bon train pour lui trouver un successeur. Tous les moyens sont bons pour imposer tel ou tel. La disparition d'un faiseur de roi pourrait avoir été organisée à Canton.

A la fois roman d'espionnage et enquête policière, avec l'érotisme et la cruauté de rigueur, où s'ajoute l'émotion de la dernière enquête du Juge Ti, qui tombe son masque d'impassibilité quand ses meilleurs amis s'en vont.



Canton, au VIIème siècle de notre ère, est le centre du monde et devient un véritable personnage du roman. Normal.

Canton a l'argent, on a presque tout.
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Le Fantôme du temple

Nous voici au VII siècle de notre ère dans la Chine des T'ang, pas loin de la frontière avec la Mongolie et ses Tartares.

Pourquoi sortir la nuit? Passer dans les rues mal fréquentées - car occupées souvent par des étrangers aux mœurs barbares (Ouighours, Tartares) - et surtout pourquoi aller dans un ancien temple dépravé, bouddhiste de surcroit, abandonné depuis 20 ans?



Vous noterez au passage, quelques passages d'intolérance tirés du roman sur tout ce qui n'est pas chinois, comme il était d'usage à l'époque du récit et, vraisemblablement, cela est toujours d'actualité avec le sort des Ouighours.



Vous aurez peur en suivant le fidèle lieutenant Ma Jong, sous les ordres du juge Ti, enquêter dans les quartiers chauds ou fouiller le temple à la recherche d'indices. Un assassin et un fantôme rôdent.



Van Gulik sait distiller le contexte d'alors, du raffinement de la cérémonie du thé à la séance autoritaire de tribunal en passant par la défiance du peuple chinois vis à vis de l'étranger, tout en mêlant trois enquêtes comme il est d'usage dans le roman policier chinois.

La disparition de cinquante lingots d'or destiné à l'Empereur, le message de détresse d'une jeune femme nommée Jade et les meurtres du temple vont faire retrousser les manches, qu'il a longues, du fameux juge.



Une résolution des énigmes qui sera enrichie par les anecdotes du fin sinologue Robert Van Gulik, non seulement féru d'histoire mais aussi, accessoirement, d'érotisme dans la Chine ancienne comme le laisse deviner les dessins qui illustrent les pages.

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Le singe et le tigre

Un polar chez les Tang ? Pourquoi pas ?

Le personnage principal de cette oeuvre est le juge Ti, qui a réellement existé (630/700) .On est au début de la dynastie Tang,période où la Chine va dominer le monde économiquement et culturellement. La capitale de l'époque , actuelle Xi'an (au commencement est de la route de la soie et accessoirement lieu où le couple le plus photographié de Paris Match a visité le site de l'armée morte) , est la plus grande ville du monde.

On retrouve cette atmosphère d'érudition dans ce recueil de deux longues nouvelles. Le parallèle avec l'Europe de l'époque ne met que plus en valeur l'avance qu'avait la Chine des Tang.



Bon , mais niveau polar , cela vaut quoi ?

Ben, ce n'est pas mal du tout. L'auteur ne s' embarrasse pas de fioritures et va à l'essentiel. Les deux énigmes sont bien montées, le juge Ti est un chef de première pour les dénouer, au milieu du confucianisme, des maisons de Thé , des repas de riz, des luths, de l'astrologie ,des concubines , des lettrés si importants dans l'histoire de la Chine...

Ce livre fait partie d'une longue série d'enquêtes auxquelles je goutterai à nouveau et je remercie le "Pékinois " qui m'a dirigé vers cette lecture.

Exotisme, culture , énigme, rythme soutenu, on sort des lieux communs du genre .

A noter enfin que quelques illustrations viennent orienter le lecteur vers les tenues de l'époque.

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Le paravent de laque

Le juge Ti est un Grand Détective(10/18) ayant réellement existé. Van Gulik, connaisseur érudit de la culture chinoise, installe son héros dans deux intrigues qui ont lieu dans une ville imaginaire mais présentant toutes les caractéristiques d'une ville moyenne sous la dynastie des T'ang (VIIeme siècle), au Moyen Âge chinois.



En vacances une semaine, accompagné de son lieutenant Tsiao Taï, le juge Ti se rend chez un collègue magistrat, Teng. Il espère notamment écouter ses plus beaux poèmes , comme le veut l' usage de l'époque entre gens lettrés , mais ce dernier n'a pas le coeur à ça parce que sa femme a été assassinée...

Finies les vacances! Alors le héros retrousse ses amples manches, caresse sa longue barbe pour mieux réfléchir, la sépare en deux pour la nouer derrière la tête afin de passer à l'action.

Son collègue est le principal suspect mais quelques détails le chiffonne alors notre héros doit se déguiser pour infiltrer la pègre locale et enquêter sur ce meurtre- du paravent de laque- ainsi que sur le mystérieux suicide d'un commerçant révélé lors d'une audience publique du tribunal.



Le lecteur attentif pourra tenir compte des moindres descriptions des deux scènes de crimes pour éclaircir ces ténébreuses affaires, comme le charismatique juge Ti, et s'immerger aisément, à travers quelques us et coutumes, dans l'étonnante culture de la Chine ancienne.

Excellente lecture (d'été).

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La perle de l'empereur

Une petite pause dans toutes ces lectures « actuelles ». J’ai ressorti de ma PAL un bon vieux policier, à savourer tranquillement.

Mais quel policier ! Un roman qui vous transporte vers les années 630 à 700, en plein empire chinois, avec toutes ses traditions et sa culture si particulière, bien loin de notre civilisation actuelle.



A l’époque le juge Ti Jen-Chieh, personnage réel et récurent dans l’œuvre de Van Gulik, évoluant dans un univers reconstitué fidèlement par l’auteur, se trouve confronté à quatre meurtres commis dans son district. C’est lui qui mène l’enquête et il le fera finement, avec une patience toute orientale, teintée de déductions et d’échafaudages intellectuels dignes de Sherlock Holmes.

L’auteur, sinologue et fin connaisseur de cette civilisation sait conduire simplement son énigme jusqu’au bout du roman et tenir le lecteur en haleine, tout au moins dans une sorte d’atmosphère prenante et dépaysante.



Un bon moment de détente, bien construit et fort plaisant.

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Le juge Ti à l'oeuvre

Cinq nuages de félicité - Une affaire de ruban rouge - Le passager de la pluie - Meurtre sur l’étang de lotus - Les deux mendiants - La fausse épée - Les cercueils de l’Empereur - Meurtre au nouvel an – sont les différentes affaires que devra résoudre le Juge TI, célèbre personnage de la Chine antique, ayant existé.



J’ai beaucoup aimé ces petites chroniques policières, menées par le Juge TI qui sait se montrer très sévère, mais aussi juste, notamment envers le « petit peuple ». Il déteste qu’on lui mente et ne sera plus sévère qu’envers ceux qui voudront lui cacher la vérité. C’est le Sherlock Holmes de la Chine antique. Il aime humer l’atmosphère des lieux de crime, et chercher le moindre petit indice. Il sait également écouter et s’entourer. Il a fait de ses assistants des adeptes qui sont plein de respect pour lui, respect largement mérité.



C’est le premier recueil que je lis de Robert van GULIK que j’ai découvert lors d’une émission diffusée sur ARTE « Invitation au voyage ». Je vais m’empresser de lire les autres titres de cet auteur, certes qui date, mais quel plaisir de lecture ! Le lecteur est dépaysé, ramené à des temps immémoriaux, nous sommes en 663 et 672, dans une culture autre qu’occidentale, et avec lequel j’ai passé de bons moments.



Réjouissant !



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