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Citations de Roger Frison-Roche (394)


Je ne me suis jamais posé la question de savoir si ce que j'ai écrit restera ou non. Vivant à l'écart des grands de ce monde, je n'ai pas à me plaindre si j'ai parfois été oublié. Mais ce dont je suis fier, c'est de recevoir si souvent des témoignages d'écoliers, voire de classes entières venues me voir à Chamonix, me confirmant ainsi que l'amitié des enfants est le bien le plus précieux que puisse obtenir un vieil homme.
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Georges, sous le choc de la tempête qui s'est calmé, assure la descente de son client et s'enquiert des conditions de la montagne:
" Subitement, sur un coup de vent plus frais, le brouillard se déchira. Georges aperçu la paroi entière du Dru qui se découvrait, offrant un spectacle fantasmagorique. Toute plaquée de neige fraîche, elle semblait caparaçonnée d'ivoire et ses colonnes gigantesques, qui s'effilaient vers le haut dans une perspective irréelle et se perdaient dans un moutonnement de nuées argentées, semblaient taillées dans un marbre très pur."
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Quiconque n'a pas traversé les grands ergs du Sahara ne peut concevoir la perfection de lignes et de volumes de ces dunes aux chaudes couleurs, la beauté de leurs courbes, du fil pur et quasi abstrait qui relie entre elles leurs ondulations.
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A cet endroit, la muraille semble, par un effet de perspective, se retourner sur elle-même, se ployer, s'effiler, et, prenant son élan sur ses larges basses bien étayées jusqu'aux vallées glaciaires, elle se redresse d'un jet jusqu'au ciel, qu'elle trou d'un seul coup, semblant vouloir atteindre les au-delà mystérieux; la grimpeur se trouve bien petit, minuscule, tout écrasé qu'il est par les dimensions inhumaines de la montagne. Lorsque au hasard d'une vire il se rapproche de l'effroyable précipice du Nant-Blanc, il ressent, même s'il a l'âme bien trempé, l'atroce sensation du vide sans fond, l'impression plus grisante que le vertige que, s'il venait à tomber, son corps écartelé dans l'air ne ricocherait pas une fois jusqu'à la rimaye béante qui sépare la paroi du roc du glacier tourmenté. Des aiguillettes étranges, acérées, se tordent dans un supplice désespérée sur la crête, en lame de scie; au lever du jour et au coucher du soleil, elles flambent et crépitent, roses à l'aube, pourpres au crépuscule : les gens d'ici les nomment les Flammes de Pierre.
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page 73 [...] Nous prenons le repas du soir en commun, accroupis auprès du feu. A quoi bon essayer de décrire la féerie du soir ? Le soleil a depuis longtemps disparu qu'une lueur orange éclaire encore faiblement les parois de l'Ilamane ; puis le bleu des roches est absorbé par la nuit, et celle-ci recouvre tout de son écrasant manteau constellé. [...]
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Aurélie, pour la première fois depuis ses fiançailles, douta de son avenir. Cependant malgré son angoisse, peut-être à cause aussi d'une certaine déception, la jeune femme subit le charme envoûtant de ces lieux de prière. Elle constata avec stupeur que, depuis qu'elle avait franchi le lourd portail de la zaouia, c'était un peu comme si elle éait entrée par surprise dans un ordre nouveau ; cet univers inconnu, il lui restait à le conquérir, car jusqu'ici, toute à son amour, elle n'avait conquis que le coeur d'un homme.
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"Alors en équilibre sur un clou de soulier et le corps collé à la paroi, il se concentre pour tenir. Il sentit tout à coup que sa jambe était prise d'un tremblement de fatigue, il fit un brusque mouvement pour retrouver la prise de main, mais déjà il basculait. Ses doigts griffèrent le granit sans l'accrocher et il tomba à la renverse sans pousser un cri."
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Les deux hommes avaient quitté Courmayeur le matin même, à l'heure où la rosée nocturne s'évapore en fumées bleues des lourds toits de lauzes grises. Marchant à grands pas sur la route d'Entrèves, ils atteignaient et dépassaient le petit bourg montagnard, encore assoupi dans sa conque verdoyante. Le sentier du col du Géant s'amorce là entre deux murettes de pierres sèches et court à la diable d'un lopin de terre à l'autre, respectueux des fantaisies du cadastre. À cette heure matinale, les étables déversaient sur le chemin leur trop-plein de bétail, cornes hautes et naseaux fumants, carillonnant de toutes leurs sonnailles. Dans les champs minuscules, épaulés de talus pierreux, quelques paysans binaient ; au passage des deux étrangers, ils arrêtaient un instant leur tâche, levaient la tête en gardant le buste mi-courbé vers le sol, et, l'outil en main, dévisageaient les voyageurs. Poliment, ces derniers saluaient :
«Bien le bonjour !
- Bonne montée !» répondaient les paysans.
Bientôt, le damier des champs cultivés cessa pour faire place à la forêt de mélèzes. Déjà la vallée semblait s'élargir, et le grondement de la Doire s'épandait plus librement dans l'air.
Comme le sentier, au premier lacet, heurtait de front la montagne, les marcheurs firent halte. D'abord le jeune, un adolescent robuste qui jusque-là montait avec une certaine fantaisie, bondissant d'un bord à l'autre du chemin, sautant avec agilité sur les murettes, fauchant d'un large coup du manche de son piolet les orties qui gênaient sa marche, ou bien s'arrêtant brusquement, pour regarder en contrebas le village coincé entre les deux parois de la montagne, la vallée paisible et les lointains bleutés sous le ciel de saphir. Ensuite le vieux qui, à quelques toises derrière, allait lentement, d'une foulée égale, pliant légèrement le genou comme pour mieux sentir la terre sous ses grosses semelles cloutées.
«Fini de faire le cabri, mon Pierre, dit-il en rejoignant le jeune, posons les sacs et soufflons.»
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Elle se lève, ravive les braises, met l’eau à chauffer dans la bouilloire,
prépare les verres,les théières, sort le pain de sucre d’un sac […],
le casse à petits coups secs avec le martelet de cuivre […].
Elle verse le premier verre de thé bouillant,le hume en faisant claquer ses lèvres charnues; elle ferme à demi ses yeux de gazelle passés au khôl.

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— Voyez-vous, oncle, le vertige, les pieds gelés, les risques, ça a certainement été créé pour vous donner du goût à la vie. C'est seulement lorsqu'on est mutilé ou appauvri physiquement qu'on se rend compte de la valeur de l'existence.
— Somme toute, en suivant ton raisonnement, la vie ne vaut d'être vécue que du jour où on risque de la perdre ?
— Presque ! La vie doit être une lutte continuelle. Malheur à ceux qui ne combattent pas ! qui se laissent aller aux choses faciles !
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Tu voulais la liberté, je te l'apporte. Là où nous allons, il n'y a pas d'autre servitude que la loi de la forêt, la loi de la nature qui modèle les hommes ; on la subit, mais on la subit sans contrainte parce qu'elle est la vérité.
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L'alpinisme est un sport dangereux, il faut avoir le courage de l'écrire. Nous le savons. Acceptons ces dangers, qui constituent pour nous le sel de la vie.
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Plus tard, la lune se leva sur l'horizon; alors, tous les chiens assis sur leur arrière-train levèrent vers l'astre leur museau pointu dressé directement dans le prolongement du cou et lancèrent leur prière sous la forme de hurlements, de gémissements, de plaintes, chant rauque et puissant qui dura plus d'un quart d'heure, puis cessa brusquement.
On n'entendit plus que le bruit des mâchoires broyant les os, et le bruissement continue et soyeux des eaux de la Nahanni.
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Tu voulais la Liberté, je te l'apporte. Là où nous allons, il n'y a pas d'autre servitude que la loi de la forêt, la loi de la nature qui modèle les hommes; on la subit, mais on la subit sans contrainte parce qu'elle est la vérité.
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Semblable à un gros chat tout blanc, le Buet fait le gros dos au soleil levant.
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Et puis, plus rien, plus rien tout à coup, que le sommet vers lequel toutes nos forces se sont tendues depuis deux jours; ce sommet que nous connaissons, mais sur lequel aucun de nous ne met jamais le pied sans un serrement d'émotion.
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Splendeur des feuillages montagnards. Les taillis de fayards, de bouleaux, de frênes et d'érables sycomores composent une symphonie où se mêlent tous les rouges et les ocres de la palette; les forêts de mélèzes couvrent les "revers" de leur somptueuse parure mordorée, atténuant le voile de deuil des épaisses plantations d'épicéas sur le versant du soleil.
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Ce vaste panorama de cimes et de vallées encore fondues dans les brumes de la nuit, ce monde nouveau, ce pays sur lequel ne tombent pas l'orage et la foudre des belligérants est l'image même de la paix et de la liberté.
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Pendant l'action on ne ment pas; même à soi-même.
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Pendant deux jours, le vent fait rage, et, dans ces étranges solitude où nous sommes, le fabuleux concert de la tempête domine nos chétives voix humaines. Cela débute par de longs sifflements, des gémissements coupés de râles profonds, puis la voix éolienne s'enfle jusqu'à éclater, terrifiante et magnifique. D'un seul coup, le silence reprend le dessus; et, pendant de longs instants, nous attendons, angoissés, retenant notre souffle, que l'orchestre invisible nous délivre de l'oppression du silence.
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