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Critiques de Roger Nimier (43)
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Les épées

Nimier aimait distribuer ses coups, le chef de file des « hussards », dandys provocs de la droite littéraire de l'immédiate après-guerre, ne manquait jamais d'impertinence, les stars du théâtre de boulevard ont été victimes de ses manchettes acerbes dans la presse critique de l'époque.



« J'aime assez le bavardage, parce qu'il ne change rien à l'ordre des choses. » Que vaut cet écrivain très droitier, défenseur de Louis-Ferdinand Céline, qui connut, à trente-six ans, une fin similaire à l'idole de la gauche Albert Camus, qu'il a toujours raillé ?



« Les Epées », son premier roman, déroute. Sur la forme, impression d'un manuscrit inachevé, parfois indigeste, le flou s'empare de la narration et la grignote de tous bord, le lecteur se prend à marcher sur son fil décousu et fragile, trébuchant fréquemment.

Mais, ce qui constitue sa limite en fait aussi l'attrait, outre un vocabulaire et un langage plaisant qui nous ramène aux années quarante et cinquante, quand on écrivait « fleurt » ou « Rita Hèhouorse » en phonétique ; il y a tout un jeu avec la langue, avec la façon d'écrire, de ponctuer, de dérouler l'intrigue qui relève de l'artisanat de l'écrivain. Cette esthétique quasi-excessive, surfaite, cette façon de bomber le torse, certains critiques en parlaient comme d'un « style au carré » et de petits drapeaux plantés devant chaque phrase pour dire « j'ai du style ».



« La démocratie ne valait pas les chiottes pour la noyer ». Sur le fond c'est une provocation attendue et continue, malaisante, violente et parfois révoltante. Les occasions de détester François Sanders, le personnage principal, dont l'égocentrisme est presque un principe politique, sont nombreuses.

« Je ne suis pas dans un jour à m'en vouloir de grand-chose ». Tout cela est nuancé par le nihilisme un peu blasé, très grinçant d'un narrateur qui traverse les évènements de sa propre vie, comme extérieur à eux, sans grandes convictions, sans nécessairement croire en lui-même. Un résistant qui devient milicien, qui critique la bien-pensance, a l'injure facile, et entretient des rapports amoureux malsains, tout en restant dans le flou quant à ses propres convictions passe mieux qu'une ferveur dégénérée.



« les hommes ne savent que précipiter ou retarder des situations qu'ils n'ont pas créées. Chacun de leur geste se répercute si loin qu'ils en ignorent le sens. Ils font leur destin, mais ils ne le sauront jamais – ce qui revient à ne rien faire. »



« Ainsi la vie est elle douce à tous ceux qui ignorent le vertige ». Alors que rien pourtant ne lui manque, le narrateur est blessé, dans sa psychologie, à l'âme et au coeur, c'est peut-être ses moments de sincérité, d'introspection qui sont les plus empathiques du livre.

Est-ce que l'auteur partageait les poses de son narrateur, les « guerres civiles » de son moi, fragile à l'intérieur, arrogant à l'extérieur ? François Mauriac le pensait, en constatant que Roger Nimier saigne sans que l'on voie d'où vient la blessure.



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Les enfants tristes

Avec Les Enfants Tristes, paru en 1951, Roger Nimier nous invite à partager la vie de ses contemporains - des petits bourgeois parisiens désenchantés. Olivier Malentraide (alter ego de l'auteur ?) est le révélateur du malaise ambiant. Nous suivons un groupe de jeunes dandys, dont la vie est triste à dormir, passer les soirées à danser en fumant des cigarettes et en buvant des cocktails. Les Enfants Tristes, le titre du roman ne pouvait être mieux trouvé. Roger Nimier, volontiers provocateur, ne laisse pas le lecteur indifférent grâce à son style. Il parsème son roman de références littéraires et fait d'ailleurs d'Olivier Malentraide un écrivain. Le roman se clôt tragiquement avec un événement prémonitoire.
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Le hussard bleu

Roman très riche et intense. En 1945, des hussards français, l'esprit revanchard, stationnent en Allemagne en attendant d'en découdre avec ce qui reste des divisions de l'ennemi. 

C'est un roman choral où l'on apprend beaucoup grâce au monologue intérieur de dix personnages perdus dans cette fin de guerre: 

Sanders est le soldat viril, odieux et séducteur.

Saint-Anne, c'est lui Le hussard bleu il symbolise la beauté, la jeunesse et ses grandes idées.

Forjac est le gradé cynique qui aime les hommes.

Los Anderos est le soldat communiste colérique.

Et une jeune et belle Allemande... 

Les scènes d'héroïsme et celles de désoeuvrement où se commettent bien des turpitudes sont la toile de fond mais ce n'est pas qu'une chronique de guerre. D'ailleurs, on sait que beaucoup vont mourir dans les dernières embuscades de la guerre. Donc, pas trop d'intrigue de ce côté-là. Non, ce qui tient le lecteur en haleine, c'est cette belle Allemande "sauvée" par le goujat Sanders, son importance grandit peu à peu jusqu'à la surprise finale.

Du suspense auquel s'ajoute un style enlevé et une construction façon puzzle qui ne laissent pas de repos au lecteur.

Ce roman choral est un prétexte pour employer toutes les subtilités et les grossièretés de la langue selon le protagoniste. De l'argot au français littéraire, très proustien, le contraste est vraiment riche et croustillant. 

De plus, la construction en chapitres "monologues" , qui ne suit pas toujours la chronologie, permet de confronter les opinions et surtout d'imaginer un récit possible et de bien cerner les personnages. Quelle réjouissance de combler les blancs et de construire sa propre histoire. Avis aux imaginatifs!

Ce roman est sous cette forme une réussite. L'usage du "je" emmène le lecteur au plus près de l'action et des états d'âme de chacun. Et certains ont des côtés obscurs qui ne nous sont pas dissimulés et détonent dans le cheminement vers la victoire: le racisme, Pétain et la Milice, les viols en pays conquis. C'est donc un livre qui dérange par ces aspects mais c'est une photographie de la fin de la guerre vraiment saisissante. 

Cet effroyable second plan contraste avec de biens purs sentiments que le lecteur pourra découvrir grâce au hussard bleu Saint Anne. 

Si bien que la fin m'a englouti dans un tourbillon dont je ne suis pas sorti indemne.

Lu trois fois, et ce n'est pas fini. Pour moi un chef d'oeuvre qui dérange.
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Le hussard bleu



Avec « Le Hussard Bleu » j’ai fait connaissance avec cet écrivain qui m’était, jusqu’ici, inconnu !

Avant de me lancer dans la lecture de ce roman, j’ai cherché à en savoir un peu plus sur ce jeune écrivain Roger Nimier (1925/1962), chef de file des Hussards ( "l'amour du style bref, cinglant, ductile, incisif anticonformiste , le refus des modes, le goût des causes perdues") , qui marqua profondément sa génération disparu à l’âge de 37 ans, parce qu’il idolâtrait un peu trop la vitesse. (Un décès tragique et prématuré qui fait penser à d’autres fous de bolides de la m^me époque: James Dean, Jean-René Huguenin, Françoise Sagan, elle aussi, à bord d’une Aston Martin, mais qui en réchappa avec de lourdes conséquences … )

J’ai ainsi appris qu’il a eu, au lycée Pasteur, où il est un brillant élève turbulant ,Michel Tournier comme condisciple en terminale, qu’il obtient un deuxième prix de philosophie au Concours général, ensuite une licence dans cette même matière, qu’il s’engage au 2e Régiment de hussards, blessé à Royan, démobilisé au printemps 1945 , il écrit depuis cette date : romancier, rédacteur en chef (Opera), journaliste, scénariste pour le cinéma « Nouvelle vague » (Ascenseur pour l’échafaud, Les Grandes personnes), dialoguiste (L’Education sentimentale) conseiller littéraire chez Gallimard…

La lecture de la 4e de couverture me laisse un peu sceptique : « une succession de monologues intérieures … ils permettent au lecteur de visiter en détail le cervelet d’un colonel, le cœur d’un cavalier, le foie ou encore la rate d’autres soldats » et là je me mets à chantonner les paroles d’Ouvrard pour me donner du cœur à l’ouvrage… Mais on n’est pas du tout dans le registre de ce comique troupier, plus dans celui des quatre-vingt-chasseurs ! (j’en connais juste le premier couplet, entendu maintes fois chanté par mon père qui n’allait pas plus loin, parce que ma mère veillait au grain !)



Soliloques successifs de soldats, issus de milieux sociaux différents appartenant au XVI e Hussards (cavalerie blindée ) à sa tête le lieutenant commandant de Fermendidier : Casse-Pompons, Los Anderos, le capitaine De Forjac, Tisseau, il y a aussi Florence, Lili l’Allemande, et Saint- Anne, c’est lui le héros, le Hussard bleu et son ami Sanders.

Réflexions dans un langage très coloré celui de chambrée, ordurier, violent, insolent, cynique, argotique, pour évoquer la défaite, l’Occupation , la Résistance , la reprise des combats, la prise de villes, les exactions, l’occupation en sens inverse, la violence , la vengeance, la trahison, la mort .

Le Hussard bleu est un roman de l’absurde, incongruité de la guerre, indécence de la vie, absurdité de la mort … Une mise en scène déconcertante mais toute en vérité.

La phrase épilogue du roman fait éminemment penser à l’Etranger.

« Désormais, je connais mon rôle sur la terre, mais je ne sais qui je suis. Voyageur, pose des yeux tristes sur les choses, elles te le rendront au centuple. Le visage barré du ciel te menace et te guide à la fois. Vivre, il me faudra vivre encore, quelques temps parmi ceux-là. Tout ce qui est humain m’est étranger.



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Journées de lecture, tome 1

Un volume de chroniques littéraires, que je mets dans ma pile de PAR (Prêt à relire !!), au ton très vif, caustique, non dénué d'humour, avec un style, un art de la formule... Un ensemble de portraits littéraires qui nous fait re-découvrir des auteurs très connus, d'autres quelque peu délaissés ou momentanément "passés de mode"...



Pas de tomaison sur ce volume, acheté il y a fort longtemps...Je viens d'apprendre par la base BABELIO qu'il existe un second tome de ces notes de lectures. Dans celui-ci, Roger Nimier, le "Hussard", met sur le devant de la scène: Alain, Jean Anouilh, Marcel Arland, Marcel Aymé, Maurice Barrès, Julien Benda, Georges Bernanos, Antoine Blondin, André Breton, Louis-Ferdinand Céline, Blaise Cendrars, Jacques Chardonne, Jean Cocteau, René Daumal, Pierre Drieu La Rochelle, Jean Genet, André Gide, Jean Giono, Julien Green, Marcel Jouhandeau, Valery Larbaud, Jacques Laurent, Pierre Mac- Orlan, André Malraux, François Mauriac, Henri Michaux, Jean Paulhan, Jacques Perret, Francis Ponge, Raymond Radiguet, Maurice Sachs, Jean-Paul Sartre, Louise de Vilmorin, etc.
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Bal chez le gouverneur

Bal chez le gouverneur est un tout petit recueil de quatre nouvelles de Roger Nimier. Jamais, je n’aurais lu ce livre sans le concours Masse Critique, aussi je tiens à remercier vivement Babelio et les éditions de l'Herne pour cette petite et charmante étrangeté.



La première nouvelle qui a donné son nom au recueil, permet au lecteur de s’imprégner du style étrange de l’auteur. Elle raconte l’histoire d’une rencontre fortuite entre un homme et une femme un soir de bal chez le gouverneur d’Alger au temps de la colonie. Je dois dire que j’ai été peu accroché par cette histoire mais j’ai été en revanche très amusé de lire les trois autres textes qui me semblent être beaucoup plus intéressants.



"Une forte tête" est l’histoire d’un charcutier à deux têtes, chacune étant sous l'emprise de ses deux passions : son métier de charcutier et la politique. Sous la pression de sa femme délaissée, il décide de se faire pousser une troisième tête pour la consacrer à l’amour. Emballé par son succès, il réitère et se fait pousser finalement quelques milliers de têtes jusqu’à en perdre complètement la boule et finir entièrement ratiboisé.



La nouvelle "le clavier de l’underwood" est tout aussi jouissive. Elle dépeint les vicissitudes d’une secrétaire, employée d’un journal, qui découvre un matin que sa toute nouvelle machine à écrire dont elle était si fière a finalement été donnée à une jeune rivale, la dernière protégée de son petit chef de service. Dans un style ironique détournant le langage de bureau pour brosser une intrigue à la fois loufoque et pathétique, Roger Nimier s’amuse à nous faire découvrir les grandes joies, les petites peines puériles et les sombres machinations d’une organisation bureaucratique.



La dernière histoire A et E, prend la forme d’un conte cocasso-métaphysique où un petit garçon, orphelin et rêveur de son état excédé par les turbulences de son petit frère A et de sa petite sœur E décide de les confier à la caisse d’épargne. Le temps s’écoule vite, quelques années pour lui peuvent représenter toute l’histoire de l’humanité pour la banque et il finira par découvrir que son dépôt a bien fructifié du temps qu’il regardait ailleurs.



Ce livre est un petit carnet en prose poétique, mêlé de rêves et d’ironie, qu'on ne peut que recommander à qui veut s’aérer un peu l'esprit.



13 novembre 2012

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Le hussard bleu

Le bleu va merveilleusement à François Sainte-Anne. La veste qu'il porte a cette couleur, et elle met tant en valeur la beauté de ce jeune homme de dix-huit ans que sa jeunesse, au sens militaire du mot : Sainte-Anne est un bleu que la vie va se charger de déniaiser. Avec le XVIe régiment de hussards, Sainte-Anne entre en Allemagne au printemps 1945. L'époque de la défaite française, en juin 1940, est lointaine ; voilà les Français vainqueurs, puis occupants. Les Allemands qui, jadis, paradaient dans Paris, ne sont plus que des vaincus à mépriser. Le hussard bleu est une comédie humaine, une farce militaire dont toutes les pages démontrent l'absurdité générale des événements. De la mort des idéologies à celle des sentiments, Roger Nimier ne s'offusque ni ne se lamente : plutôt, il en rit, tel un insolent jeune homme capable de commettre, à 25 ans, pareil roman.



N'allons pas jusqu'à écrire que Nimier eut de la chance, mais connaître la guerre comme il la connut, fut sans doute un avantage pour son métier d'écrivain. Comme ses protagonistes, Nimier s'est engagé en 1945 dans les hussards et dut participer, de près ou de loin, aux événements qu'il décrit. À travers les monologues qui se succèdent se dessine le visage pluriel d'une armée française mortifiée par la défaite de 1940 et tiraillée, par le passé de ses soldats, entre l'idéal de la Résistance et celui de la Milice, entre de Gaulle et Pétain. Que ce soit le précieux capitaine de Forjac, la brute de colonel Fermendidier, l'imbécile Casse-Pompons ou encore le carriériste général O'Reish, la caste des officiers semble encore très vieille France, partagée entre un esthétisme érotique suranné (De Forjac) et un goût dépassé pour la chose militaire. Mais c'est à travers les figures des cavaliers, de Los Anderos au surnommé Karl Marx en passant par Maximian et, bien-sûr, par Sanders, que la farce militaire apparaît dans toute son absurdité. Car, en matière de guerre, les affrontements armés sont plutôt rares. Tout juste trouve-t-on un sévère accrochage dans les environs du lac de Constance, affrontement que les Français trouvent remarquables de perdre. Quant aux autres pages, elles se passent en stationnements paisibles, progressions tranquilles dans le pays bientôt vaincu, occupation sereine d'une Allemagne ravagée. La guerre est absurde dans son absence : les combats sont rares. La guerre est absurde dans ses formes : on se bat sans rien y voir, on soigne des moribonds toute la nuit, on meurt, réduits à l'impuissance et brûlé par des Allemands pourtant presque vaincus.



La farce de la guerre, c'est aussi celle de l'Histoire qui, plus que jamais, use des hommes comme on le fait des pions sur un échiquier sur lequel on relance toujours la même partie. Résistants et miliciens ont intégré l'armée française, mais leurs idéaux sont désormais lointains. Le communisme ou le nationalisme ne sont pas des idées mortes, loin de là, mais elles s'effacent devant la fraternité des armes ou devant la haine normale de l'ennemi. Il n'y a guère que Besse, un ancien milicien et camarade de Sanders, qui, par respect pour ses engagements passés, veut encore œuvrer pour son idéologie ; ce sera un échec qu'il paiera de sa vie. L'Histoire, en tout cas, ne s'embarrasse pas des sentiments des uns et des autres. Une autre guerre arrive, en Indochine, pour avaler les vies rescapées.



Si l'on ne fait pas la guerre dans Le hussard bleu, on s'aime au moins. Les amours au temps de la guerre sont multiples. Au milieu des attentions se trouve bien souvent Sainte-Anne, dont l'arrivée au régiment lors d'un stationnement en Lorraine correspond d'ailleurs au début du roman. C'est sous le signe d'un amour - contrarié - que naît l'amitié entre Sainte-Anne et Sanders. Amitié virile entre les deux hommes, fraternelle même, qui sera à l'origine d'un triangle amoureux particulier à l'issue tragique. D'autres que Sanders aiment Sainte-Anne : de Forjac en fait son aide pour mieux idéaliser son corps, de sa chevelure jusqu'à son sexe ; Florence, l'amie d'O'Reish, le méprise autant qu'elle le veut ; Fermendidider aime son audace et son côté bonhomme. Il y a encore Rita, une jeune Allemande de vingt-cinq ans dont le mari est prisonnier en Russie. Dans sa villa, Rita est d'abord violée par Sanders, avant de le retrouver quelques mois plus tard. Objet de fantasmes de Sainte-Anne, Rita joue ainsi dans le cœur des deux hommes - Sanders et Sainte-Anne -, autant par désœuvrement que par vengeance. La guerre a cela de moche qu'elle dénature même l'amour. Rita attire et répugne : elle attire par sa légèreté, sa lubricité, son accessibilité ; elle répugne par sa froideur, son machiavélisme, sa frivolité. Elle aime Sanders parce qu'il est l'image du guerrier ; elle hait Sanders pour son indifférence. Quant à Sainte-Anne, elle le hait pour sa fragilité. Elle l'aime, pour la même raison qui pousse tout le monde à aimer Sainte-Anne. Sainte-Anne est aimé car c'est un enfant. Sa fraîche innocence ravit tout le monde, comme son côté bravache. Comme tout enfant, Sainte-Anne a besoin de modèles : la droiture de Maximian, le désenchantement de Sanders : ainsi Sainte-Anne paraît être la personnification du monde tancé entre un idéal - perdu - et une prise de conscience de l'ignominie de l'humanité.



Point d'héroïsme dans ces pages, point de pureté, hormis chez Sainte-Anne. La guerre salit d'abord, puis elle ennuie. Cela se voit chez les personnages de Nimier. Sanders, par exemple, la joue bravache, mais la guerre l'a enlaidi, physiquement d'abord, psychologiquement ensuite. Rita, aussi, malgré toute sa morgue, ne parvient pas à cacher son ennui et sa vacuité. Dans ce roman, le courage finit par être une posture, une sorte de tradition virile qu'on se transmet pour donner du sens à l'action. On ridiculise les corps d'armées rivaux, on viole les femmes car c'est ce qui se fait en guerre, on boit, on s'enivre, on fréquente les bordels. De toute cela, Roger Nimier parle avec une audace et une profondeur étonnantes. Sa langue écrite, très orale, puise dans l'argot (les Fridolins, les suçards, le margis) et dans la phonétique (les eftépés, les bohiscoutes ...) pour donner à son roman l'aspect de la vie de ces hommes vaincus un jour, vainqueurs un autre, mais en réalité définitivement vaincus. En suivant, avec sa franchise et son humour, un régiment de hussards pénétrant en Allemagne, Roger Nimier signe, avec son Hussard bleu, un roman insolent - on pourrait dire : romantique - sur la perte de l'innocence.
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Le hussard bleu

Désenchantement cynique, dandysme désabusé, pour un feu d'artifice jubilatoire...



Publié en 1950 par un auteur de vingt-cinq ans, ce court roman désenchanté fit l'effet d'une bombe à l'époque, et donna le coup d'envoi à la constitution du groupe littéraire informel des « Hussards ».

La quatrième de couverture parle de « livre insolent, romantique et tendre », pour cette « chronique intime, à la fois cynique et sentimentale, d'un peloton de hussards qui pénètre en Allemagne en 1945 ».

La langue de Nimier est en effet magnifique, et nous emmène avec bonheur et parfois jubilation dans les méandres des monologues intérieurs des principaux personnages : vieux colonels de carrière vichystes pesamment ralliés à la Libération, commandants déchirés plus ou moins suavement par leur homosexualité non assumée, fausses brutes au cœur tendre issues des FFI, des FTP, voire secrètement de la Milice, naïfs engagés volontaires romantiques, femmes allemandes plus ou moins accueillantes à l'envahisseur,... Le rire et l'émotion sont brillamment servis par le style acéré et l'alternance remarquable des tons et des points de vue. Entre dureté profonde et insolence jaillissante, la lecture est captivante jusqu'au bout.

Il n'en reste pas moins que le désenchantement cynique est omniprésent, et que le dandysme désabusé qui tient lieu le plus souvent de réflexion, nu derrière le charme des formules assassines, laisse rapidement un certain sentiment de malaise, correspondant vraisemblablement aux objectifs de l'auteur, figure de proue de cette « nouvelle droite littéraire » qui tentait alors de renaître après les heurts de l'épuration de 1944-1947.

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D'Artagnan amoureux ou cinq ans avant

Roger Nimier sert ici un pastiche impeccable de Dumas : les tournures de phrase, la manière si truculente de décrire, les dialogues superbes, cette touche de second degré qui n'appartient qu'à lui, le goût des bonnes choses et des gens sortant de l'ordinaire : tout y est, avec un solide brin de dérision en plus.



Tout... sauf les digressions interminables dont le maître était un habitué, ce qui a le mérite d'alléger considérablement le style, mais peut-être de l'alléger un peu trop. Chez Dumas, il y a cette assise un peu lourde, trop parfois mais qui donne d'autant plus de force à ses envolées.

Chez Nimier, on ne fait guère que voler : tout est brillant, passionnant, délicieux... mais on aimerait bien parfois se poser un peu sur le sol, respirer. Évidemment, c'est le moment où il faudrait reposer le livre et aller faire un tour - sauf que l'enchevêtrement des intrigues nous tire irrésistiblement en avant, sauf que cet univers est bien trop savoureux pour qu'on ait envie de le quitter pour de bon. Et qu'on dévore ce roman jusqu'au bout, presque sans s'arrêter, en regrettant surtout qu'il ne fasse pas 500 pages de plus !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Les enfants tristes

Olivier Malentraide est un enfant remonté contre sa famille de parvenus et d'aristocrates décatis. Il trouve sa mère trop légère, son beau-père trop rustre et ses cousines trop débauchées. Prétentieux et poseur, il essaie de déclencher des catastrophes mais ne parvient qu'à pousser sa mère à prendre un amant. Dans la seconde partie, on retrouve un Olivier assez différent. Sans que l'on sache bien ce qu'il a fait pendant la guerre, il a pris un drôle de genre. Un mélange de cynisme et d'indifférence passionnée. Il fait des bêtises, multiplie les aventures et se pique même de littérature. Dans la troisième partie, son coeur balance entre deux très jeunes représentantes de l'aristocratie, Dominique et Catherine. Olivier est devenu un écrivain à succès. Dominique est amoureuse de ce succès et Catherine aime profondément Dominique. Pourtant c'est Catherine qu'Olivier épousera en gardant Dominique en réserve. Ce qui n'empêchera pas une fin tragique et prémonitoire de celle de l'auteur…

Roman sentimental, mais pas à l'eau de rose, ces « Enfants tristes » ont mal vieilli. En dépit de quelques fulgurances dues à la brillante intelligence et au regard acéré de Nimier sur son époque, on peine aujourd'hui à s'intéresser à ces petites coucheries de la belle jeunesse jouisseuse et désenchantée de l'après guerre. N'ayant pas suffisamment axé son propos sur la réalité sociologique de son époque, il ne reste que les sentiments et la psychologie de personnages inintéressants ou carrément antipathiques autant dire pas grand-chose de passionnant pour accrocher le lecteur d'aujourd'hui.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Les enfants tristes

Quatrième de couverture :

« Olivier Malentraide est un enfant monté contre sa famille. Il trouve sa mère trop jeune, son beau-père trop libéral, ses cousines trop débauchées. Il essaie de déclencher des catastrophes, mais réussit tout juste à ce que sa mère prenne un amant. Dans la deuxième partie, nous retrouvons un Olivier différent. Sans qu'on sache trop bien ce qu'il a fait pendant la guerre, il a pris un drôle de genre. Ce n'est pas le cynisme, c'est une sorte de sécheresse passionnée. Il fait des bêtises. La troisième partie le met en contact avec deux petites filles de l'aristocratie assez étranges : Dominique et Catherine. Entre-temps, Olivier est devenu écrivain, et il a du succès. Dominique aime ce succès, et Catherine aime Dominique. C'est pourtant Catherine qu'Olivier épousera. Mais la conclusion ne sera pas gaie pour autant.»

Chronique d’une certaine bourgeoisie et plus particulièrement de sa jeunesse avant et après la seconde guerre mondiale, elle s’incarne tout particulièrement en Olivier Malentraide dont on suit le parcours par trois périodes particulières où il est en interaction étroite avec la gente féminine. D’une intelligence supérieure, il est en perpétuelle quête d’un impossible zénith tout en pressentant la proximité de l’inexorable et consécutive chute du haut de la roche tarpéienne : une vie au fil du rasoir... De ces contradictions, il se nourrit et se construit pour créer un monde où le geste n’est en rien en lien avec l’intention. En cela, de nombreuses générations qu’on a dit perdu se sont complues dans ces extrêmes. Ici, le désaccord qu’on donne à l’unicité s’exprime par un dénigrement des valeurs chrétiennes mais en restant d’autant plus attaché à une certaine réputation, le mouvement par la danse et la vitesse, le rire aux moments les plus incongrus et sûrement les moins appropriés.

Chronique d’une jeunesse dorée qui se joue des codes et se cherche comme des enfants mais est d’une tristesse confondante : le rire employé ici est plus signe de désarroi et de vulnérabilité, de la prise de conscience de la puérilité de leur quête.

Nimier connait son métier avec un style riche en symbole qui peut aisément porter à la citation – ce que je ne ferai point étant donné ma soudaine nonchalance. Il faut prendre le temps de déguster certains passages comme certains morceaux de bravoure en littérature.

Nimier fut une étoile filante du monde littéraire dont la fin dans un accident de voiture, tel Camus ou James Dean, ne l’a pas empêché d’être le chef de fil d’un courant littéraire qui s’opposait notamment à l’omniprésent existentialisme incarné par Jean Paul Sartre. Ce livre m’est au final apparu comme une critique acerbe de ce courant philosophique en vogue à cette époque : l’existentialisme n’est en fait qu’un jeu vain, malsain et égocentrique où la volonté de s’émanciper et de vivre ne peut s’exercer qu’en malmenant son entourage afin qu’il obéisse, les réduisant à une servilité plus ou moins acceptée. En cela l’existentialisme obéit aux même ressorts qui font de certains enfants les tyrans ou les esclaves des cours d’école. Toutefois l’âge venant, on se rend compte de la vanité de la démarche, ce qui la vide par conséquent de toute la charge qu’on avait su y insuffler initialement. En résumé, l’existentialisme ne serait-il pas un jeu quelque peu puéril, futile et en rien amusant pour intellectuels en recherche d’émancipation vis-à-vis des conventions d’une société rigide dans ses conventions ?

Au final, allez donc vous faire votre propre idée …

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Perfide

28 septembre 1962.



Une Aston Martin DB4 percute un pylône sur l'A13 vers Celle-Saint-Cloud. Un écrivain de 36 ans, Roger Nimier décède dans l'accident. Amateur de voitures rapides, il fait parti de ce petit groupe d'artistes décédé dans des belles voitures (Dean dans une Porsche S50 Spyder ou encore Camus dans une Facel Vega sur la N5). Nimier, par ailleurs, ne se cachait pas de rouler vite (1) :



(Nimier à Morand le 26 avril 1962)

"J'ai fait hier, à 3 heures de l'après-midi, Les Hayes-Porte de Saint-Cloud en 25 minutes, grâce à un sprint sur l'autoroute. Sans le faire exprès. C'est le seul danger des voitures rapides : on va vite malgré soi."



(Morand à Nimier le 29 avril 1962)

"25 minutes des Hayes, cela fait du 145 de moyenne (58km).Vous flânez (Le Flâneur non salarié (2))."



Revenons 15 ans en arrière. 1950. Nimier a 25 ans. Cette année marquera l'apogée de la carrière de Nimier. Il publiera coup sur coup, Perfide (NRF) et le Grand d'Espagne (3) à une semaine d'écart en mars 1950 et connaitra la gloire avec le Hussard Bleu (4). Il est remarqué par son écriture burlesque et son insolence du premier de la classe qui sait tout et ne révise jamais rien. Cette fougue entraine d'autres jeunes écrivains avec lui (Blondin, Laurent, usw**) dans un mouvement littéraire appelé Les Hussards

(voir la belle liste de tetsuo pour plus de détails : https://www.senscritique.com/liste/Les_Hussards_mouvement_litteraire/2920063).

Par la suite, Nimier écrit pour des revues (Arts, La Parisienne) en tant que critique et sera même éditeur chez Gallimard ( il s'occupera de l'édition D'un Château l'Autre(5) en 1957).



Mais bon, revenons à 1950 ! Notre ouvrage en question, Perfide, est un petit roman bien sympathique au ton bien Nimérien (i.e cynique), écrit en une petite semaine (voir la lettre à Morand du 6 novembre 1961).



On suit les aventures de Melba et de ses camarades Perfide, Charles, Fronceville et Léon. du haut de leur 14 ans, Melba et ses amis rencontrent un géorgien, Griniouwski. Ils jouent au poker ensemble, ils vont au strip-club ensemble, bref Griniouwski est un individu bien recommandable. En dehors de ces aventures juvéniles, on suit le père de Melba, démesurément républicain, qui dirige les séances à l'Assemblée Nationale. On retrouve bien ici le style de Nimier. On ne voit distingue pas la différence entre une heure de classe avec des quatrièmes et une heure de séance à l'AN. Les députés y sont décrits comme des adolescents gesticulant dans tous les sens et applaudissant à chaque phrase (on n'a pas encore cela dans les classes de collégiens).



Retour en classe. Melba et ses camarades découvrent leur professeur assassiné. Les journaux pensent que ce sont les chourineurs qui ont fait le coup, ce petit gang de malfrats qui sévissent depuis un moment. Qui en est le chef ? Melba, ce cancre de la classe ? Ou alors Perfide, ce petit insolent premier de la classe au nom singulier qui venait de s'engueuler avec la victime ?



Mystères et boule de gomme.



Cette comédie, composée d'enfants de tout âge, doit prendre fin. Une révolution éclate en France. Au milieu de ces révolutionnaires, on y retrouve Perfide muni des Mémoires du Cardinal Retz (le livre accompagnant Sanders le héros de le Hussard Bleu, Perfide est donc bien Nimier lui-même (6)). Charles le questionne :



"_Qu'est ce que nous deviendrons plus tard ? demanda t-il. Il ne faudrait pas mettre les pieds dans la vie. Mais Perfide ne l'écoutant pas du tout et répondant pour lui seul :

_ Nous ferons de grandes choses."



PS : le livre est difficilement trouvable puisqu'il n'a jamais été réédité. On peut le trouver dans des librairies de livres anciens à des prix exorbitants. Bien heureusement, il est trouvable dans les bas-fonds de l'Internet. Envoyez-moi un MP si vous aimez les abysses.



Notes :

** usw : l'équivalent de etc en allemand. Nimier l'utilise dans ses lettres.

(1) : Correspondance Morand-Nimier, NRF, 24 Avril 2015

https://www.senscritique.com/livre/Correspondance/15546682

(2) : le Flâneur non salarié, Henri Beraud, Editions Bartillat (réédition en 2007)

(3) : le Grand d'Espagne, Roger Nimier, Table Ronde, 1 avril 1950

Essai sur Bernanos

https://www.senscritique.com/livre/Le_Grand_d_Espagne/442814

(4) : le Hussard Bleu, Roger Nimier, NRF, 20 Octobre 1950

https://www.senscritique.com/livre/Le_Hussard_bleu/399788

(5) : D'un Château l'Autre, Louis-Ferdinand Céline, NRF, 12 juin 1957

https://www.senscritique.com/livre/D_un_chateau_l_autre/168888

(6) : Dans Lettres à Roger Nimier de Jacques Chardonne (fausse correspondance entre Nimier et Chardonne), une des fausses lettres de Nimier contient ceci :



"A dix-huit ans, influencé par Larbaud, je crois que je savais la Délie par coeur. Et aussi, j'avais lu cinq fois les Mémoires du Cardinal de Retz. C'étaient de tristes écoles pour un jeune soldat. Tout cela s'est payé un jour, et se paye encore. Voilà pourquoi j'ai tant de retard sur mes contemporains, tant de peine à les suivre."

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Les épées

Roger Nimier (1925-1962) est maintenant complètement oublié. Pourtant, il a a été autrefois reconnu comme chef de file littéraire des "hussards". Très éloigné de la gauche bien-pensante, il s'est signalé par son audace et son ton politiquement incorrect.

"Les épées" me semble être un roman confus, où les formules brillantes et vides de sens abondent. Le héros, qui est manifestement un alter ego de l'auteur, se donne l'air d'un homme blasé, anticonformiste et intelligent; son comportement et ses sentiments pour sa soeur sont troubles. Pendant la seconde guerre mondiale, il s'engage dans la Milice, une troupe para-militaire fasciste aux ordres de Vichy; il s'y ennuie et se démarque de ses compagnons d'armes, qu'il méprise. Accessoirement, on apprendra qu'il a participé à des exactions.

L'expérience vécue d'un milicien aurait dû être un bon sujet de roman. Mais, en fait, ce livre semble presque incompréhensible et a très mal vieilli. Mauvaise pioche pour moi…

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D'Artagnan amoureux ou cinq ans avant

Cinq années avant « Vingt ans après », un d'Artagnan plus très jeune reprend du service pour le compte de Richelieu quasiment mourant et de Louis XIII, guère plus vaillant. Au cours d'une escarmouche avec les pirates barbaresques en Méditerranée, il sauve deux belles ingénues Marie de Rabutin-Chantal, 17 ans et son amie Julie. Il tombe amoureux de Marie qui deviendra plus tard la célèbre Madame de Sévigné alors que Julie lui court après. Si on y ajoute l'amour de Madeleine, on comprendra que d'Artagnan se retrouve dans un imbroglio digne de Marivaux ou de Feydeau. Les missions secrètes, les duels s'enchainent et tout aurait pu s'achever dramatiquement par la mort du héros lancé dans une charge désespérée sur le champ de bataille de Rocroi si une surprise inattendue quoique logique ne s'était pas produite.

Un charmant roman historique à tendance picaresque dans lequel Roger Nimier s'en est donné à coeur joie dans le pastiche, l'humour, l'ironie et la dérision. Les dialogues sont brillants, subtils et fort amusants. Les situations souvent cocasses. Et si les principaux personnages sont fidèles aux modèles d'Alexandre Dumas, Nimier s'est néanmoins permis toutes sortes de fantaisies comme cet improbable Pélisson de Pélissart, inventeur de génie à la Vinci, capable de faire fonctionner une machine volante qui roule ou d'améliorer la génétique des plantes ou de la race humaine... Il y a également un côté conte philosophique dans ce texte. D'Artagnan doit ramener au roi un traité de paix universelle signé par le pape et par tous les autres souverains européens et bien entendu, ce traité est volé, passe de mains en mains pour n'être jamais retrouvé. D'où un enchainement de guerres pour un traité de paix. Un petit bijou d'intelligence qui a tout repris de Dumas, mais avec un peu moins de panache mais beaucoup plus de second (ou troisième) degré.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Le hussard bleu

Journal polyphonique de soldats Français pendant la campagne d'Allemagne en 1945, live-manifeste du mouvement littéraire "Les Hussards" dont une partie du titre à donné le nom.

Nimier écrit bien c'est incontestable sa phrase est puissante, riche et élégante et il est bien dans la lignée des désabusés, ou l'ironie le dispute au tragique , de Drieux à Bernanos.

Le problème avec le désenchantement c'est qu'il est toujours trouble politiquement . Nimier a beau se planquer derrière les monologues intérieurs de ces bidasses minables et revanchards , il en profite pour déverser subtilement sa misogynie crasse, son racisme de bon aloi son inclination pour un virilisme dont la cruauté serait l'un des substrats. Un petit monde aussi, ou le cocktail Pétainisme - Milice serait au fond une option comme une autre .

Pour autant au gré des épisodes du périple, le dandysme-droitard de Nimier cède parfois la place , sur quelques belles pages , à l'expression d'une sensibilité authentique débarrassée des poses avec rictus.
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D'Artagnan amoureux ou cinq ans avant

Un roman de Roger Nimiers, écrit peu avant sa mort, et qui sent l’amoureux de Dumas, destiné à tous ceux qui, comme l’auteur, se sont sentis emportés par les Mousquetaires, leur amitié jusqu’à la mort, et leurs folles chevauchées. C’est épique et drôle et triste et bien trop court…Cinq ans avant ; c’est bien évidemment Cinq ans avant Vingt ans après et d’Artagnan y tombe amoureux de celle qui sera un jour la Marquise de Sévigné, amoureux au point de vouloir en finir, désespéré, à la bataille de Rocroi. Cependant, tout le monde sait bien qu’il vivra…et aussi que le compte des Mousquetaires n’est jamais celui qu’on croit !

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Les enfants tristes

Avec ce roman-ci Roger Nimier nous raconte le Paris des années 30, 40 et 50. Il le fait avec différents personnages : Oliver, Dominique, Didier, Catherine, Raoul et Tessa. Des amours, des déceptions, des scènes tirées en longueur, voilà ce que contient ce roman. Fort déçu par cette histoire, j'ai préféré L'Etrangère du même auteur.
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Les épées

lu et relu ce roman insolent et provocateur sur l'occupation allemande.

C'est l'histoire d'un jeune homme solitaire amoureux de sa sœur qui passe de la Résistance à la Milice et mène une guerre personnelle contre lui-même pour se délivrer de ses obsessions.

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Les écrivains sont-ils bêtes

Bon, après celui-ci, promis, on rompt la période de vache maigre (oui, non, bien entendu, c’est pas moi la vache, hein) pour parler d’un pu*** de bon roman. Parce que là, à nouveau, ben… Vous me direz, ce n’est pas un roman, ce à quoi je répondrai que vous avez raison, mais que ça ne devrait pas l’empêcher de me donner envie d’en tourner les pages, mais bon il est vrai que je ne lis pas ou peu d’essais parce que ça fait fonctionner mon cerveau et que je n’aime pas ça. Il paraît que c’est pour retourner en enfance et ne pas accepter le fait que je suis adulte, mais en même temps on parle à quelqu’un qui ne cuisine pas, ne remplit pas ses déclarations d’impôts, ne lit ni ses relevés bancaires ni ses fiches de paie et se repose sur un adulte plus âgé pour faire tout ce qui l’embête, alors j’ai envie de dire que l’analyse n’était pas bien difficile à faire, et puis de toutes façons je suis jeune, mon blog annonce glorieusement 24 ans et je ne vois pas bien pourquoi je le changerais.



Donc, voilà, Roger Nimier veut savoir si les écrivains sont bêtes, j’ai envie de lui dire que la réponse est contenue dans la question, déjà, des gens qui passent leur temps à raconter des histoires au lieu d’écrire des propositions commerciales, de rendre des bilans, de faire des confcall avec des paperboard pour brander un concept et RSVP ASAP, franchement, ils sont bêtes. Ils continuent, 2000 ans après Homère, à raconter des histoires de mecs qui n’ont que leur chien pour les aimer. 1500 ans après Sophocle, deux jumeaux maléfiques projettent toujours de zigouiller leur beau-père. Huit siècles après Tristant et Iseult, on a toujours des triangles amoureux. Faut croire qu’ils sont bêtes, franchement, tout a déjà été raconté, écrit, filmé, chanté, joué …



D’ailleurs, un grand écrivain russe (et il faut toujours croire les écrivains russes) a écrit



A peine né, un bébé doit être soigneusement baigné puis, l’ayant laissé se remettre de ses premières impressions, fouetté à bras raccourcis aux mots de « n’écris pas ! N’écris pas ! Ne et fais pas écrivain ! « . Si toutefois, après cette peine corporelle, ledit bébé manifeste un penchant pour les lettres, il faut essayer la gentillesse. Si celle-ci demeure inopérante, renoncez au bébé, faites-en votre deuil. La démangeaison de l’écrivain est incurable.



C’est Tchekhov qui a écrit ça, et si même lui le dit, je ne vois pas pourquoi je dirais le contraire.
Lien : http://www.readingintherain...
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Le Questionnaire de Proust

Les éditions Gallimard ont eu la très bonne idée de publier un carnet reprenant le célèbre « Questionnaire de Proust » ainsi que les réponses que l’écrivain donna à ses propres questions, et cela, à deux époques de sa vie. Comme je me suis empressée de le commander, ma libraire m’a proposé de lire également le petit livre publié aux éditions Textuel dans lequel l’on peut trouver les réponses de nombreux grands auteurs à ce même questionnaire.

C’est un véritable plaisir de découvrir leurs réactions parfois drôles, souvent surprenantes et l’on constate à quel point ces questions sont précises et habilement choisies, car elles permettent rapidement de dessiner les contours de la personnalité de ceux qui se sont prêtés à cet exercice!

Deux ouvrages aussi ludiques qu’instructifs, qu’il est très agréable de parcourir.
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