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EAN : 9782070374694
384 pages
Gallimard (25/05/1983)
3.67/5   39 notes
Résumé :

Olivier Malentraide promène un regard narquois sur la faune qui l'entoure : beau-père bougonnant, mère coquette et infidèle, demi-frère abruti par les livres. Son ami Didier ne semble pas mieux partagé. Le monde n'est-il donc peuplé que de gens imparfaits ?

Le jeune Olivier se rebelle contre le conformisme général. Puis vient l'interlude de la guerre. Dans Paris redevenu libre, la verve insolente d'Olivier fait merveille. Pour secouer son enn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Avec Les Enfants Tristes, paru en 1951, Roger Nimier nous invite à partager la vie de ses contemporains - des petits bourgeois parisiens désenchantés. Olivier Malentraide (alter ego de l'auteur ?) est le révélateur du malaise ambiant. Nous suivons un groupe de jeunes dandys, dont la vie est triste à dormir, passer les soirées à danser en fumant des cigarettes et en buvant des cocktails. Les Enfants Tristes, le titre du roman ne pouvait être mieux trouvé. Roger Nimier, volontiers provocateur, ne laisse pas le lecteur indifférent grâce à son style. Il parsème son roman de références littéraires et fait d'ailleurs d'Olivier Malentraide un écrivain. le roman se clôt tragiquement avec un événement prémonitoire.
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Quatrième de couverture :
« Olivier Malentraide est un enfant monté contre sa famille. Il trouve sa mère trop jeune, son beau-père trop libéral, ses cousines trop débauchées. Il essaie de déclencher des catastrophes, mais réussit tout juste à ce que sa mère prenne un amant. Dans la deuxième partie, nous retrouvons un Olivier différent. Sans qu'on sache trop bien ce qu'il a fait pendant la guerre, il a pris un drôle de genre. Ce n'est pas le cynisme, c'est une sorte de sécheresse passionnée. Il fait des bêtises. La troisième partie le met en contact avec deux petites filles de l'aristocratie assez étranges : Dominique et Catherine. Entre-temps, Olivier est devenu écrivain, et il a du succès. Dominique aime ce succès, et Catherine aime Dominique. C'est pourtant Catherine qu'Olivier épousera. Mais la conclusion ne sera pas gaie pour autant.»
Chronique d'une certaine bourgeoisie et plus particulièrement de sa jeunesse avant et après la seconde guerre mondiale, elle s'incarne tout particulièrement en Olivier Malentraide dont on suit le parcours par trois périodes particulières où il est en interaction étroite avec la gente féminine. D'une intelligence supérieure, il est en perpétuelle quête d'un impossible zénith tout en pressentant la proximité de l'inexorable et consécutive chute du haut de la roche tarpéienne : une vie au fil du rasoir... de ces contradictions, il se nourrit et se construit pour créer un monde où le geste n'est en rien en lien avec l'intention. En cela, de nombreuses générations qu'on a dit perdu se sont complues dans ces extrêmes. Ici, le désaccord qu'on donne à l'unicité s'exprime par un dénigrement des valeurs chrétiennes mais en restant d'autant plus attaché à une certaine réputation, le mouvement par la danse et la vitesse, le rire aux moments les plus incongrus et sûrement les moins appropriés.
Chronique d'une jeunesse dorée qui se joue des codes et se cherche comme des enfants mais est d'une tristesse confondante : le rire employé ici est plus signe de désarroi et de vulnérabilité, de la prise de conscience de la puérilité de leur quête.
Nimier connait son métier avec un style riche en symbole qui peut aisément porter à la citation – ce que je ne ferai point étant donné ma soudaine nonchalance. Il faut prendre le temps de déguster certains passages comme certains morceaux de bravoure en littérature.
Nimier fut une étoile filante du monde littéraire dont la fin dans un accident de voiture, tel Camus ou James Dean, ne l'a pas empêché d'être le chef de fil d'un courant littéraire qui s'opposait notamment à l'omniprésent existentialisme incarné par Jean Paul Sartre. Ce livre m'est au final apparu comme une critique acerbe de ce courant philosophique en vogue à cette époque : l'existentialisme n'est en fait qu'un jeu vain, malsain et égocentrique où la volonté de s'émanciper et de vivre ne peut s'exercer qu'en malmenant son entourage afin qu'il obéisse, les réduisant à une servilité plus ou moins acceptée. En cela l'existentialisme obéit aux même ressorts qui font de certains enfants les tyrans ou les esclaves des cours d'école. Toutefois l'âge venant, on se rend compte de la vanité de la démarche, ce qui la vide par conséquent de toute la charge qu'on avait su y insuffler initialement. En résumé, l'existentialisme ne serait-il pas un jeu quelque peu puéril, futile et en rien amusant pour intellectuels en recherche d'émancipation vis-à-vis des conventions d'une société rigide dans ses conventions ?
Au final, allez donc vous faire votre propre idée …
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Olivier Malentraide est un enfant remonté contre sa famille de parvenus et d'aristocrates décatis. Il trouve sa mère trop légère, son beau-père trop rustre et ses cousines trop débauchées. Prétentieux et poseur, il essaie de déclencher des catastrophes mais ne parvient qu'à pousser sa mère à prendre un amant. Dans la seconde partie, on retrouve un Olivier assez différent. Sans que l'on sache bien ce qu'il a fait pendant la guerre, il a pris un drôle de genre. Un mélange de cynisme et d'indifférence passionnée. Il fait des bêtises, multiplie les aventures et se pique même de littérature. Dans la troisième partie, son coeur balance entre deux très jeunes représentantes de l'aristocratie, Dominique et Catherine. Olivier est devenu un écrivain à succès. Dominique est amoureuse de ce succès et Catherine aime profondément Dominique. Pourtant c'est Catherine qu'Olivier épousera en gardant Dominique en réserve. Ce qui n'empêchera pas une fin tragique et prémonitoire de celle de l'auteur…
Roman sentimental, mais pas à l'eau de rose, ces « Enfants tristes » ont mal vieilli. En dépit de quelques fulgurances dues à la brillante intelligence et au regard acéré de Nimier sur son époque, on peine aujourd'hui à s'intéresser à ces petites coucheries de la belle jeunesse jouisseuse et désenchantée de l'après guerre. N'ayant pas suffisamment axé son propos sur la réalité sociologique de son époque, il ne reste que les sentiments et la psychologie de personnages inintéressants ou carrément antipathiques autant dire pas grand-chose de passionnant pour accrocher le lecteur d'aujourd'hui.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Avec ce roman-ci Roger Nimier nous raconte le Paris des années 30, 40 et 50. Il le fait avec différents personnages : Oliver, Dominique, Didier, Catherine, Raoul et Tessa. Des amours, des déceptions, des scènes tirées en longueur, voilà ce que contient ce roman. Fort déçu par cette histoire, j'ai préféré L'Etrangère du même auteur.
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Même si ce roman manque peut-être parfois un peu de profondeur, on en appréciera le côté prophétique, le style toujours appréciable de Nimier. Certes, les personnages ne sont pas d'une grande profondeur, mais leurs relations restent d'un intérêt qui ne vous fera pas regretter cette lecture.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
- Qu'est-ce que c'est comme marque ?
- C'est une Aston-Martin.
- Quelle marque ?
- Aston-Martin.
- Ça n'est pas connu. Ça ne doit pas être fameux.
- Ne dites pas d'imbécilité.
En quelques secondes, il roulait à 70 à l'heure, puis à 100. Il gagna un passage souterrain qui tournait et pris le virage à 140 ; Catherine appuya sur le klaxon pour l'entendre résonner et cria :
- C'est merveilleux, Olivier ! Merveilleux !
- Il faut bien que je vous donne quelques sensations, dit-il simplement.
(...).
Puis il sortit. La nuit était si belle, une sage et magnifique nuit de décembre. Olivier monta dans la voiture et la mit en marche. Il s'aperçut au bout d'un quart d'heure qu'il avait oublié d'allumer les phares. Il se trompa sans doute de chemin, car il n'entra pas dans Paris par la porte qu'ils avaient prise pour venir. Olivier lança la voiture à 130, brûlant les feux rouges, évitant de justesse des camions, des cyclistes. Après avoir roulé quelque temps à cette allure sur les boulevards extérieurs, il trouva ce qu'il était venu chercher dans un grand chantier où l'on avait creusé des fosses profondes.
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Il tourna les boutons de la T.S.F., qui finit par cracher quelques informations. Il n'y avait le choix qu'entre la guerre et la révolution. M. Le Barsac souffrit de cette alternative, en avalant un café brûlant, en sifflotant, en reniflant et désespérant. D'un côté, la Russie, visage haineux du peuple, la paresse et la fin du monde. De l'autre, un bruit de bottes insupportable, la parole laissée à de jeunes goujats vêtus de noir, rien pour la plaisanterie, rien pour le confort, cette Allemagne devant l'Europe comme un puritain de vingt ans devant une vieille femme qui sort du bain, montre ses bijoux et ses rides. L'industriel assurément hait les instituteurs, redoute les Juifs, mais il ne déteste pas moins tout ce qui touche les curés et les épaulettes. Il lit le grave journal "Le Temps" et hoche la tête quand il voit les extrêmes condamnés.
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Ils s'émerveillent d'avoir tenu si longtemps, d'avoir sauvegardé leur mise. Ils arriveront devant Dieu et montreront leur vie dont ils n'ont rien fait, ils lui diront comme ils furent économes. (...).
La trahison perpétuelle de chaque jour qui passe et n'a point apporté de remède à l'ennui.(...). Mais les héros de romans vous regardent tristement. Ils ne l'entendent pas de cette façon. De vous, ils attendent autre chose.
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Dominique possédait par cœur la science du monde. Elle savait marcher, elle dansait admirablement, elle écoutait au besoin. Personne comme elle ne savait habiller ce qu'elle portait. Enfin on croyait fermement à son intelligence. Par un étrange malheur, elle se conduisait mal d'une façon assez gauche. Dès qu'elle montrait ses jambes ou perdait une de ses robes sur l'épaule, on s'apercevait tout d'un coup de son âge. Ce n'était plus une vamp, mais une écolière mal élevée. les excentricités ne démentaient pas sa timidité. Elle avait, à la fois, besoin d'être remarquée et passionnément horreur d'être dévisagée. Ces deux familles de sentiments font assez bon ménage. On aurait retrouvé ce couple chez Olivier qui détestait attirer l'attention et qui ne songeait pourtant qu'à la gloire. On peut dire de ceux-là qu'ils sont des amoureux platoniques de la plus abstraite des passions. Ombre sur ombre, néant sur néant, ils accumulent l'impossible et, dans cette atmosphère raréfiée, ils parviennent à brûler sans se consumer, spectaclke qui étonne à distance.
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- Je voudrais bien venir vous voir. J'arriverais vers trois heures du matin, en pantalons noirs ou en robe du soir, indifféremment. L'essentiel serait d'être nue en dessous et...
- Oh ! la barbe !
- Comment la barbe ? Tu as un de ces toupets. Je suis très bien, toute nue. De visage, j'ai l'air trop douce, mais une fois déshabillée, ça change.
- Ça suffit comme ça. Je n'ai pas l'intention de tomber amoureux de toi. Inutile de m'envoyer des prospectus ou des modes d'emploi.
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Yannick Haenel et son invitée, Linda Tuloup, lecture par Emmanuel Noblet.
Depuis plus de deux décennies, Yannick Haenel éclaire le paysage littéraire français de ses romans singuliers, où se concentrent les désirs multiples et où nous côtoyons, souvent avec jubilation, l'univers de personnages en quête d'absolu. Au cours de ce grand entretien, un format qui lui sied particulièrement, l'écrivain reviendra sur ses passions. La peinture d'abord (il a écrit sur le Caravage un essai inoubliable), mais aussi le théâtre (son Jan Karski a été adapté sur scène par Arthur Nauzyciel), la photographie (Linda Tuloup sera à ses côtés), l'histoire… On parlera aussi de littérature, de celle qui l'aide à vivre depuis toujours, d'écriture et de ce qu'en disait Marguerite Duras dont l'oeuvre l'intéresse de plus en plus, et de cinéma, vaste territoire fictionnel dont il s'est emparé dans Tiens ferme ta couronne, où son narrateur se met en tête d'adapter pour l'écran la vie de Hermann Melville, croisant tout à la fois Isabelle Huppert et Michaël Cimino…
Écrivain engagé, il a couvert pour Charlie Hebdo le procès des attentats de janvier 2015, en a fait un album avec les dessins de François Boucq, et continue de tenir des chroniques dans l'hebdomadaire. Son dernier roman, le Trésorier-payeur, nous entraîne à Béthune dans une succursale de la Banque de France, sur les traces d'un certain Georges Bataille, philosophe de formation et désormais banquier de son état, à la fois sage et complètement fou, qui revisite la notion de dépense et veut effacer la dette des plus démunis. Mais comment être anarchiste et travailler dans une banque ? Seuls l'amour et ses pulsions, le débordement et le transport des sens peuvent encore échapper à l'économie capitaliste et productiviste…
Une heure et demie en compagnie d'un écrivain passionnant, érudit et curieux de tout, pour voyager dans son oeuvre et découvrir les mondes invisibles qui la façonnent.
À lire (bibliographie sélective) — « le Trésorier-payeur », Gallimard, 2022. — Yannick Haenel, avec des illustrations de François Boucq, « Janvier 2015. le Procès », Les Échappés, 2021. — « Tiens ferme ta couronne, Gallimard, 2017 (prix Médicis 2017). — « Les Renards pâles, Gallimard, 2013. — « Jan Karski, Gallimard, 2009 (prix du roman Fnac 2009 et prix Interallié 2009) — « Cercle, Gallimard, 2007 (prix Décembre 2007 et prix Roger-Nimier 2008). — Linda Tuloup, avec un texte de Yannick Haenel, « Vénus. Où nous mènent les étreintes », Bergger, 2019.
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert, avec des lectures par Emmanuel Noblet, et enregistré en public le 28 mai 2023 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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