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Critiques de Selma Lagerlöf (349)
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L'empereur du Portugal

Un des plus beaux livres qu'il m'ait été donné de lire. Livre sur l'amour paternel, il décrit avec une beauté incandescente la transfiguration d'un père d'origine simple, qui découvre sur le tard le bonheur de la paternité.

Avec une simplicité à laquelle n'atteignent que les plus grands, Selma Lagerlof décrit la progression lente de cet amour, la transformation...jusqu'à la folie, de cette passion pou ce petit être né de sa propre chair.

Il s'agit bien entendu d'une parabole et les critiques de l'histoire m'ont dérouté, attachées qu'elles sont à dénoncer une construction narrative qui n'est pas celle voulue par l'auteur.

Pour ma part, il s'agit d'un livre absolument bouleversant comme seuls les scandinaves savent les écrire (on pense à Ibsen et son canard sauvage ou a son jeune Eyholf) qui, éloigné du pathos facile ou mélodramatique met en lumière la capacité de l'amour à changer l'homme pour le meilleur.

Il règne dans ce livre que j'ai offert à de très nombreux amis, une véritable beauté irradiante qui très longtemps après que sa lecture a été terminée, laisse un souvenir ineffaçable, celui de ce sentiment qui élève l'homme au plus haut de ce à quoi il peut prétendre.



Selma Lagerlof qui connut une parcours social et sentimental à l'écart des conventions et sut être l'actrice de sa vie rêvée est un très très grand écrivain et l'Empereur du Portugal appartient au panthéon des chef-d'oeuvres de la littérature mondiale.

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Le livre de Noël

Le livre de Noël nous entraîne à la découverte de légendes et contes suédois qui entourent Noël. Emprunts de croyances religieuses, ces récits mettent en avant la générosité, le partage, la compassion mais aussi l'excitation qui précède ce grand jour et l'impatience de trouver LE cadeau qu'on espère vraiment déballer.



Selma Lagerlöf déploie tout son talent de narratrice pour nous faire découvrir les histoires de son pays autour de Noël. Qu'elles soient empruntes de réalité ou de croyances, ces histoires nous rassemblent auprès du feu et laissent un témoignage intemporel et précieux de traditions suédoises. L'écriture est toujours aussi agréable et visuelle. On n'a aucun mal à se voir dans les paysages enneigés de la Suède par une froide nuit hivernale.



Petit livre idéal pour accompagner l'Avent, à lire et relire seul ou en famille!
Lien : https://sirthisandladythat.w..
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L'anneau des Löwensköld, tome 1 : L'Anneau ..

Voici un bien étrange récit qui mélange, le conte moraliste, le conte fantastique, le récit naturaliste et tout cela avec de grande descriptions très poétiques.

J'ai vraiment beaucoup aimé ces quelques paragraphes sur le rôle de la cheminée et du feu dans la maison.

On suit au travers des années dans une Suède rurale, la vie des familles ayant eu entre leurs mains ce fameux anneau maudit.

Il est difficile d'en dire plus : j'ai beaucoup aimé cette rapide lecture qui est encore une fois, une découverte faite un peu au hasard sous couvert de challenge.
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Le banni

Quelle découverte que ce livre et que cette auteure! Avec un peu de recul, ce qui frappe surtout dans ce texte, c'est la puissance des messages qui sont passés. Bien sûr il y est question, amplement, de bannissement, explicite ou pas, avec ses relents d'hypocrisie sociale et de mauvaise foi. Mais on y dénonce également les ravages d'une jalousie maladive et le supplice d'une vocation étouffée. Les sentiments amoureux sont dépeints avec brio, dans toute leur complexité et leurs contradictions; on les pousse même jusqu'à l'abnégation le plus totale. Et quelle charge contre la guerre dans un des derniers chapitres; le roman, aux allures de conte philosophique, se transforme alors en réquisitoire implacable. Cela en est presque étonnant tellement les autres propos, nuancés, sont présentés avec finesse et délicatesse. Cela ne constitue cependant aucunement une rupture et s'intègre de source dans le récit général. L'écriture est d'une fluidité remarquable. Un enchantement!
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Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à tr..

Les aventures de Nils sont synthétisées en sept chapitres, on peut donc dire que l'auteur se concentre sur les épisodes essentiels ! Le caractère du chenapan, qui prend plaisir à maltraiter les animaux de la ferme familiale, est présenté en quelques vignettes et l'action démarre aussitôt. D'emblée on comprend que le sort jeté par le tomte vise à le faire réfléchir à son comportement, et l'on voit clairement celui-ci évoluer au fil du temps. Si Nils veut survivre au milieu des oies sauvages, il est évident que "tu dois te faire des amis". Cependant son revirement d'attitude est sincère : maintenant qu'il comprend le langage des animaux et surtout que sa petite taille le rend vulnérable, le garçonnet envisage les situations sous un autre angle ! Le parcours jusqu'en Laponie est jalonné de ses bonnes actions, puisqu'il sauvera bien des vies par ses interventions, notamment face à Smirre le renard: "Ce garçon est valeureux ! C'est un allié inestimable !", "Martin dit qu'il n'y a personne de plus malin et de plus gentil que toi". Cependant, si "Nils est des nôtres à présent", il reste nostalgique de sa vie humaine... Il y retournera à l'issue de ce voyage initiatique, grandi (dans tous les sens du terme), le cœur plus grand et l'âme plus belle.
Lien : https://www.takalirsa.fr/le-..
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Les liens invisibles

Un univers doux et poétique.
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Le Coeur Fou

Un livre oublié qui nous raconte une belle histoire d'amour d'un père pour sa fille.
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Le violon du fou

Gunnar Hede, étudiant, féru de violon, apprend que le domaine familial de Munkhyttan est sur le point d’être vendu, faute d’argent. Afin de payer les dettes et de sauver la ferme, Hede jette tous ses précédents projets par-dessus bord et décide de prendre la route comme colporteur.

C’est ainsi qu’il sillonne les routes de la région.

Après avoir porté sa hotte de colporteur une année durant, il lui vint l’idée de gagner une grosse somme d’argent d’un seul coup en achetant un grand troupeau de chèvres qu’il mènerait dans une grande foire dans le Värmland, afin de les revendre deux fois plus cher. Mais le troupeau fut décimé par le froid, la neige et la tempête. Impuissant, désespéré et honteux, Hede sombre dans la folie.

Des années plus tard, Hede parcourant toujours la région avec son éternel violon tel un mendiant halluciné, se réfugie dans un cimetière. Apaisé, rassuré par ce lieu, il se mit à jouer du violon…. « Celle qui était dans le cercueil, à côté de lui, morte en apparence, avait entendu jouer le violon. Les notes l’avaient fait rêver, et ce qu’elle avait vu en rêve l’avait émue si fort que son cœur s’était remis à battre, que son sang avait circulé, et qu’elle s’était réveillée ».

On retrouve dans ce livre un univers magique, fantastique, poétique. Un conte de fée avec en filigrane des thèmes comme l’amour, la vie, l’exil, la mort, la folie, la différence, l’art : la musique. Musique, qui par le biais du violon, nous raconte des histoires féériques, bienveillantes et salvatrices; histoires fortement imprégnées des légendes et récits värmalandais (région de Suède) qui ont abreuvé l’enfance de Selma Lagerlöf.



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Le livre de Noël

Ceux qui chercheraient dans ce livre un témoignage sur Noël en Scandinavie seront peut-être un peu déçus. Mis à part dans le texte initial, qui donne son titre au livre, les traditions sont peu racontés. Je retiendrai surtout le repas, pris en famille, la distribution des cadeaux, et kla dégustation du traditionnel riz au lait,

Ce recueil offre huit courts récits. Je résiste à la tentation de les qualifier de contes, car si le merveilleux est présent dans chacun de ces textes (à l'exception du Livre de Noël, qui donne son titre à ce recueil), il est avant tout un merveilleux chrétien (si l'alliance de ces deux termes est possible). Deux titres sont emblématiques à cet égard : Légende de la fête de la Sainte-Luce (le plus long du recueil) et A Nazareth. Ce dernier récit invente un épisode de l'enfance de Jésus, qui le confronte (déjà) à Judas et montre l'ambivalence des sentiments éprouvés par le futur disciple.

La Légende pourrait se résumer en une phrase : grâce à sa piété, Lucia obtient le soutien de sa sainte Patronne et déjoue les pièges de sa méchante tante (un vrai personnage de conte de fée). Ce n'est pas si simple, cependant, car le conte, qui fait penser à la seconde partie (méconnnue) de la Belle au bois dormant, montre que, si la jeune épouse, belle-mère attentive de huit enfants, a dépensé une partie de la fortune de son mari pour venir en aide à des réfugiés et a encouru la colère de son mari, celui-ci est le premier fautif. Il a préféré les honneurs de la cour à son foyer, fermant les yeux sur l'avarice de la terrible Dame Rangela, et oubliant les devoirs qu'il avait envers les siens. J'utilise ce terme au sens large : non seulement il a négligé sa jeune épouse et ses enfants, mais aussi ses fidèles amis, secourus par Lucia en son absence.

Le rouge-gorge s'apparente aux récits de la création du monde, si ce n'est qu'il ne se réferre pas seulement à la genèse, mais au Nouveau Testament.

Le crâne est le récit que j'ai le moins aimé, non à cause du caractère morbide du sujet (un fossoyeur invite un crâne fraîchement déterré à reveillonner, puisque personne n'a accepté son invitation), ni des commentaires pesants du narrateur omniscient, mais dans le dénouement, à la fois miraculeux et moralisateur.

Le dernier récit La Nuit du nouvel an des Animaux, m'a semblé emblématique de la religiosité du recueil. Il raconte une légende suédoise mais montre le triomphe de la religion chrétienne sur celle-ci. J'ai beaucoup aimé le personnage du prêtre, qui prend fait et cause pour sauver son fidèle cheval.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à tr..

un très beau conte initiatique, en lien avec la nature, au coeur des paysages de la Suède. À lire avec une carte ou d'un livre de photos de la Suède à portée de main. Mon conseil : il faut faire attention à la traduction que l'on choisit ! Beaucoup sont mauvaises ou vieilles, choisir également une édition intégrale, si possible.
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Le livre de Noël

Huit histoires autour de Noël, signées Selma Lagerlöf, prix Nobel qui nous a tous enchanté avec son voyage de Nils Lofgren à travers sa Suède natale.

Selma a su capter cette ambiance de fêtes de fin d'année, empreinte de sacré.

Je ne saurais trop vous conseiller de ne pas suivre l'ordre des contes et garder le premier récit (le livre de Noël) pour la fin. En effet, quel plus beau cadeau que celui qui n'est, apparemment, d'aucune utilité. Un livre. Mais si celui-ci est rédigé dans une langue étrangère...

Avec Sainte Luce, on y côtoie le don et la rédemption mais tout particulièrement dans « le piège à rats » où l'âme humaine peut s'élever grâce à une bonne action ainsi que dans « le crâne » qui parle, bien avant l'heure, de la maltraitance des femmes.

Selma revisite le sacré avec cette histoire de Judas et Jésus enfants et met en garde les papas qui glorifient un peu trop leur progéniture.

Enfin deux histoires animalières qui réchauffent le cœur. Ce Rouge Gorge qui doit gagner ses lettres de noblesse par une belle action, en l'occurrence cette belle écharpe rouge qu'il porte au col, comme une tache de sang. Et cette union de tous les animaux, sauvages et domestiques, pour célébrer la nouvelle année.

Des histoires à lire à la lumière d'un feu de cheminée, les nuits de décembre quand il fait si froid dehors et que l'on a davantage besoin de se réchauffer le cœur et l'âme que nos vieux os.

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Le livre de Noël

Bien adapté à la période des fêtes, ce recueil de contes offre une pause agréable dans la valse des lectures contemporaines (et bien souvent des polars en ce qui me concerne). J'ai bien aimé ceux qui ont trait au folklore et aux légendes scandinaves, un peu moins celles qui se déroulent autour de la vie de Jésus.

Ce n'est pas quelque chose que je lirais tous les jours, mais il est bon de varier les plaisirs.
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Le violon du fou

[Lu en 2016]

Je suis toujours en admiration devant la littérature scandinave et devant cette grande dame. Je n'avais lu que Nils Holgersson mais j'attendais avec impatience de découvrir d'autres de ses ouvrages. Et quelle joie !

Le récit est court, simple, sans fioritures mais d'une intensité et d'une puissance rare : le charme nordique qui m'attire tant ! Gunnar et Ingrid sont deux personnages passionnants, abîmés par la vie et qui doivent se faire aider et mener une bataille sans merci pour s'en sortir. La subtilité de la relation qui lit les personnages et les différentes "phases" de guérison sont fascinantes. Les personnages secondaires sont aussi très utiles et j'aurai aimé revoir Anna Stina qui joue un grand rôle dans ce livre.

Une petite merveille de lecture que je recommande chaudement !
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L'argent de Monsieur Arne

Nous sommes dans un conte fantastique, si je puis qualifier ainsi cette oeuvre. Nous en sommes en Suède, c'est certain, une Suède où la foi se dispute avec la superstition. Monsieur Arne est pasteur. Il ne craint pas les malédictions, comme celle qui serait sur l'argent contenu dans son coffre. Il ne croit pas non plus les prémonitions de sa femme, qui, pourtant, entend aiguiser les couteaux qui viendront les tuer, eux et leurs hôtes quelques heures plus tard. Il n'y aura qu'une survivante, une jeune fille adoptée par les Arne. Thoarin, le premier personnage que nous avons croisé dans le récit, a survécu également - il faut dire qu'il était parti bien avant que les trois voleurs-assassins ne viennent. A lui, à Elsalil de venger les morts.

Pourquoi venger ? Parce que la justice a été curieusement aveugle. Personne n'a fait le rapprochement entre les trois criminels et les trois riches étrangers - je trouve d'ailleurs peu réalistes qu'ils aient pu écouler si vite l'argent volé, qu'ils aient pu si vite acquérir tant d'objets de luxe sans attirer les soupçons. Nous sommes dans un conte, et Elsalil se retrouve très vite devant un dilemme. Ce n'est pas elle qui a découvert l'identité des coupables, c'est le fantôme de sa sœur adoptive. Ce n'est pas elle qui ne trouve pas de repos dans la mort, c'est la jeune fille qui n'est plus qu'une ombre. Elsalil regrette la vie choyée qui était la sienne auprès des Arne, elle regrette peu ceux qui sont morts, finalement. Elle est aussi très naïve, n'ayant pas mesuré la dangerosité de ceux à qui elle s'attaque. Lui même n'a plus vraiment toute sa lucidité, étant tourmenté non par les remords, mais par une violence qui ne demandait qu'à s'exprimer.

C'est Thoarin qui a ouvert le récit, c'est lui, quasiment, qui le clôt. Témoin courageux, il n'hésite pas à agir là où d'autres ont reculé. La paix est à ce prix.
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Le banni

La couverture représente un fragment d’une peinture de Friedrich, l’un de mes peintres préférés, ce qui était de la meilleure augure. Et oui, ce livre à l'écriture parfaitement maîtrisée, impeccablement traduite, qui selon moi confiné à une forme de perfection littéraire est une véritable réussite et nous transporte dans une histoire à tiroirs où l’âme humaine y est sondée, analysée, critiquée et transcendée. Aux confins du réel, du conte, de la fable, au plus près de l’Histoire, la rédemption, la faute, la culpabilité, la compassion, l’amour et la passion y sont évoqués. Un moment magnifique à savourer
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L'anneau du pêcheur

Je n'avais jamais entendu parler de Selma Lagerlöf (honte à moi), pourtant prix Nobel de littérature en 1909. Je connaissais pourtant son ouvrage le plus connu – sans pour autant l'avoir lu -, soit Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, mais je ne savais pas jusqu'à présent qui l'avait écrit.



La nouvelle est un format que j'apprécie même si je sais que c'est assez peu lu et aimé en France, contrairement aux Etats-Unis où c'est un genre à part entière, la plupart des grands écrivains ayant fait leurs armes dans ce domaine avant de s'essayer au roman. Je n'ai donc pas hésité trop longtemps lorsque j'ai trouvé ce recueil dans une bouquinerie de ma ville.



Ce livre est composé de seize histoires représentant des nouvelles à proprement parler, des contes (se passant à Noël généralement) ainsi que des souvenirs de l'auteure. Sincèrement, j'ai mis plus d'un mois à terminer ce recueil et n'ai pas pris un immense plaisir à sa lecture. Alors, c'est vrai que l'avantage de lire des nouvelles est qu'on peut piocher ici ou là une histoire, poser le livre pour y revenir après (contrairement aux romans, je suis pour ma part incapable de lire deux romans en même temps, j'ai l'impression de me gâcher mes lectures dans ce cas). Mais ici, vraiment, j'y revenais à reculons et l'ai terminé aussi « rapidement », c'est à dire avant la fin de l'année 2020, car je souhaitais pouvoir l'intégrer dans le challenge solidaire.



Sur les seize histoires, seules deux ou trois m'ont intéressée, et encore j'aurais bien des difficultés à vous les raconter tant leur souvenir reste brumeux. En gros, il ne m'en reste (presque) rien.



La plume de l'auteure est belle et poétique mais ne m'a pas transportée. J'ai finalement trouvé qu'elle avait mal vieilli (et je précise que tous les auteurs du XIXème ou du début du XXème ne me font pas cet effet-là, bien au contraire).



En résumé, je suis contente d'avoir découvert une nouvelle auteure mais je ne crois pas que j'y reviendrai.
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Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à tr..



Je suis toujours reconnaissant aux traducteurs de nous permettre d'accéder à de grands romans étrangers, surtout lorsque l'on est en présence, comme ici, d'une traduction intégrale, sans amputation. Marc de Gouvenain et Léna Grumbach, accompagnés de l'illustrateur Bertil Lybeck, ont permis aux lecteurs français d'avoir entre les mains le chef-d'oeuvre de la littérature suédoise : "Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède" de Selma Lagerlöf.



Nils Holgersson, âgé de 14 ans n'est pas un adolescent sympathique. Vivant à la ferme avec son père et sa mère, il leur cause des soucis à n'en plus finir ; il est paresseux, désobéissant, voire méchant, car il persécute sans cesse les animaux de la ferme.



Un dimanche, il refuse d'aller au culte avec ses parents. Il est, néanmoins, tenu par ceux-là d'étudier le sermon à la maison. Comme il fallait s'y attendre, il se désintéresse de sa tâche et préfère s'en prendre à un Tomte qu'il surprend à fouiller dans une malle appartenant à sa mère.



Mauvaise idée ! Car le Tomte est un personnage particulier. Au fait, savez-vous ce qu'est un Tomte ? Si l'on se rapporte à l'anthologie des contes du petit peuple de Pierre Dubois (novembre 1997, édition Hoëbeke), le Tomte est de la race des Farfadets, des Lutins, des Korrigans, des Cluricaunes, des Pixies, etc. c'est-à-dire du Petit Peuple ; petit puisque ces personnages ne sont guère plus grands qu'une main d'humain adulte ; ils ont souvent l'aspect de vieillards, mais, surtout, ils sont dotés de grands pouvoirs magiques.



Or donc, prétendant exiger du Tomte, qu'il a capturé dans un filet, plus que leur accord initial, il manque à sa parole de libérer son prisonnier ; ce qui a le don d'énerver le Tomte qui arrive à s'enfuir en transformant, au passage, Nils en Tomte lui-même, mais sans aucun pouvoir magique évidemment.



Lorsque Nils se regarde dans un miroir, il comprend son malheur ; lorsqu'il se présente devant les animaux de la ferme pour obtenir leur aide afin de retrouver le Tomte, il constate, là aussi, combien il est détesté de la basse-cour qui lui rappelle sa méchanceté. Il se rend compte enfin de sa fragilité, car il est à la merci du chat nettement plus costaud que lui, des poules, des oies et des vaches qui peuvent l'écraser sans difficulté et qui sont tentées de le faire.



Vous avez noté la particularité de sa nouvelle nature de Tomte : en effet, Nils comprend et parle le langage des animaux. C'est ainsi qu'il saisit les paroles d'une bande d'oies sauvages migrant en formation d'angle aigu vers le nord de la Suède. Ces oies, comme par moquerie, invitent Martin Jars, le jars de la ferme des parents de Nils, à les suivre.



Après quelques essais infructueux , le jars s'apprête effectivement à prendre son envol lorsque Nils le Tomte s'accroche à son cou pour l'empêcher de partir. Mais Martin Jars parvient à décoller. Nils hésite à sauter et se retrouve très vite très haut dans le ciel. Il est alors trop tard. Il n'a d'autre choix que de s'installer du mieux qu'il peut sur le dos du jars et de suivre les oies sauvages ; le voyage et les aventures de Nils Holgersson à travers la Suède, sur le dos de Martin Jars et en compagnie d'Akka l'oie meneuse et de ses compagnes, peuvent commencer. Nous sommes au début du printemps, le 20 mars ; son périple s'achèvera quelque 613 pages plus loin, le 9 novembre en plein automne.



Ce merveilleux livre était à l'origine, destiné aux élèves de la petite école en tant que livre de lecture ; une sorte de manuel scolaire que les élèves devaient lire à haute voix, aidés en cela des enseignants.

Mais la dimension littéraire a fini par l'emporter sur les aspects scolaires ; en effet, cette oeuvre s'est imposée comme un grand classique de la littérature suédoise, elle a remporté un énorme succès dans le pays et à l'étranger.



A cet égard, je renvoie les Babéliens que cela intéresse à un excellent article trouvé sur la Toile, intitulé “Le merveilleux voyage du livre de Selma Lagerlöf” d'Annelie Jarl Ireman publié dans le revue Robinson – cahier 29 de mai 2011. L'auteur explique en quoi, en tant que manuel scolaire, on peut parler d'échec du livre, car les enseignants de l'époque l'avaient trouvé trop long, difficile pour une lecture à haute voix des enfants, et pour un accompagnement des instituteurs qui n'osaient pas adapter une oeuvre quasi sacrée !



Voilà pourquoi, Selma Lagerlöf a dû l'abréger pour le rendre moins imposant afin de tenir compte, notamment, d'une évolution en Suède où il est apparu, d'une part, que la lecture silencieuse prenait de plus en plus le pas sur la lecture à haute voix et, d'autre part, que les jeunes Suédois s'adonnaient de moins en moins à la lecture.



A l'étranger même où ce livre a été beaucoup traduit, il a aussi été beaucoup abrégé pour en faire un opus acceptable pour les enfants et ce, non sans risque de dénaturation. L'oeuvre originale est devenue, en définitive, un livre davantage apprécié des adultes que des adolescents.



Pour ce qui me concerne, j'ai beaucoup aimé le style d'une narration par laquelle l'auteure donne la pleine mesure de ses connaissances et de son génie.



Connaissance de la géographie de son pays qu'elle décrit sans ennuyer, dans un style fluide, en présentant les régions de la Suède, avec leurs caractéristiques propres. Sa description, par exemple, du parcours des fleuves et des rivières qui paraissent en compétition les uns avec les autres est merveilleuse. Il en va de même des avantages comparés des régions, ce qui la conduit à faire appel de manière très originale, à différents personnages qui donnent à voir ce qui fait la beauté ou l'intérêt de la région où ils vivent.



Connaissance de l'histoire de la Suède qu'elle narre aux enfants ainsi que le ferait une conteuse, avec des accents épiques.



Connaissance des contes et légendes de son enfance, qu'elle mêle à ses descriptions en expliquant le rôle des géants, des trolls, de quelque divinité, ou d'un père et ses fils fabuleux, dans la formation des montagnes, les rivières, les forêts, des lacs, des vallées, etc. D'autres contes émaillent le récit, notamment celui, universellement connu, du joueur de fifre, Nils en l'occurrence, qui parvient à éloigner les rats gris des greniers à blé d'un château.



Elle met en scène de façon touchante les animaux : ainsi Akka, l'oie meneuse, qui a élevé Gorgo l'aigle devenu l'ami de Nils, de même l'ours farouche que le garçon sauve des chasseurs, ou bien encore le corbeau facétieux Bataki qui propose des énigmes à Nils et lui révèle un secret douloureux, à savoir les conditions de son retour à l'humanité, conditions qu'il ne peut se résoudre à accepter, etc.



Souvent, au cours du périple, Nils se trouve séparé d'Akka et de Martin Jars et en danger. Les séparations sont l'occasion de rencontres du jeune Tomte avec d'autres personnages, l'occasion aussi d'une réflexion sur sa destinée, son comportement vis-à-vis des autres. Et fréquemment, il a apporté son aide à des êtres (humains ou animaux) en difficulté. En tout cas, il retrouve toujours ses amis grâce à l'obstination de ceux-ci et à sa propre ingéniosité.



Selma L. se montre érudite et son écriture est pleine de poésie, notamment, dans le domaine de la botanique. Elle sait, en effet, nommer les fleurs, les plantes, les arbres, les animaux que Poucet (Nils ainsi nommé par les oies sauvages) appréhende du ciel avec émerveillement. Elle connaît aussi les instruments des métiers de son pays, comme ceux qui interviennent dans le tissage, la moisson, l'activité de pêche, etc., le vocabulaire technique, en particulier, est riche et on apprend beaucoup...



Elle se révèle une écologiste avant l'heure en promouvant le respect de la nature et des animaux sans nier la nécessité du développement de l'industrie humaine. Elle raconte d'ailleurs comment sont apparues les villes, les ports, comment ont été exploitées les multiples îles qui bordent la Suède.



Elle manifeste un nationalisme doux, pacifique qui enseigne aux enfants l'amour de leur pays et la solidarité entre les êtres humains.



Selma L. n'oublie pas son premier métier d'institutrice et d'éducatrice ; en effet, elle fait l'apologie du travail manuel en nous contant la merveilleuse histoire de l'école des travaux manuels de Nääs. Il s'agit du système éducatif d'origine finlandaise appelé sloyd et qui enrichit l'éducation des enfants par le travail manuel. Ce système apparu en Suède en 1865 a eu un succès considérable. Il a également rencontré un fort intérêt dans les pays anglo-saxons, au Japon, au Brésil, en Argentine, à Cuba, jusqu'à nos jours.



En France, on sait le faible rôle que tient le travail manuel dans la formation des écoliers. Les travaux pratiques à base de pâte à modeler, ne me paraissent pas du tout répondre à l'approche Sloyd.



Selma L. est enfin l'inspiratrice discrète d'une morale et d'une philosophie des rapports entre les êtres fondés sur la solidarité, l'amour, le pardon, vertus dont fait preuve Poucet, à l'égard de Smirre le renard, l'ennemie des oies, à qui, sans rancune, il offre une porte de sortie honorable sur une île déserte, pourvue néanmoins d'un bon garde-manger, ou encore d'Asa, la petite gardeuse d'oies, dotée d'un courage et d'une volonté d'adulte et du petit Mats, son jeune frère au destin tragique, montrant ainsi comment Poucet, mauvaise graine en mars, a cru en vertus en quelques mois.



A son retour à la ferme de ses parents, en novembre, l'élan d'amour qui l'a poussé à se faire reconnaître pour sauver Martin Jars son ami, du danger d'être vendu ou tué par ses parents, a été la clé qui lui a permis, alors qu'il ne le recherchait pas, de retrouver instantanément sa taille normale, de sorte que sa mère, en ouvrant la porte, a serré dans ses bras, sur le seuil, un jeune fils fugueur, revenu à la maison, riche de bonté.



Ce livre est tout simplement MAGNIFIQUE !!!



Pat

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La légende de Gösta Berling

De Selma Lagerlöf, quand-même Prix Nobel en 1909, je ne connaissais que le célèbre Nils Holgersson, et encore, de réputation. Là je me suis lancé dans un autre roman de l'écrivaine suédoise, Gösta Berling. Disons que c'est curieux, et pas sans intérêt, mais disons aussi que ce n'est pas un chef d’œuvre.

Aux meilleurs moments il y a comme du Homère là-dedans, ou de l'Edda.

Par exemple au chapitre 5 quand la narratrice rappelle à un vieux cheval sa jeunesse avec son maître dansant sur la musique d'un violon en feu. Ou quand on évoque les poèmes du personnage principal Gösta Berling, ancien pasteur devenu dépressif et errant dans la province suédoise de Värmland.

Aux pires moments c'est du Harlequin nostalgique et sur-romantisé: ô comment il était beau ce début du dix-neuvième siècle, quand les hommes savaient encore se battre et les femmes encore tenir un ménage!

La plupart du temps les chapitres se lisent comme des contes de fée, de sorcières et de trolls, pas désagréables, mais un peu décousues, et à la fin, on s'en désintéresse. Pour une écrivaine qui avait visiblement beaucoup de talent, ça fait un peu mal.
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Le livre de Noël

Un livre d'un autre temps



Lu hier pour le challenge solidaire des classiques contre l'illettrisme (et pour le cold winter challenge) ce petit recueil de nouvelles (contes / légendes ?) dont je ressors plutôt mitigée.



À part Le fabuleux voyage de Nils Holgersson je n’avais jamais lu Selma Lagerlöf.



Ma grand-mère a probablement adoré ce livre quand elle était petite, il ennuierait très certainement ma fille, quant à moi, j’ai eu la sensation d’assister à un cours de catéchisme.



La plume est sublime mais clairement ce livre a vieilli...



La toute première nouvelle m’a enthousiasmée - cette petite fille le soir de Noël, son impatience grandissante, ses espoirs, la frénésie du déballage, la déception qui pointe petit à petit puis Le cadeau tant attendu. Selma Lagerlöf a rendu ce moment très réel, vivant. Le lecteur se retrouve forcément petit enfant un soir de Noël plein d'espoir du cadeau tant convoité. J'ai vraiment adoré ce très court texte.

Mais les suivantes sont beaucoup trop empreintes de religiosité pour me séduire (même si je suis contente d’avoir lu la légende de Sainte Luce si importante en Suède et que la petite histoire du rouge-gorge est bien jolie).

Oui, c'était vraiment les histoires que Mr le curé peut lire aux enfants les jours avant Noël.



Peut-être que ces textes peuvent encore plaire à certains enfants mais j'en doute à vrai dire.

Autre temps, autres mœurs, autres contes de Noël...



Je ne vais pas garder un souvenir impérissable de cette lecture même si je suis contente d’avoir visité les mythes et légendes du Nord.
Lien : https://demoisellesdechatill..
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Le banni

C'est un roman étrange, et de ceux qu'on a du mal à lâcher une fois qu'on les a ouverts. Tout est fort et simple, l'ambiance, l'histoire, les personnages, les paysages...

Pour qui aime le mystérieux et l'inexplicable, la beauté de la rédemption, du pardon et de l'amour noble.

Embarquez avec Sven, Sigrun, Lotta et le pasteur, vous ne serez pas déçus, mais nourris...







Livre issu de librairie indépendante !
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LNHI-35491: littérature - Nils Holgersson

Quelle créature miniaturise le jeune Nils?

Un tomte
Un farfadet
Un elfe
Un kobold

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69 lecteurs ont répondu
Thème : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède de Selma LagerlöfCréer un quiz sur cet auteur

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