Nous sommes dans un conte fantastique, si je puis qualifier ainsi cette oeuvre. Nous en sommes en Suède, c'est certain, une Suède où la foi se dispute avec la superstition. Monsieur Arne est pasteur. Il ne craint pas les malédictions, comme celle qui serait sur l'argent contenu dans son coffre. Il ne croit pas non plus les prémonitions de sa femme, qui, pourtant, entend aiguiser les couteaux qui viendront les tuer, eux et leurs hôtes quelques heures plus tard. Il n'y aura qu'une survivante, une jeune fille adoptée par les Arne. Thoarin, le premier personnage que nous avons croisé dans le récit, a survécu également - il faut dire qu'il était parti bien avant que les trois voleurs-assassins ne viennent. A lui, à Elsalil de venger les morts.
Pourquoi venger ? Parce que la justice a été curieusement aveugle. Personne n'a fait le rapprochement entre les trois criminels et les trois riches étrangers - je trouve d'ailleurs peu réalistes qu'ils aient pu écouler si vite l'argent volé, qu'ils aient pu si vite acquérir tant d'objets de luxe sans attirer les soupçons. Nous sommes dans un conte, et Elsalil se retrouve très vite devant un dilemme. Ce n'est pas elle qui a découvert l'identité des coupables, c'est le fantôme de sa soeur adoptive. Ce n'est pas elle qui ne trouve pas de repos dans la mort, c'est la jeune fille qui n'est plus qu'une ombre. Elsalil regrette la vie choyée qui était la sienne auprès des Arne, elle regrette peu ceux qui sont morts, finalement. Elle est aussi très naïve, n'ayant pas mesuré la dangerosité de ceux à qui elle s'attaque. Lui même n'a plus vraiment toute sa lucidité, étant tourmenté non par les remords, mais par une violence qui ne demandait qu'à s'exprimer.
C'est Thoarin qui a ouvert le récit, c'est lui, quasiment, qui le clôt. Témoin courageux, il n'hésite pas à agir là où d'autres ont reculé. La paix est à ce prix.
Commenter  J’apprécie         40
Ce que Thorarin regardait surtout, c’était le lourd coffre de chêne placé au pied du grand lit. Il savait que M.Arne y enfermait ses pièces d’argent et il avait entendu dire que le coffre en était rempli jusqu’aux bords. Lui, Thorarin, si pauvre, qu’il avait rarement une pièce d’argent dans sa poche, se dit encore: Je ne voudrais pas posséder cet argent; on prétend qu’il vient des anciens couvents du pays, et les moines ont prédit qu’il porterait malheur à M.Arne.
Les morts n’ont rien à souhaiter sinon de reposer en paix.
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
+ Lire la suite