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Thekla Hammar (Traducteur)Marthe Metzger (Traducteur)
EAN : 9782234051324
250 pages
Stock (25/02/1999)
4.21/5   55 notes
Résumé :
Jans Andersson de Skrolycka ne se lassa jamais, même dans sa vieillesse, de parler du jour où naquit sa petite fille... Ainsi commence L'empereur du Portugal, histoire d'un amour fou, d'une passion absolue, qui est un des plus beaux romans de Selma Lagerlöf. Cette fille qu'il a eue tard, Jans Andersson lui donnera le plus joli nom qu'il puisse trouver, "que le soleil lui a soufflé" : Claire Belle. Et il l'aimera de tout son vieux coeur, de toutes ses forces déclinan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Dans un petit village du Varmland, Jans Andersson de Skrolycka souffre d'un amour fou envers sa fille Claire-Belle. Elle est le centre de son univers, dans tous les cas sa petite princesse, et il est prêt à lui passer tous ses caprices. Devenue adulte, elle part en ville gagner sa vie (et assurer le bien-être de ses vieux parents par la même occasion) mais sa situation fait rouler les commérages au village : elle serait prostituée. Refusant de croire les rumeurs et les sous-entendus, Skrolycka élabore insconciemment et pour son propre bénifice tout une histoire. En effet, si sa fille donne peu de nouvelles d'elle-même, c'est qu'elle est grandement occupée : elle ne peut qu'être devenue impératrice du Portugal. C'est l'évidence ! Et, par le fait même, Skrylocka ne peut qu'être empereur lui aussi. Cela va de soi, non ? Et les villageois, plutôt que de contrarier ce pauvre homme, qui a bossé dur toute sa vie pour sa famille et pour les autres, entrent dans son délire. Touchant !

Avec son roman L'empereur du Portugal, l'auteure suédoise Selma Lagerlöf nous livre ici un autre petit bijou. C'est une histoire sans grande prétention – il ne s'y passe pas grand chose, l'action lève peu et tarde à arriver –, mais ô combien poignante. Ce sont les émotions et cet amour inconditionnel de Skrolycka qui rachètent le tout. Jamais relation père-fille n'aura été plus déchirante. C'est incroyable comment l'amour paternel peut transformer. Quand on dit qu'il peut déplacer des montagnes… En tous cas, il est puissant et peut mener à la folie. En effet, Skrolycka préfère s'inventer mille scénarios plutôt que de croire à l'impossible, soit que sa fille ne soit plus le petit ange qu'elle fut jadis, et c'est un peu amusant – ou triste – de voir comment son esprit travaille fort pour expliquer les réactions de son entourage, pourquoi il continue à vivre dans sa chaumière alors qu'il possède un titre aussi prestigieux que celui d'empereur.
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Jan de Skrolycka est un humble travailleur journalier. Sa femme est en train d'accoucher dans leur cabane, et le pauvre Jan est relégué à l'extérieur : une naissance, à l'époque, c'est une affaire de femmes et les futurs pères n'ont pas à s'en mêler. Jan se sent rejeté et se sent mal disposé envers le bébé à naître ; après tout, c'est à cause de ce nouveau-né que Jan doit rester seul.
Pourtant, lorsqu'il rentre enfin dans sa cabane, Jan change bien vite d'avis. Les sages-femmes lui mettent le bébé dans les bras et Jan sent son coeur commencer à battre très fort. le sentiment paternel qui se cachait au plus profond de lui vient de se réveiller et ne le lâchera plus.
Dès lors, le nouveau papa s'attache à sa petite fille qu'il décide de baptiser Claire-Belle en hommage au soleil qui, d'après Jan, est venu saluer la petite alors que père et fille se tenaient sur le pas de leur porte.

L'amour peut-il rendre fou ? Si l'on en croit Françoise Sagan, c'est tout à fait possible, puisqu'elle a affirmé : "J'ai aimé jusqu'à atteindre la folie. Ce que certains appellent la folie; mais ce qui pour moi, est la seule façon d'aimer."
C'est un petit peu ce qu'il se passe pour Jan également. Son amour pour Claire-Belle, loin de faiblir avec les années, se renforce, jusqu'à lui causer bien des ennuis quand sa petite fille sera devenue grande.
Mais reprenons depuis le début.
Dès sa naissance, Claire-Belle semble être une enfant délicieuse. Cette petite fille adorée par son papa rend bien son affection à ce dernier, mais pas seulement : Claire-Belle est également bonne et affectueuse avec de nombreuses personnes (notamment les plus pauvres habitants de Skrolycka).
Plus grande, la petite fille reste adorable : qu'elle se rende à l'école ou au catéchisme, toujours, Claire-Belle s'attire les sympathies des habitants du petit village par sa gentillesse, sa discrétion et ses nombreuses autres qualités.
Jan, pendant ce temps, reste très attaché à sa fille. Il l'admire, la protège et souhaite le meilleur pour elle.
Mais, malheureusement pour Jan et son épouse (qui n'occupe qu'un rôle très secondaire dans le roman), ce bonheur familial ne dure pas. Un beau jour, le patron de Jan meurt et c'est son beau-fils qui reprend le domaine dans lequel Jan travaille. Ce beau-fils n'est pas très sympathique et cherche à chasser Jan et sa famille de leur cabane : il prétend que la petite famille n'est pas propriétaire du lopin de terre sur laquelle leur modeste habitation est construite et réclame le paiement d'une certaine somme d'argent.
Pour venir en aide à ses parents, Claire-Belle décide de se rendre à Stockholm où elle compte se placer comme bonne dans une famille. Elle enverra sa paie à ses parents et, une fois la (soi-disant) dette remboursée, elle rentrera à la maison.

C'est le début de la fin de la relation fusionnelle entre le père et la fille. Car une fois partie, Claire-Belle ne donnera plus de ses nouvelles. Et Jan, pour lutter contre son chagrin, commencera à se raconter des histoires. D'abord, ces petites fantaisies resteront secrètes. Mais un jour, la douleur devenant plus forte, les histoires de Jan vont lui servir de refuge : il va se persuader que sa fille est devenue Impératrice du Portugal et l'a nommé Empereur. le pauvre Jan est la risée de tout Skrolycka, mais rien n'y fait : il reste persuadé qu'il a raison et que les autres sont stupides.

Le titre d'Empereur du Portugal prend donc tout son sens, mais seulement après lecture des trois quarts du roman. Au début, je me demandais s'il n'y avait pas une erreur de la part de Selma Lagerlöf : d'où venait ce titre, en rapport avec un pays méditerranéen, alors que nous avons affaire à une famille d'un pays scandinave ? J'ai été surprise de découvrir la raison de ce titre. Surprise et quelque peu déçue.
Ma déception ne tient pas au récit, qui était magnifique du début à la fin et porté par une jolie plume. Ce qui m'a troublée, c'est la façon dont Claire-Belle se conduit avec son pauvre vieux père lorsqu'elle revient enfin à Skrolycka. Jan a tout donné à sa petite fille, il a tout fait pour elle, mais Claire-Belle devient ingrate. C'est bien dommage. J'aurais vraiment préféré une fin plus douce.
Malgré ce (très) léger bémol, L'empereur du Portugal était une magnifique histoire emplie d'anecdotes savoureuses sur la vie parfois difficiles des petites gens de Skrolycka. Une belle découverte !

Challenge 15 Nobel : 8/15
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L'amour fou, inconditionnel d'un père pour sa fille. Un roman émouvant s'il en est !

La fille de Jan nait sans que celui-ci ne l'ait vraiment attendue. Mais dès qu'il la prend dans ses bras, un amour puissant et immuable s'empare de lui. Une complicité hors du commun va grandir entre eux pendant toute la jeunesse de Claire-Belle, jusqu'à ses 17 ans où elle est contrainte de quitter ses parents afin d'aller gagner de l'argent à la ville pour sauver leur habitation. Pourquoi ne donne-t-elle ensuite plus aucune nouvelle ? Comment ce père va-t-il parvenir à survivre malgré ce manque terrible ? Ne reverra-t-il jamais sa fille ? Qu'est-elle devenue ?

Ce roman est narré à la façon très plaisante d'un conte populaire et nous emmène en plein XIXe siècle, dans une région reculée de Suède. Il débute avec de bons sentiments, une certaine douceur décrite dans la relation père-fille. Ça met du baume au coeur.
La nature est très présente et souvent décrite, ainsi que les travaux des hommes, les intérieurs rustiques. Tout cela dans une langue soignée mais un style qui reste très fluide. J'aime comme Selma Lagerlöf dévoile, par un léger humour, toute sa sympathie pour les personnages à qui elle donne vie dans ses phrases.
Dans la deuxième partie du roman, après le départ de la jeune fille, le ton change quelque peu. le récit reste focalisé sur le père et place le lecteur en attente, comme lui, de savoir ce que devient la jeune fille. le destin tragique du père se déroule alors devant nous : incapable de faire face à la vérité, il y échappe en cédant à une sorte de folie. La réalité est vite détournée au profit de croyances religieuses et populaires, troublant parfois la vie des habitants de la région. On est parfois à la limite du ridicule et on frôle le manque de crédibilité. Je me suis demandée où l'auteur voulait en venir et j'ai craint d'être déçue par la fin qui est assez inattendue mais me convient.
Selma Lagerlöf dépeint la société de son temps, au XIXe siècle et dans une région où la population de déplace peu et les croyances sont fortes. Plusieurs fois j'ai pensé que la folie de ce père c'est avant tout cet amour fou qui le lie à sa fille. Puis on lui découvre malgré tout une certaine lucidité… Ne serait-ce pas les conventions sociales qui ont pesé lourd dans ses réactions face à la vérité ? il a alors trouvé un moyen personnel de ne pas perdre la face, si l'on peut dire.

Une histoire simple, surprenante, mais oh combien poignante, entre roman réaliste et conte traditionnel.
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Il s'agit la de ma première rencontre avec Selma Lagerlöf et j'ai bien aimé ce bel hommage d'un père qui aime tant sa fille.
Les chapitres sont courts et le narrateur nous livre ses souvenirs avec pudeur et poésie.
Le lecteur voyage en Suède ou le climat est rude et ou les croyances ont une place très importante.
Pourtant j'ai trouvé l'histoire un peu plate, certains souvenirs m'ont plu, d'autres sont un peu moins intéressants.
Quoiqu'il en soit l'écriture de l'auteure est vraiment agréable a lire et je ne tarderai pas a me lancer dans un autre de ses romans.
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Avec une écriture, à la fois concise et majestueuse, Selma Lagerlöf nous concocte dans L'empereur du Portugal, un magnifique roman, où, à bien voir, il ne se passe pas grand chose, mais il n'y a que l'amour, de l'amour qui s'exprime avec rage et qui détruit aussi avec violence...l'amour d'un père pour sa fille, l'amour de la nature, l'amour des nuits étoilées, l'amour de la met, l'amour du changement.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- Allons, regardez-la, votre petite fille ; n'est-elle pas ce qui s'appelle réussie ? dit-elle.
Et le voilà tenant dans ses mains quelque chose de chaud, de doux, enroulé dans un grand châle. Le châle avait un peu glissé. Jan Andersson aperçut un petit visage fripé et des mains plissées et menues. Il se demandait ce que les femmes se figuraient qu'il allait faire de ce petit paquet, mis dans ses bras par la sage-femme. Mais soudain il reçut un choc si violent que lui-même et l'enfant en furent tout secoués. Le choc ne venait pas du dehors ; cependant Jan Andersson ne se rendait pas compte si, partant du bébé, il venait l'atteindre ou si, au contraire, c'était lui-même qui éprouvait d'abord la secousse et la transmettait à sa petite fille.
Aussitôt son cœur se mit à battre dans sa poitrine - jamais encore il n'avait battu ainsi - et du même coup il n'avait plus froid, ses ennuis, ses soucis s'étaient envolés, il n'était plus fâché non plus, tout était bien.
La seule chose qui le tourmentât encore, c'était ce cœur qui cognait et tapait si fort dans sa poitrine, alors qu'il n'avait ni dansé ni escaladé une montagne abrupte.
[...]
- N'avez-vous jamais auparavant aimé personne assez pour avoir des battements de cœur ? demanda la sage-femme.
- Non, dit Jan.
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Là-haut, les sapins étaient vieux comme le monde et tout chenus. Lorsqu’on les voyait à la lueur de la torche, avec leurs branches couvertes de grosses masses de neige, on ne pouvait s’empêcher de remarquer que plusieurs d’entre eux – qu’on avait toujours pris pour des arbres – étaient en réalité des trolls. Des trolls aux yeux aigus sous leurs blancs chapeaux de neige, aux longues griffes acérées qui perçaient l’épaisseur blanche dont ils étaient couverts. La terreur qu’ils inspiraient était supportable tant qu’ils se tenaient tranquilles, mais songez à ce qui se passerait si l’un d’eux, étendant un bras, allait saisir un des passants ?
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- Ne t'occupe pas de ce que dit le sacristain, fit-elle. Les jeunes ont plus de facilité, les vieux ont plus de fond, voilà ce que je soutiens toujours. [...]
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"Ce n'est pas seulement le jour de la naissance de [ma fille] Claire-Belle, mais c'est aussi le jour de la naissance de mon coeur."
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Le soleil venait de se coucher, rouge comme braise, et il avait laissé assez de couleur pour teindre toute la voûte du ciel qui devenait rose pâle, non seulement dans le coin où venait de disparaître le globe incandescent, mais sur toute son étendue. En même temps, l’eau du lac Duvsjœ s’assombrissait et prenait l’aspect d’une glace sans tain sous les montagnes escarpées qui l’encadraient, et sur cet espace noir couraient des traînées de sang vermeil et d’or luisant.
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Videos de Selma Lagerlöf (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Selma Lagerlöf
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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