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Critiques de Sándor Márai (470)
L'Héritage d'Esther

J’ai découvert cet auteur que je ne connaissais que vaguement de nom et ai été conquise par son écriture et son univers qui m’ont semblé proches de ceux de Zweig mais sur cette première expérience peut être moins fine et subtile... néanmoins je file chez Emmaus trouver d’autres ouvrages. C’est un livre bref, écrit comme une lame, auquel je pense toujours.... et je continue à ne pas comprendre le choix d’Esther...
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Les Confessions d'un bourgeois

J’avais déjà lu plusieurs pages des Confessions d’un bourgeois, et puis quelque chose m’a fait revenir au début pour vérifier la date de parution. 1934. Sándor Márai avait 34 ans lorsque parurent ses Confessions, mais ce n’est pas du tout l’impression qu’elles donnent au fil de la lecture. Au contraire, ce texte pourrait aisément être celui d’un homme à la barbe grisonnante évoquant avec nostalgie, du fond de son fauteuil près de la cheminée, le monde de sa lointaine jeunesse. Un homme tout droit tiré des Braises. Aujourd’hui, alors que nous savons le peu de temps entre la parution du livre et l’éclatement d’une seconde guerre mondiale encore plus destructrice que la première, ces Confessions résonnent en effet un peu comme un « au revoir » à un monde disparu, mais on peut se demander si c’était déjà le cas au moment de la parution du livre.
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La Conversation de Bolzano

A la suite de la lecture commune de "La conversation de Bolzano", de Sándor Márai, Athalie et moi nous sommes mutuellement interviewées...



(Attention, si vous n'avez pas lu ce roman, mes réponses aux cinquième et dernière questions comportent des spoilers...)





Aurais-tu aimé rencontrer ce Casanova ? Pourquoi ?



Oui, parce que l'auteur dépasse l'image de séducteur que l'on associe au personnage, pour en faire un Casanova "sur le retour", dont le corps révèle ses premières trahisons, qui réalise l'ampleur de sa solitude... Il incise ainsi la brillante carapace du mythe, le ramène à son statut d'homme, et le rend à la fois intéressant et touchant.



J'ai d'ailleurs trouvé son choix plutôt malin : en faisant de Casanova son héros, il met d'emblée le lecteur dans un certain état d'esprit -on s'attend de la part du personnage à certaines postures-, pour déconstruire ensuite cette première image qu'il lui a mise en tête...





Comment t'es-venue l'idée de lire ce livre ?



J'ai lu d'autres titres de Sándor Márai, qui m'ont tous plu, malgré leurs différences -ou grâce à elles, d'ailleurs- et "La conversation de Bolzano" faisait partie de ceux que m'ont conseillé plusieurs blogueurs... ta proposition de LC -tu le sais, je ne te refuse jamais rien, parce que tu as toujours de bonnes idées-, a fait le reste ! Sans cela, je ne me serais sans doute pas tournée spontanément vers ce titre, dont la thématique ne m'attirait pas vraiment...





Si tu devais résumer l’histoire en trois phrases ?



Casanova vient de s'échapper, en compagnie d'un moine défroqué, des Plombs -la prison- de Venise, où, au nom de l'honneur et de la vertu, il était incarcéré pour cause de mœurs dissolues. Lors d'une halte à Bolzano, il reçoit la visite de Francesca, une femme qu'il a jadis séduite, puis celle du vieux comte auquel elle est mariée, qui lui propose un étrange marché...





Que penses-tu du personnage principal ?



Avant de pénétrer son intimité, nous le voyons comme quelqu'un qui suscite chez ceux qui l'approchent ou le côtoient des sentiments ambivalents, entre horreur et fascination. Et comme tous ceux qui sont entourés d'une aura de légende, il est même l'objet d'une certaine obsession -qui se fait chez les femmes un peu fiévreuse- alimentée par la rumeur et les fantasmes liés à sa réputation d'homme libre et jouisseur, refusant de se soumettre à toute autorité politique ou morale. Et le récit conforte dans un premier temps cette image, en mettant en scène sa faconde et son emphase, sa propension à l'emportement, qui se traduit par des emballements verbaux un peu présomptueux.



Assez vite, l'image se ternit un peu, à l'évocation de son physique vieillissant et peu avantageux, de ses dents jaunies, de sa mauvaise haleine. On le trouve alors un peu ridicule, pathétique, on se dit que son soi-disant charisme n'est en effet qu'un mythe, qu'il est surestimé, comme le démontre d'ailleurs sa tentative de séduction avec la première servante venue...



Et puis, Sándor Márai s'aventure au-delà des apparences, délaisse le mythe pour mettre au jour les failles de son personnage, auquel il rend ainsi une certaine beauté, mais auquel il donne surtout une réelle consistance. On découvre ainsi, sous l'orgueilleuse exubérance, la peur et l’écœurement, qui surviennent par crises, parce qu'il prend conscience de la vacuité de son existence. C'est en réalité un homme tiraillé entre sa soif d'aventure et de tumulte, sa quête de sensations et de défis qui le portent vers des plaisirs fugitifs, sans cesse renouvelés, et son rêve refoulé car inatteignable d'absolu, que concrétiserait un amour complètement désintéressé, un don total de soi sans aucune attente en retour.





Quelle est la plus grande qualité de ce livre ?



L'écriture de Márai, sans hésiter. Notamment ces longs dialogues dans lesquels il parvient à mêler fougue et profondeur.



J'ai aussi particulièrement aimé la toute dernière partie du roman. Avant d'y parvenir, le personnage de Francesca nous livre une belle déclaration d'amour, portée par l'abnégation d'une femme qui offre tout à celui qu'elle aime, prête à s'oublier elle-même, à renier ses propres désirs pour permettre à l'autre d'assouvir les siens, et de jouir d'une liberté totale... Il ne s'agit pourtant pas, selon moi, de la plus belle des déclarations d'amour exprimée dans "La conversation de Bolzano". Car tout donner à l'autre ne revient-il pas à le lier, à le rendre responsable de ce à quoi on a renoncé ? La plus belle n'est-elle pas celle, ultime et silencieuse, de Casanova, qui, conscient de ce qui lui offre Francesca (et qui répond à son secret désir d'absolu), tait son propre amour pour la sauver de lui-même ? Parce qu'il est conscient qu'il ne saurait la rendre heureuse, il renonce à elle, la libérant d'un avenir qui la rendrait prisonnière de sa promesse, contrainte de subir la nature aventureuse de Casanova aux dépens de son propre épanouissement.





Quel est son plus grand défaut ?



Je ne lui ai pas trouvé de réels défauts, mais si je devais exprimer un bémol, je dirais que certains passages m'ont paru un peu trop bavards...





A-t-il des points communs avec les autres titres que tu as lus de cet auteur ?



Oui, on retrouve dans "Les braises" et dans "L'héritage d'Esther" ces longs dialogues sous forme de confrontations, qui sont à chaque fois pour l'auteur l'occasion de décortiquer les mécanismes qui déterminent les relations entre ses personnages, d'exhumer les tensions et les rancunes qu'ils nourrissent l'un vis-à-vis de l'autre.





Combien de mails ont été nécessaires pour la publication de cette note peu commune ?



Je ne sais plus ! On l'a initiée il y a maintenant plusieurs semaines, les vacances sont passées par là, et comme nos mails sont autant l'occasion de se donner des nouvelles -de nos enfants, de nos chats, de nos lectures en cours- que d'évoquer l'organisation de la LC... mais c'est, je crois, le choix de la forme sous laquelle nous allions présenter cette LC qui a nécessité le plus d'échanges, non ?





Aurais-tu aimé être Francesca ?



Au moment où s'achève le roman, non. Elle est rejetée par celui qu'elle aime après lui avoir offert jusqu'au reniement d'elle-même... mais bon, elle est jeune, son riche époux est sur le point de mourir, et Casanova l'a en réalité empêchée de s'engager dans une relation qui aurait fini par lui être toxique : son avenir ne s'annonce pas si mal !...


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Métamorphoses d'un mariage

Le destin croisé de plusieurs personnages : Péter, le mari grand-bourgeois ; Ilonka, son épouse ; Judit la bonne, d'origine modeste, qui patiente longtemps et devient la seconde épouse ; deux amants de Judit , un écrivain, Lazar, ancien ami du mari, et enfin Ede, un musicien.

Le roman est le quadruple récit successif de leur histoire, de leur vérité, par Peter, Ilonka, Judit et accessoirement Ede.

Finesse psychologique, description précise de la bourgeoisie hongroise, un roman dense, profond, mais qui, néanmoins, s'essouffle sur la fin.

500 pages. Les 250 premières pages sont intéressantes, constituées des récits de Ilonka, Péter et Lazar, personnages consistants, réfléchis, cohérents. Les 250 pages suivantes abordent en détail le mode de vie bourgeois et, principalement, le personnage de Judit. Or la Judit du début, en bonne, n'est pas la même une fois mariée. Elle a des comportements étranges, condamnables, elle simule, manipule..., lutte contre ses deux démons, à savoir son rapport à l'argent et ses origines modestes. Cette Judit intrigue au début du roman, on lui attribue des qualités nobles, dignes d'une héroïne, mais elle déçoit vite par sa mesquinerie et son manque d'envergure, encore plus quand on la retrouve avec son amant musicien.



Donc, impression mitigée au final malgré de très intéressantes réflexions sur la solitude, l'amour, la conjugalité, les rapports homme-femme, le mode de vie bourgeois. Voir les citations.

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Le Premier Amour

Le premier amour de Sándor Márai, auteur hongrois, met en scène un professeur de latin de 54 ans de province, en fin de carrière. Gáspár, surnommé «le Morse» par ses étudiants, raconte dans son journal intime ses journées. L’écriture lui permet de décrire la nature, d’exprimer ses émotions, de meubler son silence, d’apaiser sa souffrance intérieure, d’aller à la rencontre de l’incommensurable vide de son existence. Dans la première partie, il relate ses journées dans une vieille station thermale à Tátra, à 3 heures de train rapide de la ville de Z*, l’endroit où il vit. Il se retrouve dans ce lieu car il a besoin de se reposer puisqu’ il est fatigué et un rien l’énerve. Il rencontre un autre résident, Timár, qui lui recommande d’aimer quelqu’un pour trouver un sens à son existence…



Il faut aimer quelqu’un, a-t-il repris plus tard de sa voix éraillée, sur un ton presque confidentiel, comme pour lui-même. Chaque existence se fracasse au moins une fois. Oui, chaque vie. Il faut oser aimer quelqu’un pour éviter ça, sinon, rien ne vaut la peine d’être vécu. Aimer les femmes, c’est ce qui nous est donné de plus simple. (p. 93)



Dans la seconde partie, le professeur retourne chez lui et il décrit le quotidien de sa classe, le vieillissement de sa gouvernante, la solitude qu’il ressent dans la petite ville malgré la présence de ses collègues et des autres villageois. Il attend quelque chose, quelqu’un, mais quoi, mais qui? Est-ce la mort? Il ne le sait pas. Peu à peu, il apparaît obsédé par une élève, Cserey, au point tel qu’il devient méchant avec un autre élève de son groupe, le petit ami de la belle étudiante. Son amour pour sa jeune élève est son premier, le seul, celui qui le fait souffrir, celui qui lui permet de trouver un sens à sa vie. C’est un amour atypique, un amour inaccessible, un amour irréaliste, un amour qui ne peut voir le jour.



Timár avait raison : il faut aimer quelqu’un- cette expression est peut-être trop forte, il suffit de trouver quelqu’un de suffisamment sympathique pour donner soudain plus de sens au quotidien. Cette sensation de vide, si lourde, si pénible, a disparu. Le matin, je me réveille de bonne humeur, je sens que la journée a un but, comme s’il fallait régler une affaire ou comme si on avait la perspective d’une visite agréable.

Je suis content quand je vois Cserey. (p. 232)



J’ai bien aimé cette histoire d’un homme mûr découvrant l’amour pour la première fois. C’est triste, c’est déroutant, c’est dérangeant car cet amour se transforme en passion démesurée.

De plus, j’ai été un peu bouleversée par l’attente associée à l’espoir pour le narrateur. Cette attente s’avère présente pour contrecarrer la mort qui se profile au bout du chemin. Progressivement, l’espoir engendré par cette attente amène le professeur de latin à basculer dans la folie. La fin du roman apparaît dérangeante puisqu’elle laisse toute la liberté au lecteur de l’imaginer.

Je suis bien heureuse d’avoir découvert la plume de Sándor Márai par le biais de cette histoire. C’est profond, c’est sombre, c’est la vie, la vie parfois.



Qu’est-ce que nous, les êtres humains, comprenons les uns aux autres? Rien. Nous ne savons même pas ce que nous sommes. Tout est différent de ce que nous croyons, entièrement différent. (p. 242)



Bien à vous.



https://madamelit.ca/2018/04/06/madame-lit-le-premier-amour/


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Dernier jour à Budapest

Décidément, le style de Sandor Marai ne me convient pas du tout. Je n'aime pas ses phrases trop longues à mon goût. Mes pensées s'évadent. Je ne parviens pas à fixer mon attention sur ce qui est écrit ou alors à tellement petites touches que je ne comprends rien. Fort heureusement, ce livre m'a été prêté par une participante de mon groupe de lecture qui connaît mon goût pour la Hongrie. Mis à part quelques souvenirs heureux en lisant certains noms de lieux et d'écrivains, c'est comme si mon encéphalogramme était totalement plat quand je me plonge dans des pages rédigées par Sandot Marai. Je préfère poursuivre mon chemin littéraire avec Magda Szabo qui me raconte une histoire.
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Les braises



Ce roman m'a intéressé dans la première partie. Deux hommes âgés se retrouvent après que l'un d'eux ait disparu depuis très longtemps. Ils ont été les meilleurs amis du monde. On apprend qu'il y a eu une femme, Christine, décédée depuis longtemps.

Tout va s'éclaircir dans le seconde partie qui est une conversation entre les deux hommes. Ils évoquent leur passé. C'est surtout l'un d'eux qui parle.

Cette conversation nous permettra e comprendre ce qui s'est joué entre eux dans le passé.

J'ai trouvé cette conversation longue. L'homme qui parle le plus se répète beaucoup, revient sur chaque point à plusieur reprises.

J'ai fini par lire cette partie en diagonale. Et je suis allé au bout car le bouquin est court.

J'avais lu "Autopsie d'un mariage" du même auteur que j'avais aimé. Mais là c'est une déception.
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Les mouettes

Les Mouettes c’est du pur Márai avec une brillante confrontation entre deux personnages et un récit dans un espace restreint, un peu comme une pièce de théâtre : le bureau d’un haut fonctionnaire, l’Opéra de Budapest et la résidence du haut fonctionnaire.



Une jeune et belle femme arrive au ministère solliciter un visa de séjour et de travail à Budapest.La jeune femme est finlandaise, elle s’appelle Aino Laine et parle plusieurs langues, elle est d’origine finno-ougrienne comme le fonctionnaire, elle a traversé l’Europe pour arriver jusqu’à Budapest…mais surtout elle est le sosie d’une autre jeune femme, Ilona, que le fonctionnaire a aimé naguère bien qu’elle ne l’ait pas aimé. C’est une jeune femme assez énigmatique qui a vécu des expériences et dont la motivation n’est pas clairement exprimée.



C’est un moment crucial pour la Hongrie car sous peu elle va rentrer en guerre et tout va basculer. Le fonctionnaire est très conscient de son importance dans la rédaction de documents en ce moment historique pour son pays et cette jeune femme surgit à un moment de grande tension.



Ainsi, par une froide et neigeuse journée suivie d’une nuit en huis clos, cet homme et cette femme intrigués l’un par l’autre, vont entamer un face à face et parler jusqu’à plus soif dans un questionnement universel de l’humain : leur vie, leurs positions face à Dieu, à l’amour, à la mort.



Le fonctionnaire a 45 ans et il sent que sa jeunesse est derrière lui, il se sent déjà vieux et probablement accablé par l’entrée en guerre de la Hongrie, il est obsédé par ses souvenirs. Curieusement ce personnage a le même âge que Márai puisque l’écrivain, né en 1900, devait avoir 42 ans lors de l’écriture de ce roman…comment ne pas coucher sur le papier toutes ses angoisses, ses doutes, son stress vis-à-vis du cataclysme qui se préparait.



Le titre Les mouettes est expliqué page 42 : …elles s’envolent, mues par des incitations obscures ou des informations mystérieuses, on dirait que quelque chose leur vient à l’esprit ou que quelqu’un leur souffle une nouvelle concernant la vie, la nourriture, les événements. Elles prennent leur envol par groupes de trois, quatre, leurs battements d’ailes effleurent la surface de la rambarde et elles tournoient en l’air. Elles crient et descendent en chute libre comme des suicidées. Et page 89…oui, comme les mouettes qui atterrissent ici, guidées par leur instinct qui les emmène du Nord dans cette direction parce que, dans leur lutte pour la vie, elles espèrent y trouver les conditions atmosphériques et la subsistance dont elles ont besoin. Ce n’est pas une expérience banale, ordinaire…C’est Aino Laine, la mouette, qui cherche à survivre.



Le roman est assez flou, mystérieux, l’ambiance est hypnotique et par moments onirique, le style est assez littéraire et élégant.
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Les mouettes

Un haut fonctionnaire d’un ministère hongrois reçoit une étrange visite, tandis qu’il est en train de préparer un communiqué qui va probablement bouleverser la vie de ses compatriotes. Nous sommes à Budapest dans les années 30, et on imagine que ce communiqué va avoir son importance. Cet homme a quarante-cinq ans et il pense un jour, la guerre sera terminée. Et alors, je ne serai plus un jeune homme. » On ne saura jamais son nom.



Il devrait rentrer chez lui à cette heure-là, mais au même moment une femme est en route pour le rencontrer. Elle sait qu’elle est une très belle femme. Elle demande à être reçue, laisse sa carte de visite au majordome, qui transmet au haut fonctionnaire.

Celui-ci consent à recevoir la jeune femme – et subit un choc profond.

« On dirait que dans le monde, les spectres ne rôdent pas que dans la nuit. » se dit-il. « Ils viennent aussi le matin, dans la lumière éclatante de midi. »



La visiteuse est étrangère. Elle est finlandaise, mais l’homme lui trouve plutôt un air suédois. Son nom est Aino Laine, qui en finnois peut se traduire par « Unique Vague ». Ce qu’elle vient lui demander est simplement un appui pour un visa, un permis de séjour, la possibilité de travailler en Hongrie : elle est professeur, et parle français et anglais également.



La raison du choc éprouvé par le haut fonctionnaire tient au fait que Aino Laine, « Unique Vague », ressemble trait pour trait à la femme qu’il a aimée – et qui s’est suicidée peu de temps auparavant. Les deux silhouettes se superposent devant ses yeux et embrouillent son esprit.

Est-ce un hasard, un signe, ou même la main de Dieu qui a conduit cette finnoise auprès de lui ?



Commence alors le récit des quelques heures que cet homme et cette femme vont passer ensemble : il l’invite en fin de journée pour une soirée à l’Opéra, et ils auront ensuite une longue discussion qui les conduira jusqu’au petit matin.



L’homme, qui entre temps faire revivre sa bien-aimée, aura compris à la fois les raisons de son geste – elle aimait également un autre homme, brillant scientifique, passionné par ses recherches au point d’exclure toute présence féminine à ses côtés – mais aussi les fils mystérieux tissés en secret entre lui, la femme aimée, le chimiste passionné, et la belle Aino Laine qui ne savait rien de tout cela.

Une nuit unique – comme la vague qui donne son nom à la jeune femme – au cours de laquelle les tourments de cet homme se liront à livre ouvert.



Avec une très belle métaphore, celle des mouettes, que l’on peut voir sur le pont entre Buda et Pest, Sandor Marai file l’idée qu’un vent mystérieux pousse les êtres les uns vers les autres et vers leur destin.



Ecrit en 1943, un an après Les Braises, et d’un style au charme suranné, ce roman parle, avec beaucoup de subtilité, d’une époque qui voit le monde se décomposer pour en laisser apparaître un autre, dans lequel on peut déjà lire les prémisses de la mondialisation.



« Dis-moi, mon cœur, est-ce cela l’amour ? » Cette question simple et diabolique plane sur le récit, rejoignant ainsi, comme s’il en était un mystérieux aïeul, la préoccupation d’une Alice Zeniter quelque soixante-dix ans plus tard, dans son Triste dimanche, révélé également par l’éditeur Albin Michel.



Avec une réflexion finale en forme de clin d’œil sur la littérature, qui, dit le personnage de haut fonctionnaire, ne pourrait jamais traiter d’une histoire aussi mystérieuse.

Notre grand auteur hongrois démontre que c’est pourtant possible, et avec beaucoup de doigté.


Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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La Nuit du bûcher

. Il s’agit d’un roman très bien documenté, pas du tout romanesque où le héros évolue parmi des gens d’église. Si vous vous intéressez à l’histoire de l’Europe au 16e siècle, ce livre vous passionnera. Personnellement, j’ai apprécié de pouvoir observer l’inquiétude fondamentale des hommes du 16es : le salut de l’âme (la leur et celle des autres) et cette manie intemporelle de croire que l’on détient la vérité absolue qu’il faut imposer aux autres pour leur bien.
Lien : https://chrisylitterature.jo..
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Les braises

C’est tellement frustrant d’avoir l’impression de ne pas avoir apprécié un livre à sa juste valeur ! Car de la valeur, ce roman, court mais d’une densité incroyable, en a, sans aucun doute. C’est juste que mon emploi du temps ne m’a permis de lire que le soir et que le niveau d’attention requis pour cette lecture était un peu trop élevé pour cette heure de la journée…



A elle seule, l’écriture vaut le détour – une vraie pépite littéraire. On ressent pleinement l’atmosphère confinée, à la fois intime et tendue, dans cette salle à manger d’un manoir, vestige de l’Empire austro-hongrois.

Si ce roman est dense, c’est parce qu’il est en grande partie constitué du dialogue entre deux meilleurs amis qui se retrouvent après 40 ans de séparation, l’un étant bien décidé à demander des comptes à l’autre… Il en résulte des circonvolutions, des digressions, des hésitations… pleines de sens, mais qui alourdissent un peu le récit, tout en lui conférant un charme certain.



Ce roman a tout d’un grand classique, c’est presque étonnant qu’il ne soit pas plus connu ! Il traite de thèmes universels, l’amitié, la trahison, les non-dits, dans une langue ciselée et harmonieuse… Que demander de plus ?

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La Nuit du bûcher

Témoignage glaçant sur le rôle de l'Inquisition, cette volonté forcenée de faire le salut de l'individu malgré lui, cette idée fixe que le catholicisme est la seule vérité, avec une espèce de "bonne foi" désarmante (enfin pas tout à fait !). Et ce doute qui grandit pour une minorité : rien ne sert d'exterminer les hérétiques, il restera toujours quelqu'un pour penser librement. Un bémol quant à la forme : pour une lettre, c'est vraiment long, d'autant qu'il n'y a pas de chapitres.
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L'Héritage d'Esther

Un livre très court, mais indescriptiblement envoutant... c'est comme dans un rêve que l'on tourne ces pages.

C'est quelque chose de profondément intime, que ces souvenirs brumeux qui remontent au cours de cette soirée. Cette soirée ou tout semble se rejouer, mais trop tard, comme un rideau qui se relèverait pour la dernière fois, les acteurs jouant devant des fauteuils désertés.

Un parfum de fatalité, de regret, de vie gâchée.



Un beau roman, une magnifique découverte.
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La Nuit du bûcher

Quoiqu' écrit en 1974, ce livre de Sandor Maraï reste d'une actualité brûlante. Le narrateur, un petit moine d'Avila, part s'enquérir des méthodes utilisées par les Inquisiteurs romains. Il assiste, ce faisant, au supplice de Giordano Bruno, brûlé vif pour avoir dénoncé la corruption du Pouvoir. Un prétexte pour nous faire toucher du doigt le poids irrépressible des déterminismes historiques accablant l'humanité, depuis la chasse aux hérétiques et aux sorcières jusqu' aux totalitarismes du XXème siècle... et aux fanatiques de Daech. Ce livre constitue un vibrant plaidoyer en faveur de la connaissance, " seule force capable de surpasser celle de toutes les puissances dans leur volonté d'anéantir la résistance de l'Intelligence" (p.72). Rédigé sous la forme d'une lettre adressée à ses anciens compagnons du Carme d'Avila, pétri de sagesse sociale et pourfendeur des langues de bois, limpide et concis, ce livre bouleversant se lit en un éclair et marque son lecteur.
Lien : http://livrescritique.blog4e..
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Les étrangers

Les étrangers de Sandor Maraïest un livre où le héros n’a qu’un titre, celui de docteur en philosophie. Il est sans identité. Quelle écriture trouver pour parler de l’exil ? C’est la quête de ce roman.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Les braises

Un grand enthousiasme à la lecture de cet ouvrage crépusculaire et déchirant. Le thème de l'Amitié à l’épreuve du temps est bien sûr le pivot de ce roman, mais aussi d'autres thèmes qui me touchent : le vieillissement, la différence des classes, la répulsion qu'exerce la richesse parfois pleine de morgue, le "trio" amoureux, l'importance de l'estime de soi etc. . Mon seul regret - à vrai dire une grosse déception - c'est que l'un des deux protagonistes n'a jamais voix au chapitre, se défend à peine, ne peut présenter "sa" version des faits. Les interventions de Conrad ne dépassent en effet guère chaque fois une ou deux lignes. C'est frustrant ! Et injuste, psychologiquement parlant. A moins que l'auteur n'ait voulu écrire le monologue obsessionnel qui hante un vieillard solitaire... Les deux parties m'ont semblé également un peu bancales : la première essentiellement narrative, composée de chapitres brefs ; la seconde - le dialogue de plus en plus tendu - comportant de longs développement à caractère théâtral. Il manque quelque part une soudure... Mais ce ne sont que scories par rapport à un roman d'une densité magnifique qui a été hier mon plus beau cadeau de Noël !
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Les mouettes

Mystère du hasard qui révèle les liens invisibles qui unissent les personnes.
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Métamorphoses d'un mariage

Il était une fois l'histoire d'un homme et d'une femme qui se rencontrèrent, s'aimerent et s'épousèrent. Nous sommes à Budapest dans un milieu bourgeois, dont on ne peut pas dire quil soit particulièrement ouvert. Sandor Marai dans une langue toujours aussi sublime, va peindre le tableau de ce couple qui va devenir victime de son propre mariage.





... ce sentiment de familiarité tout ensemble émouvant et banal, exaltant et terrifiant, vulgaire et ennuyeux que vous procure la proximité du corps et de l'âme de l'homme avec lequel on vit et au sujet duquel on croit tout savoir... jusqu'au jour où l'on s'aperçoit que l'on ne sait rien.



La cause de mon échec réside précisément dans ce que je viens de te dire. Je n'ai pas été assez courageux pour accepter la tendresse de cette femme qui m'aimait, je l'ai aussi un peu méprisée à cause de ses gouts, de sa manière de vivre qui n'étaient pas les miens, mais ceux de la petite bourgeoisie.



Mais j'ai fini par comprendre que ces fantaisies se nourrissaient à une source plus profonde, une source à laquelle je n'avais pas accès - celle de la pauvreté.



Le tableau va être fait avec le regard de l'homme, de sa femme, et enfin celui de la maîtresse. La divergence des points de vue explique comment ce ne sont pas les personnages qui vont se métamorphoser, mais bien le mariage qui va prendre une autre forme. Le récit de chacun des protagonistes devient une peinture psychologique et sociologique, que chacun comprend, même si on est dans une autre époque, un autre milieu. L'écriture de Sandor Marai a toujours cette beauté classique et limpide.



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Métamorphoses d'un mariage

extraordinaire
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La soeur

Sur fond de guerre mondiale, le destin d’un seul individu se détache de la réalité environnante. Dans ce milieu médical, où tout appelle à la guérison, Z. lutte contre la douleur qui l’assaille. On plonge de ce fait au plus profond de l’être, de l’âme du musicien. La passion amoureuse dévorante est-elle l’origine de ces tourments ou leur remède ? Torturé, torturant, le roman de Sándor Márai, comme le récit d’un corps errant, se fait captivant et inquiétant. On suit la courbe des sensations du compositeur en proie aux supplices de son corps et de son esprit. Mais plus encore, au travers de l’artiste, on la suit elle. La sœur, la maladie, comme un fil rouge. D’ombre à personnage principal, elle devient le symbole d’une absolution douloureuse. Chaque instant est alors fragmenté, chaque sentiment décrit minutieusement. De cette mise en abyme remarquable, du cheminement de la torpeur à la clarté, l’auteur ici nous livre une réflexion contemplative sur les élans du corps, l’impuissance mais aussi l’espoir vibrant.
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