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Critiques de Sophie Divry (667)
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Trois fois la fin du monde

Une histoire intéressante : le parcours de Joseph qui rien ne prédestinait à cette vie. Il se retrouve en prison après un braquage catastrophique, dès son arrivée en prison comme primaire (première fois en prison) il apprend à ses dépens les codes de la vie en prison. Puis il s'évade par un concours de circonstances improbables et débute sa nouvelle vie loin de tout et de tout le monde dans la zone interdite . Une vie d'ermite, proche de la nature et des quelques animaux qui ont survécu.

J'ai bien aimé les différents apprentissages de Joseph à travers ses multiples parcours de vies, ses doutes, ses désespoirs, ses joies, ses réactions pour sa survie.

Le roman porte très bien son titre. Pour ma part, le dernier tiers du livre s'essouffle un peu malgré une dernière remise en question bien trouvée, et la fin sans plus.
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Rouvrir le roman

Rouvrir le roman , lui redonner ses lettres de noblesse, le ré-inventer et le défendre dans une société où tout va vite et tous les objets sont faits pour être dépassés.



L'idée de départ de cet essai était bien sûr passionnant pour n'importe quel livriovore.

Beaucoup d'idées qui sont développées sont intéressantes. Mais alors, je dois avoir un problème avec Sophie Divry lorsque je compare ma lecture avec l'engouement qu'il a suscité chez les autres lecteurs. Le style.... quelle galère ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

Vraiment ce style qui donne l'impression qu'elle s'est regardé écrire a rendu cette lecture assez laborieuse.

Sans doute est-ce un esprit très français, car lorsque Neil Gaiman (par exemple) défend la lecture on est dans quelque chose de très digeste, de passionné.

Alors qu'ici j'ai trouvé parfois que l'auteur coupait les cheveux en quatre.



Toutefois, il faut bien le dire, c'est réconfortant de voir les écrivains défendre cette institution qui les dépasse.



Merci aux éditions Notabilia et à Babelio pour cette Masse Critique.
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Quand le diable sortit de la salle de bains

Ce livre, on ne me l'a pas offert : j'en ai lu des critiques sur Babelio et je l'ai....acheté ! Non sans en avoir parcouru quelques pages probatoires, calée dans un fauteuil de notre excellente librairie.

Ce livre, c'est le choc du fond et de la forme (quelle horreur, cette opposition !). Le chômage est un sujet profondément déprimant qui aurait pu donner lieu à une peinture sociale triste et consciencieuse, mais, miracle, Sophie Divry qui semble pourtant connaitre parfaitement les situations de manque d'argent, de faim tenaillante et de tracasseries administratives, en fait un livre plein de verve, totalement jouissif, libéré, débridé, où la fantaisie graphique et de mise en page appuie l'imagination et l'invention verbale, et où les tons adoptés, entre parodie, humour, satire, conte, lyrisme même, renouvellent constamment l'intérêt !

Alors que tout est fait pour donner l'impression d'un livre "pas sérieux" où l'auteur se défoule et envoie valser toutes les contraintes imposées par les normes sociales et littéraires, on n'a jamais aussi bien parlé de l'angoisse du chômeur devant les labyrinthes administratifs, de la faim qui rend hypersensible à l'injustice du monde : "elle était comme un diapason qui résonnait de tous les malheurs du monde, puisqu'elle avait tout supprimé, l'espoir comme l'avenir, la chaleur comme le désir, il ne restait que l'offense et l'indignité, d'obscènes déclarations télévisées prononcées par d'obscènes gens de pouvoir" ou encore de notre société de vieux et de papy-boomers qui écrase et aliène les générations plus jeunes, inférieures en nombre...

Une auteure surdouée, des clins d'œil appuyés à Laurence Sterne (qui lui aussi jouait des codes graphiques !) et à Diderot, une inventivité et un don d'écriture exceptionnels, un jaillissement qui frôle parfois le rap (la mélodie verbale des listes se fait parfois un peu longue quand l'absurde l'emporte), bref, un livre peut-être foutraque, peut-être génial (dans toutes acceptions du terme), un bel objet de surcroît, donc à marquer d'une pierre blanche malgré sa rouge couverture diabolique !
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La condition pavillonnaire

Tâche ardue que de faire la critique de La condition pavillonnaire ! Ce roman, que l’on pourrait presque de qualifier de « documentaire », avec son écriture minimaliste et objective, consiste à retracer le parcours d’une vie, celle de M.-A., de son enfance à l'aboutissement de sa vie d'adulte.



Si la narration est rendue de manière originale, à la deuxième personne du singulier, son sujet lui est tout ce qu’il y a de plus banal. Ici, pas de grand destin extraordinaire, pas de grandes ambitions mais la vie classique d’une anonyme. Après une enfance et une scolarité normales dans une petite ville de campagne, la découverte et les émois de la vie estudiantine, M.-A. rencontre celui qui deviendra son mari et avec lequel elle vivra une vie tracée par d’autres avant elle : le premier emploi, l’achat d’une maison, le mariage (car le concubinage à l’époque « ne se faisait pas »), l’irruption des enfants… et puis quoi ? Le ronron d’une vie bien huilée, sans surprises et dans laquelle M.-A. finit par terriblement s’ennuyer. Et c’est là qu’elle se rend compte, même si elle le soupçonnait déjà un peu, de la banalité de sa vie, et des autres chemins de vie qu’elle aurait pu emprunter mais qui ne resteront jamais que des fantasmes…



Sophie Divry décrit avec beaucoup de talent les moindres recoins d’une vie confortable (peut-être trop), sans aspérités, dans laquelle nombre de personnes pourront se reconnaître. Son écriture, qui s’est faite volontairement neutre, impersonnelle, pour traduire la banalité et la vacuité d’une vie de femme, est très fluide et plutôt agréable à lire. Mais cette objectivité stylistique m’a fait rester en dehors de l’ouvrage, et j’ai eu du mal à ressentir une quelconque émotion pour M.-A. (ou alors une vague irritation à son égard : si elle est si insatisfaite de sa vie, pourquoi ne fait-elle rien pour la changer ?), même si j’ai fini, à mon tour et à ma grande surprise, par être atteinte par cet ennui et à m’en sentir un peu oppressée. L’ouvrage m’a fait ainsi, malgré moi, impression même si je ne pourrais pas dire pour autant que je l’ai aimé. Et c’est pour ces contradictions, le goût douceâtre que La condition pavillonnaire m’a laissé dans la bouche, que je remercie Les éditions Noir sur Blanc et Babélio pour cette lecture.

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Fantastique histoire d'amour

"Fantastique histoire d'amour" est un roman noir original à l'humour truculent irrésistible !



Mais, même s'il s'inspire des codes de la série et du thriller, c'est aussi une histoire d’amour intrigante grâce à l'atmosphère fantastique qui bouscule le genre policier : une rencontre inattendue entre un homme, vaguement catholique et passablement alcoolique, et une femme, orpheline et fière, qui a érigé son indépendance en muraille.



Sophie Divry est née à Montpellier en 1979 et vit actuellement à Lyon. Elle a reçu la mention spéciale du prix Wepler pour "La Condition pavillonnaire" et le prix de la Page 111 pour "Trois fois la fin du monde". "Fantastique Histoire d’amour" est son septième roman. Avec sensibilité, elle allie l’art du récit et une exploration de nos sociétés contemporaines.



Bastien, inspecteur du travail à Lyon, est amené à enquêter sur un accident : un ouvrier employé dans une usine de traitement des déchets est mort broyé dans une compacteuse.



Maïa, journaliste scientifique, se rend au Cern, le prestigieux centre de recherche nucléaire à Genève, pour écrire un article sur le cristal scintillateur, un nouveau matériau dont les propriétés déconcertent ses inventeurs.



Bastien apprend que l’accident est en réalité un homicide. Maïa, elle, découvre que l’expérience a mal tourné. Sa tante, physicienne dans la grande institution suisse, lui demande de l’aider à se débarrasser de ce cristal devenu toxique.



Je remercie les @Editionsduseuil et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir cette autrice que je continuerai à suivre.



La structure narrative de ce roman noir addictif est vraiment bien maitrisée car la tension est constante et va crescendo au fil des pages : malgré ses 500 pages, il est difficile de lâcher l'intrigue avant son dénouement.



J'ai beaucoup aimé l'atmosphère fantastique et le ton ironique qui rendent la lecture très agréable. Le scénario original est plein de rebondissements et de fausses pistes, ce qui permet de ménager le suspense jusqu'à la fin.



Dans la première partie, l'analyse psychologique des personnages est bien détaillée dévoilant les failles de Bastien et Maïa, deux célibataires en manque d'affection essayant de combler leur vide existentiel par l'alcool, pour le premier, et par les coups d'un soir, pour la seconde.



Dans la seconde partie, ces deux personnages vont être amenés à se rencontrer par un curieux concours de circonstances qui va les lier l'un à l'autre à jamais.



L'humour est omniprésent et les portraits caricaturaux des personnages principaux et secondaires sont vraiment truculents car non dénués de caractère. Une romance fabuleuse dans une atmosphère mystérieuse qui m'a fait passer un très bon moment !

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Trois fois la fin du monde

Les flics ont tué son frère, ils l’ont tué devant une bijouterie, il sait qu’il va en prendre pour vingt ans pour complicité. Son frère était son dernier lien, sa dernière famille. S’accroupir au-dessus d’un miroir pour la fouille. Une odeur de fruits pourris, d’eaux usées, de viande avariée, la sueur de centaines d’hommes mal lavés, les insultes, les hurlements, les bruits de serrure, le cliquetis des gamelles. Ils sont six dans une cellule de douze mètres carrés, les murs sont noirs de crasse et de graffitis. Joseph a envie de tuer, de frapper, de mourir.



Il suffit d’une explosion, la moitié de l’Europe irradiée, une partie de la France évacuée. La catastrophe lui a permis de s’enfuir de la prison, Joseph se retrouve seul, dans la zone touchée par les radiations. Il va falloir survivre.



J’ai beaucoup aimé la façon dont Sophie Divry arrive à passer d’une écriture dure et violente qui décrit parfaitement l’univers glauque du monde carcéral au paysage certes désolé, mais magnifique du causse, que Joseph va peu à peu apprivoiser, l’écriture se fait alors poésie et c’est magnifique. L’auteure nous fait ressentir avec ses mots, la solitude extrême de cet homme au bord de la folie. Le style est très original puisque c’est Joseph qui parle, qui nous livre ses pensées, ses sentiments. Un homme qui vit d’abord comme un rat qui se terre, sans eau, sans électricité. Il va trouver dans les livres les gestes et les codes pour survivre dans cet environnement. Comme Robinson Crusoé, isolé il va s’accrocher à l’amitié de Chocolat le mouton et Fine la chatte.



J’ai trouvé certains passages remarquables comme lorsque Sophie Divry nous décrit l’explosion de la nature au printemps. « Alors de plus caché de la terre, du plus profond, du plus humble, des millions de graines lancent un cri muet de désir. Toutes, sous l’œil endormi, écartent la pellicule qui les tenait resserrées et déploient en même temps leur volonté opiniâtre de crever le sol. les rayons du soleil répondent à cet appel, tirent et attirent chacune de leurs tiges, les scindent en minuscules langues, en lianes, en feuilles claires, jusqu'à ce qu'elles se répandent enfin à la surface du sol. »



Un livre singulier puisque le lecteur passe brusquement d’une cellule de prison à l’immensité de la nature sauvage. Un homme emprisonné qui souffre de la promiscuité et rêve d’être seul « J'ai tellement envie d'être seul maintenant. Entièrement seul. Le besoin de solitude me torture presque physiquement. Ah, qu'on me donne de l'air, de l'espace. Combien je donnerais pour ne plus voir personne, pour ne plus les entendre, ces hommes, ces détenus, ces corps près du mien, ne plus les voir bouger, combiner, dominer, causer, ne plus les entendre mastiquer, se gratter, ronfler, pisser, et répandre autour de moi toute cette saloperie d'humanité. » et cet homme, suite à une catastrophe va se retrouver dans une solitude absolue.



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La condition pavillonnaire

Changement de tonalité par rapport à ce livre que j'ai lu après le diable sortit de la salle de bains mais qu'elle a publié avant et pour ce roman écrit quelques années auparavant et beaucoup plus sombre, voire désespéré, qui prouve la capacité de l'auteur à se renouveller et proposer un univers différent et tout autant, voire même plus convaincant.



"La condition pavillonnaire" relate la vie d’une femme depuis son enfance jusqu’à sa mort des années 60 à nos jours. Une vie en apparence parfaite avec un mari aimant, des enfants, une belle petite maison. Pourtant, celle que l’on appelle tout au long du livre M.-A. en référence à Emma Bovary, si elle a tout pour être heureuse, s’ennuie profondément. Le temps passe, tous les jours se ressemblent inlassablement. Son insatisfaction est totale et va la pousser à trouver toutes sortes d’exutoires pour échapper au quotidien parmi lesquels l’adultère ou l’humanitaire.



Sorte de relecture moderne de Madame Bovary, le roman prend soin de nous peindre un personnage féminin socialement coincé, psychologiquement insatisfait et surtout, même si elle ne se l'avoue jamais vraiment, terriblement frustrée.



Le gros atout du livre, doté d'une intrigue déjà lue ici et là et d'être écrite à la deuxième personne du singulier qui apporte un trouble, un coté inéluctable au temps qui marque son sceau sur cette destinée ordinaire. Le style d’écriture original, bourré d’incises disposées ça et là renforce l’impression de ces années qui défilent à toute allure et sur lesquelles on n'a finalement peu de prise . ( Après le travail, tu te voyais en train de faire les courses, toute seule à l’hypermarché, passant devant certains rayons sans t’arrêter, reposant le panier avant la caisse, faisant toujours les mêmes gestes, à l’arrivée chemin des Pins, fermer la voiture, chercher tes clefs, ouvrir la porte de la villa. »)



A chaque moment de sa vie, le personnage dissèque son ordinaire qui en définitive est le quotidien de la grande majorité de nos contemporains. Dans le pavillon qu’elle acquiert avec un mari qu'elle n'aime qu'avec raison plus que passion, M.A. rencontra les affres de l’angoisse et de la frustration.



Prise de conscience sur le non-sens de la recherche de son bien-être dans le confort d’une petite vie rangée, analyse froide et pertinente de la routine avec ses tâches répétitives, et ; la nostalgie du passé ; l’envie d’ailleurs et d’une autre vie, d'une vie somme toute profondément ennuyeuse, l'auteur a l'intelligence de mettre ce destin de femme sans destin en parallèle avec l’évolution de la société,et de porter sa réflexion sociétale où où le bonheur à crédit est assez impossible à mettre en place.



Un roman qui peut donner le sentiment d’étouffer comme son héroine le fait entre les quatre murs de son pavillon, mais qui touche intensèment par sa justesse et son intensité
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Quand le diable sortit de la salle de bains

Foutraque, déjanté, Quand le diable sortit de la salle de bain, son dernier roman en date publié à la dernière rentréé littéraire, nous plonge dans la peau de Sophie, une jeune chômeuse qui tente très difficilement de joindre les deux bouts.



Une chômeuse, romancière en devenir, en certitude d'écriture mais il reste à convaincre un éditeur et à vaincre la page blanche et la famille peu convaincue....



Ce qu'on aime dans le roman de Sophie Divry, c’est cet espèce d’humour du désespoir, un peu à la Woody Allen. La vie de Sophie n’est pas franchement rose : elle a faim, elle a froid dans son petit studio mal chauffé, elle vivote comme elle peut et arrive à garder sa capacité à rire de tout cela.



Le roman dit aussi très bien cette honte d’être pauvre et cette fierté à ne rien dire sur la gravité de la situation pour garder la tête haute. L’angoisse vous ronge mais pas question de la partager et de se prendre en pleine face la pitié des autres. Divry parvient aisément à peindre le portrait de cette génération sur-diplômée qui paie au prix fort les rêves auxquels elle n'a pas envie de renoncer.



On regrette un peu un excès d'effets de rhétorique à travers des digressions, ses figures de style, ses longues énumérations dont l'auteur semble abuser, cassant un peu le rythme et l'énergie d'un récit qui reste assez singulier et divertissant à la fois.
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Quand le diable sortit de la salle de bains

Sophie est dans la dèche. Et pas qu’un peu. Chômage, RSA, factures qui s’accumulent, compte en banque au bord du précipice. Pâtes ou riz à tous les repas, aucune sortie possible, aucun loisir, aucun homme dans sa vie en dehors d’Hector, son meilleur ami dans la même situation qu’elle. Pas la joie donc, dans son studio lyonnais de douze mètres carrés, mais elle fait avec. La colère est contenue mais bien présente. Elle narre sa vie au jour le jour, la débrouille, la lutte contre la faim, la pauvreté qui, une fois qu’elle vous est tombée sur le dos, ne vous lâche plus. Elle décrit les méandres kafkaiens de Pôle Emploi, les non-dits face à la famille (pas question de faire pitié, de demander de l’aide, de les entendre la plaindre ou l’enfoncer) et un retour à l’emploi plutôt mouvementé dans le monde de la restauration. Jubilatoire !



Jubilatoire, oui. Parce que le ton n’est pas larmoyant. Il est drôle, enlevé, direct. La précarité n’est certes pas des plus joyeuses mais ici elle est racontée dans une langue explosive, une construction foutraque pleines de digressions potaches, de listes interminables, de néologismes, de prise à partie (ou à témoin) du lecteur, de changement intempestif de typographie, d’interventions d’un diable à la langue bien pendue, j’en passe et des meilleures. Ça pourrait être du grand n’importe quoi, ça devrait être du grand n’importe quoi, et pourtant ça se tient car l’ensemble relève d’une forme d’humour très pointue et très maîtrisée.



D’habitude, ce romanesque débridé n’est pas ma tasse de thé et j’avoue que je suis rentré dans ce texte sur la pointe des pieds. Mais très vite mes réticences sont tombées. Parce qu’au milieu d’une liberté formelle déroutante, le propos n’en reste pas moins pertinent et la description de la dèche particulièrement précise. En gros, c’est cocasse mais lucide. Extrêmement lucide même. L’équilibre semblait impossible à trouver. On marche tout du long sur un fil et j’étais certain d’en tomber à un moment donné. Ce n’est jamais arrivé. La prose se révèle aussi énergique que nerveuse et au final je me suis régalé d’un roman picaresque à souhait.


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Fantastique histoire d'amour

Bastien est inspecteur du travail à Lyon. Il est envoyé sur les lieux d’un accident mortel où un employé de l'entreprise Plastirec a fini broyé dans une compacteuse. Dépressif, il n'arrive pas à se remettre d’une douloureuse rupture et sombre peu à peu dans l' alcoolisme .

Son récit est enchâssé avec celui de Maïa, journaliste scientifique, célibataire et fière de l'être. Toujours à la recherche d' un sujet original qui pourrait sauver son poste , elle est contactée par sa tante, chercheuse au CERN pour l'aider dans une affaire de cristal bleu inquiétant.

Le titre nous laissait penser à une histoire d'amour fleur bleue, il n'en sera rien!

Il y a bien du bleu dans cette histoire mais il concerne un cristal. Il y a bien de l'amour mais pas tout de suite: il y a d'abord de l'action, du suspens et des personnages humains et attachants. Un roman vraiment intéressant, bien écrit et qui casse les codes!

J'ai adoré!
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Fantastique histoire d'amour

Attention, le contenu de ce livre est très addictif !

Bastien, inspecteur du travail, doit livrer ses conclusions sur la mort suspecte d'un homme dans une compacteuse à déchets recyclés. Maïa, journaliste dont la tante travaille au CERN, compte sur elle pour un article de la dernière chance sur les cristaux de synthèse produits en laboratoire.

Bastien, Maïa, des adultes comme les autres avec leurs doutes, leurs regrets, leurs passions et leurs échecs, leurs incompréhensions du monde et leurs questions sans réponses. Quand Bastien recherche l'amour de Dieu, Maïa recherche les objets que ses mains laissent disparaître. Bastien et Maïa se croisent de loin, sans se connaître ; on s'attache à eux et on les aime comme des copains avec qui on a envie de discuter le soir autour d'un verre. On les suit en retenant son souffle aussi bien au fond de la compacteuse à déchets que sur les routes de Suisse, à la recherche d'un mystérieux cristal qu'une puissante banque d'affaires convoite aussi.

Ce roman est d'une grande originalité par les thèmes abordés, l'efficacité avec laquelle ils sont reliés, les méandres et détours suivis pour mener l'enquête, chaque aspect étant fouillé et évalué avec une grande maîtrise, aussi bien les personnages que le décor dans lequel ils évoluent. Le regard sur notre monde contemporain et ses vanités est aussi aiguisé et sans concession que celui sur les personnages est intime et doux, ce qui ajoute encore à la force d'attraction de l'écriture.

Je ne connaissais pas l'auteure, mais j'ai déjà très envie de lire d'autres de ses romans. Merci beaucoup à Babelio et aux éditions du Seuil pour ce beau cadeau de Noël.
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Cinq mains coupées

J'ai commencé ce livre sans bien comprendre au début. Et puis je me suis rendue compte que les cinq témoignages de ces gilets jaunes étaient mélangés. Des phrases qui s'entremêlent. On a du mal à comprendre qui parle. Cela va très vite, à la lecture. Je m'y suis un peu perdue au début, mais ensuite j'ai apprécié ces voix qui disent la manif ( dans des lieux différents) , les mains arrachées, la douleur, la peur, les larmes et cinq vies gâchées. Sans raison, juste une violence voulue et assumée par l'état.

Ces voix sont pondérées, posées, sincères, douloureuses, colères aussi. On ressort de ces 100 pages un peu groggy, totalement écœuré et sidéré par ces histoires.

Les gilets jaunes ce ne sont pas ce que beaucoup ont voulu faire croire. il y avait des hommes et des femmes qui ont vraiment espéré une vie meilleure, qui ont adhéré à un mouvement pour améliorer leur vie, la nôtre.

Ces voix comme un chœur unique qui racontent et mis en page avec talent par Sophie Divry ont une force bouleversante.

Je n'oublierai pas les mots de Sébastien, Gabriel, Antoine, Frédéric, Ayhan. On ne peut que ressentir de la colère ( et de la peur) pour cet état violent qui utilise des grenades et des LBD sur une foule.

Un court roman, comme un uppercut. Violent et poignant.

A lire absolument.
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Trois fois la fin du monde

Trois fois la fin du monde : un bon titre, assurément, pour avoir envie de se plonger dans le dernier roman de Sophie Divry. Et ce, même si on a l'impression d'avoir déjà tout lu en matière de récit post-apocalyptique de La route à Le mur invisible, pour ne citer que deux exemples marquants. Mais attention, la construction de Trois fois la fin du monde apporte un peu d'originalité avec une première partie où le héros, Joseph, voit tout d'abord son univers s'écrouler dans l'enfer de la prison. Ceci avant un deuxième segment, très court, consacré à la Catastrophe qui a supprimé bon nombre d'être humains de la carte des vivants. Troisième narration : celle de la solitude de Joseph, au milieu de la nature, avec un chat et un mouton pour seuls compagnons. Un intéressant édifice narratif censé atteindre son paroxysme dans sa deuxième moitié. Mais hélas, le quotidien de Joseph n'a vraiment rien de palpitant ou, plus exactement, Sophie Divry ne fait rien pour le rendre tel. N'est pas Robinson qui veut et déjà le garçon en question n'est pas spécialement sympathique et ses pensées, largement relayées puisque nous sommes presque constamment dans la tête du susdit, n'ont rien de franchement exceptionnelles, de l'euphorie à la déréliction. Quant à ses actes, banalement répétitifs et orientés vers la survie, ils ne passionnent guère non plus. Sophie Divry alterne première et troisième personne soit un style classique d'une part, non sans talent, et plus relâché d'autre part, très maladroit quand elle tente d'utiliser un vocabulaire de "djeuns", usant et abusant du verlan. Mouais. Bon, c'est quoi l'idée en définitive ? Montrer que vivre en société est un enfer et que retrouver l'essence du rapport oublié à la nature est nécessaire tout en considérant que vivre à l'écart des autres est insupportable à la longue ? D'un enfer, l'autre ? Peut-être, mais la parabole est un peu longuette malgré le talent de l'auteure, étouffé ici par une volonté démonstrative qui semble trop calculée à l'avance.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Trois fois la fin du monde

"Trois fois la fin du monde" est un roman doux amer, on y voit la cruauté de l'humanité, la solitude morale, l'enfermement, puis viennent la liberté, la reconstruction de soi, et toujours cette solitude, plus douce, différente, mais tout de même très présente, l'espoir ou l'illusion d'une vie meilleure, plus simple, en paix, puis vient les remises en question, le besoin de vie humaine.



Différents grands thèmes sont abordés dans ce roman, tout d'abord la prison, l'incarcération et les dérives diverses que l'on y trouve, la corruption, la tromperie, la loi du plus fort, ou du plus malin, les humiliations, les abus de pouvoirs.

Ensuite la liberté. Mais qu'est-ce que la liberté quand on se retrouve seul au monde, sans humains, sans toutes les choses qui définissent notre époque et de quelle façon se reconstruire après une catastrophe ?

Le besoin de vie, qu'importe sa nature, hommes, animaux, qui sera le plus à même de redonner vie aux yeux de celui qui n'a plus confiance en rien.



"Trois fois la fin du monde" n'est pas un roman post-apocalyptique, c'est une réflexion sur l'homme et sa condition, sur la nature, sur la planète, c'est un roman fort qui ne peut laisser indifférent et c'est mon premier coup de cœur de cette rentrée littéraire 2018.



Voir la chronique sur mon blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Rouvrir le roman

Un grand merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc de m'avoir choisie lors d'une MC privilégiée, pour lire cet essai sur le roman.



Sophie Divry nous cite les différentes figures de style à travers les âges, la supériorité de l'élite sur le démuni, le lettré sur l'illétré. L'évolution de la narration. La bataille pour pouvoir imposer sa façon de faire et de penser, mais aussi le fait qu'il n'est pas toujours évident pour les écrivains de vivre de leur art, s'ils n'ont pas les moyens financiers de l'assumer. Et donc la main mise et la réglementation des maisons d'édition sur leurs manières et leurs choix d'écriture. Un tel a du succès avec tel modèle, ainsi il continuera…Il faut de la force et du génie pour sortir du moule et s'imposer en tant que tel.



Je ne suis pas très à l'aise avec ce genre d'essai et c'est bien dommage. Je pense que ce livre s'adresse plus aux écrivains et auteurs, qu'à nous lecteurs de romans. Je n'ai pas les notions littéraires voulues pour apprécier à sa juste valeur un auteur comme Sophie Divry et j'en suis désolée.

Par contre, le positif pour moi lors de la lecture de ce livre c'est que j'ai découvert le courant Nouveau Roman qui prône notamment l’abandon des éléments traditionnels de l’écriture romanesque et que je ne connaissais pas. Ainsi que de nombreux auteurs dont j'ai bien l'intention de voir de plus près leur bibliographie. Très instructif.
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Curiosity

Première nouvelle :

Curiosity est un rover créé par la NASA. Il a été envoyé sur Mars, voilà plusieurs années afin d'explorer la froide et poussiéreuse planète rouge. Curiosity n'est pas comme les autres robots, il se sent terriblement seul et souhaiterait se faire des amis mais aussi parler à Dieu. Il sent que ses jours sont comptés et aimerait trouver du sens à son existence.



"De la Terre je sais peu de choses, sinon que c'est une planète bleue. Tout y est bleu : les cratères, le sable, les cailloux, le ciel, la poussière et même les montagnes ... Je n'ai aucune idée de ce que peut être le bleu. Ici je ne connais que le rouge, décliné sur tous les tons d'ocre, d'orangé, de rougeâtre ou de beige. Chaque matin, en ouvrant mes caméras, je retrouve ce désert rouge et inhabité, si bien que cette couleur a fini par devenir pour moi la couleur de la mélancolie, car tout, dans ce décor majestueux, immuable et mutique, souligne l'intensité de ma solitude."



Une histoire poétique, touchante et pleine d'humanité sur le sens de la vie. Beau, tout simplement.



Seconde nouvelle :

Nous sommes en mars 2020, en plein confinement. Josiane est pensionnée et vit dans un petit appartement avec son chat, Ernest et un "lapin". On lui propose de recevoir gratuitement l'agrandirox. Ce qu'elle accepte sans trop y croire, à tort ou à raison ...

Une nouvelle digne d'un épisode de la série "La Quatrième dimension" ou encore de "Black mirror" ! Savoureux.
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Cinq mains coupées

Sophie Divry, romancière de talent, réussit toujours dans tous ses écrit ( La condition pavillonnaire notamment) à insuffler une certaine poésie dans son univers qui pourrait sembler un peu banal en premier lieu.



Dans sa nouvelle parution, elle laisse de coté la fiction en relatant le compte rendu d’entretiens réalisés entre septembre 2019 et février 2020 avec les cinq manifestants mutilés de la main lors du mouvement des Gilets jaunes. Elle laisse la parole à cinq destins ordinaires de travailleurs ayant du mal à joindre les deux bouts et dont la volonté de se faire entendre a joué contre eux, car ont vu leurs corps amputer d'une main, la droite celle qui servait à travailler.



Toujours fidèle à ses principes de mettre de la fiction et de la poésie dans le réel le plus tragique, Sophie Divry à fait de ces 5 destins une sorte de choeur, un peu comme on en avait dans les tragédies antiques; un choeur qui parle à l'unisson en une seule et même voix, pour démontrer sans doute que ces 5 mains absentes représentent un seul et même corps, social tout du moins.



Ce choeur de travailleurs emputés et imputés n'élude en effet rien des séquelles- .médicales, professionnelles, judiciaires, psychologiques, financières- de cette amputation dans un texte parfois dur et éprouvant.



Impossible dès lors de ne pas penser au film documentaire "un pays qui se tient sage " et à la discussion qu'on a récemment eu avec son réalisateur David Dufresne qui s'indigner du fait qu'on semblait prendre plus de cas pour un arc de triomphe dégradé qu'une main arrachée alors même " qu’un arc de Triomphe peut être nettoyé rapidement, un Fouquets, reconstruit plutôt vite aussi alors qu’une main arrachée, ça ne reviendra jamais. "



D'une façon certes différente dans son traitement et son approche, Cinq mains coupées de Sophie Divry raconte peu ou prou le même discours et dans un contexte où la violence légitime se pose de façon prégnante, ce discours, plus proche de l'humain est forcément salutaire.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Trois fois la fin du monde

Un roman étonnant, d'une grande fluidité, divisé en 2 parties bien distinctes : l'univers carcéral tout d'abord puis le retour à l'état de nature après la catastrophe nucléaire, avec une vraie question de fond : l'enfer, est-ce les autres ou une trop grande solitude ? Passionnant !
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Trois fois la fin du monde

Joseph est incarcéré suite à un braquage qui tourne mal. L'arrivée en prison , les codes non connus, la dégringolade absolue. puis l'opportunité de changer de vie.



Voilà, je n'en dis pas plus. L'un des intérêts de cette lecture est de l'aborder vierge de toute idée quant à sa construction. Le roman est singulier, inclassable .

Un petit mot sur l'univers carcéral : Froid dans le dos et peut être proche de la réalité .

Il présente une belle reconquête de l'homme par l'homme, des retrouvailles avec l'essence de la vie, loin de tout le surfait mercantile qui nous entoure.

C'est aussi un roman très pointu sur l'évolution mentale d'un homme , ses doutes ,ses espoirs , ses joies , sa folie latente.

L'écriture à deux voix (narrateur, Joseph) permet une diversification de styles marquante.

La couverture prend tout son sens à la dernière page, le titre étant quand à lui sans équivoque. Mais l'auteur a plus d'un tour dans son sac...
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Trois fois la fin du monde

Joseph Kamal aide son frère pour un braquage. Celui-ci tourne mal, son frère Tonio se faire tuer par la police sous ses yeux et lui atterrit en prison. Il n’était pas le voyou de la famille, il ne connaissait rien à la vie de prison. Le roman s’ouvre sur la fouille du détenu, moment de honte, d’humiliation. L’auteur a su retranscrire ses émotions, décrire la vie en prison (bruit, odeur, codes à respecter, promiscuité,..) C’est la descente aux enfers pour Joseph, c’est la première fin du monde. La deuxième arrive avec la Catastrophe. Une explosion nucléaire va lui permettre de s’échapper lors du transfert. Son fantasme de vivre seul va se réaliser. Il va donc tenter de survivre dans la zone interdite pour se faire oublier. Vient une longue période de solitude, une vie qu’il va construire avec un mouton et un chat. On assiste à son rapprochement avec la nature.

Ce roman aborde une réflexion sur l’homme, la nature, l’enfermement, la solitude… Pour Joseph, c’est l’enfer de vivre avec les autres mais il est impossible de vivre tout seul.

L’auteur a su retranscrire la description d’univers totalement différents (le monde carcéral, la beauté de la nature). Le style s’adapte à la situation.

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