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Critiques de Stéphanie Dupays (136)
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Un puma dans le coeur

Coup de cœur absolu !

J’avais lu « Brillante » le premier roman de l’autrice qui était très bon dans un autre genre (une satire féroce du monde du travail), mais ce nouveau roman (récit ?) est immense. Stéphanie Dupays renouvelle le genre du secret de famille qui a fait couler beaucoup d’encre.

Le livre commence par une déflagration : l’autrice apprend que la belle légende qu’on lui avait racontée sur son arrière-grand-mère morte de chagrin « le cœur brisé » après la perte de son mari est fausse : l’aïeule a survécu cachée dans un asile pendant 40 ans. Elle en perd sa voix, ne comprend pas pourquoi cette histoire la touche autant. Des années après, le fantôme de cette femme la suit toujours et quand grâce à un heureux hasard elle se trouve à l’asile où son arrière-grand-mère a été enfermée elle reprend l’enquête. Ce qui est très fort c’est qu’elle parvient à mêler de façon très naturelle des genres différents : un récit intime bouleversant, des moments de désarroi poétiques et une enquête captivante et instructive sur le fonctionnement des asiles, l’enfermement et le secret. Parfois même l'autodérision de l'autrice tire un sourire.

Prenant appui à la fois que les poèmes et sur les archives, elle avance avec acharnement dans les sables mouvants de la mémoire familiale. Elle traite des questions profondes qui m’ont fait réfléchir longtemps après la lecture : de quoi hérite-t-on ? La souffrance se transmet-elle aux générations suivantes ? Comment se libérer du passé ?

Tout est juste, subtil et bouleversant et ça se lit comme un thriller. Le livre est magnifiquement écrit, j’ai souligné plein de phrases que j’ai envie d’apprendre par cœur.

« Ta tête contre les murs

rêve des nuages

Puis l’automne

Puis l’hiver

chaque journée semblable à la précédente

tu doutes qu’un jour la neige puisse fondre

le printemps revenir »

« Des décennies après j’ai peur du noir

et je m’acharne à défoncer

les portes fermées »

Cette douceur, cette beauté dans l’écriture rendent le livre apaisant et lumineux malgré la profondeur de son sujet. L'humour discret aussi est bienvenu, face à l'horreur de cette histoire c'est une arme dont l'autrice fait usage.

Je pleure rarement en lisant mais l’écriture sublime et intense de Stéphanie Dupays m’a fait fondre plusieurs fois (les poèmes en vers et le chapitre final sont bouleversants).

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Comme elle l'imagine

Laure est maître de conférences spécialiste de linguistique et de Flaubert, c'est une professeure sérieuse et raisonnable, fragilisée par une rupture amoureuse récente.



Elle "rencontre" Vincent sur Facebook grâce à une discussion autour d'Éric Rohmer, Vincent réalise des documentaires et a écrit un roman. Ils communiquent dans une communauté regroupée autour du même centre d'intérêt et Laure perçoit beaucoup d'affinités intellectuelles entre eux. Très vite Laure devient addict au réseau social et surtout addict aux échanges avec Vincent avec qui elle ne communique que par messagerie instantanée jamais par téléphone, le jeune homme semblant peu empressé pour la rencontrer physiquement. Leur complicité devient ainsi flirt puis sentiment amoureux sans qu'ils ne se soient jamais rencontrés.



Vincent renvoie l'image d'un être solaire sur les réseaux sociaux mais qu'en est-il en réalité? "La seule chose qu'elle connaissait de cet homme était un amas de signes qui, comme tous les signes, s'interprétaient selon un contexte, dont elle ignorait presque tout". Peu à peu Laure va s'interroger sur la portée d'un émoticone cœur, scruter avec angoisse le fameux point vert qui indique qu'il est connecté, qu'il est derrière son écran alors qu'il ne lui répond pas "L'objet magique devenait instrument de torture". Elle va chercher à le connaître en scrutant sa page Facebook, en lisant les commentaires de ses amis, elle va lire les mêmes livres, regarder les mêmes films que lui et surtout interpréter le moindre signe. Cela vire vite à l'obsession, la jalousie pointe... Mais ne se fait-elle pas un film? N' imagine-t-elle pas qu' "il pourrait même être celui qui sera l'homme que j'aime" comme le chante si bien Véronique Sanson.



" Le virtuel amplifiait l'incertitude car les gestes, les regards, le ton de la voix,

tous ces indices participant à la bonne compréhension du message étaient absents."



Stéphanie Dupays analyse de façon très fine et très juste les réseaux sociaux et en particulier l'amour à l'époque de ce mode de communication moderne. J'ai trouvé intéressant qu'elle mette en scène une femme passionnée de littérature qui vit dans les livres et voit le monde à travers les grands auteurs qu'elle côtoie tous les jours dans ses lectures. Le récit est truffé de citations qui font écho à la relation virtuelle que vit Laure avec Vincent, Proust est notamment très présent. " Swan (Proust) serait devenu fou sur Messenger. Lui qui interprétait le moindre signe, qui trouvait dans chaque geste ou chaque mot de quoi nourrir sa jalousie, aurait trouvé un réservoir inépuisable de souffrance."

Stéphanie Dupays nous raconte une histoire qui illustre à merveille la confusion qui peut s'installer entre vie virtuelle et vraie vie, elle montre l'emballement de l'imaginaire à l'origine d'un emballement amoureux, elle dissèque les ravages engendrés par la sur-interprétation du moindre signe. Sans aucune ironie ni exagération, elle questionne notre rapport aux réseaux sociaux, ce nouveau mode de communication qui change les relations humaines, elle met en évidence la solitude dans laquelle ils peuvent maintenir, malgré les apparences, ceux qui les voient comme un remède à leur solitude.

Une démonstration implacable sur un monde où l'apparence, la façade priment hélas trop souvent. " La bonne humeur est l'ingrédient indispensable du cliché entre amis pour les réseaux sociaux "
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Comme elle l'imagine

Laure est professeure de littérature. Quand elle ne travaille elle aime bien depuis quelques temps parler littérature sur Facebook. C’est comme ça qu’elle va rencontrer Vincent. Les messages publics laisseront rapidement place à des conversations privées. Laure apprécie beaucoup leurs échanges et commence à s’attacher et à vouloir plus. Comme une rencontre par exemple. Mais Vincent n’a pas l’air d’être sur la même longueur d’onde que Laure. Le virtuel semble lui suffire.

Laure cherche à en savoir plus sur lui. Elle analyse toutes ses conversations sur Facebook, qui sont ses « amies ». Qui est-il vraiment ? Pourquoi se contenter d’une relation virtuelle ?

Lorsqu’elle lui propose de venir à sa rencontre, Vincent n’est pas emballé par la proposition. De quoi refroidir Laure qui ne sait pas s’il faut insister à communiquer avec lui dans l’espoir que les choses changent ou s’il faut abandonner la partie.



J’ai trouvé le sujet du roman de Stéphanie Dupays intéressant et très actuel. Elle décrit avec beaucoup de réalisme un phénomène de plus en plus courant de nos jours : les rencontres derrière les écrans. L’espoir que l’on projette en elles, les déceptions et désillusions qui suivent.

Une lecture que je décrirais d’agréable mais pas inoubliable.
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Brillante

Claire Vermont a réussi : de brillantes études, un fiancé beau & riche, un bel appartement parisien, une carrière prometteuse au sein de Nutribel, le culte de la performance...

Lorsqu'elle remplace au pied levé sa chef qui a du mal à concilier vie professionnelle surinvestie et vie personnelle de jeune maman, Corinne Verdier, une autre femme aux initiales qui font CV, dans une réunion "importante", celle-ci la prend en grippe. Peu à peu, Claire est placardisée, sans comprendre les ressorts insidieux du harcèlement moral. Claire s'enfonce, se replie. Mais lorsqu'elle pourrait presque devenir sympathique derrière le craquèlement de son personnage de façade, Claire est aussi irrécupérable, et s'apprête à replonger dans la même histoire dans une autre entreprise (elle "rebondit").

L'auteur n'est pas tendre avec ses personnages, et dresse un portrait caustique de la vie en grande entreprise, raillant allègrement la langue et les sentiments contaminés par la novlangue du markerting.
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Brillante

Récit court mais efficace avec un décor bien planté decrivant une ascension dangereuse bercée de soif de réussite. Même si la fin est un peu communiquée elle ne peut pas en être autrement. Brillant, donc.
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Un puma dans le coeur

Les secrets de famille offrent décidément une matière romanesque inépuisable. Il faut dire qu’en termes d’histoires insolites ou singulières la fiction hésite parfois à se hisser jusqu’aux sommets que la réalité sait atteindre.



Imagine-t-on qu’une femme ait pu être internée pendant près de quatre décennies sans que sa propre fille en ait eu connaissance ? Que pendant toutes ces années ses descendants l’aient crû morte et se soient transmis une légende sur les conditions de son décès ? Que cette histoire ait pu perdurer même après que l’administration se fut mise en quête de la famille pour recouvrer le montant des frais d’hospitalisation ?



Dans la famille de Stéphanie Dupays, on n’est guère causant. Elevée à la campagne, dans un milieu paysan, elle n’a jamais vraiment pu obtenir de réponse lorsque, petite fille, elle interrogeait sa grand-mère sur son enfance. Ses deux frères avaient disparu lorsqu’ils étaient très jeunes et son père les avait suivi de peu. A la suite de quoi sa mère était morte de chagrin. Elle-même fut alors envoyée dans un orphelinat. On comprend aisément le peu d’ardeur à raviver de si douloureux souvenirs…



A la faveur de recherches généalogiques entreprises par sa propre mère, l’auteure découvre un jour que son arrière-grand-mère est décédée bien plus tard que ce que tous croyaient et elle amorce alors une véritable enquête, qu’elle nous invite à suivre dans tous ses développements.



Si elle parvient à rendre cette histoire captivante, ce n’est pas seulement parce que les détails en sont stupéfiants. C’est surtout parce qu’elle a su trouver la juste distance pour l’évoquer. Elle livre en effet chaque révélation avec une émotion contenue tout en délivrant un tableau de l’institution psychiatrique et de la manière dont celle-ci a évolué.



Le texte procède par brefs chapitres, comme si l’auteure voulait se garder de toute dérive émotionnelle, s’en tenir à des éléments factuels, assortis de commentaires à caractère sociologique ou économique soulignant ici le cynisme d’une gestion comptable, là le caractère barbare de certaines méthodes thérapeutiques. L’expression de la blessure intime se fraye pourtant un chemin furtif : quelques vers viennent parfois interrompre le fil du récit pour dire d'une poignée de mots délicats et précis la violence de ce qui se joue.



Exempt de toute forme de pathos, ce récit trace la figure d’une femme qui fut privée de liberté, de parole et d’amour, et lui restitue ainsi une petite part de ce qui lui fut volé. Au passage, Stéphanie Dupays nous offre un texte sensible et d'une grande force.




Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Un puma dans le coeur

C'est un livre de silence et de longue solitude. Tout commence, croit-on, avec la mère de l'auteure. Elle se lance dans la généalogie familiale. Avec tiédeur d'abord, sa fille l'aide. Le passé, elle s'en est détourné. Du sien peut-être d'abord. On imagine une enfance silencieuse et inquiète, une adolescence studieuse. Une famille dans laquelle on parle peu. Ou les mots, les signes, se recueillent pieusement. Il y en a si peu. Vraiment si peu pour tant de vide. De vide qui ne l'est pas vraiment, bien sûr, plein de non dits, de choses tues ou simplement omises, négligées. Plus loin dans le passé, il n'y a que le silence et la tristesse, et l'hécatombe. La guerre d'abord, et puis les accidents. L'un après l'autre, tous. L'arrière grand-mère morte de chagrin à la suite de son mari.

Morte de chagrin, est-ce sûr ? Sur un site d'archive, l'auteure fait une découverte. Les dates, les lieux de décès indiqués ne collent pas. Anne née Décimus est morte quarante ans plus tard que ce qu'on raconte. Dans une institution psychiatrique. C'est l'histoire d'un cheminement intérieur, puis d'une enquête. Que s'est-il passé ? Qui le savait ? Comment a-t-on pu taire cela ? Et surtout, quelle a été la vie de cette femme ? Son quotidien, ses pensées, au jour le jour de ce bloc inconcevable, ces quarante ans oubliés, gommés ? Etait-elle folle vraiment ? Et qu'est-ce que la folie ? Etait-elle révoltée ? Féministe avant l'heure ? L'auteure questionne, invente, doute. Cela parle d'elle aussi. D'un passager clandestin qui veut dire quelque chose à travers elle ; "Qu'est ce que ça fait de croire qu'on est la lune ? "

Peu à peu alors nous entrons dans la réalité du grand enfermement. Dans ces marges tues, dont on sait si peu de choses, dont on préfère savoir si peu de choses. C'est l'histoire d'une vie entière et ce n'est pas grand chose. L'effrayant mécanisme du passage de l'autre côté, de la disparition. Dans cet hors la loi d'où l'on ne revient pas.

Avec l'auteure, nous retrouvons quelques lettres, quelques lignées léguées par tant d'année. Etait-elle folle alors, Anne Décimus ? On la découvre patiente, obstinée, réclamer sa libération. Elle travaille à son dossier comme à un procès. Le médecin peut la croire. Le soleil, il la suit dans le dos. C'est parce qu'elle est sa fille. Ses mots ont la précision géniale de la souffrance quand le sol de la réalité se dérobe. Ils ont ce style précis, presque classique de l'école publique de la III. Jusqu'au bout, Anne Décimus restera une femme convenable et de bonne compagnie, avec cette pointe d'esprit, presque d'humour, qui l'accompagne jusque dans la distorsion. Et un puma dans le coeur. On aimerait dire que ce sont des mots de poète. Ce sont en tout cas des mots vrais. Il y a une réalité autrement folle et intense, de douleur, et d'ardeur. dans ces mots. On les retient, on les entend encore, percer comme la lumière le ressac terne de ceux qui nous inondent et qui ne pèsent rien.
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Un puma dans le coeur

J’avais entendu un critique de l’émission « le masque et la plume » conseiller ce livre. Et puis ce livre m’a été offert par un ami, auditeur assidu du Masque. Le sujet me plaisait et le soin que mon ami avait apporté au choix de ce livre suscitait mon intérêt pour ce livre…. Que j’ai dévoré d’une traite et dont j’ai tout aimé … et par dessus tout l’immense pudeur de l’auteure et sa façon de raconter l’histoire de son arrière grand-mère sans se mettre au centre l’air de rien. J’ai particulièrement aimé la deuxième partie avec des extraits de textes de cette Anne Decimus hospitalisée en psychiatrie pendant quarante ans sans sépulture et dans un oubli total. La vérité lui est aujourd’hui rendue.
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Un puma dans le coeur

Stéphanie Dupays vient d’une famille modeste et taiseuse où règnent les “à quoi bon” et les “c’est comme ça.” Pourtant, elle n’a pas reçu le silence en héritage puisqu’elle a choisi les mots, entre littérature et poésie. Dans son dernier roman, elle explore sa “crypte intérieure”, ce lieu secret où se terrent des douleurs anciennes. “Quelque chose remue au fond de ma poitrine, quelque chose à quoi je peine à donner un nom.”



Persuadée que cette inquiétude d’aujourd’hui vient d’ailleurs, ou plutôt d’avant, Stéphanie interroge ce qui reste de sa famille maternelle : les Décimus. “Une famille restreinte, quelque peu ratatinée” qui porte déjà la tragédie et le malheur dans son nom. Sa grand-mère évoque son carnage intime : ses deux grands frères trop vite disparus, son père décédé d’une crise cardiaque et sa mère morte de chagrin. Le cœur brisé, selon l’expression consacrée. Mais Stéphanie tombe sur un registre d’état civil où une date met fin à la légende familiale : Anne Décimus n’est pas morte le cœur brisé. Elle a été internée pendant près de quarante ans dans un hôpital psychiatrique.



Pendant plusieurs années, Stéphanie mène l’enquête pour comprendre ce tremblement en elle, ce mensonge de quatre décennies. Il lui faut beaucoup de patience pour déloger les secrets du passé, beaucoup de temps pour parcourir le temps, beaucoup de silence pour trouver les mots.



Si le récit revêt une dimension historique, retraçant les grandes avancées de la psychiatrie, l’écriture sensible, respectueuse à l’extrême, ne cesse de glisser vers la poésie. Dans les titres des chapitres mais aussi à l’intérieur du texte. “Quand l’émotion déborde de la phrase, je l’attrape dans le vers.” Comme ici lorsqu’elle cherche comment



“Approcher le mystère

sans appuyer

avec la douceur

d’un oiseau laissant l’empreinte de ses pattes

dans la neige”



L’émotion est à son comble lorsque les mots de l’aïeule affleurent au milieu des siens. Des mots oubliés, enfermés, comme un fauve en cage, ici enfin libéré.
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Comme elle l'imagine

J’ai découvert le livre de Stéphanie Dupays peu après avoir entendu parler du roman de Camille Laurens, « Celle que vous croyez » et avoir appris qu’un film en avait été tiré. Il faut croire que le sujet de l’amour et ses désordres à l’heure des réseaux sociaux est devenu une question de société suffisamment importante pour que la scène culturelle s’en empare avec une telle ardeur.

Le premier chapitre est magnifique, le lecteur croit assister à une scène classique de la vie d’un couple partageant chez lui une fin de journée banale dans un monde rassurant, alors que...

J’ai aimé la façon dont l’auteure fait évoluer les protagonistes de « Comme elle l’imagine » dans un cercle urbain et intellectuel privilégié (Laure est chercheuse en littérature, Vincent est écrivain-documentariste). Comme quoi avoir bac+15 ne met pas à l’abri des erreurs de jugement et d’une existence remplie... d’un vide sidéral.

Elle analyse finement les nouvelles façons de se rencontrer dans la vie virtuelle, de se rapprocher et de mesurer ses affinités au travers d’un écran qui protège et aseptise, d’échanger sur une même longueur d’onde provoquant ainsi ravissement et désir (comme dans la vraie vie !).

Il semble qu’aimer à l’heure des réseaux sociaux induit de connaître désordres et désillusions, et d’emprunter les mêmes chemins que dans la vraie vie ; sauf que dans la nouvelle Carte du Tendre, une personne aimée virtuellement n’existe que dans l’esprit de celui qui la construit sur mesure pour répondre à ses attentes.

Elle a des pages magistrales sur l’addiction au like et la déconnexion du réel, sur l’attente fébrile des messages de l’être aimé, sur l’énergie exclusivement passée à chercher les signes dans quelques caractères d’un message Facebook, sur l’enthousiasme amoureux qui reste au stade de promesse (abondance de messages échangés mais absence de rencontre physique), sur le besoin de se rassurer en espionnant le compte du partenaire et le voyeurisme qui en découle, sur le décalage actes/paroles, sur les liens entre relation virtuelle et mensonge, amour et fantasme...

En bref, «Comme elle l’imagine» est une réussite, à la fois source d’interrogation et plaisir de lecture.



Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyagera auprès des nombreux.ses lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.


Lien : https://www.fenetres-sur-la-..
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Comme elle l'imagine

Brillante le premier roman de Stéphanie Dupays fut l'un de mes coups de cœur en 2018.



J'avais hâte de la retrouver ! L'auteure aborde un autre thème très actuel

et pertinent dans notre société d'aujourd'hui :



L'amour sur les réseaux sociaux...



Intriguée par ce sujet attrayant et piquant, j'ai commencé ma lecture avec un vif intérêt.





Le lecteur va suivre le parcours amoureux de Laura, professeure de français qui en discutant sur Facebook, rencontre Vincent.



De leurs échanges épanouissants et riches, Laura se laisse rapidement gagner par ce jeu de séduction et devient très vite dépendante de Vincent, vérifiant s'il est connecté, s'il a répondu à son dernier message, s'il a pensé à elle...



Laura n'a t-elle pas enfin rencontré son "âme sœur" ?! Ils se comprennent tellement bien tous les deux.



Laura n'a plus qu'une envie, le rencontrer et passer du virtuel à la rencontre physique.



Vivre leur amour au grand jour, se toucher, s'aimer....



Je laisse évidement le lecteur découvrir la suite de cette histoire d'amour si contemporaine, si moderne dans la manière de rencontrer de nos jours, un homme ou une femme.



L'auteure nous raconte brillamment ce nouveau procédé de rencontre, de séduction que l'on peut accéder via les réseaux sociaux.



Ces rencontres sont-elles éphémères ou sincères ?!



Belle surprise ou déception ?



Réalité ou illusion ?



Piège ou aubaine ?





Stéphanie Dupays analyse parfaitement bien ce sujet, avec finesse et intelligence, les rapports amoureux dans une société connectée jour et nuit.



L'amour et le bonheur se trouvent-ils derrière nos écrans ?



Comme elle l’imagine est un roman réussi, réaliste et parfaitement dans l'air du temps.



L'écriture est fluide, agréable et l'intrigue très bien construite.



Une belle lecture.


Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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Comme elle l'imagine

"Laure souffrait d'une déformation professionnelle : elle voyait le réel à travers les livres. Ou plus exactement, elle n'en souffrait pas. Elle avait besoin des mots des autres pour décoder les êtres et les choses ; interposer la littérature entre elle et le monde la protégeait. Elle n'aurait su dire de quoi."



Comment parler d’un livre qui parle de votre intériorité mieux que votre psy, que vous-même ? Comment parler d’un livre qu’on ne voulait pourtant pas lire (jaquette aguicheuse et hors propos, qui ne cible pas le bon public) ? Comment parler d’un livre qui évoque un phénomène social actuel (le ghosting = relancer l'autre suffisamment pour ne pas qu'il se désintéresse mais pas assez pour que la relation avance...) avec un recul d’historien ?

L’auteure nous conte l’histoire de Laure qui aime Vincent via Facebook grâce à ce qu’il lui livre de sa personnalité par le biais de ses commentaires sur des photos, des conversations à bâtons rompus sur le cinéma rohmérien, quand il daigne lui répondre en message privé avant de disparaître pendant plusieurs jours sans un mot… et sans jamais lui proposer qu’ils se rencontrent.

"On ne fixait plus le téléphone dans l’espoir de le faire sonner, on n’ouvrait plus fébrilement sa boîte aux lettres. La technologie avait instauré une nouvelle temporalité. L’attente ne se mesurait plus en quelques jours et en semaines mais en secondes ou minutes : dès l’envoi du message, l’amoureux plongeait dans l’incertitude."

A ce jeu du chat et de la souris, c’est avec Laure qu’on attend, qu’on souffre, qu’on s’interroge et qu’on devient à moitié dingue quand le point vert en ligne est allumé mais que l’autre ne répond pas…

Moins à l’aise derrière son écran que le nez dans les romans de Flaubert qu’elle décrypte pour ses étudiants, Laure apprend à ses dépens les arcanes d'un monde nouveau, où les codes et et les valeurs d'antan n'ont plus cours. Un roman brillant et bouleversant.
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Comme elle l'imagine

Sublime roman d'amour

Ecrit tout en finesse, ce roman se lit d’une traite tellement on s’attache à son héroïne, Laure qui tombe amoureuse d’un homme qu’elle a à peine rencontré. Avec cette trame banale Stéphanie Dupays réussit à faire un roman unique, par la subtilité avec laquelle elle donne à voir les tourments de l’âme amoureuse, par la force de son écriture élégante et juste. Si vous ouvrez ce roman vous ne le lâcherez plus et longtemps après la lecture résonnera encore. Il amène à s’interroger sur la réalité du sentiment amoureux : quelle est la part du fantasme, aime -t-on vraiment une personne ou l’idée d’être amoureux, qu’est-ce qui fait la vérité d’une relation ? J'ai eu envie de souligner toutes les phrases tellement l'analyse est fine et l'écriture belle.
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Brillante

Ah, ces jeunes loups aux dents longues issus des meilleurs écoles de commerce…. Eh bien ils sont comme tout le monde : ils marchent à l’adrénaline, et quand celle-ci vient à manquer, ils flanchent.



L’auteure décrit avec finesse l’enfance et la montée en puissance de Claire, petite fille tombée amoureuse de Paris, et qui rêve d’y travailler, loin de sa province.



Le personnage de la soeur m’a intéressé, à l’opposée de Claire. Elle a l’air heureuse dans sa vie de petits boulots.



La descente aux enfers lors de la placardisation est très bien décrite : crises de panique, replis sur soi et besoin d’aller voir ailleurs.



Mais l’auteure dresse un constat amer : finalement, on ne se refait pas, et Claire retournera tête baissée dans l’arène (avec quelques ordonnances de cachets en plus). Impossibilité de changer de vie ?



L’image que je retiendrai :



Celle des nouvelles chaussures de Claire qui rendent jalouses sa boss. Le début de la fin pour le personnage.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2424
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Brillante

Ce court roman est une peinture au vitriol du monde de l'entreprise qui exige tout de ses employés, leur temps, leur vie. Le retour n'est pas assuré et le risque d'être écarté existe, même sans raison réelle. La concurrence entre les employés est un type de management, sensé être créateur d'idées, d'innovation créatrice.  Claire s'y est soumise, consentante au-delà du raisonnable, et s'y est perdue. Hélas, je pense que rien n'est outré dans cette peinture ; c'est un monde que j'abhorre. L'humain y est bafoué, voire nié et le jeu est de tirer sur la ficelle le plus possible pour augmenter les profits et les dividendes des actionnaires. Sale argent !! Le paraître est plus important que l'être, que ce soit dans l'habillement, le logement, le couple... et l'on se retrouve entre soi, ceux qui ont fait les prestigieuses Grandes Ecoles (et encore, le Top 5 !)



L'écriture de ce premier roman est efficace (presque trop rapide), les personnages un peu caricaturaux (cf le repas avec les deux familles), et j'avoue que Claire m'a un moment fait pitié. Une lecture édifiante qui laisse un goût acide dans la bouche, tant on sent qu'on est proche de la réalité. 
Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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Brillante

En un roman court, sans s'embarrasser de fioritures, Stéphanie Dupays décrit un moment de la vie d'une carriériste qui n'est pas vraiment armée pour le monde dans lequel elle s'est précipitée. Claire a pensé son plan de carrière, mais a oublié le facteur humain. Qu'arrive-t-il si elle fait de l'ombre à quelqu'un qui (comme chacun dans ce monde) ne veut pas être évincé.



La romancière décrit très bien cette jungle où paraître et ascension sont les maîtres mots. Claire s'y débat, tente de tirer des leçons, d'ouvrir les yeux de son entourage sur sa situation.

[...]

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Brillante

Voici un roman grinçant à souhaits. L'auteur nous dépeint un monde où les apparences sont primordiales et où chaque détail compte. Claire pense mener une vie de rêve, entre sa carrière réussie et une vie de couple parfaite. Or, derrière le vernis qui se craquelle, il y a un monde différent. La jeune femme subit une mise à l'écart dans son entreprise et elle s'effondre psychologiquement.

[...]

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Un puma dans le coeur

Un titre bien étrange et qui interpelle.

Ce roman-récit va nous raconter l'enquête que l'auteure-narratrice va mener pour connaître la vie de son arrière grand mère, Anne Décimus.

Cette arrière grand mère ayant perdu ses deux fils et son mari à l’heure de la Première Guerre mondiale, le cœur brisé, mourut de chagrin et la grand mère de la narratrice s'est retrouvée orpheline. Sa fille, mère de la narratrice décide de faire des recherches généalogies et découvre un étrange avis de décès : «Anne Dèche née Décimus 14 mai 1875 - 14 mars 1964». Ce qui ne correspond pas du tout à l'histoire familiale.

L'arrière petite fille va alors prendre le relais et faire ses propres recherches et découvrir que cette femme a été internée pendant plus de quarante ans dans un hôpital psychiatrique bordelais. Abandonnée par sa famille, même s'il y a eu dans les années 60, une demande de remboursement de frais d'hospitalisation, la famille a réglé le problème et oublier ce pan de la vie de Anne Décimus.

Ce texte va être la narration des recherches dans les archives et le prétexte à raconter aussi l'histoire de la psychiatrie et l'évolution de ces établissement et des différents traitements infligés.

La narratrice raconte aussi avec beaucoup de délicatesse, les questionnements qu'elle va poser à sa grand-mère et sa mère. pas toujours facile de déterrer des secrets et dénis de famille.

Ce récit-roman parle aussi très bien des secrets de famille, des dénis dans les familles.

Ce texte aborde le sujet aussi difficile de membres de famille, considérés comme "fous". j'ai lu plusieurs livres sur ce sujet comme "Les orphelines du mont Luciole d'Isabelle Rodriguez, "Le bal des folles" de Victoria Mas.

Elle aborde aussi l'enfermement et la façon d'essayer de s'en échapper (des pages troublantes, émouvantes quand elle retrouve dans les archives de l'établissement, certains textes, lettres de son arrière grand-mère).

L'auteure nous parle dans ce texte, après deux précédents textes romanesques (quoique) d'un sujet plus intime et personnel.

Malgré la dureté de cette histoire l'auteure nous entraîne avec elle dans ses recherches dans les archives, dans les non dits dans les familles, dans des secrets de famille.

Et en tant que bordelaise, j'ai aimé lire des descriptions de lieux que je connais (Cenon est si peu cité dans les romans !). Peut être un petit bémol mais l'auteure n'a pas eu sûrement la réponse : comment peut on avoir été enfermée ainsi pendant 40 ans, sans qu'un membre de la famille pense à s'intéresser à cette femme.









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Un puma dans le coeur

"J'ai un puma dans le cœur, vous ne m'aurez pas, c'est increvable un puma" sont les mots prononcés, criés, hurlés peut-être, au Docteur Latreille, médecin de "l'asile d'aliénées" du Château-Picon, par Anne Décimus lors de son internement le 10 septembre 1926. Elle a 51 ans. Qui l'a décidé ? Elle-même ? Son médecin ? Soutenu par le maire ? On ne sait pas. Pour contrôler Anne et ses délires, on va l'enfermer, l'invisibiliser et l'enterrer jusqu'au mensonge : elle est morte de chagrin, le cœur brisé, anéantie par le décès de son mari Armand et de ses deux fils aînés, Léon et Louis.

Dès lors, ses deux dernières filles sont placées : l'aînée en maison de redressement, la cadette Henriette à l'orphelinat situé à 100 km. Séparées et isolées aussi, ses filles, apprennent brutalement la mort de leur mère.

Presque 90 ans plus tard, à la faveur d'une recherche généalogique, son arrière-petite-fille, Stéphanie Dupays (1), découvre la vérité sur Anne :

"Ce livre c'est la réponse au mutisme, au choc qui a suivi la découverte de ce secret de famille, à savoir que cette arrière-grand-mère, dont on m'avait dit durant toute mon enfance qu'elle était morte de chagrin, le cœur brisé, après le décès de son mari et de ses fils, avait survécu à ce drame durant plus de 40 ans".

"Un puma dans le cœur" est né du bouleversement issu de cette découverte et du besoin de comprendre pourquoi la vie tragique de cette ancêtre inconnue l'avait émue et sidérée. Ce récit a aussi été l'occasion de redonner vie à ce "fantôme", en révélant le mensonge, en documentant l'existence de cette arrière-grand-mère, internée durant 40 ans dans un hôpital psychiatrique, et plus largement l'état de la psychiatrie au 20e siècle. "À travers l'histoire d'Anne Décimus, c'est l'histoire de tous les malades qui ont été oubliés dans les hôpitaux psychiatriques au 20e siècle… Les patients qui restaient 10, 20 voire jusqu'à 50 ans dans les hôpitaux étaient nombreux. Je me suis demandée pourquoi et comment on restait 40 ans enfermée… Qu'est-ce qu'un patient psychotique délirant ?… Comment on les prenait en charge à une époque où ces maladies psychiques étaient encore plus mystérieuses qu'aujourd'hui, et où on n'avait pas les psychotropes".

Anne Décimus n'est plus un fantôme familial : ses lettres témoignent de la "fille du soleil" qu'elle était, grâce à l'enquête et au récit – racontés au présent – de Stéphanie Dupays.

"Un puma dans le cœur" est remarquable pour plusieurs raisons : il incarne et éclaire d'une manière singulière l'héritage transgénérationnel et le poids de "fantômes familiaux" entourés de silence sur nos existences.

Par ailleurs, il nous rappelle les destins tragiques de Vincent Van Gogh, Guy de Maupassant, Camille Claudel, Séraphine de Senlis, Antonin Artaud (un seule artiste contemporaine "folle" règne sur le monde de l'art depuis son asile : Yayoi Kusama).

Enfin, quite à paraphraser ou répéter : écrire c'est résister. Lire aussi.



(1) Normalienne (ENS Fontenay), statisticienne et économiste (ENSAE), Stéphanie Dupays est haute-fonctionnaire : inspectrice à l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Elle est aussi maître de conférences à Sciences Po où elle dirige le séminaire qu'elle a créé, en 2005, "Comprendre et analyser les statistiques publiques". Enfin, elle est critique littéraire au Monde des livres.

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Un puma dans le coeur

Un mélange de récit personnel et de fiction qui nous entraîne dans les méandres de la psychiatrie d'avant guerre. La beauté d'une ancêtre qui se découvre par l'écriture et lui redonne l'humanité qui lui a été confisquée. Et nous, lecteurs qui suivons le cheminement intérieur d'une narratrice profondément bouleversée par ses découvertes.
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