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Critiques de T. C. Boyle (299)
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San Miguel

Le précédent roman de TC Boyle, Après le Carnage, investissait Les Channel Island pour un débat de militants "Écolos" entre une tendance radicale et des responsables du conservatoire de la faune et la flore.



San Miguel, ici est investi par trois voix de femmes (et en partie documenté par leurs écrits), elles proposent une vision plus réaliste, plus sombre, presque noire, de l’île perdue dans les brumes au large de San Francisco.



San Miguel est bien cette île inhospitalière à souhait, balayée par les vents d'Ouest, où la nature se déchaîne au rythme des tempêtes, petit piton rocheux planté comme pour défier le diable. Peu de bateaux y font escale, quelques voiliers parfois ont la chance ou la malchance de s'y abriter.

Quelle lubie a pu conduire une famille à tant d'imprudences à vouloir vivre et même y guérir ? Ce rêve fou, on le vivra en trois épisodes, deux femmes vont y succomber, une troisième, mineure, contrainte de suivre son père par la force, finira par s'enfuir.



« Sur une île? Où cela, dîtes-vous ? Puis elle avait marqué une pause et son regard s'était pour ainsi dire retranché.

Je crois que l'air y est très bon, là-bas, avait-elle déclaré, très sain ; et le petit feu de charbon, dans la cheminée, s'emballa derechef.

Et il y fera plus chaud, plus chaud qu'ici en tout cas.P13 »



Par aveuglement Will et Marantha s’engageaient dans une aventure, une nouvelle vie, l'air virginal laissa vite place aux brouillards, puis une fois sur l'île à la boue. Perdre sa belle vaisselle fut pour Marantha le premier drame, plus lugubre et funeste, fut la fuite d'eau, qui en pleine nuit trouva le lit conjugal et le baptisa en silence.



Will se trouva vite dépassé et les quintes de taux chargées de sang redoublèrent, la guérison s'éloignait inexorablement.



La deuxième partie, quand plus tard, dans le récit, Edith "rigide le regard planté droit devant p305" suivit son père adoptif, contre son gré, elle avait 16 ans. Les conditions d'une survie chère à David Thoreau dans cet écrin de beauté, n'étaient toujours pas au rendez-vous. Jimmie, le commis avait du mal à retrouver celle qui l'avait charmé et mis sur les charbons ardents de la passion. Edith voulait se faire un nom dans le Music hall ! C'est surprenant de penser que l'absence totale de musique, mais une présence quasi permanente des moutons ! ai fait naître une telle vocation !



50 années après on retrouve Jimmie, vieil homme solitaire, le seul sans doute qui suivi les préceptes de Thoreau et qui semble goûter cette nature âpre qui lui ressemble.

Elise, c'est sûr va réussir , le couple qu'ils forment avec Herbie est plein de soleils de bonne humeur et leurs filles sont venues leur apporter une sérénité et un but ; leur apprendre la vie d'ici sur l' île où la maison bien isolée est devenue douillette et accueillante.

On ne sait toujours pas, quelle est la race si précieuse, suffolk, southdown, Blackface, Hampshire...qui leur apporte avec la laine leurs seuls revenus. L'élevage qui arase la terre sera-t-il finalement remis en question ?



Les événements semblent les conduire au désastre. Les blessures de guerre d'Herbie se réveillent douloureusement, les tracasseries de l'administration, la présence deux jeunes soldats inexpérimentés venus les protéger ! Rien ne va bientôt plus, plus rien ne tourne dans le bon sens à San Miguel malgré l'engouement médiatique que suscite nos trappeurs.

La guerre a éclaté, le couplé est en proie aux doutes.



Celui qui nous a enchanté par son ardeur à défendre la cause écologique, qui a rêvé comme Herbie, ou Elise d'une vie possible sur cette île rebelle, comme un défi lancé à David Thoreau et son célèbre Walden, T C Boyle nous ramène aux implacables réalités de la nature sauvage.



On pense aux îles Irlandaises les Blaskets où la population à fini par céder et fuir leur rocher. Les incidents mineurs prennent brusquement une ampleur stratosphérique ; pas d'avion, les conditions sont trop mauvaises, une toux ravageuse, un animal blessé, et c'est le drame.



Ce qui rend un tel roman attachant c'est son pouvoir de pousser les êtres à leurs limites extrêmes, d'altruismes, de dévouement, d'émerveillement, ici sur l'île on ne triche pas, on doit faire face, s'écouter se comprendre.

TC Boyle trace ainsi de très beaux portraits d'où émergent trois femmes étonnantes qui vont au bout d'elles mêmes : Marantha luttera pour surmonter sa tuberculose, malgré tous ses drames conjugaux et donnera l'envie de vivre libre à sa fille Edith, Edith devenue Inez Deane sera une reine de la scène fidèle à ses rêves bucoliques, Elise avec son énergie peu commune a pris en charge l'enseignement de ses filles et porté à bout de bras un Herbie assailli par les tourments.



Une magnifique saga d'une surprenante originalité, plus l'envie fébrile de fouler cette île dont il ne parle pas assez, de sa flore comme de sa faune.

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L'enfant sauvage

En ce court écrit, T.C. Boyle nous raconte l’histoire incroyable d’un enfant : Victor de l’Aveyron, autrement connu grâce au film de Francois Truffaut.

A la fin du 18ᵉ siècle, un jeune enfant est découvert par des chasseurs, errant à la recherche de nourriture à l’orée d’une forêt. Sa chevelure est épaisse et hirsute, ses yeux « noirs comme du café qu’on vient de verser du pot », un « froncement de la bouche autour de canines décolorées ». Il est capturé, s’échappe et se trouve rattrapé de nouveau, prélude à la naissance de la légende de l’enfant sauvage...

L’évènement provoque un grand émoi à l’époque, devient connu de beaucoup et l’enfant sera pris en charge dans un orphelinat puis recueilli par le naturaliste Bonaterre, qui à son tour le laissera aux bons soins de l’abbé Ambroise Sicard dans son institution pour sourds et muets. Là, un jeune médecin, Jean-Marc Itard, se pique d’intérêt pour l’enfant et décide de se consacrer à son éducation, et de le rendre ainsi « civilisé ». Un travail qui restera aux yeux du scientifique un effort vain...



Le livre de T.C. Boyle est moins axé sur la biographie de Victor que sur une analyse acerbe portée sur une société dite civilisée qui maltraite en toute bonne conscience un enfant pour le rendre conforme à ce qu’elle estime qu’il doit être : un être humain éduqué. L’auteur effleure là ce qu’est (ou devrait être) l’humanisme, la question de la nature même du bonheur, de la liberté également.



Un livre agréable, qui pose beaucoup question (notamment sur sa véracité historique) et qui demeure surtout une invitation à creuser plus encore le sujet...
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América

Tortilla Curtain (la frontière mexicano-américaine), c’est le titre en anglais du roman de T.C. Boyle, que j’ai lu d’une traite, emportée par le sujet hautement sensible aux Etats-Unis des migrants illégaux qui traversent quotidiennement et inlassablement cette zone porteuse de tant d’espoirs souvent déçus. « De quoi était-il question là-dedans si ce n’était du travail, si ce n’était du droit de travailler, du droit d’avoir un boulot, de gagner son pain quotidien et de se payer un toit? »

On y suit les trajectoires croisées de Cándido Rincόn, un Mexicain sans papier et de Delaney Mossbacher, écrivain naturaliste vivant dans un quartier privé sécurisé, l’Arroyo Blanco dans la banlieue de Los Angeles. L’un et l’autre se rencontrent de façon dramatique dès les premières pages et sur cette prémisse, le récit se déroule en vagues concentriques jusqu’à une finale assez déroutante.

La traduction en arrache dans certains passages mais n’affecte en rien l’originalité de la construction et les thèmes explosifs et actuels abordés par le roman. J’aime beaucoup l’univers littéraire de T.C. Boyle et América restera certainement un moment fort de lecture.

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Un ami de la terre

Sur la 4ème de couverture de ce roman, on peut lire le terme « Eco-terroriste », je me suis dis : Houlà, il va y avoir du lourd ! Mais n’ayez crainte, les « amis de la Terre » sont beaucoup moins agressifs, infiniment moins violents, et bien moins puissants que le plus petit des ennemis de l’Humanité. L’histoire est celle de quelques activistes écologistes américains, et se déroule en Californie entre les années 80 et l’année 2026. Sous la forme de flashbacks successifs et alternés, on suit donc l’évolution de leurs actions, parallèlement à la dégradation de notre planète. En effet, notre futur proche n’est pas très reluisant et pour tout dire, bien pourri dans ce roman. Néanmoins, il ne faut pas le lire comme un roman d’anticipation mais plutôt comme le portrait de l’Amérique d’aujourd’hui (et de notre civilisation d’une façon générale). L’auteur y porte un regard assez ironique sur ses personnages, il a une vision affligeante de l’« américan way of life », sur notre époque (individualisme, consommation, mode ...) – De ce point de vue l’arrivée de Donald T. ne devrait pas arranger les choses – J’ai trouvé le début du roman un peu poussif, mais l’art de T.C. Boyle pour raconter des histoires, les multiples va-et-vient dans le temps, la loufoquerie de certaines scènes (une hyène, des lions ... une pop-star ...!) ainsi que le suspense omniprésent (je ne vais pas spoiler, comme on dit aujourd’hui) font qu’au final j’ai bien accroché à ce récit, pourtant assez pessimiste, 4*donc, allez salut.
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Talk Talk

Dana Halter, jeune professeur, sourde se fait arrêter pour avoir grillé un stop. Contre toute logique, elle se retrouve en prison. Bridger Martin, son compagnon, travaille dans le monde du cinéma. Il va épauler Dana quand elle va apprendre qu'elle est victime d'usurpation d'identité.

Dana Halter, (ou Franck Calabrese ? Ou William Peck Wilson ?) mène une vie luxueuse en Californie. Il n'a aucun souci pour s'acheter ce qu'il désire, dès qu'un débiteur est après lui, il lui suffit de changer de nom.

Dana et Bridger vont devoir traverser les Etats-Unis afin de récupérer leur identité.



Dans ce roman, il est question d'identité. S'il est quelque chose d'inaliénable, c'est bien cette identité, ce nom et ce prénom que nous recevons à la naissance. Ce bien que nous pensons inaliénable, que se passe t-il quand il est usurpé ? Volé ? Est-ce que notre intégrité peut être mise en cause ?

Et l'identité, c'est aussi la communauté, ou les communautés auxquelles nous appartenons. Dana est sourde. Et là où la plupart d'entre nous voit un handicap, Dana se sent juste appartenir à une communauté, une minorité, avec sa propre langue, ses écoles et sa culture. Mais on ressent que cette identité est difficile à se faire reconnaître. Et c'est beaucoup de regards condescendants auxquels Dana doit faire face au quotidien. Et elle vit de terribles moments de solitudes quand elle ne peut se faire comprendre des entendants.

Et comment une société peut-elle engendrer chez quelqu'un une cupidité telle que celui-ci soit prêt à vivre une vie de mensonges, soit prêt à renier sa propre identité.



Ce roman aborde donc des thèmes plutôt intéressants. Malgré tout, j'ai été déçue, et sa lecture en a été un peu fastidieuse. Les personnages ne sont pas assez modelés, parfois même caricaturaux, et je n'ai pas réussit à ressentir une quelconque empathie. L'action est trop distendue pour vraiment me tenir en haleine ; Talk Talk aurait d'ailleurs gagné à être allégé de quelques pages.



Rencontre ratée donc. Je ne souhaite cependant pas dissuader quiconque de lire cet auteur qui a écrit je pense des romans beaucoup plus aboutis. Il faut juste avoir la main plus heureuse en choisissant un de ses romans sur les étagère de la librairie ou médiathèque !
Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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La Belle Affaire

Je me souviens avoir adoré le coté totalement déjanté de cette histoire que j'ai lue il y a plusieurs années et j'ai ete tres heureuse de retrouver dans ce livre ce qui m'avait plu dans Water Music : à savoir, un humour loufoque et un "grand projet" plein d'ambition qui se ramasse en beauté ; une histoire de "pieds-nickelés" qui vaut autant pour la truculence des personnages que pour le style plein de verve.
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América

Cándido et América sa compagne sont deux émigrés mexicains illégaux en Californie. Ils s'efforcent de trouver du travail pour subvenir à leurs besoins, et vivent dans des conditions plus que rudimentaires.

Delaney et son épouse Kyra sont deux Américains de la classe moyenne supérieure, bien installés dans la société, lui écrivain, libéral au sens américain du terme, elle responsable dans une agence immobilière des quartiers huppés de Los Angeles.

Nous assisterons au choc de ces deux mondes. Les espoirs des uns se heurtent à la dure réalité, et les idées généreuses des autres sont ébranlées.

Voilà un livre cruel, qui nous fait parfois rire jaune, mais où, au bout du compte, la force de la vie l'emporte.
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Histoires sans issue

Perplexe. C'est l'adjectif qui me vient en tête en refermant ce recueil de nouvelles.



Je crois que ma perplexité tient au fait que ces nouvelles n'ont pas de chute, de twist final. A quelques exceptions près, une fois le dernier mot lu, je n'ai pas réussi à "prolonger ma lecture", garder le personnage central encore un peu avec moi pour lui accorder toute mon empathie et imaginer la suite de sa vie.



Pourtant, T.C. Boyle y met tout son talent : ses nouvelles sont construites de manière impeccable et il excelle dans l'art de parler des gens ordinaires, des petits riens ou des événements inattendus qui jalonnent leur vie quotidienne. C'est, comme toujours avec T.C. Boyle, une juste analyse de ses compatriotes.



Bien que les nouvelles ne soient vraiment pas mon genre littéraire favori, je dirais que j'ai déjà lu mieux. Je pense notamment à Russell Banks et son "Un membre permanent de la famille". J'ai déjà lu plus intense aussi (Première personne du singulier de Patrice Franceschi).



Bref, j'ai bien l'impression d'être un peu passée à côté des intentions de l'auteur.



Toutes mes excuses auprès des fans !
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Voir la lumière

« (…) le Delysil, le LSD 25, avec son étiquette à l’avertissement absurde – POISON -, alors qu’en fait, la substance qu’il contenait était le seul antidote connu contre le poison du monde, de la conscience, du non-Dieu, du non-savoir, de la pitoyable maîtrise de l’humanité sur les fils de la nature et les confins noirs et morts de l’espace qui, gueule insatiable, engloutissaient tout. »

1962 : Fitz Loney, doctorant en psychologie à l’université d’Harvard a, comme directeur d’études, Timothy Leary, autour duquel s’est formée une petite clique d’étudiants attirés par sa notoriété, par son immense charisme et par ses idées novatrices sur les arcanes du cerveau humain. Sous l’égide et la supervision de Leary, tout ce beau monde (femmes et enfants compris) s’engagent dans des expérimentations psychiques, d’abord avec la psilocybine, extrait d’un champignon d’Amérique centrale aux effets puissamment hallucinogènes, et puis, rapidement, à l’aide d’un produit de synthèse, le diéthyllysergamide, connu sous le nom de LSD. Rebaptisé le sacrement par Leary, le LSD allait « désarmer la tour de contrôle du cerveau », libérer le subconscient, dissoudre l’ego, éveiller l’esprit profond, faciliter la créativité et qui sait, entrapercevoir en une inspiration divine ou non, la Face de Dieu, rien de moins. De 1962 à 1964, réunis en une communauté dans un manoir à Millbrook dans l’État de New York, prêté par une riche héritière de la famille Mellon, les communiants au LSD vivront des trips plus ou moins réussis, plongeant dans des abîmes dont ils ont peine à émerger.

J’avais lu, bien auparavant, l’autobiographie de Timothy Leary, Mémoires acides, qui m’avait fort impressionnée. Évidemment, Leary se donnait le beau rôle, sans guère de nuances, ce que vient contrebalancer en quelque sorte ce roman de T.C. Boyle. La traduction n’est pas toujours à la hauteur du récit, mais l’histoire en elle-même compense largement cette lacune.

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Voir la lumière

TC Boyle est un auteur que j'affectionne beaucoup, j'aime son style et son écriture. Je les ai retrouvés dans ce livre, malheureusement, c'est ici le fond du sujet qui n'a pas réussi à m'emporter.

L'auteur fait ici le choix d'explorer les premiers essais du LSD dans la société américaine dans les années 60, et notamment dans le milieu universitaire. Pour cette histoire, l'auteur mêle réalité et fiction, avec un couple imaginaire, et des personnages plus réels comme Tim Leary, un professeur universitaire ayant existé et presque fondé une mini secte autour du LSD. Si Fitz et Joannie ont eu toute ma sympathie (ou presque), j'ai trouvé le professeur détestable, encore plus sachant que tout cela tenait du réel.

Bref, ici c'est un sujet qui ne m'a pas parlé, du coup je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, mais il est certain que ce ne sera pas ma dernière rencontre avec cet auteur.

Merci aux éditions Grasset et à Netgalley pour cette lecture.
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Water Music

Partez en voyage avec ce roman-fleuve somptueux, de l'Écosse à l'Afrique de l'Ouest, aux côtés de l'explorateur Mungo Park à la fin du 18ème siècle. Vous y découvrirez en vrac: des paysages mystérieux, déserts, savanes et forêts, une galerie de personnages truculents et/ou inquiétants... et la recette détaillée du chameau farci (pour 400 personnes).

Voici un livre dont vous pourrez lire et relire les 800 pages sans vous lasser. Vous pourrez peut-être même le choisir pour l'emporter sur une île déserte ?

La traduction de Robert Pépin est magnifique.

LC thématique de juillet 2021 : ''En voyage''
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Les terranautes

Croisé par hasard à la librairie, je n’ai pu résister à ce roman qui avait tout pour plaire : L’auteur s’inspire dans ce roman des expériences réalisées par la NASA (un exemple sur ce site), visant à tenter de savoir si un petit groupe d’hommes et de femmes pourrait survivre pendant un an, enfermés ensemble, sans autre objectif ni loisir que mener une mission à terme : Ils doivent à la fois gérer les relations humaines et les tensions qui s’installent fatalement, ainsi que leurs ressources en nourriture, oxygène, etc…



En l’occurrence, nos personnages sont donc hermétiquement enfermés dans un dôme de verre à travers lequel peuvent les voir les visiteurs, journalistes, touristes, etc… Ils vivent sous cloche pendant deux longues années, totalement indépendants et coupés du monde extérieur si ce n’est la présence d’un téléphone et d’un parloir qui ne permet pas de toucher les précieux visiteurs venus les soutenir. Et la vie s’organise autour de l’élevage, des cultures et de l’entretien du microcosme qui a été recréé. L’air est recyclé, l’eau purifiée, tout tourne en circuit fermé.



Nous suivons les huit personnages de la mission : quatre hommes, quatre femmes, chacun ayant une spécialité (les animaux, la culture, la médecin, l’ingénierie, etc…). Totalement dévoués à leur cause, ils ne veulent surtout pas échouer comme la première équipe qui avait dû violer l’étanchéité après que l’un des leurs se soit gravement blessé. Cette fois, les nouveaux équipiers veulent entrer dans la légende. Leur devise ? Rien n’entre, rien ne sort. Mais celle-ci va devenir une obsession mettant parfois leur vie en danger, et elle sera parfois aussi mise à rude épreuve lorsque l’expérience les poussera à bout. Panne d’électricité, manque de soleil, d’oxygène, régime hypocalorique… Et sexe ! Les personnalités de chacun se révéleront alors, sans fard, et ce n’est pas toujours joli joli…



*****



Vous voulez savoir quel effet l’enfermement peut avoir sur un groupe humain ? Ce livre est pour vous. Passionnant, mêlant intérêt de la science mais aussi le côté moderne et voyeur du Loft… Il nous tient dès les premières pages car l’auteur sait distiller le suspense : Il nous raconte l’histoire de l’intérieur à travers les voix de deux des coéquipiers, un homme Ramsey et une femme Dawn, puis de l’extérieur à travers le regard de la meilleure amie de Dawn, Linda. Chacun nous suggère qu’un drame se prépare, attisant notre curiosité et notre envie de savoir…

Linda, jalouse de ne pas avoir été sélectionnée et donc critique, nous sort du huis clos oppressant dans lequel nos personnages sont pourtant enfermés sans issue possible, et nous offre l’opportunité de faire connaissance avec les autres personnalités soutenant le projet.



Nous comprenons ainsi les tenant et aboutissant, les sentiments de chacun et, finalement, la narration nous empêche de juger l’un quelconque des personnages. Parce que la complexité de ce projet ambitieux qu’ils portent tous ensemble à bout de bras, mais qui peut s’effondrer à cause de l’un seulement d’entre eux, nous est extrêmement bien rendue. Et l’on comprend chacun d’entre eux, même lorsqu'on les pense un peu dingues. Leur folie, leur dévouement, et leur humaine imperfection nous les rendent réels, vivants, et magnifiques même dans leurs actes les plus fous.



Alors, vivre enfermés deux ans à huit sans s’entretuer malgré les épreuves et personnalités de chacun, c’est possible ? A vous de le découvrir !
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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América

La coexistence des deux mondes que décrit l'auteur, celui opulent des citoyens californiens et celui misérable des mexicains immigrés clandestins, laisse un fort sentiment de malaise. Chacun dans sa propre logique tolère l'intolérable jusqu'à perdre toute humanité. Le résultat est glaçant, d'autant plus que l'auteur ne laisse entrevoir aucune perspective de solution. Qu'attendre d'un système économique qui conduit les plus riches à construire des murs pour se protéger des pauvres, acculés à tout pour simplement survivre? Ce roman a été publié pour la première fois en 1995, mais la réalité qu'il reflète ne s’est certainement pas vraiment améliorée, et pas seulement en Californie. Un roman instructif à lire.
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Talk Talk

TALK TALK de T C BOYLE

Quand Dana sort de son garage en grillant un stop et qu’elle se fait arrêter par la police, elle se dit que la journée commence mal, mais quand les flics sortent les pistolets et pointent vers elle, elle s’interroge et s’inquiète! Et il y a de quoi car ils lui passent les menottes, l’emmènent au poste et lui lisent ses droits. Elle comprend qu’elle est recherchée pour chèques sans provisions aux quatre coins des États Unis, endroits où elle n’a jamais mis les pieds. C’est le cauchemar, elle réalise rapidement que quelqu’un a usurpé son identité. Elle appelle son ami Bridger, un artiste du montage vidéo pour une petite société qui travaille 15 heures par jour sous pression. Devant le juge elle démontre facilement que c’est elle la victime et elle sera libérée le lundi matin ayant passé un horrible week-end en prison. Elle pense ses ennuis terminés mais ils ne font que commencer, car ses comptes sont vidés, ses cartes de crédits au plafond, tous les créanciers lui courent après, et la police a mieux à faire que de chasser l’usurpateur, alors Dana et Bridger vont devoir s’employer pour régler leurs problèmes… ah détail, Dana est muette…( TALK TALK )

Un roman tragi comique, bien enlevé qui nous entraîne dans une course poursuite infernale qui rebondit en permanence avec ce couple attachant, amoureux, qu’on a envie d’aider tant le voleur est détestable. Un bon page turner sans prétention.
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América

Livre publié aux Etats-Unis en 1995, il a obtenu le prix Médicis étranger, en France en 1997.

Voilà quelques temps que je n'ai pas lu de livres de T.C. Boyle et j'ai retrouvé son style dans ce roman pour mon plus grand bonheur. C'est l'histoire de Candido et America contre Delaney et Kyra. C'est l'histoire de deux mexicains clandestins qui cherchent à gagner leur vie dans la périphérie de Los Angeles. Et c'est aussi l'histoire de deux américains qui découvrent ce monde clandestin et veulent absolument l’ignorer et se barricader. L’auteur alterne de manière fluide, les chapitres sur les 2 histoires. Ils vivent en parallèle, et se côtoient de manière furtive. Le destin des mexicains semblent tout tracé. Il s’agit bien d’un drame. Cependant quelques surprises ne sont pas impossibles. Boyle sait ménager ses effets et nous sommes en empathie avec ces 2 clandestins sur qui le malheur semble s’acharner. Ce livre écrit il y a 25 ans n’a pas pris une ride et l’histoire est plus que jamais d’actualité, aux Etats-Unis et également en Europe.

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Un ami de la terre

Je n’ai trouvé que 4 critiques sur ce livre prémonitoire écrit en 2001 (je crois) avec une grande clairvoyance pour le futur proche, donc bientôt actuel, concernant le dérèglement climatique et tout ce qui en découle à tous les niveaux. Chef-d’œuvre à mes yeux.

T.C. Boyle a écrit la un livre remarquable qui vaut vraiment la peine d’être lu !
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Water Music

Je viens à l'instant ( enfin il y a 15 minutes) de finir la lecture de Water Music et ça fait 15 minutes que- dans ma tête- défilent plus d'une façon d'aborder la revue de cette lecture.15 minutes? me direz vous, c'est trop tôt!!!! Il faut digérer un peu...ce sont quand même plus de 800 pages!!! Mais en fait, ça fait plusieurs jours que je me triture les méninges afin de pondre le meilleur compte rendu, et par meilleur je veux dire le moins traître.Parce qu'en effet, ce n'est pas seulement une histoire vraie, romancée, celle de Mungo Park qui vers la fin du 18ème siècle se lance dans l'exploration du fleuve Niger, pour vérifier de ses propres yeux, laquelle des innombrables théories qui circulent au sujet de son cours est la plus juste, puis une fois rentré chez lui, décide quelques années plus tard d y retourner, avec cette fois tout un équipage et les moyens nécessaires pour remonter le fleuve et voir où il se jette. Ce n'est pas non plus juste l'histoire de Ned Rise, l'anglais qui - il me semble à la suite de cette lecture- a la particularité d'avoir la plus grande poisse du monde, de s'attirer les plus gros problèmes de l'existence, alors que tout ce qu'il veut, c'est avoir une vie aussi digne que possible, avec la femme qu'il aime, dans une Angleterre des plus cruelles avec les gens qui n'ont pas la chance de naître propriétaire ou noble.Ce n'est pas seulement la description des autres personnages qui gravitent autour de nos deux héros, qui façonnent directement ou non leurs destins et décisions, ou des divers lieux ( tout un continent!!!!!) visités volontairement ou contre leurs grés. Ce n'est toujours pas le récit de la rencontre -inévitable- de ses deux personnages hauts en couleurs.....c'est plus que ça....mais voilà, comment le dire tant ce roman est riche, foisonnant, tourbillonnant et plein d'aventures. En Afrique c'est du Marquez et sa folie....tout est dans l’excès, la nature, le climat, les africains, les maladies, les découvertes,les joies, les bonnes et mauvaises surprises, et surtout les mots de Boyles, enchanteurs et drôles. Extrait: "Il s'en prit à Ali au milieu de la nuit, tout comme seize ans plus tôt, celui ci s'en était pris à son prédecesseur. Chasser le garde de Nubie et trancher la tête du roi fut pour lui un jeu d'enfant, l'oeuvre d'un instant- toute la difficulté avait été de découvrir où l'émir se cachait. Ayant compris que la nuit inévitablement viendrait où, un cimeterre ou un garrot à la main, le nouvel usurpateur le chercherait par tout Benoum, Ali se faisait en effet un devoir de repousser le plus tard possible l'heure à laquelle il se retirait chaque soir et de ne dévoiler à personne, absolument personne, quelle tente aurait l'honneur de l'héberger pour son auguste nuitée. C'est ainsi qu'un matin il pouvait sortir de celle de Mohammad Goumsou et, le lendemain, de celle de Mahmoud Ismaïl. Il jouait aux tentes musicales depuis si longtemps qu'à leur réveil, ses gens trouvaient cela aussi naturel que l'odeur du feu de bois." Même chose lorsqu'il aborde Londres, à la manière de Dickens cette fois, où le réalisme et le sordide se disputent la part du lion. Et le plus surprenant, c'est que malgré ce côté "aventure" qui semble écraser le livre, avec ses rappels ponctuels de la situation géopolitique de la planète ( tout en humour et en rythme), TC Boyles arrive à glisser de petits moments et des pensées intimes: les rêves et réflexions de Ned et Mungo, les relations entre Mungo et sa femme Ailie, les aspirations de cette dernière, les échanges entre Mungo et son guide Johnson. Tout en lisant, je me demandais comme allait être le final? Comment arrêter une bête lancée à une telle vitesse sans la voir se fracasser contre le mur décevant de la chute qui ne serait pas à la hauteur de 800 pages époustouflantes? Et bien, tout en douceur, en poésie même.....à la perfection. Pour finir, la prochaine fois que quelqu'un me dis : "Je ne lis pas mais j'aimerais m y mettre, tu me conseilles quoi? D’habitude cette question me fout en rogne ou au mieux m'embrasse parce que je ne sais pas quoi répondre, je dirais sans hésiter : Water Music de TC Boyles.
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Water Music

18eme siecle, À Londres, Ned Rise se débat pour survivre,pauvre parmi les pauvres. Au même moment,en Afrique , Mungo Park, explorateur écossais, se débat pour réussir dans sa quête.

Rien ne pouvait les réunir avant que le destin ne s'en mêle.

Chef-d'œuvre !!!chef d'œuvre ! ! ! Baroque, à la fois delicat et obscène, victorien et moderne, hymne aux hommes, aux femmes, réflexion sur le couple, la vie, la maternité, la fidélité, la fin de deux mondes ( l'ancien et le sauvage), j'ai pris une grande claque !
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Water Music

WATER MUSIC de T C BOYLE

Fin du 18 ème siècle, Mango Park, écossais, rêve d’exploration africaine et a l’opportunité de partir à la recherche du fleuve Niger pour comprendre s’il coule vers l’est ou vers l’ouest, débat en cours dans les sociétés savantes. Il sera assisté de Johnson un interprète trouvé localement. Ils se font faire prisonniers par les Maures et échapperont de justesse à la mort au grand dam de Dassoud, un puissant guerrier qui veut les éliminer. Pendant ce temps, Ailie au pays, l’amie de Park attend son retour pour leur mariage comme elle l’a promis. D’un autre côté, dans les bas fonds, Ned Rise né d’une mère alcoolique qui décèdera quand il aura 6 ans, tente de survivre avec son père qui lui coupera quelques phalanges pour qu’il puisse mendier de façon crédible. A 12 ans il rencontrera un musicien qui lui donnera une certaine éducation mais mourra rapidement, dès lors il sombrera dans le vol et l’escroquerie. Les hasards du destin vont mettre en présence Park et Rise lors du second voyage aux sources du fleuve Niger, expédition financée par la Royal Society de Londres suite au succès retentissant de la première exploration et qui verra ces hommes être de nouveau confrontés aux Maures, traverser Bamako, Segou, Tombouctou et s’enfoncer toujours plus profond dans cette Afrique inconnue. Et pendant ce temps, Ailie attend Park et Fanny attend Rise…

T C Boyle a concocté un roman foisonnant, picaresque, une épopée riche en rebondissements, en aventures cruelles et extravagantes. Entre un Mango Park qui veut se faire un nom et Ned Rise qui veut juste sauver sa peau, on est emporté par le récit qui même s’il souffre de quelques longueurs, est pour l’instant le meilleur de mes lectures de Boyle.
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Voir la lumière

Voyage, trip même, aux sources du psychédélisme, des premières expérimentations du LSD-25, de la quête de la vérité intérieure et de l'unité d'un groupe de pionniers unis par le même désir de liberté.



Après la découverte du LSD, son utilisation va faire l'objet d’expérimentation scientifique menée par le département de psychologie d'Harvard. Le potentiel de la substance sur le psychisme est tel qu'il ouvre des perspectives inouïes pour les chercheurs. En 1962, autour de Tim Leary, un groupe de professeurs et de jeunes doctorants se forme qui mènent alors, sur eux-mêmes, les premières expériences.



Rapidement l'affaire prend une tournure quasi mystique, avec son rituel du "sacrement", des soirées du samedi, puis de l'expérience proto-communautaire au Mexique. A partir de fin 1963 et durant l'année 1964 on atteint le paroxysme de l'expérience par la communauté totale à Millbrook.



Dans ce roman fort bien documenté, on suit essentiellement Fitz, sa femme Joanie et leur fils Corey. Fitz participe à expérimentation dans le cadre de sa thèse en psychologie ...



Mais est il possible de concilier cette vie de couple et de famille avec la vie de trips en trips, à la recherche de la lumière absolue, de la liberté totale, dégagée de toute emprise ? Comment casser les codes sociaux sans tout détruire autour de soi ?



De la vision idéale de départ, il ne restera pas grand chose, mais la société entière en sera marquée. Artistes plasticiens, musiciens et autres, le LSD va irriguer toute une génération séduite par le pouvoir de ce psychotrope pour stimuler la créativité et renouveler l'art. Avant d'être finalement interdite, de devenir une drogue de rue, banale et dégénérée, et signer par là même la fin de son caractère sacré.



T.C. Boyle nous plonge avec justesse et talent dans cette microsociété, fraîche et bouillonnante, pleine d'espoir et d'idéal. Toute une époque !
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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