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Critiques de Tariq Ali (39)
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Churchill, sa vie, ses crimes

L’écrivain et essayiste Tariq Ali, grande voix de la gauche britannique, s’attaque à l’une des figures historiques les plus vénérées au Royaume-Uni, mettant en évidence notamment ses actions brutales pour préserver l’empire.
Lien : https://www.lemonde.fr/idees..
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Un sultan à Palerme

Voici le premier tome du "quintet de l'Islam"de Tariq Ali, un sultan à Palerme. Le "sultan Rujari " n'est autre que le roi normand Roger II de Sicile.



Le récit suit un de ses proches conseillers, l'érudit et médecin Muhammad ibn Muhammad al Idrisi (qui a réellement existé et a laissé notamment "le livre de Roger", une carte du monde connu jugée la plus précise pendant trois siècles). Nous le suivons tant dans sa vie personnelle que dans sa vie sociale et politique, ce qui a l'avantage de balayer de nombreuses thématiques : aussi bien la structure familiale, les relations hommes-femmes, la filiation, que la cohabitation des cultures bigarrées qui ont successivement investies la Sicile, mise en danger ici par une radicalité montante des Chrétiens conseillant le roi à la veille de sa mort, visant notamment la prise en main de sa succession, ou encore les apports autant que les défauts de la culture musulmane (y compris la religion).



Pour ce qui est de la vie personnelle d'Idrisi, on peut dire que l'auteur s'est fait plaisir en invoquant quelque peu des souvenirs de lecture qui sont autant d'hommages à l'Odyssée, les Mille et une nuits, et à la poésie érotique et bachique (oui oui) de poètes encore reconnus aujourd'hui tels Abû-Nûwas et Ibn Quzman. Cela va un peu loin et peut sans doute refroidir certains lecteurs par une trop grande libéralité et un manque probable de vraisemblance mais pour ma part, dans un bon jour, j'ai été bon public et cela m'a globalement amusée. Cela équilibre les scènes et discours sérieux tout à fait intéressants et allège l'ensemble.



Pour moi, tout cela en fait un roman fluide et très agréable à lire où l'on rêvasse autant que l'on apprend de choses.

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L'ombre des grenadiers

Tout commence par un autodafé dans la ville de Grenade : tous les livres en langue arabe sont détruits, au grand dam de la population et des savants de tout bord. La culture arabe (et la science) étant alors au fait de sa splendeur.

En cette fin de XVe siècle, l’Espagne connait un tournant dans son histoire. Après cinq siècles de cohabitation, parfois difficile, entre les trois religions monothéistes, le culte romain prend le dessus et impose ses règles aux autres communautés. Ainsi, musulmans et juifs doivent abjurer leur foi et se faire baptiser au risque de perdre leurs biens et surtout leurs vies.

Pour la famille al-Hudayl, dirigeant un village près de Grenade depuis des siècles, les questions se posent et ce d’autant plus qu’une tante, exilée depuis longtemps vient de rentrer pour mourir dans son foyer. Les secrets de famille se dévoilent, tout comme les caractères de chacun.

Malheureusement l’auteur s’égare entre les différents enjeux : familiaux, religieux, politiques et devient vite manichéen à la seule différence de nombreux romans « occidentaux » que les musulmans sont les gentils et les chrétiens les méchants. Sans oublier les nombreuses discussions des personnages qui parlent, parlent d’agir et oublient de le faire.

Autrement dit, je suis passé complètement à côté du livre, malgré le sujet qui m’intéresse et ai de meilleurs souvenirs du "Livre de saphir" de Gilbert Sinoué et des romans noirs de Caroline Roe qui ont les mêmes décors et mêmes thèmes mais me semblent mieux réussis.
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La nuit du papillon d'or

Dernier volet du Quintet de l'Islam, Tariq ALI nous conte l'histoire des musulmans du Pakistan, jamais nommé comme tel, mais surnommé joliment et tendrement de "Terrepatrie". Les conséquences de la Partition de 1947 sont traitées sous le regard acéré de cet auteur.

Ce roman se présente différemment encore des quatre précédents, se révélant beaucoup plus difficile d'accès pour moi.
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Berlin-Moscou

En lisant les premières pages, je ne m'y retrouvais pas parmi tous les personnages dont Tariq Ali nous racontait des bribes de vie. Ces personnes vivaient à des époques différentes, quels étaient les liens entre-elles ? Ce n'est qu'en avançant dans le récit que j'ai réussi à comprendre qui étaient Gertrude, Karl et Vlady ainsi que les liens familiaux qui les unissaient.

À partir de là, le livre devient passionnant et l'auteur nous dévoile peu à peu l'histoire de chacun de ses héros. Mais Gertrude fut-elle vraiment une héroïne durant la seconde guerre mondiale ? Vlady a-t-il raison de croire à un idéal socialiste dans l'Allemagne d'aujourd'hui et peut-il encore dialoguer avec son fils Karl, partisan du capitalisme ?

À travers eux, Tariq Ali raconte les errements du communisme en Europe durant le 20ème siècle, les idéaux des militants broyés par la dictature de Staline ou comment la lutte pour le pouvoir écrase tous les idéaux.

Et après la chute du mur de Berlin, reste-t-il un avenir pour le socialisme ? Le capitalisme a-t-il tout écrasé ? Tout n'était pas mauvais dans le régime communiste pense Vlady.

Tariq Ali a l'art de poser de très bonnes questions et de livrer des réflexions tout en nous racontant l'histoire passionnante d'une grand-mère, de son fils et de son petit-fils.
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La femme de pierre

Quatrième volet du Quintet de l'islam, Le Femme de pierre se déroule en fin de XIXème siècle, à Istambul, au bord de la mer Marmara.

Le femme de pierre, qui est le cœur du roman, est une grande sculpture païenne, au pied de laquelle se sont recueillies et se recueillent encore des générations de femmes, d'hommes et d'esclaves. Au fil des confidences, nous assistons à la décadence de l'empire ottoman, dans une dynamique romanesque qui nous aspire.
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L'ombre des grenadiers

Troisième volet de cette grande fresque sur les relations entre le monde chrétien et le monde musulman.

Tariq ALI nous propose d'ouvrir une porte sur l'histoire de l'Andalousie (Grenade), fin XVème siècle, pendant lequel le subtile équilibre entre la civilisation arabe et le monde chrétien vient à se rompre. Les Chrétiens ont reconquis la péninsule ibérique lors de la Reconquête. Nous sommes à l'époque où l'Inquisition monte en puissance. L'Archevêque de Grenade veut éradiquer les hérétiques...

Une lecture très enrichissante sur un pan de l'histoire peu connu finalement !
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A l'ombre du grenadier

Un tres beau roman , ou l’inquisition chretienne poursuit des musulmans trop riches, trop libres d´esprit et trop voluptueux . Le vivre ensemble detruit par un fanatisme cupide.

Mention speciale pour l´arbre genealogique en support .
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Le livre de Saladin

Deuxième volet du quintet de l'islam, Le livre de Saladin retrace le parcours, et la très grande notoriété de celui qui reprendra Jérusalem aux mains des Francs, en 1187, le sultan du Caire et de Damas, Salah al-Din.



A travers ce quintet, Tariq Ali fait le pari de relater une époque où les trois grandes religions parvenaient à cohabiter, dans un respect mutuel.
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Un sultan à Palerme

Tariq Ali nous présente le premier volet de son Quintet de l'Islam.



Sicile - 1153

Un sultan à Palerme retrace cette époque où la cohabitation entre les "croyants" (musulmans) et les "nazaréens" (chrétiens) était possible grâce au roi chrétien Roger, alias Emir Rujari. La culture et le savoir musulmans l'attirent.



Géographe revenant d'un long périple, Idrisi, érudit, savant, est encouragé par l'émir dans le développement de ces connaissances. A la suite de ce long voyage, il s'apprête à finaliser son livre Géographie Universelle. A travers ce principal protagoniste "croyant", nous assistons aux mœurs et coutumes de cette époque.

Malheureusement, l'Emir Rujari est atteint d'un mal, qui le fait décliner. Ce subtil équilibre entre croyants et nazaréens semble se fendiller...

Ce roman d'aventures nous plonge dans un monde et une époque peu connus.



Challenge Multi-Défis 2019
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La nuit du papillon d'or

Le Pakistan n'est jamais nommé (l'auteur utilisant «Terrepatrie», ce qui est assez émouvant, tout en citant Lahore) mais, en fait, c'est le personnage central d'un roman de gare à l'eau de rose (les amours se font et se défont sans jamais tomber dans le vulgaire) qui aurait été quelque peu insipide s'il n'y avait le talent, que dis-je, le génie d'un auteur qui, malgré un long et lointain exil, a su décrire, à travers des faits du quotidien, sa passion pour son pays natal...secoué par les dictatures, pour la plupart militaires, les répressions tout particulièrement contre les démocrates, et pays enfermé dans une société engluée dans ses traditions et une religiosité exploiteuse et souvent meurtière avec ses fanatiques. L'histoire démarre au sein d'un groupe de jeunes formé durant la scolarité dans les années 60...La vie les sépare et on les retrouve éparpillés, qui à Londres, qui à New York, qui à Paris, qui en Chine, qui partout...



Quelques décennies plus tard, le téléphone sonne chez Dari, le narrateur, écrivain célèbre (et célibataire) installé à Londres. Un de ses anciens amis, Platon, peintre jouisseur et anarchiste sur les bords, devenu célèbre -celui-ci resté au pays malgré tout- ui demande d'écrire sa vie. Une sorte de dette d'honneur. Commence alors une recherche des amis perdus de vue.



Dari les rencontre –il revoit ainsi Jindié «le Papillon d'or», son premier et grand amour de jeunesse, fille d'un riche savetier d'origine chinoise, mariée à son ami Zahid, urologue réputé...ayant soigné Dick Cheney, ce qui n'est pas peu. Il rencontre Zaynab, riche héritière...mais seulement après la mort de frères qui l'avait «mariée au Coran» afin qu'elle n'hérite pas. Il croise Yasmine, la «Coquine», jolie jeune femme, épouse d'un officier supérieur mais qui faisait les bons moments d'officiers généraux (avec l'assentiment de son mari)....obligée de jouer à l'agent de renseignement du Drs du coin. Réfugiée en Europe, elle déballe tout...et elle sera assassinée par son époux et ses deux enfants qu'elle avait déshonorés, dirent-ils.



Il ira même en Chine, rechercher et retrouver le frère de Jindé, «Confucius», parti faire la «révolution culturelle» et que l'on n'avait plus revu.



A travers toutes ces rencontres, c'est en fait le portrait du Pakistan qui est dressé : Un portrait certes dévastateur ( avec un certain humour qui fait passer les signes les plus tristes) mais pour des raisons totalement différentes invoquées habituellement par les observateurs extérieurs, surtout occidentaux.



Bien sûr, Platon est mort et tous se retrouveront au pays natal pour inaugurer un musée portant son nom (financé par Zaynab). On y dévoile aussi la dernière œuvre : une toile gigantesque intitulée «Les quatre cancers de Terre patrie»

Avis : Un livre autobiographique ? En tout cas, incontournable d'autant que cette fois-ci, on en apprend énormément sur le Pakistan, certes, mais aussi sur nous-mêmes et sur nos sociétés. Facile à lire car l'auteur est un conteur formidable, drôle et imaginatif, satirique et très bien informé.
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Les dilemmes de Lénine

Trop souvent, me semble-t-il, on a tendance à essentialiser la politique des États, surtout de ceux qui sont nés d'une idée – ex. Israël, le Pakistan et naturellement l'Union Soviétique – au lieu de l'historiciser. La question restant très populaire, n'est-ce pas camarades ?, de la primauté des facteurs socio-économiques ou bien de la personnalité des leaders dans la dynamique historique, le poids de l'héritage de longue durée ainsi que les contingences de l'actualité dans le déroulement des événements, dans leur analyse politique, et donc dans les actions de pouvoir conséquentes paraît systématiquement minoré. Aussi, depuis toujours, a-t-on entendu le débat houleux sur la question de savoir si le soviétisme correspondait bien au dessein de société appelé de ses vœux par le marxisme, ou, plus souvent encore, à quel moment et suite à quel Secrétaire général du PCUS il s'en était éloigné.

Mais se souvient-on seulement que les Soviets ont précédé les bolcheviks, que lors de la sortie de Lénine du fameux « wagon plombé », ses analyses politiques étaient considérées comme pure folie non seulement aux Soviets où les communistes étaient minoritaires mais également parmi ses camarades ? Quelle avait été la réception des « Thèses d'avril » chez les leaders révolutionnaires – hormis Rosa Luxemburg et de rares autres exceptions ? Quels ont été les véritables bouleversements d'opinions, outre que de politiques entre Février et Octobre (1917), lors de cette réalisation unique d'un « État-Commune », lesquels ont permis d'atteindre un très vaste ralliement de l'opinion publique russe tout entière autour de Vladimir Ilitch ? Qui se rappelle ses dernières paroles, dans cet article intitulé « Mieux vaut moins mais mieux » (2 mars 1923) où il dresse un bilan si impitoyable de l'expérience de six années de révolution et de guerre civile, tellement poussé et dur dans l'autocritique que l'on n'a aucun mal à comprendre qu'il ait failli être censuré, occulté, gommé ? Qui songe que le dernier souhait d'un Lénine désormais quasi paralysé et incapable de parler fut d'échanger une dernière fois avec son grand rival, le vitupéré leader des mencheviks Julius Martov – seul homme qu'il tutoyait et qui le tutoyait – l'ami qui venait de mourir malgré les médicaments et les soins qu'il lui avait fait prodiguer ?



Ce livre est présenté à tort comme une biographie de Lénine. Je l'ai choisi comme tel, et parce que j'apprécie beaucoup Tariq Ali. Mais d'une biographie il ne contient guère que les pages sur sa jeunesse, endeuillée par la pendaison du frère aîné Sacha, et le chapitre, pudique et discret, concernant sa probable liaison avec Inessa Armand. Par contre, il représente une somme de l'Histoire des mouvements révolutionnaires européens (et russes) entre la moitié du XIXe siècle et la mort du héros. C'est une Histoire intellectuelle et factuelle face à laquelle se présentent des dilemmes bien réels et très actuels que Lénine s'est posés et qui en ont guidé la pensée et l'action. Ils sont énoncés dans le sous-titre : acceptation ou refus du terrorisme – qui était le mode d'action privilégié des anarchistes – point de rupture de la Ière Internationale ; pour ou contre la Première Guerre mondiale – point de rupture de la IIe Internationale ; pour ou contre l'exportation de la révolution par la guerre en Europe (via la Pologne et l'Allemagne) – question qui a été caricaturée ensuite car associée à Trotski, mais qui, parmi d'autres de nature strictement militaire, était absolument pertinente dans les années 1919-21 ; questions concernant l'amour, le féminisme, la conception de la famille dans la société communiste, compte tenu des personnalités féminines de tout premier plan parmi les révolutionnaires ; question du bilan de la révolution, en particulier du rôle de l'État-parti... Sur chacun de ces « dilemmes », Lénine est mis en présence d'idées, d'opinions, d'analyses contradictoires, émises par ses contemporains ou ses prédécesseurs qu'il lisait avec acharnement – Lénine était un lecteur compulsif – et parmi lesquelles il parviendra à imposer les siennes... ou non ! ou dans une certaine mesure, ou d'une certaine manière...



On sort donc de cette lecture exigeante, ardue, requérant une bonne culture historique et politique préalable et surtout une concentration sans relâche, avec un grand bagage de connaissances, sans être dérangé – ou à peine – par la circonstance que l'auteur est lui-même un marxiste qui ne recherche pas une improbable « objectivité » historique dans ses jugements ; on en sort principalement avec la conscience de la vanité des formules essentialisantes comme « le marxisme-léninisme », « le soviétisme », etc., et de la stupidité d'y coller un attribut, surtout un jugement de mérite, sans tenir compte que la politique est le domaine du possible, l'Histoire celui de la complexité extrême, et que la momification d'un penseur, sa « canonisation », sa transformation en « icône inoffensive » […] « vide [sa] doctrine révolutionnaire de son contenu, l'avilit et en émousse le tranchant » - comme Lénine l'avait prédit, dès 1917...
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L'ombre des grenadiers

Ce beau roman de Tariq Ali nous plonge en 1499 au cœur de l'Espagne, alors occupée par les Maures, au moment de la reconquête chrétienne.

Nous sommes dans le village d'al-Hudayl, près de Gharnata (Grenade), petit bourg dominé par la demeure du seigneur local, un musulman, Umar al-Hudayl, et sa famille.

Il y fait bon vivre, même si comme dans toutes les familles, il y a eu des drames, des intrigues, que l'auteur nous révèle au fur et à mesure de son récit.

Mais le sultan a été défait par les Chrétiens, il est parti au Maghreb, Grenade est occupée. Et si, dans un premier temps, les musulmans sont respectés et leur religion tolérée, bientôt les choses changent, l'Inquisition et ses valets intolérants s'installent...

J'ai beaucoup aimé ce roman captivant qui décrit si bien un certain art de vivre, même s'il n'est pas exempt de tout reproche, et son impuissance face à la montée d'une intolérance. À méditer...
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L'ombre des grenadiers

D'une page de l'histoire de l'Andalousie, Tariq Ali nous offre ici un roman aux saveurs de fruits du Sud. Nous voici en 1499, à Grenade, l'archevêque a ordonné la destruction des ouvrages en langue arabe. Encore une fois, l'intolérance règne là où les religions , pendant des siècles, n'ont pas opposé les hommes. Pour qui a visité ce pays splendide, les traces d'un passé glorieux demeurent ( la Mezquita à Cordoue, par exemple). Dans ce roman dense, nous entrons dans la famille al-Hudayl, dont l'arbre généalogique figure en début de livre. Ils sont musulmans, fortunés, respectueux des traditions, mais s'interrogent sur l'avenir : faut-il renier sa foi pour rester en vie? Fuir? S'opposer aux chrétiens? Ce livre fait partie d'un cycle romanesque " le quintet de l'Islam". il en est le troisième volet.
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Un sultan à Palerme

Dans ce premier roman d’une série de cinq sur l’islam, Tariq Ali nous entraîne en Sicile au 12ème siècle.



J’ignorais qu’à cette époque la Sicile était une terre gouvernée par un roi chrétien grand protecteur des musulmans qui vivaient là bien avant l’arrivée des Lombards. La ville de Palerme comptait à cette époque pas moins de 29 mosquées.



Ibn Idrisi est le personnage principal de cette histoire. Géographe réputé, grand ami et soutenu par le roi Roger (aussi appelé sultan Rujari), il revient à Palerme terminer l’écriture du grand ouvrage de géographie commandé par Rujari.



Il assiste avec grande tristesse à la fin de règne de son ami, aux complots et trahisons des uns et des autres. Il ne trouve le réconfort qu’auprès de sa très grande famille : plusieurs épouses et nombreux enfants de tous âges.



J’ai suivi les intrigues, les querelles familiales, les amours de ce roman qui se lit comme un roman d’aventure avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. j’ai appris énormément de choses sur cette période où « éducation et culture étaient synonymes d’un islam en parfaite coexistence avec le monde chrétien ».
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La nuit du papillon d'or

Ce livre est le dernier tome du "Quintet de l'Islam" et peut tout à fait se lire indépendamment des autres ; il donne simplement envie de découvrir l'ensemble de l'oeuvre de cet auteur contemporain, originaire de Lahore (Punjab, Pakistan).

L'histoire n'est pas facile à définir... on peut tenter cependant : un écrivain, le narrateur, Dara, raconte ses souvenirs de jeunesse ainsi que sa vie actuelle ; il vient d'être contacté par un ancien ami dénommé Platon, qui a fait beaucoup de métiers différents, de professeur de mathématiques à peintre de renommée internationnale, afin qu'il écrive "le livre de sa vie" ; c'est Zaynab, la femme dont Platon est amoureux, qui lui a demandé une double biographie illustrée par lui-même, relatant les faits marquants de leurs existences.

Dara hésite, mais il a une dette d'honneur vis à vis de Platon et leur amitié est une très ancienne : avec d'autres comme Zahid devenu ensuite chirurgien cardiaque à Washington, ils avaient constitué un cercle d'amis d'obédience communiste, discutant indéfiniment de la vie, de leur avenir, de poésie et de politique à leur table réservée au salon de thé Pak de Lahore.

Petit à petit, le lecteur, de façon non chronologique, un peu anarchique, va découvrir les histoires de ces personnages très originaux ; Platon, en particulier, qui dit souvent qu'il a soixante-quinze ans soit quatorze de plus que son pays natal et qui peint avant de mourir une grande fresque représentant les quatre cancers de son pays (les USA, les dictateurs,les mollahs) ; Zahid qui vit à Londres avec sa femme Jindié - c'est elle le papillon d'or - femme d'une extrême beauté, d'origine chinoise, dont Dara a été longtemps amoureux. L'autre femme, Zaynab, celle qui est actuellement aimée de Platon, fut "mariée au Coran" il y a longtemps par ses frères, tradition cruelle et féodale qui évitait la dispersion des terres d'une famille, puisque la jeune fille ne pourrait ni épouser un homme ni avoir d'enfants.

Le Pakistan n'est quasiment jamais nommé en tant que tel mais toujours désigné sous le vocable de "Terrepatrie" ; les sujets de l'auteur sont au fond la mise au jour des problèmes du Pakistan et l'idée à laquelle il tient beaucoup, que, peut être, les mondes chrétien et musulman ne sont pas si différents...



L'écriture est belle, soignée, souvent humoristique ; c'est celle d'un conteur doué puisqu'il nous transporte facilement dans d'autres pays et dans d'autres vies...



Premières phrases : " Il y a quarante-cinq ans, à l'époque où je vivais à Lahore, j'avais un ami plus âgé que moi nommé Platon qui me fit un jour une faveur. Dans un accès de générosité juvénile, je promis de la lui rendre avec intérêt si un jour, n'importe quand, il avait besoin de mon aide. Platon enseignait les mathématiques dans une école huppée mais il détestait certains de ses élèves, ceux qui d'après lui n'étaient là que pour apprendre les beaux-arts de la débauche. Et ce Platon-là étant du Penjab, il me demanda si je pourrais lui rembourser son aide avec des intérêts composés. Comme un idiot, j'ai accepté."
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La peur des miroirs

La peur des miroirs, réédité chez Sabine Wespieser sous le titre Berlin-Moscou est tout à la fois la longue lettre d'un père à son fils, une confession très intime et un testament politique sur une vie de combats.

Les illusions perdues d'un intellectuel est-allemand, Vladimir Meyer, se sont fracassées sur le siècle. La chute du mur lui a coûté son poste de professeur. A l'amertume causée par les idéaux broyés s'ajoute le poids de son héritage familial. Sa mère Gertrude était une communiste juive allemande qui s'était réfugiée en U.R.S.S. pendant la guerre puis était retournée en RDA où elle travaillait comme agent de Moscou. Quand à son père, Vlady suppose qu'il s'agissait du mystérieux Ludwig, un juif polonais du 4ème Bureau de l'Armée Rouge. Il retrace sa longue quête pour son fils Karl qui lui bat froid.

A partir de cette saga familiale ancrée dans l'est de l'Europe, le romancier pakistanais Tariq Ali retrace presque un siècle d'histoire, des débuts du communisme à la réunification de l'Allemagne. La peur des miroirs est un roman très dense, riche d'une multitude de personnages aux doubles visages,qui nous emportent dans les capitales européennes, pendant la Révolution d'octobre, la guerre d'Espagne, la seconde guerre, la guerre froide, la réunification, même si le centre névralgique du roman reste Moscou, redoutable, impitoyable, écrasante.

La quête d'identité du personnage principal, l'exhumation des liens familiaux épars permettent à Tareq Ali de plonger le lecteur dans l'univers des services secrets soviétiques et de la machine de répression stalinienne. La peur de miroirs est cette peur larvée d'affronter la vérité, de soutenir son propre regard sur ses choix et son passé. « Regarde toi dans la glace » s'écrit la femme de Vlady.

Ali s'inspire de l'assassinat à Lausanne de l'espion soviétique Ignace Reiss, exécuté par le NKVD en 1937 après qu'il ait désavoué publiquement Staline. On retrouve donc dans ce roman foisonnant les figures de Lénine, Trotsky, Zinoviev, Staline mais aussi les noms des espions emblématiques de l'époque, Harold Philby, Richard Sorge, Sergeï Mikhailovich Spiegelglass…Un régal lorsqu'on s'intéresse à l'histoire des combats des premiers bolcheviques, au mécanisme des alliances, des double jeu, à la mise en place des ingérences et des purges. Ne reste plus qu'à lire Avis à mon exécuteur que Romain Slocombe a consacré à l'ami de Ignace Reiss, Walter Krivitsky ( "I was Stalin's agent") pour poursuivre cette éprouvante plongée dans le cloaque totalitaire.
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Un sultan à Palerme

L'intellectuel engagé et essayiste de grande valeur qu'est Tariq Ali (cf. Le Choc des intégrismes, 2002, ouvrage incontournable) nous livre ici un roman qui constitue le premier tome d'un projet de Quintet de l'islam. Le dessein est clair, intéressant et louable: montrer des moments où la civilisation de l'islam était à son faîte, phare de culture et de tolérance, où la coexistence pacifique des trois religions monothéistes a été source de rayonnement, mais où celui-ci est mis en danger par la barbarie de l'obscurantisme chrétien triomphant. La Sicile du XIIe siècle est le cadre de ce roman.



J'aime et suis attiré par ces romans historiques, par cette Histoire en perspective renversée (par rapport à nos idées reçues) à laquelle nous a si bien habitués le grand Amin Maalouf, depuis Les Croisades vues par les Arabes. Un Sultan à Palerme n'est pas sans évoquer d'ailleurs Léon l'Africain, ainsi que, bien que l'analogie soit plus approximative, Le Médecin d'Ispahan de Noah Gordon. Dans les trois cas le personnage principal est à la fois un lettré, un humaniste et un "passeur interculturel" touché par l'Histoire, même si les époques et les contextes sont très différents.



Néanmoins ce sont peut-être ces rapprochements, ou peut-être la haute considération que j'ai d'Ali comme essayiste, qui ne me permettent pas une notation superlative du roman: je trouve que trop d'espace est accordé dans la narration à l'histoire personnelle du héros (et à ses aventures d'alcôve) par rapport au contexte historique. Je reste sur ma faim au sujet du personnage intrigant de l’Éprouvé (et sur sa tentative "politique"), peut-être le sultan Roger - alias Rujari - est aussi un peu bâclé. Et puis la langue, sans doute la traduction, ne m'a pas entièrement satisfait.

Mais enfin, cet ouvrage n'est certainement pas qu'une transposition romanesque et vulgarisatrice d'une thématique qui tient à cœur à l'auteur (et sans doute à une bonne partie de ses lecteurs habitués).

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Le Choc des intégrismes : Croisades, djihad e..

Un essai de politique internationale très documenté et particulièrement convaincant sur les implications entre la poussée de l'intégrisme islamique et la politique atlantique, à travers un corpus historique s’étendant sur plusieurs décennies. L'on ne pourra plus se demander d'où a "soudain surgi" l'islamisme si menaçant, si hostile, sans tenir compte des responsabilités occidentales, en particulier américaines dans ce phénomène, qui perd toutes ses connotations inexplicables, exotiques et lointaines. La conclusion est tout aussi déroutante: il y aurait dans le fond plusieurs liens d'analogie voire de parenté entre la politique étrangère américaine et celle des islamistes. Et ceci est bien plus scientifique et politologique que les révélations sensationnelles sur les intérêts communs entre MM. Bush et Ben Laden.
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L'ombre des grenadiers

Ce livre est le troisième d'une trilogie (LE QUINTET DE L'ISLAM). Très beau roman qui se passe à Grenade (Espagne) (fin d'année 1499). Fin de la civilisation d'al Andalus pendant laquelle les trois religions monothéistes pouvaient vivre en harmonie dans le respect de l'autre et de ses différences. On assiste à la rupture de cette harmonie des peuples au nom de la prédominance d'une seule religion en suivant les combats d'une famille musulmane pour continuer à vivre en paix selon sa religion, sa culture et ses valeurs sur la terre de ses ancêtres. Lecture fort agréable pour les amoureux de l'Espagne (Andalousie-Grenade...) Auteur à découvrir.
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