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Diane Meur (Traducteur)
EAN : 9782848050515
357 pages
Sabine Wespieser (01/02/2007)
3.71/5   48 notes
Résumé :
Le géographe Idrisi revient de sa dernière navigation autour de la Sicile avant d’achever sa Géographie universelle, initiée des années auparavant grâce au soutien du roi chrétien Roger – alias sultan Rujari. En cette année 1153, la fin du règne de ce monarque éclairé, grand protecteur des intellectuels musulmans, est proche. Il accueille à Palerme son vieux complice Idrisi en lui annonçant qu’il est forcé, pour satisfaire les évêques et les barons normands, de sacr... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Premier volet d'une serie de cinq romans consacré à l'Islam (Le quintet de l'Islam) et son influence à travers les âges, cet opus commence en 1153, en Sicile, terre somme toute assez tolérante, où les cultures Chrétienne, Juives et Musulmane se marient de façon relativement respectueuse, sous la tutelle du Sultan Rujari, ou Roi Roger II, descendant de conquérants Normands s'étant taillé un fief en Italie du sud.

Je suis extrêmement partagé sur ce bouquin… d'un côté l'Histoire, le meilleur des scénarios comme d'habitude. En fin de règne notre bon Roger II faibli, tant physiquement que mentalement, laissant peu à peu de la place pour les évêques chrétiens intégristes tolérant très mal cette cohabitation intelligente. Ce dernier vendra progressivement son âme pour maintenir sa succession au trône, sacrifiant un proche musulman sur l'autel de la bêtise humaine. Bien entendu ces derniers, pas franchement d'accord, finiront eux aussi par mettre le feu à quelques gens d'église, et une nouvelle phase de guerre reprendra de plus belle.

Ce contexte est bien documenté, bien narré (bien qu'étant tout sauf exhaustif), distillé au fil des pages de manière assez légère mais efficace, et permet une compréhension globale de cette Sicile au fragile équilibre du XIIeme siècle. Bon point donc.

Et puis de l'autre côté, l'histoire (petit h, grosse déception) qui brode une relation entre le souverain et le cartographe et savant Al-Idrisi, deux personnages ayant existé, et ayant eu des relations amicales et fortes, menant à l'écriture du “Livre de Roger”. Ça c'est la partie sympa.

Le reste est franchement pénible à lire, étant rempli de la libido envahissante et des atermoiements incessants du scientifique, mêlant volontiers échangisme et complaisance de cocu (avec un roi ou un émir quand même). Voila quoi, des femmes qui lui supplient de leur faire des gosses et dont il tombe amoureux, et qu'ils couchent 5 fois dans la nuit, pendant que la fille cachée jubile de tout ces mouvements de grande romance etc... sa vie, ses gosses, ses terres, ses innombrables aller/retour Syracuse/Palerme… Bref on s'en tape et ça n'a selon moi rien à faire ici, surtout que la vie privée d'al Idrisi est semble il très méconnue, à se demander d'où sort tout ce tumulte digne d'amour gloire et beauté. Quand bien même ce serait vrai ça reste vraiment peu passionnant, malgré la plume relativement agréable d'Ali.

Double effet de ce babillage : déjà fortement réduit dans le temps et l'espace, le livre stagne. Ça n'avance pas, la vie privée prend trop d'importance par rapport au reste, et on attend les passages intéressant avec grande impatience. J'ai franchement été frustré de pas pouvoir en lire plus sur les jeux de pouvoir autour du trône, des révoltes latentes ou d'autres choses liées à ce passage de l'Histoire.

Très sceptique aussi quand à l'impartialité de l'auteur. le chrétien en dehors de Roger II est malfaisant, ne pense qu'a asservir le musulman, le convertir ou le réduire en cendre, alors que ce dernier n'est qu'amour, se fait cramer bien volontiers pour le bien de ses coreligionnaires voir prête sa femme pour qu'on lui fasse des gosses, et est bien sûr la grande victime des méchants chrétiens. J'admet une certaine part de vérité dans tout ceci, m'enfin faut pas pousser quand même.

Bref, je n'ai pas aimé. Je n'ai rien trouvé qui m'intéressais dans ce livre en dehors du contexte historique (malheureusement sous exploité) qui aurait mérité une plus grosse part de texte, et j'irais jusqu'à dire que je me suis ennuyé les trois quarts du temps. Et je passe en plus gentiment sur l'anachronisme du canon, qui rappelons le n'arrivera que dans environ 200 ans.
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L'intellectuel engagé et essayiste de grande valeur qu'est Tariq Ali (cf. le Choc des intégrismes, 2002, ouvrage incontournable) nous livre ici un roman qui constitue le premier tome d'un projet de Quintet de l'islam. le dessein est clair, intéressant et louable: montrer des moments où la civilisation de l'islam était à son faîte, phare de culture et de tolérance, où la coexistence pacifique des trois religions monothéistes a été source de rayonnement, mais où celui-ci est mis en danger par la barbarie de l'obscurantisme chrétien triomphant. La Sicile du XIIe siècle est le cadre de ce roman.

J'aime et suis attiré par ces romans historiques, par cette Histoire en perspective renversée (par rapport à nos idées reçues) à laquelle nous a si bien habitués le grand Amin Maalouf, depuis Les Croisades vues par les Arabes. Un Sultan à Palerme n'est pas sans évoquer d'ailleurs Léon l'Africain, ainsi que, bien que l'analogie soit plus approximative, le Médecin d'Ispahan de Noah Gordon. Dans les trois cas le personnage principal est à la fois un lettré, un humaniste et un "passeur interculturel" touché par L Histoire, même si les époques et les contextes sont très différents.

Néanmoins ce sont peut-être ces rapprochements, ou peut-être la haute considération que j'ai d'Ali comme essayiste, qui ne me permettent pas une notation superlative du roman: je trouve que trop d'espace est accordé dans la narration à l'histoire personnelle du héros (et à ses aventures d'alcôve) par rapport au contexte historique. Je reste sur ma faim au sujet du personnage intrigant de l'Éprouvé (et sur sa tentative "politique"), peut-être le sultan Roger - alias Rujari - est aussi un peu bâclé. Et puis la langue, sans doute la traduction, ne m'a pas entièrement satisfait.
Mais enfin, cet ouvrage n'est certainement pas qu'une transposition romanesque et vulgarisatrice d'une thématique qui tient à coeur à l'auteur (et sans doute à une bonne partie de ses lecteurs habitués).
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Je viens d'entamer la lecture de cette série de cinq romans écrit en anglais par Tariq Ali. "Le Quintet de l'Islam" veut corriger des erreurs trop souvent répandues par des ignorants, sur la culture musulmane. C'est en entendant, au moment de la guerre du Golfe, un commentateur affirmer que les Musulmans n'avaient pas de culture que Tariq Ali a décidé de son Quintet de l'Islam. Les cinq romans qui le constitueront se passent chacun à un moment où éducation et culture étaient synonymes d'Islam, en parfaite coexistence avec le monde chrétien.
Ne reste-t-il pas des monuments dont l'architecture nous force à l'admiration, un peu partout dans le monde, je ne donnerai pas d'exemple pour ne privilégier aucun.
On lira avec intérêt, l'article consacré aux « sciences et techniques islamiques » sur Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sciences_et_techniques_islamiques
France 2 lors de ses émissions religieuses, a présenté un très beau documentaire lors du temps consacré à l'Islam. Il s'agit de l'Islam en Sicile, malheureusement impossible à revoir sur le site de la chaîne. Mais un passionné des blogs propose sur son site l'enregistrement de ce film : http://attarikh.over-blog.com/
à suivre lorsque j'aurai terminé ce premier tome.

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Tariq Ali nous présente le premier volet de son Quintet de l'Islam.

Sicile - 1153
Un sultan à Palerme retrace cette époque où la cohabitation entre les "croyants" (musulmans) et les "nazaréens" (chrétiens) était possible grâce au roi chrétien Roger, alias Emir Rujari. La culture et le savoir musulmans l'attirent.

Géographe revenant d'un long périple, Idrisi, érudit, savant, est encouragé par l'émir dans le développement de ces connaissances. A la suite de ce long voyage, il s'apprête à finaliser son livre Géographie Universelle. A travers ce principal protagoniste "croyant", nous assistons aux moeurs et coutumes de cette époque.
Malheureusement, l'Emir Rujari est atteint d'un mal, qui le fait décliner. Ce subtil équilibre entre croyants et nazaréens semble se fendiller...
Ce roman d'aventures nous plonge dans un monde et une époque peu connus.

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Voici le premier tome du "quintet de l'Islam"de Tariq Ali, un sultan à Palerme. le "sultan Rujari " n'est autre que le roi normand Roger II de Sicile.

Le récit suit un de ses proches conseillers, l'érudit et médecin Muhammad ibn Muhammad al Idrisi (qui a réellement existé et a laissé notamment "le livre de Roger", une carte du monde connu jugée la plus précise pendant trois siècles). Nous le suivons tant dans sa vie personnelle que dans sa vie sociale et politique, ce qui a l'avantage de balayer de nombreuses thématiques : aussi bien la structure familiale, les relations hommes-femmes, la filiation, que la cohabitation des cultures bigarrées qui ont successivement investies la Sicile, mise en danger ici par une radicalité montante des Chrétiens conseillant le roi à la veille de sa mort, visant notamment la prise en main de sa succession, ou encore les apports autant que les défauts de la culture musulmane (y compris la religion).

Pour ce qui est de la vie personnelle d'Idrisi, on peut dire que l'auteur s'est fait plaisir en invoquant quelque peu des souvenirs de lecture qui sont autant d'hommages à l'Odyssée, les Mille et une nuits, et à la poésie érotique et bachique (oui oui) de poètes encore reconnus aujourd'hui tels Abû-Nûwas et Ibn Quzman. Cela va un peu loin et peut sans doute refroidir certains lecteurs par une trop grande libéralité et un manque probable de vraisemblance mais pour ma part, dans un bon jour, j'ai été bon public et cela m'a globalement amusée. Cela équilibre les scènes et discours sérieux tout à fait intéressants et allège l'ensemble.

Pour moi, tout cela en fait un roman fluide et très agréable à lire où l'on rêvasse autant que l'on apprend de choses.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Votre longévité dépendra de la façon dont vous déciderez de vivre après votre victoire. Si l'un de vous décide de devenir le seigneur de la terre et que les autres acceptent, vous ne durerez pas longtemps. Mais si vous travaillez ensemble, en partageant la nourriture et en veillant les uns sur les autres, comme faisaient beaucoup des nôtres aux temps anciens, votre communauté peut survivre. Un mode de vie qui protège les intérêts de tous est un mode de vie pour lequel on est prêt à mourir. Il est sans valeur, l'enseignement de ceux qui recourent aux lois et aux coutumes pour défendre une propriété qu'ils ont volée eux-mêmes, ou héritée de voleurs. Soyez audacieux. Oubliez-les. Ce que vous avez fait aujourd'hui vaut plus que toutes nos coutumes.
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Au moment même où le bateau, profitant d'une brise inattendue, approchait de la baie de Syracuse, la lumière de la pleine lune tomba sur les ténèbres de la mer et y forma une prairie dorée. Si souvent et dans de si nombreuses eaux qu'il ait contemplé ce spectacle, Idrisi en avait toujours le souffle coupé. Regardant mieux, il vit les barques éclairées à la bougie qui sortaient en mer pour une nuit de pêche.
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"Je ne comprends pas ce qui alarmait tant vos théologiens dans cette oeuvre.
- Je pense qu'ils ne pouvaient admettre cette promiscuité entre dieux et êtres humains, Commandeur des sages. Et l'idée de ces dieux créés à l'image d'hommes et de femmes était pour eux inacceptable. Je ne vois pas d'autre raison.
- Mais c'est ce qui fait le plus grand attrait de l'œuvre. Leurs dieux étaient partie prenante de tout ce qui se produisait : guerres, déluges, catastrophes, aventures dans le ciel et sur la mer, querelles de famille, naissances, mariages, morts, renaissances. Crois-tu que la femme du marin Ulysse, qui résista à ses prétendants terrestres, aurait pu succomber aux charmes d'un dieu? Je suis surpris qu'aucun n'ait essayé. [...] "
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La première phrase est décisive. Il le savait d’instinct, et aussi pour avoir travaillé sur de vieux manuscrits. Comme les Anciens comprenaient bien cela, avec quel soin ils choisissaient leurs commencements et, avec quelle facilité leur travail devait progresser une fois cette décision prise ! Où commencer ? Par quoi commencer ? Il leur enviait les choix que leur monde rendait possibles, leur capacité d’aller chercher la connaissance où qu’elle pût se trouver.
Sa mère lui avait appris que les gens du Livre, en déclarant sans valeur tout le savoir antérieur à leurs propres prophètes, ne font que trahir leur ignorance. Elle lui avait raconté comment, lorsque la ville avait été prise par une engeance particulière de guerriers du Prophète –des hommes qui craignaient le savoir plus que la mort- , son grand-père à elle, un mathématicien très estimé de Qurtuba, avait été publiquement déchu et passé au fil de l’épée avec quatre-vingt autres savants. Les zélotes qui les avaient tués au nom de la religion désignaient les Anciens comme « le temps de l’ignorance », un monde dans lequel les gens n’étaient pas soumis à la nécessité d’adorer un seul dieu. Comme ils devaient blasphémer à cœur joie ! Un monde sans apostats. Il eut un sourire qui éclaira un moment son visage, puis il se rembrunit. [p. 11-12]
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A mon sens - excuse-moi de te parler franchement -, la géographie n'a jamais été essentielle à la connaissance. La vraie connaissance surpasse toutes les cartes que tu pourrais faire. Car elle provient de ces tempêtes incessantes qui torturent notre esprit, comme les coups de fouet appliqués sur le corps nu d'un marin ou d'un prisonnier. Dans les deux cas, les blessures laissées ne cicatrisent jamais. C'est cette expérience de la vie qui nous instruit, maître Idrisi. Pas tes cartes. Comprends-moi bien : nous avons certes besoin de connaître la taille et l'étendue du monde, mais en elle-même cette connaissance est inutile. Ce qui importe, c'est ce que nous en faiusons.
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