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Citations de Thibault Bérard (127)


Malgré tout, l’une de ces pensées échappe au tourbillon, se détache du lot et vient perler jusque devant les yeux : demain, je serai une femme malade. Je sens une énorme quinte de toux monter, comme provoquée par cette idée.
Cette nuit, en vérité, est ma dernière avant la maladie. Avant le vent. Même si, bien sûr, la rumeur est là depuis un moment (trois mois ? Cinq ? Sept ?), à couver en silence à la façon d’un noeud de vipères caché sous un buisson… il n’empêche que tant qu’on a pas conscience des choses, elles n’ont pas d’existence - je dois pouvoir trouver une bonne dizaine de gars parmi mes philosophes pour attester de cette vérité-là.
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« Tout ira bien », Benjamin. Ces mots-là, je suis soulagée d’avoir pu les prononcer. Pour les autres, tout ira bien. Pour les amis, la famille, tout ira bien. Pour Théo… Pour lui, je ne veux pas y penser. Par moments, je l’imagine dans les bras d’une autre femme, avec qui il élèverait nos enfants – et dans ces moments-là, je lui souhaite vraiment d’être heureux, libre, en vie à nouveau… mais pour être franche, ça ne dure pas. Cette image est trop dure. Trop violente. L’accepter reviendrait à m’accepter morte déjà, et je ne peux pas. Soudain je veux lutter, et vaincre, et marcher, faire un miracle et regagner ma vie à coups de griffes dans le réel, et écraser quiconque se mettrait sur ma route ! Je refuse qu’on m’oublie, je refuse qu’on me laisse crever ! La minute d’après, je prie pour que tout s’arrête et que le monde soit en paix sans moi. Je clignote en noir et blanc sans cesse, c’est épuisant. Mais là, face au visage franc et simple de Benjamin, je peux me payer le luxe d’être tranquille. De lui annoncer, depuis le lit où bientôt je vais mourir, de beaux présages de vie douce. Tout ira bien, Benjamin.
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Ce serait faux, parce que la vie n'a jamais cessé d'être là, jusqu'au tout dernier instant, au tout dernier "je t'aime" hurlé, mais plus encore parce que, d'une certaine manière, elle n'a jamais été autant là, hurlante elle-même, vibrante, qu'à partir de ce moment où, oui, le vent s'est levé.
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Généralement, à ce stade, l’échange se durcit et les répliques s’accélèrent. Le ton ne monte pas vraiment, mais il est clair que la discussion se tend. Et, à chaque fois, au bout de quelques phrases, Théo reprend l’avantage, comme au tennis - il ne joue jamais mieux que quand il est acculé, au bord de la défaite.
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La vie n est rien d autres qu une métaphore. Le chemin, la route, la voie.. Peu importe la forme que cela prend, on aboutit toujours à la même idée.. Avancer dans une direction, se construire au gré des rencontres, devenir ce que l'on est.
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Cléo pleure aussi.
Pour moi.
Pour une femme qu'elle n a pas connue.
Pour une femme dont elle aime l'homme qui l a aimée jusqu'à sa mort.
Pour une femme à la mort de laquelle, en un sens, elle doit son bonheur.
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Nick Cave. Ses chansons sont parfois déprimantes, mais je pense que c'est un homme qui aime la vie.
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Il se trouve que parfois, être héroïque, c'est simplement réussir à vaincre sa peur du ridicule. C'est surmonter sa timidité en osant croire, malgré la crainte d'être grotesque. Croire à la magie, croire que l'amour peut sauver et que les mots trop longtemps tus pourront un jour être dits.
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Cet instant, songe Léonard, est un cadeau. En un clin d'oeil, il renoue non seulement avec son enfance, mais aussi avec le monde qui l'abritait. Les plateaux vert et ocre entre lesquels serpente le sentier connu par coeur; la vallée noyée de lumière au fil du matin naissant; le bruit d'une pierre butant contre une autre et la faisant rouler, dans l'air chargé de senteurs piquantes à l'approche de la forêt; un peu plus loin, le chant égal d'un ruisseau, et plus loin encore une rumeur de meuglements ponctuée de tintements métalliques; et puis toujours, à perte de vue, les sommets pelés de ces montagnes qui lui sourient en silence.
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J'imagine que vous serez d'accord : ce que tout le monde veut, dans la vie, c'est laisser une trace, non ? Résister à l'oubli éternel ?
Et bien le scoop, mes amis, le truc pas croyable que je vais vous annoncer ici, dans ces pages et même dès la première, c'est que le but ultime de tout le monde, dans la mort, c'est exactement l'inverse : se faire oublier des vivants. Couper le cordon une bonne fois avec l'avant [en italique dans le texte], pour, enfin, accéder à cette absolue félicité, ce repos parfait des sens et de l'esprit dont on nous rebat les oreilles depuis les siècles des siècles.
Avouez que ça remet les choses en perspective.
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En pur montagnard, Paul sait que la seule manière de survivre à un environnement hostile est de s'y adapter.
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Sarah a toujours pensé qu'elle mourrait avant 40 ans. Elle s'est trompée. Elle va mourir à 42 ans, en laissant Théo, l'amoureux, Simon, le petit prince et Camille, la paisible, emportée par un cancer contre lequel elle arrêtera de lutter, à bout de force.
Ce roman dit très justement le tunnel dans lequel entre les malades et leur famille. Ce tunnel qui permet de se concentrer uniquement sur la lumière au bout, comme des oeillères pour les chevaux.
Cette lumière, ça n'est pas l'espoir.
Non, pour eux l'espoir ne sert à rien, l'espoir s'est bon pour les biens portants.
Non, ce dont ils ont besoin, ceux sont des objectifs, des étapes à franchir comme autant de victoires qui viendraient s'additionner dans la colonnes des +.
Et tant pis, si au fil du temps, les étapes se rapprochent de plus en plus, un rendez-vous, des résultats d'examen, un médicament, quelques millimètres de tumeur, et puis finalement juste la minute suivante, la seconde suivante, la respiration suivante...
Toutes ces minuscules victoires comme autant de points qui viennent former une ligne droite que l'on voudrait prolongée vers l'infini.
Et lorsque enfin on comprend, on admet, on se résigne, on oublie les victoires, on oublie les + dans la colonne et épuisé de luttes, de courses et de vertiges, il faut que les choses s’apaisent, s'arrêtent.

Voila ce que raconte le roman de Thibault Bérard avec beaucoup d'humanité et de franchise.

Alors pourquoi ca n'a pas marché avec moi? Pourquoi malgré quelques larmes, bien sûr, je ne suis pas vraiment convaincue en tournant la dernière page ?

Peut être que ces situations sont trop individuelles pour être partagées et que chacun en conserve une vision tellement personnelle que toute autre que la sienne ne pourra lui paraitre que fausse.
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La seule idée qu’on puisse lui reprocher d’aller trop vite le met en colère, il n’a aucune patience avec le sujet, aucune envie d’expliquer qu’il se sent à la fois groggy de chagrin et impatient de vivre ; dévasté et libre ; terriblement vieux et follement jeune.
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Mais bien sûr, les vivants ne profitent jamais des occasions de repos pour se reposer, c’est vivre qu’ils veulent.
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Le problème avec les gens qui sombrent, c’est qu’ils t’entraînent avec eux.
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Voyez ça comme ce que c'est, une histoire. Ce n'est pas parce qu'elle est vraie et dure par moments, ni même parce qu'elle finirait mal, que ce n'en est pas une; toutes les vies sont des aventures extraordinaires, pour qui peut les voir dépliées devant soi.
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Aujourd'hui, je sais qu'elle lui a asséné une fois cette phrase assez terrible :
- Le problème avec les gens qui sombrent, c'est qu'ils t'entraînent avec eux.
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La force d'un homme se mesure à ses faiblesses.
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« Moineau » c’est moi. Si ça c’est pas cul-cul à mort, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Sauf qu’au bout d’un an de vie commune, j’en suis venue, non seulement à accepter ce surnom débile, mais même à lui en trouver un. « Lutin. » Voilà voilà. Lutin et Moineau sont dans un bateau. Je vous emmerde, je fais ce que je veux, c’était mon tour d’être heureuse.
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Elle ne dit pas « ma grande », ou «  ma belle », aucun de ces sobriquets débiles qu’une femme mûre se sent parfois obligée de sortir à une gamine de 20 ans. Il y a quelque chose de professionnel dans sa façon de prendre les choses en main. — Montez, je vous emmène à mon bureau. C’est tout près. Encore une chance ! — Votre bureau ? Elle me sourit comme à une éclaircie bienvenue. — Ah, vous parlez. Tant mieux, ça nous facilitera la tâche. Bon, ça suffit. — Attendez, quelle tâche, de quoi vous parlez ? Et lâchez-moi, merde ! J’ai tiré le coude en arrière d’un coup sec et je jette un regard rapide autour de nous, voir dans quelle direction je vais pouvoir me casser d’ici. La rue est déserte, les rideaux sont tirés aux fenêtres des pavillons blanc crème ou grisouille qui la bordent, un dimanche midi c’est particulièrement sinistre – mais ça n’a rien d’étonnant par ici. « Donfran, ville de malheur : arrivé à midi, pendu à une heure »  : une ville qui porte une devise pareille, ça a au moins le mérite d’annoncer la couleur. Basse-Normandie, pas un chat, pas un bruit. Le décor de mon enfance, là où j’ai grandi – entre quatre murs. J’étais venue passer le week-end chez mes parents et ça ne m’avait pas vraiment boosté le moral. — Voilà, vous voyez ? elle dit. Je vous ai lâchée. Je ne vous veux pas de mal, d’accord ? Si vous voulez filer, vous pouvez. C’est ce mot-là, « filer », ce mot un peu canaille, qui m’a fait rester. D’un coup je basculais dans un film de Godard, le genre d’ambiance où les gens se balancent des répliques de ce goût-là comme si rien n’était plus naturel, Il s’agirait de filer en vitesse , ça m’a toujours plu. Si je pouvais vivre dans un film de Godard, je me sentirais sûrement moins dark, moins furieuse tout le temps. J’aurais probablement pas envie de me jeter sous les roues de la première bagnole venue, par un bel après-midi de juin, à l’occasion d’une visite de famille à Donfran, ville de malheur. Mais j’ai beau être jeune et pas mal larguée, je sais bien que la vie n’a rien à voir avec un film de Godard. Les couleurs ne sont jamais aussi éclatantes, il n’y a pas de musique bizarre pour souligner les passages drôles ou absurdes et les gens sont infiniment plus prévisibles. Madame frange cuivrée sourit en désignant Nick Cave, qui tire une tête de croque-mort sur mon tee-shirt. — Je ne suis pas sûre qu’il approuverait. — Hein ? — Nick Cave. Ses chansons sont parfois déprimantes, mais je pense que c’est un homme qui aime la vie. Elle me soûle, je suis à deux doigts de lui dire de me lâcher la grappe, bordel, et à Nick Cave et à tous les groupes que j’aime, parce que j’ai pas besoin d’elle, ni de personne, juste qu’on me laisse me foutre en l’air si c’est ce que je veux… … quand elle fait ce truc complètement dingue, incompréhensible. On pourrait dire ridicule, mais, en revoyant la scène aujourd’hui comme à l’époque, ce n’est pas du tout ce que ça m’a inspiré.
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