AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Thomas Edward Lawrence (41)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La matrice

Mal de vivre, dépression, masochisme, besoin de dégradation, mythe de Sisyphe, voici les mots clés de ce texte qui décrit l'univers du troufion de la Royal Air force dans laquelle, T.E. Lauwrence s'est engagé sous un faux nom après son retour d'Arabie. Le texte fait état de la misère de la recrue de base et de la bêtise sans limite de l'univers militaire de bas niveau.
Commenter  J’apprécie          90
Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale

Traversée du désert, en long, en large, en travers et en chameau.



Les mémoires de guerre rapiécées de T.E Lawrence, Laurence d’Arabie pour la postérité, couvrent les deux années (1916-1918) de la révolte arabe contre les turcs. 2 ans et 900 pages pour trois bonnes semaines de lecture pour bibi d’Occitanie qui avait emporté ce classique pour un voyage en Jordanie de huit jours en se disant, prévoyant, qu’il aurait du mal à trouver une librairie en plein désert. Manquer d’eau, je veux bien mais pas de bouquins. En fait, j’aurai pu enchaîner avec un Paris Dakar en trottinette électrique pour espérer le terminer avant de rentrer.

Quel monstre ! Chaque page est un mirage, quête du point final comme celle d’une oasis, oh, oasis, ah ! J’ai ma dose de sable émouvants pour l’année. Plage de galets cet été. Tant pis pour le mal aux pieds.

Je vais la faire court, tellement il l’a fait longue. T.E Lawrence raconte comment a été fomentée et menée la révolte arabe contre l’Empire Ottoman, allié de l’Allemagne durant la première guerre Mondiale. Il raconte surtout le quotidien des escarmouches et embuscades auxquelles il a participé pour déstabiliser l’ennemi turc.

Archéologue de formation, l’historien se mua en homme d’action, épousant une cause qui devint pour lui une quête d’absolue. Elle fit sa légende et le regard de Peter O’Toole.

Ce qui m’a profondément marqué dans cette lecture, c’est la volonté de l’auteur de minorer son rôle dans l’histoire. S’il a largement contribué à la victoire et se révèle un extraordinaire stratège, il ne cesse d’être tiraillé par sa conscience concernant les ambitions cachées de son pays. Appuyer le mouvement nationaliste arabe qui veut s’émanciper de Constantinople dont le sultan appelait au Jihad en 1914, éviter tout soulèvement contre la présence anglaise dans le delta du Nil, s’assurer la maîtrise de la route des Indes, pipeauter des promesses d’indépendance qui tiendront davantage de la curatelle, et accessoirement, filouter les français dans la région au-delà des accords Sykes-Picot de 1916. Autant d’enjeux diplomatiques qui polluent les idéaux de l’homme d’aventure qui décrit si bien la honte de ses ambiguïtés dans ces pages. Petit complot de puissance coloniale au menu.

T.E Lawrence cherche donc aussi à casser son mythe, déboulonner sa statue avant que cela ne devienne à la mode, nuançant sa gloire militaire et contestant ensuite sa gloire littéraire.

Il partage par contre dans son récit sa fascination pour ses camarades arabes, nomades, fiers, fatalistes et instinctifs, pour les leaders du mouvement et notamment pour l’émir Fayçal, futur roi d’Irak, et roi éphémère de Syrie pendant 100 jours.

Dans ce récit flamboyant, il ne manque selon moi que deux choses : des femmes (pas une seule en 900 pages, cela relève de l’ascétisme), et… une carte, car on se perd vite dans le désert et sans panneaux, sans office du tourisme ou QR code sur le cul des chameaux, j’ai souvent perdu mon chemin dans ces pages entre La Mecque, Damas et Amann. Avis aux prochaines éditions.

Sans nul doute, « Les sept piliers de la sagesse » constitue un des plus beaux récits d’aventure du 20 ème siècle. Une lecture exigeante qui demande la patience d’un bédouin qui passe le balai devant sa tente un jour de tempête de sable mais qui parvient à magnifier des terres désolées.

Au fait, qui se souvient de la chanson qui a mal vieilli: "Fuis... Lawrence d'arabie" chantée par Annabelle en 1987. Ecoutez-là, elle vous hantera toute la journée.

Sinon, joli voyage. Je me suis pris pour Indiana Jones à Petra. On fait ce qu’on peut. Je n’ai pas les yeux de Peter O’Toole.





Commenter  J’apprécie          896
Crusader Castles

Thomas Edward Lawrence (qui se fera connaître plus tard sous le nom de Lawrence d'Arabie) visita dans sa jeunesse les châteaux forts anglais et gallois, puis ceux de France, notamment au cours d'un véritable tour à bicyclette durant l'été 1908, avant d'aborder, de juillet à fin septembre 1909, après une longue et sérieuse préparation, les châteaux élevés par les Croisés en Palestine, au Liban, en Syrie et jusqu'à la frontière de celle-ci avec l'actuelle Turquie. Il fit de ses lectures observations, reportages photographiques, dessins, plans et réflexions personnelles la base d'un mémoire qui devait lui permettre d'accéder en 1910 au grade de Bachelor of Arts. Son écrit de soutien intitulé : L'influence des Croisades sur l'architecture militaire européenne à la fin du XIIe siècle dit en fait tout le contraire de ce que le titre semblait annoncer. C'était une manière de voir les choses tout à fait originale au début du XXe siècle, et cependant l'universitaire C.T. Atkinson s'il jugea le travail bien présenté n'y trouva rien de formidable, ce qui n'était pas le point de vue des professeurs de Lawrence, plutôt enthousiastes et encourageants pour leur part. Aujourd'hui, malgré quelques sourires des castelologues et des historiens (je pense en particulier au spécialiste incontesté de l'histoire des Templiers, Alain Demurger), j'estime qu'il est nécessaire de réparer cette injustice à l'égard de Lawrence, qui ne me semble pas avoir fait un travail de potache, même si son approche ne répond pas vraiment à une méthodologie scientifique. Car T.E. Lawrence a quand même bien eu des intuitions : au contraire de ce que pensaient et de ce que pensent encore beaucoup des gens qui se penchent sur la question et qui tiennent pour chose certaine que les Croisés ont beaucoup appris de leur confrontation avec les Byzantins et les Musulmans en matière d'architecture militaire, et que les guerriers "francs" ont ramené en Europe occidentale des "recettes" apprises au Moyen-Orient, ce que nul ne niera, Lawrence a très finement noté que les guerriers partis vers ce qui allait devenir les États latins implantés sur les bords orientaux de la Méditerranée, apportèrent avec eux le plan quadrangulaire des tours maîtresses en pierre qui s'érigeaient alors partout en Europe. En fait, les deux choses sont vraies ensemble, et il a dû y avoir des courants dans les deux sens. Cependant, la rareté du bois comme matériau de construction au Moyen-Orient a fait que les voûtes de pierre ont presque immédiatement supplanté les planchers de bois encore fréquemment répandus en Europe pour séparer niveaux et étages. Quant au passage du plan carré ou rectangulaire des donjons et tours de séquence et d'angle des enceintes, au plan cylindrique parfait ou demi-circulaire avec ouverture à la gorge, avec essais intermédiaires de plans polygonaux, il a bien dû passer par un chassé-croisé continu entre l'Europe et les États des Croisés et par des innovations régulières. Au total, le travail plus ou moins rigoureux de Lawrence ne peut pas être négligé et mérite bien de la part de ceux qui s'intéressent à ces questions une attention particulière.

Maurice Larès était bien parti pour le démontrer quand sa santé et le soin que prenait de lui son épouse ont interrompu son effort dans ce sens. Une traduction du mémoire de Lawrence était en effet en cours de réalisation, mais cette démarche a brutalement pris fin. Il s'agirait à présent de la reprendre et d'accompagner cette version française d'un bon appareil de notes critiques.



François Sarindar, auteur de Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010).
Commenter  J’apprécie          692
Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale

La simple évocation du titre du livre me donnait la chair de poule et, donc, peut-être que je m'étais fait une idée fabuleuse du livre, je m'attendais à un mélange entre un conte philosophique, façon Montesquieu, et un grand roman d'aventure.



La déception n'est pas abyssale mais il est vrai que l'auteur commence tout de suite sur un ton d'affaire courante, où il est sous-entendu qu'il est chargé de superviser des batailles. le contexte de l'affaire, et surtout des réflexions avec hauteur de vue, ne viendront que dans la suite du livre, les fruits, imagine-t-on, de pensées venues un soir de bivouac. le reste du temps, l'auteur est pris dans l'action comme ce fût le cas lorsqu'il l'a vécue.



Le récit se passe principalement dans le désert, où Lawrence côtoie les Shérifs, chefs arabes, pour organiser ces actions. Lawrence a adopté le costume des arabes et se déplace principalement en chameau. Il y a les chameaux de bât, utilisés pour porter des charges, et les chameaux de course, plutôt pour porter un homme, et aller vite.



Mais le chameau peut aussi servir de nourriture lorsqu'il est trop faible, ou trop vieux, ou qu'il a été blessé.



Les actions de ces guerriers, sous la direction de Lawrence, consistent surtout à poser de la dynamite sous les ponts ou les voies ferrées, afin de perturber les infrastructures turques. Lawrence en raconte le quotidien, en l'émaillant, de temps en temps, de considération sur les fondements de la guerre, ou de la « révolte », ou sur les mentalités des peuples.



Lorsque son moyen de locomotion n'est plus le chameau, vers la fin du livre, il a, en guise de jeep, … une Rolls ! Pour rouler dans le désert.



Vers la fin du livre, Lawrence raconte les horreurs des blessés suite à la prise de Damas.



Disons que c'est un peu moins captivant qu'un roman d'aventure, mais il ne faut pas oublier que ce n'est pas de la fiction. C'est la version de Lawrence, de ces évènements, tels qu'il les a vécus.



C'est un livre qu'il faut avoir lu, pour avoir une idée plus proche de la vérité, que si on s'est contenté de voir le film de David Lean.
Lien : https://perso.cm63.fr/node/221
Commenter  J’apprécie          10
Guérilla dans le désert

Thomas Edward Lawrence en lecteur éclairé de Karl Von Clausewitz, voilà qui a donné de très imprévisibles résultats. A commencer par une guerre gagnée en s'épargnant les habituelles tueries caractérisant l'exercice. Rappelons-nous que nous sommes en 1917 et que dans le même temps les affrontements en Europe de la première guerre mondiale n'épargnèrent rien pour leur part. Toutefois les développements ultérieurs de la politique britannique au moyen-orient eurent des conséquences beaucoup moins satisfaisantes comme nous ne pouvons que le constater aujourd'hui. Ce n'était certainement pas ce que pouvait espérer et rechercher Lawrence. Cruel est le champ de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          70
Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale

″Pour la survie de la Grande-Bretagne, il nous fallait battre l’Allemagne dans les Flandres ; pour la survie de l’empire britannique, il nous fallait battre la Turquie en Syrie. ″



J’ai vu il y a fort longtemps Lawrence d’Arabie, et pourtant j’en garde un souvenir fort, tant pour la qualité du jeu des acteurs, l’esthétisme cinématographique, et cette musique lancinante qui m’inspire des envies d’évasion et de chevauchées dans le désert dès les premières notes.

Depuis un moment j’avais très envie de me plonger dans l’ouvrage qui a inspiré David Lean, et fait connaître au monde Omar Sharif.



Lawrence ne fut pas qu’un héros de cinéma, il fût avant tout un officier britannique, chevronné, qui se retrouva presque par hasard embarqué aux côtés des Arabes contre la domination ottomane dans la péninsule arabique au sens large, jusqu’aux confins de la Syrie. Nous sommes en 1916, il est alors envoyé comme agent de liaison auprès de l’émir Fayçal ; l’objectif est double : libérer l’occupation ottomane, et prendre Damas afin d’éloigner les Français, très influents dans la région.

C’est l’aventure d’une vie à laquelle T.E. Lawrence consacre cet ouvrage copieux, extrêmement détaillé et chronologique. Un ouvrage rédigé en 1919, dans un laps de temps de 6 mois, et dont l’auteur se fit voler la majeur partie quelques mois plus tard. Une seconde version fût rédigée à la hâte, puis remaniée, et retouchée avec soin, sécurisée. C’est la version dite d’Oxford, l’intégrale de référence.



Ce qui frappe, c’est la connaissance très précise des populations arabes composées de multiples tribus que l’auteur dans le cadre de ses missions a tenté de fédérer au maximum. Lawrence est un caméléon. Il adopte naturellement l’habit traditionnel, se fond dans les traditions tribales, souvent à ses risques et périls d’ailleurs. La première partie de l’ouvrage est consacrée à une forme d’état des lieux historique, une étude de mœurs, et à la psychologie d’un certain nombre de personnages que l’on retrouvera tout au long du recueil.

Outre l’aspect militaire, politique et sociétal, Lawrence fera dans tout son récit une véritable déclaration d’amour au Désert qu’il aura arpenté dans toutes ses dimensions à dos de méharée, à pied, ou en train. Il en aura exploré chaque pierre et chaque grain de sable. Il en ressort de somptueux passages, trop nombreux pour être tous cités.



La langue de Lawrence est éminemment littéraire. Qu’on se le dise, le texte est travaillé, parfois roboratif, exhaustif. On n’échappe pas à quelques longueurs qui ne sont rien à côté de la richesse de ce récit, de tout ce qu’il apporte de connaissances.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
Commenter  J’apprécie          120
Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale

Ce livre autobiographique est une histoire de guerre, merveilleusement écrite. TE Lawrence décrit à grand détail sa lutte personnelle pour que le soulèvement arabe contre les Turcs puisse inspirer la naissance d’un mouvement national. Je recommande vivement sa lecture.
Commenter  J’apprécie          00
Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale

C'est un pavé que j'ai peiné à finir. Mais j'ai été récompensée par une histoire peu connue et peu relatée dans nos livres d'histoire. J'ai vu le film, il y a au moins une vingtaine d'années. Je me souviens du désert, du soleil implacable, des chameaux et d'hommes dissimulés dans leurs vêtements protecteurs.

Cette histoire, donc, débute avec l'Empire ottoman et la première guerre mondiale. Je ne sais pas si l'on peu dire que c'est la rencontre entre un occidental britannique et des tribus nomades de langue arabe. L'auteur qui vit ces bouleversements devenus légendaires témoigne d'une société dominée par les turcs, un empire qui vit ses derniers instants. C'est un récit épique mais aussi dramatique quand on sait ce que l'avenir réserve à cette région du monde. L'auteur parvient à fédérer des communautés arabes et à initier la rébellion. S'attachant à détruire des voies ferrées pour ralentir et immobiliser l'empire turc et cela sur un territoire démesuré et une géographie extrême. Il a réussi à concilier des croyances et des désirs bien que sa vision soit entachée par celle des occidentaux.

Cette terre est malheureusement âprement disputée encore aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          50
La matrice : Journal du Dépôt de la Royal Air..

Je suis un admirateur de T E Lawrence et les Sept piliers sont mon premier choix pour une ile déserte. Alors je ne pouvais qu’être ébloui par le style, la force de ce texte et ce qu’il nous fait voir de la complexité de cet homme. Un homme très tourmenté qui n’a jamais accepté son corps, qui luttait contre ses démons et qui est - avant tout ce qui a fait sa légende - un très grand écrivain.

Le texte est tellement dense qu’il en est presque étouffant lorsqu’ il décrit les avatars de la vie d’un soldat pendant ses classes, dans sa première partie. Lorsque l’auteur intègre ensuite un régiment, le style se fait plus léger et on respire mieux, on revit, tout comme lui. Le moment de bravoure du livre est la description extraordinaire de la course en moto contre un avion. Génial.

Commenter  J’apprécie          20
Crusader Castles

Ce n'est pas une thèse, comme on l'a longtemps cru et écrit. C'est le mémoire d'un jeune homme qui fit ses études au Jesus College à Oxford de 1907 à 1910 et produisit ce texte comme Bachelor of Arts.

Thomas Edward Lawrence (1888-1935) s'intéressa fortement à l'architecture militaire et religieuse médiévale durant sa jeunesse, sans doute sous l'influence de son père Thomas Tighe Chapman, et il effectua en France, à commencer par la Bretagne, une série de visites pour y voir plusieurs de nos châteaux forts et de nos cathédrales (ayant fait de même dans son Pays de Galles natal). Il vint chez nous durant trois étés consécutifs, en 1906, 1907 et 1908. Il se déplaçait alors à bicyclette et envoyait à sa mère des lettres où il donnait ses impressions de voyage (il avait dans ses sacoches le Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle d'Eugène Viollet-le-Duc, admiré par Lawrence-- et bien trop pour ce qu'il a fait à Carcassonne) .

Le plus important restait à venir : le long périple pédestre qu'il fit, en 1909,en Terre Sainte, au Liban et en Syrie, sur les pas des Croisés.

Il tira de tout cela ce travail "universitaire" ou scolaire accompagné de photographies, de plans et de dessins sous le titre de : L'influence des Croisades sur l'architecture à la fin du XIIe siècle (qui deviendra le livre Châteaux des Coisés publié par Golden Cockerel Press en tirage limité en 1936, un an après la mort de Lawrence).

Après 1918, Thomas Edward avait depuis longtemps tiré un trait sur son intérêt premier pour l'histoire médiévale, tout en continuant à s'informer et à faire ici et là des commentaires dans sa vaste correspondance suivie avec ses amis.

Ce n'est que récemment que les spécialistes de l'histoire lawrencienne et surtout les spécialistes de la castellologie sont revenus sur ce thême : après Maurice Larès et moi-même, nous avons vu plusieurs personnes reprendre la question, Robin Fedden, Hugh Kennedy, Nicolas Prouteau, Jean Mesqui et Alan Tami.



Que disait en gros Lawrence ? Que les Européens étaient partis en Croisade avec en tête le modèle du donjon quadrangulaire en pierre qu'ils implantèrent en Orient, sans être aucunement influencés par les exemples byzantins, arméniens et musulmans rencontrés sur place. C'est vrai pour la première partie de la démonstration : le donjon carré carré ou rectangulaire (sans les contreforts habituels visibles en Occident) a bien fait souche en Orient. Mais les influences croisées orientales et occidentales se sont bien interpénétrées. Il tenait le Château-Gaillard de Richard Coeur de Lion comme une forteresse de tradition européenne pure. Mais en est-on si sûr ? On pourrait aussi discuter sur le point de savoir d'où vinrent, à leur point de départ, les mâchicoulis et l'adoption du plan circulaire pour les tours (afin de résoudre la question des angles morts posée par les tours romanes ou "normandes").

Reste que le texte de Lawrence conserve bien de l'intérêt comme témoignage d'une passion et d'un point de vue qui est encore sujet à débat).



François Sarindar, auteur de Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

Commenter  J’apprécie          966
Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale





Je ne sais si c'est l'authentique ou l'apocryphe version des Sept Piliers que j'ai lu. En tout cas, c'est un ouvrage passionnant, à la fois d'action et d'aventure, de réflexion et d'idéalisme (peut-être de romantisme) d'un Britannique qui a décidé de prendre fait et cause pour les nations Arabes contre les Turcs, peut-être contre les puissances coloniales dont la France et la GB.



Lawrence d'Arabie, une sorte de Lafayette britannique ! Il s'est trouvé des critiques pour remettre en cause la narration de l'auteur. Ces gens qui n'ont jamais pris aucun risque, ne se sont jamais battus pour un idéal, m' apparaissent comme des envieux. Ils sont d'un ennui à côté de ce monument d'aventure vraie du début du XXème siècle.



Aventure non exempte, certes, de manipulation politique comme l'ont montré les accords secrets Sykes-Picot partageant l'influence entre Français et Britanniques sur les dépouilles de l'empire ottoman et considérant par là-même les Bédouins du désert comme des enfants mineurs incapables de prendre leur destinée en main.



Le Destin, quant à lui, a vite ravi à son époque, ce héros un peu étrange. Il y a là quelque chose d'une tragédie grecque.



Pat



Commenter  J’apprécie          10
Lettres

La plus vieille édition des lettres de T.E. Lawrence en France possède le charme des premières traductions, de celles qui ont longtemps marqué les esprits : David Garnett avait fait ce choix de lettres publiées en Angleterre et livrées dans une version française réalisée par René Étiemble et Yassu Gauclère aussi proche que possible de l'esprit de l'auteur, de sa manière de s'exprimer et de penser.

Les premières lettres mettent en évidence l'amour de Thomas Edward Lawrence pour l'architecture médiévale (religieuse et militaire) et elles ont pour destinataires ses amis de jeunesse, sa mère, ses frères, ou l'orientaliste C.M. Doughty ; et, par la suite, dès que le jeune homme est employé sur le champ de fouilles de Carshemish (Karkémish), sur l'Euphrate, elles s'adressent à l'archéologue David George Hogarth ; quand le champ s'étend à la politique et à l'action militaire, les correspondants se multiplient, et l'on y trouve des dirigeants, des officiers supérieurs et toutes sortes de gens d'influence ; l'écrivain s'adresse lui à quantité d'hommes et de femmes de plume (George Bernard Shaw, Thomas Hardy, E. M. Forster et tant d'autres) ; l'homme se livre à quelques personnalités et à quelques amis (et là, il se montre tel qu'il est, et l'on peut le trouver un peu dur, surtout à l'endroit de sa mère et des femmes). Comme simple soldat et mécanicien dans les rangs de la Royal Air Force, il revendique le droit d'assumer librement son nouveau rôle et son attachement à cette arme, sans qu'on le soupçonne d'avoir la moindre arrière-pensée politique ou d'agir sur commande, surtout quand l'on veut l'en éloigner (il y revient, mais, lorsque le terme du contrat d'engagement arrive et qu'il doit la quitter, c'est en homme perdu et sans avenir qu'il nous apparaît, comme s'il avait fait le tour de toutes choses et épuisé les bonnes raisons de continuer à vivre).



François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

Commenter  J’apprécie          1110
Lawrence d'Arabie

La vie de cet homme est tellement hors norme, sa personnalité tellement riche et complexe, les passions qui l'ont animé tellement fortes et attirantes (l'archéologie, le désert, la guerre d'un peuple pour gagner sa liberté, l'islam, les bateaux et la mer, l'écriture), que Lawrence d'Arabie est mon héros absolu. Cette biographie étant considérée comme la meilleure de toutes celles écrites sur lui, c'est donc la meilleure biographie du plus grand de mes héros. A lire absolument après les sept piliers, puis après l'avoir lue, relire les sept piliers !
Commenter  J’apprécie          10
Les sept piliers de la sagesse

Comment décrire cette épopée autobiographique monumentale de près de 900 pages, qui nous conte les pérégrinations de Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie ?



Cet officier anglais imagine en pleine Première Guerre mondiale une grande révolution arabe dressée contre l'Empire ottoman, et qui viendrait soulager les autres fronts français et russes. Pour réaliser sa vision, il se met à la recherche d'un chef bédouin charismatique qu'il trouvera en la personne de Fayçal, un des fils du chérif Hussein de la Mecque. S'ensuivent ensuite d'interminables voyages et attaques éclair à dos de chameau, des douleurs physiques à la limite du tolérable et des disputes quotidiennes pour tenter de garder unies des tribus du désert habituées à se quereller sans cesse...



Loin d'être un simple récit de l'avancée des Arabes du Hedjaz à Aqaba, puis à Damas, les sept piliers de la sagesse est également, au gré des chapitres, une réflexion sur la stratégie, la géographie, les peuples du Moyen-Orient ou encore une confession à mi-voix de son auteur.



On y retrouve en effet une analyse précise du cours de la guerre et des impacts que peuvent avoir une victoire ou une défaite dans les tranchées françaises sur le matériel pouvant être livré par le canal de Suez, mais aussi une critique des différentes opérations menées par les Turcs ou par les Anglais. Comparant les grands maîtres de la stratégie tels que Clausewitz ou Foch, Lawrence se fait expert dans l'art d'assaillir sans leur faire front les Ottomans, et de saboter minutieusement leurs lignes de communication et de chemin de fer.



On se plaît aussi à suivre Lawrence dans ses voyages : "lents" à dos de chameau, rapides lorsqu'il prend le navire pour aller prendre ses ordres à Suez, ou lorsqu'il circule en rolls blindée. En quelques années, il parcourt la Jordanie (Maan, Aqaba, Amman, Dana, Wadi Rum...), effectue de fréquents voyages au Caire, revient dans le Hedjaz, fait un détour par Djeddah avant de pousser son avancée jusqu'à Damas. J'ai été passablement surprise de sa connaissance extrêmement précise des peuples et des rivalités qui les opposent au Proche-Orient ; il nous décrit avec force détails les Druzes, les Yézidis, les Arméniens, les Syriaques et Levantins qui côtoient les Arabes ; critique sans cesse Français et Turcs tandis qu'il loue les instants partagés entre Anglais autour de ce qui lui apparaît à l'époque comme le summum du luxe : de l'earl grey, des corned beef en conserve et des biscuits secs.



Au-delà du récit de ses aventures et de ses connaissances géographiques et géopolitiques, Lawrence s'attarde également sur ses certitudes qui s'écroulent parfois ; il fait par moment étalage de sa culpabilité à mener ainsi des hommes par des promesses qu'il sait vaines ; sa quête spirituelle et les violences physiques et mentales auxquelles il est soumis font également de ce récit une sorte d'auto-confession, voire d'expiation.



Profondément intéressant, cet ouvrage est selon moi clef pour mieux comprendre une partie de la Première Guerre mondiale qui se déroula au Proche-Orient, et dont les traités qui suivirent (traité de Sèvre, traité de Lausanne...) définirent les frontières de cette région, dont on connaît les répercussions aujourd'hui. S'il est vrai qu'il comporte certaines longueurs, je ne l'en ai pas moins trouvé fascinant.
Commenter  J’apprécie          50
Les Sept piliers de la sagesse, tome 2

Suite et fin du récit autobiographique de Lawrence (Ourens selon les locaux !) qui culmine et se termine par la prise de Damas, capitale de la pas encore Syrie, et par la chute des ottomans et le retrait allemand de la zone, signifiant la victoire des alliés, et surtout, des arabes.

Lawrence ne s'étend pas ensuite sur la traité de Versailles et la répartition des territoires, la place laissée aux autochtones dans la gestion de leur "pays", mais on sait qu'il fût très déçu de l'issu de cette guerre qui ne laissât rien aux arabes, pourtant grands artisans de la victoire.

C'est ici le récit du raid final vers Damas qui occupe le deuxième tome, raid par étapes et successions de conquêtes, de rezzous, de destructions de ponts et de voies ferrées. Toutes les forces arabes, anglaises et françaises filent vers la ville convoitée, lui coupant ses approvisionnements et feintant des attaques pour détourner les régiments réguliers turcs, lents et désorganisés. Ici pas de problème de moyens, ou presque puisque les anglais y pourviennent, mais plutôt de la stratégie militaire de haut vol, adaptée au terrain pour perdre le moins d'homme et créer le sentiment nationaliste des arabes auquel tenait tant Lawrence.

On a droit aussi à quelques réflexions sur son sentiment d'usurpation dans son rôle leader face aux locaux, montrant que le bonhomme a longtemps réfléchit à la question et qu'il ne se pose pas en impérialiste forcené...



L'humour anglais est bien présent tout au long du récit, ainsi qu'une grande dose de culture et d'humanisme, sans bien sur oublier la sacré aventure que relate ce livre énorme et à raison, culte.
Commenter  J’apprécie          50
Les Sept piliers de la sagesse, tome 1

Les sept piliers de la sagesse, Lawrence d'Arabie, le Wadi Rum, des noms qui résonnent dans la tête du grimpeur et lecteur que je suis.

Depuis mon adolescence je voulais lire ce livre, survenue longtemps repoussée pour des raisons aussi diverses que variées et insipides. Et finalement j'ai visité les lieux du récit et parcouru la voie lui rendant hommage avant de lire l'histoire (cf. le lien en fin de critique). C'est un comble !

Mais finalement ça permet de mettre des sensations sur ce que décrit Lawrence à longueur de page: le chaud, le sable, le vent, les méharées, les nuits dans le froid.

Bref, mais ici c'est de la vie de Lawrence qu'il s'agit: narrée dans le détail, avec les tenants et les aboutissements de ses actions, ses doutes, les conséquences de ses engagements, sa mauvaise posture entre arabes et anglais, entre ses envies et les besoins impérieux de la guerre, entre les buts des anglais et ceux des tribus, entre les considérations globales et locale ; encore et toujours les mêmes dilemmes !

Lawrence était un fin lettré, un homme cultivé qui écrivait beaucoup. Cela ressort de ses textes: poésie, théorie militaire, littérature classique ou contemporaine : tout y passe. Cela rend la lecture un peu moins longue, car en effet, c'est un texte qui se mérite, une guerre ça se ne gagne pas comme ça !

Le style est fluide, les épisodes se succèdent, on ne s’ennuie pas et on profite des petits intermèdes anthropologiques dont nous gratifie l'auteur. Une belle première partie qui laisse entrevoir une issue heureuse (même si l'on sait u d'aujourd'hui qu'elle ne le fût pas !).



SUr la travail d'édition, c'est une bien belle réussite qui nous permet de lire cette version très complète. Cependant il faut regretter les nombreuses coquilles qui la parsème, notamment (et presque uniquement en fait) dans la gestion des espaces: je ne sais s'il s'agit du logiciel qui a fait une bourde ou d'une relecture peu scrupuleuse, mais sur le dernier tiers du livre, il y en a pas mal ! Dommage !

De plus une carte (une vraie, avec les reliefs et tout !) aurait été plus qu'utile au lecteur qui débute ce livre. En fin de second tome, elle se révèle peu lisible et surtout à ce stade, inutile...



Hormis ces détails, bravo !
Lien : https://vimeo.com/241563567
Commenter  J’apprécie          50
Les sept piliers de la sagesse

C'est aujourd'hui une épreuve que de lire les 930 pages de ce livre! Pourtant, il est magnifiquement écrit, le style est parfait, le vocabulaire précis et riche. Mais l'enchaînement de quantité de micro-évènements, qui plus est assez répétitifs, est lancinant.

Le sujet est la révolte arabe contre l'hégémonie de l'empire ottoman, en 1917/1918. Les arabes sont soutenus par les Anglais (et un peu les Français), les Turcs sont alliés de l'Allemagne. T.E.Lawrence n'est pas un militaire, plutôt une sorte de diplomate. Il va se trouver entraîné dans ce mouvement, et deviendra finalement responsable d'opérations militaires, tout comme un véritable officier. L'activité principale de son groupe consistait à poser des explosifs sur les voies et les ponts ferrés, ou dans les gares, pour compliquer la mobilité des Turcs. Et ça n'en finit pas: le désert, les chameaux, les escarmouches, des morts ici et là. On fait sauter les voies, on pille le train, on tue les passagers qui ne sont pas déjà morts et qui n'ont pas réussi à s'enfuir, et on avance, en espérant atteindre, un jour, Damas en victorieux. Cela sera fait en octobre 1918.

Bien entendu, cette histoire est vraie. Ce n'est pas un roman, plutôt un journal. Il n'est pas sans intérêt historique, mais on l'aurait préféré en 300 pages!

On est surpris que c'est la lecture de ce pensum qui a conduit à la création d'un personnage mythique, magnifié par le cinéma, puisque cet écrivain aventurier est devenu, pour la postérité, Lawrence d'Arabie.



Commenter  J’apprécie          20
Guérilla dans le désert

Cet ouvrage sent bon le sable chaud. Pas sûr qu’on puisse en dire autant du manuscrit, vu que l’auteur souffrait de dysenterie carabinée.

Quarante pages au long desquelles Lawrence d’Arabie expose les tactiques de la guerre dans le désert pendant la révolte arabe contre les Ottomans entre 1916 et 1918. Au programme, l’usure, le mouvement, le terrain et l’espace comme principaux acteurs d’un affrontement asymétrique.

Court et dense, un petit bouquin pêchu qui ouvre la porte à d’autres lectures stratégiques, à commencer par les références citées dans le texte de Lawrence (Guibert, Maurice de Saxe, von Moltke, Clausewitz…).
Lien : https://unkapart.fr/regime-e..
Commenter  J’apprécie          70
Lawrence  (avant) d'Arabie

Ce recueil de lettres de T.E. Lawrence, agrémenté de quelques cartes et photos, permet de découvrir la face cachée derrière la légende. Un jeune homme qui aimait le vélo jusqu'à en traverser la France, l'architecture bien-sûr et qui était tombé amoureux de l'Orient. Au fond, on ne connaît rien de cette homme simple, curieux et sportif. Les lettres, toutes signées de Lawrence permettent de dessiner un personnage qui tenait énormément à sa famille (sa mère, son frère) et qui savait, assez élégamment, décrire les paysages et les monuments qu'il rencontrait. Néanmoins, il manque les lettres réponses pour dresser un véritable portrait de l'homme. Il aurait fallu un échange complet pour faire le tour du personnage. Toutefois ce petit livre permet d'atténuer un peu l'effet légende pour revenir à des sujets bien plus quotidiens et généraux.

À réserver aux fans de Lawrence d'Arabie.
Commenter  J’apprécie          20
Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale

Voilà j'y suis et je suis pas déçu, c'est une œuvre exceptionnelle même si j'ai appris que c'était une version remaniée que j'ai lu (celle de 1936), et que les originaux des 7 piliers au nombre de 8 différent de cette version.

Mais c'est le livre de ma vie, et je vais pas mégotter.

Je devais avoir 12 ou 13 ans et mon père me laisse un après midi dans un cinéma avignonnais du nom de Roxy, on y projetait Lawrence d'Arabie...et la le choc visuel, d'abord le désert, Peter o Toole habité, l'histoire épique, l'aventure et je suis tout simplement transporte par cette épopée fabuleuse de cet homme.

À partir de la je n'ai eu de cesse de comprendre qui était Lawrence d'Arabie et de lire de nombreux ouvrages, j'étais fasciné par ce personnage d'aventure et de mystères, d'ailleurs pour moi il était l'aventure !

Ce livre à été longtemps ma madeleine de Proust et aujourd'hui j'ai le temps de m'y consacrer et je ne suis pas déçu !

Je suis à la 200éme page, et oui Thomas Edward est un magnifique écrivain et conteur, sa description des paysages du désert et à la fois poétiques et on croit les voir au fil du récit, le récit est dense et parfois on s'y perd un peu mais qu'importe, on sent le souffle de la révolte et l'âme de celui qui est entrain de devenir le prince d'Arabie...on découvre l'intelligence, la patience et la connaissance parfaite de Lawrence pour le peuple arabe tant sa diversité est fascinante ! On decouvre la multiplicité de ce peuple si mystérieux et incompris par nous occidentaux !

À ce moment du récit, on découvre que T.E n'a pas de règle pour dérouler son histoire, il le fait à l'instinct et on est au coeur de l'action...et quand on voit les allers retours de T.E dans le Hedjaz, on voit qu'il ne ménage pas sa peine et que c'est un être hors du commun ! Et il fallait l'être pour naviguer à ce moment là dans les méandres politiquo-guerriers de cet endroit, et T.E nous decrit cela à merveille !

À suivre...Voilà j'ai fini, j'ai mis 3 semaines pour le lire (814 pages quand même), c'est vraiment un livre merveilleux, et on se rend vraiment compte de l'aventure extraordinaire d'un être hors du temps et qui sera pour moi toujours l'aventurier ultime.

On découvre aussi la face sombre et cachée de Lawrence, son désarroi, sa solitude, son masochisme et sa souffrance aux décisions qu'il doit prendre, tirailler entre son pays et les arabes qui lui vouent une confiance sans limite.

Destin tragique d'un homme à la recherche de sens et de lui-même et si ce n'était pas le chemin de chacun ?

Thomas Edward Lawrence s'efface derrière Lawrence d'Arabie pour toujours et toujours...Je recommande cet œuvre fantastique.
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thomas Edward Lawrence (391)Voir plus


{* *}